Monthly Archives: November 2014
URGENT: CONFERENCE DE PRESSE DES FPC
Les Forces Progressistes du changement (F.P.C) informent l’opinion nationale et internationale, qu’elles organisent une conférence de presse le lundi 03 novembre 2014 à 11 heures à leur siège (sis prêt de l’hôtel IKRAMA), à travers le Président Samba THIAM.
La Presse nationale et internationale, les chancelleries accréditées en Mauritanie et les ONGs des droits humains y sont cordialement invités.
Tous les militants et sympathisants du mouvement sont aussi conviés au siège.
La lutte continue!
Le département de la Communication
US-Mauritanian Diaspora – A son Excellence M. Mohamed Ould Abdoul Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie
US-Mauritanian Diaspora – Monsieur le Président de la République, Nous avions souhaité vous rencontrer lors de votre récent séjour aux Etats-Unis pour partager avec vous le contenu de ce document, mais son excellence l’ambassadeur Mohamed Lemine EL Haycen nous a signifié que votre calendrier ne le permettait pas. Faute de cette opportunité, nous avons alors décidé de vous transmettre ce document par le biais de l’ambassadeur.
A travers ce document, les Mauritaniens des Etats-Unis tiennent à vous rappeler certains des nombreux problèmes auxquels notre pays en général, et la diaspora mauritanienne aux Etats-Unis en particulier, sont confrontés.
Ces problèmes sont si nombreux et si aigus que nous demeurons convaincus qu’il faudra une réflexion profonde et une consultation large pour les résoudre. Mais nous espérons que ce document serve de rampe de lancement pour des actions suivies de votre part, avec notre soutien, pour résoudre, de manière définitive, les problèmes auxquels notre cher pays est confronté.
Certes ces problèmes sont nombreux mais nous pensons qu’ils peuvent être tous rattachés à un seul et même cordon ombilical: la nécessité d’instaurer un Etat de justice, garant de toutes les libertés, et amorceur d’une égalité d’opportunités pour tous.
La Mauritanie a été et demeura toujours ce trait-d’ union géographique et culturel entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. Nous pensons que ce statut de trait-d’ union, loin d’être un frein à l’unité nationale, est un atout que nous, Mauritaniens et Mauritaniennes de toutes les souches sociales et de toutes les ethnies et tribus, devons utiliser pour poser les véritables jalons d’une véritable unité nationale et bâtir ainsi les fondements d’une prospérité équitable et au bénéfice de tous.
Nous pensons que l’amour que nous vouons pour ce pays n’est ni inférieur ni supérieur à l’amour que vous vouez pour ce même pays. Ce pays est notre patrie, au sens romain du terme (Terre des Pères). De ce fait, nous osons penser que vous pourrez user de votre statut de Président de ce pays, avec les acteurs de tout bord et tous les citoyens de ce pays, pour identifier les problèmes réels et amorcer un processus réel de leur résolution.
De la même manière que nous sommes tous unis par notre foi, nous pensons que l’amour que nous avons pour ce pays peut nous servir de pont pour traverser le fleuve d’incertitude et d’inquiétude. Nous n’avons pas choisi de naître en Mauritanie et notre départ de notre cher pays n’est pas à mettre à l’actif de nos désirs d’aventures, mais plutôt à l’actif de l’échec de l’Etat mauritanien. Nous avons quitté notre pays à cause des conditions qui nous ont été imposées par les régimes successifs au pouvoir. Malgré la distance, nous restons profondément attachés à notre pays auquel nous contribuons au développement culturel, social, économique et démocratique.
Malheureusement les conditions qui nous ont contraints à l’exil continuent à persister à cause d’un manque de volonté politique de les résoudre. Pire, ces conditions se détériorent d’avantage avec le recensement discriminatoire contre les populations noires et l’utilisation progressive de notre richesse linguistique comme arme de discrimination et d’élimination de certains pans culturels de notre pays, compromettant ainsi la confiance qui avait commencé à s’établir timidement après les douloureux événements des années 80.
En tant que Mauritaniens résidant aux Etats-Unis, nous représentons une des diasporas mauritaniennes les plus dynamiques dans le monde, et notre contribution au développement économique de notre pays est visible à travers les villes et villages de notre pays.
