Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: September 2019

 Mauritanie: Interview de Kaaw Touré, le porte-parole des FPC et membre de la Coalition Vivre Ensemble

Mauritanie: Interview de Kaaw Touré, le porte-parole des FPC et membre de la Coalition Vivre Ensemble Il n’en démord pas. Kaaw Touré reste constant dans son combat pour une Mauritanie apaisée et réconciliée avec sa diversité. Nous avons rencontré, le leader du FLAM, plus politique que jamais. 


L’originaire de Jowol s’est livré à senalioune.com. Exclusif.

Pouvez-vous, vous présentez à nos lecteurs, s’il vous plaît?

Je n’aime pas trop parler de moi mais comme vous y tenez allons-y. Je m’appelle Kaaw Mouhamadou Touré, je suis originaire de Jowol, dans le Sud de la Mauritanie plus précisément dans le département de Kaédi au coeur du Fouta. Je me suis engagé dans la lutte très jeune à l’âge de 15 ans alors que j’étais jeune lycéen, ce qui m’a valu la prison à l’âge de 18 ans et qui a fait de moi, pour la petite histoire, le premier plus jeune prisonnier politique de Ould Taya en 1986. 

Cette expérience carcérale sous le régime militaire dur et pur m’a renforcé dans mes convictions et n’avait pas entamé mon engagement, ni ma détermination à combattre le Système. J’ai récidivé aussitôt après ma sortie de prison en 1987 avec d’autres jeunes camarades au lycée de Kaédi en dirigeant une grève pour protester contre l’exécution de nos 3 premiers martyrs le 6 décembre 1987. J’ai été à nouveau recherché et poursuivi par la police mauritanienne.

Cela m’a plongé dans la clandestinité et ensuite vers un exil forcé le 15 décembre 1987. J’ai rejoint à Dakar nos camarades exilés qui avaient échappé aux filets de la police de Taya en 1986 et nous avons reconstitué ensemble le noyau dur des FLAM. Ainsi nous avons pu alerter l’opinion internationale sur la politique d´Apartheid en Mauritanie, mais surtout sauver la vie de certains de nos aînés détenus à Oualata. 

Grâce à nos contacts et la mobilisation de la presse internationale et des organisations des droits humains nous avons mis la pression sur le gouvernement mauritanien qui a concédé finalement la visite de nos camarades détenus par des journalistes de Jeune Afrique et de Sud Hebdo et des organisations des droits de l’homme. 

Nous avons maintenu le flambeau de la résistance jusqu’à la libération de nos dirigeants anciens détenus à Oualata, nous avons encadré et soutenu les premiers déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali suite aux événements douloureux dits Sénégalo-Mauritaniens de 1989.

Depuis le 4ème congrès ordinaire des FLAM, j’ai été propulsé comme responsable du département de la presse des FLAM et directeur de publication de notre organe d’information le FLAMBEAU. Cet activisme débordant auprès de la presse sénégalaise et internationale m’a valu des mises en demeure répétées au Sénégal sous la pression diplomatique de l’administration mauritanienne.

Le refus de me soumettre aux injonctions du pouvoir sénégalais m’a valu une tentative d’extradition en Mauritanie suivie plus tard d’une expulsion en juillet 1999. Grâce aux Nations-Unies, j’ai obtenu l’asile politique en Suède où je vis depuis et continue mon activisme en tant que responsable des FLAM. 

Après le congrès de mutation des FLAM d’août 2014, le parti à travers le président Samba Thiam m’a encore renouvelé sa confiance en tant que responsable de la communication extérieure et porte-parole du parti des FPC.

Je suis marié et père de petits mignons bouts de bois de Dieu. Je suis de formation ingénieur en planification économique, mais aussi j’ai continué mes études jusqu’aux diplômes de master en sciences sociales et histoire des langues dans les universités suédoises. Je travaille comme formateur et chargé d’insertion des immigrés et réfugiés dans la société suédoise qui nous viennent plus particulièrement des pays en conflits dans le monde.

En dehors de mes activités politiques et professionnelles je dirige une association panafricaine et de solidarité qui regroupe plus d’une trentaine de nationalités d’origine africaine vivant en Suède. Voilà en résumé ma petite présentation.

Quelle compréhension tirez-vous de la déclaration récente du nouveau Président Ould Ghazouani pour la diaspora, en termes d’associer la diaspora à la gestion du pays, et du recensement des émigrés mauritaniens dans le monde.

