
L’administration territoriale, pourtant jusque-là mise à l’écart, à juste titre, dans les affaires du foncier où leurs interventions ont toujours été calamiteuses, serait au cœur des nombreuses petites querelles qui émaillent aujourd’hui la restructuration à Nouakchott. Une famille Tagounanet réclame la paternité d’un terrain qu’ils occupent depuis le milieu des années 80. Il s’agissait de sept terrains réunis par la famille et légalisés depuis belle lurette, selon la thèse véhiculée par la presse. A l’occasion de la nouvelle restructuration des quartiers précaires, il paraît que l’ADU a rétrocédé à la famille Tagounanet ses cinq terrains sur les sept qui lui appartiendraient, et décida de donner les deux autres à une famille Mechdhdouf qui agirait par procuration au nom du maire de Timbédra. Le Hakem supervisera en personne cette appropriation en veillant, avec ses gardes, à la construction rapide d’un mur de protection autour des deux terrains « usurpés », là où la famille Mechdhouf aménagera rapidement des tentes de fortune avant de s’y installer. Ayant constaté le fait accompli de retour d’un sit-in de protestation devant les grilles de la présidence de la République, la famille Taganounat aurait attendu la nuit pour détruire le mur érigé autour de leurs lopins et procédé à l’incendie des tentes plantées par leurs adversaires. Au cours des échauffourées qui s’en seraient suivis, plusieurs personnes auraient été blessées. La police est intervenue par la suite pour procéder à des arrestations des deux côtés et maintenir un camp de surveillance sur place.
Il n’en fallait pas plus, pour réveiller les vieux démons du tribalisme, face à l’absence de l’Etat de droit fort et impétueux. Ce retour aux règlements tribaux qui se dessinent à travers la mobilisation sectaire des deux camps du litige repose en termes clairs la question de la maturité du peuple mauritanien et l’ancrage social des institutions de l’Etat. Ce qui est sûr, le tableau offert par ces deux armées tribales qui s’apprêtent à régler leurs compte par la force, rappelle que la Mauritanie est toujours considérée par certain comme ce « Mankab El Barzakh » où en l’absence de toute loi ou structure fédératrice, ne s’impose que la loi du plus fort.
JOB
Pour l’authentique.