Monthly Archives: March 2018
Dégradation de l’Etat de droit en Mauritanie : l’AMDH tire sur la sonnette d’alarme
L’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) pointe un doigt accusateur face au recul des libertés, la situation alarmante dans les prisons et le sort peu enviable des défenseurs des droits de l’Homme.
Ainsi, l’AMDH a exprimé, ce vendredi (2 mars), ses vives craintes, quant à la dégradation de la situation de l’Etat de droit en Mauritanie. Et ce, deux mois avant la réunion de la 62ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à Nouakchott.
« La situation des défenseurs des droits de l’Homme est particulièrement inquiétante. Les entraves à la liberté d’association, de manifestation, de circulation et de réunion sont constantes et grandissantes dans le pays. En effet, malgré les recommandations répétées de la société civile mauritanienne, les libertés, acquis garantis par la constitution, ne sont pas respectées», a déploré l’AMDH, dans un communiqué diffusé à la fin de la conférence de presse animée conjointement par Me Fatimata M’Baye, présidente, entourés de M’Bow Amadou, secrétaire général et de leurs collaborateurs Ousmane Chérif Touré et Pierre Brunisso.
Convaincue que la société civile est un des piliers d’une démocratie qui progresse, l’AMDH s’inquiète également des restrictions adressées à l’égard des organisations de protection des droits de l’Homme et des défenseurs de droits humains.
« La création d’association est soumise à un régime d’autorisation qui ne respecte pas le Pacte International des Droits Civils et Politiques signé et ratifié par la Mauritanie. Au surplus, la possibilité de se réunir est également soumise à ce régime, les évènements organisés par la société civile sont désormais systématiquement refusés. De plus, la police anti-émeute mauritanienne continue de faire un usage disproportionné de la force pour disperser les manifestants », dénonce l’AMDH.
« La situation des lieux de privation de liberté ne s’est pas améliorée. Particulièrement alertée ces derniers mois, l’AMDH s’inquiète de la situation des détenus et personnes interpellées. En contradiction avec les instruments nationaux et internationaux ratifiés par la Mauritanie, les plaintes concernant les allégations de torture ne sont pas prises en compte par les autorités judiciaires compétentes et font souvent l’objet d’un classement sans suite », se plaint l’AMDH.
“En outre, l’accès des organisations aux lieux de détention est désormais impossible pour les différents acteurs de la société civile mauritanienne. Depuis 2017, l’AMDH n’a pas obtenu l’autorisation d’accès aux lieux de privation de liberté et cela malgré ses multiples démarches et courriers adressés aux services compétents des ministères de la Justice et de l’intérieur”, renseigne le communiqué.
Dans le cadre du projet «Etat de droit», l’AMDH fournit un soutien juridique dans plusieurs prisons et quartiers déshérités de Nouakchott. « Par son silence, la direction des services pénitenciers durcit actuellement la procédure d’accès aux prisons et autres lieux de détentions. Face à cette situation de non droit, l’AMDH exige l’accès à tous les lieux de détention pour permettre aux détenus de bénéficier des aides juridiques et judiciaires nécessaires », sollicite-t-elle.
Le calame
L’opposition mauritanienne : « le président partira qu’il le veille ou pas »
Le forum national pour la démocratie et l’unité, le plus grand rassemblement de l’opposition en Mauritanie, a affirmé samedi que le président Mohamed O. Abdel Aziz quittera le pouvoir à la fin de son mandat, qu’il le veille ou pas, non sans l’avoir demandé de respecter la loi.
Les dirigeants du FNDU s’exprimaient lors d’un rassemblement populaire organisé dans le quartier « Tarhil » au sud est de la capitale.
Il ont dénoncé ce qu’ils ont appelé les multiples violations par le président de la république de la constitution et ont cité l’intérêt porté à ceux qui réclament un troisième mandat et sa présence aux activités de l’union pour la république, soulignant que la constitution mauritanienne empêche le président de la république d’appartenir à un parti.
Le président du parti Hatem, Saleh O. Hanena a déclaré que la Mauritanie est au seuil d’une mutation démocratique qui devra tourner la page des années de pouvoir du président O. Abdel Aziz.
« Nous savons a encore dit O. Hanena, qu’ould Abdel Aziz quittera le pouvoir mais il doit respecter la loi. »
Il a critiqué les propos du ministre porte parole du gouvernement à propos du troisième mandat et a demandé à ce qu’il soit sanctionné, « car la loi dit-il condamne un tel agissement. »
Dans le même ordre d’idées, O. Hanena a critiqué l’audience accordée par le président O. Abdel Aziz au président de l’initiative du troisième mandat, ajoutant « qu’il n’est pas décent qu’il fasse ses adieux à la Mauritanie avec de tels comportements ».
Quant au président du parti Tewassoul, Mohamed Mahmoud O. Seyidi, il a vertement critiqué le président O. Abdel Aziz ajoutant que « ses déclarations devant les soutiens de l’union pour la république et sa présence parmi eux, sont une atteinte grave à la constitution ».
