Daily Archives: 29/08/2014
Ouverture du congrès des FLAM
Les dirigeants des FLAM sont passés à l’acte. Ils viennent de matérialiser la promesse tenue jeudi lors de la conférence de presse en procédant à l’ouverture de leur congrès, ce vendredi matin au siège du Mouvement à Sebkha. Ce congrès se déroule sous un impressionnant dispositif des forces de sécurité armées jusqu’aux dents, a constaté sur place le reporter du CALAME. Très tôt le matin, la garde nationale a bouclé le secteur surveillant les entrées et sorties au siège des FLAM.
La cérémonie officielle d’ouverture, qui s’est déroulée devant un parterre de militants et d’invités, vient de s’achever sans heurt. Les congressistes, après une courte pause, vont entrer dans les plénières. Pendant ce temps, les forces de sécurité ont quitté les lieux dés le retrait des officiels.
LE CALAME
Un opposant mauritanien dénonce “la persistance de la politique d’exclusion des Noirs”
PANA – Le président des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), Samba Thiam, a vivement dénoncé «la persistance et la poursuite de la politique d’exclusion des Noirs», jeudi, au cours d’une conférence de presse.
La direction de ce mouvement, rappelle-t-on, est rentrée au pays après une trentaine d’années d’exil.
Cette réalité “est illustrée par l’absence des Noirs (Négro-africains et Haratines) des commissions mono-ethniques chargées de l’opération d’enrôlement des populations (Recensement à vocation d’état civil) lancée au mois de mai 2011”.
“On note la même politique d’exclusion au niveau des étudiants admis à fréquenter les grandes écoles de formation de l’élite civile et militaire destinée à la haute administration du pays”.
“Ce constat renvoie à une fuite en avant dans la mise en œuvre d’une politique d’exclusion, exacerbant ainsi la déchirure communautaire et rendant impossible toute idée de réconciliation et de cohésion nationale”.
Le président des FLAM a rappelé qu’après le retour d’exil, le mouvement qu’il dirige a décidé d’inscrire son action dans le cadre «d’une opposition démocratique et responsable pour apporter sa pierre à l’édification du pays et rendre possible la réconciliation nationale. Une démarche consistant à reconnaître les acquis, souligner les manquements et dénoncer les dérives».
Samba Thiam, rappelle-t-on, est un ancien détenu du bagne de Oualata (plus de 1.300 kilomètres à l’est de Nouakchott) dans lequel plusieurs cadres des FLAM sont morts à la suite de mauvaises conditions de détention au cours de la deuxième moitié des années 1980.
Congrès des FLAM: L´allocution d´ouverture du président Samba Thiam
Camarades membres du Conseil national,
Camarades membres du Bureau exécutif national
Camarades sécretaires généraux de Sections,
Camarades délégués,
Camarades congressistes
Excellence, Messieurs les Ambassadeurs,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Ce jour – ci est un jour historique, mémorable tant pour les membres des Flam que pour beaucoup de Mauritaniens. Je voudrais, avant de poursuivre, vous demander d’observer une minute de silence à la mémoire de nos martyrs.
Mesdames et Messieurs, je disais que ce jour est un jour historique, mémorable: les Flam, pendant longtemps diabolisées, à tort, bannies, persécutées tiennent un congrès public à Nouakchott, au coeur même de la république, celle qui nous avait refusés le droit à l’existence, celle qui ne voulait pas se regarder en face à travers le reflet de sa triste réalité que lui renvoyait notre Manifeste. Cet évènement est historique aussi en ce qu’il courronne notre retour après 23 ans d’exil, en même temps qu’il inaugure un changement fondamental dans notre ligne stratégique en replaçant notre mouvement dans sa trajectoire naturelle; notre place est ici, pour défendre les valeurs de la démocratie et de la coexistence pacifique entre nos composantes nationales.
Nous sommes revenus chez nous dans l’intention de continuer notre combat pour une Mauritanie débarrassée du racisme et de l’esclavage, dans le cadre de la légalité, et du jeu démocratique malgrè toutes ses insuffisances du moment. Nous avons, à cet égard, bon espoir que cette voie choisie nous sera ouverte sans entraves ni restrictions.
