Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: June 2013

Dia Alassane coordinateur du mouvement Touche Pas à Ma Nationalité : ‘’La loi d’amnistie finira un jour ou l’autre par être abrogée parce qu’un pays ne peut être construit sur un déni de justice’’

altLe Calame : Vous avez organisé, il y a quelques temps, l’anniversaire du déclenchement des évènements de 1989. Quelle évaluation faites-vous de ce drame ?

Alassane Dia : Vingt-cinq ans après, force est de constater que la Mauritanie n’a pas encore véritablement pris la mesure du drame. Le caractère inouï de la violence de ces évènements continue à peser lourdement sur la marche du pays. Ces évènements ont en effet rompu le fragile équilibre communautaire qui existait en Mauritanie. Ils ont consacré pour longtemps la division des Mauritaniens, division entamée par le système éducatif qui l’avait institutionnalisée à travers des filières dont le recrutement était basé sur l’appartenance ethnique.

Le résultat est que les Mauritaniens d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes centres d’intérêt, les mêmes préoccupations. La polémique autour de la prétendue non implication des négro-africains dans les questions majeures engageant l’avenir du pays dont votre journal s’était fait l’écho, il y a quelques mois, en constitue une illustration La vérité c’est que les négro-africains, victimes de cette tentative de génocide, puisque c’est bien de cela qu’il s’agissait à travers les tueries et les déportations massives dont ils ont fait l’objet de la part de leur propre Etat, n’arrivent toujours pas à dépasser le traumatisme et pour cause… Dans le même temps, parmi la génération arabo-berbère post-évènement nombreux sont ceux qui, de bonne foi, croient à l’origine étrangère de leur compatriotes noirs.

-Le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz dit avoir définitivement réglé le dossier du passif humanitaire. A votre avis, pensez-vous que la manière utilisée est de nature à éviter à la Mauritanie de pareils évènements ?

-Les indemnisations à elles seules ne règlent rien du tout, surtout quand on pose une entourloupe aux victimes et ayant-droits en leur interdisant, par une clause cachée, toute possibilité de poursuite judiciaire. Ce traitement cavalier du dossier est un signal pour tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans de pareilles entreprises. C’est au nom de cette impunité que les gendarmes de Maghama ont emporté la vie de Lamine Mangane, dont nous saluons ici la mémoire et pour lequel nous continuons à réclamer justice. .

-Sinon que faudrait-il faire pour régler définitivement le dossier dit « passif humanitaire » et donc pacifier le problème de cohabitation entre les composantes du pays ?

-Le dossier dit du passif humanitaire ne doit pas être dissocié de celui des évènements de 1989 dont il constitue une suite logique. L’épuration ethnique au sein de l’armée venant en complément de l’épuration enclenchée à partir d’avril 1989. Pour en finir avec ce dossier, il faut que, dans un premier temps, lumière soit faite sur ce qui s’est passée pour situer les responsabilités, puis que la justice fasse son travail. Après et seulement après pourrait être abordée la question du pardon

Mais au-delà de la question du passif humanitaire, c’est le contrat fondateur de la nation qu’il faut remettre sur la table. Les vingt-huit soldats assassinés dans la nuit du 28 novembre 1990 ont emporté avec eux l’idéal de la Mauritanie indépendante de 1960. Nous devons avoir le courage de le reconnaître et de nous mettre autour d’une table pour discuter des nouveaux termes du vivre ensemble

Il n’est pas normal que, plus de cinquante ans après l’indépendance, les haratines continuent à être les souffre-douleur du pays, que les Peuls, les Wolofs, les Soninkés et les Bambaras soient exclus des sphères décisionnelles, qu’une infime minorité parmi les Maures tiennent l’économie du pays en otage et aient le monopole des banques primaires. Un pays où la lutte contre l’esclavage mobilise les seuls Haratines, où le déni de citoyenneté de la frange négro-africaine n’émeut que les seuls concernés, où la solidarité est plus prompte à s’exprimer envers les lointains frères arabes de la Palestine plutôt qu’envers les compatriotes noirs qui ne sont pas mieux lotis ; un tel pays n’est pas viable.

Les frustrations accumulées sont nombreuses et elles constituent une véritable bombe à retardement pour le pays. Nous en voyons quelques prémices à travers les grognes successives et de plus en plus nombreuses qui ponctuent la vie du pays. Ayons donc l’intelligence de prendre les devants et d’intégrer définitivement que la Mauritanie ne s’en sortira que le jour où la conscience de la communauté de destin l’emportera sur la conscience de la communauté.

-Vous avez assisté à la marche organisée par l’AJD/ MR en février dernier pour exiger l’abrogation par le parlement de la loi d’amnistie votée en 1993 pour « protéger » les auteurs des exactions » contre les négro-mauritaniens. Qu’entendez-vous faire pour contraindre le pouvoir à abolir ce texte ?

-Cette loi finira un jour ou l’autre par être abrogée parce qu’un pays ne peut être construit sur un déni de justice. Mais pour forcer le destin et ramener le pouvoir à la raison, il faut que toutes les organisations de la société civile et les formations politiques qui portent ce combat travaillent en synergie et dans la continuité. Les actions d’éclat, comme la marche à laquelle vous faites allusion, sont certes importantes mais encore faut-il qu’il y ait du suivi. Nous devons aussi faire en sorte que le combat soit porté par tous les mauritaniens car au-delà des victimes et de la communauté négro-africaine, c’est à toute la Mauritanie que l’on a fait du tort.

-L’enrôlement, votre cheval de bataille continue à alimenter les polémiques surtout en France. Qu’en pensez-vous ?

-Ce qui se passe en France vient confirmer aux yeux du monde ce que nous n’avons jamais cessé de dénoncer depuis le lancement de cette opération d’enrôlement en mai 2011, à savoir son caractère raciste et discriminatoire. Il est clair, au vu de ce qui se passe en France, que c’est l’exclusion de la communauté négro-mauritanienne qui est visée, c’est ce que nous qualifions de génocide biométrique.

