Monthly Archives: November 2017
Zimbabwe : « Le limogeage de son vice-président par Mugabe a été le coup de trop »
Alors que le président Robert Mugabe affirme être détenu à son domicile, dans une capitale en partie contrôlée par l’armée, la fronde des militaires zimbabwéens révèle les fractures entre les vétérans de la guerre de libération et l’ambitieuse Grace Mugabe.
Spécialiste du Zimbabwe au Centre d’étude d’Afrique noire (CEAN), Daniel Compagnon analyse les deniers événements survenus dans le pays, 24 heures après que l’armée a pris position dans la capitale.
La situation est toujours confuse au Zimbabwe, ce mercredi 15 novembre. Assiste-t-on à un coup d’État ?
Coup d’État ou pas, c’est une question technique. On assiste aujourd’hui à l’aboutissement d’une logique d’affrontements entre factions. Ce sont des luttes très anciennes que, jusque-là, Robert Mugabe avait toujours su arbitrer, dressant les rivaux les uns contre les autres.
Mais lorsqu’il a renvoyé le vice-président Emmerson Mnangagwa, le 6 novembre, la machine s’est déréglée. La réaction de la haute caste militaire, dirigée par le chef d’état-major Constantino Chiwenga, est une riposte destinée à empêcher que la purge se poursuive, tout en bloquant l’irrésistible ascension vers le pouvoir de la première dame, Grace Mugabe. Ce limogeage était le coup de trop.
Pour le compte de qui l’armée agit-elle ?
Aujourd’hui, celui qui incarne le mieux les intérêts de la faction représentée par Chiwenga, c’est Mnangagwa
On peut s’étonner que Constantino Chiwenga se soit retrouvé à la tête de cette opération car il se montrait jusque-là très discipliné et il a toujours appuyé Mugabe. Lors des élections de 2008, c’est lui qui avait dit que s’il venait à remporter les élections, Morgan Tsvangirai ne serait pas soutenu par l’armée. N’ayant pas participé à la guerre de libération, ce dernier, à ses yeux, n’avait pas la légitimité requise.
Depuis l’indépendance, l’armée est toujours demeurée fidèle à Robert Mugabe, notamment parce qu’elle a toujours été organisée selon un système de clientèle où les promotions étaient liées à la loyauté politique plutôt qu’à la compétence. Mais aujourd’hui, alors que tous pensent à la succession, celui qui incarne le mieux les intérêts de la faction représentée par Chiwenga, c’est Mnangagwa.
Le vice-président déchu est un des leaders emblématiques de la caste au pouvoir. Celle-ci tient à ses privilèges et voyait avec beaucoup d’inquiétude la montée de la faction organisée autour de Grace Mugabe. La première dame s’appuyait en effet sur des politiques et des membres de sa famille plus jeunes, qui n’avaient pas fait la guerre de libération.
Selon vous, Emmerson Mnangagwa serait donc derrière ce coup d’État ?
Je ne pense pas que Chiwenga, le chef d’état-major, aurait pris ce genre d’initiative sans s’être concerté étroitement avec Mnangagwa. A mon avis, il n’a pas l’intention d’exercer le pouvoir lui-même. Il sait qu’il n’en a pas les capacités et serait bien plus à l’aise dans un rôle de second plan – pourquoi pas comme vice-président ou ministre de la Défense.
Emmerson Mnangagwa, ancien vice-président du Zimbabwe désormais en exil, lors d’un meeting du Zanu-PF en septembre 2017. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA
Mnangagwa est le seul à pouvoir sauvegarder les intérêts de cette élite tout en tentant de normaliser la situation du Zimbabwe
C’est d’ailleurs pour cela que le terme « coup d’État » ne me convient pas. Cela sous-entendrait que ces officiers ont pour intention de substituer une junte militaire au pouvoir civil. Or je pense que ce n’est pas le scénario qu’ils ont en tête.
Emmerson Mnangagwa est le seul à pouvoir sauvegarder les intérêts de cette élite tout en tentant de normaliser la situation du Zimbabwe. En lâchant un peu de lest vis-à-vis de l’opposition, en étant un peu plus respectueux des droits de l’homme et un peu plus ouvert aux bailleurs de fonds internationaux afin d’essayer de rétablir la situation économique et sociale, qui est extrêmement dégradée… C’est aussi le meilleur candidat pour maintenir un semblant d’unité et éviter que les différentes factions règlent leurs comptes de façon sanglante.
