Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 20/09/2019

 Moi aussi j’étais á Oualata(11) : Mes distinctions (suite et fin)/Par Oumar Ould Beibacar

Moi aussi j’étais á Oualata(11) : Mes distinctions (suite et fin)/Par Oumar Ould Beibacar

Le Calame – C’est en les termes suivants que le titre de commandeur m’a été discerné par mon frère et ami Mohamed Vall ould Oumeir directeur du journal La Tribune, le 6 Août 2015, en réponse à l’hommage de ma nièce Imane mint Ismail ould Babah, cité précédemment : « En d’autres temps et lieux – les temps se confondent avec les lieux sous nos latitudes – j’aurai pensé à vous faire des remontrances pour avoir célébré publiquement votre oncle Oumar ould Beibacar. 

J’aurai été vieux jeu et profondément injuste envers vous. Parce que je comprends ce désarroi qui vous amène à défier les règles d’une pudeur sociale qui nous impose de ne pas nous mettre en valeur par nous-mêmes. 

Notre société, par son refus de reconnaître les mérites des uns, nous pousse à dire nous-mêmes ce que les autres auraient dû dire de nous et des nôtres. Votre libre-expression est d’abord un cri de détresse, une sorte d’objection de conscience à vos ainés qui n’ont pas apprécié la valeur du colonel Oumar Ould Beibacar… 

C’est par vous que j’apprends la retraite – du reste méritée – de cet officier qui doit effectivement inspirer la fierté, non seulement de sa famille restreinte, ni de sa tribu, ni seulement de sa communauté, mais de toute la Mauritanie et de tous les Mauritaniens. 

Ne serait-ce que pour son comportement exemplaire de courage et d’humanité quand, jeune officier, il a imposé, aux autorités qui l’avaient nommé, de sauver ceux qui survivaient au bagne de Walata… c’est toute une histoire qui mérite d’être longuement évoquée… mais revenons à Oumar…

C’est seulement à Aïoun, au Hodh, que je découvre cet officier de la Garde nationale que j’aurai pu connaître bien avant mais que je n’avais jamais rencontré (je ne sais pas par quel miracle malheureux). Je l’ai approché, puis mieux connu à la fin des années 90, toujours dans cette belle ville d’Aïoun, centre de convergence respirant bonté et pureté. Trois choses à dire pour avoir une idée de Oumar… une idée… seulement une idée.

D’abord Oumar l’Homme. Pour reprendre les termes d’un philosophe français, Oumar allie «la force d’exister » et «l’art de produire la douceur». Franc-parler abrupt, spontanéité généreuse, disponibilité permanente, jovialité contagieuse, sens de l’honneur aigu, rigueur douce… tout ce qui fait laghdhaf dans notre culture, un concept qui englobe les facultés à être ce qu’on doit sans pomper l’air aux autres, sans les écraser de sa présence et de son ego, en plus de quelques dimensions de baraka : celui qu’on qualifie ainsi doit irradier le bonheur de vivre tout autour de lui. 

Sa compagnie est donc recherchée, parce qu’elle procure d’immenses instants de plénitude. 

Ensuite Oumar le Juste. Le 29 Août 1987, le jeune lieutenant Oumar ould Beibacar débarque à Néma comme nouveau commandant du Groupement de la Garde. L’intérimaire lui rend compte de « la perte d’un des prisonniers de Walata ».

Soupçonnant les mauvaises conditions, il décide immédiatement de se rendre sur les lieux. Il doit faire vite avant l’arrivée du nouveau gouverneur de région récemment nommé. Le même jour, il entre dans le bagne et voit l’ampleur du désastre : les prisonniers sont mourants à cause de la famine et des maladies. 

L’un d’eux, le poète Ten Youssouf Guèye, se bat courageusement contre une maladie qui le rongeait inexorablement et qui devait l’emporter quelques jours après. Le lieutenant prend les mesures nécessaires pour changer les conditions effroyables des prisonniers et alerte immédiatement les autorités.

Il arrive à faire parvenir un chiffré par l’intermédiaire du gouverneur adjoint, un ressortissant de la Vallée qui a beaucoup hésité de peur d’être accusé d’accointance avec les prisonniers. Les autorités supérieures réagissent promptement sans pouvoir éviter le pire : la mort d’une partie des prisonniers et la détérioration de l’état des survivants.

