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Pourquoi des dictateurs nous gouvernent-ils ? Essai de compréhension de notre structure mentale. Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – A voir les dictateurs défiler au sommet de nos Etats, à voir toutes ces personnes qui ont personnalisé le pouvoir nous gouverner, à voir tous ceux qui autour d’eux applaudissent cette personnalisation, nous nous sommes posés des questions:
– Y’aurait-il quelque chose de caché en nous qui, inconsciemment, nous détermine à accepter le pouvoir personnifié et à l’exercer quand nous accédons au pouvoir.
– Qu’est-ce qui fait que des personnes affichant des valeurs démocratiques, se transforment en dictateurs aussitôt arrivées au pouvoir ?
– Y a-t-il en nous un « déterminisme » qui fait que nous sommes des dictateurs potentiels aussitôt un pouvoir quelconque reçu ?
Du planton au coursier, du secrétariat au standard, du chef de service au directeur, du secrétaire général au ministre, du ministre au Président de la République, chaque fois qu’un individu parmi nous se voit affecter un pouvoir il a tendance à le personnifier.
Du « secrétariat c’est moi », à « l’Etat c’est moi », c’est une même et unique personnification du pouvoir à diverses échelles de l’autorité.
Nous avons donc un comportement mental à l’égard du pouvoir qui fait que nous devenons dictateur quand nous l’exerçons et suppôt du pouvoir quand nous le servons.
La constance à travers les régimes qui nous ont gouvernés depuis des décennies, montre bien qu’il s’agit d’un comportement structurel, il est donc certain qu’il est l’œuvre d’une structure mentale établie.
Une structure mentale qui face aux situations de pouvoir, nous dicte d’être dictateur quand nous le possédons et suppôts quand nous le servons.
Si l’on considère qu’une structure mentale ne s’acquiert pas en un jour mais qu’elle est le produit d’un ensemble de facteurs qui, sur plusieurs années, forgent les prédispositions de l’individu à acquérir cette structure mentale, il s’agit donc d’un processus qui est déclenché aux différentes étapes du développement mental de l’individu et qui a construit ce mental.
La question est : Quel est ce processus qui a construit cette structure mentale qui dicte notre comportement à l’égard du pouvoir : être dictateur, au pouvoir ou être suppôt du pouvoir.
Si l’on essaie de déterminer, la constante sur laquelle est construite cette structure mentale force est de remarquer qu’elle tourne autour de « l’être unique ». Notre mental a tendance accepter de façon inconsciente la prédominance de l’être unique ; l’unicité du pouvoir et sa domination est une « évidence » mentale sur laquelle s’est bâti le développement de notre structure mentale dans nos sociétés.
De la foi à la filiation, en passant par la gouvernance, la constante « être unique » a dominé notre vision du monde de l’autorité. Elle a modelé notre conception de l’obéissance (I) et il se doit de trouver une voie de déstructuration de la structure mentale sans laquelle la gouvernance des dictateurs trouvera toujours à s’instaurer (II)
La religion, la famille, le gouvernant tous ont contribué à forger cette notion de « l’être unique ». « Etre unique » hors duquel, et sans lequel, il n’y a point de salut. Un être unique refuge et référence justifiant tous nos actes.
I- L’impact de la structure mentale : la soumission à “l’Etre unique”
1. La religion : Dieu, Etre unique divin
De sa naissance à sa disparition l’individu est attaché à sa foi. Il doit tout à Dieu. Sans Dieu, il n’existe pas. Dieu est unique. Face à Dieu pas de contestation. Face à Dieu on accepte tout. Dieu donne, Dieu reprend.
Dieu est unique. La conviction en l’unicité de Dieu est l’un des piliers fondamentaux de la foi. La parole de Dieu est sacrée. On ne fausse pas la parole de Dieu. On ne contredit pas sa parole. Et on fait ce qu’il dit et on rejette ce qu’il interdit.
