Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 22/06/2013

Flamnet-Agora : Les Forces de Libération Africaines de Mauritanie: Quelles réponses aux fadaises de nos détracteurs? Par Mamadou Barry et Yakhya Thiam

 

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 Depuis que les FLAM ont décidé de se redéployer en Mauritanie, et après avoir dépêché le Vice-President sur le terrain pour préparer ce retour, l’organisation fait l’object de vives critiques, quelques fois, dépassant même l’entendement humain. J’avoue que nous étions tenté de réagir de manière brutale par des boutades ou des slogans à la mesure de ces calomnies envers des hommes d’une intégrité reconnue par tous ceux qui les connaissent. Mais, finalement on a jugé que la réponse appropriée aux critiques, même de mauvaise foi, c’est celle qui éclaire et/ou édifie n’importe quel lecteur objectif. En effet, certaines de ces diatribes nous incitent à penser à des thèmes importants tels que les rapports entre la lutte interne et la resistance extérieure, les notions de valeurs morales dans une lutte de libération, ainsi que la culpabilisation des victimes par leurs détracteurs. Nous donnerons une attention particulière au premier point annoncé et nous nous permettrons de commenter certaines de ces attaques.

 

 

Bien qu’à leur création les FLAM n’étaient pas destinées à s’exiler, aujourdhui c’est une évidence, les FLAM sont unealt organisation en exil. Pour certains, ce seul fait suffit pour disqualifier ce mouvement à la prétention à tout crédit dans la lutte pour l’égalité en Mauritanie. De ce fait, les Flamistes ne pouvaient être que des experts dans la recupération du travail accompli par les organisations évoluant à partir de l’intérieur du pays. Cette position ne pouvait voir que de l’antagonisme dans les relations entre les partis internes et les FLAM. Et pourtant, cette manière de voir n’est ni bénéfique pour les besoins de la cause, ni réaliste compte tenu des faits . En effet, les FLAM considèrent que la lutte contre la discrimination raciale est un devoir pour chaque citoyen. Et, à l’image de la France sous l’occupation pendant la deuxième guerre mondiale, la collaboration entre une aile intérieure et l’aile extérieure des résistants contre le système oppressionniste de la Mauritanie devenait une obligation pour résussir leur combat. C’est pour cette raison que les FLAM ont travaillé inlassablement pour maintenir des relations sincères avec les différentes organisations politiques et humanitaires de l’intérieur militant pour la même cause. C’est d’ailleurs ce qui justifiait ce témoignage poignant de feu Mamadou Samba Diop dit Murtudo à l’intention de l’organisation quand il disait que“les Flam sont un parti d’avant-garde qui pose de vrais problèmes et qui propose de vraies solutions”.

 

Alors, nous pensons objectivement que les choses sont claires, nous ne devons pas voir de l’antagonisme entre le travail interne et les FLAM, mais plutôt une complémentarité entre les deux. Dès lors, comment comprendre les critiques dirigées contre les FLAM. Pour se faire, nous allons revenir sur l’essentiel de ces critiques; en l’occurrence, la responsabilite de l’organisation dans la souffrance des opprimés.

 

 

 

Les FLAM sont incriminées par certains de nos détracteurs comme responsables du malheur des populations opprimées mauritaniennes. Hier, c’était le pouvoir raciste qui était l’auteur de ces campagnes ignobles contre les FLAM. Aujourdhui, malheureusement, ce sont des individus supposés être des alliés naturels qui viennent joindre leurs voix à celles des baathistes et des nasseristes pour dénigrer les FLAM. Quand Taya et son régime empêchaient les enfants noirs de s’inscrire dans des écoles publiques sous prétexte que leur péres étaient responsables de leur sort, puisque criminels, leur objectif était de blâmer les victimes et de rendre responsables les enfants de l’action de leurs parents. Phénomène connu par les juristes sous le vocable de “responsabilite in- solidum”, solidarité dans les crimes commis par un autre. Les FLAM avaient dénoncé cette pratique en son temps. Dans une de leurs interventions à Génève en 1993, pendant les travaux de la sous-commision des Droits de l’Homme, elles fustigeaient ce comportement des autorites mauritaniennes. D’ailleurs en Mauritanie, c’est une répetition de l’histoire, car quand Thierno Souleymane Baal (paix à son âme) faisait renoncer au peuple du Fuuta le paiement du tribut connu sous le nom de “Muudo Horma”, les maures pillaient et incendiaient des villages entiers en représailles. Ainsi, ils tentaient de créer une dissension entre la population du Fuuta et leur leader. Ces pratiques de la part des bourreaux sont universellement connues. Sans aucune prétention de notre part, de faire une analyse de la pschycologie de ces détracteurs, on peut penser qu’ils ont fini par s’identifier aux bourreaux de notre pays. Alors , très vite les FLAM sont passées de victimes et de héros de la résistance au statut de responsables de leurs propres malheurs et ceux des autres opprimés, comme dirait l’expression pulaar “nay njardi laaceeje”! Ainsi, les Flam “doivent faire amende honorable a l’endroit des paisibles citoyens”. Si on suivait leur logique, il n’y aurait pas une personne, ou une organisation qui serait épargnée dans le pays. Ainsi, Ahmed Daddah et L´UFD seraient responsables de la mort de Ibrahima N’Diaye dit James et Abdoulaye Mbéri Sarr après les manifestations de Nouadhibou en janvier 1992 contre les élections truquées de Taya. Abdoul Birane Wane et TPMN seraient responsables de la mort du jeune Lamine Mangane. Birame Ould Abeid et IRA seraient responsables des arrestations de leurs militants après chacune de leurs manifestations. Enfin Ibrahima Moctar Sarr et AJD/MR seraient responsables des grenades lacrymogènes reçues par des manifestants à chaque fois qu’ils organisent une protestation. Voyez vous comme c’est aberrant de vouloir incriminer les victimes. Pour nous, c’est le système discriminatoire mauritanien qui est le seul responsable de nos déboires. Aujourdhui, il ne devrait plus y avoir de doute puisque l’Etat mauritanien lui-même a déjà reconnu ses forfaits.

 

Nous pouvons dire que ces assertions résultent de l’ignorance ou de malhonnêteté de leurs auteurs. Quand ils sont à court d’arguments et qu’ils n’ont pas des faits pour refuter les thèses avancées par les Flam, ils se résolvent à invoquer le contexte de la situation. Par exemple, ils diront que dans une réunion de commémoration de la disparition de feu Mamadou Samba Diop-Murtudo- (paix a son âme) il est anormale de parler de politique. Seulement, ils oublient qu’il s’agit de la Mauritanie, un pays où il n’y a jamais de réunion sans politique. Ils ont oublié encore que Murtudo a depuis longtemps franchi le pas du culturel au politique. C’est Baaba Leñol (le nom qu’on lui a donné ici aux USA) lui même qui disait “nous devons combattre le racisme sous quelque forme qu’il se manifeste, de nous impliquer dans les batailles culturelles pour éradiquer l’ignorance car politique et culture sont dialectiquement liées” (13 octobre 2008 Flamnet).

 

Bien que nous soupçonnions que ces détracteurs aient d’autres motivations inavouables, nous sommes toujours optimistes en leur capacité de se ressaisir et de travailler positivement dans l’esprit d’unification des forces patriotiques et progressistes du pays; Puisque nous sommes convaincus que pour vaincre définitivement ce système de discrimination raciale en Mauritanie, nous avons besoin de toutes les énergies disponibles.