De mauvais officiers, de mauvais administrateurs sont passés par là. Oumar a sauvé ceux qui pouvaient l’être. Non sans conséquences pour lui et sa carrière. Le sens de la justice, du droit, de l’équité, de l’humanisme l’a emporté chez l’homme.

Enfin Oumar le militant. Une cause qu’il défend encore : la mémoire de nos fils tombés au champ d’honneur, en défendant le pays durant la guerre du Sahara. Il a interpellé tous les anciens chefs d’état-major dont certains furent aussi des chefs d’État pour chiffrer le nombre de morts mauritaniens durant la guerre du Sahara (1975-1978).

En vain. La dernière fois qu’il m’en a parlé, il estimait que les morts de l’Armée se situaient entre 2000 et 2500, ceux de la Gendarmerie entre 250 et 300 et ceux de la Garde nationale entre 150 et 200. 

Il a récemment cherché à les faire élever au titre de Martyrs du pays, il a suggéré que l’Office des anciens combattants, dont les membres actuels vivent un tranquille crépuscule, revienne aux survivants de la première guerre menée au nom de la Mauritanie et pour la défense de son intégrité (la deuxième est celle menée contre les groupes terroristes) …

Mais qui prête attention aujourd’hui aux morts, aux blessés, aux survivants de la guerre du Sahara ?Je peux partager ici quelques intenses moments de débats passionnés où l’officier commandant le Groupement nomade fustigeait publiquement les pratiques du puissant PRDS (Parti républicain démocratique et social) au pouvoir de 1991 à 2005. 

Où il défendait, avec passion, les causes justes, la veuve et l’orphelin… aux temps où cela coûtait d’adopter de justes positions…Encore du courage. Encore le sens de l’équité. Encore le franc-parler. Encore la dignité… Encore Oumar ould Beibacar… » 

Grand cordon bis

Une seconde distinction de grand cordon vient de m’être attribuée, la semaine dernière, par mon frère et ami Alassane Boye Harouna, volant à mon secours,alors que mes détracteurs s’employaient à ternir mon image, par ingratitude et racisme, certains contestant même l’authenticité d’un hommage qu’il m’avait rendu en 2015 et objet de ma distinction d’officier de l’Ordre du mérite national. Je le cite : « L’hommage (ci-dessus) au colonel Oumar ouldBeibacar date de 2015.

Quatre ans après sa publication, nous n’y changeons aucune voyelle, aucune consonne, aucun mot, aucune ponctuation. Nous le maintenons tel quel. Ce faisant, nous ne perdons pas de vue, loin s’en faut, les tout récents soubresauts, enfumages et les quelques sursauts d’« orgueil » de certains.

Qui sont-ils ?Toujours les mêmes détracteurs d’Oumar ould Beibacar, auxquels sont venus s’ajouter quelques autres braillards dont les « convictions » et positions varient au gré des changements de direction des vents de sable.

En cet ensemble dont les membres n’ont rien de substantiel en commun, si ce n’est leur haine viscérale à l’égard d’Oumar ould Beibacar, il faut aussi inclure ses détracteurs « passifs », hier installés à l’arrière-plan.

Leur mission consistait à pimenter la campagne de dénigrement contre Oumar, en excitant, sans jamais apparaître sur scène, leurs compères contempteurs en première ligne du front anti-Oumar. Aujourd’hui, ils apparaissent au premier plan, joignant leurs voix qui se veulent tonitruantes à celles de ceux qui avaient et ont pour besogne d’éclabousser Oumar. Pourquoi une frénésie aussi soudaine de leur part ?

Parce que Oumar Ould Beibacar a repris la parole, pour donner sa version des faits sur Oualata, en tant qu’acteur direct et indirect ; et pour rendre la pareille à ceux qui avaient tenté de le traîner dans la boue.Cela n’a visiblement pas plu : Oumar parle trop, selon certains de ses contempteurs ; il est saisi de remords, renchérissent d’autres.

Voilà une étrange perception des choses, bornée et pathétique.Se livrer à des avanies, salir allègrement quelqu’un, l’accuser de crimes graves sans preuves tangibles et vérifiables, et ne pas s’attendre au ressac relève d’une naïveté ridicule.

