Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: July 2020

CEP, affaire de l’ile mauritanienne vendue à l’Emir du Qatar : voici le témoin qui a enfoncé Ould Abdel Aziz

CEP, affaire de l'ile mauritanienne vendue à l'Emir du Qatar : voici le témoin qui a enfoncé Ould Abdel AzizMourassiloun – L’identité du témoin qui a fait sa déposition devant le notaire Ould Soueilem avant de remettre son témoignage à la Commission d’Enquête Parlementaire (CEP), quant à la réception de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz de 10 millions de dollars des mains de l’ancien ambassadeur du Qatar en Mauritanie en contrepartie de l’octroi de l’île de Tidre à l’ancien Emir du Qatar, Hamad Ben Khalifa, est désormais connue.

Il s’agit de l’ex-Conseiller à l’ambassade du Qatar et dessinateur Abdel Wedoud Ould Jeilani.

Ce dernier a révélé cette affaire après la distribution du président de la commission Hbib Ould Jah à la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale, d’un document attestant la remise de l’ambassadeur du Qatar d’un montant estimé à 10 millions de dollars à l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, avant que l’ex-Chef de l’Etat ne demande que l’argent soit remis à son domicile au lieu de son bureau au palais présidentiel.

Ce dossier inédit constitue un tournant décisif dans les investigations menées par la commission d’enquête et relatives à la décennie 2009-2019.

Edité par Mourassiloun

Traduit de l’Arabe par Cridem

L’Article Original

A mon gand-frere: Alassane Harouna Boye

altA mon gand-frere: Alassane Harouna Boye

Avant tout, je m’excuse du retard de ma réponse à vos deux notes. Honnêtement, la lecture de votre production m’a laissé un peu perplexe et confus. J’ai eu des difficultés énormes à vous suivre tellement que les contradictions sont apparentes. Alors, je sollicite votre indulgence, si je parais décousu dans ma tentative de réagir aux différents points que vous avez soulevé. Je ferai de mon mieux pour ne pas vous ennuyer avec des grandes théories politiques pour ne rester que dans un débat pratique. Je le crois important car notre pays n’est pas semblable aux autres nations du monde. Là où la pratique de la politique «ordinaire» est permise. La Mauritanie ne répond à aucune norme politique qui permet une lisibilité objective de sa situation.

Note sur la lutte armée:

Vous avez écrit en parlant de la lutte armée‘’En quoi cette thèse est erronée du point de vue historique et politique dans le contexte mauritanien actuel ?’’ Habilement, vous avez tenté de déplacer le sujet de discussion de son contexte réel pour parler de la Mauritanie d’aujourd’hui. Nous savons tous quand nous critiquons les ex-militaires c’est par rapport à leur attitude et comportements dans l’histoire. C’est surtout pendant la période communément appelée celle des années de braise. Les années 88/91, 30ans déjà le temps nécessaire pour imprimer un évènement dans le livre de l’histoire. C’est la période ou ces ex-militaires étaient radies après avoir été torturés et humilies pour certains d’entre eux. Quand ils sont revenus chez eux, pour la plupart, ont trouvé que leur famille étaient déportés vers le Sénégal ou le Mali, dépossédés de tous leurs biens. La Valée du sud était devenue une zone d’occupation des militaires de l’état mauritanien. C’était une période d’exception. A ‘’une situation exceptionnelle devait s’appliquer des mesures exceptionnelles’’, dit-on. Fit-elle émanant d’un ex-militaire redevenu un citoyen ordinaire.

Si j’essayais de restituer certaines de vos affirmations je dirais ceci: vous avez dit, historiquement, que la lutte armée a été initié par les civils et qu’ils se formaient pour devenir des dirigeants militaires. Vous pensez que la lutte armée ne peut se faire tant que certaines conditions objectives et subjectives ne soient présentes. Ensuite aucun des leaders des partis politiques d’aujourd’hui n’est favorable à la lutte armée. Enfin un militaire radié est un citoyen ordinaire qui a le droit de choisir le parti politique qu’il désire.

