Monthly Archives: May 2019
Lueurs dans un océan de ténèbres./ par Abou Hamidou Sy
Il est des tragédies difficiles à commémorer, l’on préfère les enfouir au plus profond de la mémoire. Prétendre qu’ils n’ont jamais existé de peur de réveiller la douleur, de revivre le cauchemar ou tout simplement pour ne pas avoir à expliquer l’horreur à la nouvelle génération.
Ce n’est que plusieurs décennies après l’holocauste, par exemple que les survivants commencèrent à expliquer, plutôt à raconter à leurs enfants et petits enfants ce qui s’est passé dans les camps de concentration. Certains même emportèrent avec eux au tombeau l’horrible secret.
Ce qui est communément appelé chez nous “les événements de 89” est une parfaite illustration de genre de tragédie.
Certes, la barbarie n’avait pas atteint l’amplitude de la “Shoa”, mais l’intention était la même: l’extermination de toute une communauté, en l’occurrence la communauté negro-mauritanienne. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un génocide dans sa définition la plus élémentaire: « crime qui consiste en une élimination physique intentionnelle, totale ou partielle d’un groupe national, ethnique ou religieux ». Dans le cas qui nous concerne, on peut affiner cette définition en y incluant les génocides culturel et biométrique toujours en cours en Mauritanie. Bien sûre il se trouve toujours dans nôtre pays des esprits malhonnêtes qui versent dans le révisionnisme en essayant d’occulter la nature génocidaire de cette tragédie en la mettant entièrement sur le dos du régime sanguinaire d’Ould. Taya. Qu’ils se rassurent cependant pour le moment, le but de mon propos d’aujourd’hui n’est pas de trouver un sens à ce drame inqualifiable ou d’en indexer les auteurs, qui, de tous les façons n’échappent à personne.
En ce jour, 5 Mai, trente ans après ma déportation j’aimerai d’abord saisir cette occasion pour renouveler mes condoléances et ma compassion à toutes les victimes et leurs familles , surtout ceux qui sont morts en exile sans jamais revoir leur pays tant chéri.
Je voudrai ensuite revenir sur ces petites histoires, oh combien grandes, perdues dans le vacarme du drame qui se dessinait. Des histoires de dignité, de courage, de bravoure, de bienveillance et de résilience.
La dignité de ces chefs de familles acheminés tôt le matin au groupement avec leurs progénitures tirées de leurs sommeils Manu militari. Tous des agents ou cadres de la SONELEC ou de la CNSS.
Aucune protestation, aucun signe de faiblesse, devant les enfants. Chacun restait stoïque peut être pour gâcher le plaisir des agents déporteurs qui se délectaient des lamentations de leurs victimes.
Le courage de ce commissaire maure Abdoul Al Ghafir ( emprunt), un ami d’enfance à mon grand frère trouvé au commissariat de l’aéroport qui s’opposa avec véhémence à notre déportation. Il entra dans une vive altercation avec ses collègues:
« Ces gens sont plus mauritaniens que vous. C’est ma famille, ça fait vingt ans qu’on vit ensemble. Déportez-moi avec eux », disait il en plaidant nôtre cause.
Il se tint debout barrant de son corps la petite porte qui menait au tarmac.
Finalement, un officier en civil intervint pour proposer un compromis:
« Abdel Al Gafur; ils ne peuvent pas tous être tes amis. Dis-nous exactement celui qui a grandi avec toi ».
Celui-ci, dépité pointa le doigt vers mon frère qui fut séparé de la famille et sauvé de la déportation.
La bravoure du pilote algérien, un capitaine qui refusa de nous embarquer après que quelqu’un du groupe lui signifia que nous étions des mauritaniens.
« J’ai reçu les ordres de rapatrier les sénégalais vers leurs pays. Je ne prendrai aucun mauritanien dans mon avion », lançât-il aux officiers maures devenus de plus en plus agités devant notre déportation qui prenait du retard, alors qu’elle devait se faire en catimini.
Devant l’intransigeance de l’algérien, notre groupe fut embarqué dans un avion militaire ( peut être français) vers le Sénégal.
La bienveillance des autorités sénégalaises et leurs agents qui nous accueillirent les bras ouverts.