D’ailleurs après la facilitation des conditions d’enrôlement obtenue de haute lutte par Touche pas à ma nationalité ici en Mauritanie, les vexations ont repris de plus belle. L’exemple le plus éloquent en est celui du chef du centre d’accueil des citoyens de Bababé dont les populations ne voulaient plus à cause de son racisme et de son excès de zèle notoires et qui au lieu d’être sanctionné par sa hiérarchie a été promu chef du centre de Sebkha

Les autorités doivent comprendre qu’avec TPMN, c’est une nouvelle génération de mauritaniens qui a émergé, la génération du refus. Nous ne nous laisserons pas faire quoi qu’il nous en coûte.

-Pouvez-vous expliquer aux mauritaniens et surtout à vos sympathisants pourquoi TPMN est divisée en deux ailes ? Certains y ont vu la main du pouvoir. Qu’en est-il exactement ?

C’est une scission que nous n’aurons de cesse de regretter jusqu’à ce que nous nous retrouvions. Si le pouvoir se permet aujourd’hui de durcir les conditions de l’enrôlement, c’est en grande partie dû à cette scission.

Quant à la main du pouvoir, il n’en est rien. Les divergences avec nos anciens camarades sont surtout liées à des questions de stratégie. Nous avons d’ailleurs démontré, à la faveur de la marche à laquelle vous faisiez allusion que nous sommes capables de nous retrouver autour de l’essentiel puisque nous y avons tous répondu présents. Que le pouvoir se le tienne pour dit.

-Dénonçant la violence urbaine à Nouakchott et son cortège de victimes, lors d’un récent rassemblement que vous avez organisé à Sebkha, TPMN a parlé d’ « état de siège » à El Mina et à Sebkha. Que se passe-t- il dans ces deux bourgs ?

La violence est exercée par ceux-là même qui sont censés protéger les citoyens. Au nom de la quiétude des habitants de ces arrondissements, la garde nationale investit les lieux interdisant aux jeunes de circuler. Ceux qui osent braver cette interdiction sont raflés et soumis à toutes sortes d’humiliations. Cela se passe comme par hasard dans ces seuls quartiers et rappelle étrangement les évènements de 1989.

-Allez-vous vous positionner par rapport aux élections municipales et législatives annoncées pour septembre et octobre prochains ?

-Nous nous définissons comme un mouvement citoyen et à ce titre nous ne prendrons pas part au jeu électoral. Nous ne manquerons pas cependant de rappeler à nos militants et sympathisants que beaucoup de ceux qui viendront solliciter leurs suffrages jouaient aux abonnés absents pendant que TPMN se démenait pour arracher le droit de se recenser dans des conditions à peu près normales.

-Pour prendre en charge la question des séquelles de l’esclavage, le gouvernement a créé une agence appelée TADAMOUN. Partagez-vous l’avis de ceux qui estiment qu’il s’agit là d’une discrimination positive ?

-Nous pensons plutôt que la création de cette agence en lieu et place de l’ANAIR est une énième trouvaille de l’Etat pour diviser davantage les victimes de l’exclusion. En donnant l’impression d’arracher aux uns pour donner aux autres, le pouvoir cherche à empêcher la jonction entre les tenants de la lutte contre l’esclavage et ceux qui militent contre le déni de citoyenneté. Mais malheureusement pour lui et heureusement pour la Mauritanie cette dynamique a déjà été enclenchée et elle n’est pas près de s’arrêter. La liberté est un tout et il ne peut y avoir de cloisons ou de compartimentation entre le déni d’humanité infligé aux esclaves et le déni de citoyenneté.

Propos recueillis par Ben Abdalla


Source: Le calame

Agadez la stoïque …

altLundi 27 mai 2013, 09h45 du matin, le Mont Bagzane (du nom du sommet de ces montagnes de l’Air culminant à 2022 mètres soit 6634 pieds), l’avion du Président de la République du Niger s’immobilise sur le tarmac de l’aéroport international Mano Dayak d’Agadez.

