Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 07/03/2013

L’insoutenable nostalgie du communisme

altIl y a plus d’une façon de lire l’histoire d’une ville : Berlin par exemple a sa version turque, bien différente de la vision allemande de Christa Wolf ou de Peter Schneider. La présence de travailleurs d’origine turque établis à Kreuzberg ou Neukölln est connue. Ce qui l’est moins, ce sont les contacts intellectuels et politiques que les Turcs ont entretenus avec la capitale de l’Empire dès la fin du XIXème siècle, quand les élites ottomanes puis les militaires très tôt formés dans les académies militaires prussiennes y séjournaient.
Berlin 1900 fascinait alors presque autant que Paris. Après 1918, l’Empire ottoman sera démantelé, et en 1923 naquit la République : plusieurs contingents d’ouvriers et d’apprentis inaugurèrent la collaboration économique sur le sol allemand tandis que la ville, trépidante, inventive, drainait les étudiants turcs. Après la deuxième guerre mondiale, Berlin-Est attirait les membres dispersés du TKP, le parti communiste turc clandestin et alors interdit en Turquie — d’autres iront à Moscou et à Budapest. Certains de ces exilés ont réalisé des programmes en langue turque pourBizim Radyo, qui émettait à partir de 1958 depuis Leipzig à destination des populations turcophones des Balkans, de Turquie bien sûr et du sud Caucase, en riposte aux émissions de la Voice of America ou de Radio Free Europe (Munich). Parmi ces exilés, on trouve le couple Zekeriya et Sabiha Sertel, le Bulgare Fahri Erdinç et le poète Nâzim Hikmet. La guerre des deux blocs se poursuivait par langues interposées…
Nâzim Hikmet [1] s’est réfugié à Moscou après sa fuite de Turquie en 1951 et il y demeura jusqu’à sa mort en 1963. Il devint alors l’un des plus flamboyants représentants de l’intelligentsia communiste, aux côtés de figures comme Ilya Ehrenburg, Pablo Neruda ou Louis Aragon. Il a échappé d’une certaine manière aux foudres staliniennes en passant de longues périodes dans les « pays frères », en Hongrie, en Tchécoslovaquie ou en RDA. Il intervenait sur des sujets culturels et politiques, considérait son pays, désormais sous influence américaine, avec beaucoup de méfiance et de recul, et n’était pas toujours très amène à l’encontre de l’évolution du communisme en URSS… Pendant la pire période de la guerre froide, il a su garder son statut d’humaniste marxiste.
Nedim Gürsel, depuis longtemps familier de Berlin et auteur de travaux remarqués sur Hikmet, entreprend une représentation fantasmée de la vie du poète dans le Berlin-Est des années 1950 et 1960. A travers les propos d’un narrateur avide de révélations sur les choix politiques de Hikmet, les rapports donnés à la STASI et la vie berlinoise de celui qui fut son délateur, Ali Albayrak, l’homme de l’ombre, l’homme des ombres, on voit émerger un monde crépusculaire, rongé par la culpabilité et les amours impossibles. Ce roman historique recrée avec nuance les ambiances contrastées des deux Berlin en s’attachant à l’histoire mal connue du Parti communiste turc, clandestin, exilé et peinant à faire entendre sa voix parmi les autres partis soumis à Moscou.
C’est sans doute la seconde partie du roman, les rapports du mouchard, (« Le Poète et le démon ») qui est la plus intéressante : ironique et cruelle, elle joue sur plusieurs tableaux, y compris linguistiques — plusieurs passages sont écrits en turc azéri, évoquant un accent régional — des références, pastiches et clins d’oeil. Autant d’éléments peu faciles à rendre en français mais qui, peu à peu, distillent l’atmosphère de ce monde des exilés politiques, isolés dans le paysage blafard et inquiétant de l’Allemagne socialiste. Ces exilés s’acheminent lentement vers un naufrage concerté. La troisième partie revient sur l’enfance et l’adolescence du « Diable » (le surnom du délateur), né d’un père français inconnu et d’une souillon. Homme empli de frustrations, il nourrit néanmoins des sentiments affectueux envers son neveu, Celik, symbole de la nouvelle génération issue de l’immigration des années 1960.
Le roman présente ainsi un bilan et un regard dessillé sur un pan de l’histoire contemporaine, où la Turquie ne joua qu’un rôle mineur malgré sa position stratégique. Il faudra attendre l’arrivée massive des immigrés pour que le pays de Nâzim Hikmet regagne en importance aux yeux de l’Europe.
 
