Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: September 2019

Que veut la diaspora mauritanienne: mais, ou, et, donc, or, ni, car? / Pr ELY Mustapha

Que veut la diaspora mauritanienne: mais, ou, et, donc, or, ni, car? / Pr ELY Mustapha

Pr ELY Mustapha – A la question « que veut la Diaspora mauritanienne ? », la réponse est : « un Etat ».

La diaspora n’a bénéficié, depuis des dizaines d’années, que de discours sans lendemain de gouvernements successifs. Et voici (Ô félicité), que l’on adjoint à la dénomination d’un ministère celle de « ET des mauritaniens à l’Etranger ». Notons bien ce « et », conjonction de coordination, par excellence …ministérielle.

Que signifie ce « et » dans l’esprit de nos gouvernants ?

Exprime-t-il une relation comme dans « Ghazouani et Aziz sont des copains », une simultanéité comme dans « Aziz pilla et s’en alla », une caractéristique comme dans « l’Etat est démocratique et corrompu » ou une simple induction « le peuple l’élit et en pleura » …ou mieux encore un grand « mais », comme dans « le peuple a faim et ne meurt pas ».

Que signifie ce « ET » dans « Ministère des affaires étrangères, de la coopération ET des mauritaniens à l’étranger » ?

En fait il signifie tout cela. La simple relation éphémère, la simultanéité des gouvernements qui passent sans rien apporter à la diaspora, une manipulation caractéristique à des fins politiciennes, une induction des promesses non tenues et un grand « mais » qui exprime une conséquence de la nonchalance des gouvernements. En somme une concaténation de l’espoir.

Depuis des dizaines d’années, que l’Etat mauritanien ignore la diaspora mauritanienne et voilà qu’on l’adjoint…aux affaires étrangères.

Mais que veut-on de la Diaspora ? 

Le discours hésitant et erratique du ministre des affaires étrangères, de la coopération « et » des mauritaniens à l’étranger », n’a fait que renforcer l’idée qu’il n’a ni plan, ni stratégie, ni même un « think tank » aussi réduit soit-il pour y réfléchir en y associant la diaspora. Sinon une promesse d’un congrès un certain été… 2020 ! 

Une infantilisation de la diaspora mauritanienne pour laquelle on décide. On décide pour elle en désignant quelle administration s’en chargera, quel député la représentera, quel interlocuteur officiel elle aura et dans quelles échéances on la recevra !

Qu’on se le dise : La diaspora en a ras-le-bol de ces manipulations politique qui fonctionnent en conjonctions de coordination et en phraséologie erratique.

Ce dont a besoin la diaspora, ici et maintenant, le voici :

– Que l’Etat mauritanien se déplace vers la diaspora, à travers ses structures consulaires et diplomatiques à l’étranger ou par missions dédiées. Je dis bien se « déplace » car ces missions diplomatiques et consulaires de Mauritanie à l’étranger ne sont pas …à l’étranger. Elles sont en villégiature, et dans les duty-free et ne servent qu’à accueillir les responsables et autres délégations officielles mauritaniennes de passage. La diaspora ne les connait pas et si elle devait les rencontrer, c’est uniquement à travers les « fins de non-recevoir », les sittings et les meetings pour réclamer les bourses des étudiants ou encore des revendication d’une diaspora sans papiers, exclue et avilie à l’étranger par son propre pays.

– Que l’Etat cesse, à travers ses représentants, le débit de ce galimatias de ministres à propos de la diaspora qui ne lui permet que de gagner du temps et d’utiliser la bonne foi des pauvres gens, stationnés dans des pays étrangers-souvent exclus – pour asseoir une politique dont on sait par expérience, depuis une trentaine d’années, qu’elle est stérile.

– Que l’Etat ne renvoie pas aux calendes grecques les rendez-vous avec la diaspora, mais qu’il propose, ici et maintenant, un plan stratégique doublé d’un plan d’action fonctionnel pour la diaspora en lui affectant les ressources humaines, les moyens financiers et matériels adéquats. Sans cela, tout discours est sans objet.