Il faudra déplorer cependant que cette contribution économique au développement de notre pays soit bafouée quotidiennement par les vexations que nous vivons, non pas du fait de notre pays d’accueil, mais plutôt du fait des agissements de notre pays d’origine. Il est important de noter que nous vivons au quotidien les problèmes auxquels sont confrontées les populations au pays et pour lesquels nous nous battons. Il suffit de regarder pour constater que notre cher pays est au bord du gouffre, gouffre que nous sommes convaincus que nous pouvons éviter si nous nous attelons immédiatement aux taches qui nous attendent.
Considérant cet document comme le point de départ d’un dialogue franc pour une solution réelle et durable de ces problèmes, nous ne managerons aucun effort pour apporter la contribution qui est la nôtre pour faire éclore une Mauritanie ancrée sur des bases solides de Justice, d’Egalite et de Paix pour tous.
Nous pensons que les filles et fils de la Mauritanie sont prêts à vous assister et à vous soutenir dans ce combat pour l’instauration d’un dialogue national serein qui, au bout du compte, débouchera sur la résolution permanente des nombreux problèmes de notre pays. Nous énumérons ici quelques-uns:
I. Niveau National
1. L’organisation d’une conférence nationale pour discuter de la question de la cohabitation à travers des concertations franches et dans la transparence la plus absolue;
2. L’application, dans toute sa rigueur, de la loi de 2007 abolissant l’esclavage, l’adoption de mesures socio-économiques pour venir en aide aux victimes de ce fléau, la cessation de la persécution, et la libération des abolitionnistes;
3. Nous dénonçons de vive voix l’injustice qui touche les Mauritaniens rapatriés du Sénégal. En effet, le problème des rapatriés demeure complet; les promesses faites n’ont pas été tenues et par conséquent, des milliers de Mauritaniens et de Mauritaniennes continuent d’être victimes de l’Etat mauritanien. Ils n’arrivent ni à retrouver leurs biens, ni à recouvrer leur identité, et leur dignité est quotidiennement bafouée.
L’exigence que ces populations fournissent la preuve d’un recensement qui a eu lieu alors que ces Mauritaniens et Mauritaniennes croupissaient dans des camps de réfugiés au Sénégal défie toute logique et défie le minimum de sens commun. Nous dénonçons les récentes violences contre la marche paisible des réfugiés demandant le rétablissement de leurs droits, demeurent une préoccupation majeure;
4. La question de la double nationalité demeure un autre goulot d’étranglement. En effet, des milliers de Mauritaniens et de Mauritaniennes dont l’exil est causé par l’Etat mauritanien, sont aujourd’hui pénalisés et sont menacés de perdre leur nationalité mauritanienne parce qu’ils ont pris la nationalité des pays qui les ont accueillis au moment où leur propre pays les a rejeté ;
5. Le système éducatif demeure ethniquement sélectif, met à l’écart une frange importe de notre pays, sacrifie des générations entières, et perpétue le système d’exclusion en place ;
6. L’imposition récente de l’arabe dans les communications des forces armées mauritaniennes d’un jour au lendemain sape les bases de notre unité et montre une volonté manifeste d’instaurer un système de favoritisme sanctionné par l’Etat;
7. Le récent état de siège imposé aux populations noires du village de Niabina par des populations beydanes et les autorités locales et largement relayé par les medias locaux est une preuve de plus que notre pays est un apartheid déguisé en Etat ; un apartheid où les instruments de répression de l’Etat sont mis à la disposition d’une frange de notre société pour réprimer toutes les autres ;
8. Le règlement de la question du génocide des années 80 pour faire toute la lumière sur les crimes commis. La Justice doit être garantie par l’Etat et la réconciliation est un droit des victimes. Les criminels doivent répondre de leurs actes et les droits des victimes ou ayants droits respectés ;
9. Le refus systématique du gouvernement à reconnaître des milliers de réfugiés mauritaniens sur le territoire malien est une aberration ; ces populations sont victimes des mêmes évènements ayant conduits des milliers de Mauritaniens et de Mauritaniennes au Sénégal ;
10. L’état doit mettre fin à l’expropriation des terres et rétablir les droits de ceux qui en ont été victimes;
11. Nous dénonçons de manière ferme les opérations de recensement actuelles qui sont de nature discriminatoire. Force est de constater que les populations noires sont confrontées à des obstacles difficilement surmontables pour se recenser. Nous considérons que c’est un droit fondamental pour tout Mauritanien et toute Mauritanienne de se recenser. Il est du devoir du gouvernement de faire de ce processus simple et accessible à tous, sans aucune forme de discrimination;
12. Nous demandons au gouvernement mauritanien à prendre les mesures nécessaires pour protéger les défenseurs des droits de l’homme contre des groupes religieux extrémistes qui s’attaquent à eux. Nous sommes indignés par le silence du gouvernement face aux menaces de mort proférées contre M. Mohamed Ould Mkhaitir et sa longue détention préventive, et Mme Aminetou Mint Moctar, la militante des droits de l’homme qui lui a courageusement apporté son soutien.
