Monthly Archives: November 2012
Mali, le grand bluff du MNLA
Attaqués et persécutés jusque dans leurs derniers retranchements, les membres du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) s’étaient retirés à Ménaka, ville frontalière entre le Mali et le Niger. Eux qui revendiquaient l’intégralité et l’intégrité du territoire de l’Azawad (le nord du Mali) ont finalement fait contre mauvaise fortune bon cœur et ne cherchent aujourd’hui qu’un lopin pour s’implanter à nouveau dans la région afin de réorganiser leurs troupes.
Mais, selon toute vraisemblance, les islamistes du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) sont décidés à en découdre avec les rebelles qui se déclarent laïcs.
Et, pas plus tard que le 17 novembre dernier, des colonnes d’éléments du Mujao ont attaqué et pilonné les positions du MNLA qui, selon certaines sources sécuritaires régionales, aurait derechef subi une nouvelle lourde défaite.
Un revers cuisant qui intervient au moment où le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a réussi la prouesse de réunir autour d’une même table les islamistes d’Ansar Dine (les défenseurs de la foi) et les rebelles touareg du MNLA, à Ouagadougou.
Les deux groupes, politiquement et idéologiquement opposés, ont, du reste, appelé la communauté internationale à surseoir à toute intervention militaire au Nord-Mali.
Une situation confuse
On pourrait se targuer de ce que la menace d’intervention militaire brandie par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ait contraint les irréductibles d’Ansar Dine à accepter de dialoguer avec Bamako ; eux qui, jadis alliés au Mujao et à Aqmi (al-Qaida au Marghreb Islamique), sont coauteurs du massacre d’Aguelock.
Seulement, jusque-là, on ne parle que de dialogue sans jamais en donner les gages nécessaires. Le MNLA qui a été à l’origine du pourrissement de la situation au Nord-Mali n’a jamais officiellement renoncé à son projet sécessionniste. La preuve est qu’à chaque sortie d’un de ses nombreux porte-parole, le mot « Azawad » revient comme une ritournelle.
Même les islamistes d’Ansar Dine qui disent renoncer à l’application de la charia dans tout le pays, sauf à Kidal, donnent l’impression de vouloir tourner l’opinion en bourrique. Ils oublient volontiers que l’Etat malien est un et indivisible et que pour rien au monde, les autorités de Bamako ne leur concéderaient la création d’un Etat dans un Etat.
Autant dire que la situation est toujours confuse, si fait que l’on se demande si les négociations amorcées sous l’égide du médiateur et auxquelles le Premier ministre malien dit souscrire, ne ressemblent pas à un poker menteur, tant on virevolte.
Si ce n’est pas un dialogue de sourds, ça y ressemble fort. Ce qui laisse entrevoir de longues tractations à l’horizon, surtout que dans sa farouche volonté d’appliquer la charia, Ansar Dine, on le sait, a le soutien du Mujao et d’Aqmi.
Boundi Ouoba (Le Pays)
Les jeunes de l’opposition manifestent devant la Primature
Les jeunes de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) ont organisé un sit-in ce lundi devant la Primature à Nouakchott pour dénoncer la “vacance de pouvoir”.
Le Président en exercice des Jeunes de la COD “Michaal”, Mohamed Ould Massiré , a indiqué à Alakhbar que l’objet du sit-in est d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la situation “désastreuse” que traverse le pays, caractérisée par le vide au sommet de l’Etat.
Il a aussi souligné qu’il est temps de mettre fin à cette “paralysie institutionnelle” qui perturbe le fonctionnement de l’Etat et ses institutions.
Mais, pour Ould Massiré, seule une large et sincère concertation, entre les différentes parties de la classe politique, pourra sortir le pays de ce “goulot d’étranglement”.
Source: Al Akhbar
Chine, une nouvelle équipe… mais pour quoi faire ?
Après une année de bouleversements, marquée par une succession de scandales et de luttes en coulisse, la Chine a enfin connu sa nouvelle équipe dirigeante, désormais aux commandes pour les dix ans à venir. Au terme du XVIIIe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), M. Xi Jinping a été élu secrétaire général. Il deviendra pleinement président du pays lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, en mars 2013. Il aura à ses côtés le premier ministre Li Keqiang. C’est la cinquième génération de leaders communistes, depuis celle des fondateurs – les révolutionnaires historiques qui, autour de Mao Zedong et Deng Xiaoping, ont façonné cette puissance émergente, aujourd’hui la deuxième économie mondiale.
