Monthly Archives: September 2017
Lamine Mangane au Mémorial des défenseurs des droits humains assassinés d’Amnesty International
TPMN – Le portrait de Lamine Mangane figure désormais en bonne et due place au Mémorial initié par Amnesty international en hommage aux militants des droits de l’homme assassinés dans le monde.
Lamine Mangane est tombé le 27 septembre 2011, à l’âge de seize ans, sous les balles de la gendarmerie de Maghama pour avoir osé protester, à l’appel de Touche pas à ma nationalité, contre la nature raciste et discriminatoire de l’enrôlement initié par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz et pour avoir osé réclamer la citoyenneté pleine et entière pour tous les Mauritaniens.
Une plainte a certes été déposée depuis par Bala Mangane, père de la victime, mais elle n’a jamais connu le moindre début d’exécution du fait de l’obstruction systématique de l’Etat, juge et partie. Touche pas à ma nationalité et les organisations partenaires ne ménagent cependant aucun effort pour que le dossier ne soit pas simplement enterré.
Le travail de lobbying initié par l’organisation et ses partenaires avait conduit à l’inscription explicite du règlement du cas Lamine Mangane parmi les recommandations faites à la Mauritanie en 2013 par le Comité des droits de l’homme de l’ONU lors de sa 109ème session.
C’est ce même travail qui a permis, en ce 6ème anniversaire du décès de Lamine Mangane, de faire figurer le portrait du jeune militant au panthéon des défenseurs des droits humains assassinés d’Amnesty international.
Le portrait est accessible à l’adresse suivante
https://hrdmemorial.org/hrdrecord/lamine-mangane/
Nouakchott, le 25 septembre 2017,
La Cellule de Communication
——
Pour honorer la mémoire de Lamine MANGANE, premier martyr du mouvement, froidement assassiné le 27 septembre 2011 à Maghama par les forces de répression du régime raciste et esclavagiste du Président Mohamed Ould Abdel Aziz, Touche pas à ma nationalité vous convie à deux événements majeurs.
Un sit in sera organisé dans la matinée du mercredi 27 septembre 2017 à partir de 10 heures devant les locaux du ministère de la justice pour dénoncer l’impunité et exiger la traduction en justice des auteurs du crime. Il s’ensuivra dans l’après-midi, après la prière d’Al Asr, une lecture du coran pour le repos de l’âme de notre martyr à El Mina à la mosquée située à côté du Terrain Camara (non loin du carrefour Yéro SARR).
Nouakchott, le 25 septembre 2017
La Cellule de Communication
Mauritanie : le quatrième anniversaire des FPC à Nouakchott
Le 24 septembre 2013.Une date.Une histoire de deux des militants des FPC les plus célèbres, le chef historique Samba Thiam et son porte-parole Kaaw Bilbassi Touré regagnaient la terre natale après 23 années d’exil aux Etats -Unis et en Suède.
Les deux hommes entendent poursuivre la longue marche vers la liberté qui a commencé en 86 , avec la publication du manifeste du négro-mauritanien qui leur valu avec les autres dirigeants du mouvement , la prison et la mort pour quatre d’entre eux.
Ce retour marque la fin d’une époque , la lutte armée et le début d’une autre, l’espoir d’une réconciliation nationale. Le redéploiement dans le pays commence à porter ses fruits nonobstant la non reconnaissance du parti par les autorités de Nouakchott.
4 ans déjà. Figure de l’opposition mauritanienne, hors système , le président des FPC peut regarder ses 23 années d’exil aux Etats-Unis comme une expérience du passé et les quatre années depuis son retour comme la deuxième étape de la longue marche vers la liberté à construire notamment avec son fidèle porte-parole Kaaw Bilbassi Touré et le plus jeune prisonnier politique du régime de Ould Taya en 86 suite à la publication du manifeste du négro-mauritanien.