Timour Muhidine
Le monde diplomatique

Mali: création officielle d’une “Commission dialogue et réconciliation”

Mali: création officielle d'une 'Commission dialogue et réconciliation'Le conseil des ministres du Mali a annoncé officiellement mercredi la création d’une “Commission dialogue et réconciliation” (CDR) qui était souhaitée par les partenaires étrangers de ce pays en guerre.
La CDR, qui a pour mission “de rechercher, par le dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés maliennes”, sera également chargée “de recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue de réconciliation”, précise un décret rendu public par le Conseil des ministres.
Cette commission sera composée “d’un Président, de deux vice-présidents, et de trente commissaires”, qui seront prochainement désignés par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré.
M. Traoré avait déclaré fin janvier qu’au sein de la communauté touareg, “le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations c’est certainement le MNLA (Mouvement de libération national de l’Azawad, rébellion), à condition que le MNLA renonce à toutes ces prétentions territoriales”.
Ce mouvement rebelle, qui estime que les Touareg sont marginalisés et réclame l’autodétermination du nord du Mali, leur région d’origine, avait lancé en janvier 2012 une offensive dans cette région avec des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, avant d’en être éliminé par eux.
Depuis le 11 janvier, une opération militaire franco-africaine est en cours pour chasser les islamistes armés du nord du Mali.
Outre le volet militaire, la communauté internationale insiste sur la nécessité de la réconciliation entre les diverses composantes de la société malienne, dont les Touareg.
La CDR aura aussi pour mission d’enregistrer “les cas de violation des droits de l’Homme commis dans le pays du début des hostilités, jusqu’à la reconquête totale du pays”.
Plusieurs associations de défense des droits de l’Homme ont accusé les forces rebelles du nord du Mali, ainsi que des militaires maliens, d’avoir commis de nombreuse exactions.
 
 
Source: JA

Quand le Maroc cachait des terroristes dans des caisses de tomates.

Alors qu’il tentait de persuader l’Europe d’ouvrir son marché aux exportations, Hassan II, le père de l’actuel roi du Maroc, fit une drôle de menace, il y a 20 ans: exporter des terroristes.

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Nous sommes en 1994 et le roi Hassan II du Maroc tente de persuader Jacques Delors, le président de la Commission européenne, d’ouvrir les portes du marché européen.

«J’ai cinq millions de fermiers qui produisent des tomates pour l’exportation», dit le roi.

Delors bredouille quelque chose au sujet des fermiers espagnols, et de leur opposition à l’ouverture à la concurrence des marchés de l’union européenne.

«Très bien, dit le roi. Si le Maroc ne peut exporter ses tomates, dans dix ans nous exporterons des terroristes.»

Et en 2004 (le 11 mars, Ndlr), des islamistes marocains ont effectivement placé des bombes dans la principale gare de Madrid, Atocha, tuant 191 personnes et en blessant 1.800 —le 11-Septembre européen.

En 1995, signe avant-coureur du massacre d’Atocha et des attentats de Londres de 2005, des islamistes algériens avaient placé une bombe dans le métro parisien, tuant 8 personnes et en blessant 80 autres.