J’ai entendu parler de cette déclaration faite paraît-il par le ministre des affaires étrangères et de la coopération et qui dit que son département compte effectuer un recensement de tous les Mauritaniens installés à l’étranger et que ce recensement aura lieu avant la fin de l’année en cours et a annoncé en même temps qu’une conférence portant sur ce thème sera organisée à l’été 2020 à Nouakchott.

L’intention est bonne; c’est une initiative à saluer mais nous attendons de voir plus clair sur sa feuille de route et si tous les Mauritaniens seront concernés ou ce serait la reproduction du fameux enrôlement raciste qui a privé des dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens de l’intérieur de leur citoyenneté et aussi de leur droit au vote lors des dernières élections.

Il faut rappeler, en même temps, au gouvernement mauritanien qu’il y a une autre urgence qui attend depuis bientôt 30 ans, le dossier de ces Négro-Mauritaniens déportés et qui végètent dans des camps d’exil au Sénégal et au Mali.

Ils ne souhaitent qu’un retour digne et organisé au pays natal. Sans oublier les anciens déportés rapatriés et qui sont devenus presque des ”étrangers” ou des sans papiers dans leur propre patrie!

Quant au deuxième aspect de la question à savoir l’association de la diaspora à la gestion du pays, vous savez plus que nous, que personne ne quitte son pays par gaité de coeur. Si la Mauritanie était un pays normal, paisible et juste, rien ne pouvait justifier la fuite de nos cerveaux et des dignes fils et filles de la patrie vers d’autres cieux qui profitent aujourd’hui de cette matière grise.

Vous ne mesurez pas l’ampleur de l’amertume de ces braves citoyens de ne pouvoir offrir leurs compétences et leur expertise à ce pays qui leur est plus cher que tout le confort du monde. 

Il n’y a pas d’exil doré. Du moins pour des patriotes sincères, car comme disait l’autre « on n’est bien que chez soi ». L’exil doré est un mythe, naïvement développé par ceux-là qui n’ont pas été contraints à quitter leur terre natale !

Et comme le disait bien le martyr Tène Youssouf Guèye l’auteur de ” Les Exilés de Goumel: “Je n’oublierai jamais, moi, la vie mouvementée d´Exilé, pourchassé de ville en ville, les journées sans but et les nuits longues interminables où le mal du pays vous tient l’oeil ouvert et vous déchire les entrailles”. 

Parlez-nous de la mutation FLAM vers FPC. ET pourquoi la division au sein de FLAM? 

On ne peut parler de cette mutation sans revenir aux résolutions du VIIe congrès ordinaire des 28, 29 et 30 mai 2011 à Champs-Sur-Marnes en région parisienne qui avaient adopté le redéploiement du mouvement en Mauritanie après plus de 27 ans d’exil. Une décision qui a été prise suite à des discussions et aval de toutes les instances du mouvement. Un retour devenu effectif le 24 septembre 2013 avec le retour et un accueil triomphal et historique du mouvement. 

Le mouvement est revenu avec une feuille de route bien définie: implanter le mouvement à l’intérieur, soigner l’image de l’organisation largement ternie et diabolisée pendant les années de braise et notre exil par nos adversaires politiques, créer un cadre de concertation entre tous ceux qui souhaitent la résolution de la question nationale. 

Mais le principal objet de ce redéploiement consistait surtout à préparer les conditions de la tenue d’un congrès qui devait décider de l’avenir de l’organisation avec plusieurs options possibles telles que rester un mouvement tel que nous l’avons toujours été (cette éventualité a été d’emblée rejetée à l’unanimité comme irréaliste), devenir une ONG? fusionner directement avec d’autres partis de même sensibilité, se muer en Parti politique, si oui avec ou sans le sigle FLAM?

Au cours de ce congrès, un débat démocratique, avec des discussions quelques fois âpres, a eu lieu, comme cela a toujours été le cas dans nos différents congrès, avec la présence des délégués des différentes sections du mouvement venus de l´Europe, des Amériques, d’Afrique et de l’intérieur. Au terme des échanges, l’avis d’une nette majorité s’est dégagé pour transformer le mouvement FLAM en parti politique dénommé Les Forces Progressistes du Changement. Voilà et tout s’est passé dans la plus grande transparence et démocratie interne.

Il faut reconnaître qu’après le congrès, sans remettre en cause la nouvelle orientation politique du mouvement et sa mutation, certains camarades qui se disent attachés au nom mythique des FLAM se sont démarqués du changement du nom, mais la vaste majorité des sections et des militants s’est soumise aux résolutions du congrès conformément aux dispositions d’éthique et du règlement intérieur de l’organisation.

Quelle est votre relation avec la branche de FLAM qui est toujours en exil? 