Les deux hommes ont réussi le redéploiement des forces en se dotant d’abord d’un siège dans le quartier périphérique de la Sebkha dans la capitale mauritanienne pour former les militants et faire vivre le parti tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Cette implantation a porté ses fruits en faisant des FPC un parti crédible et plus près des préoccupations des populations les plus démunies.
Une reconnaissance au sein de la classe politique qui fait du leader négro mauritanien un incontournable dans le dialogue politique.
Ses idées forces sur la cohabitation , en particulier ses propositions sur l’autonomie des régions du Sud font l’unanimité des observateurs.
Le président Samba Thiam et son porte-parole ont réussi en quatre ans à dédiaboliser le mouvement flamiste et apporter une fraîcheur à la lutte contre le racisme d’Etat et un nouveau souffle à l’opposition démocratique mauritanienne grâce à des prises de position justes sur la question nationale aujourd’hui complètement abandonnée par le président Ould Aziz.
En soufflant ces quatre bougies , les deux combattants de la liberté entendent montrer qu’ils sont sur le bon chemin pour amener les mauritaniens à la réconciliation nationale.
Et que la non reconnaissance des FPC n’est pas un handicap mais au contraire une force pour surmonter toutes les épreuves.
Les FPC font partie aujourd’hui du paysage politique et leur crédibilité en tant qu’opposition hors système est reconnu par tous les mauritaniens.
Yaya Cherif Kane
Les centres d’état civil en Mauritanie : corruption et gabegie. Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Tout celui (ou celle) qui verrait sa pièce d’identité ou son passeport mauritanien expirer devrait savoir qu’il (ou elle) va emprunter un chemin de croix. La bêtise n’épargnant pas les gouvernants, en Mauritanie ils en ont fait un art de tous les jours la poussant à son extrême.
Ainsi, le passeport Mauritanien ne se renouvelle, qu’en Mauritanie, aucune possibilité non plus de prolonger sa validité auprès d’une ambassade ou consulat de Mauritanie à l’étranger, ainsi si votre passeport expire et que vous êtes au bout du monde, vous devrez voyager en Mauritanie pour le renouveler.
Et là, encore, vous allez vous rendre compte de l’extrême gabegie ou injustice qui règne dans ce pays. Et vous comprendrez très vite que ce n’est pas le service public qui guide l’administration de l’état civil mais la corruption qui règne en ses centres.
Voici raconté mon périple pour renouveler mon passeport qui expira deux jours avant mon arrivée à Nouakchott.
La machine temporelle
Première chose que j’appris en me présentant dans le premier centre d’état civil, c’est que ce dernier était devenu un véritable business. Toute une mafia d’individus, policiers, agents administratifs, s’est transformée en intermédiaires, dont le rôle est de vous faire obtenir vos documents d’état civil, pièce d’identité et passeport en un temps record contre monnaie sonnante et trébuchante.
Comment cela fonctionne-t-il ? Machiavéliques. Ils ont inventé deux mécanismes bureaucratiques perfides:
– Le fractionnement multiple d’une tâche administrative unique :la machine à remonter le passé.
– Le saut administratif en chaine d’attente : la machine pour voyager dans le futur
Le fractionnement d’une tâche administrative : la machine à remonter le passé.
Cela fonctionne de la manière suivante : lorsqu’un agent est chargé de réaliser une tâche simple, il la fractionne, avec la complicité de collègues, pour la rendre complexe de telle sorte qu’à chacune des étapes de la chaine il obtient un bakchich pour vous permettre de passer à l’étape suivante ou mieux vous faire sauter des étapes.
Chaque étape est faite pour vous faire remonter dans le passé. C’est une machine à vous réclamer tous vos anciens documents, les vôtres et ceux de vos proches (mort ou vivants, existant ou ayant existé).