Dans la foi il n’y a pas de démocratie, Il n’y a pas de libre arbitre. Il y a la parole sainte on y croit et on lui obéît. Toute forme de réfutation, de déformation de la parole de Dieu est une hérésie.
Soumis très tôt dans son éducation religieuse à la notion de l’être unique, en l’obéissance stricte à sa parole, l’individu intègre tout au long de son existence, cette nécessite de l’être unique et le devoir sans faille de lui obéir.
Cette conviction religieuse devant rester confinée dans les rapports spirituels entre le croyant et son Dieu, se voit inconsciemment transposée dans sa conception de la gouvernance ici-bas.
Cet amalgame participant à forger la structure mentale va influencer sa perception de la gouvernance et de l’exercice du pouvoir dans l’Etat. Le gouvernant est inconsciemment assimilé à un « être unique » (Voir sur cette question, des développements plus complets dans notre article : de l’obéissance au gouvernant en Islam)
2. Le messager de Dieu : Etre unique humain.
Le messager de Dieu (PSL) est infaillible. Sa parole prend son essence dans la parole divine. Il faut l’écouter et obéir. Accepter ce qu’il accepte, rejeter ce qu’il interdit ; Sa parole est la seconde source de la foi, après la parole divine.
On ne conteste pas la parole du prophète(PSL), on la rapporte et on s’y soumet. On n’élève pas sa voix au-dessus de celles des prophètes.
Le croyant doit accepter la parole du prophète(PSL), être unique, dernier des prophètes de Dieu. Contester cela est contraire à la foi.
Cette vision prophétique s’est aussi imprimée à la structure mentale du croyant.
3. Le gouvernant : Etre unique imposé
Sur l’obéissance au gouvernant, la parole de Dieu est sans équivoque. Il faut lui obéir après Dieu et son prophète.
« Ô croyants ! Obéissez à Dieu, obéissez au Prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent le pouvoir. En cas de litige entre vous, référez-vous-en à Dieu et au Prophète, si votre croyance en Dieu et au Jugement dernier est sincère. C’est là la démarche la plus sage et la meilleure voie à choisir.” (Sourate Ennisaa verset 4.59)
Le gouvernant prend alors, dans la perception dictée par la structure mentale, le statut « d’être unique » qui revêt alors les attributs de l’autorité.
Cette assimilation reste inconsciente dans l’esprit et latente dans le comportement de l’Individu. Elle se manifeste aussitôt qu’il approche le pouvoir. Il s’assimile alors à « l’être unique », quand il détient le pouvoir ou à son serviteur « indéfectible » quand il y est soumis.
La courtisanerie de nos dictateurs, valorisant aux yeux du détenteur du pouvoir cette notion « d’être unique », entraine la personnification du pouvoir et les dérives despotiques que l’on sait (« pouvoir à vie » « partis uniques », mandats constitutionnels escamotables etc..). Le califat mental transmis au-delà des siècles.
4. Les parents : Etres uniques hérités
L’obéissance sans faille aux père et mère est consacrée dans la religion de façon systématique. On leur doit révérence continuelle. « Le paradis est sous le talon de la mère ».
La beauté d’une telle construction religieuse de l’obéissance à l’égard des parents est sans conteste. Mais ce sont les moyens qu’utilisent les parents, pour obtenir cette obéissance de leurs enfants, qui est répréhensible.
Dans notre société l’obéissance s’obtient par le fouet. Les bastonnades et les claques sont les moyens les plus usités pour faire respecter la parole de Dieu.
La structure mentale se forme dès le jeune âge autour de l’obéissance par la contrainte, par la peur et par la souffrance. Jamais par le dialogue avec les parents, les concessions réciproques qui fondent le libre-arbitre formateur de la volonté, les discussions et la conviction partagées.