M. Xi Jinping succède donc à M. Hu Jintao et prend également le contrôle de l’armée après avoir été désigné à la tête de la Commission militaire centrale. A première vue, il aura un pouvoir exceptionnel puisqu’il sera à la fois le patron du Parti, aujourd’hui transformé en appareil de pouvoir, ainsi que de l’Armée populaire de libération nationale. Toutefois, comme Deng Xiaoping avait imposé un système collectif de décision pour éviter les risques d’un pouvoir personnel à la Mao, la Chine est depuis gouvernée par un groupe d’hommes cooptés. Ils forment le Comité permanent du bureau politique (CPBP), dont le nombre a été ramené de neuf à sept membres. Sa composition est le résultat de délicates négociations où la représentation des courants doit être équilibrée et refléter toutes les tendances (officieuses) au sein du PCC.
Parmi les cinq noms choisis pour encadrer le duo Xi Jinping-Li Keqiang, se trouvent deux personnalités fort contrastées. M. Wang Qishan, ex vice-premier ministre, économiste, est l’un des représentants du « parti des princes héritiers », cette fameuse aristocratie rouge qui a accaparé les postes et les prébendes. On le dit réformateur, si tant est que cette catégorisation ait quelque sens en Chine ; il sera chargé de la lutte contre la corruption. M. Liu Yunshan, considéré comme conservateur, est issu de la Ligue de la jeunesse communiste, responsable jusqu’alors du département de propagande, qui contrôle étroitement la presse et Internet.
Un autre nouveau venu, M. Zhang Dejiang, qualifié d’intransigeant, provient lui aussi du « parti des princes héritiers » et est diplômé de l’Université Kim Il Sung de Pyongyang. Son arrivée au Comité permanent serait la récompense pour les services rendus après le scandale et la chute de Bo Xilai, qu’il a remplacé à la tête de la municipalité de Chongqing (lire Patrick Boehler, « Fils de princes, affaires et corruption », septembre 2012).
Quant à M. Wang Yang, considéré comme le plus réformateur en raison de ses prises de position dans la province de Canton, où il est secrétaire du parti, il n’a pas accédé aux plus hautes fonctions que beaucoup le voyaient atteindre (lire « Le Parti communiste aux prises avec le mécontentement social ».) Considéré comme l’un des fils spirituels de Hu Jintao, M. Wang Yang s’est imposé comme le chef de file de la réforme et de l’Etat de droit. En 2010, il a publié le budget de la province, jusque là secret d’Etat. Puis il a géré avec habileté (certains disent à son profit) la crise de Wukan en 2011. Spoliés des terres communales, les paysans s’étaient révoltés et avaient obtenu des élections libres et la démission des caciques. Avec l’approbation de M. Wang, l’un des chefs de file de la révolte a ainsi été promu secrétaire du parti.
Enfin, les deux personnalités les moins connues du grand public sont M. Yu Zhengsheng, maire de Shanghai et M. Zhang Gaoli, maire de Tianjin, port proche de la capitale chinoise, nommés tous deux au Comité permanent pour la première fois cette année. On remarquera que, cette fois encore, pas une seule femme n’accède à ce haut lieu du pouvoir.
Dans le Grand hall du peuple, place Tiananmen, rompant avec la tradition, M. Xi Jinping, chaleureux et souriant, s’est lancé dans un bref discours soulignant « les énormes responsabilités » de la nouvelle équipe et reconnaissant que le PCC était confronté à de « graves défis », dont la corruption. Les nouveaux dirigeants sont mobilisés pour « assurer une vie meilleure » au peuple, a-t-il assuré lors de sa première rencontre avec la presse, entouré de ses six collègues du CPBP, tous portant costumes noirs et cravates rouge. Sera-t-il capable de répondre aux aspirations d’une opinion publique chaque jour plus exigeante ? Elle qui s’exprime désormais à travers les réseaux sociaux et condamne les conséquences catastrophiques sur l’environnement du développement impétueux ? Elle qui exige également une meilleure distribution des richesses et s’insurge contre la corruption au sommet du PCC ? Elle qui, enfin, proteste contre la spoliation des paysans, dont les terres sont saisies sans contrepartie par des promoteurs immobiliers ou par des potentats locaux ?