À cette époque, hormis une poignée d’universitaires obscurs, personne ne prenait l’idéologie islamiste au sérieux. Le cerveau du groupe terroriste islamiste algérien s’appelait Rachid Ramda.

En fuite à Londres, il fut rapidement arrêté, au vu des preuves indiscutables fournies par la police française. Avant d’être enfin extradé en 2005, il fut néanmoins protégé pendant une décennie par des avocats et des ministres du gouvernement. Il est aujourd’hui en prison à perpétuité.

Le jeune conseiller en chef du ministre de l’Intérieur qui refusait d’extrader Ramda se nommait David Cameron. En janvier, ce dernier est allé en visite en Algérie —une première pour un Premier ministre britannique— pour plaider en faveur d’une coopération totale, en vue de combattre le terrorisme islamiste dans la région.

Personne ne fit gaffe à l’alerte

Dans les années quatre-vingt-dix, Rached Ghannouchi, nouveau leader islamiste de la Tunisie, était en exil à Londres, où il a fondé Ennahda, parti qui aujourd’hui dirige la Tunisie.

Dans une tribune publiée dans le Guardian de Londres, en janvier 2013, il affirme «asseoir l’Etat de droit et les libertés individuelles». Des idées libérales qui contrastent avec les incessantes agressions des islamistes associés à Ennahda envers les syndicats tunisiens, ou les attaques plus larges de la part des fanatiques islamistes de l’extrême-droite d’Ennahda à l’encontre de toute incarnation de l’Etat tunisien laïc qui obtint, en 1954, l’indépendance de la France.

Les temples soufis sont profanés. Les étudiantes à l’université sont agressées si elles ne couvrent pas leur visage du niqab. Le tourisme, l’une des principales sources de devises pour la Tunisie, est progressivement étranglé, tandis que le comité de protection de la révolution parrainé par Ennahda tente d’interdire toute vente d’alcool dans un pays qui possède des vins qui comptent parmi les meilleurs de toute la Méditerranée.

L’Europe, aussi bien ses leaders nationaux que les élites bruxelloises à la tête de sa politique étrangère, a bien publié quelques communiqués de presse çà et là, afin de faire part de sa préoccupation, mais de retentissants cris d’alarme, point. Le Royal Institute of International Affairs (Chatham House) a élu Ghannouchi homme de l’année en 2012.

Vis-à-vis des Tunisiens qui auraient souhaité voir l’Europe affronter la nouvelle élite au pouvoir à Tunis et s’engager pour la modération, il semble que l’UE ait oublié son devoir de promotion des droits de l’homme et de l’Etat de droit.

La descente de la Tunisie dans l’autoritarisme corrompu du régime Ben Ali n’a pas affaibli le nationalisme laïc en vertu duquel les femmes disposaient de droits considérables en comparaison de leurs sœurs vivant plus à l’est, dans les états islamiques du golfe.

Le meurtre de sang-froid, devant sa maison, de Chokri Belaid, avocat tunisien des droits civiques, homme politique laïc et ancien leader de l’opposition étudiante, est la dernière manœuvre des islamistes, en vue de créer une stratégie de la tension pouvant justifier une islamisation à grande échelle de la Tunisie, à la façon de l’Iran.

Avant la visite de Cameron en Algérie et en Lybie, le président français, François Hollande, et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avaient visité l’Algérie et la Tunisie en décembre 2012.

Après le Mali et l’attaque suivie de la prise d’otages dans une installation gazière dans le sud de l’Algérie, l’Europe s’est réveillée et prend la mesure du cauchemar que représente la transformation de son flanc sud en zone d’instabilité, d’assassinats politiques, de réfugiés en fuite et d’attaques islamistes sur les droits de l’homme, bien pire qu’aux temps des vieux dictateurs avides et vaniteux comme Ben Ali, Khadafi ou Moubarak.