La lutte armée est historiquement l’affaire des civils dites-vous. Au risque de vous surprendre je vous confirmerais que cette réalité a été vérifiée même en Mauritanie. Mais vous avez l’air d’insinuer que les civils mauritaniens attendaient tout des militaires. Rappelez-vous que les FLAM et les FURAM n’avaient pas attendus que les ex-militaires se placent au premier rang pour répondre à l’humiliation infligée par le système discriminatoire mauritanien. Cependant, ne pensez vous pas, que les civils devaient espérer une assistance précieuse de leurs frères, ceux-là même supposés maitriser ‘’l’art de la guerre’’. Au lieu de s’attendre aux’’ 2000-3000 ex-militaires’’ radiés, ces organisations n’avaient vu que la présence d’un petit groupe a leur côté. C’est peut-être là, l’occasion de dire notre reconnaissance au courage et détermination du martyr Zakaria Tuure, ex-gendarme Saidou Nourou Mbodj, Moussa Lam, Abderrahmane Samba Ba, Abdoul Demba Anne, Samba Guise etc.

Concernant, les conditions objectives et subjectives nécessaires à la réalisation de la lutte armée. Vous avez l’air de dire que tant que vous n’êtes pas sûr de gagner à l’avance, vous ne devez pas initier l’entreprise de la lutte armée. Si dans toute activité humaine, on devait être sûr du résultat avant d’explorer la possibilité, il n’y aurait pas beaucoup de découvertes et le monde serait toujours à l’âge de la pierre. De mon point de vue certaines conditions étaient déjà réunies. Mais s’agissant de la situation géopolitique, comment saurions-nous qu’elle n’était pas favorable si nous n’avons même pas essayé? Pour ceux qui ont essayé, ils savent que les possibilités étaient là. Mais la défaillance se trouvait au niveau des participants.

Vous me dites, qu’aucun des leaders actuels ne parle de la lutte armée. Chassez que l’option de la lutte armée n’a jamais été une fin en soi mais un moyen qui doit être un ultime recours quand tous les autres ont été épuisé. Alors, depuis le discours de La Baule du président François Mitterrand le 20 Juin 1990, par rapport à la nécessité d’instaurer la démocratie dans les pays africains, les autorités mauritaniennes ont su utiliser intelligemment ce discours à leur avantage. Le semblant de démocratie en Mauritanie affaiblie tout discours qui tend à faire la promotion de la lutte armée. Vous comprendrez bien, alors pourquoi la lutte armée n’est plus à l’ordre du jour.

Enfin, traitant le dernier point sur cette partie, eu égard au droit d’un ex-militaire qui est devenu un citoyen ordinaire. Vous me dites qu’il a droit à son opinion, il peut choisir le parti politique qu’il veut. Je pourrais être d’accord avec vous, si seulement nous parlions de la même période et les mêmes circonstances. Les années de braise, quand la maison communautaire brulait, il n’y avait que deux choix: éteindre le feu ou laisser les flames du feu ravager toute la concession et son contenu. Nous pouvons dire que la majorité de ces ex-militaires ont laissé la maison brûlée à cause de leur immobilisme et de leur inaction. Pire encore, ils ont trouvé un bouc-émissaire en les FLAM, pour les accuser d’être à l’origine de leur misfortune. Et pourtant s’ils réfléchissaient un peu, ils vont très vite se rendre compte que les vrais responsables sont ailleurs. Indépendamment de la cause noble que ces ex-militaires devaient prendre en cœur, il y’avait un concept connu de l’humanité, appelé la ‘’dignité’’. Rien que les humiliations subies devaient faire réagir n’importe quel civil ordinaire à plus forte raison un ex-militaire qui avait un ‘’statut spécial’’ à un certain moment de sa vie. De mon avis, il n’y a aucune raison objective qui peut justifier l’immobiliste de nos ex-militaires. S’il y’a une explication à donner, il faudra peut-être se remettre au pouvoir du mysticisme. Et à partir de là s’interroger sur le rôle de nos marabouts et féticheurs dans cette affaire.

Voyez-vous, grand frère, comment votre raisonnement a été faussé, du seul fait de vouloir transposer une situation donnée dans un temps qui n’est pas le sien.

2eme note:

Première logique que j’ai eu du mal à saisir.