Pour O. Seyidi le président est en contradiction avec lui-même, « car ses comportements ces derniers jours contrastent avec ses propos tenus dans l’entretien accordé, il ya plus d’une semaine au journal « jeune Afrique ».
Des propos tenus vendredi par le président devant ses soutiens, lors des journées de réflexion de l’UPR, ont de nouveau crée la polémique.
Il avait en effet déclaré que la Mauritanie ne connaîtra pas un vide et que son projet se poursuit, affirmant que la porte resterait fermée devant l’opposition qui représente, selon lui, un retour au passé.
saharamedias
Maghama : Instrumentalisation de la religion à des fins malsaines
Non au conservatisme féodal ! Non aux mentalités réfractaires !
Me Mbaye ignore tout sur Ould Mkhaïtir

« Je n’ai aucune nouvelle concernant mon client Cheikh Ould Mohamed Mkhaïtir depuis le 9 novembre 2017 à ce jour… », a déclaré Me Fatimata M’Baye, avocate au barreau de Nouakchott et par ailleurs présidente de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH).
Elle s’exprimait en marge d’une conférence de presse, tenue ce vendredi 2 mars, sur la dégradation de l’Etat de droit en Mauritanie, la situation dans les prisons et des défenseurs des droits de l’Homme.
Me M’baye, qui n’a pas revu son client après le prononcé du verdict de la cour d’appel de Nouadhibou en dépit de sa demande, invite les autorités à élargir le blogueur. « Tant que l’on me l’a pas présenté en chair et en os ou son cadavre, ou me faire visiter son lieu de détention, je ne saurais me prononcer », a-t-elle jugé.
Un mystère savamment orchestré est entretenu autour du bloggeur. Si certaines sources avaient évoqué son exfiltration vers l’étranger, l’ancien ministre de la justice parlait à l’époque de son maintien en prison tant que les voies de recours ne se seraient pas épuisées. Le Chef de l’Etat avait corroboré ses propos lors de ses récentes sorties médiatiques.
Le parquet avait interjeté appel contre sa condamnation à deux ans de prison synonyme de sa mise en liberté assorti d’une amende de 60 000 ouguiyas. En première instance, il avait été condamné à la peine de mort pour un billet de blog jugé blasphématoire, mais le jugement avait été cassé par la Cour suprême. Ould Mkheitir était incarcéré depuis janvier 2014, au départ poursuivi pour « apostasie » avant que les charges ne soient requalifiées en « mécréance ».
Me M’Baye avait assuré la défense de Ould Mkhaïtir en compagnie de Me Mohamed Ould Moine. Ils avaient demandé à la cour de tenir compte de ses regrets et excuses sincères, d’annuler sa condamnation et de lui accorder des réparations « pour les souffrances qu’il a subies ».
Source:http://lecalame.info
Débat sur le troisième mandat: Définitivement clos?

Que ceux qui s’agitent à réclamer un troisième mandat pour Ould Abdel Aziz, l’appelant, en conséquence, à se dédire et à parjurer, se le disent ! Le tombeur de Sidi ould Cheikh Abdallahi, en Août 2008, ne modifiera pas la Constitution pour encore briguer la magistrature suprême, une hypothèse pesante de polémiques et d’agitations, depuis 2016. L’actuel président de la République, qui coule son dernier séjour au Palais gris, l’a encore réitéré, tout récemment, dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique. On a eu droit, avant ladite publication, à beaucoup de supputations. Des rumeurs ont laissé croire que le Président se serait rétracté et que ses proches conseillers cherchaient à faire annuler l’interview, voire à en retrancher les propos sur le troisième mandat. Mais, bref, l’interview très attendue a été publiée. Permet-elle de clore définitivement le débat sur la question ? A priori, oui : en repoussant toute tentation de retour en arrière, le Président a déclaré une sage position, puisqu’elle évitera, à la Mauritanie, un autre referendum à haut risque, voire forcing à imprévisibles conséquences. Un geste qui devrait permettre, à son successeur, de ‘’poursuivre ce que nous avons entrepris, en faisant encore mieux’’, selon ses propres termes et d’une certaine manière épargner, au pays, les soubresauts de la RDC ou du Burkina…. De quoi conférer, à l’ex-putschiste, un statut d’ancien président de la République, avec tous les égards qui pourraient, de surcroît, lui ouvrir la présidence de diverses organisations africaines, voire internationales, contrairement à l’ancien président sénégalais, maître Abdoulaye Wade. On peut même se demander si, à Bruxelles, le président Macron n’aurait pas promis de jouer un rôle, dans la « reconversion » d’Ould Abdel Aziz. Le prochain voyage, en Mauritanie, du chef de l’État français pourrait édifier les Mauritaniens sur ce point. Certains observateurs croient également savoir que la décision d’Ould Abdel Aziz de fournir, après de longues hésitations, enfin un contingent mauritanien à la force G5 Sahel, ne serait pas gratuite.
Un bémol… ou deux ?