La prémonition d’Hassan II

Pendant que Cameron et Hollande parlent sécurité et envoient les troupes, toutefois, la véritable tâche qui incombe à l’Europe est sans doute de trouver des façons inédites d’amener ses voisins du sud de la Méditerranée dans une nouvelle relation avec l’UE —tout comme les autres pays de l’Europe élargie, débarrassés de la pauvreté et de leurs régimes brutaux et corrompus, ou en voie de le faire, se sont mis à exporter des marchandises plutôt que de l’idéologie.

L’anecdote de cet appel prémonitoire du roi Hassan II à Delors figure dans le nouveau livre de Jean-Louis Guigou, qui a assisté à la conversation entre le roi et le président de la commission européenne.

Époux de la femme politique socialiste Elisabeth Guigou qui préside la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et haut fonctionnaire comptant parmi les plus influents en France, Guigou a l’oreille du président Hollande, qu’il a accompagné lors de sa visite en Algérie, avant Noël.

Jean-Louis Guigou fait aujourd’hui figure de prophète dans le désert, et presse l’UE avec une éloquence toute cartésienne de définir une stratégie pour la rive sud de la Méditerranée, avant qu’il ne soit trop tard.

Dans son dernier livre, Le nouveau monde méditerranéen, Guigou plaide pour un new deal économique pour les Etats de Méditerranée du sud.

Il préside un cercle influent d’hommes d’affaires, d’économistes, de banquiers et de hauts fonctionnaires marocains, tunisiens, algériens, égyptiens et libanais au sein de l’IPEMED (Institut de prospective économique du monde méditerranéen).

L’Ipemed milite en faveur du développement économique autour de la Méditerranée et le livre de Guigou abonde en propositions, qui vont du développement de l’énergie solaire pour fournir à une Allemagne dénucléarisée l’énergie dont elle a besoin, à l’extension vers la Méditerranée du sud de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui dans les années soixante-dix et quatre-vingt a permis aux états communistes et occidentaux de communiquer et de coopérer.

L’EU a déjà essayé. En 1995, elle a mis en place le processus de Barcelone, destiné à promouvoir le dialogue UE-Méditerranée.

Puis, en 2008, Nicolas Sarkozy a créé l’Union pour la Méditerranée, avec 47 pays. Mais l’Europe était plus préoccupée par ses nouveaux membres à l’est et dans les Balkans et après moult déclarations et discours, l’intérêt porté à la Méditerranée s’est dissipé.

Le printemps arabe est aussi passé par là

Le Maroc n’exporte toujours pas ses tomates. La Turquie et l’ex-Yougoslavie reçoivent dix fois plus d’aide par tête que les pays du sud de la Méditerranée.

Les leaders de l’Union européenne, emmenés par David Cameron et Angela Merkel, ont convenu de coupes budgétaires qui vont encore réduire les maigres fonds octroyés par l’Europe à des pays comme la Tunisie, le Maroc ou l’Algerie.

La France a insisté, et obtenu, le maintien en l’état de la Politique agricole commune (PAC), ce qui interdit aux fermiers marocains et tunisiens de développer leur économie en exportant vers l’Europe.

Les leaders européens ont salué le printemps arabe comme preuve que les valeurs européennes de démocratie et de liberté pouvaient s’exporter au-delà de la Méditerranée.

Mais à moins que l’Europe n’ouvre ses frontières aux importations, organise la circulation vers le sud des investissements créateurs d’emplois —ce que Guigou appelle la co-localisation— et facilite l’octroi de visas aux étudiants et aux grands hommes d’affaires, la vie politique dans la région ne pourra que glisser vers l’extrémisme idéologique des islamistes

Denis MacShane est l’ancien ministre de l’Europe de la Grande-Bretagne .

Source: Slate Afrique

Nord du Mali : Participation de la Mauritanie Duplicité et sournoiserie ?