Il n’y a aucune relation officielle entre nous et nos ex-camarades en exil sinon les relations personnelles et humaines que les uns et les autres entretiennent et qui sont tissées pendant nos longues années de camaraderie en prison ou en exil.

Comment allez-vous continuer la lutte pour les Mauritaniens et quelle sera votre stratégie pour avoir des élus au sein du parti FPC ?

La lutte doit continuer parce que les raisons qui nous ont poussé à l’engagement demeurent entières à savoir la persistance du racisme d’État érigé en règle de gestion du pays. Nous allons continuer avec tous ces Mauritaniens qui militent dans notre organisation ou qui sympathisent avec notre cause.

La non reconnaissance de notre parti ne peut-être un frein à notre engagement, à notre conviction et à notre patriotisme. Nous nous sommes engagés dans la lutte bien avant la « démocratisation » ou l’avènement du multipartisme intégral au moment où la liberté d’expression n’était pas encore libérée, au prix de nos vies et de toutes les privations.

Nous continuerons à mener cette lutte auprès de notre peuple et avec toutes les forces vives et progressistes qui souhaitent le vrai changement et l’instauration d’un véritable Etat de droit pour une Mauritanie apaisée et réconciliée avec sa diversité et sa vocation naturelle de trait d’union et de carrefour culturel entre l’Afrique noire et l’Afrique du nord. Quant à la stratégie de conquête du pouvoir ou de la stratégie de lutte, elle ne se discute pas sur la place publique.

Qu’est-ce que les FPC attendent du nouveau président Ould Ghazouani ?

Les FPC ne se font pas trop d’illusions sur le nouveau régime parce que le porte-parole du gouvernement vient de dire que ce gouvernement sera la continuité du Système de la zizanie. Espérons que c’était une simple erreur de communication du ministre.

En toute honnêteté, nous souhaitons une rupture entre le nouveau gouvernement et le Système qui nous a été imposé jusqu’ici depuis nos indépendances, un système inique, raciste basé sur la stratification des citoyens, un système où certains mauritaniens ne se reconnaissent plus dans leur État, un système qui prive certains mauritaniens de leur Mauritanité, un système qui décide arbitrairement qui est mauritanien et qui ne l’est pas, un Système qui impose une seule identité, une seule culture, une seule langue sur les autres composantes racio-culturelles du pays.

Le général Ghazouani doit surtout se libérer des courants nationalistes arabes chauvins et devenir le président de tous les Mauritaniens, comme il l’a promis dans son discours d’investiture et pour cela, il nous faut un vrai débat national sur la question nationale et sociale et repartir sur des nouvelles bases. S’il veut être utile à la Mauritanie, il doit avoir le courage de se démarquer du Système pour réconcilier les Mauritaniens à travers un dialogue franc et ouvert.

Est-ce que notre Général devenu président, même mal élu, va se départir de ses réflexes d’homme de casernes et rompre avec la mauvaise renommée de n’être que l’ombre d´Aziz pour s’assumer afin de réconcilier les Mauritaniens ? Est-ce qu’il va réconcilier l’Etat avec les opprimés et exclus du Système? Va-t-il détruire les fondements du Système raciste et esclavagiste du pays? L’avenir nous le dira.

Un congrès des FPC est-il à l’horizon ?

Conformément à nos statuts et règlement intérieur, il y aura bien sûr un congrès au moment opportun quand toutes les conditions seront réunies et ne vous inquiétez pas nous vous tiendrons informés de la date précise des assises, Incha allah.

Comment décrivez-vous le rôle des FPC lors de la dernière élection présidentielle ?

Je peux dire avec fierté que le rôle des FPC a été très important à la dernière présidentielle surtout au sein de la CVE. Si la candidature unique a pu être obtenue au sein de notre mouvance, c’est grâce à la sagesse et au désintéressement du président Samba Thiam qui a fait preuve de hauteur et de sacrifice personnel pour que le consensus soit obtenu malgré les grincements de dents et les appels répétés des franges importantes et issues de nos différentes composantes nationales et qui exigeaient sa candidature.

Nous avons mobilisé des moyens, tous nos militants et sympathisants pendant la campagne électorale avec loyauté et conviction à l’intérieur comme au niveau de la diaspora pour la victoire du candidat de la CVE. 

Notre président en premier est parti sillonner la vallée pour apporter son soutien au président Kane et a demandé à tous nos militants de descendre auprès de la base et dans nos fiefs respectifs pour soutenir cette candidature de la CVE. 