II. Au Niveau des Etats-Unis
1. Pour adéquatement servir la diaspora mauritanienne et créer une dynamique réelle pour la promotion de l’entreprenariat au sein de la communauté, nous recommandons vivement que l’ambassade mette en place un programme social, économique et culturel, ouvert à toutes les Mauritaniennes et a tous les Mauritaniens, de nature à répondre effectivement à ce besoin ;
2. Pour ce qui est du recensement, nous demandons à ce qu’il soit transparent et équitablement accessible à tous sans aucune forme de discrimination. Egalement, en plus des directives officielles pour prévenir les confusions et assurer la transparence, nous demandons l’ouverture de centres de vote et d’inscription sur les listes électorales dans les localités avec de fortes concentrations de Mauritaniens. En conséquence tout recensement juste et transparent doit nécessairement tenir compte des points suivants:
A. Un préavis raisonnable pour permettre à tous les citoyens de se préparer.
B. Assurer un maximum de transparence du processus d’enrôlement en communiquant dans les medias la liste officielle des documents requis.
C. Tenir en compte le fait que des milliers de citoyens se soient vu retirés leurs documents d’identité avant leur déportation.
D. L’élimination de l’exigence de fournir la preuve d’un recensement qui a eu lieu alors que ces Mauritaniens et Mauritaniennes vivaient en exil.
E. Les opérations doivent s’étendre sur une longue période afin de pouvoir couvrir tout le territoire.
F. Rendre l’enrôlement accessible en ouvrant des centres d’enrôlement dans des localités à fortes concentration de Mauritaniens.
G. Faciliter le système de documentation et assurer un recensement uniquement basé sur les documents officiels dûment émis par les autorités mauritaniennes.
H. L’élimination de la corrélation entre le recensement des parents et celui des adultes de plus de 18 ans.
I. Exclure l’exigence de documents émis par les autorités américaines pour s’enrôler.
La communauté mauritanienne aux Etats-Unis souhaite que ce document serve de référence pour amorcer ce dialogue tant attendu.
Vous remerciant pour l’intérêt que vous porterez à ce document, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos sentiments très respectueux.
US-Mauritanian Diaspora
NB : Une copie de cette lettre a été transmise au Président mauritanien par le biais de l’ambassadeur de la Mauritanie à Washington.
US-Mauritanian Diaspora 16 Octobre, 2014
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Burkina: l’opposition appelle à un rassemblement pour contester le nouvel homme fort du pays
OUAGADOUGOU (AFP) –
L’opposition et la société civile du Burkina Faso appellent la population à une démonstration de force dimanche pour contester le nouvel homme fort de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida, adoubé par l’armée.
Vingt-quatre heures après la chute et la fuite du président Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de pouvoir, les hauts gradés de l’armée ont mis fin à leurs dissensions et ont désigné samedi “à l’unanimité” le lieutenant-colonel Zida, 49 ans, numéro deux de la garde présidentielle, comme chef d’un régime de transition, aux dépens de son rival, le chef d’état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, qui briguait le poste.
Se voulant rassurants pour éviter le spectre d’une junte autoritaire, les militaires ont affirmé que cette transition se ferait de manière démocratique, en concertation avec l’opposition et avec la société civile, tout en restant flous sur les modalités pratiques.
Mais l’opposition et la société civile du petit pays sahélien ont refusé catégoriquement une “confiscation” du pouvoir par l’armée et ont appelé à un nouveau rassemblement dimanche à 08h00 heure locale sur la place de la Nation dans la capitale Ouagadougou.