Mais l’Etat sait-il vraiment ce que veut la Diaspora ?

Certainement pas, au sens où la diaspora l’entend. Car ceux qui vivent assis sur leurs maroquins, ne peuvent comprendre ceux qui vivent, sur le terrain, l’amère quotidien d’une diaspora.

Ce que veut la diaspora, ce n’est pas qu’on la nourrisse ou qu’on la blanchisse. Une frange importante de la diaspora occupe des fonctions et des emplois hautement placés dans les institutions internationales, ou publiques et privées de pays étrangers.

Il faut qu’on se le dise, la Diaspora ne vient pas demander un quelconque privilège, ni attendre que des conseils ministériels gèrent au compte-goutte son destin dans son propre pays, mais elle exige que l’Etat prenne ses responsabilités à son égard et cesse les manœuvres politico-dilatoires qui dominent la décision politique depuis des années.

Ce que veut la diaspora tient en quelques lignes :

– Que les mauritaniens à l’étranger bénéficient de l’appui de l’Etat pour responsabiliser ses postes diplomatiques et consulaires à l’égard de la diaspora mauritanienne pour que celle-ci puisse obtenir les services qu’elle demande en lieu et temps ; services que ces administrations délayent, sinon refusent par abus de pouvoir. 

– Que les services consulaires puissent se déplacer vers les lieux de la diaspora de façon périodique de façon à lui apporter leurs services comme le font les services consulaires qui se respectent. Cette « tournée consulaire », tradition dans les pays démocratiques est ignorée et beaucoup de mauritaniens à l’étranger souffrent de l’éloignement et de l’isolement administratif et consulaire, avec tous les tracas que peuvent leur causer les autorités locales et face auxquels ils ne reçoivent aucun appui de leur Etat.

– Que l’on revoit, depuis l’établissement de cette machine du recensement des populations en Mauritanie, la situation des mauritaniens à l’étranger exclus de leur nationalité et de tout document administratif, les jetant dans le dénuement et la clandestinité.

– Que l’Etat mauritanien soit à travers ses postes diplomatiques et consulaires l’étranger, un véritable interlocuteur du pays hôte en défendant les droits de ces ressortissants sur son sol.

En effet, ces postes diplomatiques et consulaires considèrent cette activité de défense de nos concitoyens comme une corvée et interviennent difficilement, sinon jamais. Combien de nationaux mauritaniens croupissent en prison ou font l’objet de maltraitance ou de confiscation de leurs droits au su et au vu de nos missions diplomatiques qui se retiennent d’intervenir. Les exemples sont nombreux et confirment encore une fois que la diaspora n’a pas besoin de diplomates ou de consuls en villégiature.

– Que l’ont créé dans ces ambassades de véritables structures d’accueil de la diaspora, proposant sur la base d’une stratégie élaborée, les voies et les moyens de mise à contribution de la diaspora au développement du pays (plan bancaire/plan d’investissement/plan logement/plan scolarisation/plan création entreprises/accompagnement au pays/rencontres officiels et évènementiels /propositions d’expertise et d’assistance/informations à la carte etc.)

Que l’on cesse donc de discourir sur la Diaspora. Il faut aller à sa rencontre. Résoudre ses difficultés sur le terrain étranger est un préalable pour l’attirer sur le terrain national, condition à l’établissement de la confiance.

La « Direction des Mauritaniens de l’étranger et des affaires consulaires » au sein du Ministère des affaires étrangères, de la coopération et des mauritaniens à l’étranger, s’est vu attribuer toute une mission (de protection, d’assistance des mauritaniens, de suivi des compétences, etc.), mais la solution du problème de la diaspora ne réside pas dans la multiplication des structures administratives et de leur compétence, mais elle réside dans la réponse au constat suivant :

La Diaspora ne sera au rendez-vous de l’Etat, que si l’Etat va, d’abord, au rendez-vous de la Diaspora. 