Ainsi, lorsque vous vous présentez, pour le renouvellement d’un passeport on vous réclame votre carte d’identité nationale et si vous ne l’avez pas, il faut l’obtenir et c’est encore une autre descente aux enfers. Ainsi la perte justifiée de votre carte d’identité n’est pas acceptéemême si l’existence de votre passeport périmé prouve bien qu’il a été confectionné sur votre pièce d’identité.
Vous irez donc chez le collègue chargé des pièces d’identité qui vous dira que, dans tous les cas, la pièce d’identité ne peut être délivrée que dans un minimum de trois semaines et il vous renvoie chez un autre collègue qui vous dira que la pièce d’identité ne pourra être délivrée que si vous rapportez toutes les preuves civiles de l’existence de vos ascendants , père et mère et de vos descendants si vous en avez (titre de recensement, acte de naissance, attestation de nationalité etc. etc.) et que, s’ils sont au bout du monde vous devrez y retourner pour les rapporter et s’ils sont décédés vous devrez en rapporter la preuve.
Et que tous ces actes doivent porter un patronyme unique et commun et gare à un nom de famille mal transcrit. C’est encore une autre voie sinueuse à prendre dans laquelle interviendront d’autres agents qui fractionneront à leur tour la procédure administrative à leur profit.
Les pauvres gens sont pris dans ce piège machiavélique et des familles entières dorment souvent sur place pour être aux premières loges lors de l’ouverture des centres mais on les refoule souvent en fin d’heure faute de pouvoir satisfaire les exigences paperassière de l’administration de l’état civil.
Les personnes possédant quelques moyens sont les seules à pouvoir s’en sortir, car le fractionnement injustifié d’une tâche ne sert que la poche des administratifs véreux, il suffit alors de graisser leurs pattes à chaque étape de la chaine. Et cela est d’autant plus révoltant que beaucoup des documents requis ne sont nullement nécessaires à la confection du document en question.
Ainsi parmi les pièces que l’on vous réclame pour renouveler votre passeport, les actes de naissance de vos enfants et celui de votre épouse. Et n’essayez pas d’expliquer à l’administratif en question que le passeport est un titre personnel de voyage et que vos caractéristiques physiques, taille et couleur des yeux, sont plus importantes que les documents qu’il demande.
Quant aux documents exagérément demandés par l’administration des centres pour confectionner on les retrouve par poubelles entières jetés à même le sol devant ces mêmes centres.
– La machine administrative pour voyager dans le futur
Si vous êtes assez riche, vous pourrez éviter tous les tracas de ces fractionnements, de la machine à remonter le passé en achetant un ticket pour la machine administrative pour voyager dans le futur. Les agents des centres peuvent vous faire un saut gigantesque dans le futur.
Et ô miracle ! Obtenir vos documents civils en un temps record. Votre pièce d’identité que l’on vous avait annoncée dans 3 semaines, vous pouvez l’obtenir en trois jours chrono, votre passeport idem.
Comment cette machine fonctionne-t-elle ? Comme toute machine qui voyage dans le futur, vous projeter à un niveau avancée de la chaine d’attente de ceux qui ont déposé et attendent depuis des mois leurs documents.
Ainsi si vous avez le numéro 450 dans la liste d’attente, cela signifie que vous n’obtiendrez votre passeport qu’après plusieurs dizaines de jours, sinon des semaines (si par miracle vous avez échappé à la machine à remonter le passé), alors on vous recommande des agents bien connus de tous qui viendront vous proposer de raccourcir la chaine et vous faire passer au numéro 1.
Cela signifie que vous allez passer directement à la photo, à la prise d’empreinte et à la validation de votre document (condition de son envoi et impression à l’Agence du registre de la population et des titres sécurisés). La somme requise pour obtenir ce ticket peut varier de 20000 UM à 50 000 UM. Les agents qui interviennent sont aussi divers que des agents de police, des agents de centres que des intermédiaires civils.
