Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: January 2018

La Mauritanie sous Ould Abdel Aziz, Un Etat spectacle

La Mauritanie sous Ould Abdel Aziz, Un Etat spectacleNe cachez pas votre témoignage. Quiconque le fait se rend coupable à l’égard de Dieu (Le Coran, sourate 2, « la Vache », V.283) Je n’écris pas comme d’autres préparent des coups d’Etat. Je ne convoite ni pouvoir ni honneur, je veux seulement dire, devant mon pays, ce que j’ai vu et ce que je pense. « A Bon entendeur, Salut ».

Le mythe de l’état s’effrite 

Roger Gérard Schwartzenterg, a publié « l’Etat Spectacle », un ouvrage dont le contenu est en phase avec ce qui se passe en Mauritanie, pays où l’Etat est devenu une institution captive des caprices et des dérives.

En raison de la gestion solitaire du pouvoir de la désinvolture libertaire et des sempiternels calculs politiciens, le mythe gigantesque qui a toujours été le socle de granit sur lequel repose l’autorité de l’Etat et sa forte responsabilité s’effrite.

Il est aujourd’hui pour le moins douteux que l’Etat, en Mauritanie est totalement sorti de sa sphère pour épouser les contours d’un groupe de politiciens au-dessus duquel trône un chef peu enclin aux normes républicaines.

Sous le couvert d’un pouvoir discrétionnaire qui outrepasse le droit, les vandales du régime sont absouts, les victorieux sous suspectés d’ambitions interdites et l’Etat est directement utilisé pour solder des comptes ou ériger en règle ce qui n’est pas réglementaire.

Sous Moktar Ould Daddah, sous Maaouya Ould Taya, l’Etat a toujours été une force mythique dotée d’une autorité républicaine qui en exerce le commandement légitime. Les prédécesseurs d’Aziz étaient entourés d’hommes d’Etat chevronnés.

Mais les actuels ministres et autres politiciens placés au hasard au sommet ou au cœur des institutions, sont plutôt l’incarnation absolue de la bouffonnerie et de l’inculture.

Iconoclastes, inconnus du public, maniables comme des marionnettes sans autonomie, politiciens jusqu’au bout des ongles, bavards comme des aras chloroptères, ils prennent le pouvoir comme une fin en soi. L’Ethique n’a pas de place dans cet environnement-là.

L’héritage qu’Aziz laissera sera, entre autres, un Etat en dégénérescence à cause de la pipolisation et de l’inculture des politiciens qui en tiennent insidieusement les leviers de commande.

Où va un pays quand son chef est incapable de constituer une équipe gouvernementale, composée d’hommes et de femmes légitimes, animés d’un esprit loyal et patriotique ? La politique est devenue un show et une parade de gens du pouvoir où haine, jalousie, fétichisme, conspiration, menace et chantage se mêlent dans une confusion totale qui, in fine, prend l’Etat en otage.

La République est bien menacée. L’Etat devient un espace où le spectacle s’unit à la parade pour transformer les citoyens non en acteurs de développement mais en spectateurs d’un pouvoir discrédité et en permanente représentation théâtrale.

PS Ahmed Bezeid Ould Beyrouck

Je ne suis ni l’opposition,

ni de la majorité présidentielle.

Je suis ailleurs.

« A bon entendeur, salut » 

Le Calame

FLAMNET-AGORA: VOUS AVEZ DIT INCRIMINATION DE LA DISCRIMINATION EN MAURITANIE?

L’image contient peut-être : 1 personne, sourit, costumeL’Assemblée Nationale ou la chambre d´enregistrement et d´applaudissement du Système de l´Azizanie a adopté, au cours de sa dernière séance plénière un projet de loi portant ”incrimination de la discrimination” en Mauritanie si l´on en croit la dépêche de la fameuse et fumeuse agence d´information l´AMI. Oui, vous avez bien entendu lutte contre la discrimination, la chose est assez sérieuse de grâce ne souriez pas!