Ce rendez-vous qu’elle lui a fixé depuis des dizaines d’années sur le terrain de ses droits bafoués à l’étranger et de la négligence des régimes successifs à son égard.

Rendez-vous que l’Etat a toujours manqué. ET ce n’est pas par discursivités conjonctives successives à partir de Nouakchott, que l’on intéressera la Diaspora du bout du monde.

Mais si l’espoir n’est qu’un, il reste encore bien des conjonctions de coordination à l’usage d’un Régime nait, hélas, de conjonctions… de subordination Mais, ou, et, donc, or, ni, car ?

Pr ELY Mustapha


États Unis : manifestation des Mauritaniens à New York

États Unis : manifestation des Mauritaniens à New YorkDes Mauritaniens vivants aux États-Unis ont manifesté aujourd’hui devant le siège des Nations Unies.

Ce rassemblement, des Mauritaniens venus de plusieurs localités des États-Unis, a pour but de dénoncer le régime Mauritanien dirigé par Mohamed ould Ghazouani. Depuis son accession au pouvoir en Août dernier avec une fraude massive, les mauritaniens se disent frustrés par la situation du pays.

Les manifestants ont exprimé le souhait d’une Mauritanie unie, en réclamant la justice et l’égalité de tous les citoyens. Ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on peut lire “Black Live matter”, appliquer strictement les lois antiesclavagistes “stop harboring criminal”.

Les manifestants réclament au président Ghazouani de :

Fournir une réponse urgente et effective aux tueries extrajudiciaires commises durant les années 1990-1991

Faire du retour des déportés Mauritaniens au Sénégal et au Mali dans leur pays une priorité urgente

Appliquer strictement les lois anti-esclavagistes

Assurer que tous les Mauritaniens soient recensés et qu’aucune personne ne doit être privée de la nationalité

Mettre fin à l’injustice sociale et économique en combattant la corruption et le mauvais usage des ressources naturelles

Permettre la double nationalité et aussi garantir le droit au vote des mauritaniens à l’étranger

Prendre les dispositions nécessaires pour lutter contre l’expropriation des terres dans le sud de la Mauritanie.

Pour assurer l’unité nationale de la Mauritanie, le président ne doit pas ignorer ces doléances, a dit Abou Tandia dans un communiqué dont la publication a précédé la manifestation.

D’autres personnalités de la diaspora Mauritanienne ont pris la parole. Hormis Abou Tandia on peut citer, Houleye Thiam présidente de Mauritanian Network, la veuve Aissata Niang présidente Mauritanie Minjejita, Oumar Kébé, Cheikhna Diakité, Monsieur Sy et l’ancien militaire Mansour Kane qui a été arrêté et torturé dans les années 90.

Le président Mohamed ould Ghazouani est à New York pour assister à la 74ème session de l’assemblée générale des Nations Unis qui prendra fin le 30 Septembre.

 

senalioune

Mauritanie : les propos d’un conseiller saoudien sur l’arabité de quelques pays de la Ligue arabe fâchent

Mauritanie : les propos d’un conseiller saoudien sur l’arabité de quelques pays de la Ligue arabe fâchentLe360 Afrique – Un conseiller saoudien aurait demandé l’expulsion de la Mauritanie et de quelques pays africains de la Ligue arabe, au motif que ces Etats ne peuvent assimilés à des « pays arabes ».

Des propos qui suscitent un certain malaise auprès des pourfendeurs d’une « arabité » exclusive du pays et des autorités. Les récents propos sur « l’arabité » de la Mauritanie et d’autres pays, attribués à un conseiller saoudien, défraient en ce moment même la chronique et animent les débats à Nouakchott.

Selon une déclaration rapportée par la presse, largement commentée sur les réseaux sociaux, un conseiller saoudien dont l’identité exacte n’a pas été révélée, et qui est détaché auprès de la Ligue Arabe, organisation panarabe dont le siège se trouve au Caire, exige « l’expulsion de la Ligue des Etats Arabes (LEA) de certains pays non-arabes, tels que la Mauritanie, le Soudan, Djibouti et la Somalie, qui ne sont pas assimilables aux pays arabes, tant du point de vue de la composition de la population, de la géographie que de l’histoire.