Oumar parle trop, disent-ils. Mais lui, au moins et contrairement à ses détracteurs, parle pour dire des choses. Des choses attestées par beaucoup de monde. Des choses vérifiables. Et il parle à visage découvert, sans cagoule, sans recours à l’anonymat, tout le contraire de certains de ceux qui cherchent vainement à le crucifier.

Et quand Oumar avoue quelque écart de conduite ou maladresse, en des cas bien précis et circonscrits dans un temps limité, et qu’il présente ses excuses à qui de droit, cela est perçu, par nos vaillants babillards dont la bouche est pleine d’anathèmes, comme un remords. Il ne faut pas se méprendre sur le sens du propos de Oumar.

C’est plutôt l’expression d’un courage moral, d’une honnêteté intellectuelle dont devraient s’inspirer tous ses détracteurs. Reconnaître publiquement ses erreurs, ses fautes, n’est pas à la portée de n’importe qui…

Au fond, le cas que symbolise Oumar ould Beibacar pose un problème éthique et une question éminemment politique, je l’ai déjà souligné ailleurs, il y a quelques années.La question éthique renvoie à notre rapport à la vérité des faits historiques, à notre aptitude à en rendre compte le plus objectivement possible, via une approche proprement empirique.

La question éminemment politique porte sur notre capacité à reconnaître ce qu’il y a de fondamental, de primordial chez quelqu’un et qui fait de lui un allié, un partenaire, un compagnon de lutte qu’il faut traiter comme tel.

Autrement dit, et au-delà du cas spécifique que représente le colonel Oumar ould Beibacar, la question qui se pose et qui doit interpeller tout militant, tout homme politique conséquent est d’ordre général et principiel : c’est la capacité que nous avons ou non de faire montre de sens tactique en toutes circonstances ; c’est la perspicacité dont nous devons faire preuve pour identifier, sans interférence de considérations partisanes, les amis, les alliés, les partenaires.

En vérité, il n’y a pas de lutte, encore moins celle dont on nous dit sans cesse qu’elle « continue » (jusqu’où et comment ?), encore moins de victoire, sans ce sens politique qui doit se traduire par une intelligence pratique à construire de vastes rassemblements de toutes les forces démocratiques et progressistes, collectives ou individuelles.

Mais il se comprend que ces considérations d’ordre éthique et politique soient la dernière des préoccupations de nos intrépides détracteurs, dont les motivations réelles sont bien connues de tout observateur vigilant de notre grouillante scène politique avec ses multiples ramifications ténébreuses. 

Cependant, il est temps pour eux de comprendre que la matière évoquée doit être traitée avec une approche empirique et non pas avec du verbiage ou des vitupérations. Ici, messieurs les détracteurs, il vous faut moins d’affirmations, plus de démonstrations. Encore plus d’efforts, messieurs ! même si je suis convaincu que vous en êtes incapables.. »

Voilà donc comment j’ai obtenu toutes les cinq distinctions de l’Ordre du mérite national : chevalier, officier, grand officier, commandeur et grand cordon et j’ai même été distingué deux fois du titre de grand cordon, ce qui est exceptionnel. 

Ceci grâce á la libre réaction de personnes crédibles et honnêtes qui ont voulu, coûte que coûte, encourager ma modeste personne á persévérer dans ma lutte pour la justice pour tous et le respect de la loi, pour que triomphe la vérité, dans l’intérêt de tous.

Je les en remercie infiniment et particulièrement mon frère et ami Alassane Boye Harouna, qui m’a offert trois distinctions sur six, par qui tout a commencé et qui continue courageusement á me défendre publiquement. Puisse le Tout-Puissant lui donner longue vie, ainsi qu’à tous ses proches ! 

Le calame

– Entretien avec M. Samory Ould Beye, secrétaire général de la Confédération Libre des travailleurs de Mauritanie

Entretien avec M. Samory Ould Beye, secrétaire général de la Confédération Libre des travailleurs de Mauritanie

Le Calame – Le premier ministre a fait sa déclaration de politique générale devant le parlement le 5 septembre, qu’est ce que le politicien et syndicaliste que vous êtes à la fois a retenu de ce discours ? 