Tous les Mauritaniens sincères et honnêtes ont remarqué notre présence sur le terrain à travers notre jeunesse militante et notre apport significatif aussi bien dans la communication, à travers notre activisme débordant sur les réseaux sociaux pour rendre notre candidat plus visible et audible. 

C’est l’occasion de saluer la dynamique unitaire de tous les partis et militants de la CVE qui ont tous contribué au succès de notre candidature commune en l’occurrence Dr Kane Hamidou Baba.

Quelle analyse tirez-vous de la Coalition Vivre Ensemble ? Et Qu’attendez-vous de la CVE justement ? 

La coalition Vivre ensemble est une dynamique unitaire à saluer et à renforcer. Elle a permis d’unir toutes les forces progressistes qui mettent en avant la résolution de la question nationale et sociale. Tous ont compris que la lutte en ordre dispersé contre l’ennemi commun n’a pas d’autre effet que la défaite pour tous et les dernières législatives l’ont bien confirmé. La pression et le souhait de nos bases respectives ont été déterminants pour rapprocher les positions.

Au niveau des FPC, depuis notre retour d’exil, notre combat a toujours été d’unir toutes les forces démocratiques et progressistes autour de l’essentiel, de trouver un cadre de concertation et de lutte pour faire entendre notre voix. Malgré les quelques petites réticences et réserves par- ci, par-là, nous avons été persévérants et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre et situer la position responsable et courageuse du président Samba Thiam. 

C’est une conviction et non un calcul politicien ou autre non dit. Dans l’ensemble, il faut saluer la campagne malgré quelques manquements au niveau de l’organisation, de la communication et de la coordination au niveau du staff de la campagne qui ont été soulignés par tous pendant la journée d’évaluation de la CVE. 

Maintenant que les élections sont derrière nous les parties-alliées doivent se rasseoir et envisager l’avenir, déterminer quelle forme et quelles règles pour la CVE. Ce qu’il faut c’est de repartir sur des bases justes et saines et surtout avec une exigence de transparence dans le fonctionnement de la Coalition Vivre Ensemble qui n’est encore qu’une coalition. 

Nous devons maintenir cette coalition dans la perspective des futures échéances électorales tout en gardant la liberté d’action et d’indépendance d’esprit des partis et associations membres de la CVE. Nous devons être une véritable coalition démocratique, un creuset des idées qui respecte notre diversité et nos différentes sensibilités et comme disait le sage Amadou Hampathé Ba pour ne pas le nommer ”C’est la diversité des couleurs qui fait la beauté d’un tapis”.

Pour le dossier du passif humanitaire. Quelle stratégie faudra-t-il adopter pour la plaie béante ouverte depuis plus de 30 ans ?

Il faut encore revenir sur ce terme de « passif humanitaire », qui n’est en fait qu’un euphémisme utilisé par ceux-là qui répugnent à parler des déportations, du génocide ou des crimes contre l’humanité commis contre les Négro-mauritaniens pendant les années de braise de 1986-1991. 

Il faut encore rappeler que nous avons toujours dit que nous nous insurgeons contre la démarche singulière choisie par le pouvoir de Nouakchott qui consiste à vouloir solder un problème de fond par des réparations pécuniaires et matérielles.

Voilà pourquoi nous continuons à dire que le règlement du passif humanitaire doit plutôt reposer sur l’équilibre à trouver entre le refus de l’impunité, les exigences de vérité et des réparations et la nécessité du pardon, au bout.

Soulager les ayants droit, c’est une bonne chose mais on ne peut acheter notre silence par des compensations pécuniaires. Si certains sont prêts à le faire, il y en a beaucoup d’autres qui le refusent et qui se battront jusqu’au bout pour que la justice soit rendue et pour que plus jamais des Mauritaniens ne soient réprimés, torturés ou tués parce qu’ils sont nés différents.

Nous continuerons à faire pression pour que la lumière soit faite sur cette page sombre de notre histoire. Il faut du reste rappeler que le dossier des déportés est loin d’être clos puisque que d’autres déportés Négro-Mauritaniens continuent à croupir toujours dans les camps d’exil au Sénégal et au Mali. 

Le problème de fond, encore une fois, ce n’est pas le retour des déportés ou l’indemnisation des veuves, des ayants droit ou des rescapés, mais l’essence ou le fondement injuste même de l´Etat mauritanien qu’il faut résoudre, à savoir cette politique chauvine et raciste qui est érigée en règle de gestion du pays.

La question nationale est au début et à la fin de tous nos problèmes et il faut donc impérativement lui trouver une solution juste et durable, en osant rompre résolument avec la politique de l’autruche. En attendant le grand soir nous disons toujours la lutte continue. 