La structure mentale intègre dès l’enfance l’obéissance aveugle aux « Dieux » de la maison (le père et la mère). Elle continuera à développer autour de cette constante de l’Etre unique dont les parents ne sont que le reflet à l’échelle de la famille.
II- Déstructurer la structure : la séparation « mentale » entre l’Etat et le « clergé ».
Si les développements précédents nous ont appris quelque chose, c’est que la religion n’est pas un espace de démocratie. La structure mentale qu’elle a participé à forger participe inconsciemment à établir une obéissance dogmatique (fondement même de la croyance religieuse) qui est aux antipodes de l’obéissance rationnelle et librement consentie, nécessaire à la démocratie et donc, par la même, à la contestation des gouvernants et leur politique.
Ceci nous amène donc à deux constats : que la structure mentale transposée dans la gestion de l’Etat moderne est un terreau favorable au pouvoir personnifié et à la dictature et qu’elle se doit, pour instaurer une démocratie, de subir une déconnexion du temporel (rapports entre les hommes ici-bas) pour se limiter au spirituel (rapports entre l’homme et Dieu pour l’au-delà.)
La démocratie requiert une éducation du libre arbitre et de la pluralité des choix de destin, que la structure mentale, articulée autour de la constante « Etre unique », ne peut appréhender.
La logique étant différente, les fins le seront aussi. La séparation de l’Etat et de l’Eglise au début du XXème siècle en Europe est une déstructuration institutionnelle du pouvoir pour en isoler le facteur religieux et n’en retenir que le laïc.
Mais cette séparation institutionnelle n’est en fait que la conséquence institutionnelle de ce que fut la déstructuration mentale commencée bien auparavant avec les révolutions en Europe.
Le guillotinage du roi Louis VI, en 1789, consacrait la désacralisation du gouvernant et sa descente (sur une pique) dans l’arène populaire.
La structure mentale qui intègre la démocratie, n’est pas celle qui s’attache à l’être unique mais aux êtres pluriels qui constituent le peuple. Etres pluriels dont la structure mentale est bâtie autour de l’Etre-citoyen. Citoyen libre de son devenir et du choix de ses gouvernants.
La structure mentale propice à la démocratie ne s’est donc pas bâtie en un jour. Elle s’est d’abord construite sur une déconstruction de l’unicité du temporel (destin terrestre des hommes) et du spirituel (salut divin des hommes) pour aboutir, ensuite, à une structure mentale intégrant une vision de la gouvernance où les gouvernants interchangeables sont les serviteurs d’hommes libres.
Dans nos pays, la déstructuration de la structure mentale, à constante « Etre unique », ne s’est pas encore faite. La démocratie parachutée se heurte à une structure mentale qui en constitue un frein immuable.
Cette structure mentale c’est celle des seigneurs et des serfs d’avant les révolutions en Europe, il est donc difficile qu’elle puisse participer à instaurer ce qui relève d’une autre mentalité de liberté qui s’est forgée historiquement par les luttes contre le gouvernant « Etre unique ».
Dans nos pays, la structure mentale est, par le dogmatisme et la vénération de « l’Etre unique- gouvernant », qu’elle véhicule, sert de terreau à tous les mouvements religieux qui convoitent le pouvoir.
N’est-ce pas pour ces mouvements une occasion unique de se servir de cette structure mentale que nous avons forgée nous-même dans l’esprit de nos enfants pour atteindre leurs fins ?
En conclusion.
Seule la séparation effective entre l’Etat et le « clergé », par analogie à cette structure organisée occidentale, pourrait aider sur le long terme à déstructurer la structure mentale de « l’Etre unique » gouvernant dans nos sociétés.
Il convient de séparer le spirituel du temporel. Faire de la religion, et l’éducation qu’elle dispense, une affaire personnelle entre l’Etre humain et l’Etre divin.
De développer un enseignement laïc dans lequel les générations puiseront cette libre volonté et ce libre-arbitre sans lequel, il n’y a ni démocratie, ni développement de l’Etre humain.