Ce qui est aberrant et hilarant à la fois dans cette loi c´est qu´elle est plutôt dirigée contre ceux qui dénoncent et combattent le racisme d´Etat, la discrimination raciale et l´esclavage en Mauritanie. Désormais toute organisation patriotique qui dénoncerait le racisme sera considérée comme une organisation « identitaire et porteuse de haine ». Nos injustes juges, bras armés du Système n´auront qu´à faire recours à l’article 36 du Code pénal qui permet de priver la personne condamnée de ses droits nationaux, civils , civiques et familiaux pour une période de cinq ans. Cela nous rappelle curieusement encore le procès des rédacteurs du « Manifeste du négro-mauritanien opprimé » en septembre 1986 et les peines subies par nos camarades qui avaient commis le crime de dénoncer la politique de discrimination raciale érigée en régle de gestion du pays, des chiffres et statistiques à l´appui.

Si hier on pouvait encore parler de marginalisation ou d´exclusion aujourd´hui on assiste à une épuration totale de la composante négro-mauritanienne dans les instances du pouvoir et de décision au sein de l´administration, de l´armée, dans les médias, la diplomatie et le secteur économique. S´il y a un criminel à combattre et à mettre au banc des accusés c´est bien l´Etat raciste et son gardien du temple en l´occurence le président putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz.

Toute cette armada juridique n´a en fait qu´un seul but, interdire et incriminer les organisations de défense des droits humains ou mouvements de libération nationale comme les FPC, L´IRA entre autres, qui empêchent toujours de banaliser la discrimination raciale et l´enterrement définitif du dossier du génocide des années de braise.

Si cette loi était vraiment révolutionnaire et devait être appliquée sérieusement elle devait frapper en premier le Général-président et toute son équipe pour pratique de politique de discrimination raciale et d´Apartheid qui ne dit pas son nom mais nous sommes en Mauritanie où les rôles sont toujours inversés. Les bourreaux sont promus en héros et les victimes jugés en coupables.

Encore une fois ce n´est pas par la répression, l´intimidation, la politique de l´autruche qu´on arrivera à évacuer la délicate question de la cohabitation et la politique de discrimination raciale devenue progressivement structurelle dans notre pays.

On ne le dira jamais assez, les FPC ou les mouvements d´obeidience Négro-africaine ou Haratine n´ont ni créé, ni inventé l’esclavage et le racisme. C´est bien l´existence effective de ces problèmes qui explique leur naissance et leur combat. Mais Hélas l´esprit biscornu des soldeurs du crime et partisans du système ne digère pas cette évidence. La lâcheté est ici sans commune mesure.
Il est temps encore de comprendre que l’exclusion est en soi économiquement mauvaise, socialement corrosive et politiquement explosive.
Comprenons qu’une  » nation dispersée, battue, humiliée peut (heureusement) toujours se rebeller contre son sort et revenir à la vie ». Tentons dès à présent de sortir de ce cul-de-sac qui, tout le monde le sait, ne mène nulle part. Pour en sortir, il faut, à notre avis une attitude courageuse, d’ouverture sincère et de reconnaissance du problème de fond à savoir la politique assumée de discrimination raciale qui ressemble fort à un apartheid sournois.
Un climat de décrispation sociale grâce à un train de mesures positives à l’endroit de toutes les victimes de cette politique nocive. La sanction des crimes commis pour que justice prévale sur l’abitraire et l’impunité.. Je crois qu’il faut se parler, car ce formidable potentiel de révolte enfouie commence à gronder. Il serait erroné de croire que toutes ces années de calme plat peuvent exclure toute éventualité de soulèvement populaire.

Après avoir passablement plagié notre projet d´autonomie des régions, nous invitons le pouvoir à s´inspirer davantage des principes généraux de notre Charte qui stipule entre autres :
– La république est une et indivisible
– Elle reconnaît et garantit les Autonomies locales
– Elle veille au principe de non-discrimination et au respect de la dignité humaine
– Elle consacre l’égale participation des Communautés à la gestion du pays
– La Mauritanie est un pays multiethnique et pluriculturel, où la République garantit l’égalité de toutes les langues et cultures nationales .
– La Mauritanie est un pays composé de deux communautés racio-culturelles, l’une composée de Noirs (Bamana, Fulbe, H’râtîn, Sooninko, Wolof), l’autre de Blancs (Bîdhân ou arabo-berbères).
– Toutes les Communautés ethniques (Bamana, Bidhân, Fulbe, H’ratin, Soninko, Wolof ) du pays auront intégralement les mêmes droits. Chacune aura le droit de donner son avis sur toute décision qui engagera son avenir.