La gabegie généralisée
Cette arnaque sournoise et pénalisante de toute justice, se déroule dans un environnement administratif des plus exécrables. Les citoyens sont traités comme des moins que rien. Bousculés, alignés devant des bureaux sales, aux portes bringuebalantes, comme du bétail dans une atmosphère insipide de vociférations et d’invectives venant de partout et surtout de l’intérieur des bureaux.
Le demandeur d’un état civil est traité avec des égards de chien battu. Des centres où règne une chaleur souvent étouffante et où femme, avec enfants, et hommes de tous âges assis à même le sol, attendent depuis des jours leur tour,d’autres sous les arbres environnants et dans la canicule sont résignés à attendre que quelque agent passe pour l’agripper à propos de leur documents. Tristes paysages humains de désolation et de révolte contenue.
La relation du citoyen avec l’administratif à l’intérieur du centre est caractérisée par le dédain, le rabrouement et surtout des menaces parfois non voilées de ne pas le servir. Il fait alors des pieds et des jambes pour rester dans la file et garder espoir d’avoir à franchir une quelconque étape de son long et pénible périple pour obtenir des documents auxquels il a droit.
Triste réalité que ces centres où des groupuscules organisés font la loi et qui vendent les passe-droits contre monnaie sonnante et trébuchante.
La corruption à tous les échelons.
Mon sentiment le plus profond est que l’administration de l’état civil est une machine de découragement de franges entières de la population pour l’obtention de leurs documents d’état civil, notamment les pauvres, les démunis et les sans soutien. L’exclusion aussi de la population émigré qui outre les voyages obligés au pays, pour renouveler ses documents d’état civil, est soumise à la production d’une infinité de documents inutiles (d’ascendants et de descendants) qui constituent un véritable handicap.
Mon séjour pour obtenir mon passeport fut un véritable voyage à travers une administration d’état civil qui, à l’image du pays, est un véritable lieu de corruption et de gabegie où les citoyens souffrent le martyr.
Pr ELY Mustapha.
Vidéo : Les documents d’états civils pour la confection de titres sécurisés dans les poubelles
https://www.youtube.com/watch?v=rt2wuKlxZaY
cridem
New York: La Communauté Mauritanienne manifeste lord de la visite de Aziz
La communauté mauritanienne vivant aux états unis a organisé ce jeudi 21 septembre une manifestation devant le siège des Nations unis á New York.
Les manifestants ont chantés pas de justice pas de paix (no justice no peace, down down Aziz) et ont traités le régime du président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz comme génocidaire et raciste.
ils ont réclamés le rapatriement des réfugiés mauritaniens vivant le long du fleuve Sénégal ainsi que leurs indemnisations; la restitution des terres confisqués; le jugement des génocidaires de 1989 ainsi que l’éradication de l’esclavage physique, économique et morale. Ils ont dénoncés le processus de recensement comme étant raciste et discriminatoire.
Ils ont aussi dénoncé l’arrestation des leaders, le changement de la constitution de président Aziz comme prétexte de déstabiliser le pays et de briguer un 3ème mandat.
Cette communauté venant de tous les coins des états unis ainsi du canada veut se réunir et alerter la communauté internationale des abus du régime du président Aziz
Durant ces travaux des nations unis une autre groupe de communauté mauritanien, composée la plupart des maures, a aussi manifesté le mardi 19 septembre réclamant la libération du sénateur Ghadda et dénonce les pillages des resources de l’état par le gouvernement en place.
Alioune Ly
L’éditorial de La Nouvelle Expression : Le coût de l’hypocrisie
La Nouvelle Expression – Hypocrites sont les Mauritaniens dans leur écrasante majorité. Une malheureuse caractéristique qu’ils se partagent, sans discrimination… Ce comportement s’exprime dans tous les actes posés.
Exemple : On sort d’un referendum où les bureaux de vote à Nouakchott ont été délaissés par les électeurs alors que l’affluence au meeting de clôture présidé dans la même ville par Ould Abdel Aziz a été historique.