Car ce qui explique, en définitive, la pérennité de nos dictatures, c’est que l’on a confisqué, sous l’effet d’une structure mentale établie, le destin de l’Etre humain par la soumission, souvent aveugle, à « l’être unique ».
Pr ELY Mustapha
CRIDEM
CVE/VR: Déclaration sur la situation politique de notre pays.
La CVE/VR suit avec intérêt les derniers développements de l’actualité politique nationale faisant
suite au rapport de la commission d’enquête parlementaire sur certains crimes économiques commis
pendant les deux mandats du Président Mohamed Ould Abdel Aziz. S’il faut se féliciter du fait que,
pour la première fois dans notre pays, le parlement assume son rôle de contrôle de l’action
gouvernementale et des suites judiciaires relatives à ce dossier, il convient de s’interroger sur la
volonté du pouvoir de Mohamed Ould Cheikh Ghazouani de s’attaquer à la question autrement plus
vitale et centrale de la cohabitation entre nos différentes composantes nationales et des tares qui la
plombent.
En effet, si en si peu de temps l’on a pu diligenter une telle enquête qui a abouti à l’interpellation
d’un ancien chef de l’état, comment comprendre que l’on ne puisse initier une enquête pour mettre
la lumière sur le génocide des années de braises, en arrêter les responsables et les exécutants, et
mettre fin ainsi à la suspicion entretenue qui mine, depuis plus de 30 ans, les relations
intercommunautaires dans notre pays.
La CVE/VR :
– ose espérer que le processus entamé suite à l’enquête parlementaire sera mené à bout dans
le strict respect de la loi
– Appelle le régime du Président Ghazouani à prendre à bras le corps la problématique de
l’unité nationale en appelant à un dialogue inclusif pour rediscuter du contrat national et
mettre fin à toutes les formes de discrimination.
Nouakchott, le 21 août 2020
La Cellule de Communication
La défense d’Aziz déplore les conditions de sa garde à vue
Le collectif des avocats de la défense de l’ancien chef de l’Etat mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz, a vivement déploré les conditions de sa garde à vue et l’interprétation erronée par le procureur, de l’article 32 de loi régissant la profession d’avocat, qui les autorise à assister leur client au stade d’enquête préliminaire, jeudi soir, au cours d’une rencontre avec la presse.
L’ex-président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, rappelle-t-on, est en garde à vue depuis lundi (18 heures locales et TU), dans le cadre d’une enquête déclenchée à la suite d’un rapport d’une Commission d’Enquête Parlementaire (CEP), dénonçant « la corruption » dans l’attribution d’une centaine de marchés publics touchant à plusieurs domaines (énergie, infrastructures, pêche, foncier….).
Au cours de leur rencontre avec la presse, Mohameden ould Ichidou et ses collègues, ont également critiqué le rapport des députés transmis à la justice, « un travail bancal, conduit dans des
conditions non contradictoires, mené totalement à charge » estimant que les élus ont outrepassé leurs prérogatives, en empiétant sur le travail de contrôle des inspections spécialisées de l’Etat.
Les avocats exigent une contre expertise et déplorent «une violation flagrante de la présomption d’innocence de l’ancien président de la République » victime d’un règlement de comptes politiques, sans rapport avec le principe de la reddition des comptes.
Ils ont enfin expliqué les raisons pour laquelle l’ex chef de l’Etat refuse de parler aux enquêteurs, estimant « qu’il est protégé par la constitution, qui n’autorise de poursuites contre le président de la République qu’en cas de crime de haute trahison, suivant les dispositions de l’article 96 de la constitution de la République Islamique de Mauritanie ».
le calame
Mali: les militaires mutins appellent à une transition civile et à des élections
RFI Afrique– Au Mali, tôt ce mercredi 19 août au matin, les militaires mutins ont appelé à une transition politique civile conduisant à des élections et annoncé la création d’un Comité national pour le salut du peuple. Les militaires au pouvoir ont affirmé par ailleurs que tous les accords internationaux seront respectés.