Vous avez écrit:

«Puisque vous avez rapporté les affirmations de M. Mbodj, que vous avez approuvées par un commentaire, il s’en déduit logiquement que vous avez les réponses, ou bien que vous pouvez les obtenir auprès de celui dont elles sont censées provenir»

Je peux comprendre que vous m’adressiez des questions sur la partie des affirmations de Mr. Mbodj que j’ai rapporté et ‘’semble endossé’’. Mais, il est curieux de vouloir me prendre comme porte-parole d’un auteur sur certaines de ses interventions et dont j’ai clairement indiqué que je ne partageais pas la position. Pour être plus clair, Mr. Mbodj avait dit que les ex-militaires étaient responsables du sort de la communauté. Je disais que j’ai omis volontairement cette partie car je considère que le seul responsable du malheur de la communauté c’est le système institué et entretenu par les différents régimes mauritaniens. A partir de là je pense que c’était une perte de temps d’insister sur cette question. Par ailleurs, si on devait pouvoir répondre à l’ensemble des questions sur un auteur quelconque, à chaque fois qu’on citait une partie de sa production, nous serions tous des thésards sur les auteurs cités. Alors, on pourrait me demander de répondre à toute question concernant les auteurs des livres ‘’j’étais à Ouata’’ de mon grand frère, Alassane Harouna Boye ou ‘’l’enfer d’Inal’’ d’un autre grand frère Mohamadou SY. Car je sais que dans mes différentes interventions dans le passé, j’ai cité ces auteurs au moins une fois. De mon point de vue cela ne serait pas réaliste pour ne pas dire impossible

Deuxièmement, vous considérez que le rôle de garde du corps est réducteur pour un militaire. Bien que je ne sois pas militaire, une fois encore, je pensais que le principal rôle d’un homme en uniforme était d’assurer la sécurité et l’intégrité d’une nation donnée. Ceci implique nécessairement qu’il (le militaire) a une mission de veiller à la protection des citoyens et de leurs biens. Si le statut d’un garde de corps est réducteur, alors je reconnais m’être trompé. J’ai toujours pensé que les militaires qui servaient les présidents dans tous les pays du monde étaient parmi l’élite la plus enviée de toutes les autres unités. Mais si votre appréciation est de croire qu’un président d’une quelconque république est meilleur qu’aux chefs de certains de nos partis qui défendent une cause juste, soyez assurer que nous nous différons dans notre appréciation des valeurs. Enfin, j’imagine que les ex-militaires qui se sont recyclés dans le gardiennage ne considèrent pas leur boulot comme une activité dégradante.

Troisième et dernier point sur cette partie

Vous avez dit que ‘’ ce n’est pas la profession exercée hier par tel (militaire, mécanicien, éleveur, juriste, médecin, pilote ou que sais-je encore), qui doit déterminer son emploi ou sa fonction de militant politique dans le présent ou le futur’’. Certes, en politique l’expérience seule ne suffit pas comme critère exclusif de choix au poste. Mais avouons-le, objectivement, il est beaucoup plus rassurant d’avoir des individus qui ont des compétences et des expertises qui correspondent au poste pourvu. J’ai toujours pensé que l’expérience et l’expertise devaient servir de base comme critère rigoureux de choix. Alors pour un parti politique un ex-militaire serait un choix objectif pour assurer la sécurité de son président. Car l’efficacité et la productivité devraient en découler naturellement.

D’ailleurs vous vous contredisez, dans le même paragraphe. Quand vous critiquez les partis et organisations en ces termes : ‘’ et d’ailleurs à observer la chose de près et de l’intérieur de la plupart de ces partis ou organisations, on constate très vite que beaucoup de leurs difficultés ont été, et le sont sans doute aujourd’hui encore, le fait de ne pas avoir tenu compte de critères rigoureux quant à l’affectation de leurs militants à tel emploi ou à telle fonction.’’ Quand on parle de ‘’critères rigoureux’’, la première chose qui vient à l’esprit serait l’expérience et l’expertise.

En conclusion, je vous dis que c’était un honneur pour moi de pouvoir échanger avec vous. J’apprécie l’opportunité que vous m’avez offerte pour ‘’boxer dans la cour des grands’’. Chose que je ne pouvais pas décliner. Notre échange m’a permis de comprendre une chose: il y’a des sujets indéfendables objectivement, même par un des plus doués et le plus talentueux des êtres humains. L’immobilisme des ex-militaires pendant les années de braise en fait partie. Je considère que j’ai dit ce que j’avais à dire sur ce sujet. Je vous remercie infiniment de m’avoir permis.

Respect et considération grand-frère.

Mamadou Barry dit Hammel

COMMUNIQUÉ DE REMERCIEMENTS DES FPC

altLes Fpc souhaitent exprimer tous leurs remerciements à l’endroit de toutes les forces politiques et sociales, des associations de société civile, des personnalités indépendantes et de simples citoyens qui ont manifesté leur sympathie et solidarité pour le Président Samba Thiam et son combat, suite à l’attaque de son domicile dans la nuit du 10 juillet 2020 à Nouakchott.