La matinée n’est vraiment pas chaude (la saison de chaleur est pourtant à son pic au Niger), elle n’est pas du tout fraîche : elle est dans cet entre deux qui enveloppe la vieille cité, capitale du nord Niger.
Hier nous ne parlions que de ‘’Nord-Mali’’, aujourd’hui nous nous mettons à évoquer le ‘’Nord Niger’’.
Pourquoi dans nos contrées, les difficultés viennent systématiquement par le nord ?
Un hasard ? Une mauvaise et passagère loi des séries ?
Ou alors, serait-ce parce que certains tiennent mordicus à nous délester de notre nord, à nous le faire perdre, eux qui ont définitivement rompu avec le leur ?
A Agadez, le climat a donc décidé de se mettre au diapason de cette lourde atmosphère d’incertitude qui enveloppe la ville : ni chaud, ni froid, juste un purgatoire climatique.
Cette impression finit de vous persuader, même si vous n’êtes pas informé, que la cité porte un deuil.
Il y a une douleur dans cet air un peu contrit, dans cette foule peu nombreuse et ces regards graves, sur ces visages attentifs mais distraits, hospitaliers mais peinés, avenants mais comme endoloris…
Les nigériens sont d’un tempérament très stoïques, endurants, patients…
Le protocole de l’accueil est solennel mais réduit au strict minimum, sans effusion, avec netteté, sans fioritures.
On entend surtout et on voit cet assourdissant silence, mélange de colère rentrée et de recueillement collectif.
La République est affligée, comme les gens d’Agadez.
Le pays est uni : le Président de la République Issoufou Mahamadou s’est fait accompagner pour la circonstance par le Président de l’Assemblée Nationale et surtout, par le Chef de file de l’Opposition.
La présence massive du Corps diplomatique témoigne de la solidarité internationale.
Le sol, habituellement peu nanti de végétation, est plus dépouillé encore, presque un paysage lunaire, un paysage minéral, hier tirant vers le marron, désormais délavé, un reg jaunâtre…
Certes, on est déjà dans la période de soudure, celle de la canicule, des sols asséchés, des déficits hydriques, des tarissements cycliques, des desséchements récurrents … mais là, le sol d’Agadez semble avoir perdu, en plus de son eau, ses larmes.
La terre a beaucoup pleuré, depuis ce funeste jeudi 23 mai 2013, où les terroristes ont  frappé Agadez.
Le ciel, la terre, l’air, les gens(les arrivants, les locaux, les officiels, la multitude…), les bâtiments, les enseignes… tous sont chagrinés.
Pourtant aucune effusion particulière, aucun cri, aucune démonstration d’exubérante tristesse … la douleur est visible mais contenue, la souffrance est réelle mais la dignité en couvre pudiquement la face, l’affliction est là mais la forte croyance islamique, par son fatalisme, par son acceptation du Destin, en atténue la fureur …
Tout au long des rues de la ville, des hommes, des femmes, des enfants … tous debout pour souhaiter la bienvenue aux illustres visiteurs… mais à la manière de ceux qui se lèvent lors du passage d’un cortège funèbre (tradition musulmane due au Prophète Mohamed SAWS et très respectée au Niger).
Ils ne disent rien. Ils sont justes là.
Le cortège traverse une ville debout, dehors, mais silencieuse, atone…
Agadez n’est pas une ville ordinaire. C’est une cité historique, inscrite au patrimoine de l’Humanité, et sacrée.
Elle ne compte pas moins de 83 Mosquées dont 4 de Vendredi, 79 de quartier et dont la plus célèbre date du XVIème siècle.
S’en prendre à elle est donc plus qu’une banale agression.
C’est pire, une profanation.
Agadez est accablée, violentée, blessée, martyrisée … Elle a comme perdu une certaine virginité, venue à l’âge adulte par un viol…
Mais Agadez s’est relevée et veut croire que ce cauchemar se soigne et que l’espoir arrive, porté par notre caravane, comme dans son glorieux passé, ces processions de dromadaires lui apportaient si souvent la délivrance.
Au milieu de cette déshérence collective, trône la fameuse Mosquée d’Agadez, témoin de ce prestige spirituel, baraka des environs : une légende raconte que ses milliers de poutres en bois n’ont été installé que lorsque, sur chacun, fut lu le Saint Coran en entier …
Nous nous dirigeons vers la caserne-école militaire où s’est concentré le supplice terroriste.
Sur un immense terrain vague, si dégagé, si épuré, si infini … qu’il semble fait pour illustrer l’expression éponyme, ‘’le vague à l’âme’’.
Des rangées de militaires pour rendre les honneurs, à nous-mêmes surement, mais surtout à leurs frères d’armes tombés sur le champ d’honneur.
Une succession de tentes et de rangées de hangars provisoires pour nous mettre à l’abri d’un soleil en passe de fondre lui aussi en larmes, de verser ses rayons en mode liquide sur nos peaux déjà cuites en surface …
Des hommes et des femmes si sagement assis, dans la détresse, dans l’attente aussi de cette espérance annoncée, venant de Niamey.
Là aussi par catégories(les religieux à part, les familles des victimes de coté, les officiels, le commun des agadessois se serrant les coudes, les maitres de cérémonie, les journalistes et autres techniciens s’affairant partout …), comme si on remettait aussi en ordre, ce lundi 27, ce que les criminels du jeudi 23 ont voulu éparpiller, désorganisé, déchiqueter …
A tous égards, cette cérémonie veut panser les plaies, honorer les morts, soulager les survivants, enterrer ce sombre passé et embrasser un bel avenir… dans sa forme comme dans son fond.
Le rituel commence alors par une Fatiha et quelques versets-prières.
S’en suit le cérémonial militaire : le Ministre nigérien de la Défense égrenant respectueusement les noms des victimes et leur consacrant la reconnaissance posthume de la Nation.
Enfin, le Président de la République va à la rencontre des veuves, des pupilles de la Nation et leur présente ses condoléances, celles de la République.
Plus tard, il prendra la parole, devant un parterre d’officiers et d’hommes de troupe, bérets verts et d’autres rouges.
Il trouvera les mots justes et le ton approprié pour dire la colère de la République, la blessure de la Nation, le deuil du pays, la détermination de l’Etat à continuer la lutte contre le fléau terroriste, la résolution du Gouvernement, la solidarité de la Communauté Nationale…
C’est seulement dans la tragédie que la Fonction Présidentielle prend tout son lustre, montre tout son éclat…
Nous marchons alors vers la seconde étape : visiter la caserne attaquée.
Nous marchons quelques centaines de mètres et nous voici en face de cet imposant portail, désormais béant, par lequel est entrée, par effraction criminelle, la voiture de la mort.
Tout est champ de ruine, la scène du crime est encore (presque) intacte, fumante et sanguinolente…
Un immense cratère de quelques mètres creusé dans un sol pourtant dur.
Un grand morceau de châssis, des centaines de petites pièces de métal comme méticuleusement découpées à la scie, des arbres intégralement calcinés, noirs d’ébène (leurs feuilles, leurs branches, leurs troncs …), avec une fine poudre à la surface, comme frappés par une foudre, ou atteints par une chute de météorite, les toits (en zinc) des bâtisses disloqués, des antennes paraboliques défigurées et définitivement inaptes à capter le moindre signal satellitaire, des dortoirs aux meubles en vrac, traces de luttes féroces, attestant du courage des résistants, des flaques de sang couvrent le sol nu, une moquette bien précieuse, des chaussures de sport abandonnées, désormais surement orphelines …
Un ouragan meurtrier est passé par ici.
Il a tout souillé, détruit, tué alentour, les hommes comme les arbres, les plantes comme la terre, les maisons comme les moindres objets de vie …
Nous suivons des explications très documentées et instructives d’un expert militaire nigérien sur les éléments constitutifs du mélange explosif utilisé.
La seule circonstance où les terroristes font dans le syncrétisme : lorsqu’ils fabriquent leurs bombes …
Ils ne sont œcuméniques que pour fabriquer de quoi tuer …
Puis nous entrons dans ce couloir étroit, où on sent la chair humaine, mêlée de gaz lacrymogène, de chevrotine, de plomb.
Il se termine en impasse dans une douche à l’angle de la demeure.
Là s’est suicidé l’un des terroristes assiégé.
Sa tête, nous dit-on, a traversé le plafond de zinc pour retomber dehors.
Sur les murs, la viande humaine hachée, séchée, plus du tout rouge, plutôt brune, des éclats qui ont du gicler puissamment et se coller là, pour se séparer de ce corps malade, chair mourante mais probablement soulagée de quitter cette tête qui l’a menée vers tant de cruauté…
Depuis quand le martyre se conçoit-il dans les toilettes, lieu d’impureté où le Coran ne se lit pas et où la prière ne s’énonce guère ?!
Mais ce n’est pas le seul écart que ces prétendus musulmans, vrais criminels, ont pris avec l’Islam.
Ainsi, ils ont choisi de tuer en plein mois sacré de Rajab où l’Islam a confirmé l’interdiction de la guerre, en vigueur bien avant lui dans la péninsule arabique.
Ils ont aussi pris sur eux d’attaquer, à l’heure de la prière, pour trouver les gens absorbés par leur culte, donc pour massacrer des bons croyants, fidèles pratiquants …
A Arlit, les personnes tuées par l’explosion accomplissaient la prière du Vejr (l’aube) à coté de la centrale électrique …
Peut-on concevoir pire cruauté, plus grande hérésie, déraison plus criminelle ?
Et puis, on m’a raconté l’histoire de cet enfant.
Il avait 14 ans accomplis. Il avait l’habitude, en allant vers la prière d’El-Vejr (l’aube) de passer par la caserne et de se faire accompagner par un cousin soldat.
Ce matin là, il a été fauché par la barbarie terroriste.
Les assaillants disent chercher la Chahada (le martyr) …
Ils en sont bien loin mais pour sur, ils ont donné à Agadez et au Niger 25 martyrs(Chouhada) …
En quittant la caserne, on sort avec la lourde impression d’avoir été témoin de l’après passage de l’apocalypse, The day after (le jour d’après).
La vie va et doit reprendre, dedans comme dehors… pour la mémoire de ces âmes innocentes lâchement arrachées à l’affection des leurs, ombres filantes dans les rues aux foules clairsemées du bel Agadez …
 