Propos recueillis par Diarry Ndiaye Ba

Inondation Selibaby –Réaction. de Samba THIAM, Président des FPC

 Si d’aucuns ont juste imputé ces inondations aux pluies, j’y vois plutôt une cascade de facteurs, une chaîne de responsabilités imputables : -Aux populations elles-mêmes en premier lieu, dans l’occupation anarchique de l’espace, ici des ravins et des bas-fonds, des canaux de passage des eaux de ruisselement, pensant, à cause de la sécheresse persistante de ces dernières années, que les fortes pluies ne reviendront plus jamais ! -Responsabilité des agents vereux de l’Administration ( Prefets et Agents des travaux publics) qui vendent sans scrupules le moindre espace libre des villes et villages . -Responsabilité enfin des briquetiers, hier pour faire nos briques en banco on mélangeait argile, paille et bouses de vaches, d’où nos habitats résistants aux fortes pluies. Aujourd’hui ces gens, mus par l’appât du gain facile, utilisent juste du sable pour faire les briques et, avec pour conséquences dramatiques, qu’à la moindre pluie nos habitats s’écroulent ! Triple responsabilté donc dans ce drame qui frappe Selibaby, en particulier –seule capitale régionale, ressemblant à un gros village aux ruelles étroites, qui demeure sans plan d’urbanisation. Si le secours de l’UPR !!! – 7 camions remorques chargés –ne peut être dédaigné , le gouvernement aurait quand meme pu mieux faire, en mobilisant les efforts internes et les institutions internationales , par un appel à l’aide comme ce fut pour la ville de Tintane… Mais , hélas , il nous est toujours difficile de nous débarrasser de cette attitude de deux poids deux mesures…

 

Samba THIAM, Président des FPC

L’Afrique du Sud piétine la mémoire de Nelson Mandela et a la mémoire courte

L'Afrique du Sud piétine la mémoire de Nelson Mandela et a la mémoire courte

Cire Ba – De l’Afrique du Sud, parviennent d’insoutenables vidéos et images actuelles de meurtres, de destructions de biens de travailleurs migrants africains établis sur son sol. Je m’abstiens de les publier. Les auteurs de ces violences filmées y apparaissent en état second, déterminés et soulagés d’avoir « débarrassé » leur pays de « sangsues ». 

Des scènes de populations autochtones noires et pauvres se livrant à des pillages systématiques de commerces d’étrangers qui leur ressemblent , les pourchassant dans les rues et avenues, les mutilant et les tuant.

Cette chasse au migrant africain inquiète. Elle s’est étendue pour la première fois, depuis plusieurs années qu’elle se répète, à plusieurs villes du pays de Madiba qui doit se retourner mille fois dans sa tombe.

Ici naturellement, le mot racisme est remplacé par xénophobie de grande ampleur. Le résultat est le même. Ne fermons pas les yeux, il n’y a aucune gène à dénoncer la barbarie. Elle est incolore et rien ne peut justifier cette folie collective et sélective. Surtout pas le chômage (de locaux qui rechignent à occuper certains emplois pénibles) qui a souvent bon dos partout dans le monde. 

Désigné comme bouc émissaire, le travailleur migrant venu de pays voisins et du reste de l’Afrique noire, parfois du Pakistan, sert d’exutoire et doit endosser la responsabilité de l’échec du pouvoir politique qui n’a pas pu ou su améliorer les conditions de vie de la majorité noire depuis la fin de l’Apartheid. 

Pour ne rien arranger, différentes corporations avaient appelé à une grande manifestation le 1er septembre 2019 contre des étrangers accusés de prendre l’emploi, de commettre des crimes et de vendre de la drogue. Cet appel a été entendu. Une surenchère indigne d’un peuple qui a bénéficié de soutiens d’autres peuples pendant les heures sombres de son histoire récente. 

En Angola voisin, un autre pays de l’ancienne ligne de front, la situation des migrants ouest africains n’est guère plus reluisante. Régulièrement, la presse guinéenne fait état de meurtres de ses compatriotes installés en nombre et travaillant dans ce pays. 

