Monthly Archives: September 2016
GANDHI ETAIT-IL RACISTE COMME LE PRETENDENT DES VOIX EN AFRIQUE?
Le président indien a récemment fait don d’une statue de Gandhi à l’université du Ghana, mais de nombreux professeurs et étudiants ne sont pas contents du cadeau.
En juin dernier, le président indien Pranab Mukherjee a offert une statue de Gandhi à l’université du Ghana à Accra, pensant que cette effigie du leader anti-colonial indien serait bienvenue dans un pays anciennement colonisé.
#PresidentMukherjee unveiled a statue of Mahatma Gandhi in the campus of University of Ghana yesterday
Mais, dès son apparition sur le campus, la statue a fait polémique, et cinq universitaires viennent de lancer une pétition, signée par plus de mille personnes, demandant son retrait. Se basant sur un livre récemment publié par deux historiens sud-africains, les auteurs de la pétition expliquent que Gandhi avait appelé les noirs d’Afrique du Sud des «sauvages» qui veulent vivre dans «l’indolence» et de «kaffirs», un terme dérogatoire.
Interviewé par la BBC, le petit-fils de Gandhi, qui est aussi son biographe, a admis que son grand-père avait en effet des préjugés envers les noirs d’Afrique du Sud mais qu’il n’en était pas moins plus progressiste que la plupart de ses contemporains indiens.
Au-delà des accusations de racisme, les auteurs de la pétition expliquent que comme il n’y a aucune autre statue de personne historique sur le campus de l’université du Ghana, il serait préférable que le monument représente une figure africaine:
«Pourquoi devrions-nous célébrer les “héros” des autres à une université africaine, alors que nous ne célébrons pas nos propres héros?», peut-on lire dans la pétition.
«Nous avons besoin d’images de nous-même»
Déjà l’année dernière en Afrique du Sud, des manifestants avaient défilé avec des pancartes «Gandhi le raciste doit être retiré», et une statue du dirigeant indépendantiste avait été vandalisée à Johannesburg. Les critiques de Gandhi l’accusaient d’avoir été en faveur de la ségrégation raciale en Afrique du Sud.
Le professeur Obadele Kambon, un des créateurs de la pétition au Ghana, a dit à la BBC que leurs efforts s’inscrivaient dans un mouvement global vers «plus d’estime de soi et de fierté», et il a fait référence aux protestations qui ont mené au retrait de la statue de l’impérialiste Cecil Rhodes en Afrique du Sud, ainsi qu’au mouvement américain Black Lives Matter.
«Nous avons besoin d’images de nous-mêmes pour notre propre bien-être psychosocial, pas d’images de ceux qui nous qualifient de sauvages», a-t-il résumé.
Même si l’université a dit que les demandes de la pétition seraient examinées, le problème de ce cas est que tout retrait de la statue pourrait causer un incident diplomatique avec l’Inde, un allié historique du Ghana.
Repéré par Claire Levenson
Source : Slate
kassataya
Guinée: le dialogue politique commence sous des auspices favorables
En Guinée, l’opposition et la mouvance présidentielle se sont retrouvées ce jeudi 22 septembre pour un nouveau dialogue politique prévu pour durer plusieurs jours à Conakry.
Une rencontre qui fait suite au tête-à-tête entre le président Alpha Condé et le chef de file de l’opposition Celou Dalein Diallo le mois dernier. Cette première journée était consacrée notamment à la définition de l’ordre du jour. C’est ce vendredi que les participants entrent dans le vif des débats.
Comment faire appliquer les dispositions prises lors des dialogues précédents et notamment celui d’août 2015 qui prévoyait entre autres l’organisation prochaine d’élections locales et communales ? C’est la première question qui sera débattue ce vendredi. Autre point à l’ordre du jour de ce dialogue : le cas des personnes arrêtées lors des manifestations politiques. Troisième thème : l’installation d’une Haute Cour de justice. Enfin, la mise en place d’un organe de suivi des accords de ce dialogue.
De part et d’autre en tout cas, on salue l’ambiance qui a prévalu pour ce premier jour, et qui augure bien de la suite. « Cette fois-ci, je crois que le président de la République et le chef de file de l’opposition, qui se sont rencontrés et continuent de se parler, fait que ce présent dialogue commence dans une atmosphère apaisée qui nous donne beaucoup plus d’espoir », confirme El Hadj Damaro Camara, porte-parole de la mouvance présidentielle.
C’est le cinquième dialogue du genre depuis l’accession au pouvoir d’Alpha Condé, souligne-t-on dans l’opposition. Les autres n’ont pas été entièrement suivis d’exécution. Alors pourquoi cette fois-ci cela serait-il différent ?
« La seule garantie que nous avons, c’est l’engagement du président de la République qui a dit publiquement à notre demande qu’il veillerait désormais à ce que les conclusions aussi bien des dialogues passés que des dialogues à venir soient effectivement respectées et appliquées, explique Aboubacar Sylla porte-parole de l’opposition. Nous avons exigé cet engagement personnel du président de la République. C’est à cette condition que nous avons accepté d’aller à ce dialogue. Sinon on risquait d’aller à un dialogue de plus qui va aller accoucher d’un accord de plus. »
L’optimisme ambiant pousse les uns et les autres à parler de quelques jours à une semaine pour boucler les travaux.
rfi
Maître Mine Ould Abdoullah*: ‘’Le discours de Néma ne fut qu’un handicap de plus, sur le parcours cahoteux du dialogue politique devenu une vraie Arlésienne’’
Maître Mine Ould Abdoullah est ancien diplomate. Professeur d’Université où il enseigne le droit, il est aussi, depuis plusieurs décennies, avocat d’affaires et Consultant.