En retour, les FPC et leur président réaffirment leur disposition à poursuivre avec tous les progressistes mauritaniens la lutte pour l’édification d’un Etat droit dans notre pays.

En tout état de cause, aucune pression, ni répression ne saurait entamer l’engagement de notre parti pour une Mauritanie plus juste, non raciale et réconciliée.
La lutte continue!

Nouakchott le 19 juillet 2020

Le département de la communication.

“Des harratines, des maures et d’un serpent qui se mord la queue”. Par Pr ELY Mustapha

altPr ELY Mustapha – N’en déplaise aux apologistes d’une entité harratine, spécifique, unique et distincte des maures : les harratines sont des maures.

Comme les zouayas sont des maures, comme les griots sont des maures, comme les forgerons sont des maures… Les harratines ne peuvent être une ethnie à part, isolée des maures et considérer qu’il faut leur appliquer les critères d’identification qui les caractériseraient, linguistiquement, culturellement ou même morphologiquement.

L’ethnie se définie par : « Groupement humain qui possède une structure familiale, économique et sociale homogène, et dont l’unité repose sur une communauté de langue, de culture et de conscience de groupe. » (Larousse)
Les questions primaires sont alors/

– Quelle langue parlent les harratines, si n’est l’arabo-berbère : le hassanya ?

– Quelle est leur culture, si n’est la culture maure avec ses valeurs, ses conduites, ses rites et ses traditions ?

– Quelle conscience de groupe avaient-ils, si ce n’est d’appartenir à un ensemble de populations maures, qui n’étaient différentiées traditionnellement, au sein de l’entité maure, que par la nature du travail, la place dans la hiérarchie sociale, la caste et la tribu.

La structure féodale de l’entité maure, a fait que les griots sont des musiciens, les forgerons, des forgeurs, les marabouts, des intellectuels, les guerriers, des soldats et les harratines, des esclaves.

Mais nul ne peut proclamer que les griots, les forgerons, les marabouts, les guerriers et les harratines ne sont pas des maures.

L’argument de la couleur de peau, de l’origine ancestrale, de la condition économique et sociale d’un groupe pour le soustraire à son entité ethnique maure, est fallacieux.

Les maures, sont clairs, gris et noirs, et la langue maure utilise d’ailleurs les termes de couleur « jaune et bleu », pour désigner la peau claire et celle foncée. Exit donc l’argumentaire de la couleur.

Les forgerons, sont une caste brimée dans la féodalité et jetée socialement au bas de l’échelle, mais cela n’est pas un argument pour déclarer qu’ils ne sont pas des maures….

Les marabouts, sont issus de tribus berbères qui par l’histoire et les guerres de soumission, devinrent des maures, c’est-à-dire cet ensemble culturel arabo-berbère…peuvent-ils aujourd’hui se revendiquer autrement que des maures ?

Les griots, de diverses origines, arabes, berbères, négro-africaines, ont intégré l’ethnie maure, ce sont des maures.

Les harratines, anciens esclaves descendant des razzias des tribus maures, au nord et au sud sont issus de populations négro-africaines et aussi berbères, ne peuvent aujourd’hui se réclamer ni des négro-africains, ni des berbères, mais des maures.

Ainsi, les maures sont une ethnie qui est la résultante historique de la rencontre d’arabes, de berbères, de négro-africains, qui, par les invasions successives, les luttes de soumissions, d’intégration et d’assimilation, se sont fondus dans le moule d’une même entité : les maures.

Les maures parlent le hassanya, ont une culture arabo-berbéro-négro-africaine islamique. Ils sont d’origine arabo-berbéro-négro-africaine. Ils doivent leur langue à la rencontre de l’arabe et du berbère, ils doivent leur culture aux traditions arabo-berbéro-africaines, jusque dans leur musique, leurs instruments de musique et leur habillement.

Les maures sont une ethnie, culturellement et linguistiquement homogène et qui a pris naissance dans un creuset ethniquement hétérogène : arabe, berbère et négro-africain.

Ainsi les tribus guerrières descendent, originellement des conquérants arabes (biens qu’elles se soient mélangées, au cours de l’histoire, avec les berbères et les négro-africains). Les marabouts, Zouayas et griots descendent originellement des tribus berbères. Les harratines, des tribus négro-africaines.