RFI était en édition spéciale ce mercredi 19 août pour revenir sur le coup de force des militaires du Comité national pour le salut du peuple. Pour réagir à cet événement, RFI a invité Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’Études de Sécurité de Bamako, Jean-Pierre Lacroix, secrétaire adjoint de l’ONU aux opérations de paix ainsi que Marc-André Boisvert, chercheur indépendant et spécialiste des armés maliennes.
Bérets bleus, marron ou verts, vissés sur la tête… Ils sont cinq officiers supérieurs de l’armée malienne, assis devant la caméra. D’autres sont debout dans la salle. Ils sont quasiment tous des officiers supérieurs.
« Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’Histoire », a déclaré sur la télévision publique ORTM le porte-parole des militaires, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air.
Ecoutez la déclaration du porte-parole du CNSP qui annonce un couvre-feu et de prochaines élections
Les militaires, qui ont pris le pouvoir au Mali et poussé à la démission le président Ibrahim Boubacar Keïta, déclarent vouloir mettre en place une « transition politique civile » devant conduire à des élections générales dans un « délai raisonnable ». La continuité des services publics sera assurée.
Qui sont les mutins ?
En plus du colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air, il y a un autre officier supérieur parmi eux : on reconnaît également le colonel Malick Diaw, chef de la 3e division militaire de Kati. C’est un des cerveaux du putsch. Il connaît parfaitement le camp militaire d’où sont parties les opérations.
Il y a également d’autres officiers, comme Sadio Camara, par exemple. C’est un colonel de l’armée qui revient à peine de Russie, où il était en formation. Il a joué un rôle clé. Et dans le noyau des putschistes, il y a également d’autres officiers supérieurs de la gendarmerie, de la police et de l’armée de l’air. C’est donc un coup d’État d’officiers supérieurs nous décrit notre correspondant à Bamako, Serge Daniel.
Pour le chercheur indépendant Marc-André Boisvert, interrogé sur RFI, ces militaires sont d’ailleurs beaucoup expérimentés que ceux ayant fait le putsch de 2012 : « Si on compare à 2012, ce sont des officiers qui ont un bon curriculum vitae et qui ont de l’expérience.
Cela se voit déjà juste à la façon dont ils ont formulé leur intervention. Ils savent actionner les leviers pour tenter de rassurer la communauté internationale et tenter de rétablir un dialogue.
En 2012, jusqu’à la dernière minute, on ne savait pas à qui l’on avait affaire. Et les putschistes à ce moment-là étaient nettement moins expérimentés en communication. Pendant près d’une semaine, on ne savait pas trop on allait. »
Les engagements internationaux respectés
Dans cette déclaration, Ismaël Wagué assure également que tous les accords internationaux seront bien respectés. Il précise enfin que des forces telles que la Minusma (force de l’ONU) ou encore Barkhane, le G5 Sahel et la force Takuba « demeurent des partenaires pour la restauration de la stabilité ». « Tous les accords passés », notamment le processus d’Alger signé en 2015, seront respectés.
Dans l’édition spéciale de RFI, Ibrahim Maïga souligne l’importance de pouvoir faire cette transition rapidement pour éviter tout risque d’instabilité : « C’est un temps qui peut être mis à profit par les groupes extrémistes violents et terroristes pour non seulement propagés l’insécurité à l’intérieur du pays.
Mais au-delà de la question des groupes armés qui essayeront de profiter de ce vide institutionnel, la question se pose aussi sur les ex-groupes rebelles. Et même si le comité national pour le salut du peuple tend la main à ses groupes dans le cadre de la poursuite de la mise en œuvre de l’accord de paix, on peut encore s’interroger sur la réaction de ces anciens groupes rebelles. »
De son côté, Jean-Pierre Lacroix, secrétaire adjoint de l’ONU aux opérations de paix, reste sceptique face au coup de force malgré le discours des militaires de ce matin : « On ne peut pas se satisfaire de la manière dont les institutions démocratiques et constitutionnelles ont été interrompues par la force.