Activiste des droits humains, il dirige la Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme (LMDH – membre du FONADH – Forum des Organisations Nationales des Droits de l’Homme) et préside la Coalition Mauritanienne « Publiez Ce Que Vous Payez – PCQVP » (qui a un regard sur la transparence des industries extractives).
Maître Mine Ould Abdoullah, qui écrit périodiquement des « tribunes » sur divers domaines de la vie nationale, est l’un des responsables du Pôle de la Société Civile au sein du FNDU (Forum National pour l’Unité et la Démocratie).
Maître Mine a été le Gouverneur du District 9010 (Maghreb) du Rotary International et Président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante au niveau de Nouakchott) en 2006-2007.
L’homme est aussi très actif dans les activités visant à développer sa ville natale Tidjikja.
Le Calame : Commençons, si vous voulez bien, par la question d’actualité. Le procès des militants d’IRA Mauritanie vient de s’achever avec des peines de prison ferme échelonnées entre 3 et 15 ans. Quelle lecture faites-vous de ce procès ? Les peines prononcées ne vous paraissent-elles pas trop lourdes, par rapport aux faits reprochés ?
Maître Mine Ould Abdoullah : D’abord, il faut souligner que les procès contre les militants d’IRA sont devenus si fréquents que leur récurrence ne manque plus d’inquiéter. Cette inquiétude est ressentie tant sur le plan intérieur qu’extérieur, au regard de l’énorme tollé que cela soulève.
Il n’y a pas longtemps que Birame Dah Abeïd, président d’IRA, et son vice-président, Brahim Bilal, sont sortis de prison. D’autres militants de ce mouvement, condamnés à de lourdes peines, sont encore incarcérés, au point que cela laisse penser que la justice mauritanienne fait de l’excès de zèle, pour ne pas dire inquisition, contre IRA.
Aussi d’aucuns ont l’impression, en ce dernier procès, qu’il ne s’agit pas de peine mais de punition, la lourde main de la justice se justifiant par une intention inavouée, non pas de sanctionner « l’acte commis » mais, plutôt, de soumettre les porteurs d’une cause à des sanctions exemplaires, dans l’objectif dissuasif de les faire renoncer à leurs idées. Sinon, il est incompréhensible d’infliger des peines aussi sévères, quand bien même les chefs d’accusation seraient graves.
– La défense va interjeter appel. Pensez-vous, comme l’un de vos confrères de la partie civile, que les peines prononcées en première instance pourraient être allégées ?
– Que la défense interjette appel est de bonne guerre. Et mon intime conviction est que ces lourdes condamnations seront infirmées, une fois les arguments de la défense mieux entendus par le juge. La preuve formelle des faits reprochés aux militants d’IRA doit être administrée, beaucoup d’entre eux auraient été appréhendés des jours plus tard et divers témoignages tendent à confirmer qu’ils n’étaient pas présents sur les lieux des affrontements (entre la police et des habitants du squat de la gazra dite Bouamatou, NDLR). La justice doit juger les prévenus en tant que simples justiciables, et non pas en militants d’un mouvement sur lequel pèse l’aversion du pouvoir.
– Pensez-vous que les droits de la défense ont été respectés lors de ce procès ?
– En tout cas, ils l’auraient été beaucoup mieux, si certaines préoccupations de la défense avaient été examinées, notamment quand celle-ci a fait état de sévices et de tortures qu’auraient subis ses clients. Dommage que la Cour ait rejeté cette demande avec une promptitude – pour ne pas dire désinvolture – suspecte.
– Quels sont, en quelques mots, les maux dont souffre la profession d’avocat en Mauritanie ?
– Ils sont nombreux et il serait fastidieux de les lister. Les avocats, qui exercent une profession libérale, sont confrontés à divers problèmes, en général d’ordre financier. L’avocat tire ses revenus de son travail à deux niveaux : la représentation (juridique ou judiciaire) et la consultation.
La représentation consiste à assister un client, après signature d’une convention, et le défendre, dans les contentieux auxquels il est partie. Les avocats « chanceux » peuvent décrocher des conventions avec les structures de l’Etat ou des sociétés privées nationales mais cela n’est pas donné à tout le monde.
L’écrasante majorité est obligée se rabattre sur des « petits » dossiers « pénaux » qui ne rapportent pas grand-chose… Même constat en matière de consultation juridique. Là aussi, seuls tirent leur épingle du jeu, ceux dont le carnet d’adresse – à l’international – est fourni. Ajoutez, à ce tableau, les charges écrasantes de loyer, salaires du personnel et autres et vous conviendrez vite que l’avocat mauritanien ne roule vraiment pas sur l’or…
– De l’avis des observateurs et militants des droits de l’homme, la Mauritanie dispose de bons textes juridiques, notamment ceux relatifs aux séquelles et/ou pratiques de l’esclavage, érigées en crime contre l’humanité, ce qui n’a pas empêché les organisations de défense des droits de l’homme, comme SOS Esclaves, IRA Mauritanie ou AFCF d’exhiber, de temps en temps, divers cas présumés d’esclavage. Comprenez-vous ceux qui disent que ces textes ne sont pas suffisamment dissuasifs, mal voire pas du tout appliqués ?