                                                                
                                                                                              Niamey le jeudi 30 mai 2013
 
                                                                           Abdallahi Ould Bah Nagi Ould Kebd

FLAMNET-RÉTRO : LE MÉMORANDUM DES FLAM

memo flam  

La situation actuelle de la Mauritanie est suffisamment préoccupante à tous points de vue, pour ne pas interpeller les patriotes sincères sur la nécessité de rechercher rapidement des solutions.
Le présent mémorandum s´inscrit dans ce cadre là.

  

ETATS DES LIEUX
 

 

Les mauritaniens dans leur ensemble sont aujourd´hui face à un régime dictatorial, éthnopolitique, raciste, esclavagiste; un régime prédateur, otage d´ un clan qui monopolise et pille les ressources nationales, se substituant à un Etat qui a cessé d´exister.
Ils sont face à une politique nocive qui accentue chaque jour davantage la déchirure sociale, déjà profonde entre Arabo-berbères et Négro-mauritaniens.
Avec ce régime, deux questions importantes minent et dominent la vie politique:

  • LA QUESTION DE “L´UNITÉ NATIONALE”, question structurelle, grave, restée longtemps tabou et qui demeure encore malgré tout occultée;

LA QUESTION DE LA DÉMOCRATIE où, aujourd´hui, nous sommes mis face à une démocratie dévoyée et confisquée du fait de l´impossible alternance imposée.

 

 

Depuis l´indépendance la question de coexistence n´a cessé de se poser avec acuité, au travers de crises récurrentes(1966,1979,1986/1987,1989,1990/1991), creusant toujours plus profondément les rapports intercommunautaires, sans qu´aucune réponse objective ne lui soit apportée.
Ces dernières années, elle va même connaître une aggravation sans précédent par l´action du régime en place.
Il est temps de tirer les lecons du passé pour se tourner résolument vers l´avenir.
Quarante (40) années de politique de l´Autruche autour de cette question, quarante années d´incompréhension et de refus de s´écouter, ca suffit!
Ca suffit, si nous tenons réellement à sauvegarder le pays!

 

 

Les Mauritaniens ne peuvent plus continuer d´en faire l´économie, sans risques majeurs. Il faut impérativement la débattre et tenter de lui trouver, pendant qu´il est encore temps, des solutions adaptées et justes.
Et ces solutions passent selon les FLAM par la concertation. Les Mauritaniens doivent discuter en toute sérénité, largement, sans passion et surtout sans à priori.
Telle était la conclusion du Manifeste de 1986, tel est ce que nous réaffirmons de nouveau ici.

Au regard de la situation de crise interne aigûe, il nous a semblé impérieux d´inviter la classe politique, l´opposition conséquente en particulier, à réfléchir et agir au plus vite dans une double démarche:

  • Rechercher ensemble les voies et moyens d´une unité d´action de l´opposition susceptible de créer un rapport de force qui lui soit favorable.
  • Impulser en même temps un débat de fond sur les questions essentielles de l´Unité nationale qui engage l´avenir même de la Mauritanie, de la Démocratie, dans une perspective de créer une dynamique nouvelle pour le changement futur devant reposer sur une unité nationale reconstruite sur des bases durables plus vraies et plus saines.

Telles sont les raisons qui ont amené les FLAM à apporter ici un certain nombre de réponses autour de questions cruciales, sensibles pour la majorité de la classe politique, et sur lesquelles pourtant il faut bien que les uns et les autres se prononcent un jour.

 

LA QUESTION NATIONALE

  

Lorsqu´on parle de question nationale, on se référe le plus souvent à l´ensemble des questions sous-jacentes touchant à la discrimination raciale, à l´identité de la Mauritanie, à l´Autonomie. Il s´agit également de la question culturelle, de spoliation des terres, du passif humanitaire (crimes commis et déportation de mauritaniens), de l´esclavage…
Toutes ces questions renvoient en fait à l´enjeu de la cohabitation entre Arabo-berbères et Négro-africains évoquée par euphémisme le plus souvent sous le vocable de “problème de l´Unité nationale” ou de la “Question nationale”.