C’est la place emblématique de la contestation contre le régime Compaoré, rebaptisée par le peuple “place de la Révolution”, comme dans les années 1980 au temps du président Thomas Sankara, icône du panafricanisme encore dans les mémoires de tous les Burkinabè.
“La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée”, ont écrit les partis de l’opposition et les associations de la société civile dans un communiqué commun.
Elles ont souligné dans ce document “le caractère démocratique et civil que doit avoir cette transition”.
L’Union africaine a exhorté dans la soirée “les acteurs politiques et la société civile du Burkina Faso à travailler ensemble (…) pour convenir d’une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d’élections libres”.
Outre ceux de l’UA, des représentants de l’ONU et de la Cédéao, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, continuaient de mener à Ouagadougou une mission de bons offices.
Quant à Blaise Compaoré, après deux jours d’un soulèvement populaire qui a fait une trentaine de morts et une centaine de blessés, selon l’opposition, il s’est réfugié avec sa famille et ses proches à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, dans une résidence d’Etat pour les hôtes étrangers. Sa proximité avec le président ivoirien Alassane Ouattara est connue.
En dépit du climat politique toujours tendu, le calme était revenu samedi dans les grandes villes du Burkina Faso, théâtres de débordements et pillages les jours précédents.
A l’appel du Balai citoyen, une organisation de jeunesse en pointe dans la mobilisation, des groupes de jeunes ont nettoyé les rues de Ouagadougou, jonchées de débris, carcasses et pneus brûlés.
Dans la capitale comme à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays, les petites boutiques de quartier ont rouvert, notamment les restaurants de poulet grillé prisés des Burkinabè. Cependant à “Ouaga”, le grand marché et les banques sont restés fermés.
Dans les rues, les habitants, radios collées à l’oreille pour écouter les derniers commentaires, discutaient par petits groupes de la situation samedi soir.
Plusieurs habitants interrogés par l’AFP se sont dit déterminés à ne pas laisser le pouvoir aux militaires et voulaient manifester dimanche.
“Nous sommes totalement contre la prise de pouvoir par les militaires”, a déclaré Salif Ouedraogo, un agent d’assurances de 38 ans. “Nous réclamons un civil à la tête de l’Etat et demain nous allons nous regrouper place de la Révolution pour dire non au pouvoir militaire, même s’il faut que le peuple saigne davantage”.
Gildas Zongo, un étudiant de 25 ans, s’interrogeait pourtant, soulignant l’absence d’alternative politique crédible, après le long règne de Blaise Compaoré qui a étouffé l’opposition: “Ceux qui ne veulent pas un militaire au pouvoir, ils veulent mettre qui?”
Enfin, le nouveau pouvoir militaire a décidé la réouverture des frontières aériennes – fermées depuis la veille – et un allègement du couvre-feu, qui reste en vigueur de 22h00 (contre 19h00 auparavant) à 06h00. Les frontières terrestres restaient officiellement fermées.
La chute brutale de Blaise Compaoré, 63 ans, constitue un avertissement pour les présidents africains tentés comme lui de réviser leur Constitution pour se maintenir au pouvoir en repoussant les limites du nombre de mandats présidentiels.
Les chefs d’Etat des quatre pays – République démocratique du Congo, Burundi, Congo Brazzaville, Bénin – qui envisagent des révisions similaires devraient suivre avec attention l’évolution de la situation au Burkina dans les prochains jours.
© 2014 AFP
France24
L’opposition et la société civile burkinabè appellent à un vaste rassemblement ce dimanche à Ouagadougou pour contester la désignation par l’armée du lieutenant-colonel Isaac Zida pour conduire la transition politique au Burkina Faso.
Les principaux commandants de l’armée du Burkina Faso ont annoncé samedi 1er novembre qu’ils avaient choisi le lieutenant-colonel Issaac Zida pour présider la transition politique, dissipant ainsi l’incertitude qui régnait depuis la démission de Blaise Compaoré. Cette désignation n’est pas du goût de l’opposition et de la société civile du Burkina Faso qui appellent la population à une démonstration de force, ce dimanche, à 8 h 00 locale (9 h à Paris), sur la place de la Nation, à Ouagadougou.