– Les textes sur le domaine en question sont clairs. Mais, que ces textes soient dissuasifs ou pas, le problème réside, plutôt, dans le comportement de celui qui les applique. A-t-il le courage de prendre le taureau par les cornes et, dans les cas qui lui sont soumis, appeler un chat un chat ? Les textes ne valent que par la capacité de ceux chargés de les appliquer à s’acquitter de leur mission : la bonne administration de la justice.
– D’ailleurs, lors de leur passage à Nouakchott, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, et le rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits humains, monsieur Alstom, ont mis les pieds dans le plat, en déplorant, tous deux, l’inapplication des textes adoptés par le gouvernement mauritanien. Cela justifie-t-il le mauvais classement de notre pays par Amnesty International et Transparency International, principaux baromètres du respect des droits de l’homme ?
– Ecoutez, tout cela vient du fait que la Mauritanie, au lieu de reconnaître clairement que l’esclavage existe – même s’il n’y en ait qu’un seul cas – persiste à nier et à se hérisser le poil, sitôt que le problème est évoqué.
Mas commet peut-on réfuter l’existence de l’esclavage et qualifier d’allégations mensongères les déclarations de ceux qui le dénoncent, au moment où l’on édicte des textes qui le répriment et fonde, même, des Cours pour juger ceux qui s’en rendent coupables ? De plus, les arrestations des militants d’IRA et leur incarcération n’ont eu d’autre conséquence que la mise à l’index du pays, au moment où ceux que le pouvoir voue aux gémonies (notamment Birame Dah Abeïd) sont, ailleurs, portés au pinacle, voyant leur combat honoré et récompensé par des prix.
A mon avis, il est grand temps que l’Etat cesse de cultiver le flou. Rien ne lui coûte d’écouter tout le monde : SOS Esclaves, IRA, Le Manifeste des Haratines opprimés. De la confrontation des idées des uns et des autres, jaillira, certainement, une lumière…
– Dans les pays « sous-développés », la justice est souvent décriée, voire accusée, par l’opposition et/ou les associations de défense des droits de l’homme d’être « subordonnée ou inféodée » au pouvoir. La nôtre échappe-t-elle à ces clichés ? Dans un pays où le président de la République préside le Haut Conseil de la Magistrature, peut-on parler d’indépendance de la justice ?
– C’est une question de choix : il ne dépend que des magistrats d’être indépendants, pour couper la laisse d’inféodation, voire de subornation par laquelle le pouvoir les promène, parfois. Le souhait, non-dit, de tous les Etats du monde c’est d’avoir une certaine mainmise sur le pouvoir judiciaire, mais les princes du moment reculent toujours, quand ils trouvent, devant eux, des juges debout.
Cela dit, l’appareil judiciaire lui-même est devenu, par son degré de complexité, sa bureaucratisation croissante et les coûts exorbitants des procès, un instrument lourd qui occupe et mobilise tellement d’énergies qu’il fait oublier jusqu’à sa fonction : rendre une justice « juste », citoyenne. L’institution judiciaire, chez nous, n’est pas « troisième pouvoir » dans le sens de pouvoir indépendant, contrepoids aux éventuels abus de l’Exécutif, afin de faire avancer le pays sur le terrain de la démocratie et de l’Etat de droit.
C’est tout l’inverse qui se produit, avec un pouvoir législatif qui adopte, banalement, des lois au service des intérêts des plus nantis. Ce qui est certain, c’est que l’institution judiciaire, qui ne jouit d’aucune indépendance effective, manque de ressources humaines qualifiées et des moyens modernes.
D’où la nécessité de la réformer. Pas forcément dans le sens d’une grande sophistication et complexification mais, bien au contraire, dans celui d’une plus grande simplification des procédures, pour la rendre plus indépendante sur un triple plan : indépendance statutaire, car, ici comme ailleurs – du moins dans les pays sous-développés – celle-ci est purement formelle ; indépendance financière des magistrats (juges) car, même si la situation salariale de ces derniers s’est beaucoup améliorée, elle reste néanmoins peu enviable ; indépendance de décision de ces derniers.
L’indépendance implique que le magistrat n’attende ni n’espère rien de quiconque en mesure de menacer son indépendance. Il s’agit d’une conquête permanente qui doit grandir le juge dans sa conduite de tous les jours, dans une politique d’opposition systématique à toute tentative d’immixtion intempestive dans le fonctionnement de l’Institution.
Par son intégrité et sa bonne moralité, le juge doit inspirer confiance à la société. Fort de ces atouts, il se trouve, alors, suffisamment armé pour combattre les vieux démons qui menacent la stabilité du système, d’où qu’ils viennent… Dans tous les cas, la justice doit fournir un environnement propice au développement de l’activité économique, si l’on veut générer des investissements productifs et lutter contre le chômage et l’exclusion sociale.