Samory Ould Beye: J’ai suivi avec beaucoup d’attention le programme du gouvernement présenté par le premier Ministre le 5 septembre 2019 comme d’ailleurs beaucoup de mauritaniens avides de changement. Je trouve qu’il s’agit d’un programme très ambitieux au sein duquel les questions d’ordre social ont joui d’une place de choix. 

Dans ce volet social, plusieurs aspects positifs peuvent être soulignés qui, au cas où le programme est mis en œuvre, pourront impacter positivement sur les conditions de vie de la population, sur le progrès social, la cohésion sociale et aideront à l’épanouissent d’un citoyen mauritanien fier de lui-même et de son appartenance à la nation mauritanienne, à cet ensemble où vivre ensemble est agréable.

Le programme revêt beaucoup d’autres questions très importantes au plan économique et politique, mais l’application de ce programme ambition dépend de la volonté et de l’engagement résolu du gouvernement pour conduire jusqu’au bout le processus qui ne manquera pas sans doute d’être sabordé par les pesanteurs égoïstes, avares et haineux. 

-Cette sortie vient marquer le début de l’exécution du programme du gouvernement du nouveau président de la république ould Ghazwani. Que pensez-vous de ce gouvernement dit de technocrates. A votre avis vous semble-t-il en mesure de relever les nombreux défis du pays ? 

Moi je pense que c’est une bonne chose dans la mesure où l’objectif recherché est de bâtir ce pays, d’œuvrer pour son développement harmonieux sa cohésion, le renforcement de l’unité du peuple loin des sphères d’idéologie étroite et de l’influence des politiciens et des esclavagistes qui ont tout détruit dans ce pays sur des bases racistes, étroites.

Dans cette composition je peux noter également ma satisfaction quant à la représentativité des harratines, certes sur la base de compétence et d’expérience évidement mais cela verse dans le sens de réparation d’un tort et de redresser la barre bien qu’elle soit encore loin de ce qu’il faut mais un déclic dans la bonne voie. J’encourage personnellement. 

-A votre avis, quelles sont les questions qui n’ont pas été élucidées ou explicitées par dans la DPG du PM ? 

– Elles sont nombreuses et déterminantes pour l’avenir du pays. Elles avaient d’ailleurs été abordées par différents candidats à la présidentielle du 22 juin. Il s’agit notamment de 

1- De la problématique harratine

Comme vous le savez, la composante harratine, vu ses particularités et spécificités propres qui la distinguent aussi bien des négro-africains que des maures, vu son nombre (53% de la population) doit être reconnue constitutionnellement en tant que composante nationale digne du nom. 

Cette vision que le mouvement El Hor défend depuis des décennies est la seule qui permet aux harratines de s’affirmer et de jouir de tous leurs droits en tant que composante au même titre que les autres,

2- Problème culturel récurent

Le problème culturel est un problème crucial, sensible et complexe ; il doit, à cet effet, trouver sa solution qui, à mon avis, passe par la réforme de l’enseignement de manière à instaurer le bilinguisme pour un consensus national qui aide à atténuer le climat de tensions communautaires et à éloigner le spectre de conflits ethniques dont les ingrédients sont fortement présents. 

Car l’arabisation à outrance est devenue un instrument méchant d’exclusion et de répression culturelle contre les communautés noires de Mauritanie cela doit être réglé rapidement ;

3- L’armée nationale

L’armée nationale doit être une armée nationale républicaine qui reflète et l’image et les réalités objectives du peuple mauritanien et non une armée d’un groupe ethnique particulier, ses différentes structures (écoles, centres de formation…) doivent être réformés pour leur réadaptation aux réalités objectives en vue de plus d’égalité et des mêmes chances aux fils de ce pays ; 

4- L’unité nationale

L’unité nationale a beaucoup souffert ces dernières années à cause du système politique basé sur une vision étroite, nourrie de mépris et de haine qui vise à détruire à néant les noirs de ce pays, harratines en particulier.