  

LA QUESTION DE L´ESCLAVAGE

  

Si nous devons reconnaître que la question de l´esclavage reste vivante dans les faits et dans les mentalités de la plupart des Mauritaniens, nous devons le mettre au compte de l´Administration qui n´ a jamais oeuvré réellement pour son éradication; car des mesures juridiques rigoureuses et fermes n´ont jamais été prises contre les tenants de cette pratique. Il est impensable et inacceptable qu´à l´oréee du 3ème millénaire, des hommes puissent être considérés comme des bêtes de somme.
Les victimes, essentiellement Haratines, doivent bénéficier à la fois du soutien de la loi, d´un appui économique et scolaire.
L´Ecole mauritanienne du futur devra contribuer à forger une nouvelle mentalité débarassée de l´esclavage et de l´esprit de castes, tournée vers la libération de l´homme et de sa promotion en tant que citoyen responsable.

  

LA QUESTION CULTURELLE 

  

Beaucoup d´observateurs, peu avertis, ont tendance à interprêter le problème négro-mauritanien comme une question essentiellement culturelle. C´est une erreur car la question culturelle n´est qu´un aspect du problème global que pose l´unité nationale.
Il faut, nous semble-t-il, rechercher la solution à cette question en partant des principes de base suivants:

  • Aucune culture, ni aucune langue nationale n´est en soi supérieure aux autres langues et cultures nationales;
  • Á L´Ecole, l´unification du système scolaire devra reposer sur la place et la considération à accorder aux langues négro-africaines, à l´arabe, à côté du francais.

LA QUESTION DES TERRES 

  

Par la réforme foncière de 1983 (Ordonnance numéro 83127 du 05 juin 1983), les autorités allaient poursuivre la dépossession progressive des Négro-mauritaniens de leurs terres.
Pour vaincre la résistance des populations hostiles à cette réforme scélérate, le régime de Ould Taya allait profiter des événements Sénégalo-mauritaniens de 1989, pour procéder à des spoliations massives et sans précédent, et déporter des dizaines de milliers de propriétaires Négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali. C´est inacceptable.
La solution au problème de redistribution des terres doit être trouvée dans la mise en place d´une réforme agraire à caractère NATIONAL, qui procéderait par cercles concentriques. L´accès à la terre d´abord aux autochtones locaux, ensuite aux nationaux, enfin aux investisseurs sous-régionaux et internationaux, dans la préservation des droits séculiers des pasteurs, des pêcheurs et des paysans.

  

LE PASSIF HUMANITAIRE

  

Il s´agit là d´un euphémisme utilisé par ceux là qui répugnent à parler des déportations et des crimes commis contre les Négro-mauritaniens. Ces crimes commis entre 1986-1991 ne sauraient rester impunis sous peine de saper les fondements même de la vie en commun.
La soultion à la question de ces crimes doit être recherchée dans l´équilibre à trouver entre la nécéssité du pardon, le refus de l´impunité et les exigences de réparations.


En ce qui concerne les réfugiés, ils doivent être réhabiltés et réinstallés dans tous leurs droits.


Ce serait toutefois une erreur de croire que les réparations des crimes et des déportations suffiraient à elles seules à assurer la réconciliation. Non, il faut plus,grâce à un train de mesures plus hardies, propres à créeer un climat d´apaisement social. Il s´agira, en plus de procéder à une amnistie pleine et entiére des anciens détenus et exilés politiques, de réintégrer les fonctionnaires arbitrairement radiés, de lever l´état de siége dans la vallée, de mettre en place une commission vérité/réconciliation.
Ce sont là des mesures aptes á créer les conditions optimales d´apaisement propre à amorcer le Débat, car il faut débattre.Le PROBLEME DE LA MAURITANIE EST D´ABORD ET SURTOUT un problème politique avant d´être un problème de violations des droits de l´Homme.
Il faut dès lors discuter, engager un débat large et sans exclusive.

  

LA QUESTION DE L´IDENTITE DE LA MAURITANIE

  

Toutes ces questions que nous avons passé en revue renvoient, en fait, à la cause première, L´IDENTITÉ DE LA MAURITANIE. La Mauritanie est-elle ou devrait-elle être arabe ou négro-africaine?
En vérité , la Mauritanie, pour être viable, devra garder un juste équilibre entre son caractère arabe et son caractère négro-africain. Elle devra être un traît d´union entre le monde noir et le monde arabe. Bien gérée, cette diversité pourrait constituer une richesse inestimable pour tous.

  

LA QUESTION DE L´AUTONOMIE

 

 

La meilleure manière de capitaliser cette richesse serait de revoir nécessairement la cohabitation entre les communautés, après l´échec d´une expérience de plus de trois décennies. Cette cohabitation devra désormais reposer sur la base de l´AUTONOMIE à l´image du modèle belge ou sud-africain. Cette proposition de solution, nous semble pertinente à plusieurs égards:

  • Historiquement l´on sait que bien des empires africains se sont constitués à partir de royaumes annexés, mais non déstructurés;
  • Présentement, l´autonomie constitue un mode dominant de réglement, tant en Afrique qu´en Europe, des problèmes de cohabitation;
  • Enfin elle n´entre pas nécessairement en conflit avec les objectifs de construction nationale.
    En tout état de cause, il devient indispensable que LES COMMUNAUTÉS PRENNENT EN MAIN LA GESTION DE LEUR TERROIR ET MODÉLENT Á CET EFFET LEURS PROPRES INSTITUTIONS TOUT EN PRÉSERVANT LE LIEN UNITAIRE.
    En tout cas, l´Etat unitaire centralisé, à moins d´être profondément remanié dans une perspective d´un JUSTE ÉQUILIBRE DANS LA GESTION DU POUVOIR POLITIQUE, ne saurait répondre aux attentes nouvellement exprimés.

LA QUESTION DE LA DEMOCRATIE

  

L´amorce du”processus démocratique”en Mauritanie a été comme partout ailleurs en Afrique, inspiré et “forcé” par le discours de la Baule.
Mais là moins qu´ailleurs, il aura tout juste permis l´existence formelle de partis politiques,rien de plus. Notre”Démocratie”aura surtout permis un régime militaire dictatorial de s´octroyer une caution de légitimité, sans changer fondamentalement de nature. Voilà il serait naïf de la part de l´opposition d´espérer obtenir le respect des libértés fondamentales, ou des éléctions libres et transparentes.
Avec ce régime militaro-clanique il serait illusoire de compter sur une alternance possible.
Ce que cherche au contraire Ould Taya c´est plutôt élargir sa mouvance présidentielle, domestiquer les consciences à la manière des partis uniques d´antan.
 