Le président mauritanien, récemment, a affirmé devant son homologue nigérien que la Mauritanie pourrait participer à la force africaine d’intervention à condition que celle-ci soit placée sous mandat onusien. Une manière de dire que son armée n’est pas prête à combattre, à faire la guerre, et que ses soldats ne sont pas prêts à mourir pour le Mali, à la place des soldats maliens.


Nord du Mali : Participation de la Mauritanie Duplicité et sournoiserie ?
 

En effet, il n’est un secret pour personne qu’au cas où l’Onu se décidait à venir ici, ce serait pour une mission de maintien de paix ou une mission d’interposition. Mais surtout pas pour faire la guerre. Depuis quelques temps, la France, qui a lancé la guerre de libération du nord malien avec l’opération Serval contre les jihadistes, serait plutôt favorable à cette dernière option. Des négociations diplomatiques seraient entreprises dans ce sens pour forcer les autorités maliennes à demander une mission onusienne au Mali, une fois que les groupes islamistes auraient été neutralisés.

Parce que, comme l’a si bien dit le président nigérien, pour l’heure, il s’agit plutôt de faire la guerre, la paix viendra plus tard. De faire la guerre à tous les groupes terroristes, qu’ils soient islamistes ou indépendantistes, qui ont pris les armes contre l’autorité centrale. De faire la guerre pour les capturer et les mettre à la disposition de la justice ou de les mettre hors d’état de nuire. Mais ça ne semble pas être le plan de la Mauritanie car ce pays préfère veut se draper d’un mandat onusien pour soustraire ses affidés indépendantistes du courroux de la justice malienne ou internationale.

De toutes les manières, une telle attitude du président mauritanien ne surprend personne, son pays servant toujours de sanctuaire aux terroristes du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad). Tout comme la France où parade un certain Moussa Ag Assarid, porte-parole du Mnla.

Traque des groupes terroristes
A quoi bon oublier le Mnla ?

Moussa Ag Assarid, porte-parole du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), comme pour donner raison à ceux qui pensent que son mouvement n’a jamais renoncé à diviser le Mali en deux, ne parle que de l’Azawad, s’agissant des trois régions du nord, et des Azawadiens, concernant les habitants de cette zone, faisant fi de la République du Mali dans son intégrité territoriale. Il est même parvenu à convaincre la France que son mouvement pourrait être un supplétif utile et nécessaire aux armées françaises et tchadiennes dans la guerre de libération du nord. Mais ce que tout le monde oublie, assez facilement, d’ailleurs, c’est que pour lancer ses attaques contre les forces armées et de sécurité maliennes, le Mnla a eu besoin de s’allier aux groupes armés islamo-narco-terroristes qui écumaient le nord malien, et qu’ensuite, quand il a voulu imposer son leadership à ces mêmes groupes armés islamo-narco-terroristes, il a été proprement chassé de tout le nord par ceux-ci. On oublie aussi, assez facilement d’ailleurs, que le même Mnla, contrairement aux vœux des populations pour lesquelles il demande une indépendance, contrairement aux vœux de ses partenaires africains et occidentaux qui ne veulent pas entendre parler d’un Etat islamiste dans le Sahel, contrairement aux vœux de l’internationale amazigh fortement attachée à l’esclavagisme et au féodalisme, le même Mnla était prêt à sacrifier la laïcité pour un Azawad indépendant, mais soumis à la charia dans toute sa rigueur. Et que pour cela, quelques jours encore avant le déclenchement de l’opération Serval, certains des responsables étaient en discussion avec Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghaly.

Mais si les autorités maliennes, qui ont encore besoin de la France, hésitent à se lancer à la chasse des indépendantistes, il y en a qui ne se trompent point. Il s’agit du lieutenant-colonel major, Alladji Gamou. L’officier loyaliste a déclaré sur les antennes de Rfi que lui ne faisait pas la distinction entre les groupes armés qui ont assassiné des civils et des militaires dans le nord. Autrement dit, pour lui le Mnla est aussi criminel et terroriste qu’Aqmi, Ansar Eddine ou Mujao. Leurs éléments doivent être traités de la même manière sinon il y aurait forcément une injustice qui pourrait aboutir à une justice privée et expéditive.
Quel crédit des individus comme Moussa Ag Assarid et ses camarades peuvent-ils encore avoir ?