Ce système raciste doit être déconstruit pour l’intérêt de la nation, et en vue de l’émergence d’un Etat unitaire qui garantit à tout un chacun, ses droits, à mon avis la meilleure voie pour la recherche des solutions adéquates et pérennes reste évidemment le dialogue inclusif -acteurs politiques, sociaux, société civile-;

5- La paix sociale et civile, la cohésion sociale et le vivre ensemble 

-Le dialogue social et les problèmes du monde du travail malheureusement ont été occultés malgré la situation socio-économique très critique de notre pays: chômage endémique ayant atteint son paroxysme, un pouvoir d’achat dérisoire, des salaires en stagnation depuis, la sous-traitance devenue une forme d’esclavage déguisée mais institutionnalisée au détriment des travailleurs laissés pour compte, sans espoir, exposés qu’ils sont aux abus multiples et aux pratiques arbitraires des employeurs, des lois et textes sabordés et annihilés moisissant dans les tiroirs, loin de l’applicabilité ; les tribunaux de travail et administration du travail devenus des auxiliaires instrumentalisés aux mains des employeurs.

Ces problèmes cruciaux méritent un intérêt particulier. 

Nous avons besoin de créer les conditions nécessaires de vivre ensemble en paix et en harmonie ; cela exige une forme ou une autre de partage du pouvoir et des richesses en vue de l’implication de tous dans la gestion des affaires de ce pays afin de réaliser le progrès social, le salaire décent, une protection sociale réelle avec une couverture large et des prestations de qualité. 

En plus de l’égalité des chances devant la fonction publique et toutes les opportunités qui puissent exister et l’élimination de toutes les formes d’injustice et de discrimination au travail ; 

6- Ethnicisme, couches, minorités… 

D’aucuns aiment coller à certaines communautés ou composantes nationales de manière arbitraire, l’étiquette de minorité ou de groupes sectaires. Or, ces catégorisations ou étiquettes ne reposent sur aucun critère objectif pour fonder cette représentativité au niveau national. 

C’est pourquoi, à notre avis, on doit, pour éviter ou corriger ces amalgames, en débattre dans le cadre d’un dialogue national inclusif, franc et sincère afin d’en sortir avec des critères objectifs de la représentativité nationale qui ne portent de préjudice à aucune composante nationale. C’est en ce moment seulement qu’on saura qui est qui et qui représente ou pèse combien 

7- La communauté harratine, 53% de la population

De tous les temps les harratines ont été humiliés, maltraités, éjectés de la sphère de la société. 

Une société réfractaire au changement de mentalité et à l’ouverture vers l’autre même pour le besoin de la cohésion et de l’unité nationale.

Cette communauté dont les membres ne savent pas ni partager ni respecter l’autre, doit aujourd’hui faire l’effort pour l’entente nationale nécessaire à la convivialité et à l’instauration d’un climat serein.

Les harratines ont été la grande victime de cette philosophie machiavélique mais aussi de la complicité historique de la féodalité des deux communautés, négro-africaine et maure. Cette attitude méprisante doit changer pour laisser la place à la recherche d’un consensus national équilibré et raisonnable, qui tient compte des réalités objectives et des intérêts supérieurs de ce pays ; c’est cette seule voie qui aidera à l’avènement d’un État de droit véritable, respectueux des principes fondamentaux de droits de l’homme ; un Etat de citoyenneté où vivre ensemble dans l’harmonie, la communion, le respect réciproque est possible

Les harratines restent fondamentalement attachés à ces principes sacrés et toujours prêts à apporter leur grain de sel pour consolider les bases de l’unité nationale, de la cohésion, du meilleur climat de sérénité, de bons rapports entre les différentes communautés ; ils œuvrent ardemment pour le développement harmonieux de la Mauritanie, pour le progrès social et le bien-être pour tous, loin du système d’exclusion, de discrimination et de l’unilatéralisme néfaste.

Je rappelle que le mouvement El Hor a toujours défendu ces principes et idéaux : d’égalité, de liberté, de respect de l’autre… Enfin pour une Mauritanie juste débarrassée des pratiques esclavagistes et leurs séquelles.

-Dans une correspondance adressée au nouveau premier ministre, au lendemain de sa nomination, vous accusez le gouvernement du président Abdel Aziz d’avoir tenté, par tous les artifices de déstabiliser la CLTM et de faire taire son secrétaire général que vous êtes. Peut-on connaitre ses motivations ? Et qu’attendez-vous du nouveau gouvernement ?