Par ailleurs-autre faiblesse-la”Démocratie”instaurée par Ould Taya est venue se greffer sur un “passif humanitaire”toujours pendant et une situation politique de discrimination raciale ouverte, qu´elle a volontairement occultée et masquée.
Or une démocratisation authentique ne saurait prendre appui sur un tel fondement.
Voilà pourquoi on ne peut lui accorder un quelconque crédit.
Face à un processus “démocratique”biaisé et confisqué il y a lieu de réagir, non pas par l´adhésion tacite au statu-quo-ante plutôt favorable au régime, mais par le choix résolu d´une stratégie et de méthodes offensives, propres à hâter le changement.


UN CHANGEMENT dont les lignes de force seraient la RÉCONCILIATION NATIONALE- car les Mauritaniens ont d´abord besoin de se reconcilier-, UN DÉBAT NATIONAL et enfin le REDRESSEMENT ET LA CONSOLIDATION DU PROCESSUS pour le libre exercice du jeu démocratique dans les conditions de transparence requises; le tout piloté par un gouvernement d´union nationale pour la période transitoire.

  

CONCLUSION

  

Il est encore temps de construire dans l´intérêt bien compris de tous un ETAT DÉMOCRATIQUE,ÉGALITAIRE ET DE LIBÉRTÉ: un Etat fondé sur la base de CITOYENS RESPECTUEUX DU BIEN PUBLIC, ÉGAUX EN DROITS ET EN DEVOIRS SANS CONSIDÉRATION DE RACE OU DE TRIBU.

 

LES FLAM lancent un appel à l´ensemble des forces politiques progressistes mauritaniennes, à engager le débat sans tarder, pour l´édification d´un véritable ETAT DE DROIT, d´où seraient bannis à jamais l´esclavage, le racisme, l´exclusion et la misère.

 

La lutte continue! 

 

Fait à Dakar, le 21 Mars 2000

Les Forces de libération africaines de Mauritanie.

 

Flamnet-agora: Lettre à mon peuple

altCher peuple, sais-tu qu’on lisait déjà dans les histoires de la Grèce antique que les aristocrates de certaines cités hellènes devaient, en prenant possession de leurs charges, prêter le serment de toujours nuire au peuple ? Il y a ainsi chez nous, depuis l’indépendance, de tels serments qui ne sont jamais prononcés publiquement, mais toujours tenus par ceux qui s’accaparent les rennes du pouvoir. Il suffit de se pencher sur la rhétorique officielle des dirigeants et des leaders politiques pour en saisir l’esprit démagogique.

En Mauritanie, tout est bâti sur le trompe-l’oeil. Le mensonge le plus impudent, disait Albert Camus, « pourvu qu’il soit répété assez souvent et assez longtemps, laisse toujours sa trace ». De ces mensonges à répétition, découle un Etat malade et incapable d’être équitable. Un Etat dans lequel la discrimination est érigée au rang de priorité constitutionnelle, notamment par le biais du système de quotas dans la fonction publique. Un Etat qui encourage le népotisme et le clientélisme. Qui ne transmet guère à ses fils la fibre patriotique, ni par son armée, ni par son histoire. Somme toute, un Etat qui ne cesse de trahir son peuple. En voici les preuves.

Les alliances ethniques, tribales et régionalistes priment sur la conscience nationale. C’est pourquoi un Président de la République est le représentant d’un groupement avant d’être celui de tous les Mauritaniens. D’où l’allégeance mesquine et secrète des chefs de tribus, des notables du Nord, et d’une partie des cadres de la vallée (le carré des vendus) aux autorités du pays. Et à l’étranger, un chef d’Etat mauritanien accorde toujours la priorité à une partie de la diaspora, au détriment de l’écrasante majorité. Par exemple, lors de son dernier voyage, Mohamed Ould Abdel Aziz a reçu en catimini des représentants d’une association maure à Bruxelles, alors qu’il a fait voyager à Paris, pour une réunion, un groupe de noirs en provenance de Hollande et de Belgique. Deux poids, deux mesures. Raisons pour laquelle depuis 1960, on a hérité d’un Etat raciste, et d’une société scindée.

Le premier président mauritanien employait l’expression « l’Union des âmes » pour évoquer la nécessité d’œuvrer pour la cohabitation nationale : pourtant, il fut le premier à exclure les cadres et intellectuels noirs de la fonction publique et les hautes sphères de l’Etat. Après lui, ses successeurs n’ont pas tergiversé pour exacerber la situation. L’un ordonna à ce que l’on applique la charia uniquement sur les Harratines et le plus cynique songea même à une épuration ethnique. Tous deux sont des héros, tandis que leurs victimes sont traitées comme des rebuts à chaque fois qu’elles revendiquent vérité et justice.

Cher peuple, aujourd’hui, c’est un autre qui te gouverne avec des manières bassement soldatesques. La justice est sous ses galons et le pouvoir concentré entre ses mains. De l’intérieur, il ne contrôle que ses affaires personnelles pour s’enrichir de tes mamelles juteuses. De l’extérieur, il te ridiculise par l’incompétence diplomatique de ses ministres. Et contre certains de tes fils, il a programmé un véritable « génocide biométrique ». Augmenter les difficultés de l’enrôlement des Mauritaniens à l’étranger est une autre façon de poursuivre le projet de son mentor Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Il y a quelques semaines, c’était à Mohamed Mahmoud Ould Brahim Khalil– l’ambassadeur de la Mauritanie à Paris – d’ouvrir le bal des suspicions autour de la citoyenneté des défunts mauritaniens, pour lesquels les parents réclamaient un visa.

Pour lui, Dieu ne retire-t-il pas l’âme d’un négro-mauritanien à l’étranger ?

Cher peuple, tu connais ton malheur.

Ô mon peuple, tu dois mener ton propre combat, celui de la réhabilitation de ta mémoire et de celle de tous les opprimés. Apprends de la mésaventure de notre conscience collective nationale défaillante.