 

La lutte continue!

 

 

Mamadou Barry conseiller du président des Flam &Yakhya Thiam-membre du conseil national des Flam.

Flam USA

www.flamnet.info

Chrono-bilbalistique: Kleman le nouveau nègre de service de Nouakchiottes

“La Mauritanie n´est pas ce que vous croyez, elle est non raciale et non esclavagiste… la couleur n’est pas une frontière étanche dans ce pays. Comme je l’ai dit, autant en Mauritanie que dans les représentations diplomatiques, les hommes de toutes les couleurs et de toutes les ethnies se rencontrent à tous les niveaux sociaux et l’une des plus hautes personnalités aujourd’hui, le ministre des finances, Monsieur Thiam Diombar est un Soninké.”.


En un mot voilà ce qu´on retient du plaidoyer amphigourique et ubuesque du nouveau nègre de service de l´Etat mauritanien. Gaston Kleman est un écrivassier ou écrivaillon particulier qui ne mange pas le manioc mais boit le cognac des oppresseurs ! Ce maniaque “con-sultant” de l´Etat mauritanien est décidement un adepte du manichéisme des petits roitelets, après avoir sucé l´ex-putschiste en chef et ex-chef de la police de Taya pendant les années de braise, il revient aujourd´hui pour prêter sa plume aux partisans du système et verser dans le nihilisme pour aider ses nouveaux maitres.
Les mauvaises langues disent que le plumitif camerounais écrit ses articles au dos d´un chèque, comme l´ancien journaleux de JA de Ould Bothaya(suivez mon regard). Trop méchant. Disons seulement que Gaston, bien en cours au palais ôcre de Nouakchott sait faire preuve de gratitude au point de douter de l´évidence. Selon Kleman, les Combattants de la liberté et abolitionnistes mauritaniens ne sont pas crédibles, ils ”
instrumentalisent cette situation, font preuve d’une bonne dose de malhonnêteté intellectuelle, trompent l’opinion internationale, veulent museler ceux qui ne pensent pas comme eux en usant de l’invective, du mensonge, d’un chantage abject et de l’insulte” donc Crédit pour crédit (entendez crédibilité), nous en faisons volontiers aux victimes qu´à un nègre de service, qui pense à ses fins de mois qu´à un peuple qui se noit. Mister Kleman mangez votre manioc sans sourciller mais ne touchez pas à la dignité de notre peuple. A bon mercenaire…chahut!
La lutte continue!

 

Elimane Bilbassi.

 

L’autre Mauritanie racontée à monsieur Gaston Kelman par Ciré Ba et Boubacar Diagana

Mauritanité ! Radioscopie d’une exclusion programmée ?

Depuis son accession à l’indépendance, le 28 novembre 1960, la Mauritanie a mis en place un système d’exclusion de sa composante noire tendant à l’affirmation d’une identité exclusive arabe et la négation de tout soubassement africain à travers la mise en place d’une série de reformes politiques. Le pouvoir militaire a procédé, au détour d’un conflit banal à l’origine, entre éleveurs mauritaniens et agriculteurs sénégalais en avril 1989, à des déportations massives de plusieurs dizaines de milliers de noirs mauritaniens vers le Sénégal et le Mali.

Entre 1989 et 1992, sous le régime du Colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya, des milliers de civils et militaires noirs mauritaniens furent tués selon un mode opératoire présentant toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948, dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux».

Le général président Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé depuis 2011 une opération dite d’ «enrôlement des populations» visant officiellement à doter la Mauritanie d’un état civil fiable et sécurisé, comme dans tous les pays. Cet enrôlement s’est révélé dans son application être une opération d’exclusion et de bannissement des noirs, suspectés d’être sénégalais ou maliens, ou d’avoir acquis frauduleusement les états civils en leur possession. Nombre d’entre eux qui se sont vu refuser l’enregistrement, deviennent donc apatrides dans leur (propre) pays, d’autres l’ont été au prix d’humiliations de toutes sortes. Même de hautes personnalités civiles et militaires, ayant servi le pays pendant des décennies, se sont dans un premier temps fait exclure de l’enrôlement. Dans le même temps, échappent à ces exactions, des étrangers, originaires de pays arabes, installés parfois depuis peu en Mauritanie. Parmi eux, des libanais, des maghrébins, et … des touareg maliens ou nigériens. Aujourd’hui, cette opération se poursuit dans une relative opacité après de violentes manifestations encadrées par un mouvement de défense des droits civiques dénommé « Touche Pas à Ma Nationalité » et une partie de l’opposition.

La deuxième phase de cet  enrôlement réservée aux étrangers vivant en Mauritanie a commencé, brutalement imposée par les autorités depuis mai 2012, sans en avoir précisé les modalités, par la traque de ressortissants d’Afrique noire donc majoritairement des sénégalais et des maliens. Des expulsions (comme en 1989) ont suivi vers le Sénégal, puis des tractations avec certains pays ont donné un répit à ces étrangers auxquels l’Etat mauritanien impose de se munir de carte de séjour dans un délai très court.

La troisième phase réservée aux mauritaniens établis à l’étranger met à nu les intentions et la ferme volonté du régime actuel de retirer la nationalité à la majorité des mauritaniens établis en France et en Europe. Pour parvenir à cette fin, les autorités de Nouakchott qui clament sous tous les cieux leur attachement à la souveraineté nationale, exigent pourtant à leurs citoyens la présentation d’une carte de séjour délivrée par le pays hôte pour mériter de rester mauritaniens.

Une immersion dans l’histoire de création récente de notre pays nous invite pourtant à la tolérance, à la mesure et à l’acceptation de notre diversité pour construire la nation et entretenir des relations apaisées avec nos voisins. La Mauritanie n’est pas une île, elle est le reflet de ses voisins avec sa propre personnalité.

La frontière avec le Sénégal, un enjeu humain d’abord

Le nom de la Mauritanie n’apparait officiellement que le 27 décembre 1899 par décision ministérielle qui délimitait un territoire qui englobe les régions s’étendant de la rive droite du fleuve Sénégal et de la ligne entre Kayes et Tombouctou, jusqu’aux confins du Maroc et de l’Algérie. Cette décision ministérielle et le choix du nom ont été inspirés par Xavier Coppolani. 

En 1900, la première limite du Territoire fut fixée à travers un tracé théorique délimitant les zones d’influences franco – espagnoles au Nord. Le 10 avril 1904, par arrêté, tous les territoires situés sur la rive droite du fleuve Sénégal sont rattachés aux protectorats des pays Maures. Le 25 février 1905, un décret précise et fixe la frontière au milieu du fleuve Sénégal puis le 8 décembre 1933, un autre décret repousse la frontière sur la limite du lit majeur du fleuve, c’est-à-dire sur la rive droite englobant le sud de la Mauritanie. En 1975 puis en 1989 surtout, l’internationalisation des eaux du fleuve dans le cadre de l’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal a permis d’éviter le pire entre les deux pays mais jusqu’à quand ?

A chaque crise majeure, chaque partie brandit « son décret », à ce jeu dangereux la Mauritanie donne plus l’impression de vouloir en découdre militairement. Les deux pays ont tout intérêt à trancher ce flou juridique au grand bonheur des populations riveraines. Enfin, le décret du 5 juillet 1944 rattache la région du Hodh, jusqu’alors sous dépendance du Soudan (actuel Mali), à la Mauritanie. Ce rattachement revêt un cachet sécuritaire, l’administration cherchant à neutraliser le mouvement Hamalliste (Cheikh Hamahoullah) dans cette région. 

