Daily Archives: 04/09/2019
Inondation Selibaby –Réaction. de Samba THIAM, Président des FPC
Si d’aucuns ont juste imputé ces inondations aux pluies, j’y vois plutôt une cascade de facteurs, une chaîne de responsabilités imputables : -Aux populations elles-mêmes en premier lieu, dans l’occupation anarchique de l’espace, ici des ravins et des bas-fonds, des canaux de passage des eaux de ruisselement, pensant, à cause de la sécheresse persistante de ces dernières années, que les fortes pluies ne reviendront plus jamais ! -Responsabilité des agents vereux de l’Administration ( Prefets et Agents des travaux publics) qui vendent sans scrupules le moindre espace libre des villes et villages . -Responsabilité enfin des briquetiers, hier pour faire nos briques en banco on mélangeait argile, paille et bouses de vaches, d’où nos habitats résistants aux fortes pluies. Aujourd’hui ces gens, mus par l’appât du gain facile, utilisent juste du sable pour faire les briques et, avec pour conséquences dramatiques, qu’à la moindre pluie nos habitats s’écroulent ! Triple responsabilté donc dans ce drame qui frappe Selibaby, en particulier –seule capitale régionale, ressemblant à un gros village aux ruelles étroites, qui demeure sans plan d’urbanisation. Si le secours de l’UPR !!! – 7 camions remorques chargés –ne peut être dédaigné , le gouvernement aurait quand meme pu mieux faire, en mobilisant les efforts internes et les institutions internationales , par un appel à l’aide comme ce fut pour la ville de Tintane… Mais , hélas , il nous est toujours difficile de nous débarrasser de cette attitude de deux poids deux mesures…
Samba THIAM, Président des FPC
L’Afrique du Sud piétine la mémoire de Nelson Mandela et a la mémoire courte
Cire Ba – De l’Afrique du Sud, parviennent d’insoutenables vidéos et images actuelles de meurtres, de destructions de biens de travailleurs migrants africains établis sur son sol. Je m’abstiens de les publier. Les auteurs de ces violences filmées y apparaissent en état second, déterminés et soulagés d’avoir « débarrassé » leur pays de « sangsues ».
Des scènes de populations autochtones noires et pauvres se livrant à des pillages systématiques de commerces d’étrangers qui leur ressemblent , les pourchassant dans les rues et avenues, les mutilant et les tuant.
Cette chasse au migrant africain inquiète. Elle s’est étendue pour la première fois, depuis plusieurs années qu’elle se répète, à plusieurs villes du pays de Madiba qui doit se retourner mille fois dans sa tombe.
Ici naturellement, le mot racisme est remplacé par xénophobie de grande ampleur. Le résultat est le même. Ne fermons pas les yeux, il n’y a aucune gène à dénoncer la barbarie. Elle est incolore et rien ne peut justifier cette folie collective et sélective. Surtout pas le chômage (de locaux qui rechignent à occuper certains emplois pénibles) qui a souvent bon dos partout dans le monde.
Désigné comme bouc émissaire, le travailleur migrant venu de pays voisins et du reste de l’Afrique noire, parfois du Pakistan, sert d’exutoire et doit endosser la responsabilité de l’échec du pouvoir politique qui n’a pas pu ou su améliorer les conditions de vie de la majorité noire depuis la fin de l’Apartheid.
Pour ne rien arranger, différentes corporations avaient appelé à une grande manifestation le 1er septembre 2019 contre des étrangers accusés de prendre l’emploi, de commettre des crimes et de vendre de la drogue. Cet appel a été entendu. Une surenchère indigne d’un peuple qui a bénéficié de soutiens d’autres peuples pendant les heures sombres de son histoire récente.
En Angola voisin, un autre pays de l’ancienne ligne de front, la situation des migrants ouest africains n’est guère plus reluisante. Régulièrement, la presse guinéenne fait état de meurtres de ses compatriotes installés en nombre et travaillant dans ce pays.