Résilience enfin des déportés eux même, qui, malgré l’épreuve ont su survivre et se battre pour être reconnus en tant que tels jusqu’au retour à la patrie.
Voilà ce que j’ai choisi de me rappeler de ces “ événements de 89”, qui étaient à mes yeux un génocide avorté, par la grâce de Dieu.
La lutte continue.
Abou Hamidou Sy
Tampa, FL
Le Parlement mauritanien lance sa télévision
La chaîne de télévision spécialisée du parlement mauritanien, a été lancée jeudi soir à Nouakchott, a-t-on constaté sur place.
Cette chaîne est un nouvel acquis qui stimule le processus continu de modernisation et de développement du système médiatique national dans l’intérêt de l’accès, sans entrave du public à l’information, a expliqué le ministre mauritanien chargé des Relations avec le Parlement.
Sidi Mohamed Ould Maham qui s’exprimait à l’ouverture de la cérémonie de lancement de la nouvelle chaîne a ajouté, que celle-ci vient renforcer le principe de séparation des pouvoirs et de promotion de l’action parlementaire.
Il s’agit également, a-t-il dit, de consacrer la démocratie, de mieux contribuer à l’encadrement des discussions dans l’hémicycle et de couvrir toutes les activités de l’Assemblée nationale à l’intérieur comme à l’extérieur.
La chaîne parlementaire produira aussi des programmes accompagnant l’action des députés, a signalé Ould Maham, par ailleurs porte-parole du gouvernement mauritanien.
Selon le ministre, le gouvernement a pris en charge les équipements nécessaires au fonctionnement de cette chaîne qui donnera une place de choix à la voix de la femme députée, en plus des débats relatifs aux projets de loi soumis à la chambre.
La Mauritanie compte une chaine de télévision publique comportant un bouquet de 5 sous-chaines, ainsi que 4 chaînes privées.
MOO/cat/APA
Via vlane
Mohamed Vall O. Bellal : « l’état déteste la CENI, l’opposition aussi »
https://www.saharamedias.net/fr/wp-content/uploads/2019/05/ceni-1-500×274.jpg 500w” sizes=”(max-width: 740px) 100vw, 740px”>Le président de la commission électorale nationale indépendante estime qu’il existe une grande problématique pour son institution, celle d’être « détestée par l’état et pas aimée non plus par l’opposition ».
Lors d’un point de presse samedi, Mohamed Vall O. Bellal, a dit que la CENI avait un sérieux problème de fond car ne résolvant aucun problème à aucune partie, l’état la détestant car quoi qu’elle fasse le ministère de l’intérieur restera toujours mieux qu’elle.
Le président de la CENI a précisé que la création de cette institution ne répondait pas à une volonté de l’état ou de l’administration ce qui justifie le sentiment voué de sa part à la commission.
Ould Bellal a ajouté que l’opposition et les autres citoyens la détestent puisque responsable selon eux de la défaite.
Cette problématique, a encore dit O. Bellal, a été ressentie par tous ceux qui se sont succédés à la tête de cette institution, ajoutant que si cette problématique persistait il ne faut pas s’attendre à mieux, révélant que certains sages de la CENI avaient envisagé de se retirer.
Pour O. Bellal la pression est beaucoup trop forte puisque vous êtes accusés par certains de fraude alors que vous êtes innocent quand bien même tu ne doutes, à aucun moment, de ta crédibilité, de ton honnêteté et ta droiture.
Tout cela ne te met pas à l’abri de la suspicion puisque tout simplement tu es membre de la CENI.
Mohamed Vall O. Bellal a demandé aux journalistes de corriger le concept lié à cette problématique, considérant « que cela était important afin qu’on puisse aller de l’avant. »
saharamedias
4 candidatures reçues au Conseil Constitutionnel
Le Conseil Constitutionnel a reçu à ce jour, 4 dossiers de candidature à l’élection présidentielle mauritanienne du 22 juin 2019, à la date du samedi 04 mai. Par ordre chronologique, les personnalités ayant déposé leur dossier de candidature sont Mohamed ould Cheikh Mohamed Ahmed Ghazouani, candidat de la majorité, ex chef d’Etat Major Général des Armées (CEMGA), ancien ministre de la défense. Biram ould Dah ould Abeid, candidat de la coalition SAWB/RAG, leader antiesclavagiste. Sidi Mohamed ould Boubacar, candidat indépendant, soutenu par certains partis de l’opposition parmi lesquels le Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD/TAWASSOUL/islamiste) et Hatem. Et Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), candidat de la Coalition des Forces du Changement Démocratique « Changeons d’Ere »(CFCD).