Quel rôle jouent les vétérans de la guerre de libération ? Depuis l’Afrique du Sud, ils ont fait une déclaration prônant l’éviction de Mugabe…
L’Association zimbabwéenne des vétérans de guerre, qui a été créée en dehors du parti au pouvoir par Margaret Dongo, une ancienne dissidente, est très politisée. Robert Mugabe a eu avec elle des relations chaotiques : ils étaient tantôt adversaires, tantôt alliés. Récemment, ils étaient à nouveau fâchés puisque la purge a également visé le président de cette organisation, qui a été limogé l’année dernière.
Les vétérans ont tout intérêt à ce que Mnangagwa l’emporte car ils savent qu’avec Grace Mugabe, la lutte de libération fera partie du passé
L’association, dont les membres s’arrogent le titre de vétérans – tous ne le sont pas – et la rente honorifique de la guerre de libération pour faire pression sur le pouvoir, constitue une des factions politiques en présence. Les vétérans ont tout intérêt à ce que Mnangagwa l’emporte car ils savent qu’avec Grace Mugabe, la lutte de libération fera partie du passé. Ce sont des alignements très pragmatiques.
Assiste-t-on vraiment à la fin du règne de Robert Mugabe, 29 ans après son accession au pouvoir ?
Emmerson Mnangagwa est un homme politique très fin – ce qui ne l’empêche pas d’être aussi très brutal. Aussi, il n’est pas exclu qu’il estime plus opportun de ménager Robert Mugabe, qui est une figure tutélaire. Il pourrait donc assumer l’effectivité du pouvoir et laisser Mugabe à son poste jusqu’au congrès du parti, en décembre, ou jusqu’à l’élections présidentielle prévue en 2018. Dans ce cas, Mugabe ne serait plus qu’un président sans pouvoir.
Quoi qu’il en soit, pour que ce dernier reste au pouvoir, encore faudrait-il que l’abcès de la succession soit crevé une fois pour toute et que Mnangagwa ait été désigné comme dauphin, d’une manière ou d’une autre.
Comment Robert Mugabe en est-il venu à perdre la main ?
C’est l’âge, tout simplement. Il a 93 ans, il a connu récemment plusieurs ennuis de santé et il apparaît affaibli. A plusieurs reprises cette année, il a dû se rendre à Singapour pour se soigner.
On peut imaginer qu’à certains moments où il n’est pas en pleine possession de ses moyens, quelqu’un comme Grace Mugabe en profite. Elle a beaucoup de moyens de pression sur lui, et depuis pas mal d’années elle le travaille au corps. Il a longtemps été un animal politique impressionnant, mais cela ne l’empêche pas d’être sujet à l’erreur et à la faiblesse.
jeune afrique
Mauritanie : les trois piliers de la régionalisation
La plus importante réforme constitutionnelle adoptée par référendum, le 5 août, concerne la décentralisation et, plus particulièrement, la régionalisation. Le gouvernement travaille à la rédaction des projets de loi et décrets d’application qu’elle nécessite.
Un membre du gouvernement a expliqué à Jeune Afrique les trois piliers de cette réforme pilotée par le chef de l’État. Tout en requérant l’anonymat, étant donné qu’un certain flou persiste, notamment sur le nombre des futures régions et leur découpage…
• Le rôle des régions sera économique. Elles seront formées sur la base de leur spécificité (agriculture, pêche, tourisme, culture sous palmeraies, élevage, mines, etc.) de façon à pouvoir développer ces atouts et être viables.
• Leur autonomie sera réelle. Les conseillers régionaux seront élus au suffrage universel (et non nommés, comme le souhaitaient les « conservateurs ») et éliront leur président. Il sera tenu compte de l’échec de la création des communes et, si les régions se verront transférer des recettes de l’État, elles pourront aussi lever des impôts et faire appel à l’emprunt, ce qui suppose une personnalité juridique.
• Les régions seront distinctes des 15 wilayas actuelles (divisions du territoire administrées par des walis – gouverneurs – nommés, et subdivisées en départements), et il faudra répartir les compétences et les services entre régions, wilayas et communes. Commentaire de notre interlocuteur : « On gère mieux à proximité, et 1 000 ouguiyas (environ 2 euros) seront mieux dépensés à l’intérieur de la Mauritanie qu’à Nouakchott. »
Réflexions sur le partenariat entre les Etats-Unis et la Mauritanie (Par SEM. Larry André)
Ambassade US| Mauritanie – Mon épouse et moi-même sommes venus en Mauritanie il y a plus de trois ans. Après notre départ nous continuerons à suivre avec grand intérêt les réalisations du peuple mauritanien.