La réforme juridique et judiciaire est un processus de longue haleine qui nécessite un engagement collectif, de la part de tous les acteurs et partenaires impliqués directement ou indirectement. Cette réforme doit être encadrée par une stratégie à long terme, consciente, cohérente et pragmatique, une vision et une approche globale du secteur.
Il faut une stratégie fondée sur une clarté d’avenir, en termes de planification stratégique participative, de structures, de moyens et des ressources humaines bien formées et capables de mobiliser toutes les compétences et les énergies, en vue de lutter contre l’inefficacité, la déficience, la lourdeur et la défaillance qui marquent la gestion, le fonctionnement et l’évaluation du secteur de la justice.
– L’accès à la justice demeure particulièrement difficile, voire onéreux. Que pensez-vous de l’assistance judiciaire décidée par le gouvernement ?
– C’est une bonne chose, si cela se traduit dans les faits et ne reste pas un simple effet d’annonce.
– Le gouvernement mauritanien a mis en place un Mécanisme national de prévention contre la torture qui était souvent dénoncée par les organisations de défense des droits de l’homme. De quels moyens dispose cet organe, pour éradiquer cette pratique dans les commissariats de police et les prisons ?
– A dire vrai, je ne sais pas grand-chose de ce « mécanisme ». En tout cas, s’il prend sa mission au sérieux, c’est le moment de le montrer : vérifier les déclarations des militants d’IRA jugés récemment et qui ont fait état de tortures perpétrées par les forces de sécurité.
– Que pensez-vous de la décision du gouvernement de fonder une Cour pour juger les détournements des biens publics ?
– Je ne pense pas que la multiplication des Cours rende la maison-justice plus crédible. L’essentiel c’est que la justice soit rendue avec la célérité qui sied, équité et indépendance. Et qu’au final, la loi soit appliquée et, une fois la décision rendue, exécutée.
– Etes-vous satisfait du fonctionnement de l’ONA. Sinon, pourquoi ?
– L’Ordre National des Avocats (ONA) constitue, certainement, un élément important de la structure judiciaire, car il joue un rôle capital de défense. Comme organisation, il s’est attaché, pendant des années, à mobiliser ses membres pour la défense des personnes politiques, toutes tendances confondues. Il édite une revue et poursuit son bonhomme de chemin, toujours au-devant de la scène. Il a réalisé des séminaires et rencontres. Même s’il a connu quelques difficultés mineures, il fonctionne normalement, aujourd’hui.
– Vous présidez « Publiez ce que vous payez ». Le gouvernement, les sociétés publiques et privées se plient-ils à cette injonction ?
– Effectivement, depuis son adhésion volontaire à l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), la Mauritanie publie ce qu’elle reçoit et les principales compagnies extractives publient ce qu’elles paient à l’Etat. Il faut cependant remarquer qu’il ne s’agit, là, que d’un service minimum qui couvre moins du quart de la chaîne des valeurs.
La Coalition mauritanienne « Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP) fait partie d’un réseau international. Elle regroupe plusieurs familles des droits de l’homme : Barreau, syndicats. Elle est à la base de la fondation de l’ITIE. Elle s’intéresse plus particulièrement à la transparence au niveau du secteur extractif car elle considère qu’un pays doté de richesses minières est toujours menacé par diverses pratiques malsaines (corruption, etc.).
Nous militons, en Mauritanie, pour une transparence réelle, tout au long de la chaîne de valeurs, à savoir qu’on ne peut se suffire de la transparence du seul flux financier, c’est-à-dire connaître ce que les entreprises ont effectivement versé à l’Etat et ce que celui-ci déclare avoir perçu.
C’est un élément important pour limiter la corruption. Mais nous nous intéressons davantage à l’approche de droit qu’elle préconise, c’est-à-dire à l’impact social et écologique de l’exploitation des mines, prenant en considération les droits des travailleurs, de la communauté et de l’environnement, en leur affectant un pourcentage du chiffre d’affaires de l’entreprise..
– Dans le même cadre, vous êtes membre du Comité tripartite national de l’ITIE en Mauritanie dont les rapports traînent souvent en longueur. Ceux-ci ont-ils jamais influé sur les politiques de l’Etat, en matière de transparence, et sur les activités des sociétés minières qui opèrent chez nous ?
– En fait, les rapports ITIE ne sont guère une fin mais, plutôt, un moyen, pour jeter les bases d’une culture de transparence qui est un long processus. Leur objectif est donc de fournir des données, quantitatives et qualitatives, pour alimenter le plaidoyer visant à influencer les politiques en faveur d’une gestion transparente et responsable des ressources et des revenus.
C’est le rôle que la société civile doit jouer, au sein de ce processus. Dans ce cadre, un Code de conduite vient d’être adopté par les Organisations de la Société Civile (OSC). Mais compte-tenu du manque d’indépendance de leurs représentants, tant au sein qu’en dehors du Comité National ITIE, force est de reconnaître que les données et informations contenues dans les rapports ont très peu influencé les politiques et les pratiques.
– Dans les pays dits pauvres ou en voie de développement, les multinationales opérant dans les mines et le pétrole sont accusées, souvent à juste titre, de négliger les aspects environnementaux et sociaux. Pensez-vous que celles opérant chez nous (MCM et Tasiast, par exemple) font des efforts dans ce sens ? Ne faudrait-il pas revoir les contrats de partage avec ces deux multinationales, pour faire davantage profiter le peuple mauritanien des retombées de ses ressources minières ?