Hier comme aujourd´hui, conformément à notre CHARTE, nou nous engageons solennellement à ne ménager aucun sacrifice pour la pleine réalisation d’une Mauritanie égalitaire et démocratique, débarrassée définitivement de l’esclavage et du racisme, unie dans sa diversité, riche de toutes ses cultures épanouies, assurant à toutes ses citoyennes et à tous ses citoyens les mêmes droits.
Tous ensemble, nous aurons encore à mener d’autres combats pour que l’égalité, la justice et la démocratie s’enracinent profondément dans notre pays.

La lutte continue!
Kaaw Touré
Porte-parole des Forces Progressistes du Changement (FPC)

Mauritanie : les prochaines élections “détermineront l’avenir du pays” (O. Mouloud)

Mauritanie : les prochaines élections “La question de participation ou de boycott ne se pose pas pour les prochaines élections. Il faut comprendre la nature des élections.

Les prochaines élections 2018-2019 détermineront l’avenir de la Mauritanie pour les prochaines cinq années”, a précisé Mohamed Ould Mouloud, le président en exercice du Front National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), le plus grand rassemble de l’opposition mauritanienne.

« C’est une période particulièrement délicate. Nous avons un Etat en déliquescence et un président en fin de mandat. Il y a un risque considérable qu’en cas de crise électorale, le pays sombre dans une situation difficilement prévisible – qu’à Dieu ne plaise – comme il s’est passé dans d’autres pays », a dit Ould Mouloud, qui est aussi le chef du parti UFP, Union des Forces de Progrès. Il était interrogé ce samedi par Alakhbar en marge d’une rencontre d’échange entre blogueurs et leaders de l’opposition.

Mohamed Ould Mouloud de poursuivre : « Nous sommes dans une région, le Sahel, qui est déjà particulièrement instable donc. Si la Mauritanie s’y ajoute, ce sera quelque chose de très grave. Parc conséquent, les prochaines élections ont cette caractéristique d’être des élections déterminantes pour l’avenir du pays, déterminantes pour la stabilité du pays et pour la stabilité de la région ».

 

alakhbar

FLAMNET-AGORA: Projet de régionalisation du Gouvernement mauritanien; Que faut-il en penser? Par Samba Thiam

altCe projet est , manifestement ,un plagiat grossier de l’Autonomie des   FPC, au moins dans sa forme .

En effet il retient :

–  4 grandes zones à vocation économique spécifique,

–  Un statut particulier pour Nouakchott et Nouadhibou ,

–  2 organes – législatif et exécutif-, des compétences importantes pour ces régions,

–   la dissolution du Sénat (décidée dès 2006 par nos instances ) , tel est le format du projet d’Autonomie des FPC   ; repris en copié-collé dans ce projet de régionalisation du gouvernement .

Différences, toutefois, dans le redécoupage précis des zones  .

Pour les FPC , l’Assaba – à vocation pastorale – est rattachée aux deux Hodhs , la vallée du fleuve –à vocation agricole- , constituée du Guidimakha , du Fuuta   et du Waalo Barack , et dans le même ensemble   le Trarza le Brakna et le Tagant, dernière zone, l’Adrar-Tiris pour le Nord . Le Gouvernement   en optant pour l’émiettement de la vallée du fleuve , comme il le fait , c’est -à -dire en ne prenant pas en compte les aires culturelles homogènes, existantes , i l se prive , du coup , un bénéfice majeur, entre autres attendus du projet : l’apaisement , voire la réduction complète de la tension ethnique récurrente .

Rappelons le sens du projet des FPC dont le   but essentiel vise la résolution d’une double tension :   la tension tribale, au travers de la ‘’ compétition ‘’ entre tribus dans la course au pouvoir ( ‘’chacune’’ cherchant à entrer au gouvernement ), et la tension ethnique, traduite dans le ressenti des populations négro- africaines de leur   exclusion dans tous les domaines .