Pour l’opposition, il est hors de question que l’armée prenne la tête de l’État. “La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée”, ont écrit les partis de l’opposition et les associations de la société civile dans un communiqué commun, samedi. Elles ont souligné dans ce document “le caractère démocratique et civil que doit avoir cette transition”.
Le rassemblement prévu ce dimanche est “un véritable test”, explique Anna Sylvestre-Treiner, envoyée spéciale de France 24 à Ouagadougou. “Son importance pourrait déterminer du rapport de force avec les militaires pendant ce début de transition.”
>> À lire sur France 24 : “Chute de Blaise Compaoré : la fin précipitée de ‘Monsieur bons offices'”
Si les militaires burkinabè ont affirmé que la transition se ferait de manière démocratique, en concertation avec l’opposition et avec la société civile, ils sont restés flous sur les modalités pratiques.
L’UA demande une “transition civile”
L’Union africaine a réclamé samedi une “transition civile et consensuelle”, soulignant “le devoir et l’obligation des forces armées et de sécurité de se mettre à la disposition des autorités civiles qui seront chargées de conduire la transition et d’agir dans un esprit républicain”. Dans la soirée encore, l’UA a exhorté “les acteurs politiques et la société civile du Burkina Faso à travailler ensemble (…) pour convenir d’une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d’élections libres”. Outre ceux de l’UA, des représentants de l’ONU et de la Cédéao, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, continuaient de mener à Ouagadougou une mission de bons offices.
Avec AFP et Reuters”
Crise au Burkina Faso :le G 5 pour une solution consensuelle
Le Groupe des 5 pays du Sahel (G5) regroupant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, considéré comme la ligne de front de la lutte contre le terrorisme, appelle à une solution juste et consensuelle de la crise politique qui sévit actuellement au Burkina Faso, en vue de préserver un climat de paix et de sécurité, dans une déclaration rendue publique samedi à Nouakchott.
Le G5, présidé par la Mauritanie, en appelle « à la sagesse et à l’esprit de dépassement des hommes intègres pour retrouver rapidement le chemin de la concorde et consacrer toutes les énergies au développement du pays ».
Le Groupe des 5 pays du Sahel exprime sa vive inquiétude « face à toute évolution pouvant remettre en cause la paix civile, l’Etat de droit et la sécurité des personnes et des biens, et réaffirme sa solidarité fraternelle avec le peuple burkinabé, ainsi que sa pleine disponibilité à œuvrer avec tous les amis du Burkina Faso, à trouver un règlement rapide et satisfaisant de la crise actuelle ».
Après la démission du président Blaise Compaoré sous la pression de la rue, en révolte contre une tentative de modification de l’article 37 de la constitution en de vue solliciter un troisième mandat, le chef d’Etat-major de l’armée et le numéro 2 de la garde présidentielle se sont tour à tour autoproclamés chef de la transition prolongeant la confusion au pays des hommes intègres.
le calame
Francis Kpatindé: «Blaise Compaoré a été le pompier pyromane de la région»
Journaliste spécialiste de l’Afrique, Francis Kpatindé a suivi tous les soubresauts du continent africain de ces 30 dernières années. Il revient sur le rôle ambigu de Blaise Compaoré dans les conflits qui ont secoué la région. Il rappelle que le président burkinabè déchu a souvent été appelé comme médiateur dans des crises qu’il a parfois lui-même contribué à provoquer…Il répond aux questions de Christophe Champin.
RFI : Quel regard portez-vous sur Blaise Compaoré ? Médiateur ou pyromane ?
Francis Kpatindé : Blaise Compaoré apparait comme étant l’allié de l’Occident, le médiateur dans des crises sociopolitiques en Afrique : en Guinée, au Mali, en Côte d’Ivoire, même au Togo où il était venu soi-disant ramener la paix ; ça c’est l’image que certains veulent donner de ce personnage, mais on oublie un peu trop vite que Blaise Compaoré a aussi un côté un peu pyromane. Un exemple : Charles Taylor qui a été chef de guerre puis président du Liberia avait sa maison à Ouagadougou et jusqu’à une date récente, il avait son numéro téléphone dans l’annuaire. Or, Blaise Compaoré s’est servi des hommes de Taylor pour mater la rébellion dans son propre pays et il a entrainé les troupes de Taylor pour aller à la conquête du pouvoir au Liberia. Par ailleurs, il y a un pays où son intervention est symptomatique de l’aspect pyromane du personnage, c’est la Sierra Leone. Vous vous souvenez qu’il y avait le Front révolutionnaire uni (RUF), les gens qui coupaient les bras des enfants, ils avaient pignon sur rue, ils avaient leur quartier général à Ouagadougou.