En lieu et place des Émirats (Adrar, Trarza, Brakna, Tagant) et des États du Sud (Guidimakha, Waalo, Fouta Tooro) se substitue et se superpose le futur État de Mauritanie. Jusqu’au 2 juin 1946, le nom de la Mauritanie continuera d’être associé, jumelé avec celui du Sénégal sous l’appellation de « Circonscription Mauritanie – Sénégal » et Saint Louis du Sénégal restera capitale de la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance. On comprend dès lors que bon nombre de Mauritaniens soient nés au Sénégal. 

Tel est le contexte historique et politique dans lequel a été enfantée la Mauritanie actuelle, regroupant Sooninko, Wolofs, Maures, Bambaras, Haratines et Haal Pulaaren qui vont devoir désormais vivre sur un même territoire unifié et placés sous une même autorité. Il va s’en dire que pour présider aux destinées de notre pays, il vaut mieux connaître ce contexte et tenir compte de toutes les pièces du puzzle. Le prix à payer pour les fils de notre pays, maures comme noirs, sera énorme. 
Dès 1946 lors des premières élections législatives dans le cadre de l’Union Française, la question était déjà posée. En 1945, en prévision de ces élections, deux tendances s’étaient dessinées : Chez les maures « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un noir » tandis que les notables noirs, inquiets, font appel à une candidature européenne (source : Sous – série : 2G45 : 134, Archives Nationales du Sénégal). 

 

 

 

Un territoire, deux administrations et un système éducatif différencié

Paradoxalement, la fracture entre maures et noirs de la vallée du Fleuve était déjà « officialisée » par les arrêtés n°469 et 470 du 20 août 1936 qui organisaient séparément les commandements et administrations : une administration indirecte chez les « indigènes maures », avec des émirs dépendant désormais de l’administration coloniale ; et une administration directe chez les populations sédentaires noires, avec la création de cantons dont les chefs étaient auxiliaires de police judiciaire et percepteurs des impôts. 


Ce mode de gestion séparée est renforcé par la mise en place d’un système éducatif différencié. En effet l’administration coloniale, pour asseoir son autorité, affirme son intérêt pour l’école en vue d’une plus grande emprise sur les populations autochtones. Dans sa circulaire du 22 juin 1897, le Gouverneur Général E. Chaude écrit : « l’école est le moyen le plus sûr qu’une nation civilisatrice ait d’acquérir à ses idées les populations encore primitives». « C’est elle (l’école) qui sert le mieux les intérêts de la cause française » ajoutera le Gouverneur Général William Ponty dans une circulaire du 30 août 1910, comme pour confirmer les propos de son prédécesseur. 

Simplement, l’implantation de cette école en Mauritanie se fera, et pendant longtemps, dans le Sud : Kaédi en 1898, Boghé en 1912…. alors que les Médersas le seront seulement à partir de 1916 à Boutilimit, puis à Atar en 1936…., en raison notamment de l’hostilité affichée en pays Maures. C’est ce qui explique qu’à l’accession de notre pays à sa souveraineté le 28 novembre 1960, l’essentiel des cadres et des lettrés en langue française sont du Sud. 

Du non règlement de la question nationale à la reconnaissance du génocide 

Plus de cinquante deux ans de vie commune, d’oppression, d’injustices, de domination, de persistance de l’esclavage, de déportation, de luttes et …. un pays à reconstruire. Pourtant, à la veille de l’accession du pays à la souveraineté internationale des signaux clairs avaient été lancés de part et d’autre. Mais celui qui présidait aux destinées du pays, croyant en sa bonne étoile, s’est lancé comme si de rien n’était dans la construction « d’un Etat moderne, trait d’union entre l’Afrique Noire et le Maghreb » dans lequel devraient disparaitre tous les particularismes. Cet équilibre affiché sera foulé dès les premières années de l’indépendance à travers une série de politiques préparant l’ancrage de la Mauritanie à l’ensemble maghrébin et arabe. Les clefs de ce nouvel ensemble, fraichement créé, encore fragile, ont été confiées à Mokhtar Ould Daddah. Si celui-ci appelait à construire ensemble la nation mauritanienne, sa conduite des affaires sera très tôt considérée comme partisane : 

– Une conduite tendancieuse des affaires de l’Etat visant à donner une image exclusivement arabe du pays à l’étranger. Cette diplomatie a tellement réussi que bon nombre de Noirs Mauritaniens sont régulièrement suspectés de mentir sur leur nationalité ; pour cause « la carte postale Mauritanie » est autre. Il n’est pas rare de voir des compatriotes mondialement connus par leurs talents, par honte ou par facilité, être catalogués originaires du Mali ou du Sénégal. 

– l’imposition de la langue l’arabe dans le système éducatif s’avèrera être un subtil moyen de sélection par l’école : en quelques années les résultats des examens de l’entrée en sixième et au baccalauréat, jusque là marqués par un fort taux de réussite d’élèves francophones, majoritairement noirs, vont s’inverser en faveur des élèves arabophones. Comme langue de travail, le rôle de l’arabe va être déterminant dans la réussite aux examens et concours, notamment d’accès à la fonction publique. En tant qu’unique langue officielle à travers la politique d’« arabisation des ministères qui n’ont pas un caractère technique et qui sont en relation directe avec l’ensemble de la population comme la Justice et l’Intérieur », l’utilisation de l’arabe dans la sphère administrative se révèlera comme un puissant outil de domination et d’exclusion : l’Etat laisse entendre sa volonté de s’adresser à toute la population mauritanienne au moyen de la seule langue arabe. 

– la concentration de l’essentiel des pouvoirs économiques, politiques et militaires depuis le coup d’Etat de Juillet 1978 entre les mains d’une partie de la composante maure. Cette armée budgétivore, véritable fonction publique parallèle, qui dirige le pays depuis, a trouvé le moyen de se débarrasser de sa composante noire ou de l’écarter des centres de décisions. 

– l’entrée en vigueur brutale à partir de 1983 d’une réforme foncière mal préparée et dont le seul objectif est l’expropriation, eut pour conséquence l’accentuation de la pression sur les terres agricoles de la vallée du Fleuve Sénégal d’investisseurs privés maures, bénéficiant de largesses de bailleurs arabes, et plus récemment d’investisseurs étrangers. 

– Plus généralement, les frustrations et les injustices ressenties par les noirs, nées des traitements différenciés qui leur sont réservés et autrement plus sévères que ceux rendus pour les maures. L’opinion publique noire a souvent du mal à comprendre que les auteurs du dernier coup d’Etat manqué en Mauritanie, (appelé « coup d’Etat de Hannana », en juin 2003, certainement le plus violent du genre), n’aient été condamnés qu’à des peines d’emprisonnement de quelques mois. Moins compréhensible encore la reconversion de deux des présumés auteurs qui se sont présentés à leur libération aux suffrages de nos compatriotes et réussi à se faire élire à la représentation nationale. Leur mandat court toujours. Alors que quatorze années plus tôt, en 1987, pour une tentative de coup d’Etat qui n’a jamais connu de début d’exécution, le régime d’alors, a, au terme d’une procédure expéditive, jugé, condamné et exécuté trois officiers noirs. S’en est suivie une purge au sein de la grande muette qui a laissé dans le secret des tombes hâtivement creusées à Inal, Jreida, Akjoujt, Azlat, … des dizaines d’hommes qui s’étaient engagés au service de leur pays. 