Une seconde différence existe entre les deux projets qui se situe dans le contenu , les compétences octroyées , le type de relation entre le centre et la périphérie  ; alors que les FPC préconisent de compétences réelles, importantes ,   une relation plus souple , plus flexible avec le Pouvoir central , le Gouvernement , lui , choisit de reconduire la châpe d’une Tutelle forte sur la région , et de céder sur des attributions   résiduelles, des compétences superficielles ; telle la construction de quelques routes, quelques infrastructures scolaires et sanitaires , le creusement   de pare-feux etc … D’une vision autonome d’un développement choisi , de l’usage et de la gestion libre de la ressource spécifique du terroir , motus  ! Du recrutement et de l’emploi prioritaire de la jeunesse locale,   de la police et de la justice locales, de l’usage des langues et cultures du Terroir surtout, rien !

En plus de ces défaillances majeures ,on ne peut, par ailleurs , ne pas noter , ça et là , certaines Aberrations ; telle la reconduction de la pratique de secrétaires généraux , parachutés , ou la possibilité accordée aux Présidents de Conseil de déléguer leurs pouvoirs , ou encore le quota automatique de ‘’*20’’ % de femmes appliqué dans ces conseils , toutes pratiques stupides , prouvées par l’expérience   mauvaise  ; enfin, dernière absurdité, le statut hybride, sans tête ni queue , de Nouadhibou qui n’est considérée ni comme une région pleine et entière , ni comme un segment de région !!!

Bref avec ces tares grossières on peut dire que nous nous acheminons bien plus vers une Décentralisation, voire une Décentration,   que vers ’une véritable Décentralisation, hélas !

 

Quelle lecture globale ?

Lorsqu’on parcourt ces projets de loi relatifs à cette régionalisation , on en ressort , globalement , avec   l’impression que le Gouvernement   cherche à   mettre en ’œuvre une bonne idée , mais qu’il hésite , comme freiné par une sorte de frilosité , de crainte vague ou de défiance à l’endroit de certaines populations. ..Ce qui, en partie , explique peut-être cela … Le double standard observé pour la vallée du fleuve ; Nos gouvernants admettent   pour l’Est l’évidence de sa vocation ‘’pastorale’’ , pour le Nord   la vocation ‘’minière’’ , mais dénient   à la vallée sa spécificité évidente de région ‘’agricole’’ ! ILs reconnaissent et reconduisent les Identités historiques comme ‘’ Adrar ’’ , ‘’ Trarza ’’ , ‘’ Brakna ’’ , ‘’ Tagant ’’ pour le ‘Trab-el bidhaan’ , mais se refusent à faire de même pour les appellations historiques de ‘’ Fuuta’’ ,   de ‘’Waalo Barack ’’ ? Pourtant il nous a toujours semblé, qu’un critère choisi ( ici la vocation économique ) demeurait un critère qui devait le rester , c’est –à-dire applicable partout et pour tous, à l’identique . A tout ceci s’ajoute cette tendance que nous avons à perdre de vue qu’ il n’y a pas de majorité en matière d’Identité- ; tout comme ‘’ il n’y a pas de majorité en matière de vérité ‘’…

Au regard de la manière dont ce projet est ficelé, la discrimination à l’égard des populations de la vallée du fleuve , émiettées et diluées à dessein dans des ensembles artificiels , se perçoit , visible, patente …Et cela, au moment même où se votent à l’Assemblée Nationale des lois anti-discrimination !!! Ce qui ,du reste , ne surprend guère plus , au vu de   cette idéologie suprémaciste régnante –hier enfouie- ,     qui , maintenant, ne se cache même plus, pour ne pas dire ouvertement s’affiche et se déclare … Et dont les FPC demeurent   la victime,   dans leur juste lutte pour une reconnaissance légale , officielle, légitime …Discriminations qui continuent de s’étendre à l’université , dans l’Administration , à l’Ecole , dans les forces armées , dans l’emploi , les examens et concours , les médias , l’enrôlement , partout ! Partout L’injustice !