Les échecs de la ligue arabe sont imputables au fait que cette organisation est devenue un sanctuaire protecteur de pays qui n’ont aucune histoire. L’arabité est une passion, une harmonie, une histoire et une langue. Des critères qui ne sont pas applicables à la Mauritanie, à titre d’exemple », a ainsi asséné ce conseiller saoudien.

Ces propos ont été accueillis avec un silence et une réelle gêne dans les milieux panarabes de Nouakchott, alors que les détracteurs d’une Mauritanie exclusivement arabe ont trouvé là un exutoire pour effacer cette idée.

La Mauritanie et l’Arabie Saoudite entretiennent, par ailleurs, d’excellentes relations et sont liées par de multiples accords de coopération.

Si aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée à l’heure actuelle, cependant, l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), organe du gouvernement, a relayé mardi dernier, en soirée, une déclaration de l’ambassadeur du royaume d’Arabie Saoudite accrédité à Nouakchott, Huzaa Ben Zeben, qui a tenu à souligner « l’estime réciproque entre les peuples mauritanien et saoudien ».

Le diplomate saoudien, qui s’exprimait à l’occasion d’une cérémonie marquant la célébration du 89e anniversaire de la réunification du royaume, a également affirmé que « les relations entre les deux pays frères ont connu un développement considérable, débouchant sur la signature de plusieurs accords, des échanges de visites d’hommes d’affaires et le voyage, en Mauritanie, de l’émir Mohamed Ben Salman Ben Abdel Aziz », dit MBS.

Rapporté à son contexte, les déclarations de ce diplomate apparaissent comme une réponse indirecte à une « bourde diplomatique » commise par ce conseiller saoudien.

Toutefois, au-delà de ces propos et des commentaires qu’ils ont pu susciter en Mauritanie, de nombreux observateurs à Nouakchott s’interrogent sur les réelles questions de l’heure, à savoir les défis et les enjeux auxquels doit faire face la Mauritanie en 2019: éducation de qualité, traitement consensuel de la question sociale afin de créer les conditions d’une véritable cohésion nationale, approfondissement de la démocratie, amélioration de la gouvernance.

Sans oublier une gestion rationnelle des nouvelles ressources gazières, et la sécurité du territoire face à la menace terroriste.

Par notre Correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya

http://afrique.le360.ma/mauritanie/societe/2019/09/26/27996-mauritanie-les-propos-dun-conseiller-saoudien-sur-larabite-de-quelques-pays-de-la-ligue-arabe

Dialogue politique : La « légitimité » en mire de mire ?

Dialogue politique : La « légitimité » en mire de mire ?En exprimant sa volonté d’engager de larges concertations avec tous les acteurs de l’opposition, le président Ghazwani serait-il à la recherche de plus de légitimité pour gouverner le pays ? La question est sur beaucoup de lèvres en Mauritanie. Pourtant il est élu, selon les chiffres officiels, avec plus de 52% des voix.

Il est vrai qu’en Afrique, un tel score au premier tour fait sourire (jaune), pour ne pas dire douter, les concurrents et adversaires qui y suspectent une espèce de « forcing », quantitativement certes moindre que les 99, 999% soviétiques mais tout aussi écrasants.

Au soir donc du 22 Juin, Ghazwani était élu président de la République islamique de Mauritanie ; président de « tous » les Mauritaniens, précisait-il, quarante jours plus tard, lors de la prestation serment. Un engagement dont l’exercice passe, effectivement, par des concertations et dialogues avec tous ceux qui partagent, avec lui, le souci de mener à bon port notre pays.

Les défis sont énormes, les deux camps en sont conscients et fort louable, de la part du président, d’exprimer sa volonté de discuter, avec tous, des questions nationales majeures.

Contacts en conséquence enclenchés, avec l’opposition surtout ; glace brisée, premiers pas franchis vers la décrispation : une ouverture saluée par le président de l’UFP, le docteur Mohamed ould Maouloud, à sa sortie d’audience avec le nouveau président.