– Les questions liées à la sauvegarde de l’environnement et des droits des communautés locales sont très peu prises en compte par les compagnies minières. Les études d’impact environnemental et social ne sont que des formalités administratives, pour disposer de l’autorisation. Dans le domaine de l’environnement, les communautés sont incapables de dégager, seules, les impacts possibles.
Ce qui donne lieu à des rapports biaisés qui occultent les conséquences néfastes des activités en question. Sur le plan socioéconomique, les études prennent rarement en compte l’impact de la nouvelle activité sur les autres secteurs d’activité, ainsi que sur le patrimoine culturel et la cohésion sociale.
– Vous appartenez au groupe dit des « personnalités indépendantes » proches du FNDU et publiez, souvent, des tribunes sur le dialogue qui peine à prendre, entre le pouvoir et ce pôle de l’opposition. Que pensez-vous de l’énième tentative du gouvernement d’en renouer les fils, rompus par le discours de Néma ? Pourquoi ces deux parties peinent-elles à accorder leurs violons ? Quels conseils leur donnez-vous ?
– D’abord, je voudrais apporter une petite précision : en tant que président de la LMDH, membre du FONADH, premier mouvement mauritanien reconnu de défense des droits humains – elle fut fondée en Mars 1986 – je fais plutôt partie du pôle de la Société civile, l’un des quatre qui composent le FNDU, avec le pôle politique, le pôle syndical et celui des « personnalités indépendantes ».
Ceci dit, vous avez raison : à plusieurs reprises, il m’a été donné de publier des tribunes sur le dialogue ; le dernier article que j’ai commis, paru dans plusieurs journaux de la place et dans des sites Internet, était intitulé : « Un dialogue pour quel(s) résultat(s) ? ». Si cet énième dialogue, comme vous dites, peine à voir le jour, c’est que bien des écueils se dressent, sur le chemin qui doit y conduire, et dont le moindre n’est pas le déficit de confiance entre les principaux acteurs.
La méfiance est telle que le discours de Néma ne fut qu’un handicap de plus, sur le parcours cahoteux de ce dialogue devenu une vraie Arlésienne. C’est vrai que le pouvoir multiplie les appels du pied et réitère sa bonne disposition mais tout cela a de la peine à convaincre une opposition échaudée par l’inapplication des Accords de Dakar, ainsi que – dans une moindre mesure – ceux signés par la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP), en 2011.
Soucieuse de ne pas se faire rouler, une fois de plus, dans la farine, l’opposition exige des garanties là où le pouvoir estime que sa bonne foi suffit. Tout cela aboutit, bien entendu, à un dialogue… de sourds ! Des conseils ? Il est du devoir du pouvoir de convaincre de sa bonne foi, en fixant, avec l’opposition, les termes du dialogue.
Sur ce point, il ne coûte rien, au président de la République, de donner son engagement ferme (s’il le faut par écrit) que les résultats du dialogue seront appliqués. Et, à l’opposition, de revenir à de meilleurs sentiments. De toute façon, le dialogue se faisant au grand jour, il est loisible, pour tout participant, de s’en retirer, à tout moment, s’il estime ne pas s’y retrouver ou qu’il ne l’agrée plus.
Propos recueillis par Dalay Lam
* avocat à la Cour, professeur à l’Université de Nouakchott, président de la Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme (LMDH) et de l’association “Publiez ce que vous payez”
le calame
Scolarisation d’enfants de migrants en Mauritanie : des parcours en dents de scie
En Mauritanie, la scolarité est obligatoire pour les six premières années d’éducation primaire universelle, mais la loi n’est pas appliquée de manière efficace. L’enseignement public est gratuit jusqu’au niveau universitaire. Les classes sont totalement mixtes, comprenant garçons et filles de tous groupes sociaux et ethniques.
Il n’y a aucune restriction légale à l’éducation des filles. C’est même traditionnel : presque tous les enfants de cinq à sept ans, quel que soit leur sexe ou leur groupe ethnique, vont à l’école coranique et acquièrent au moins des notions rudimentaires de lecture et d’écriture en arabe.
Les enfants de familles migrantes sont admis à l’école mais beaucoup s’en abstiennent. C’est un réel problème, du fait de la grande mobilité de leurs parents et de leur précarité économique. Ainsi, un grand nombre d’enfants ne sont pas scolarisés ou éprouvent des difficultés à s’intégrer en classe (arrivée en cours d’année, méconnaissance des langues nationales…).
De plus, l’école publique mauritanienne n’est pas adaptée à des enfants que le nomadisme de leurs parents contraindra, probablement, à poursuivre leur scolarité dans un autre pays, voire continent. Pour contourner cet obstacle, les parents disposant d’une situation financière solide envoient leurs enfants dans des écoles privées dispensant un programme français.
« L’enseignement fondamental et secondaire mauritanien étant dispensé en arabe et en français, certains le jugent inapproprié et préfèrent inscrire leurs enfants en établissement privé spécialisé », précise Daouda Sarr, responsable de l’antenne de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) à Rosso et professeur au public.