Toutefois , un coté quand même positif de ce projet – il y en a – ;   à trouver , pensons nous , dans la réduction draconienne de cette pléthore de régions , puis dans l’’ amorce en elle même … , avec l’espoir nourri que les errements , les défaillances , les couacs constatés seront rapidement redressés , la mouture remise à l’endroit, si toutefois ces idéologies funestes , dont il faut se déprendre , nous en laissent le loisir …Les militants des FPC se seraient si bien réjouies de ce projet n’eûssent été ses défauts   et déviances majeures…Dernière impression qui laisse sourire , ‘’ON ’’ s’inspire de nos idées mais ‘’ ON ‘’ nous accuse malgré tout de ‘’sorcellerie’’ et d’anti-patriotisme…

Paradoxe quand tu nous tiens !

L’entêtement à nier une réalité qui crève les yeux , à fermer les yeux sur le caractère intensément aigu de la Question de l’unité nationale   nous amène à nous interroger sur la volonté du régime du Président ould Abdel Aziz ,de la classe politique et de l’élite s arabo-berbères – silencieuse pour l’essentiel-, à construire réellement un Etat juste , égalitaire , démocratique , qui accepte sa diversité , cultive l’équité et la solidarité . Cette élite ne semble , apparemment , pas encore prête à déconstruire ce Système pernicieux qui nous gouverne .

Un volcan est sous nos pieds qui – si rien n’était fait – inévitablement va exploser. Quand  éclatera-t-il , c’est la question.

Alors prenons garde …

 

Samba Thiam

                                                                                                                Nouakchott 24 janvier 2018

 

Notes : * c’est une absurdité que de vouloir appliquer automatiquement ce quota de 20% de femmes avec la moitié d’une population qui sait à peine lire ! en plus de ce que nous rapportait O Omer –qui pour une fois met le doigt dans la plaie –sur nos secrétaires – Gent féminine !

Interview de Aïssata Kane : « J’aurai fait voté une loi instituant le quota » à l’éducation nationale au gouvernement et au parlement en faveur de la femme mauritanienne

Interview de Aïssata Kane : « J’aurai fait voté une loi instituant le quota » à l’éducation nationale au gouvernement et au parlement en faveur de la femme mauritanienneUne boutade qui résume parfaitement l’engagement féministe de cette ancienne ministre de la Protection de la Famille et des Affaires sociales sous le régime de Ould Daddah en 1975.Madame Aïssata Kane est aujourd’hui à la retraite,consultante internationale et présidente de l’Association Internationale des Femmes Francophones. Elle doit cette riche expérience d’abord à son militantisme politique dès les premières de l’indépendance en 1960 au premier parti de la Mauritanie le PPM( Parti du Peuple Mauritanien) où elle a occupé d’importantes responsabilités et dirigé même un magazine féminin « Mariémou ».Et ensuite pour ses actions féministes qui dépassent les frontières dans un pays islamique où la femme peine à recouvrer ses droits d’égalité avec l’homme. C’est sur ce double regard qu’elle s’est prêtée à nos questions en s’abstenant volontairement de répondre sur les évènements de 89, les événements récents de Kaédi et la situation politique actuelle dont elle n’a pas la réponse et surtout pour des raisons qui dépassent ses compétences.  

L’école française pour les filles de chef  

Je suis Aïssata Kane et je suis de Dar El Barka dans la région du Brakna en Mauritanie. Je suis née le 9 Moharam 1359 correspondant à l’année 1938 du calendrier grégorien. J’ai fait ma scolarité primaire et secondaire à Saint-Louis capitale du Sénégal de la Mauritanie à l’époque.  
Ensuite je suis allée à Bruxelles où mon mari Moctar Touré était fonctionnaire français au marché commun. Disons qu’à cette époque nous étions français de nationalité. Nous sommes rentrés à Nouakchott après la proclamation de l’indépendance en novembre 1960.J’ai été chargée de l’encadrement des premières filles du secondaire au cours complémentaire des jeunes filles de Nouakchott, ancêtre du lycée de jeunes filles.  

En quoi votre éducation de base a –t-elle influencé votre parcours?  