Les effets cumulés de tous ces facteurs présageaient d’une explosion de conflits. Une partie des maures, embrigadés par les mouvances pan arabistes et ayant le sentiment de plus en plus renforcé, et le disent, d’être chez eux, le seul chez qui leur soit propre (ça rappelle quelque chose), où l’Etat leur garantit tout : sécurité, impunité. La majorité des noirs vivent cette condition comme un non choix, une condamnation à cohabiter, avec le recensement discriminatoire (enrôlement) en cours, ils ont fini par se dire qu’ils ne sont que tolérés ? Leurs revendications ont toutes été réprimées dans le sang ; sans qu’à aucun moment le régime en place ne prenne le temps de réfléchir sur les motivations réelles de ces crises à répétition, et ne propose des solutions qui aillent dans le sens du maintien de l’unité nationale. 
Le calcul politique qui sous-tendait ces mesures, les conditions de leurs applications, la mauvaise gestion des conséquences de ces applications en termes de contestations cristalliseront toutes les frustrations et « pollueront » pour ainsi dire le climat politique de notre pays. La brèche ouverte depuis est devenue un fossé, si grand aujourd’hui qu’il fait courir à notre pays le risque de conflits à répétitions. 


L’exclusion peut-elle durer encore ? Combien de temps ? 

Les gouvernants, tous régimes confondus – exception faite des parenthèses Ould Haidalla et Sidi Ould Cheikh Abdallah – ont invariablement œuvré au maintien et au renforcement de l’option arabe irréversible de la Mauritanie. Une option que même l’opposition dans son écrasante majorité ne remet pas en cause, en dépit des conflits et les risques d’explosion auxquels elle a exposé notre pays en cinquante et une années de vie commune. 

L’exacerbation de cette politique raciste, injuste et d’exclusion donnera naissance aux évènements de 1989 et suivants, avec des massacres massifs des populations noires du Sud. Des actes que l’on peine encore à qualifier avec les mots qui conviennent. 

La victoire a beaucoup de pères : Génocides reconnus 

Historiquement, ce sont les vainqueurs qui ont imposé leur volonté quand il s’est agi de qualifier les faits. Leur camp ayant eu le soutien des instances internationales, quand il ne les a pas créées, pour traduire les bourreaux : le Tribunal de Nuremberg pour qualifier le traitement réservé aux Juifs lors des deux grandes guerres de crime contre l’Humanité, ceux d’Arusha pour le génocide des Tutsi au Rwanda et de la Haye pour le génocide des Musulmans de Bosnie Herzégovine. La Cour Pénale Internationale pour Charles Taylor et récemment Laurent Gbagbo pour les crimes commis contre les peuples Sierra Léonais et Ivoirien respectifs. 


La défaite est hélas orpheline : Génocide voilé 

Ce qui s’est passé en Mauritanie entre 1989 et 1992 présente toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948 dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Abstraction faite du débat que peut soulever l’usage des concepts renvoyant au nombre de victimes, à l’ethnie, à la race, voire à la religion notamment chez certains scientifiques puristes, cette définition lève toute ambiguïté sur le caractère des massacres commis lors de la période référencée. 

Trois facteurs accablants sont à considérer ici, pris séparément ou mis ensemble. 

Premier facteur : l’intention (de détruire tout ou partie d’un groupe national). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y était, on est allé les chercher là ils se trouvaient : villages, lieux de travail (bureaux, écoles et marchés), au sein des forces armées et de sécurité. 

Deuxième facteur : le motif apparent pour désigner puis massacrer les cibles, était leur appartenance à une ethnie. A l’exclusion des exécutions au sein de l’armée, les pogroms le long de la vallée ont ciblé les peulhs. La population victime a donc délibérément été sélectionnée (tous ceux qui ont été massacrés avaient la particularité d’être Noirs). 

Troisième facteur : ces massacres ont été pensés, planifiés, et exécutés au nom d’une idéologie raciste dont l’objectif était la purification ethnique. Le maître d’œuvre en était le Colonel Ould Taya, conseillé par des idéologues civils se réclamant du Baathisme. 

Il en découle que les crimes commis l’ont été sur la base d’une sélection, un tri. Une effroyable opération qui a précédé l’exécution collective des victimes. La sélection confère donc à ces crimes la condition nécessaire de leur qualification en génocide, tandis que le caractère collectif érige le mal en crime d’Etat. Faut-il encore un argument supplémentaire pour convaincre qu’il s’agit bien là d’un génocide. La réponse est assurément NON. 

A l’évidence, ce drame est bien issu d’une volonté systématique et planifiée d’extermination. La Mauritanie doit porter un regard apaisé sur son passé d’autant que certaines franges pan arabistes n’hésitent pas à accuser les exilés et déportés Mauritaniens au Sénégal d’avoir participé aux massacres de leurs compatriotes en 1989 dans ce pays, telle la réplique de l’Etat Turc accusant la France de génocide en Algérie en réponse au vote par le Parlement Français, le 22 décembre 2011, de la proposition de loi pénalisant la contestation du génocide Arménien. 

Pourquoi alors s’obstine-t-on à utiliser d’autres qualificatifs ? 

D’abord parce que les bourreaux sont encore en activité, dans les premiers cercles du pouvoir. Conscients de leur responsabilité certainement directe dans les forfaits commis, ils font tout pour retarder ou empêcher la manifestation de la vérité. 

Ensuite, la majorité des partis politiques ont préféré laisser les ONG sous-traiter la question, désertant ainsi cet épineux terrain rendu glissant par sa connexion avec la question nationale. Le débit des autres partis est faible, presqu’inaudible, en raison d’un réseau saturé par des dissensions des associations des victimes. 

Enfin les divisions au sein des associations de victimes elles mêmes, liées peut être aux traumatismes subis, sont un pain béni pour les présumés coupables, pourtant répertoriés, qui n’ont eu aucun mal à surfer sur ces divergences pour essayer de passer la solution de cette question par pertes et profits. Victimes et ayant droit s’accommoderont du discours édulcorant les crimes en « passif humanitaire ». En acceptant ainsi de suivre les autorités dans cette démarche, ils espéraient peut-être donner une chance à ces dernières de cheminer vers une véritable réconciliation, impliquant réparations et pardon. 

Mohamed Ould Abdel Aziz, qui fut aide de camp du président Ould Taya et commandant du Bataillon de Sécurité de la Présidence de la République (BASEP) de 1987 à 1991 puis commandant du bataillon de commandement et des services à l’Etat Major national d’août 1991 à juillet 1993 selon son cv, aurait été épargné pour accorder une chance supplémentaire à la chance de réconcilier la Mauritanie avec elle-même. Ce fut un coup de poker perdant. La « prière aux morts » qu’il a orchestrée en grande pompe, n’avait d’autres motivations que mystiques. La campagne qui l’a suivie, autour du pardon participait à une démarche de diversion, visant à faire passer les victimes pour des haineux, des rancuniers qui ne pouvaient pardonner. N’entendions-nous pas les chantres de cette campagne répéter à qui voulait l’entendre que « Allah, dans Son infinie bonté, accordait Son pardon à Ses créatures (fautives) qui le Lui demandaient ». Ce qu’ils omettaient de dire, c’est qu’Allah n’a jamais fait de mal à personne. Les victimes des exactions n’ont pas de contentieux avec Allah, mais bien avec des créatures comme elles qui se sont adonnées à des abominations, dont elles doivent répondre ici bas, avant de devoir en rendre compte devant notre Créateur et Ses Anges. Ils semblent être frappés d’amnésie, oubliant que certains de ces crimes ont été commis pendant le mois de Ramadan. 