En patriotes sincères, nous ne le répéterons jamais assez, nous, revenons mûs par l’unique ambition d’oeuvrer au redressement du pays, au renforcement de la cohésion sociale, à travers la résolution des problèmes de fond, dont la question centrale de l’unité nationale ou de cohabitation. Notre unité est nécessaire, même vitale, je dirais, mais cette unité a été mal enclenchée des l’indépendance; il nous faut la repenser dans ses fondements, l’ asseoir sur des bases que sont l’acceptation mutuelle, le respect réciproque, l’esprit de tolérance, l’égalité en droits et en devoirs, le respect de la diversité culturelle.
Les Négro-africains ont mal, très mal à leur pays. Pour emprunter la formule d’El Said, je dirais que notre présent nous interpelle sur les questions existentielles de notre avenir, dans ce pays, nous “Afro-mauritaniens”, pour user d’une terminologie dans l’air du temps !
Runoko Rashidi , chercheur afro-americain, raconte qu’un jour, à travers ses voyages dans la Turquie profonde, il visita un petit village, isolé, peuplé essentiellement de femmes noires dont les maris étaient tous décédés. Elles lui décrivirent leur terrible condition, il en fut tres touché; la plus âgée des dames, toute émue de la compassion et de l’empathie manifestes du chercheur à leur endroit lui dit, pour clore tout questionnement: “On nous a tout pris, il ne nous reste plus que la couleur de notre peau”.
On ne saurait, par cette formule, mieux exprimer le ressenti actuel des Négro-africains de Mauritanie!
Chers compatriotes,
un problème serieux existe chez nous. Le cas récent de Niabina, entre autres, est suffisamment révélateur du malaise de la cohabitation. Mais, pourrait – on objecter, quel pays, en Afrique, en était exempt? quel pays du continent ne rencontrait pas de problèmes, en particulier des problèmes d’identité, de coexistence par ces temps?
Il est vrai, ce qui nous arrive n’arrive pas qu’a nous, mais face à un problème deux attitudes sont possibles: y faire face, résolument, ou adopter la posture de l’autruche !
Un problème reconnu est à moitié résolu, dit l’adage !
Osons reconnaitre l’existence, dans notre pays, de discriminations raciales et sociales pour nous engager dans le nécessaire changement, salvateur, qui passe par la construction d’un pays qui combat les inégalités liées à la naissance, “accepte sa diversité, cultive la solidarité, partage ses richesses”, pour emprunter la formule à quelqu’un.
Face à l’épineuse question de la cohabitation, la position des Flam a toujours été et demeure le recours au dialogue; un dialogue franc, sérieux, serein. C’est pourquoi, dès que cela a éte possible , nous avons tenu, à ce props , à échanger avec l’essentiel des responsables nationaux et des acteurs de la société civile. De ces rencontres, nous tirons des motifs de satisfaction et d’espoir : que les Mauritaniens pouvaient dépasser les à priori, se parler en dépit de leurs différences, leur appartenance et leurs convictions partisanes. Il faut, me semble –il, maintenant aller vers l’approfondissement du débat dans la recherche de solutions courageuses aux problèmes de fond qui se posent à notre pays.
En guise de solution, pour ce qui nous concerne, nous optons pour l’Autonomie, projet qui sera, sous peu, porté à l’attention du public et de la classe politique.
Cette Autonomie, – objet de tant de conjectures, agitée comme un épouvantail par nos adversaires -, je puis vous assurer et vous rassurer, ne sous-tend aucune arrière- pensée trouble; alors aucune! Cette Autonomie demeure un projet de réorganisation territoriale et administrative, plus adaptée à notre réalité socio-culturelle, éthnique et tribale, sans plus ! Elle se fonde sur des critères objectifs, naturels, plus à même de réduire les tensions ethniques récurrentes et favoriser la cohésion sociale .
La Mauritanie comporte une réalité tribale, éthnique et régionale têtue. Nous ne pouvons en faire table rase sans tomber dans d’autres travers ! Il faut la reconnaitre, essayer de la moduler, de l’atténuer avec discernement, avec patience, afin de forger doucement, progressivement, une autre mentalité sociale !
