Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 20/01/2016

Le président des FPC déplore un déficit de démocratie en Mauritanie

Le leader des Forces Progressistes pour le Changement (FPC)-ex Forces de Libération Africaine de Mauritanie (FLAM), Samba Thiam, a déploré la situation politique du pays  dont «la démocratie est prise en otage par une junte militaire déguisée » depuis plusieurs années, mardi au cours d’une conférence de presse.

M. Thiam a dénoncé « un système inique et dangereux pour l’unité nationale, qui travaille à annihiler toute forme d’opposition crédible, en sapant les fondements de la démocratie et qui conduit la Mauritanie vers la pensée unique et un parti unique, alors que sans opposition, point de démocratie ».

La Mauritanie est actuellement gouvernée par Mohamed Ould Abdel Aziz,  un général à la retraite, arrivé aux commandes à la suite d’un putsch militaire le 06 août 2008, qui a par la suite  gagné 2 scrutins présidentiels : le 18 juillet 2009 et le 21 juin 2014.

La direction des  Forces Progressistes pour le Changement (FPC)-mouvance nationaliste négro-africaine, est rentrée en Mauritanie début 2013 après une trentaine d’années d’exil.

 La demande de reconnaissance du mouvement en tant que parti politique légal a été rejetée par l’administration.

 Samba Thiam et ses camarades ont introduit  un recours « pour excès de pouvoir »  devant la Cour Suprême.

 

le calame

Conférence de presse des FPC : « La constitution offre des moyens d’expression que le pouvoir veut nous refuser, nous allons nous battre pour recouvrer ce droit-là », dixit Samba Thiam

altLe président des forces progressistes  du changement (FPC), M. Samba Thiam a tenu, ce matin, un point de presse au siège de son parti. Une occasion pour  lui d’expliquer  aux journalistes  et  militants  présents la situation que vit son parti depuis le refus que le ministère de l’intérieur a opposé à sa demande de reconnaissance,  mais aussi de se prononcer sur certaines questions de l’heure.

Le président Samba Thiam est d’abord revenu sur le processus  de recours que les FPC ont engagé  contre la décision « illégale et injuste » du ministère de l’intérieur  de ne pas reconnaître son parti.

 Et de rappeler: “nous avons déposé un dossier conforme aux textes, on nous a fait attendre 8 mois pour nous brandir l’article 11 de la Constitution et l’article 6 de la loi 91-024 régissant les partis politiques.” Or, observe  le président  des FPC, selon les rumeurs, le même ministère de l’intérieur  s’est hâté  de reconnaître un parti, en l’occurrence, AND  en moins d’une semaine,  après le dépôt de sa demande.

 Comme nous l’avons toujours dit, le pouvoir en place pratique la politique de deux poids, deux mesures, déplore Samba Thiam  avant d’ajouter :  “on nous a  opposé  les 2 articles précités  pour nous refuser  la reconnaissance, mais la réalité était autre, on refuse de reconnaître le FPC parce que le pouvoir le considère comme  un parti de négro-mauritaniens,  avec un discours qui dérange, voilà la réalité. Or comme tout le monde le sait, en Mauritanie, les partis politiques sont à dominante  ou négro-mauritanienne ou arabo-berbère,” fait remarquer  Samba Thiam.

Revenant sur l’action en justice  en cours, il  indique: « en bons patriotes, soucieux de travailler dans  la légalité et conformément aux dispositions de la Constitution, nous avons, face au refus,  usé du droit que nous octroie cette dernière, à savoir un recours devant les tribunaux ». L’action  se poursuit  donc  devant la justice,  la chambre administrative de la Cour Suprême a  saisi, par lettre, en date du 2 décembre 2015, le ministère de l’intérieur  qui dispose d’un délai de 30 jours pour répondre. Le délai est dépassé,  le  département n’a pas réagi, nous espérons que la Cour Suprême dira le droit.

A question de savoir ce que feront les FPC en cas de refus  du ministère de l’intérieur de répondre à l’interpellation, ou  du refus de  la haute Cour de dire le droit, le président des FPC dit préférer attendre, mais indique que son parti est déterminé à s’exprimer  pour user des  moyens d’expression   qu’octroie la  Constitution.   