Faute d’avoir pu l’empêcher de se produire, nous n’avons pas le droit de laisser les autorités ajouter au crime la bêtise de le minimiser. En effet, les expressions utilisées pour qualifier ces faits de « passif humanitaire », l’ont été, parfois sous la pression des bourreaux et de leurs amis au pouvoir. Comme si ce qui s’est passé n’était pas suffisamment grave pour mériter d’être qualifié autrement. 

Le « passif » (et l’ « actif »), usité en comptabilité ou en grammaire, ne peut ni ne doit en aucun cas être employé pour parler de cette abomination. On est en politique. En politique, comme en tout autre domaine, il est préférable d’utiliser les mots qui conviennent pour désigner les maux causés au risque de tomber dans le négationnisme. Les propos tenus récemment par le Général Meguett en constituent un début de commencement. 

Souvenons nous qu’Hitler, tirant la leçon de la non application des résolutions du traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 entre les Alliés et l’empire Ottoman, qui prévoit la mise en jugement des responsables du génocide arménien, aurait lancé en 1939 « Qui se souvient des massacres des Arméniens » à la veille de massacrer les handicapés, l’extermination des Juifs viendra deux ans plus tard. 

Rappelons aussi que le général père de la nation Turque, Moustapha Kemal avait pris soin de faire voter une amnistie générale des dits crimes le 31 mars 1929. En Mauritanie le colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya a fait voter une loi d’Amnistie de ses crimes, adoptée en 1993 par une Assemblée à ses ordres. La tentation de tracer un trait sur les faits était déjà là. Le temps ne doit donc pas avoir de prise sur notre détermination et notre volonté à œuvrer pour la reconnaissance de ces crimes en génocide et la traduction pendant qu’il encore temps de leurs commanditaires devant la Cour Pénale Internationale.


Est-il possible d’éviter à notre pays un futur incertain? 

Les mauritaniens peuvent-ils s’arrêter un instant pour s’accorder sur l’essentiel en vue de construire un destin commun ? Quel modèle pour la Mauritanie : Etat unitaire, Etat fédéral ? Ancrage dans le monde Arabe ou dans l’Afrique noire ? Trait d’union ? 

Quoi qu’il en soit, nul ne peut gouverner paisiblement notre pays en méconnaissance totale de son histoire ou au mépris de celle-ci, faite de recompositions, de brassages, de mélanges de sociétés si différentes que tout éloignait au début, mais qu’il faut désormais administrer harmonieusement selon un principe si simple de justice et d’égalité, non pas de principe, mais d’égalité effective. Pour cela l’armée au pouvoir depuis 1978, n’ayant pas vocation à faire de la politique et considérée comme comptable et responsable de ce génocide, n’est pas qualifiée à diriger la Mauritanie.

Monsieur Kelman, maintenant vous savez.

Ciré Ba et Boubacar Diagana – Paris, le 22 juin 2013.

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Flamnet- rétro: Cinquantenaire de la Mauritanie: notre vision des choses

cinquantenaire de la mauritanie

  Cinquante ans d’oppression, de répression et de régression… 

Le cinquantenaire des Etats Africains rime généralement avec régression, répression, et renvoie à une Afrique marginalisée, qui ploie sous le poids de la dette, écrasée par des rapports marchands impitoyables, inégaux et iniques; une Afrique appauvrie, meurtrie et exsangue par cinquante années de régimes despotiques, aux peuples déçus, pessimistes, en désillusion totale vis-à-vis de leurs gouvernants.

 

Si ces indépendances africaines ont procuré la satisfaction d’avoir délivré les peuples d’Afrique de l’insupportable sentiment de l’aliénation politique, il reste que ces mêmes peuples, en général, les ont ressenties comme une traversée du désert; ils les ont vécues comme un calvaire  à  cause de  la “mal- gouvernance”, qui se décline en corruption des moeurs , pillage des ressources, répression et oppression,  ethnicisme et népotisme, pauvreté et famine, arbitraires et abus  des dictatures, surtout militaires .

Tableau sombre qui amena ce vieux maure de l’Est de la Mauritanie à demander un jour : à quand donc la fin de l’indépendance? même constat amère qui faisait dire à  Ahmadou Kourouma , à travers son personnage de roman, «  comme une nuée de sauterelles les indépendances sont tombées sur l’Afrique » !

 

 La Mauritanie, le miroir brisé 

 

La Mauritanie, ce morceau hybride de  l’Afrique, n’échappe pas à cette  sombre caractérisation. Loin s’en faut ! en effet  la Mauritanie constitue un des cas achevés des  ratés des indépendances africaines que décrivait, si bien  Ibrahima  Ly : « Nous avons déjà eu ce qu’on appelle “indépendance”, quelle tristesse ! Nous avions ensemble tué la bête immonde . Quelques- uns ont traîné le cadavre dans un fourré, et avec sa dépouille se sont confectionné des masques. Ils nous font maintenant terriblement peur ».

 

Par la faute de nos dirigeants politiques nationaux, nous mauritaniens sommes aujourd’hui ce que nous sommes, c’est- à-dire au bas du classement des pays, à l’échelle du globe. 

Génèse : Maitre Moctar ould Daddah artisan du Système 

 

Le Président Moctar ould Daddah ( paix à son âme ), par ces choix subjectifs, partisans, hypothéqua la marche de notre pays vers le progrès, l’entraînant dès le départ dans des dérives politiques et nationalistes qui continuent encore aujourd’hui de compromettre et son unité et son développement.

 

Daddah  s’attaqua dès les premières années de son règne à l’institution parlementaire, pour en modifier le pouvoir. Afin de concentrer plus de pouvoirs entre ses mains, il supprimera le régime parlementaire hérité de la France, pour instaurer un régime présidentiel, taillé sur mesure, s’octroyant ainsi un pouvoir autocratique, fort. Le parlement fut donc dépossédé de son pouvoir, inféodé et vidé de sa substance, pour répondre à ses désirs et à son plan. 

Il faut rappeler, qu’avant de s’attaquer au parlement le marabout avait, au préalable, pris la précaution  de faire, doucement , supprimer le multipartisme en germe, en amadouant les partis politiques mauritaniens naissants, en les embrigadant. A la place il  instaura, à la hussarde, le monopartisme, muselant ainsi  les voix discordantes;  il ira jusqu’à créer une confusion des pouvoirs en instituant la primauté du parti sur l’Etat, pour mieux asseoir son pouvoir autocratique, et exécuter  son agenda secret visant  la réorientation des équilibres politiques et culturels internes. 

Le Parti unique à pensée unique était né, qui  allait compromettre, pour une longue période de temps , la trajectoire démocratique dans laquelle notre pays s’était engagé, au sortir de la colonisation. 