Les rapports entre l’opposition et le pouvoir ne doivent pas être systématiquement marqués du sceau de la méfiance, voire de la tension permanente, comme nous l’avons vécu durant les dix dernières années où les rapports entre Ould Abdel Aziz et l’opposition qualifiée de radicale, étaient plus qu’exécrables. Le premier traitait avec mépris ses opposants et, même, ses collaborateurs et soutiens.

Un tout autre tempérament que son successeur, croient savoir ceux qui ont approché ou connu Ould Ghazwani qui en sait, lui, certainement beaucoup plus : en quarante années d’amitié, il doit avoir certainement avoir ouï quelques rages de son alter ego et tiré toutes les leçons. Quoiqu’il en soit, il semble avoir fait bonne impression sur ses visiteurs. Mais ne dit-on pas qu’elles sont souvent trompeuses ?

Echanges à fructifier

La présidentielle du 22 Juin aura été marquée, comme presque toutes celles qui l’ont précédée, par des contestations, accusations de fraudes, répression contre les militants et sympathisants des candidats de l’opposition… Elle a révélé de vraies fractures au sein du peuple mauritanien : celle ouverte sous Ould Taya, entre les Maures et les Négro-africains, accentuée sous Abdel Aziz.

Puis entre les Beïdanes et les Haratines, avec la récurrente question de l’esclavage et de ses séquelles. Deux blessures jointes par une même dimension raciale, réunissant les communautés noires à dénoncer leur exclusion et leur marginalisation par un « système » suprémaciste arabe qui gouverne le pays depuis bien longtemps, en particulier avec le règne des treillis et vareuses.

A ce jour, aucune tentative sérieuse de le démonter, à tout le moins adoucir, n’a été entreprise par les différents pouvoirs. Sinon de simples discours et velléités. Et l’on a même senti la prudence du candidat Ghazwani, lorsque les cadres négro-africains de la majorité sont venus lui remettre une plateforme portant les revendications de leur communauté.

« Le nouveau président semble maîtriser la problématique haratine », observe un leader politique de l’opposition qui l’a rencontré, « mais il présente un sérieux déficit sur la question négro-africaine ».

Méfiance, voire répulsion, à l’instar de trop nombreux officiers des forces armées et de sécurité suspectés d’avoir trempé ou couvert les exactions commises dans les casernes, entre 89 et 91 ? Autre question qui fâche : le pouvoir, la transcription et l’introduction des langues nationales –pulaar, soninké et wolof – dans le système éducatif mauritanien.

Le président de l’UFP a résumé, au micro de RFI, les questions qui méritent débat. Il ajoute, à cette fondamentale question de l’unité nationale, l’ancrage de la démocratie, la justice, la bonne gouvernance, le partage équitable des dividendes des ressources du pays entre l’ensemble de ses citoyens, etc.

Le président de la République acceptera-t-il de secouer le palmier ? Ira-t-il jusqu’à élaborer, en commun accord avec l’opposition et toutes les bonnes volontés, un format d’actions et des thèmes consensuels ? Ou se suffira-t-il d’un show, avec le quitus des partenaires au développement comme la France, les USA, l’Espagne et l’Allemagne ? A priori, non, préfère avancer l’opposition.

Mais elle attend de voir. Et Dieu sait combien nombreux sont les mauritaniens en cette position attentiste ! Cela dit, chacun de reconnaître, pour l’instant, qu’Ould Ghazwani est en passe de réussir un premier pari : décrisper la tension entre son gouvernement et son opposition.

De quoi donc se tailler un costume de président de consensus. Saura-t-il le porter ? Le faire sien jusqu’à quasiment seconde peau ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite, à l’orée de son premier mandat.