D’autres sont contraints à envoyer leur progéniture dans des établissements privés dispensant un programme mauritanien mais se retrouvent confrontés, plus tard, à des problèmes d’état-civil. Au moment de passer les examens, les enfants qui ne sont pas enrôlés systématiquement recalés, faute de carte de séjour.
Pourtant, poursuit Daouda, « l’état civil biométrique comprend des registres réservés aux étrangers qui peuvent y enregistrer leurs enfants à leur naissance ».
Une disposition théorique dans le droit fil de la déclaration du commissaire aux droits de l’homme et à l’action humanitaire, Cheikh Tourad ould Abdel Malick, lors de la présentation du rapport initial de la Mauritanie : « Les parents (étrangers) disposent de cartes de séjour ; quant à leurs enfants, ils sont scolarisés dans les mêmes conditions que leurs camarades mauritaniens, de l’école primaire à l’université et peuvent demander leur naturalisation à leur majorité ».
Une situation confirmée par madame Irabiha Abdel Wedoud, présidente de la CNDH (Commission Nationale des Droits de l’Homme), dans son intervention à la session du Conseil des Droits de l’Homme, du 1er Mars 2016 à Genève : « Tous les enfants des travailleurs migrants en Mauritanie sont acceptés dans les établissements d’enseignement publics et scolarisés dans les mêmes conditions que les enfants mauritaniens ».
Au cœur de la réalité
Allons sur le terrain pour mieux percevoir la réalité. Keïta Baldé, brave parent de quelques élèves à Sebkha (populeux département de la banlieue nouakchottoise), se plaint, lui, de « la plus grande injustice sociale. L’école mauritanienne, c’est deux systèmes parallèles : un pour les pauvres mauritaniens et étrangers ; l’autre pour les riches mauritaniens et les expatriés.
L’année de l’Education (1) n’y a strictement rien changé, au contraire même ! ». Dans les quartiers populaires où s’entassent plus de 90% de la population, les écoles, les collèges et les lycées ne sont que des sites de gardiennage, sans aucun suivi ni contrôle. A quelques rares exceptions près, les professeurs et instituteurs font ce qu’ils veulent. Le privé, dans ces quartiers, est pire que le public.
Mais, à Tevragh Zeïna, le quartier chic de la ville, et, dans une moindre mesure, au Ksar, à l’îlot K ou à Teyarett, c’est une autre réalité. « Les plus riches, nationaux et migrants, envoient leurs enfants dans de bonnes écoles. Les moyennement riches, dans des écoles un peu moins bonnes mais acceptables, quand même. Des familles modestes consacrent une importante part de leur budget à l’éducation des enfants.
Mon mari et moi trimons, pour offrir la meilleure scolarité à nos enfants. C’est difficile mais nous n’avons pas d’autres choix que de leur permettre de s’instruire et de disposer, plus tard, de réelles chances de réussite que nous n’en avons pas eu », témoigne madame Djeynaba Diallo, guinéenne et propriétaire d’un restaurant à la Medina III.
Face à un système scolaire fragilisé, désorganisé, dévalorisé et dichotomique, les parents, les élèves et leurs professeurs se sont tournés, peu à peu à partir des années 1980, vers l’offre privée. En 2006, 13 lycées seulement, sur 32, relèvent du secteur public à Nouakchott.
En 2015, la presse annonce que quatre cents établissements privés (de tous niveaux) seraient menacés de fermeture… « Quatre cents établissements « qui poussent comme des champignons » dénonce-t-elle. L’offre est conséquente… Quant aux tarifs – on dit aussi « écolages » – de ces établissements, ils varient selon les zones d’habitation : la plupart des directeurs-entrepreneurs harmonisent les prix aux réalités de l’environnement social.
Dans les lycées des secteurs « centraux » et plus nantis – Tevragh Zeïna et ses extensions au Nord, par exemple – il faut compter, au minimum, 25 000 UM mensuels par élève au collège. Contre 4 000 à 6 000 UM dans les quartiers populaires. À partir de 2 000 UM, un élève de Terminale d’un kebbé [dépotoir, bidonville] peut être scolarisé dans le privé.
Cependant, tous les établissements privés ne jouent pas le jeu de l’harmonisation géographique des tarifs. Nombre d’entre eux fixent leurs propres écolages en fonction de la réputation des professeurs et des bons résultats affichés (30 à 50 % de taux de réussite au bac).
Si le taux de scolarisation atteint 99,3% en Mauritanie, madame Khedidja Ladjel, rapporteuse du Comité pour l’examen du rapport de la Mauritanie, ne s’en est pas moins interrogée sur le taux de scolarisation des enfants de parents étrangers. « Certains sont exploités à des fins de mendicité, par de pseudo-enseignants du Coran », s’est-elle notamment inquiétée.
Un certain nombre d’organisations, comme l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), ne cessent de souligner cette problématique auprès du gouvernement mauritanien. Mais, comme en n’importe quel pays du monde, la Mauritanie garde sa souveraineté et gérer à sa guise les sans-papiers sur son territoire.