 

En éliminant subtilement ces partis politiques naissants, il éliminait du même coup le cadre naturel du débat et des projets contradictoires, essence même de la démocratie  qui reposait sur les differences et la confrontation d’idées. Notre démocratie balbutiante fut assassiné et enterrée au nom du  parti unique, qui ne réussit, hélas, ni  à forger notre unité nationale qu’il était censé viser, ni à nous guérir du mal tribal contre lequel il fut institué .

Ould Daddah dévia non seulement cette trajectoire vers la démocratie, mais compromit également  le progrès du pays, en s’adossant sur les forces  rétrogrades et conservatrices, poussant les éléments les plus progressistes de son régime vers la démission ou le reniement .

 

Après avoir réussi à éliminer les formations  politiques existantes et inféodé le parlement, il  entama l’exécution de son plan secret : rétablir l’équilibre politique entre arabo-berbères et négro-africains, alors favorable aux négro -africains. Ould Daddah  était obnubilé, obsédé par cette situation héritée de la colonisation , qu’il jugeait impérieuse de corriger au plus vite ; seulement  au lieu de se limiter à redresser le déséquilibre – chose légitime et juste en soi – il versa  dans l’excès inverse, en éliminant  progressivement mais systématiquement, les négro africains des instances décisionnelles et de nombreux secteurs de  la vie publique. 

 

C’est donc en toute connaissance de cause que Ould Daddah commença à  mettre  en place, lentement mais obstinément, les bases de son projet  hégémonique d’une « Mauritanie arabe », surtout arabe. La  loi  non écrite, arbitraire, du quart étant déjà  appliquée pour les compositions de gouvernements, il s’attaqua alors  à la  réforme de secteurs clefs, indispensables pour mener à bien son dessein : l’Armée, l’Ecole, l’Economie, trois  verroux essentiels dont il fallait s’assurer, indispensables, pour qui voulait maîtriser l’Etat .

 

Pour un contrôle futur de l’Armée (encore sous le commandement du commandant Diallo issu de l’Armée coloniale française), Ould  Daddah  s’employa  à mettre en place  un premier noyau du  corps  de commandement futur de notre Armée « nationale » en gestation, par la reconversion de  certains  enseignants: Mbareck ould Bouna Moctar  et Ould Saleck  (arabo-berbères  naturellement) sont choisis , et constitueront à l’issue d’une formation sommaire à l’étranger, les premiers officiers de l´Etat major naissant; (Il faut rappeler que les candidatures d’instituteurs négro-africains furent, pour la circonstance, systématiquement éliminées). 

– L’Ecole sera la seconde étape du marabout. Il engage, préssé, les réformes éducatives, essentiellement centrées sur le renforcement progressif de la langue arabe à l’école; langue qui sera instrumentalisée à loisir pour les besoins de la cause,  afin d’accélerer le processus de liquidation des uns, et hâter  la  promotion sociale des autres. Cela se traduira par un recrutement de maîtres coraniques, essentiellement arabo-berbères, sans qualification, une croissance exponentielle d’écoles en zone arabo-berbère, sans rapport aucun avec la densité de population habituellemt  requise. 

 

Dans le Sud, à l’opposé, on assistera  à une sorte de  frein à  l’expansion scolaire, où villages et adwabas( campements haratines) ploient sous le poids démographique, et malgré des demandes insistantes des populations; il ne fallait surtout pas repondre à ces sollicitations ! car ce serait gêner gravement la politique de “rattrapage scolaire” entreprise, à  pas de course, par Moctar.

 

L’arabisation à outrance, sans les conditions minimales requises, sans contenu et sans préparation? peu importait, pourvu qu’elle permît la liquidation des uns et la promotion sociale rapide des autres ! 

 

– Secteur de l’Economie où, pour boucler la boucle, Ould Daddah  mettra  très vite en place son 1er noyau de cadres économiques et financiers, chargé de veiller au grain; ça sera, comme par hasard, Ahmed Ould Daddah, Ismael Ould Amar, (tous Arabo-berbères, une fois de plus !). Ce socle constitué, il initia alors sa “politique financière” qui  permit, là aussi, à la composante arabo-berbère d’asseoir son hégémonie; Pour ce faire il créa alors l’ouguiya,- plus adapté au projet que le Franc CFA sous l’oeil vigilant de la  métropole -, et fit venir à flot les fonds arabes; deux sources où les arabo-berbères puiseront  sans compter ! Deux actes qui  permettront «l’ accumulation primitive (décisive) du capital » par un bon nombre d’entre eux; en effet, ceux -ci  bénéficieront de prêts à volonté et sans restriction, interdits aux autres ( Négro-africains et Haratins). La gestion laxiste de ce secteur ouvrira la voie aux détournements massifs des deniers publics et de ces fonds arabes, dans l’impunité totale, par  une classe de prédateurs économiques, devant un pouvoir  préoccupé par la promotion d’une bourgeoisie tribalo-raciale.

 

Voilà qui explique peut être pourquoi Oud Daddah ne combattit jamais sérieusememt la corruption et l’enrichissement illicite. Voilà qui aussi expliquait peut-être ce paradoxe chez l’homme : honnête et très intégre sur le plan de gestion des déniers publics, il laissa faire presque librement les prédateurs, sans jamais sérieusement les inquiéter. Cette déplorable habitude qui constitue un des handicaps majeurs de notre développement  a pris racine hélas, et devient chaque jour, plus difficile à extirper. 

Les secteurs de l’Armée, de l’Education et de l’Economie maîtrisés, Daddah se tourna vers l’extérieur . 

 

Il s’employa, ici, à masquer ses intentions et son projet par un écran de fumée auprès de ses pairs  africains qu’il mystifia à fond, en se faisant passer pour un tiers-mondiste sincère, avec un slogan, encore plus trompeur, à la bouche : « une  Mauritanie trait d’union » entre le monde arabe et africain, dont il fera toujours fi !

Les éléments  du plan se mettaient doucement en place, enserrant petit à petit les négro-africains, resserrant de plus en plus l’étau autour d’eux. Le plan  appliqué, méthodiquement, reproduira, à peu près à l’identique, les effets et les objectifs souterrains de l’idéologie Afrikaaner, ainsi définis : “annihiler la force numérique et la force de travail que représentent  les Noirs pour les transformer en instruments, sans qu’aucune possibilité ne leur soit laissée de renverser cette situation”.

 

Voilà l´homme au sombre héritage que l’on s’apprêtait à sacrer en ce 50ème anniversaire de  notre indépendance ! 

Bilan :  Un pays divisé , un peuple appauvri , assoiffé de justice .

 

De par sa vision ethniciste et de par sa gestion partisanne, Ould Daddah nous léguait un pays en proie à des crises inter-ethniques cycliques récurrentes, dangereuses pour la paix et la stabilitité de la Mauritanie, qu’il ne chercha, du reste,  jamais à sérieusement résoudre -et pour cause !-, repoussant leur solution toujours au lendemain. Tout comme il ne voulut jamais s’attaquer au fléau, terrible, qu’est l’esclavage, qu’il dira comprendre,  au lieu de l’abolir. Il laissa, consciemment, ce phénomène odieux qui défiait  pourtant notre humanisme se perpétuer .

 La création d’une nation mauritanienne égalitaire, juste et démocratique, toutes races et ethnies confondues, ne fut ni le souci, ni le projet de Moctar Ould Daddah. S’il  nourrissait cet idéal c’était pour la nation arabo-berbère, exclusivement; « père de la nation » il l’était, assurément, pour la nation arabo-berbère !