Au moment où nous nous apprêtons à partir, nous disons tristement « au revoir » aux chers amis qui nous ont tant appris sur la culture et l’histoire mauritaniennes, et sur les enseignements pacifiques et tolérants de l’Islam authentique. Nous porterons avec nous de précieux souvenirs de la grande beauté de ce vaste pays et de l’hospitalité chaleureuse de son peuple.
Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour remercier infiniment chaque mauritanien et pour lui dire que je serai toujours son ambassadeur et celui de la Mauritanie où que je me trouve. En fin de compte, j’espère que j’aurais d’autres opportunités pour visiter ma deuxième patrie, la Mauritanie.
Le partenariat entre les États-Unis et la Mauritanie favorise la sécurité et la prospérité pour les deux peuples. Nous soutenons l’armée, la police et le pouvoir judiciaire de ce pays contre ceux qui ont l’intention de nuire aux Mauritaniens et aux Américains.
Nous avons une profonde admiration des succès de la Mauritanie dans la lutte contre les gangs violents qui ont mené des attaques contre la Mauritanie de 2005 à 2011.
Le succès de la Mauritanie mérite d’être étudié par tous les pays confrontés aux attaques de groupes d’assassins. En effet, après avoir sécurisé son propre pays, la Mauritanie est devenue exportatrice de sécurité grâce à la fourniture de casques bleus à la République Centrafricaine. Nous avons aidé à former ces troupes.
Le contingent mauritanien de maintien de la paix a été porté en haute estime pour son professionnalisme, son courage et son comportement honorable. La Mauritanie a joué un rôle clé dans la création du G5 du Sahel, qui est en train de mettre actuellement en place une force pour vaincre les groupes qui commettent des actes barbares meurtriers, de vols, de prise d’otages et de trafic de drogue contre les populations de cette région.
Les États-Unis ont récemment annoncé notre contribution financière à cet effort, qui passera par les États membres du G5-Sahel.
Depuis 2014, nos initiatives pour promouvoir une prospérité partagée ont mis l’accent sur la formation professionnelle des jeunes et la coopération avec le Ministère de la Santé de la Mauritanie pour protéger les Mauritaniens contre les maladies transmissibles.
Lors de notre première rencontre il y a trois ans de cela, Son Excellence le Président Mohamed Ould Abdel Aziz m’a parlé de sa profonde préoccupation au sujet du chômage parmi les jeunes. Je me suis engagé à accroitre nos contributions dans le domaine de la formation professionnelle.
Notre équipe de l’USAID a travaillé avec les Ministères et les Organisations Internationales pour concevoir et mettre en œuvre un programme de formation qui répond aux lacunes du marché du travail. Le peuple américain a fourni un financement de 6,5 millions de dollars. Nous lancerons le programme dès qu’il aura été approuvé par le comité interministériel du gouvernement mauritanien.
A mon arrivée en 2014, la région était menacée par le virus Ebola. Les autorités mauritaniennes ont pris des mesures efficaces pour protéger leur pays contre cette maladie.
Nous avons proposé au Ministère de la Santé que des experts américains forment des épidémiologistes mauritaniens qui pourraient à leur tour protéger la nation contre les maladies transmissibles. Nous avons formé 59 agents de santé issus de 12 régions pour renforcer la sécurité du pays contre la menace des maladies transmissibles.
Nous travaillons également en partenariat avec la Mauritanie pour élaborer et mettre en œuvre des directives pour la prévention et le contrôle des infections qui contribueront à prévenir davantage les risques pour la santé. Les États-Unis et la Mauritanie ont la chance d’avoir des populations de diverses cultures.
Comme beaucoup d’autres pays dans le monde, les États-Unis et la Mauritanie ont une difficile histoire de l’esclavage et de ses séquelles. Au cours des dernières décennies, les deux pays ont progressé dans la promotion des idéaux de dignité humaine, de liberté et d’égalité, mais des progrès supplémentaires sont nécessaires.
Le meilleur moyen de réaliser ce progrès est que les dirigeants de la société civile, les leaders religieux et les responsables politiques collaborent avec les autorités gouvernementales afin d’accéder à un meilleur avenir pour tous les citoyens.
C’est le début d’une nouvelle ère de développement des infrastructures, de progrès économique et social en Mauritanie que je salue. L’inauguration en juin 2016 du nouvel et très moderne aéroport international « Oumtounsy » de Nouakchott, d’une capacité annuelle d’accueil de 2 millions de passagers et capable d’accueillir des avions de dernière génération tels que les A380 en est une preuve éloquente.