Mon éducation est l’éducation traditionnelle du Fouta. Fille de Mame ndiack Elimane Abou Kane chef de canton du Tooro Halaybé de 1923 à 1976, j’ai reçu une éducation traditionnaliste du Fouta. Au départ je n’étais pas destinée à être une femme lettrée tout comme les filles de mon époque. La bonne inspiration est venue de mon père de mettre ses filles à l’école malgré une forte opposition de son entourage ( parents,amis…).Mais c’est surtout la bonne qualité de mes notes qui a encouragé mon père à me laisser franchir l’étape du primaire vers le collège. J’ai été soutenu dans cette démarche par deux frères Feu Mame Ndiack Seck et Feu Elimane Mamadou Kane et ma sœur Aminata Kane .Je rend au passage un vibrant hommage à ces trois personnes qui m’ont été d’un soutien inestimable dans mon parcours. Aujourd’hui je suis mère de 5 enfants. Je suis actuellement à la retraite associative et membre de beaucoup d’associations féminines à travers le monde  


Première femme ministre  
Comment en êtes venue à la politique ?
 

Je suis entrée en politique au sein du parti du peuple mauritanien (PPM). D’abord comme membre du Conseil supérieur des Jeunes ensuite au Conseil supérieur des Femmes permanentes de l’institution puis présidente de ce même conseil de 1971 à 1978. A ce titre je siégeais au bureau politique national avec rang de ministre. J’ai été durant cette époque directrice de la revue « Mariemou » ( magazine de la femme mauritanienne).En 1975 je suis devenue membre du gouvernement comme Ministre de la protection de la famille et des affaires sociales. Quand il y a eu le coup d’Etat militaire en 1978 j’ai quitté la Mauritanie pour intégrer le Mouvement Associatif Féminin International de l’organisation panafricaine de la femme ( OPF)au centre de recherche pour la femme ( CEA Addis Abeba) en Etthiopie. Je fus choisie par plusieurs organismes comme consultante sur les problèmes de femme de société, de développement social, du droit humain en général et du droit de la femme en particulier.  
J’ai eu l’initiative de fonder avec d’autres, l’Association Internationale des Femmes Francophones dont j’ai l’honneur d’être la présidente. Cette association regroupe des femmes et des organisations de femmes de l’espace francophone et d’autres femmes qui ont adhéré à l’association et dont les pays ne sont pas de l’OIF comme par exemple le Kenya, l’Ethiopie , la Gambie, l’Algerie etc…  

C’est ainsi que vous avez occupé un poste ministériel sous le régime de Ould Daddah. Comment avez-vous vécu cette responsabilité aux premières heures de l’indépendance de la Mauritanie ?  

J’ai fini ma carrière ministre et je crois que j’ai rempli ma mission de ministre et c’est aux autres de me juger.  

Auriez-vous accepté ce poste en 78 après le premier coup d’Etat militaire qui a renversé le président Ould Daddah ?  

Je n’aurai pas accepté parce que je faisais partie des personnalités suspendues de la politique en Mauritanie par contre à l’extérieur j’ai accepté plusieurs postes de responsabilité. J’ai présidé l’Union Internationale des Organismes Familiaux puis l’Organisation panafricaine de la Famille etc Organisation panafricaine de la femme.  

La femme mauritanienne citoyenne à part entière  

En tant que consultante quelle est la place et le rôle de la femme mauritanienne aujourd’hui dans le développement du pays ?  

Faire prouver sa capacité de citoyenne à part entière de mère de famille de qualité et de travailleuse consciente et capable exigeant des autorités égalité de compétence et égalité de responsabilité.  

Est-ce qu’on peut dire que les femmes mauritaniennes sont suffisamment impliquées dans la vie politique et économique 53 ans après l’indépendance du pays ?
 

Elles sont impliquées mais très peu nombreuses à être nommées à des postes de hautes responsabilités.  


Si vous étiez ministre en 2013 quelles lois penseriez-vous que le parlement devrait voter pour les femmes ?
 

J’aurai fait voté une loi instituant un quota aux femmes sur tout le système des nominations, des élections et sur les concours et examens, un quota minimum pour les filles et les femmes.  

Baba Kane collaborateur de Cridem et journaliste à Rouen ( France)