Il n’y a donc pas dans l’ethnie maure, un ancêtre unique. Tout maure est historiquement un descendant, directement ou indirectement, d’un arabe, d’un berbère ou d’un négro-africain. Jusque les émirs maures sont des descendants de négro-africains.

En définitive, les harratines sont des maures, au sens arabe-berbéro-négro-africain. Ils ne sont cependant ni arabes, ni berbères ni négro-africains mais une composante de l’ethnie maure avec sa langue, sa culture et ses traditions.

Maintenant qu’est-ce qui spécifie la frange maure des harratines, du reste des maures ? Leur situation sociale dans un système féodal maure. Ils furent historiquement des esclaves et les séquelles de cet esclavage persistent toujours.

Cette situation socio-féodale d’esclaves, ne peut nullement être un argument pour déclarer qu’ils sont une entité ethnique à part et les opposer à leur propre ethnie maure.

Si cela était, alors les griots, les forgerons et les zouayas ne seraient pas des maures, car ils vivent tous une situation socio-féodale à des degrés divers.

La féodalité et l’esclavage ne sont nullement un argument valable pour détacher un individu ou un groupe d’individu de son ethnie. » (Voir mon article satirique « les harratines sont des grecs » : http://cridem.org/C_Info.php?article=685265)

Alors, lorsque des ténors anti-esclavagistes de la scène politique, proclament l’existence d’une ethnie harratine différente de l’ethnie maure et créent une opposition ethnique entre elles, alors cela est irresponsable.

Ce qu’il convient simplement d’admettre, c’est que les harratines, ont été réduits à l’esclavage, tout comme les griots ont été réduits à forger, les griots à chanter et les marabouts à psalmodier.

Cependant l’esclavage étant pire que tout, il faut le combattre, l’éradiquer, punir les esclavagistes, rendre aux esclaves leurs droits, leur élaborer, juridiquement, un système de discrimination positive, pour leur emploi, leur éducation et pour l’amélioration de leur situation économique.

C’est là un combat légitime, mais ce n’est pas un combat pour dresser des maures harratines, contre des maures guerriers, marabouts, griots ou forgerons mais pour que l’entité maure éradique ce fléau, que les harratines aient les mêmes droits sociaux et économiques au sein de leur ethnie maure.

Cela doit se faire sans comportements générant la violence, la scission de l’ethnie maure, mais par la loi, l’autorité publique nationale et la contribution des organisations internationales.

Un observatoire national de l’esclavagisme se doit d’être mis en place pour collecter, traiter, analyser les données sur l’esclavage, les divulguer à l’échelle nationale et internationale.

Il faudrait que le combat contre l’esclavage, tout en restant politique, social et économique, ne soit pas seulement le combat d’un individu, ou d’un groupe d’individus mais celui de toute une nation.

Il ne faut cependant pas se tromper de combat.

Le mauvais combat c’est de croire que l’esclavage se solutionne en dehors de l’entité maure, dont les harratines sont une composante indéfectible.

Le mauvais combat c’est de croire que dresser des composantes d’une même ethnie, les unes contre les autres, résoudrait l’esclavagisme.

Le mauvais combat, c’est de personnifier un combat en en faisant une chasse gardée, hors de la sphère des maures, appuyée par une propagande hors des frontières dont les effets réels sur la suppression de l’esclavage restent à démontrer.

L’éradication des séquelles de la féodalité sur toutes les composantes maures (zouayas, griots, forgerons, harratines) et des poches esclavagistes passent d’abord par la présomption irréfragable que la solution ne passe pas par la génération de l’animosité des harratines contre leur propre ethnie maure ; et, ensuite, par la conviction irrécusable, que s’il y a une solution durable, elle doit venir des maures eux-mêmes. Une solution que consacrerait le droit, qui s’appliquerait par la force publique mais qui dans tous les cas serait née d’un consensus national qui raffermirait la solidarité et éviterait la division.

Monter une composante ethnique maure contre sa propre ethnie maure, c’est faire qu’un serpent se morde la queue. Faudrait-il alors, pour son salut, qu’il survive à son venin.

Pr ELY Mustapha

cridem

 

IBK, l’homme fort du Mali, vacille

IBK, l’homme fort du Mali, vacille Le Temps– Solennel, Ibrahim Boubacar Keïta, 75 ans, dont les sept derniers passés à la tête du Mali, est apparu samedi soir à la télévision pour tenter de calmer le jeu.