Mais l’illustration la plus parfaite de ce vécu mauritanien est l’aspect organisationnel qui a entouré les visites du Président dans les quartiers à Nouakchott et particulièrement le quartier Sebkha ou 5ème Arrdt.
Cette visite aux populations par le Président renseigne, une fois encore, sur le degré de la puissance de l’auto-manipulation (se mentir à soi-même) du système comme dans un passé récent où on créait des villages tout le long du trajet qu’empruntait le Président Maaouya. Des villages qui avaient comme durée de vie le temps du passage ou de l’écarquillement des yeux du chef. C’était l’expression totale de l’hypocrisie. Et rien n’a changé.
Ces rencontres hautement médiatisées ont été, dit-on, destinées au bas peuple même si certains caciques politiques locaux n’ont pas raté l’occasion de prendre la parole pour faire les louanges de l’hôte spécial du jour. Mieux. La palme d’or de la honte comportementale est revenue aux services de la mairie.
La Communauté urbaine et la garde nationale ont déployé les moyens nécessaires pour dératiser, dépolluer et désinfecter pour requinquer l’image du quartier afin de recevoir le chef dans un environnement sain. Un chef qui est venu voir et comprendre le vécu des hommes et femmes de ces quartiers qui se confondent avec la pauvreté humaine primaire.
Mais le Président ne verra pas les eaux puantes, verdâtres et boueuses dans lesquelles ces populations pataugent depuis plus de deux ans. Ces sources d’épidémies et signes principaux d’impécuniosité ont hypocritement disparu.
Ce décor naturel de la zone (quartier Sebkha) ne sera pas vu par Ould Abdel Aziz. La souffrance des ces pauvres hères doit être cachée pour le temps de la visite du Président. Une décision des organisateurs de ces visites et grandement exécutée par les services de madame la maire appuyée par la garde nationale.
Une hypocrisie malsaine qui témoigne du peu d’intérêt des services de la mairie mais surtout du sommet de l’Etat de la vie et de l’existence de ces misérables populations.
Ces populations qui ont comme compagnons les mouches et les moustiques dans des odeurs intenables, une situation qui n’a jamais réellement préoccupé la Communauté urbaine.
Un service public qui se transforme de jour en jour en boutique d’une dame sans projet ni ambition pour la ville de Nouakchott, la capitale-poubelle. Un autre crime de la Communauté urbaine et l’élite du pays que les populations qui ont pris la parole pour l’occasion n’ont pas su relever. Triste sort.
Comme disait Thomas Sankara « L’esclave, qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Seule la lutte paie » Pour cette magnifique occasion qui s’offrait aux populations pour parler de leur situation, on parla surtout de l’alcool frelaté (Soumsoum), d’insécurité, d’étrangers ou de la musique de la gent juvénile et autres.
Et on voit les « proches collaborateurs » qui accompagnent le Président prendre note… Le coût de cette hypocrisie, aujourd’hui, est tout simplement la déchéance à tous les niveaux. La Mauritanie se transforme en une société de mythomanes, de tricheurs, de tireurs à flanc où tout est farce.
Ici et là en Mauritanie, fais ce que tu veux où tu veux et comme tu veux, personne ne te prendra au sérieux même si tu es sérieux… Car le menteur et le flagorneur sont déjà passés par là. On est réellement perdu. Les valeurs s’écartèlent entre pilleurs et collabos et la confusion est entretenue : le digne citoyen et le citoyen fourbe sont fêtés de la même façon.
L’honneur s’est éclipsé pour laisser s’installer la comédie et nos valeurs d’hommes libres – produits d’une belle et rayonnante histoire multiforme, multiséculaire et multidimensionnelle- s’atrophient par la translation de l’autre moi sur notre moi.
La Mauritanie a perdu son chemin.
Camara Seydi Moussa
cridem
Exemple : On sort d’un referendum où les bureaux de vote à Nouakchott ont été délaissés par les électeurs alors que l’affluence au meeting de clôture présidé dans la même ville par Ould Abdel Aziz a été historique.