« Nous constatons un problème d’accès à la régularisation, aux papiers ; pas seulement pour les migrants, d’ailleurs – et leurs enfants, bien entendu – mais, aussi, pour certains mauritaniens eux-mêmes, et, même, actuellement, pour les expatriés professionnels. Il faut insister sur le fait que c’est cette difficulté d’accès à la régularisation qui fait basculer les migrants dans l’illégalité », fait remarquer madame Anke Strauss, chef de mission de l’OIM en Mauritanie.
Où l’Etat va-t-il – en a-t-il même une idée ? – si, dans trop de cas, ni les citoyens mauritaniens ni les migrants n’ont la possibilité d’obtenir des papiers régularisant leur situation civile ? « C’est un souci majeur pour lequel tout le SNU s’applique à plaidoyer, auprès des autorités mauritaniennes.
Nous venons d’écrire une lettre conjointe, sur la question de l’accès rapide aux cartes de résidents des enfants. Sans ce document, ils sont coupés de la possibilité d’être éduqués. C’est un cercle vicieux d’où il sera difficile de s’extraire.
Si l’on fait le constat objectif de cette difficulté d’accès aux papiers, pour certains citoyens mauritaniens et leurs enfants, imaginez à quoi sont confrontés les migrants qui, désireux de régulariser leur situation, ne parlent pas le hassaniya et ne sont pas sensibilisés clairement sur des conditions administratives d’accès à la carte de séjour », déplore-t-elle.
Interpellés à la sortie de l’école
Des situations variablement cocasses, plus souvent choquantes, sont vécues par des parents d’élèves migrants interpellés au moment de déposer ou de ramener leurs enfants de l’école : « Nous louons le peuple mauritanien pour son acceptation de l’étranger. Nous comprenons, aussi, l’instauration de la carte de séjour relevant de la souveraineté de l’Etat mauritanien. Mais nous vivons des situations administratives compliquées, liées à l’accessibilité du permis de séjour.
Ceux qui sont dans l’informel ne peuvent fournir de certificat de travail et vivent dans la précarité. Cette situation, du reste inconfortable, se répercute forcément sur les enfants. Des parents sont embarqués, manu militari, sous les yeux de leurs enfants, quand ce n’est pas la famille au grand complet.
Ils se retrouvent objets de moqueries de leurs camarades de classe qui ne savent pas discerner les choses. Oui, ce sont des traumatismes, des violences morales que subissent ces jeunes élèves. Cela peut impacter négativement sur leur parcours », déplore Serge, camerounais établi à Nouakchott.
Des jeunes élèves ont été témoins, l’année scolaire dernière, de l’arrestation de leurs trois monitrices étrangères. Elles ne disposaient pas de carte séjour. Leurs consœurs qui tentaient de s’interposer furent embarquées, sans ménagements, dans le bus des forces de l’ordre, sous les yeux de leurs élèves.
C’est grâce à des interventions de parents, révoltés par ces scènes insoutenables, qu’elles furent relâchées. Libres mais psychologiquement atteintes par les quelques heures de détention.
Les responsables d’établissements privés, confrontés à des charges locatives énormes et de paie d’enseignants, ne font pas preuve de philanthropie, en procédant aux réductions de 30 à 10% des mensualités d’enfants migrants : « Nous effectuons un véritable parcours de combattant, pour scolariser nos enfants.
La situation est telle que nous avons dû faire une croix sur certains postes de dépenses », indique Moustapha Badji, sénégalais établi à Nouakchott depuis seize ans. « Mes trois enfants ainsi que ceux des voisins se rendent à pied à leur école, du cinquième à l’îlot K. Nous n’avons pas les possibilités de leur prendre de taxi. C’est un luxe que nous interdisent les frais, très élevés, de scolarité : mensualités, fournitures, manuels… ».
Chaque parent est soucieux de l’avenir de son enfant, en essayant de l’inscrire dans un établissement réputé d’excellence. Mais beaucoup de subsahariens sont déboussolés par le système éducatif mauritanien. Un nombre important d’enfants de migrants évoluent vers la grande difficulté.
Daouda Sarr émet un avis contraire et surtout de pédagogue. Il estime, lui, que les chances de réussite des enfants de migrants « dépendent, surtout, de leur propre intérêt et assiduité ».
Le cursus scolaire où l’arabe est prédominant n’est pas adapté à des enfants dont les trajectoires migratoires ne sont pas si loin de ceux de leurs parents : « J’ai tenté, à plusieurs reprises, d’inscrire mes enfants à l’école publique mauritanienne mais cela s’est soldé par des échecs cuisants.
Ils ne maîtrisent pas l’arabe et ont du mal à comprendre les matières dispensées dans cette langue », signale Alassane Maïga, ressortissant malien vivant depuis deux décennies à Nouakchott. « J’ai été obligé de les inscrire, plus tard, dans une école privée de la Médina III.
Ils s’en sortent, maintenant, beaucoup mieux mais l’éloignement de cet établissement de notre domicile constitue un nouveau souci. Ils doivent traverser quotidiennement les jardins maraîchers de la Sebkha, terreau fertile de délinquance… ».
Autre écueil de taille : la mobilité des parents d’élèves qui déménagent, fréquemment, d’un quartier à un autre de Nouakchott. Difficile de procéder à des transferts de scolarité. « Ils sont sacrifiés.