Les pays de la région l’ont exprimé d’une manière très claire. Je note que la Cédéao a annoncé un certain nombre de mesures, mais aussi une délégation de haut-niveau qui devrait se rendre prochainement à Bamako. Et nous soutiendrons ces initiatives. »
Il rejoint M. Maïga sur les risques engendrés par cette prise de pouvoir : « Mais il y a un risque : un vide constitutionnel qui risque d’aggraver les problèmes auxquels le Mali fait face. Il est essentiel qu’un retour à un fonctionnement normal des institutions du Mali se fasse le plus rapidement possible. Nous soutiendrons tous les efforts en cours. »
Le discours du CNSP dresse aussi un tableau sombre de la situation du pays, dénonçant pêle-mêle le « clientélisme politique », la « gestion familiale des affaires de l’État », la « gabegie, le vol et l’arbitraire ». Cette mutinerie est le résultat d’une grogne sensible depuis plusieurs mois dans l’armée.
Les arrestations de hauts responsables militaires et civils
Pas un mot, en revanche, sur l’avenir du président IBK, ni sur les responsables politiques arrêtés mardi. Dans les couloirs, ils annoncent qu’ils vont mettre à la disposition de la justice un certain nombre de personnes soupçonnées d’avoir détourné de l’argent dans le cadre de la moralisation, raconte notre correspondant à Bamako, Serge Daniel.
Mais le problème, c’est que pour le moment, il n’y a pas eu d’annonce sur ces arrestations. Un putschiste interrogé par RFI dans la nuit de mardi à mercredi, explique : « Nous prenons la garantie que rien n’arrivera. On ne touchera pas un seul cheveu des personnes interpellées et arrêtées ».
En dehors du président et du Premier ministre, les membres du CNSP ont notamment arrêté le chef d’état-major des armées et quasiment tout l’état-major, c’est-à-dire, les hauts gradés de l’armée, des chefs d’état-major des différents corps. Il y a également, le ministre de la Défense, qui est entre leurs mains et celui de la Sécurité, qui est un général.
Parmi eux, il y a également des civils dont nous sommes sans nouvelles ou qui sont arrêtés : le président de l’Assemblée nationale, qui a d’ailleurs été dissoute, et puis des ministres, comme celui des Finances ou le ministre de la Justice dont nous sommes sans nouvelles.
►À écouter aussi:Invité Afrique – Marc-André Boisvert : le moral de l’armée malienne est en crise
rfi
“Aziz séquestré dans des conditions difficiles “, selon Ould Izid Bih
Dans une interview accordée à Al Akhbar, l’ancien ministre et diplomate Isselkou Ould Ahmed Izid Bih a déclaré que l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz ” est séquestré par la police politique de l’actuel pouvoir dans des conditions difficiles et inconvenantes “. Selon lui, “les autorités doivent corriger rapidement cette grande faute qu’elles ont commise du point de vue de l’intérêt général, du point de vue de la loi, du point de vue de la démocratie et du point de vue du droit. Elles doivent aussi respecter les particularités de la famille de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. ” Ould Izid Bih a indiqué que l’ancien président est placé dans une salle étroite et sans climatisation. Ce qui, est selon l’ancien ministre des affaires étrangères et de la coopération Ould Izid, ” inconvenant même du point de la culture des Mauritaniens et de leur esprit “. Ould Izid Bih déclare que l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz est détenu sans qu’aucune accusation ne lui soit adressée et conclut: ” Nous pensons qu’il est arrêté à cause de la conférence de presse qu’il se préparait à organiser hier (mardi 18) et au cours de laquelle il allait lever le voile sur tout ce bruit propagé depuis quelques jours “.
le calame.Â