Mais l’illustration la plus parfaite de ce vécu mauritanien est l’aspect organisationnel qui a entouré les visites du Président dans les quartiers à Nouakchott et particulièrement le quartier Sebkha ou 5ème Arrdt.
Cette visite aux populations par le Président renseigne, une fois encore, sur le degré de la puissance de l’auto-manipulation (se mentir à soi-même) du système comme dans un passé récent où on créait des villages tout le long du trajet qu’empruntait le Président Maaouya. Des villages qui avaient comme durée de vie le temps du passage ou de l’écarquillement des yeux du chef. C’était l’expression totale de l’hypocrisie. Et rien n’a changé.
Ces rencontres hautement médiatisées ont été, dit-on, destinées au bas peuple même si certains caciques politiques locaux n’ont pas raté l’occasion de prendre la parole pour faire les louanges de l’hôte spécial du jour. Mieux. La palme d’or de la honte comportementale est revenue aux services de la mairie.
La Communauté urbaine et la garde nationale ont déployé les moyens nécessaires pour dératiser, dépolluer et désinfecter pour requinquer l’image du quartier afin de recevoir le chef dans un environnement sain. Un chef qui est venu voir et comprendre le vécu des hommes et femmes de ces quartiers qui se confondent avec la pauvreté humaine primaire.
Mais le Président ne verra pas les eaux puantes, verdâtres et boueuses dans lesquelles ces populations pataugent depuis plus de deux ans. Ces sources d’épidémies et signes principaux d’impécuniosité ont hypocritement disparu.
Ce décor naturel de la zone (quartier Sebkha) ne sera pas vu par Ould Abdel Aziz. La souffrance des ces pauvres hères doit être cachée pour le temps de la visite du Président. Une décision des organisateurs de ces visites et grandement exécutée par les services de madame la maire appuyée par la garde nationale.
Une hypocrisie malsaine qui témoigne du peu d’intérêt des services de la mairie mais surtout du sommet de l’Etat de la vie et de l’existence de ces misérables populations.
Ces populations qui ont comme compagnons les mouches et les moustiques dans des odeurs intenables, une situation qui n’a jamais réellement préoccupé la Communauté urbaine.
Un service public qui se transforme de jour en jour en boutique d’une dame sans projet ni ambition pour la ville de Nouakchott, la capitale-poubelle. Un autre crime de la Communauté urbaine et l’élite du pays que les populations qui ont pris la parole pour l’occasion n’ont pas su relever. Triste sort.
Comme disait Thomas Sankara « L’esclave, qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Seule la lutte paie » Pour cette magnifique occasion qui s’offrait aux populations pour parler de leur situation, on parla surtout de l’alcool frelaté (Soumsoum), d’insécurité, d’étrangers ou de la musique de la gent juvénile et autres.
Et on voit les « proches collaborateurs » qui accompagnent le Président prendre note… Le coût de cette hypocrisie, aujourd’hui, est tout simplement la déchéance à tous les niveaux. La Mauritanie se transforme en une société de mythomanes, de tricheurs, de tireurs à flanc où tout est farce.
Ici et là en Mauritanie, fais ce que tu veux où tu veux et comme tu veux, personne ne te prendra au sérieux même si tu es sérieux… Car le menteur et le flagorneur sont déjà passés par là. On est réellement perdu. Les valeurs s’écartèlent entre pilleurs et collabos et la confusion est entretenue : le digne citoyen et le citoyen fourbe sont fêtés de la même façon.
L’honneur s’est éclipsé pour laisser s’installer la comédie et nos valeurs d’hommes libres – produits d’une belle et rayonnante histoire multiforme, multiséculaire et multidimensionnelle- s’atrophient par la translation de l’autre moi sur notre moi.
La Mauritanie a perdu son chemin.
Camara Seydi Moussa