Et les efforts des parents sont à l’eau », se désole Blaise Tossou, de nationalité béninoise. Koffi Yao, togolais, évoque un autre problème. Selon lui, « les enfants de migrants en perpétuel mouvement vivront des calvaires, une fois rentrés chez eux, en raison des différences de programmes scolaires ».
La Gambie a dû pallier à ces difficultés, en érigeant un établissement qui lui est propre, au cinquième arrondissement (département de Sebkha). L’établissement accueille, outre de jeunes gambiens, bon nombre d’enfants de migrants anglophones.
Bourses d’études primaires et secondaires
A Nouadhibou, le Projet d’Appui aux Migrants de Nouadhibou (PAMN), mené, depuis plus de cinq ans, par la mission catholique de Nouadhibou, en collaboration avec la Caritas paroissiale, poursuit des activités d’assistance d’urgence et d’appui économique et social aux migrants. Elle met, à disposition d’enfants de migrants, notamment des bourses d’études primaires et secondaires, au Petit Centre (2), établissement privé dispensant des cours basés sur le programme français.
Ces bourses, incluant prise en charge des frais d’inscription, fournitures scolaires et transport, sont octroyées sur dossier et après entretien de motivation avec l’enfant et sa famille, par une commission d’étude des bourses réunissant les membres de la mission et de la Caritas paroissiale. Dix bourses sont ainsi octroyées chaque année.
Le PAMN souhaite renforcer sa stratégie d’appui à la scolarisation des enfants de migrants. En élevant, tout d’abord, son niveau de compréhension de la situation scolaire à Nouadhibou, par la réalisation d’une étude de contexte, menée par un expert de l’éducation non-formelle.
En parallèle, une collaboration sera amorcée entre le « Groupe travail sur l’éducation non-formelle » de l’UNESCO (dont fait partie le Centre de Formation et d’Insertion Professionnelle de Caritas) et l’expert du PAMN.
A l’issue du projet, une proposition concrète d’action, incluant stratégie de mise en œuvre, activités et programmes pédagogiques, sera remise aux membres du PAMN et à l’équipe encadrante de Caritas. Le coordinateur, détaché du service Etudes et Partenariats de Caritas, sera chargé de faciliter et d’animer la relation entre ces acteurs.
Mamadou Thiam
En collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest
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Notes
(1) : L’année 2015 en Mauritanie fut promulguée, par le président de la République, « Année de l’enseignement » – sarcastiquement rebaptisée « Année de l’en-saignement » par quelques prompts bloggeurs désabusés.
« Les pouvoirs publics accordent une grande importance au secteur de l’éducation nationale », avait déclaré le chef de l’Etat, lors de son discours officiel célébrant 52ème anniversaire de l’Indépendance mauritanienne, « […] le gouvernement a organisé des états généraux de ce secteur en vue de sa promotion […] et procédé à la fondation de centres de formations professionnelles » rappelant, également, son engagement, mené à terme, de construire « le plus grand complexe universitaire du pays, comportant plusieurs facultés et une cité universitaire d’une capacité d’accueil de quatre mille étudiants ».
Mais le calendrier de ladite année consacrée connut des soubresauts pour le moins difficiles… En Juin, le scandale des fuites « massives » et la réorganisation de certaines épreuves du baccalauréat défrayèrent la chronique. En Juillet, les résultats du baccalauréat, tombés à 7,6 % d’admis, ravivèrent les inquiétudes des parents et des élèves.
En Août, le gouvernement confirma la mise en vente des terrains abritant les premières écoles publiques de la Mauritanie indépendante. En Septembre, la fermeture de quatre-vingt établissements privés jugés « non conformes » désorganise la rentrée et scandalise les parents. En Octobre, les écoles privées qui dispensent un programme « étranger » sont fermées subitement pour, officiellement, leur non-respect du calendrier scolaire mauritanien. (Source : maghreb.revues.org)
2.École à programme français, fondée en 1983 et initialement réservée aux enfants « d’africains non mauritaniens scolarisés en français qui ne peuvent pas s’insérer dans la cursus arabe », selon son directeur. Aujourd’hui cet établissement est ouvert à tous.
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le calame
Mercredi prochain, « journée sans presse » en Mauritanie
Alakhbar – Les tabloïds mauritaniens ont décrété mercredi 28 septembre courant, « une journée sans presse », afin d’attirer l’attention des autorités et des acteurs nationaux ainsi que des partenaires internationaux, sur le contexte difficile traversé actuellement par la presse, « l’un des piliers du développement et des symboles de la démocratie dans le pays », selon un communiqué publié à cette fin.
La presse écrite vit une situation inédite, due à un ensemble de facteurs dont principalement, la la croissance fulgurante de la presse électronique, souligne le communiqué précité, conjointement signé par des directeurs de publication.
Il est également fait dans cette déclaration, part des contraintes posées par les coûts d’impression élevés et les charges du personnel ainsi que du loyer. Les directeurs de publication comptent également organiser une campagne de sensibilisation, visant le pouvoir en place, l’opposition, les acteurs nationaux et les partenaires de développement, afin de solliciter leur soutien face à cette épreuve.
Une commission de suivi sera aussi mise en place afin de formuler les besoins urgents qui permettent de sauver la presse écrite de la disparition, avant de les adresser aux parties habilitées.
Traduit de l’Arabe par Cridem