C’est officiel maintenant. Les FLAM sont bien de retour à Nouakchott. Le numéro deux du mouvement n’a pas attendu beaucoup de temps pour traduire dans les faits ce déploiement décidé lors du dernier congrés à Paris. En effet, Ibrahima Sow a été reçu par le président Ould Aziz cette semaine au palais de Nouakchott. Les entretiens ont porté sur la situation intérieure, la sécurité et l’autonomie du mouvement négro mauritanien. Mais ce rapprochement au plus sommet de l’Etat est un pas politique important pour les FLAM en quête de légitimité .C’est la deuxième rencontre directe du genre après celle de l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi à New-York en marge de l’Assemblée générale des Nations-Unies. L’audience du chef de l’Etat revêt une importance capitale parce qu’elle corrige d’abord l’image des FLAM écornée par la classe politique dirigeante et même certains partis de l’opposition mauritanienne.
Une image qui s’appuie sur des peurs aujourd’hui injustifiées. Elle rétablit une injustice de nombreuses années d’exil. Fidèle à sa vocation de gauche démocratique le mouvement négro mauritanien voudrait bien créer un parti autonome des partis négro mauritaniens existants pour donner un sens à sa longue marche de libération nationale.
L’ambition est de se frayer un chemin proche des populations les plus démunies et analphabètes. Cette démarche n’exclurait pas d’envisager par exemple une coalition avec ceux qui le voudront comme le PLEJ ( Parti liberté et pour l’égalité et la justice) de Bâ Mamadou Alassane ou l’AJD-MR de Ibrahima Sarr ou l’AC ( Action pour le Changement) ou le MPR de Kane Hamidou Baba.Il appartient aux dirigeants d’en décider. C’est évidemment le meilleur moment pour ces combattants de la liberté de convaincre le locataire du palais de Nouakchott pour garantir leur sécurité dans un pays où les nationalistes étroits de tout bord sont prêts à exploiter toute porte ouverte. Bien entendu la partie est difficile.
Elle est loin d’être gagnée par une organisation honnie depuis plus de trois décennies de clandestinité mais adulée par les forces démocratiques qui entendent construire un état de droit de liberté de justice et d’égalité entre tous les mauritaniens. Qu’on le veuille ou non la force des FLAM c’est d’avoir peuplé les geôles du régime de Ould Taya dont elles étaient la principale cible. Les militants ont aujourd’hui le mérite d’avoir rompu le mur du silence qui entourait cette politique de discrimination raciale contre les négro mauritaniens comme en témoigne la longue liste des martyrs. Aux flamistes de prendre maintenant leur place sur la scène politique au moment où un nouveau parti PRAG un parti radical des Hratins proche de l’IRA attend son récépissé pour grossir les rangs de l’opposition. La concurrence est rude .La bataille en vaut la peine.