Oui, Aziz et son régime se sont acharnés contre la CLTM et contre moi-même de manière inexplicable. Les raisons sont peut-être que la CLTM et ses dirigeants ont choisi la ligne radicale et se sont engagés résolument à combattre le système.

Nous sommes parvenus à maintenir pendant plusieurs années la Mauritanie sur la liste noire du BIT au sujet de la question de l’esclavage, nous sommes parvenus plusieurs fois à faire prendre des mesures contre l’Etat mauritanien pour la non-application de ses engagements relatifs à la feuille de route portant sur l’esclavage.

Nous avons mené une bataille farouche contre l’Etat mauritanien au sujet des ventes aux saoudiens des jeunes filles harratines, sous forme de déportation déguisée contre les harratines. Dans ce cadre, nous avons mobilisé les réseaux mondiaux de droit humain pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il mette fin à cette déportation déguisée, ce qui fut fait.

Nous avons également beaucoup travaillé avec les syndicats américains et d’autres institutions pour que le programme AGOA ne soit pas signé avec la Mauritanie tant que les pratiques de l’esclavage y sévissent, ce qui fut fait.

J’ai adressé, moi-même un mémorandum aux Nations Unies pour détruire et déconstruire toute l’argumentation du gouvernement concernant la feuille de route sur l’esclavage. 

Comme j’ai saisi en 2016, l’Union Européenne avec un document de plusieurs pages sous le titre SOS-Harratines de Mauritanie pour demander leur intervention afin que la communauté harratine ne soit pas exterminée.

Tout cela vous donne l’idée de la bataille que nous avons menée contre le régime de discrimination de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Face à cette situation le régime a pris une série de mesures en guise de représailles ; il a même cherché à m’éliminer ; ces mesures de représailles n’ont rien épargné qui puisse faire mal. Aujourd’hui, il est parti, la CLTM et son secrétaire général restent et vont poursuivre leur combat contre toutes les formes d’injustices et c’est justement ce que nous attendons du nouveau gouvernement. Qu’on rétablisse la CLTM dans les droits dont elle a été privée par le précédent pouvoir.

-Lors de la présidentielle, votre parti, Al Moustaqbel a chois de soutenir le candidat Sidi Mohamed Ould Boubacar, arrivé 3e de la course. Quels enseignements avez-vous tirés de ce scrutin et du score de votre candidat?

Effectivement, nous avons parrainé et soutenu le candidat Sidi Mohamed Boubacar, c’était un choix, nous l’avons accompagné loyalement jusqu’au bout, avec le résultat que vous connaissez. Notre candidat n’a pas été élu, ce qui est regrettable. Les causes de cet échec sont multiples, on peut évoquer, hélas, son mauvais entourage et surtout son directoire laconique et discriminatoire. 

-Quelle est votre réaction par rapport au dernier cas présumé d’esclavage exhibé il y a quelques semaines dans le pays? 

– Il ne s’agit pas d’un cas présumé mais d’un cas avéré. Il s’agit d’un cas d’esclavage réel. Il entre dans les différentes formes d’esclavage; classique, moderne ou travail de mineurs. On peut y ajouter également, un quatrième cas relatif aux violences faite aux enfants mineurs. Les autorités doivent avoir le courage d’affronter les réalités en face en évitant la fuite en avant. 

L’esclavage doit être banni à jamais et des sanctions lourdes administrées aux contrevenants. Le droit doit être dit.

Un dernier mot sur le passif humanitaire 

A l’instar des Haratine, la composante négro-africaine est elle aussi, victime de l’exclusion et de la discrimination du système qui gouverne le pays. La question du passif humanitaire des années 90 en est une parfaite illustration. Elle reste toujours d’actualité et la prière de Kaédi, organisée par Ould Abdel Aziz, en mars 2009 ressemblait fort à une comédie de mauvais goût, c’est pourquoi, elle n’a pas permis d’apporter une solution sérieuse et définitive à cette question. Nous demandons au pouvoir de trouver, avec les intéressés, à travers un débat national, des solutions définitives à ce drame humain.

Propos recueillis par Dalay Lam 


 

Le calame