Ciré Ba – Paris 

DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L´OUBLI: 4 septembre 1986, le début des années de braise en Mauritanie 

C´était le 4 septembre 1986, le début des premières arrestations des militants et sympathisants de notre mouvement les Flam suite à la publication du “Manifeste du Négro-mauritanien opprimé”. En publiant ce manifeste en 1986, nous avions montré que des problèmes réels de coexistence entre les deux communautés raciales existaient. Nous avions aussi montré par quels mécanismes, ils avaient été engendrés. Nous avions également indiqué les perspectives dangereuses (guerre civile) sur lesquelles pouvaient déboucher ces problèmes, s´ils n´étaient pas résolus à temps correctement. Nous avions enfin appelé à un débat national sur la question. L´esprit du Manifeste était, en Patriotes sincères d´attirer l´attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la nation, en vue de leur trouver des solutions avant qu´il ne fut trop tard. Quelle fut la réponse du gouvernement raciste de Ould Taya? Cinglante, féroce et sanglante. Depuis 1986, le système d´Apartheid mauritanien a systématisé dans le cadre de sa consolidation la politique de répression et de la mise à l´écart de la communauté noire et cela dans tous les domaines de la vie politique. Ainsi en septembre de la même année, prenant comme prétexte la parution du “Manifeste du Négro-mauritanien opprimé”, L´Etat raciste (parce qu´il n´avait pas des idées à nous opposer), procéda arbitrairement à l´arrestation d´une centaine d´intellectuels noirs qui furent inhumainement torturés, sommairement jugés et lourdement condamnés. Plusieurs centaines d´autres seront révoqués de la fonction publique ou contraints à l´exil. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! En 1987, les corps militaires et para-militaires connaitront une véritable purge qui se soldera par la radiation de plus de 3000 gendarmes, policiers, gardes et militaires noirs. Cette politique de mise à l´écart s´accompagne d´une volonté délibérée d´extermination de la communauté négro-mauritanienne déjà largement sous représentée dans tous les secteurs de l´Etat. Ainsi, après l´assassinat le 6 décembre 1987 des lieutenants BA SEYDI,SY SAÏDOU et SARR AMADOU, le régime totalitaire du colonel Maawiya Ould Sid´Ahmed Taya s´attela à la liquidation physique des prisonniers politiques envoyés à cet effet à la prison mouroire de Oualata, l´écrivain TENE YOUSSOUF GUEYE, L´ADJUDANT-CHEF BA ALASSANE OUMAR, LE LIEUTENANT BA ABDOUL GHOUDOUSS, LE DOYEN DJIGO TAFSIROU y seront froidement assassinés. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! Le pouvoir engagé dans le démentélement de la composante noire s´appuie essentiellement sur les Baathistes et Nassériens qui infiltrent l´appareil d´Etat à tous les niveaux en rivalisant d´ardeur dans la répression des noirs. C´est ainsi que durant toute l´année 1988, les exactions contre les noirs étaient devenues des pratiques quotidiennes. Les élèves, étudiants et civils noirs qui avaient tenté de manifester contre cette situation d´injustice à Nouakchott furent arrêtés, torturés et obligés à payer des lourdes amendes que les officiers de police baathistes fixaient selon leurs humeurs. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte! A Kaédi, Djowol, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Zouératt, c´est la même atmosphère de terreur contre les civils noirs avec arrestation, tortures et amendes à ceux qui disaient non à l´injustice. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! Durant la même année 1988,le gouvernement envoya dans le Sud des brigades militaires exclusivement beydanes, pour exproprier les terres, perquisitionner et désarmer les villageois négro-africains, en état de siége. C´est dans ce contexte de chasse à l´homme généralisée contre les Négro-africains que survient le conflit dit “sénégalo-mauritanien”. En avril 1989, le régime raciste organise des massacres de plusieurs centaines de Négro-mauritaniens et autres ressortissants Ouest-africains, des viols, des vols, des déportations au Sénégal et au Mali de plusieurs dizaines de milliers d´authentiques citoyens noirs, la confiscation de leurs biens, l´arrestation de plusieurs d´entre eux, dont plusieurs souvent froidement abattus. Cette politique délibérée d´extermination des Noirs a fini par instaurer une très grave situation interne qui a fait des Négro-mauritaniens des otages du Système. Le choix par le régime du génocide de la composante noire comme solution aux problèmes mauritaniens, à travers les événements d´Avril 1989, dans leur préparation méthodique, les conséquences horribles montrent à quel point la communauté noire est menacée. La persistance en 1990 du même climat de terreur sur toute l´étendue du territoire marquée par les déportations, des licenciements massifs, la systématisation des exécutions sommaires qui prennent l´allure de véritables massacres atteste la réalité de cette menace. C´est cette même logique de despotisme sanguinaire qui a conduit le régime de Taya à procéder en fin 1990 début 1991 à l´arrestation pour la nième fois de plus de 3.000 Négro-mauritaniens civils et militaires accusés, selon les “prétextes classiques” d´avoir comploté contre l´Etat. En mars 1991, avec la pression nationale et internationale, la dictature raciste recula et procéda à des “remises de peine grâcieuses” qui devaient aboutir à la “libération”des prisonniers politiques Négro-mauritaniens. Le bilan de ces arrestations s´éléve à des centaines de morts tous exécutés extra-judiciarement, des milliers de cas de disparition dans la vallée pendant ces années de braise. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte! Dans la totalité des villes et villages du Sud (de Ndiago à Daffor) il n y a aucune famille négro-africaine qui ne compte en son sein, soit un exilé, soit un déporté, un assassiné ou estropié á vie. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte ! Le 4 septembre 86, l´histoire des années de braise commencait par là et elle continue toujours à faire des ravages. Que beaucoup de larmes, de sang et de salives versés ! Les FLAM d´hier, les FPC d´aujourd´hui , portèrent les premières le flambeau de la résistance et elles continuent à lutter contre vents et marées et à résister aux coups d´assaut du Système, de ses valets et de ses alliés. Une chose est sûre: on a beau critiquer, dénoncer, réformuler, réformer, refonder, on revient au même constat du Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé 1986 et reformuler ses recommandations: le dialogue inter-communautaire pour un Etat juste, égalitaire et non-racial. A cette occasion nos pensées pieuses et militantes vont à nos martyrs tombés sur le champ d´honneur à Oualata, Djreïda, Inal, Azlat, Nbeyka et dans la vallée.