Le président s’est «incliné» devant la mémoire des personnes tuées en marge d’une manifestation réclamant son départ. Le chef d’Etat a annoncé la dissolution de la Cour constitutionnelle, qui avait validé des résultats controversés en faveur du parti au pouvoir dans certaines circonscriptions lors des législatives du printemps organisées malgré la pandémie de Covid-19.

Cette décision avait servi de détonateur aux manifestations, qui ont, pour la première fois, dégénéré ce week-end. Mais la concession du président, qui ouvre la voie à de nouvelles élections partielles, paraît bien insuffisante.

Le mouvement du 5 juin, une coalition hétéroclite de formations politiques, de militants contre la corruption ou de figures religieuses, risque de se radicaliser sous l’effet de la répression.

Un pouvoir contesté

Dans la journée, des tirs avaient encore été entendus dans la capitale Bamako, après un week-end quasi insurrectionnel. Les forces de l’ordre avaient tiré à balles réelles après un nouveau rassemblement vendredi contre Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK. Au moins 11 personnes ont été tuées et les leaders du mouvement du 5 juin, date de la première manifestation de l’opposition, ont été arrêtés, accusés d’avoir attisé les affrontements. Ils ont été libérés lundi soir.

Ce n’est pas la première fois qu’IBK, élu triomphalement en 2013 après l’intervention française qui avait repoussé les djihadistes fonçant vers Bamako, affronte la tempête. Mais la crise politique actuelle vient s’ajouter aux lourdes pertes subies par l’armée malienne face aux djihadistes, qui ont repris de la vigueur ces dernières années.

En effet, sept ans après l’intervention française, une part croissante de l’immense territoire malien échappe à l’autorité de l’Etat. Cela favorise aussi les affrontements intercommunautaires, en particulier dans le centre du pays. Dans les zones contrôlées par le gouvernement, la grogne sociale est constante, sur fond de corruption et d’incurie des pouvoirs publics. Bref, le bilan du président est maigre.

«Gestion familiale du pouvoir»

S’il entend aller au bout de son second mandat, Ibrahim Boubacar Keïta va devoir composer avec ses adversaires. Cet homme réputé à poigne, élu en 2013 pour remettre de l’ordre dans un pays fracturé puis réélu en 2018, peut-il se réinventer? «Pour que sa main tendue soit crédible, il faut qu’il libère les leaders du mouvement du 5 juin», pointe Mohamed Amara, de l’Université des lettres et des sciences de Bamako et auteur de Marchands d’angoisse – Le Mali tel qu’il est, tel qu’il pourrait être (Ed. Grandvaux, 2019).

«IBK doit sortir de sa gestion familiale du pouvoir, continue le sociologue, faisant référence à son fils qui vient d’être réélu à l’Assemblée nationale. Les Maliens ne supportent plus l’enrichissement d’une petite élite alors que le Mali est toujours l’un des pays les plus pauvres du monde.»

Proximité avec la France

Arrière-petit-fils d’un soldat malien tué dans les tranchées de Verdun, IBK a étudié à la Sorbonne. Ce francophile a aussi milité au sein d’organisations d’étudiants africains de la gauche radicale, à Paris, se liant avec d’autres futurs chefs d’Etat du continent. Le parti présidentiel fait d’ailleurs toujours partie de l’internationale socialiste. Sur ce point, Mohamed Amara est tout aussi sévère: «Le cancer de la corruption et le détournement des fonds publics neutralisent toute politique sociale.»

Allié précieux de la France sous François Hollande, IBK est devenu plus encombrant. Dans la crise actuelle, Paris brille par son silence, alors que les pays africains et l’Union européenne ont condamné la répression et réclamé la libération des leaders de la contestation. Accueillie en libératrice en 2013, l’ancienne puissance coloniale marche sur des œufs. Les assauts répétés des djihadistes nourrissent l’exaspération des Maliens, dont le pays accueille la plupart des 5100 militaires français déployés contre le terrorisme au Sahel.

La France aspire à se désengager progressivement, continuant à former l’armée malienne et comptant sur des renforts européens. Dans une interview au journal Le Monde, François Lecointre, le chef d’état-major français, usait de la métaphore: «Nous sommes toujours face à la question de celui qui apprend à quelqu’un à faire de la bicyclette. Quand dois-je lâcher le porte-bagages? Et où? Pas dans une pente, bien sûr.» Le moment n’a sans doute jamais paru aussi peu propice.

Par Simon Petite