Songe davantage à la prise de conscience. Popularise la lutte, entamée il y a longtemps par cette partie de l’élite que le sens de l’intérêt général anime

Choisis pour changer la donne, un noyau d’hommes et des femmes porteurs d’une éthique et de convictions.

Tu peux te libérer du joug autoritaire et oppressif. Et pour ce faire, il est urgent de transformer les mentalités pour une révolution populaire. A ce moment, le peuple aura simplement besoin d’un homme intègre et pacifiste capable de réunir les forces vives (les jeunes, les femmes avec leurs enfants, et une élite pragmatique) avec un seul slogan :
” Mauritaniens dignes… Mauritaniens égaux”.
Cette révolution sera fièrement menée par les Fils du Peuple !

Silèye Ba- Sociologue- journaliste.

Flamnet-Agora: Lettre ouverte à son excellence le président de la république : Kaédi, une ville en état de siège

Excellence


La ville de Kaédi est laissée à elle-même, abandonnée, délaissée, cette attitude de mépris a plongé sa jeunesse dans un désespoir profond sans précédant engendrant des conséquences dramatiques.

La capitale du Gorgol connait une situation difficile depuis plus de deux décennies dans toutes les sphères de la vie politique, sociale et économique. Ce mal pèse lourdement sur sa jeunesse réputée pour son excellence et son attachement à la patrie

Les autorités administratives en service sont souvent zélées et se permettent des abus de pouvoir que rien ne justifie. Nous tenterons à travers cette analyse de dresser un portait tout à fait exact de cette ville martyre qui a été jadis une cité phare qui a toujours contribué au développement du pays

1.1 -Administration :

L’administration est représentée par les beïdanes qui de surcroit s’expriment seulement en hassanya, c’est ce qui traduit une barrière linguistique et communicationnelle entre gouvernants et gouvernés au point que les populations conscientes de l’indifférence et de la négligence dont elles font l’objet, désertent l’administration qui symbolise la terreur et l’intimidation sans cesse voire une exclusion galopante à l’image d’une administration d’occupation qui sème la terreur et l’inquiétude.

Le wali, le hakem, le hakem adjoint, le président du tribunal ,le procureur de la république ,le juge d’instruction, le cadi ,le directeur de la sureté ,le commissaire de police ;

le commandant de la compagnie de gendarmerie le commandant de brigade de la gendarmerie ,le DRASS, le DREN ;le commandant de la garde, le commandant de région militaire ,les walis adjoints ,le directeur de la SOMELEC , le délégué représentant le ministère de la culture, le trésorier régional sont tous issus d’une seule ethnie celle arabo –berbère : c’est pourquoi les populations n’ont plus confiance à cette administration dont le souci primordial est d’instaurer une psychose et un traumatisme permanent chez elles .
Pour rapprocher des populations, les autorités se doivent comprendre la langue de leur administré pour pouvoir avec une idée sur leurs valeurs culturelles et sociales en vue de les comprendre et connaitre leurs problèmes et leurs priorité, mais les représentants de l’administration ne comprenant pas le fonctionnement sociologique ’d’un milieu qui leur est étranger considèrent les autochtones comme étrangers : c’est ce qui explique souvent les divergences entre administrateurs et administrés à Kaédi.

Cette administration contribue à l’officialisation de l’expropriation des terres des pauvres citoyens et distribuées à des commerçants maures venus d’ailleurs : ainsi toute la partie sise derrière l’aéroport qui était une propriété des kaédiens autochtones leur a été spoliée purement et simplement. Dans le même ordre d’idée un commerçant et affairiste se nommant Cheikhatou représentant l’UFP s’est accaparé de plus de 70 hectares appartenant aux populations de Kaédi.

Les pauvres paysans sont soumis à des redevances surélevées et exorbitantes s’ils refusent de s’exécuter ils perdent leurs terres, alors que l’Etat ne prend pas les dispositions nécessaires pour que la campagne agricole démarre à temps.

Les autorités administratives encouragent et favorisent la spoliation des terres des populations noires comme le hakem par exemple qui a nié catégoriquement que les rapatriés de Ganki Doumbodji puissent posséder des terres au niveau du PPG1, menaçant de les enfermer s’ils continuaient à revendiquer leurs terres pour le hakem toutes les terres appartiennent à l’Etat. Ce hakem montre une fermeté à travers des cas de spoliation.

Il avait aussi refusé de trancher un autre cas de spoliation des terres de cultures appartenant à Moctar Ali Ndjim rapatrié installé dans le site de Patoukone. Cette administration manque de respect à ses administrés qu’elle est censée pourtant représentée, car toute administration sérieuse se doit de se mettre au service des administrés. Dans la zone se situant à l’ENFVA, sur l’axe Lexeiba, les walis qui se sont succédé ont spolié des terres appartenant aux populations de Kaédi, des lots de 1000 Mètre carré qu’ils revendent par la suite à des maures prétextant que ces terres relèvent du domaine de l’Etat.

2-La police :

C’est une police de répression qui se caractérise par l’excès de zèle à l’endroit des noirs qu’elle humilie quotidiennement. Les malheureux citoyens qui y séjournent subissent des répressions, des violences verbales et physiques. Elle recourt à la torture, les jeunes noirs durant leur séjour au commissariat de police sont menottés torturés même pour une accusation à la suite d’une banale affaire ne sont pas épargnés par le supplice infligé par les brigades spécialisées dans la répression constituées d’individus arrogants, indisciplinés sans aucune formation ni éthique.

Une cellule de la police rédige des procès verbaux ou les aveux extorqués aux accusés y sont mentionnés. Banalement, le dossier transmis au parquet dans des conditions pareilles dramatiques débarque auprès du juge d’instruction aussi zélé et raciste que les éléments de la police qui ont rédigé le procès verbal ; confirme les charges contenant sur les fallacieux PV. L’accusé présenté devant le procureur qui ne parle que le hassanya comme le juge d’instruction des centaines d’accusés sont condamnés à des peines lourdes avec un motif très banal.