Et la lutte continue!

Le jour où Ghazouani Parlera… par Pr ELY Mustapha

Le jour où Ghazouani Parlera…   par Pr ELY MustaphaPr ELY Mustapha – Parlera… Parlera pas…Toute la Nation est accrochée aux lèvres de Ghazouani. Parlera, parlera pas…. A Nouakchott et ailleurs les paris sont pris et même des prises d’options sur la date de prise de parole.

Mais que pourrait-il dire que toute la Mauritanie ne sait pas ?

Vous dira-t-il que c’est un homme loyal et que c’est une loyauté à toute épreuve ?

Vous le savez.

Vous dira-t-il qu’avec une balle dans le ventre, loin du pouvoir et affaibli, Aziz aurait pu être déchu de ce pouvoir qu’il a accaparé par un coup d’Etat. Et le plus à même de le réaliser à ce moment-là, c’était bien lui. Qu’il avait tous les atouts pour prendre aisément la place de l’absent. Il ne l’a pas fait malgré la longue durée de la convalescence de Aziz.

Il vous dira que s’il l’avait fait, on ne le lui reprochera pas, car il aurait souscrit à la tradition depuis 1978, caractérisant ses compagnons d’armes, arrivés au sommet de l’Etat. Chacun profitant de l’absence d’un Président absent pour s’accaparer de la présidence. Taya, l’a jouée froide à Haidalla, Ely Ould Mohamed Vall (et Cie) à Taya. Autant d’exemples qui prouvent que la loyauté, pourtant l’un des principes fondamentaux des armées, ne fut pas le lot de nos hauts gradés.

Ghazouani vous dira qu’il n’y a pas souscrit et qu’il a donc patiemment, géré les affaires de l’Etat durant l’absence d’Aziz…Et personne ne l’a entendu en parler …jusqu’à son retour.

Vous dira-t-il que son amitié pour Aziz est à toute épreuve ?

Vous le savez.

Il vous dira que la préservation de la relation entre lui et Aziz, ne relève pas d’un simple rapport de militaire à militaire mais d’une amitié qui aurait pris naissance depuis les premières années de formation au Maroc, où les deux hommes se sont retrouvés sur les mêmes bancs. Qu’ils ont partagé une amitié générant une solidarité jusque au sommet du pouvoir.

Et il vous expliquera que l’on ne porte pas de coups à un ami absent qu’il soit au pouvoir, en déplacement ou hors du pouvoir. Chez lui, le pouvoir ne corrompt pas l’amitié.

Cette amitié s’est retrouvée au sommet de l’Etat et s’est certainement consolidée suite à la confiance non déméritée que Aziz a renouvelée à Ghazouani.

Vous dira-t-il qu’il a une révérence spéciale et un respect pour la famille?

Vous le savez.

Il vous dira que c’est le seul candidat aux élections présidentielles au monde qui s’est fait accompagner de sa propre mère lors de sa déclaration de candidature. Et que par là il veut prouver le respect que l’on doit à ses géniteurs, ce qui est une valeur ajoutée réelle aux yeux de tout mauritanien imbu de sa foi et de sa culture.

Vous dira-t-il qu’il connait tout ce qui se passe dans le pays et au-delà ?