DL

le calame

 Moi aussi j’étais á Oualata(11) : Mes distinctions (suite et fin)/Par Oumar Ould Beibacar

Moi aussi j’étais á Oualata(11) : Mes distinctions (suite et fin)/Par Oumar Ould Beibacar

Le Calame – C’est en les termes suivants que le titre de commandeur m’a été discerné par mon frère et ami Mohamed Vall ould Oumeir directeur du journal La Tribune, le 6 Août 2015, en réponse à l’hommage de ma nièce Imane mint Ismail ould Babah, cité précédemment : « En d’autres temps et lieux – les temps se confondent avec les lieux sous nos latitudes – j’aurai pensé à vous faire des remontrances pour avoir célébré publiquement votre oncle Oumar ould Beibacar. 

J’aurai été vieux jeu et profondément injuste envers vous. Parce que je comprends ce désarroi qui vous amène à défier les règles d’une pudeur sociale qui nous impose de ne pas nous mettre en valeur par nous-mêmes. 

Notre société, par son refus de reconnaître les mérites des uns, nous pousse à dire nous-mêmes ce que les autres auraient dû dire de nous et des nôtres. Votre libre-expression est d’abord un cri de détresse, une sorte d’objection de conscience à vos ainés qui n’ont pas apprécié la valeur du colonel Oumar Ould Beibacar… 

C’est par vous que j’apprends la retraite – du reste méritée – de cet officier qui doit effectivement inspirer la fierté, non seulement de sa famille restreinte, ni de sa tribu, ni seulement de sa communauté, mais de toute la Mauritanie et de tous les Mauritaniens. 

Ne serait-ce que pour son comportement exemplaire de courage et d’humanité quand, jeune officier, il a imposé, aux autorités qui l’avaient nommé, de sauver ceux qui survivaient au bagne de Walata… c’est toute une histoire qui mérite d’être longuement évoquée… mais revenons à Oumar…

C’est seulement à Aïoun, au Hodh, que je découvre cet officier de la Garde nationale que j’aurai pu connaître bien avant mais que je n’avais jamais rencontré (je ne sais pas par quel miracle malheureux). Je l’ai approché, puis mieux connu à la fin des années 90, toujours dans cette belle ville d’Aïoun, centre de convergence respirant bonté et pureté. Trois choses à dire pour avoir une idée de Oumar… une idée… seulement une idée.

D’abord Oumar l’Homme. Pour reprendre les termes d’un philosophe français, Oumar allie «la force d’exister » et «l’art de produire la douceur». Franc-parler abrupt, spontanéité généreuse, disponibilité permanente, jovialité contagieuse, sens de l’honneur aigu, rigueur douce… tout ce qui fait laghdhaf dans notre culture, un concept qui englobe les facultés à être ce qu’on doit sans pomper l’air aux autres, sans les écraser de sa présence et de son ego, en plus de quelques dimensions de baraka : celui qu’on qualifie ainsi doit irradier le bonheur de vivre tout autour de lui. 

Sa compagnie est donc recherchée, parce qu’elle procure d’immenses instants de plénitude. 

Ensuite Oumar le Juste. Le 29 Août 1987, le jeune lieutenant Oumar ould Beibacar débarque à Néma comme nouveau commandant du Groupement de la Garde. L’intérimaire lui rend compte de « la perte d’un des prisonniers de Walata ».

Soupçonnant les mauvaises conditions, il décide immédiatement de se rendre sur les lieux. Il doit faire vite avant l’arrivée du nouveau gouverneur de région récemment nommé. Le même jour, il entre dans le bagne et voit l’ampleur du désastre : les prisonniers sont mourants à cause de la famine et des maladies. 

L’un d’eux, le poète Ten Youssouf Guèye, se bat courageusement contre une maladie qui le rongeait inexorablement et qui devait l’emporter quelques jours après. Le lieutenant prend les mesures nécessaires pour changer les conditions effroyables des prisonniers et alerte immédiatement les autorités.

Il arrive à faire parvenir un chiffré par l’intermédiaire du gouverneur adjoint, un ressortissant de la Vallée qui a beaucoup hésité de peur d’être accusé d’accointance avec les prisonniers. Les autorités supérieures réagissent promptement sans pouvoir éviter le pire : la mort d’une partie des prisonniers et la détérioration de l’état des survivants.