Le 28 novembre, la nation célébrera le Jour de l’Indépendance à Kaédi sous un nouveau drapeau et un nouvel hymne national alors que les Mauritaniens se préparent à une avancée importante dans leur développement politique: La première passation des pouvoirs entre un Président élu à un autre président élu.
Je me suis fait des amis pour la vie dans ce pays. Bien que mon mandat d’Ambassadeur des Etats-Unis en République Islamique de Mauritanie touche à sa fin, je continuerai à suivre avec grand intérêt les réalisations du peuple mauritanien.
Vive le partenariat Etats-Unis – Mauritanie !
Nouakchott, 15 novembre 2017
Larry André
Ambassadeur des États-Unis en Mauritanie
Sénateur Cheikh Ould Hanena : Le pouvoir a comploté contre les institutions constitutionnelles
Le sénateur Cheikh Ould Hanena a appelé le peuple mauritanien à « résister et à défendre les institutions », qui selon lui, « ont subi un coup d’État » de la part du gouvernement actuel.
Ould Hanena a déclaré, dans un communiqué à Radio France International , que le Sénat est « le parlement légal de la République islamique de Mauritanie, et il continuera à exercer ses fonctions », appelant les autorités mauritaniennes à « revenir à la raison, et laisser l’institution fonctionner normalement ».
Il a ajouté que les sénateurs ont tenu hier, » des élections dans des circonstances normales » et que lui, » a été élu président du Conseil », notant que « cette élection est symbolique car les sénateurs sont empêchés par le gouvernement d’ entrer et de se réunir dans le bâtiment de l’institution ».
Ould Hanena a indiqué que le sénat continuera ses responsabilités en matière « de suivi des performances du gouvernement » et que les sénateurs ont décidé de « continuer à jouer le rôle que le peuple leur a confié ».
Le lundi 13 novembre 2017, le Comité de suivi de la crise au sein du sénat, a annoncé qu’elle a élu un nouveau bureau dirigé par Cheikh Ould Hanena, composé de trois vice-présidents, de trois secrétaires du conseil et un régisseur des Finances.
Source :http://alakhbar.info/?q=node/7155
Traduit par Adrar.Info
Habib ould Mahfoudh : Tout évolue, même la tribu
Voyez nos tribus actuelles. A chacune on établit une « généalogie », erronée, toujours, qui la fait remonter soit au Prophète Mohamed, soit à l’un de ses compagnons. Toute la Mauritanie maure descend ainsi de moins de 10 hommes ayant vécu à la Mecque ou à Médine.
Bien sûr on va me dire que ce qui compte c’est la « généalogie » qu’on s’est choisie et non pas la « généalogie réelle ». Il est quand même à peu près certain que nos tribus actuelles ne sont au départ que des individus venant d’horizons très différents, qui pour des raisons très différentes se sont retrouvés ensemble, ont vécu ensemble, très peu d’entre eux pouvant se rappeler qui était son grand-père.
Je pense que si nos tribus actuelles descendent de quelque chose ce serait de la géographie, des conditions climatiques et des moyens de transport. Ces affaires de « liens de sang », « d’ancêtre commun », c’est du baratin, très utile au demeurant, parce que le « sang » est à l’origine de la plupart des mythes humains et que le mythe est à l’origine de la Vie.
On ne va pas dire : « Nous portons le même nom parce que nos ancêtres, qui n’avaient aucun moyen de transport, ont été obligés de rester à côté du Puits Poussiéreux et de s’entraider pour survivre.
Leurs enfants étaient bien obligés de se marier entre eux et les liens se resserrèrent, etc ».
Non, ce qu’on va dire : « Je descends du Grand Moghol par ma mère et de Kinana ben Khozaima ben Moudrikah ben Elias ben Modar ben Nizar ben Maad ben Adnan, par mon père.
Nous sommes arrivés ici le 4 Octobre 1416, vers 9 heures 25, parce que l’un de mes ancêtres avait entendu des voix, alors qu’il priait à l’ombre de la Kaaba, lui enjoignant d’aller dans ce pays pour y établir la paix, la concorde et fortifier la cause de la foi ».
Au besoin on produira une copie manuscrite d’un document du XV° siècle attestant que l’on descend bien de la compagnie ci-dessus citée. Et il suffit qu’une chose soit écrite sur un vieux parchemin pur que les gens la croient vraie alors que nos ancêtres étaient au moins aussi facétieux et bons menteurs que nous, sauf que nous disposons aujourd’hui d’un appareil critique beaucoup plus étoffé que le leur, qui n’existait pratiquement pas…. »
( Extrait de » La loi de l’évolution s’applique-t’elle aux tribus? »)
Source : Mariem Mint Derwich (Page FB)