Nous ne pouvons, – pour élargir la perspective – gommer la logique différentielle et segmentaire des societés africaines dans lesquelles nous baignons, à partir desquelles l’Etat doit être perçu non pas comme un Etat-nation mais comme un Etat–multi-nations, un appareil de plusieurs nations “comme le posait Mwayila Tshiyembe; Etat multi-nations ou la notion du Terroir autant que du Territoire aura également toute son importance; Une démocratie, non pas à base de majorité gagnante et de minorité perdante, ajoutait-il plus loin, mais une démocratie combinatoire, perçue comme moyen politique de protéger la diversité culturelle …et qui pose ipso-facto, les conditions mêmes de participation des nations à la fondation de l’Etat et à la gestion de la chose publique.
L’Autonomie constitue, enfin, à nos yeux juste une étape transitoire mais nécessaire vers la gestation de l’Etat-nation, qui ne se décrète pas.
Encore une fois un problème serieux existe, reconnaissons-le, dialoguons autour, débattons-en, plutôt que verser dans l’intimidation et la provocation !
C’est cette vision que nous avons tenté de faire partager, depuis notre retour, avec les acteurs politiques ; des plus hautes autorités de l’Etat aux responsables d’institutions politiques nationale en passant par les porteurs de l’économie.
Il est temps de se ressaisir…il nous faut nous ressaisir!
Le rêve d’un meilleur devenir, en commun, est encore possible à condition d’oser aller résolument vers le changement, vers une nouvelle Mauritanie, une Mauritanie inclusive.
Avant de terminer, je voudrais redire ici la disponibilité des Flam à travailler avec tous les Mauritaniens qui partagent avec elles le souci de l’édification, dans notre pays, de l’ état de droit qui consacre la fin des discriminations et des injustices que subit l’immense majorité .
Pour clore, je voudrais rappeler ce mot de Nelson Mandela qui disait que “la nouvelle Afrique du Sud ne sera pas construite par ceux qui restent à l’écart, les bras croisés, mais par ceux qui sont dans l’arène, les vêtements réduits en haillons par la tempête, le corps mutilé par les évènements”.
Par analogie, je crois qu’on pourrait en dire autant de la “Mauritanie nouvelle”…
Voila pourquoi j’invite ces compatriotes honnêtes, mais surtout courageux, animés du sens de l’orgueil national, soucieux de notre commun devenir, à entrer davantage dans l’arène.
Il nous faut nous ressaisir !
Mesdames et messieurs, honorable invités, merci de nous avoir honorés de votre présence
Vive la Mauritanie fraternelle, tolérante et riche de sa diversité !
Vive les Flam.
La lutte continue !
Nouakchott le 29 août 2014.
Le MPR fustige l’attitude des autorités interdisant la tenue du congrès des FLAM
Le MPR fustige l’attitude des autorités interdisant la tenue du congrès des FLAM
Le Mouvement Pour la Refondation (MPR) formation politique dirigée par Dr Kane Hamidou Baba a appris avec étonnement l’arrêté 700485, en date du 27 août, interdisant la tenue du congrès du FALM dans un hôtel de la place notifié par le Hakem de Tevragh Zeina.
Le MPR signale, pour s’en émouvoir, le caractère incompréhensible et discriminatoire de cette décision en refusant à ce mouvement de tenir librement son congrès.
Ainsi devant cette forfaiture, le Mouvement Pour la Refondation (MPR) :
1. solidaire au mouvement du FLAM, condamne avec la dernière énergie cette interdiction du Hakem à la tenue de leurs activités ;
2. exige des autorités une levée immédiate et sans condition de cette mesure qui divise ;
3. lance un appel pressant aux autorités pour le respect scrupuleux de toutes les formes de libertés (individuelles et collectives) ;
4. félicite et encourage nos camarades du FLAM pour la tenue effective de leurs activités au niveau de leur siège central comme annoncé par le président Samba Thiam.
Cellule de communication du MPR
Nouakchott, le 28/08/2014