 Si nous sommes aujourd’hui un peuple divisé, appauvri, sans repères, une nation en gestation compromise, c’est bien, en grande partie, à cause de Ould Daddah.

Il ouvrit le chemin des dérives, de la politique de l’inégalité, du laxisme, de la complaisance, et les militaires s’y engouffrèrent, à coeur joie; militaires du genre Ould Taya, ( S. Doe, Y.Jammeh, L. Konté) et combien d’autres, tristes symboles et prototypes mêmes des ratés de ces indépendances africaines que Ibrahima Ly, toujours lui, caricaturait à peine ainsi : « hier ceux qui s’emparaient du pouvoir avaient une certaine instruction, aujourd’hui ils lisent en titubant sur certaines syllabes». 

 Le projet d’une Mauritanie arabe, initié et nourri par Moctar, sera poursuivi et consolidé par les régimes militaires dictatoriaux qui lui succédèrent; quelque fois dans le sang, avec la cohorte des spoliations et expropriations foncières de négro-africains et de haratines, les déportations de populations, la radiation de milliers de fonctionnaires noirs pour faire place nette aux arabo-berbères dans la fonction publique, les exécutions extra -judiciaires de milliers de civils et militaires négro africains, l’épuration ethnique, en un mot, le génocide; Si tous les régimes dictatoriaux militaires qui succédèrent à Ould Daddah ont poursuivi avec conviction et determination son  projet d’une Mauritanie arabe, c’est sans conteste Maouiya Ould Sid’ Ahmed Taya  qui l’a surtout consolidé, en l’élevant sur le terreau  des horreurs. . .

Enfin, la radicalisation de l’arabisation à l’école au sein de l’administration et de la justice dans la négation ou le mépris total  de l’identité des autres. Une Ecole divisée, à genoux, dans l’impasse totale, avec son corollaire: les échecs massifs  des écoliers négro-africains, et des générations d’enfants sacrifiés à vie, toutes ethnies confondues.  

 

 Ould Taya  accentua donc gravement la division léguée par Daddah .

Des politiques à caractère chauvin et raciste sont renforcées, politiques à deux poids deux mesures qui font qu’ici, on assiste à la multiplication d’écoles, à croissance exponentielle sans critères objectifs réels, la démultiplication de centres administratifs ( arrondissements, préfectures) ; et là, bizarrement on notera la stagnation de l’expansion scolaire, la multiplication de postes frontières harcelants, de postes de contrôle routier intempestifs, de postes de police, hier, inconnus des villages de la vallée du fleuve. Pour les uns une identité culturelle reconnue et assumée par l’Etat, pour les autres la négation même de leur culture. Ici, une sureprésentation arbitraire au parlement, et là une sous-représentation de populatons qu’aucun poids démographique ne justifie.                                                                            

 

 Dans cette vallée du fleuve les populations vivent des vexations quotidiennes, les déportations, les viols, des contrôles intempestifs excessifs, un rançonnage aux frontières devenu routinier, des expropriations foncières arbitraires, sans fin. Il se développe dans cette vallée du fleuve, sourdement  et de plus en plus, ce sentiment d’assiégés permanents; les nouveaux arrivants et ces préfets, gouverneurs et chefs d’arrondissement, tous arabo-berbères, connaissant si peu le milieu,  ne cherchant souvent même pas à  s’y intégrer,- “migrants”se comportant généralement comme en territoire conquis-, exacerbent hélas ce sentiment de ras le bol !  

 Un moment de répit dans tout de même cette vallée du fleuve meurtrie et quelque espoir, de courte durée, ressentie chez les négro-africains, sous le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui, non seulement amorça la réconciliation  nationale, mais en même temps tenta, avec courage et sans tricher, de renouer avec le fil, rompu, de la trajectoire démocratique. Seulement l’homme de foi, sincère, mais si peu habitué aux méandres de  nos moeurs politiques  atypiques, avait mal mesuré les enjeux en cause et les résistances de tous ordres ; d’où l’intrusion, pour la seconde fois, des militaires, au travers d’un  putsch auquel, hélas, des forces politiques se disant attachées  au  jeu démocratique comme seul cadre d’expression et d’accés au pouvoir, donnèrent du mou! 

 Le résultat de toutes ces politiques nocives est que nous vivons aujourd’hui côte à côte en nous tournant le dos, dans la suspicion du voisin ! 

Le pays physique lui-même est resté presque à l’état dans lequel l’avait laissé le colon: aucune infrastructure notable, pas de réseau routier, ni de parc automobile, pas d’aeronefs, pas d’industrie, pas de plan général d’urbanisation, pas d’eau courante, rien ! Le peu qui avait été bâti par le colon est dans un état piteux, sans entretien ! Bref un pays aux immenses ressources qui se meurt de faim !

 La vallée du fleuve et sa population ont été  les plus affectées par ces tristes politiques. Ce cinquantenaire ce sont 50 ans d’oppression et de régression des populations de  la vallée du fleuve, transformée en vallée des larmes!

 Etat actuel de lieux …ère Azizienne : Qu’est ce qui a changé? 

 

 

 On ne peut  ne pas remarquer ces tentatives de lutte contre « la gabégie »  à l’actif du régime;  même si celle-ci se menait sans trop tricher, un peu sélectivement, sans toute la fermeté requise, elle a au moins  le mérite de limiter le taux des prédateurs, et gêner, quelque peu, les vols à ciel ouvert. Tout comme on ne pouvait ne pas accueillir favorablement ces tentatives nouvelles, que sont ce nivellement amorcé dans le traitement des disparités des capitales régionales, et cette lutte contre le terrorisme enfin, qui doit être implacable et sans concession, face à ces fanatiques soldats adeptes de l’obscurantisme, si peu soucieux de la vie et des droits ; 

 Seulement l’égalité ne se réduit  pas à la lutte contre la gabégie ou contre le terrorisme. C’est beaucoup  plus que ça !

 Aziz hésite encore à aborder les questions essentielles qui minaient toujours l’unité nationale. Le régime observait un profil bas sur la question du passif humanitaire, et réchignait à prendre en charge cette question endémique et lancinante de l’esclavage. Il ne se passe pas de semaine sans que l’IRA ou  SOS-ESCLAVES ne révèlent des cas avérés d’esclavage, plus pathétiques les uns que les autres, mais  qui restaient toujours impunis. 

 Le gouvernement  reculait, visiblement, sur le dossier des réfugiés, réticent à leur rendre leurs terres, s’essayant à  la politique du fait accompli, dangereuse et sans issue, qui suscitait  rancoeurs et frustrations durables .

 Le rapatriement s’était arrêté côté Sénégalais, que l’on  reprend de mauvais gré, en rognant sur le chiffre d’inscrits : sur près de 5000 cas de réfugiés inscrits qui attendent encore, il semble que  le régime se serait  maintenant  rétracté, et ne souhaite plus en accueillir qu’une partie infime ! il va jusqu’à nier l’existence des réfugiés du Mali ! Ce régime était entrain de revenir sur les engagements officiels et publics de l’Etat mauritanien, et tentait, en réalité, de remettre en cause le droit fondamental du retour !

 Voilà que l’on multipliait des points de passage sur le fleuve, compliquant encore davantage le quotidien des populations déjà intenable, comme si « la menace venait (encore) du Sud » !