Exactions et brimades
Un double traitement ?

L’Aef (Audiovisuel extérieur de la France), incarné par le mariage forcé de Rfi (radio) à France 24 (télévision), quelques lobbyistes touareg planqués en Europe ou ailleurs et les organisations de défense des droits humains sont prompts à dénoncer des «exactions et brimades» à chaque fois qu’un Arabe ou un Touareg est appréhendé par l’armée malienne, soupçonné de collaboration ou d’aide en faveur des groupes islamistes terroristes. Quoi de plus normal et de naturel que d’appréhender des Arabes et des Touareg quand on sait c’est le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), composé essentiellement de Touareg, qui introduit le ver dans le fer, que le Mnla a été le complice des terroristes pendant des mois, que tous les membres du Mnla n’ont pas eu le temps de fuir et que certains se terrent encore dans certaines localités du nord. Il n’y a rien de plus normal et de naturel, surtout que beaucoup de ces Arabes et Touareg sont interpellés suite aux dénonciations des populations qui sont restées, pendant toute la crise, dans les localités du nord où chacun connait chacun.

Rien de plus normal également si l’Aef a fait part de l’arrestation, dans l’île de Kadji, près de la ville de Gao, de plusieurs dizaines d’individus soupçonnés d’avoir collaboré avec les islamistes, de les avoir aidés ou cachés. Mais ni Rfi ou France 24 ni les lobbyistes touareg ni les organisations de défense des droits de l’homme n’ont levé la voix pour parler d’exactions ou de brimades sur des citoyens innocents. Est-ce parce que ces interpellés de Kadji sont des sédentaires à la peau noire ? Il faut le croire car il est certain que si un seul Targui figurait parmi eux, on aurait encore crié au scandale que les prétendus amis du Mali et les soi-disant défenseurs des droits humains sont prompts à dénoncer. Parce qu’ils se soucient très peu de la violation des droits des Noirs. Double traitement.

Cheick Tandina
SOURCE: Le Prétoire

Venezuela – Hugo Chávez : mort de la légende du siècle

Le président vénézuélien vient d’être emporté par son cancer. Retour sur la vie mouvementée d’un chef d’État devenu une légende pour son peuple.Venezuela - Hugo Chávez : mort de la légende du siècle

 

 

Depuis quelques jours, l’issue ne faisait guère de doute. En dépit de communiqués “officiels” rassurants, le Venezuela s’était préparé à la mort de son héros. Les allers et retours de Hugo Chávez entre Caracas et La Havane ne trompaient plus personne. L’état de santé du Comandante était désespéré. Fin février, on apprenait que “son insuffisance respiratoire n’évoluait pas favorablement”. Le 1er mars, le vice-président Nicolás Maduro estimait : “Notre président lutte pour sa vie.” La semaine dernière, des rumeurs affirmaient qu’il était cliniquement mort. Qu’à cela ne tienne, les Vénézuéliens sont sous le choc. “Un mythe est mort”, explique les larmes aux yeux Johan Novoa, un jeune commerçant coiffé d’une casquette Fidel Castro-Che Guevara-Hugo Chávez, tout en priant pour “rendre l’amour qu’il a reçu”.
Depuis quelques jours, l’issue ne faisait guère de doute. En dépit de communiqués “officiels” rassurants, le Venezuela s’était préparé à la mort de son héros. Les allers et retours de Hugo Chávez entre Caracas et La Havane ne trompaient plus personne. L’état de santé du Comandante était désespéré. Fin février, on apprenait que “son insuffisance respiratoire n’évoluait pas favorablement”. Le 1er mars, le vice-président Nicolás Maduro estimait : “Notre président lutte pour sa vie.” La semaine dernière, des rumeurs affirmaient qu’il était cliniquement mort. Qu’à cela ne tienne, les Vénézuéliens sont sous le choc. “Un mythe est mort”, explique les larmes aux yeux Johan Novoa, un jeune commerçant coiffé d’une casquette Fidel Castro-Che Guevara-Hugo Chávez, tout en priant pour “rendre l’amour [qu’il a] reçu”.