Un bémol cependant : Ould Abdel Aziz clame son intention de soutenir un candidat en 2019. C’est certes son droit en tant que citoyen, on le lui concède, mais il ne doit pas le refuser aux autres. Prudence, quand même : le tombeur de Sidioca ne doit pas oublier que le choix d’un dauphin ne garantit pas, nécessairement, le succès de celui-ci à la présidentielle, et que dauphin ne signifie pas forcément « docilité » ou impunité pour celui qui aurait commis des travers sous le précédent magistère. Le président Aziz doit méditer le cas du camerounais Ahidjo qui céda son fauteuil à Paul Biya, avant d’être contraint à l’exil, et, plus récemment, celui du président angolais Do Santos qui a légué son fauteuil à Joao Lourenço, avant de voir celui-ci se débarrasser des enfants de son mentor qui régnaient, sans partage, sur les postes juteux de l’économie angolaise. Deux bémols ? Si la décision d’Ould Abdel Aziz de ne pas tenter l’aventure d’un troisième mandat semble « définitive », il n’hésite cependant pas à avancer, en fin d’interview, l’étrange concept de « décision définitive… pour le moment ». Lapsus révélateur ?
Toujours est-il, qu’aujourd’hui, ce que les Mauritaniens attendent, c’est de savoir sur qui va porter le choix d’Ould Abdel Aziz. Le Président misait sur son défunt fils ; il échafauderait, aujourd’hui, divers scénarios pour arrêter son choix. Des rumeurs avancent les noms du chef d’état-major général des armées, le général Ghazwani, et de l’actuel maire de Zouérate, l’ex-colonel Cheikh ould Baya, tous deux proches et confidents du « boss ». En plus de ces deux militaires, on ajoute l’ancien PM, Moulaye ould Mohamed Lagdhaf, tombé en disgrâce, à la veille du referendum du 5 Août dernier. L’homme aurait fait les frais d’une « querelle de positionnement », dans l’Est du pays mais paraîtrait en retour d’audience. Si Ould Ghazwani, qui ne tardera pas à prendre sa retraite, semble peu porté vers les dorures des palais et les contraintes de la magistrature suprême, Cheikh ould Baya, a choisi, lui, les grands espaces de son Tiris Zemmour où le rejoint, de temps en temps, son alter ego, le président Ould Abdel Aziz. Depuis qu’il a pris sa retraite, l’homme est resté discret (si on exclut deux sorties malheureuses sur sa fortune et l’hymne national qui lui ont fait beaucoup de mal). Sa présence, au sein de la commission de redynamisation de l’UPR, a suscité beaucoup de commentaires de la part de ses soutiens. Mais l’homme, qui s’est fait beaucoup d’ennemis lors de son passage à la Délégation de la surveillance maritime, est disqualifié par le seul fait que l’autre alter ego qui tient l’Armée, le général Ghazwani ne veut pas le voir, même en photo.
FNDU (trop) attentiste
Maintenant que le débat sur le troisième mandat semble définitivement scellé, que fera l’opposition dite radicale, rassemblée au sein du G8 et, dans une certaine mesure, ceux du FNDU et du RFD ? À quelques encablures d’échéances capitales (élections locales, cette année, et présidentielle, l’année prochaine), l’horizon ne s’éclaircit toujours sur sa stratégie. L’opposition semble plus campée dans un attentisme sans fin. Rien n’est encore clair sur ce qu’elle appelait, il y a quelques mois,« un programme de gouvernement alternatif », censé aboutir à un plan d’action pour les échéances électorales. Cette attitude fait peser de lourdes menaces sur son avenir. En effet, plus les élections approchent, seul moment d‘agitation et de vie des partis politiques, plus l’opposition se focalise sur ce que fait le pouvoir, bien plus que sur son propre agenda. Longtemps taraud des leaders de celle-ci, l’épine du troisième mandat va-t-elle révéler, une fois ôtée par Ould Abdel Aziz, d’autres douleurs plus secrètes ?
Il serait grand temps de les soigner. Le moment est donc venu, pour l’opposition, de sortir de son mutisme. Ses actions disparates, quasiment sans aucune emprise sur le gouvernement – en tout cas jusqu’ici – doivent céder la place à une définition, claire, de ses ambitions, sans quoi risque-t-elle fort se voir déplumer, jour après jour davantage, à l’approche des élections. Elle doit en finir avec ce qu’on lui reproche : les agendas cachés et concurrents. Il semble aujourd’hui que divers partis du FNDU étudient sérieusement leur participation aux prochaines élections locales. Un débat que le forum doit se hâter de tenir, le plus publiquement possible, pour dégager un consensus interne en vue de coalitions, plutôt que d’y aller en rangs dispersés. Seuls quelques rares partis sont capables de présenter des candidats en nombre mais, dans la grande majorité des cas, ce ne sont que des alliances électorales qui permettront, aux uns et aux autres, d’obtenir des résultats décisifs. Plus que jamais, c’est bien l’union – et elle seule – qui fait la force invincible et durable.
DL
LE calame