Vous le savez.

Il vous dira que durant des années il a géré les services les plus sensibles de l’Etat, les renseignements, la sécurité et la défense. Il vous dira qu’il connait mieux que quiconque les rouages de l’Etat et que toute sa carrière s’y est déroulée. Et qu’en matière de politique intérieure il a gagné bien des galons.

Alors, que voulez-vous qu’il vous dise que vous ne savez pas ?

Qu’il vous dise que la Mauritanie est à la traine des pays en voie de développement ?
Vous le savez.

Qu’il vous dise que son système éducatif est l’un des plus médiocres au monde ?

Vous le savez.

Que les régimes passés, n’ont fait que piller le pays et accru la pauvreté ?

Vous le savez.

Que la croissance économique du pays est une fausse croissance, car bâtie sur le revenu de ressources naturelles qui tarissent. Et que le Revenu national est une rente nationale, qui n’est bâtie sur aucune ajoutée pérenne d’unités économiques (commerciales ou industrielles) ou technologiques mauritaniennes ?

Vous le savez.

Qu’il vous dise que la santé en Mauritanie est une catastrophe et que les hôpitaux sont des mouroirs ?

Vous le savez.

Que les pharmacies sont des boutiques de la mort, étalage de médicaments dangereux ?

Vous le savez.

Qu’il vous dise même que vous êtes incapables d’assurer la propreté de vos villes et que les militaires s’en chargent ?

Vous le savez.

Sinon, pourquoi voudriez-vous qu’il parle ?

Pour vous dire ce que vous savez et dans lequel vous êtes vous-mêmes les premiers responsables de ce qui vous arrive et ce qui arrive à votre pays.

Est-ce lui qui vous a poussé à l’élire ?

Est-ce lui qui vous a poussé à élire ceux qui l’ont précédé et que vous vous évertuez aujourd’hui à demander l’audit de leur gestion longtemps qu’ils soient partis ?

Que voulez-vous qu’il vous dise ?

Alors n’est-il pas plus préférable qu’il garde le silence. Il se pourrait que ce soit « un silence qui vaut acceptation » comme le prônent les juristes ou « le calme qui précède la tempête » comme le prônent les météorologues.

Si la parole est, dit-on, d’argent et que le silence est d’or, laissons Ghazouani s’enrichir de son silence et faire de ses porte-paroles des argentiers. Personne n’y perdra son âme.

Alors le jour où il parlera, il aura bien mûri sa politique et posé les jalons de son autorité, alors ce ne sera certainement pas pour ne rien dire.

Ce que nous aimerions qu’il nous dise

Qu’il nous dise :

– Que l’injustice n’est plus permise en Mauritanie et donnera un exemple dans le jugement et la sanction de ceux qui ont spolié le pays et les gens.

– Que l’enrichissement illicite est un crime sanctionné et que ceux qui s’y sont adonné, restitue les biens mal acquis.

– Que l’éducation, l’enseignement, la santé, l’emploi sont la priorité des priorités et que l’Etat met tout en œuvre pour que ces secteurs soient les plus performants.

– Que l’Etat ne tolèrera plus la pauvreté et mettra en place un véritable programme doublé de moyen humains et financiers pour l’éradiquer.

– Que la réforme la Justice et la sécurité est une réalité et que l’extraction de son sein des éléments qui spolient le droit des personnes et portent atteinte à leur intégrité physique et morale est réalisée.

– Qu’il édicte des règlements d’autorité pénalisant et réprimant tous les actes portant atteinte à la salubrité de l’environnement urbain, que ces actes soient individuels et collectifs.

– Qu’un audit approfondit de la gestion des entreprises publiques est réalisé et que l’assainissement de leur gestion est appliqué.

– Que le népotisme, le favoritisme et la corruption ne sont plus de mise dans la fonction publique, les marchés publics et les recrutements aux emplois publics.

– Que les faux diplômes et falsification des documents officiels seront pénalement réprimés et une commission d’enquête sur les faux diplômes dans la fonction publique est instituée.

Voilà ce que nous voulons qu’il dise.

Car si cela n’est pas fait, sur le pays, actuellement, il n’y a rien à dire. Sinon garder le silence. Et sur ce plan Ghazouani, en gardant le silence, est bien le Président qui lui sied. Il gardera le silence jusqu’à ce que réalisant son programme pour le pays…il parlera.

Et ce jour-là, on saura.

On saura s’il a apporté les solutions à ce que « vous savez », ou si ce que « vous savez » restera un regrettable savoir.

Pr ELY Mustapha.


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