Ciré Ba – Paris
DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L´OUBLI: 4 septembre 1986, le début des années de braise en Mauritanie
C´était le 4 septembre 1986, le début des premières arrestations des militants et sympathisants de notre mouvement les Flam suite à la publication du “Manifeste du Négro-mauritanien opprimé”. En publiant ce manifeste en 1986, nous avions montré que des problèmes réels de coexistence entre les deux communautés raciales existaient. Nous avions aussi montré par quels mécanismes, ils avaient été engendrés. Nous avions également indiqué les perspectives dangereuses (guerre civile) sur lesquelles pouvaient déboucher ces problèmes, s´ils n´étaient pas résolus à temps correctement. Nous avions enfin appelé à un débat national sur la question. L´esprit du Manifeste était, en Patriotes sincères d´attirer l´attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la nation, en vue de leur trouver des solutions avant qu´il ne fut trop tard. Quelle fut la réponse du gouvernement raciste de Ould Taya? Cinglante, féroce et sanglante. Depuis 1986, le système d´Apartheid mauritanien a systématisé dans le cadre de sa consolidation la politique de répression et de la mise à l´écart de la communauté noire et cela dans tous les domaines de la vie politique. Ainsi en septembre de la même année, prenant comme prétexte la parution du “Manifeste du Négro-mauritanien opprimé”, L´Etat raciste (parce qu´il n´avait pas des idées à nous opposer), procéda arbitrairement à l´arrestation d´une centaine d´intellectuels noirs qui furent inhumainement torturés, sommairement jugés et lourdement condamnés. Plusieurs centaines d´autres seront révoqués de la fonction publique ou contraints à l´exil. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! En 1987, les corps militaires et para-militaires connaitront une véritable purge qui se soldera par la radiation de plus de 3000 gendarmes, policiers, gardes et militaires noirs. Cette politique de mise à l´écart s´accompagne d´une volonté délibérée d´extermination de la communauté négro-mauritanienne déjà largement sous représentée dans tous les secteurs de l´Etat. Ainsi, après l´assassinat le 6 décembre 1987 des lieutenants BA SEYDI,SY SAÏDOU et SARR AMADOU, le régime totalitaire du colonel Maawiya Ould Sid´Ahmed Taya s´attela à la liquidation physique des prisonniers politiques envoyés à cet effet à la prison mouroire de Oualata, l´écrivain TENE YOUSSOUF GUEYE, L´ADJUDANT-CHEF BA ALASSANE OUMAR, LE LIEUTENANT BA ABDOUL GHOUDOUSS, LE DOYEN DJIGO TAFSIROU y seront froidement assassinés. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! Le pouvoir engagé dans le démentélement de la composante noire s´appuie essentiellement sur les Baathistes et Nassériens qui infiltrent l´appareil d´Etat à tous les niveaux en rivalisant d´ardeur dans la répression des noirs. C´est ainsi que durant toute l´année 1988, les exactions contre les noirs étaient devenues des pratiques quotidiennes. Les élèves, étudiants et civils noirs qui avaient tenté de manifester contre cette situation d´injustice à Nouakchott furent arrêtés, torturés et obligés à payer des lourdes amendes que les officiers de police baathistes fixaient selon leurs humeurs. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte! A Kaédi, Djowol, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Zouératt, c´est la même atmosphère de terreur contre les civils noirs avec arrestation, tortures et amendes à ceux qui disaient non à l´injustice. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! Durant la même année 1988,le gouvernement envoya dans le Sud des brigades militaires exclusivement beydanes, pour exproprier les terres, perquisitionner et désarmer les villageois négro-africains, en état de siége. C´est dans ce contexte de chasse à l´homme généralisée contre les Négro-africains que survient le conflit dit “sénégalo-mauritanien”. En avril 1989, le régime raciste organise des massacres de plusieurs centaines de Négro-mauritaniens et autres ressortissants Ouest-africains, des viols, des vols, des déportations au Sénégal et au Mali de plusieurs dizaines de milliers d´authentiques citoyens noirs, la confiscation de leurs biens, l´arrestation de plusieurs d´entre eux, dont plusieurs souvent froidement abattus. Cette politique délibérée d´extermination des Noirs a fini par instaurer une très grave situation interne qui a fait des Négro-mauritaniens des otages du Système. Le choix par le régime du génocide de la composante noire comme solution aux problèmes mauritaniens, à travers les événements d´Avril 1989, dans leur préparation méthodique, les conséquences horribles montrent à quel point la communauté noire est menacée. La persistance en 1990 du même climat de terreur sur toute l´étendue du territoire marquée par les déportations, des licenciements massifs, la systématisation des exécutions sommaires qui prennent l´allure de véritables massacres atteste la réalité de cette menace. C´est cette même logique de despotisme sanguinaire qui a conduit le régime de Taya à procéder en fin 1990 début 1991 à l´arrestation pour la nième fois de plus de 3.000 Négro-mauritaniens civils et militaires accusés, selon les “prétextes classiques” d´avoir comploté contre l´Etat. En mars 1991, avec la pression nationale et internationale, la dictature raciste recula et procéda à des “remises de peine grâcieuses” qui devaient aboutir à la “libération”des prisonniers politiques Négro-mauritaniens. Le bilan de ces arrestations s´éléve à des centaines de morts tous exécutés extra-judiciarement, des milliers de cas de disparition dans la vallée pendant ces années de braise. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte! Dans la totalité des villes et villages du Sud (de Ndiago à Daffor) il n y a aucune famille négro-africaine qui ne compte en son sein, soit un exilé, soit un déporté, un assassiné ou estropié á vie. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! Le 4 septembre 86, l´histoire des années de braise commencait par là et elle continue toujours à faire des ravages. Que beaucoup de larmes, de sang et de salives versés ! Les FLAM d´hier, les FPC d´aujourd´hui , portèrent les premières le flambeau de la résistance et elles continuent à lutter contre vents et marées et à résister aux coups d´assaut du Système, de ses valets et de ses alliés. Une chose est sûre: on a beau critiquer, dénoncer, réformuler, réformer, refonder, on revient au même constat du Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé 1986 et reformuler ses recommandations: le dialogue inter-communautaire pour un Etat juste, égalitaire et non-racial. A cette occasion nos pensées pieuses et militantes vont à nos martyrs tombés sur le champ d´honneur à Oualata, Djreïda, Inal, Azlat, Nbeyka et dans la vallée.
Et la lutte continue!