De mauvais officiers, de mauvais administrateurs sont passés par là. Oumar a sauvé ceux qui pouvaient l’être. Non sans conséquences pour lui et sa carrière. Le sens de la justice, du droit, de l’équité, de l’humanisme l’a emporté chez l’homme.

Enfin Oumar le militant. Une cause qu’il défend encore : la mémoire de nos fils tombés au champ d’honneur, en défendant le pays durant la guerre du Sahara. Il a interpellé tous les anciens chefs d’état-major dont certains furent aussi des chefs d’État pour chiffrer le nombre de morts mauritaniens durant la guerre du Sahara (1975-1978).

En vain. La dernière fois qu’il m’en a parlé, il estimait que les morts de l’Armée se situaient entre 2000 et 2500, ceux de la Gendarmerie entre 250 et 300 et ceux de la Garde nationale entre 150 et 200. 

Il a récemment cherché à les faire élever au titre de Martyrs du pays, il a suggéré que l’Office des anciens combattants, dont les membres actuels vivent un tranquille crépuscule, revienne aux survivants de la première guerre menée au nom de la Mauritanie et pour la défense de son intégrité (la deuxième est celle menée contre les groupes terroristes) …

Mais qui prête attention aujourd’hui aux morts, aux blessés, aux survivants de la guerre du Sahara ?Je peux partager ici quelques intenses moments de débats passionnés où l’officier commandant le Groupement nomade fustigeait publiquement les pratiques du puissant PRDS (Parti républicain démocratique et social) au pouvoir de 1991 à 2005. 

Où il défendait, avec passion, les causes justes, la veuve et l’orphelin… aux temps où cela coûtait d’adopter de justes positions…Encore du courage. Encore le sens de l’équité. Encore le franc-parler. Encore la dignité… Encore Oumar ould Beibacar… » 

Grand cordon bis

Une seconde distinction de grand cordon vient de m’être attribuée, la semaine dernière, par mon frère et ami Alassane Boye Harouna, volant à mon secours,alors que mes détracteurs s’employaient à ternir mon image, par ingratitude et racisme, certains contestant même l’authenticité d’un hommage qu’il m’avait rendu en 2015 et objet de ma distinction d’officier de l’Ordre du mérite national. Je le cite : « L’hommage (ci-dessus) au colonel Oumar ouldBeibacar date de 2015.

Quatre ans après sa publication, nous n’y changeons aucune voyelle, aucune consonne, aucun mot, aucune ponctuation. Nous le maintenons tel quel. Ce faisant, nous ne perdons pas de vue, loin s’en faut, les tout récents soubresauts, enfumages et les quelques sursauts d’« orgueil » de certains.

Qui sont-ils ?Toujours les mêmes détracteurs d’Oumar ould Beibacar, auxquels sont venus s’ajouter quelques autres braillards dont les « convictions » et positions varient au gré des changements de direction des vents de sable.

En cet ensemble dont les membres n’ont rien de substantiel en commun, si ce n’est leur haine viscérale à l’égard d’Oumar ould Beibacar, il faut aussi inclure ses détracteurs « passifs », hier installés à l’arrière-plan.

Leur mission consistait à pimenter la campagne de dénigrement contre Oumar, en excitant, sans jamais apparaître sur scène, leurs compères contempteurs en première ligne du front anti-Oumar. Aujourd’hui, ils apparaissent au premier plan, joignant leurs voix qui se veulent tonitruantes à celles de ceux qui avaient et ont pour besogne d’éclabousser Oumar. Pourquoi une frénésie aussi soudaine de leur part ?

Parce que Oumar Ould Beibacar a repris la parole, pour donner sa version des faits sur Oualata, en tant qu’acteur direct et indirect ; et pour rendre la pareille à ceux qui avaient tenté de le traîner dans la boue.Cela n’a visiblement pas plu : Oumar parle trop, selon certains de ses contempteurs ; il est saisi de remords, renchérissent d’autres.