3-La jeunesse

Abandonnée et placée dans de mauvaises conditions, elle s’adonne au banditisme, à la délinquance et à la drogue, ainsi la majorité des jeunes s’adonnent à la drogue et au vol. Cette situation engendre la mise en place d’un réseau mafieux au niveau du corps de la police, souvent accusés gratuitement par des policiers qui font partie de ces réseaux qui demandent des sommes faramineuses pour libérer les jeunes accusés ,sinon sur la base de simples accusations ils sont placés en détention préventive à la prison civile de Kaédi attendant leur procès dont la sentence est connue d’avance. Il faut savoir que le réseau constitué des policiers, des membres du parquet et les gardes pénitenciers travaillent ensemble pour réduire le noir au néant.

4-La justice

Un vaste réseau mafieux est présent au parquet constitué de policiers, des membres du parquet et des affairistes connus dans le milieu des renseignements. Les prévenus et détenus de la maison d’arrêt doivent sortir des montants exorbitants pour obtenir la liberté provisoire qu’ils achètent en fait. La maison d’arrêt est remplie de jeunes tous noirs issus de la communauté noire (Peulhs, Soninké et harratin) qui développent la délinquance dans le milieu carcéral. Les lourdes peines ne sont réservées qu’aux noirs.

Ces jeunes sont –ils tous mauvais ? Pourquoi tous les détenus sont noirs ? Le secteur de la justice est connu par une corruption à grande échelle, plusieurs plaintes introduites au parquet sur la personne de Dr Mohamed Cheikhna, gynécologue en activité à l’époque au centre hospitalier de Kaédi, par insouciance il a occasionné plusieurs décès des femmes dont les noms suivent :

1-Kadia Amadou, hospitalisée le 09-02-2010 et décédée le 11-02-2010

2-Djeynaba Timéra, hospitalisée le 07-02-2010 et décédée le 08 -02-2010

3-Aissata kébé, hospitalisée le 14-02-2010 et décédée le 16-02-2010

4-Hapsa Ba, hospitalisée le 15 -02-2010 décédée le 16-02-2010

5-Minetou Mint Salem, hospitalisée le 23-03-2010 et décédée le même jour

6-Aminata Gueye, hospitalisée le 04-04-2010 et décédée le 14 -04-2010

7-Naguiba Mint Messaoud, hospitalisée le 08-05-2010 et décédée le 09-05-2010

8-Batouly Kane, hospitalisée le 26-04-2010et décédée le 02-05-2010

09-Benina Mint Alioune, hospitalisée le 08 -05-2010 décédée le même jour

10-Mariata Sow, hospitalisée le 10-05-2010 et décédée le même jour

La liste n’est pas exhaustive. Après une telle forfaiture les sieurs Abdrahmane Samba Dia né en 1956 à Sayéne Gababé et Sall Mouhamadou Hamady ont introduit des plaintes les 17 et 18 Mai 2010 jusque là le parquet est resté muet par rapport à leur plainte classée sans suite après avoir été menacés par le procureur. Les populations attendent toujours que justice leur soit rendue.

C’est pourquoi les populations ont perdu confiance à cette justice. Entre 2010 et 2012 le procureur de la république avait saisi quatre armes appartenant à des beïdanes, nous avons appris que les armes étaient sans autorisation et avaient été remises à leurs propriétaires alors que des noirs sont désarmés prétextant qu’ils ne possèdent pas une autorisation de port d’arme.

Le 15 Avril 2013, Amadou Mamadou Sow, retraité de la SNIM ayant abattu un chameau qui avait détruit ses cultures sera placé en détention préventive une semaine durant et son arme lui sera retirée par le même procureur qui avait remis des armes à leurs propriétaires qui n’avaient aucune autorisation : ce qui signifie la volonté d’armer une communauté pour désarmer une autre .

5-L’état civil

Considérés comme étrangers les noirs candidats à l’enrôlement sont soumis à des conditions difficiles, ils sont humiliés avant d’être rejetés. En connivence avec le tribunal, les candidats à l’enrôlement dont les parents sont décédés peuvent passer plus d’un mois pour chercher à établir un certificat de décès mais le plus souvent le président du tribunal les soumet à de rudes épreuves les demandant de fournir des témoins.

Plusieurs enfants dont les parents vivent à l’étranger ne pourront pas s’enrôler au registre d’état civil et des titres sécurisés ce qui va engendrer des conséquences dramatiques ; plusieurs mauritaniens deviendront apatrides dans leur propre pays.

6-L’Education

La conséquence de l’échec de la reforme en cours se traduit par la baisse des niveaux des élèves et le taux d’abandon élevé. L’école n’offre plus aux jeunes un enseignement de qualité capable de les garantir un avenir meilleur pouvant faciliter leur intégration futur dans la vie sociale. Le comble du mal est que les autorités ne proposent aucune alternative pouvant redonner espoir aux populations.

Les principales causes ayant engendré cette situation sont :

– Absence d’une de vision pour une politique éducative sérieuse

– Absentéisme des enseignants

– pléthorique des classes

– Manque de formation des enseignants

– Démission des APE

– Inadaptation du contenu de l’enseignement par rapport aux besoins du marché.

Cette situation inquiétante se traduit par des taux d’abandon élevés ; les nouveaux potentiels candidats dans le milieu du banditisme sont tous issus de l’école.

Absence de programme de développement :

La proportion de la population active qui vit le chômage est passée de 13 pour cent en 2000 à 31 pour cent en 2008 soit une progression de 241 pour cent .Actuellement le taux de chômage atteint plus de 50 pour cent. La prise en charge du développement régional sur le plan institutionnel ,reste l’apanage de l’administration territoriale, notamment par le biais du conseil régional de développement qui reste en réalité peu opérationnel et peu connu des acteurs régionaux du développement dans la mesure ou il n’est pas arrivé à promouvoir le développement.

Cette situation catastrophique est le portrait réel de cette cité oubliée, négligée, bannie et marginalisée. Il est urgent d’entamer une réflexion dans le sens d’adopter des stratégies pour sortir Kaédi de l’enfer dont les autorités racistes et zélées le maintiennent.

Dia Mamadou Aly
Infirmier à la retraite
Résident à Kaédi
44 61 90 77