Abordant le deuxième point de sa conférence de presse, le président du FPC a fustigé la « tendance du régime à museler les libertés, à prendre en otage la démocratie mauritanienne ». Aujourd’hui, déplore  Samba Thiam, le gouvernement en place cherche, par tous les moyens à réduire en silence toute opposition  démocratique crédible, c’est  notre cas,  mais aussi  celui  d’IRA…La création du parti de Ould Ahmed Aicha,  d’ AND participe justement  de cette manœuvre du pouvoir qui vise à casser les forces démocratiques, or, une véritable démocratie se fonde sur une majorité qui gouverne et une opposition constructive, ce qui est, regrette le président des FPC loin d’être le cas chez nous. Face à cette menace qui pèse sur l’avenir de la démocratie mauritanienne, Samba Thiam  demande  à l’opposition  démocratique  et aux forces patriotiques et progressistes de s’y opposer.

Répondant à une question relative au dialogue politique que l’opposition et le pouvoir réclament, le président des FPC  fait observer qu’un dialogue dans les conditions actuelles sera loin de parvenir à un consensus national parce que même si Aziz affirme qu’il ne briguera pas un 3e mandat, il faut rester prudent  et vigilant, parce que chaque camp a son agenda qu’il veut faire passer. Ce qu’il nous faut, précise M. Thiam, c’est plutôt un débat national qui prenne en charge les questions de l’unité nationale. 

 

le calame

L’editorial du calame: Y a pas d’lac à Nouakchott…

Mais la Mauritanie est désormais la « Suisse de l’Afrique » : un pays stable, doté d’infrastructures modernes, avec un taux de croissance à deux chiffres, sans aucun analphabète, où la démocratie fonctionne à plein régime, où l’école produit une élite de choix. Vous ne rêvez pas. Vous n’avez pas, non plus, de bourdons aux oreilles. L’affirmation, gratuite cela va sans dire, est d’un jeune loup du camp qui nous gouverne, sans doute emporté par un zèle qui lui a déjà fait dire beaucoup d’autres âneries. 

Peut-on se comparer à la Suisse, ce modèle de bonne gouvernance, quand notre Président se vante, à la première occasion, d’avoir construit quelques kilomètres de routes bitumées ? Quand on a autant d’eau et de terres fertiles et importer encore menthe et salade ? Quand notre capitale est découpée en concessions rurales au seul profit de quelques appétits voraces ? Quand, après cinquante-cinq ans d’indépendance, Nouakchott n’a toujours pas le moindre réseau d’assainissement ? Quand tous les papiers d’état-civil, de l’extrait d’acte de naissance au passeport, sont vendus aux citoyens ? Quand, malgré une chute de 70% des prix du pétrole depuis Juin 2014, l’Etat refuse, systématiquement, de baisser d’une ouguiya le prix des hydrocarbures à la pompe, au moment où, au Mali voisin, un pays enclavé qui s’approvisionne à partir du port de Nouakchott, les consommateurs ont déjà eu droit à trois ristournes. Quand, au lieu d’encourager le privé et lui trouver des marchés et des partenaires, l’Etat le concurrence, en investissant à l’aveuglette. Quand des centaines de nos brillants cadres préfèrent émigrer pour ne pas se noyer dans la médiocratie. Quand on a plus de banques que le Maroc ou le Sénégal, pour une population d’à peine trois millions et demi d’habitants, et un taux de bancarisation extrêmement faible, parce que chacun veut avoir sa propre banque. Quand, rien qu’à Nouakchott, on a plus de pharmacies que de dispensaires, d’hôpitaux et de cliniques réunis. Quand toutes les rues et façades de maisons sont transformées en boutiques, dans la plus totale anarchie.  Quand on entre au pays  comme on entre au cinéma, en s’acquittant d’un ticket d’entrée à la frontière. Quand on vend les écoles l’année qu’on a pourtant proclamée de l’Education. Quand tout un chacun, même illettré, peut se prévaloir du titre de journaliste, se faire reconnaitre  comme tel, interviewer le Président et prétendre à l’aide publique. Quand, depuis près de quarante ans, l’Armée  fait main basse sur le pouvoir et refuse de le lâcher. En bref, peut-on être la Suisse quand on est aussi mal barrés ? Heureusement qu’on n’a pas d’lac à Nouakchott : on y aurait mis le feu, au moins depuis 1978…

Ahmed Ould Cheikh