En 2000, un rapport des Nations unies avait même évoqué la présence de combattants burkinabè dans les rangs ou soutenant le RUF…
Absolument. Les gens du RUF ont été entrainés à Pô, là où l’armée, les parachutistes s’entraînent. Le rapport des Nations unies dont vous parlez, a été établi et écrit par des chercheurs et a fait beaucoup de bruit depuis sa publication. On peut s’étonner, d’ailleurs, dans ces conditions, lorsque Charles Taylor a été jugé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye, Blaise Compaoré n’a pas été appelé, même comme témoin.
On a aussi parlé, dans un autre rapport des Nations unies de la même année, de liens entreBlaise Compaoré et les rebelles de l’Unita, le mouvement anti-communiste de Jonas Savimbi, en Angola.
Absolument. Blaise Compaoré est comme le Kub Maggi en Afrique…Il était dans toutes les sauces. Il était en Angola aux côtés de Jonas Savimbi, car il y avait des diamants en jeu ; en Sierra Leone, il y avait de l’or et également des diamants, les fameux « diamants du sang ». Blaise Compaoré, on le dit souvent – et c’est dommage que les capitales occidentales ne l’ont pas assez souvent rappelé – a été impliqué dans toutes les opérations de déstabilisation en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Il est même intervenu en RDC.
De quelle manière ?
Il soutenait des opposants, il les amenait chez lui, il les formait et après il les renvoyait sur le terrain. Il a été impliqué dans leur formation. Et ce n’était pas des opposants « classiques ». Il avait le droit d’accueillir des opposants « classiques » chez lui, des opposants républicains, mais pas des gens qui menaient des opérations de déstabilisation. Le Front révolutionnaire uni de Sierra Leone avait son quartier général à Ouagadougou. Et il en a été de même pour les rebelles de Côte d’Ivoire.
L’autre gros dossier concernant Blaise Compaoré et la région, c’est évidemment la Côte d’Ivoire. Dès le début de la tentative de coup d’État de 2002, l’ancien président Laurent Gbagbo avait pointé du doigt le Burkina Faso. Blaise Compaoré qui finalement a été médiateur dans la crise. Quel rôle a-t-il joué ?
C’est un secret de polichinelle que les combattants du MPCI [Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, ndlr], principal mouvement rebelle ivoirien rebaptisé par la suite Forces nouvelles, ont été entrainés et équipés par le Burkina Faso. Vous croyez que cela sort de la stratosphère les armes, les téléphones satellites, les équipements militaires, les treillis dont ils disposaient. D’ailleurs, ce n’est pas un secret que les premières villes à être tombées, c’étaient Korhogo, Bouaké, toutes les villes qui étaient le plus au nord de la Côte d’Ivoire. La plupart des dirigeants des Forces nouvelles se sont, par la suite, installés avec pignon sur rue à Ouagadougou, ce n’est un secret pour personne. Plus tard, Blaise Compaoré a participé à ce qu’on a appelé la solution interne. Laurent Gbagbo a fait le premier dans sa direction pour pouvoir l’associer. Il s’est dit qu’il fallait que le pyromane l’aide à éteindre le feu. Donc Gbagbo s’est rapproché de lui pour trouver une solution interne. Il y a eu ce rapprochement entre Guillaume Soro et Gbagbo, et ils ont essayé de gouverner tant bien que mal grâce à l’action de Blaise Compaoré. Il a donc peut-être contribué à résoudre des problèmes internes à la Côte d’Ivoire, mais après avoir déstabilisé ce pays.
Dernier dossier polémique sur le rôle de Blaise Compaoré :le nord du Mali. Compaoré a d’abord été l’un des médiateurs, jouant un rôle important. Puis son action a suscité la controverse. Selon vous quel a été le rôle réel de Blaise Compaoré dans cette crise ?