Les dossiers d’autres candidats, dejà annoncés, n’ont pas encore été déposés auprès de la haute juridiction qui devrait publier la liste définitive des candidats au cours des prochaines semaines.
Parmi les conditions de validation des candidatures à l’élection présidentielle en Mauritanie, signale-t-on, figure le parrainage par 100 élus (maires et conseillers municipaux).
Une option fortement critiquée par un responsable de l’opposition, qui dénonce « une véritable entorse à la démocratie puisqu’elle conditionne la participation à l’élection présidentielle de la part d’un candidat, à l’acceptation préalable de ses adversaires au moins potentiels, dans l’hypothèse ou lui-même n’a pas de maires (et des conseillers municipaux) , soit parce qu’il est novice en politique et n’ a donc ni maires, ni conseillers municipaux en propre, soit parce que sa formation politique n’en avait pas eu ( pour cause de boycott). Dans tous les cas, ce sont d’autres acteurs politiques qui doivent vous adouber pour participer à la présidentielle ».
le calame
Réforme constitutionnelle : Le projet de loi qui divise le Sénégal
Au Sénégal, c’est ce samedi que doit être votée une réforme capitale. La révision constitutionnelle voulue par Macky Sall va entraîner, si elle est entérinée, la suppression du poste de Premier ministre. Une réforme menée en catimini sans débat avec l’opposition. Le Président dispose d’une large majorité à l’Assemblée nationale et le vote de cette loi devrait donc être une simple formalité. C’est ce que souhaite Aymérou Gningue, le président du groupe de députés de la majorité. Et pour lui répondre, Guillaume Thibault a aussi interrogé Thierno Bocoum qui est l’un des conseillers d’Idrissa Seck, arrivé second de la présidentielle en février dernier. Il estime au contraire que ce projet de réforme constitutionnelle n’a qu’un objectif : accorder plus de pouvoir au président Macky Sall.
AYMÉROU GNINGUE : “LE VOTE DE CETTE LOI SERA UNE SIMPLE FORMALITÉ”
Pourquoi ce projet de réforme constitutionnelle est essentiel et important pour le Sénégal ?
Il est important parce que nous passons d’un septennat à un quinquennat. Donc pour pouvoir travailler et impacter les populations, il fallait prendre des mesures qui puissent permettre au président de la République justement de rationaliser le fonctionnement de l’administration et le fonctionnement de la tâche gouvernementale. Et dans ce sens, le président a voulu supprimer le poste de Premier ministre qui, somme toute, est une réforme technique. Cela ne touche pas à la nature du régime qui est un régime présidentiel, mais qui permet en fait de pouvoir travailler directement avec les ministres et de pouvoir impacter vite et mieux sur les populations qui attendent beaucoup du chef de l’État.
Que répondez-vous aux plus réticents qui disent que c’est juste une volonté de Macky Sall d’avoir “plus de pouvoir” ?
Quand vous regardez le texte, vous vous rendez compte qu’il n’y a aucun pouvoir de plus que le président va avoir. Le Président avait la latitude de nommer le Premier ministre et de l’enlever quand il veut. Aujourd’hui, ce qui se passe, c’est que cette station intermédiaire est supprimée. Cela touche évidemment un certain nombre d’articles, mais vraiment ce sont des réformes mineures, parce que seul le terme “Premier ministre” est supprimé.
Et du point de vue maintenant de l’Assemblée nationale, nous gardons toutes nos prérogatives : les prérogatives de contrôle de l’action gouvernementale, la possibilité de pouvoir instituer des commissions d’enquête. Je crois que les choses sont claires : le président ne peut plus dissoudre l’Assemblée, cela nous donne en tout cas une autonomie de plus. En tout cas, cela nous donne aujourd’hui une garantie de plus. En ce moment, les équilibres sont respectés.