 
“Chávez coeur du peuple”
 
Il existait, et il existera sûrement encore longtemps, une connexion passionnelle entre Hugo Chávez et des millions de Vénézuéliens. Intitulé “Chávez, coeur du peuple”, le dernier slogan de campagne du leader latino a tapé dans le mille. “C’est le premier président à s’être réellement préoccupé des pauvres”, commente le journaliste révolutionnaire Miguel Ángel Pérez Pirela en évoquant les programmes sociaux impulsés par Chávez pendant ses 14 ans de pouvoir, qui ont permis de réduire drastiquement la pauvreté. 
 
Carlos Vargas, militant du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), avance avec nostalgie une autre explication : “Chávez était un homme du peuple, il le connaissait et savait lui parler.” Lui-même avait pris l’habitude d’affirmer : “Chávez, ce n’est pas moi, Chávez, c’est vous. Chávez est un peuple, un concept, le chavisme.” Né en 1954 dans une famille très modeste des grandes plaines vénézuéliennes, deuxième d’une fratrie de six garçons, Hugo Chávez Frías a vécu une enfance difficile, “mais heureuse”, selon ses propres mots. Il vendait des sucreries dans la rue pour aider sa famille et, comme des milliers d’autres jeunes, il s’amusait au base-ball en sortant de l’école. Au point d’avoir espéré devenir joueur professionnel. Cette légende dorée, Hugo Chávez l’a entretenue des années pendant son émission dominicale Aló Presidente, dans un style jugé “populiste” par l’opposition. Durant plusieurs heures, El Comandante exposait ses idées dans un langage simple ponctué de chansonnettes, de blagues et de petites histoires moralisatrices. “Chávez est un as de la communication directe, [c’est aussi] un affabulateur”, concède l’écrivain Orlando Oramas León dans la préface des Cuentos del arañero (Contes du tisseur de toile), la compilation officielle des centaines de discours de Hugo Chávez.
 
El Comandante
 
Pour le grand public, le mythe de Hugo Chávez est né le 4 février 1992, le jour de son coup d’État manqué contre Carlos Andrés Pérez. En costume militaire, le commandant assume ses responsabilités en direct et engage ses compagnons à déposer les armes, leur expliquant que les objectifs poursuivis n’avaient pas été atteints, “pour l’instant”. Le président Rafael Caldera élu en 1994 reconnaîtra que ce dernier lui avait “donné une excellente impression, comme à tout le monde. Ces quelques secondes qu’il a utilisées à la télévision montraient un homme équilibré, sensé.”
 
Jeté en prison durant deux ans, Hugo Chávez continue d’éponger une soif de lecture qui ne l’a jamais quitté et peaufine son projet politique. C’est ici, loin des projecteurs, que sa popularité grandit. Progressivement, il fait naître le rêve d’une patrie nouvelle, “bolivarienne” du nom du “libérateur” historique du Venezuela face à la couronne espagnole, Simon Bolívar. C’est aussi pendant cette période qu’il prend goût au pouvoir. La professeur Herma Marksman, sa deuxième femme, explique l’avoir quitté à cette période pour cette même raison : “La popularité l’a changé, il est devenu une figure messianique.” 
 