Il a joué d’abord un rôle capital dans la récupération des otages occidentaux et c’est pourquoi on lui passe tout. Mais il est évident que la plupart des rebelles touaregs, surtout le MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad, ndlr], étaient à Ouagadougou également. De tout temps et de longue date, la plupart des rebelles touaregs, Nigériens comme Maliens, étaient installés à Ouagadougou. Il les accueillait, il les conseillait et après il les renvoyait sur le terrain. Son implication dans la crise au Mali est tellement vraie que quand le nouveau président Ibrahim Boubacar Keita a été élu, il a demandé que Blaise Compaoré ne soit plus l’unique médiateur dans la crise. Blaise Compaoré, ce qu’on a oublié de rappeler, n’était pas le médiateur de la Cédéao [Communauté économique des Etats l’Afrique de l’Ouest, ndlr], c’était un médiateur autoproclamé. Il a forcé la main pour être l’unique interface entre les groupes rebelles et les pouvoirs. Vous avez le Maroc qui est intervenu, l’Algérie également, qui a négocié récemment avec la rébellion malienne. Vous voyez, c’est l’histoire du petit de la classe qui veut se donner des airs de grand. Son pays n’est pas le plus riche de la région, mais il a voulu en faire une place incontournable. Pour cela, il captait les rébellions, cela lui permettait, après, de se mettre en valeur et de s’imposer comme négociateur. Donc, il allumait, en quelque sorte, des feux et il demandait à venir pour les éteindre. On se demande aussi si tout cela était gratuit…
Vous pensez qu’il a tiré un profit personnel de ces crises ?
Il y avait un intérêt politique évident pour montrer que sans lui rien ne pouvait se décider ni se régler en Afrique de l’Ouest. Il y avait aussi un intérêt géostratégique, passer son pays sous les spots et en faire un interlocuteur incontournable pour les pays occidentaux, les Américains et les Français. Et le dernier intérêt est purement financier. Quand vous avez un pays qui est désertique, où il n’y a rien, il faut trouver l’argent où il est. Donc il est permis de penser qu’il y avait des intérêts pécuniaires, dans les matières premières, les diamants, le café-cacao, l’or. Vous savez que la famille de Blaise Compaoré était impliqué dans les ports de l’Afrique de l’Ouest, beaucoup dans les minerais. C’est tout cela qui ressort aujourd’hui en surface. Beaucoup ont feint, pendant des années, d’ignorer cet aspect du personnage, mais c’est un président businessman, un président pyromane, et cela tout le monde le savait y compris à Paris et à Washington.
Blaise Compaoré était effectivement un interlocuteur privilégié de la France…
Depuis la disparition de Houphouët-Boigny en 1993, la France, qui n’avait plus un interlocuteur privilégié, a décidé de faire de Blaise Compaoré cet allié-là. C’est le successeur, si l’on veut forcer un peu le trait, de Houphouët-Boigny en Afrique de l’Ouest. Cet interlocuteur était là, quand il y a eu l’assassinat de Thomas Sankara, et on lui a passé cela. Il y a eu l’assassinat de ses collègues militaires, et on lui a passé cela . Il y a eu un journaliste qui a été assassiné, Norbert Zongo, et on lui a passé cela. On lui passait tout parce qu’on avait besoin d’un allié là-bas pour défendre, en cas de besoin, les intérêts français. Je vous fais remarquer qu’aujourd’hui les forces spéciales françaises sont installées au Burkina Faso, mais également les forces spéciales américaines. Les deux pays font bloc et se trouvent à Ouagadougou. Ils ont leur mot à dire dans la transition et sur ce qui se passe actuellement.
Donc les États-Unis, eux aussi, se sont appuyés sur Blaise Compaoré?
Oui. Cela fait plusieurs années que le Washington Post a révélé que le Burkina serait une place forte pour les équipements américains, drones, appareils d’écoute. C’est un secret de polichinelle qu’à partir de Ouagadougou les Américains écoutent la sous-région. LeWashington post a plusieurs fois fait des révélations là-dessus. Les Américains s’entendaient très bien avec Blaise Compaoré, non parce qu’ils l’aimaient, mais parce qu’ils pensaient que le régime était stable, qu’il faisait preuve d’autorité et qu’il avait une bonne connaissance de la région au-delà de l’Afrique centrale.
rfi.fr