Que pensez-vous de ceux qui disent, même au sein de la majorité, qu’il n’y a peut-être pas eu assez de débat, qu’on n’a pas évoqué cette réforme pendant la campagne électorale. Ce n’était pas dans le programme Macky Sall, qu’on a l’impression que c’est une réforme qui est imposée et déjà réglée avant même le vote de l’Assemblée ?
Vous voulez encore nous installer dans une campagne où il faut encore faire des référendums ? Je crois que vraiment le pays en a assez de ce débat politicien et qu’il faut maintenant se mettre au travail. C’est ça que veut le président. On sort d’une élection où le président est élu à 58% et les Sénégalais l’attendent sur la mise en place de sa politique de façon efficace, directe et rapide pour que les Sénégalais puissent véritablement sentir les changements que va apporter le président de la République. Et dans l’article 42 de la Constitution, n’oublions pas que c’est le président qui définit la politique de la nation. Donc il est le seul comptable des résultats de cette politique de la nation. Cette réforme n’est pas une réforme politique, c’est une réforme purement technique qui permet en tout cas d’aller vite et bien. Ce vote sera une simple formalité pour la majorité au niveau du Parlement.
THIERNO BOCOUM : “MACKY SALL RENFORCE SES POUVOIRS EXORBITANTS”
Pour la majorité, ce projet de loi de réforme est capital, a du sens. Pour vous, c’est l’inverse ?
C’est une réforme substantielle de la Constitution qui aurait nécessité que les populations soient saisies, qu’il y ait une discussion préalable. Il faut préciser que le président Macky Sall n’en a pas parlé lors de sa campagne électorale. Ce qui veut dire tout simplement qu’il n’a pas eu l’aval ni direct ni indirect de la population sénégalaise. Donc c’est une stratégie politique qui n’a pas révélé tous ses secrets, mais qui malheureusement touche au régime politique sénégalais et qui devrait être discutée au niveau de la population ou en tout cas à travers une démarche inclusive qui va impliquer la société civile, les acteurs politiques. Ce qui n’a pas été le cas.
Vous considérez que la loi, si elle est adoptée, va renforcer le pouvoir du président en l’occurrence de Macky Sall ?
Oui, bien entendu. Parce qu’au Sénégal, avec notre régime, il y a ce qu’on appelle un bicéphalisme au niveau de l’exécutif avec dominance du chef de l’État. On permet au président de la République de continuer d’avoir une ingérence dans l’organisation et dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il a la possibilité d’avoir l’initiative de la loi. Il peut changer l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Il a la priorité quand il s’agit de procéder d’urgence et, quand il y a la majorité, il fait passer ce qu’il veut. Donc on a un président de la République qui a une mainmise sur l’Assemblée nationale et qui, en même temps, est le seul chef de l’exécutif et qui véritablement a un pouvoir exorbitant. Toutes les études qui ont permis aux populations de se prononcer sur les institutions ont permis de savoir que les populations sénégalaises souhaiteraient que le président de la République ne puisse pas avoir des pouvoirs exorbitants. Au lieu de les diminuer aujourd’hui, Macky Sall les renforce à travers ce projet.
Vous, vous considérez que Macky Sall veut réformer parce qu’il craint une défaite aux législatives ?
C’est une réforme politique qui vise une ambition politique, une stratégie politique qui n’a pas révélé tous ses secrets. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en cas de cohabitation, si en 2022 par exemple, il y a une nouvelle majorité où la majorité du président de la République demeure, si le président part en 2024 parce que c’est son dernier mandat, il continuera à avoir une majorité à l’Assemblée nationale parce qu’il sera interdit au président de la République qui va le remplacer de dissoudre l’Assemblée nationale. Cela veut dire que sur les cinq ans du successeur de Macky Sall, les trois années, il fera avec une majorité de Macky Sall qui est déjà parti. C’est une aberration, sans compter énormément d’autres anomalies qu’on peut voir au niveau de la loi. Cela veut dire tout simplement que les ambitions sont autres que de renforcer la démocratie, que de jouer pour l’équilibre du pouvoir que de faire en sorte que la société sénégalaise puisse bénéficier d’une démocratie majeure.
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