Un démocrate aux manières de dictateur
 
Vingt ans plus tard, le Venezuela est couvert, des murs aux montagnes, du portrait de cet homme qui se croyait la réincarnation de Simon Bolívar. Le culte de la personnalité, mais aussi les atteintes aux droits de l’homme, les attaques répétées contre les médias d’opposition et la conception centralisée du pouvoir de Hugo Chávez en ont fait l’épouvantail de toute une partie des Vénézuéliens. Les deux dernières années de sa vie, El Comandante gouvernait essentiellement par décrets, laissant une très faible marge de manoeuvre à son gouvernement. “Sa gestion est devenue beaucoup plus autoritaire après le coup d’État dont il a souffert en 2002 et surtout à partir de sa seconde réélection, en 2006-2007, au moment de lancer le concept flou de socialisme du XXIe siècle”, explique l’historienne Margarita Lopez Maia. 
 
Surfant sur l’immense manne pétrolière, renationalisée en 2002 au prix d’un long conflit social, Hugo Chávez veut alors construire “un nouveau socialisme” basé sur “l’amour, la liberté et l’égalité”. Il expérimente de nouvelles formes de production et relance la démocratie directe. À droite, dans un pays plus polarisé que jamais, les opposants hurlent au clientélisme et dénoncent les écueils de la révolution, principalement l’explosion de l’insécurité. 
 
Bolivar et le “monde multipolaire
 
Ce deuxième mandat, phase de radicalisation de la révolution socialiste, est aussi une période d’approfondissement du projet “bolivarien” de Chávez, celui d’unifier les peuples d’Amérique latine face à “l’empire américain”. L’Alliance bolivarienne pour les Amériques, une alternative à la zone de libre-échange promue par les États-Unis, créée en 2006, est la première concrétisation du rêve de toute une vie. S’ensuit l’intégration à d’autres institutions régionales, comme le Marché commun du Sud (Mercosur), la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (Celac) et la Banque du Sud. La perception d’un “monde multipolaire” de Hugo Chávez l’amène à développer de nombreux partenariats avec Cuba, la Chine et la Russie, mais aussi à soutenir des dirigeants critiqués par les démocraties occidentales, comme le Libyen Muammar Kadhafi et le Syrien Bachar el-Assad.
 
Son cancer, dont il est opéré une première fois en juin 2010, met un frein à ses ambitions de gouverner “jusqu’à 2021”, date qu’il s’est donnée pour faire aboutir le projet socialiste. Il remet sa survie entre les mains des médecins cubains, mais aussi de Dieu. Lors de sa dernière apparition à la télévision, le 11 décembre 2012, le révolutionnaire embrasse de nouveau l’effigie du Christ. “Le semeur” désigne alors un successeur, son vice-président Nicolás Maduro, dans l’espoir de sauver la révolution. Converti en martyr par les uns, détesté et honni par les autres, Hugo Chávez a laissé une marque indélébile dans le paysage politique vénézuélien, américain et mondial. Les restes d’El Comandante vont désormais reposer aux côtés de son inspirateur, au mausolée Simon Bolívar. 
 
Dates-clés :
 
⁃ 28 juillet 1954 – Naissance à Sabaneta, État de Barinas, Venezuela.
 
⁃ 4 février 1992 – Tentative de coup d’État avortée contre le président Carlos Andrés Pérez.
 
⁃ 6 décembre 1998 – Élu à la présidence vénézuélienne avec 56 % des voix, réélu en 2006 et 2012.
 
⁃ 19 décembre 1999 – Les Vénézuéliens acceptent la Constitution de la Ve République proposée par l’Assemblée constituante pro-Chávez, la “meilleure au monde”, selon le leader latino.
 
⁃ 13 avril 2002 – Revient triomphant à Caracas après avoir contré un coup d’État. 
 
⁃ 15 février 2009 – Les Vénézuéliens votent “oui” à une réforme de la Constitution permettant à Hugo Chávez de gouverner jusqu’à 2021. 
 
⁃ 05 mars 2013 – Mort au Venezuela.
 
 
Source: Lepoint.fr