La timide tentative d’équilibre ethnique au sein du gouvernement à ses premières heures a vite pris fin; on a  limogé, rapido-presto, ces ministres qui avaient à coeur leur job, et voulaient rompre avec l’anarchie et le laxisme ambiants. Celle de la fonction publique aurait été jugée d’en faire un peu  trop, d’avoir cherché à traiter, avec trop de zèle, ce dossier,”encombrant”, de « ses parents  fonctionnaires» arbitrairement radiés, dossier qui depuis est sous le coude. Celui des Finances s’est vu préférer un homme qui avait comme top priorité « la version en  caractères arabes » des bulletins de salaire !

 En réalité le Président Aziz se refusait  à operer cette rupture, indispensable, d’avec les hommes et ces  pratiques nocives, symboles du triste passé. Voilà pourquoi, le Système, pour l’essentiel, demeurait encore en place.

 Voilà qui justifie la poursuite, à la même cadence, de ces nominations à caractère ethniciste. Toujours les mêmes qui sont sélectionnés, promus.Toujours les mêmes quotas, la même portion congrue dans les médias d’Etat, et que l’on se proposait de reconduire, jusque après la libéralisation de l’audio-visuel !

 Une “double nationalité” tape-l’oeil qui s’averera être un mirage pour beaucoup, au vu des conditions absurdes dressées pour y accéder. Un parti qui grossit, dangereusement, avec tant de satellites autour, qu’il glissait doucement vers le parti-Etat, vers le  parti  unique à la pensée unique- source de nos malheurs-, et menaçait de porter préjudice au pluralisme  véritable .

Le Système demeurait encore vivant, ténace …sous l’ère Azizienne !

Puisque le Président dit contrôler tout, c’est donc qu’il bloquait  tout !

 

 Quelle voie, quelles  solutions pour  la Question de la cohabitation    

 Il nous est encore possible de créer cette nation unie, égalitaire et démocratique, à condition qu’il existe une volonté politique réelle; à condition de prendre à bras le corps cette question lancinante de la cohabitation et de l’esclavage, toujours escamotée, objet de fuite en avant permanente; à condition, enfin, d’en déterminer les bases justes.

 

Ces bases devront reposer sur les axes clairement définis, ci-après :

 –  Un équilibre dans la gestion du pouvoir , entre toutes les composantes nationales. 

 – Une réforme politique et constitutionnelle, qui consacrent les libertés démocratiques, reconnues et protégées, introduit  des amendements constitutionnelles spéciaux portant sur l’Identité de la Mauritanie, l’égalité  des communautés, des langues et des cultures nationales, la fin de l’esclavage, la création d’un observatoire national des libertés et de la cohabitation.

 -Une réforme de l’Education, fondant  une Ecole  moins élitiste, ouverte sur le monde moderne et respectueuse de nos identités multiples.

  -Une réforme de l’Armée, pour en faire  une armée républicaine et de développement, ouverte équitablement à toutes les composantes nationales.

  – Une réforme de l’Administration et de la justice, basée sur l’autonomie régionale, un  redécoupage territorial qui tienne compte des aires culturelles et historiques,  une justice modernisée enfin.

   – Une réforme agraire – dont la vallée serait certainement le pivot – fondée sur le droit de propriété reconnu et réaffirmé, reposant sur une politique d’investissement agricole qui respecte ce droit de propriété, associe les populations concernées, respecte les espaces vitaux des villages, ouvre des couloirs de parcours pour le bétail, préserve les droits séculiers des pêcheurs sur le fleuve, détermine les zones d’investissement dans la vallée, que sont le Waalo, le moyen Jeeri et le haut Jeeri à affecter, respectivement, aux autochtones locaux, aux hommes d’affaires nationaux et régionaux, au grand capital international .

 Ces réformes devront être précédées, pour mieux accrocher, par des mesures immédiates d’apaisement social de la part du Gouvernement qui se traduiront ainsi : 

 – Un réglement correcte du dossier des réfugiés qui passe par la restitution des terres de culture et des villages aux uns, et l’ indemnisation  pour les autres.

– Une volonté politique affirmée de mettre fin à l’esclavage, ( par l’annonce de mesures préventives immédiates ).

– Un réglement immédiat du passif humanitaire, qu’on ne pouvait solder par de l’argent, dont la  solution  passait  par la création d’une Commission Vérité- réconciliation, guidée par cette tryptique : « Equilibre à trouver entre le refus de l’impunité, les exigences de vérité et des réparations, et la nécessité du pardon ».

 

 Il n’y a pas de paix  sans réconciliation , et il n’y a pas de réconciliation sans Justice .

 

Tout comme il n’y a pas de concorde  là où il n’y a pas d’égalité. Et puisque cette égalité n’a pu émerger après 50 ans, à travers le cadre de “l’Etat unitaire centralisé” dans sa forme actuelle, la raison commande de rechercher d’autres voies, telle, entre autres, l’Autonomie. L’autonomie  nous parait la solution la mieux appropriée, dans notre cas d’espèce, pour constituer un mode d’organisation entre des groupes humains aux habitudes mentales, langues et tradition différentes, visant à diluer le pouvoir et le répartissant entre ces groupes, de manière à permettre à chacune de nos communautés de promouvoir elle- même son  propre développement, dans l’unité préservée du pays; historiquement et politiquement cette option se justifie amplement.

 Les FLAM appellent :

 

 

– Les réfugiés à rester mobilisés, à ne pas céder, à résister à la spoliation de leurs terres de culture; à ceux qui demeuraient encore à l’extérieur des frontières elles leur demandaient  de continuer à se battre, chaque jour davantage, pour leur droit légitime au retour.

– Elles appellent la jeunesse négro-africaine à cesser de courber l’échine, cesser de gémir et de supplier, et  à compter d’abord sur ses propres forces. 

– Aux Haratines, de refuser d’être les victimes consentantes de leur propre esclavage.

– Et  à  toutes les victimes du Système de  prendre conscience « que la lutte en ordre dispersé n’a pas d’autre issue que la défaite pour tous ».

– Aux forces démocratiques et progressistes, aux compatriotes arabes et berbères honnêtes et Justes, soucieux de notre devenir en commun, de prendre leur responsabilité face au racisme d’Etat, à l´esclavage et à la pauvreté grandissante. 

– Enfin au Président de la République, ce poème de Maouloud  Mammeri, en guise d’appel :

          «  Quand trop de sécheresse brûle les coeurs

              Quand la faim tord trop d’entrailles

              Quand on rentre trop de larmes

              Quand on baillonne trop de rêves ,

               C’est comme

              Quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher

              à la fin il suffit du bout de bois

              d’un esclave pour former 

              dans le ciel de Dieu

              et dans le coeur des hommes

              le plus énorme incendie».

Nous devons  nous persuader – c’est vital pour nous et pour ce pays – que la voie choisie jusqu’ici était dangereuse et sans issue! « Une nation ne pouvait vivre  moitié libre  moitié esclave»; elle  ne pouvait non plus se construire avec des citoyens à-démi  et des citoyens à part entière.

 Il est possible de faire de ce pays un foyer régional des plus attractifs, un havre de paix et de prosperité si nous nous ressaisissons.  

Il nous faut nous ressaisir, il est encore temps !

La lutte continue!

 Stockholm le 24 novembre 2010.

 

Le département de la Communication des Forces de libération africaines de Mauritanie

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