Voilà une étrange perception des choses, bornée et pathétique.Se livrer à des avanies, salir allègrement quelqu’un, l’accuser de crimes graves sans preuves tangibles et vérifiables, et ne pas s’attendre au ressac relève d’une naïveté ridicule.

Oumar parle trop, disent-ils. Mais lui, au moins et contrairement à ses détracteurs, parle pour dire des choses. Des choses attestées par beaucoup de monde. Des choses vérifiables. Et il parle à visage découvert, sans cagoule, sans recours à l’anonymat, tout le contraire de certains de ceux qui cherchent vainement à le crucifier.

Et quand Oumar avoue quelque écart de conduite ou maladresse, en des cas bien précis et circonscrits dans un temps limité, et qu’il présente ses excuses à qui de droit, cela est perçu, par nos vaillants babillards dont la bouche est pleine d’anathèmes, comme un remords. Il ne faut pas se méprendre sur le sens du propos de Oumar.

C’est plutôt l’expression d’un courage moral, d’une honnêteté intellectuelle dont devraient s’inspirer tous ses détracteurs. Reconnaître publiquement ses erreurs, ses fautes, n’est pas à la portée de n’importe qui…

Au fond, le cas que symbolise Oumar ould Beibacar pose un problème éthique et une question éminemment politique, je l’ai déjà souligné ailleurs, il y a quelques années.La question éthique renvoie à notre rapport à la vérité des faits historiques, à notre aptitude à en rendre compte le plus objectivement possible, via une approche proprement empirique.

La question éminemment politique porte sur notre capacité à reconnaître ce qu’il y a de fondamental, de primordial chez quelqu’un et qui fait de lui un allié, un partenaire, un compagnon de lutte qu’il faut traiter comme tel.

Autrement dit, et au-delà du cas spécifique que représente le colonel Oumar ould Beibacar, la question qui se pose et qui doit interpeller tout militant, tout homme politique conséquent est d’ordre général et principiel : c’est la capacité que nous avons ou non de faire montre de sens tactique en toutes circonstances ; c’est la perspicacité dont nous devons faire preuve pour identifier, sans interférence de considérations partisanes, les amis, les alliés, les partenaires.

En vérité, il n’y a pas de lutte, encore moins celle dont on nous dit sans cesse qu’elle « continue » (jusqu’où et comment ?), encore moins de victoire, sans ce sens politique qui doit se traduire par une intelligence pratique à construire de vastes rassemblements de toutes les forces démocratiques et progressistes, collectives ou individuelles.

Mais il se comprend que ces considérations d’ordre éthique et politique soient la dernière des préoccupations de nos intrépides détracteurs, dont les motivations réelles sont bien connues de tout observateur vigilant de notre grouillante scène politique avec ses multiples ramifications ténébreuses. 

Cependant, il est temps pour eux de comprendre que la matière évoquée doit être traitée avec une approche empirique et non pas avec du verbiage ou des vitupérations. Ici, messieurs les détracteurs, il vous faut moins d’affirmations, plus de démonstrations. Encore plus d’efforts, messieurs ! même si je suis convaincu que vous en êtes incapables.. »

Voilà donc comment j’ai obtenu toutes les cinq distinctions de l’Ordre du mérite national : chevalier, officier, grand officier, commandeur et grand cordon et j’ai même été distingué deux fois du titre de grand cordon, ce qui est exceptionnel. 

Ceci grâce á la libre réaction de personnes crédibles et honnêtes qui ont voulu, coûte que coûte, encourager ma modeste personne á persévérer dans ma lutte pour la justice pour tous et le respect de la loi, pour que triomphe la vérité, dans l’intérêt de tous.

Je les en remercie infiniment et particulièrement mon frère et ami Alassane Boye Harouna, qui m’a offert trois distinctions sur six, par qui tout a commencé et qui continue courageusement á me défendre publiquement. Puisse le Tout-Puissant lui donner longue vie, ainsi qu’à tous ses proches ! 

Le calame