Tous ces problèmes sont d’ailleurs clairement analysés et considérés comme cruciaux par le PCC lui-même. Dans le rapport final du XVIIIe Congrès, le constat est clair : il faut changer de modèle de croissance, en adoptant le nouveau concept de « développement scientifique ». Cette approche est censée donner toute sa place à l’innovation et à la recherche, en se substituant au modèle basé sur les exportations. Elle vise à réduire les disparités sociales, notamment entre les villes et les campagnes et à protéger l’environnement. Lors du Congrès, il a surtout été reconnu qu’il fallait agir vite pour éviter un divorce entre le parti et le peuple.
Vaste programme pour un président qui reste une énigme : Xi Jinping est-il partisan du statu quo ou est-il le dirigeant dont la Chine a besoin pour réformer un système à bout de souffle sans remettre en cause l’hégémonie du PCC ? A l’heure où ce « fils de prince » prend les commandes, la question demeure.
Source: Lemondediplomatique.fr
Nord du Mali: tirs de joie du Mujao à Gao après sa “victoire” sur le MNLA
Les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) tiraient des coups de feu en l’air dimanche soir à Gao (nord-est du Mali) après les violents combats de vendredi contre des rebelles touaregs du MLNA qu’ils disent avoir vaincus, a-t-on appris de sources concordantes. “Ils tirent (des coups de feu) en l’air et disent Allah Akbar, Allah Akbar (Dieu est grand en arabe), nous avons gagné”, a rapporté à l’AFP un habitant de Gao, ville et région éponyme contrôlées depuis juin par le Mujao qui en a chassé les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Des éléments du Mujao formant un convoi de six véhicules ont fait leur entrée à Gao par la partie nord de la ville et tiré des coups de feu en l’air “comme s’ils venaient du front”, a indiqué à l’AFP un témoin.
“C’est pour fêter notre victoire sur le MNLA”, a déclaré à l’AFP Abou Dardar, un responsable du Mujao, joint au téléphone depuis Bamako, confirmant les informations rapportées par des habitants, mais sans donner de bilan des affrontements.
Vendredi, de violents combats ont opposé dans la région de Gao les islamistes du Mujao aux rebelles touareg du MNLA lequels, selon des sources sécuritaires régionales, ont subi “une lourde défaite”, perdant “au moins une dizaine” de combattants et du matériel.
Selon deux sources sécuritaires au Mali et au Burkina Faso voisin, le colonel Mechkanine, adjoint des forces armées du MNLA a été blessé dans ces combats.
Un calme précaire régnait dans la région de Gao depuis la fin des combats.
En prévision d’une possible reprise des combats, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a envoyé samedi de Tombouctou, à 300 km plus à l’ouest, des renforts aux hommes du Mujao, selon des témoins.
Dans un communiqué transmis dimanche à l’AFP, le MNLA “dément avoir eu des morts mais déplore uniquement neuf blessés”. Il affirme que les islamistes “ont pris la fuite avec leurs blessés” et fait état de “55 morts et plus d’une centaine de blessés” dans leurs rangs.
L’objectif du Mouvement “reste de reprendre l’Azawad (nom donné par les Touareg à tout le nord du Mali) des mains d’Aqmi et de ses alliés”, avait indiqué Moussa Salem, un combattant du MNLA.
Le 27 juin, à l’issue de précédents combats qui avaient fait au moins 35 morts, le Mujao, appuyé par Aqmi, avait évincé le MNLA de Gao où la rébellion touareg, laïque et favorable à l’autodétermination du nord du Mali, avait établi son quartier général.
Le MNLA, allié au départ aux islamistes lorsqu’il avait lancé l’offensive dans le nord du Mali contre l’armée régulière en janvier, ne contrôle plus aucune ville de cette vaste région aride.
Elle est totalement occupée par les jihadistes surtout étrangers d’Aqmi et du Mujao et les islamistes d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), mouvement principalement composé de Touareg maliens.
Ansar Dine et le MLNA mènent des négociations depuis deux semaines au Burkina Faso.
Source: Slateafrique.
Karim Wade à quitte ou double
Karim Wade, le fils de l’ancien président sénégalais, a fini par répondre à la convocation de la gendarmerie de Colobane, à Dakar. Il s’y est rendu le 15 novembre 2012 pour être entendu, dans le cadre des accusations d’enrichissement illicite portées contre lui. Son absence du Sénégal jusqu’à la veille de son audition (il est rentré de France dans la soirée du 14 novembre 2012) avait laissé penser qu’il n’allait pas daigner répondre à la convocation des pandores. Idem aussi pour ses sorties contre le procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Alioune Ndao.
Mais c’est peut-être mal connaître celui que les Sénégalais ont surnommé «ministre du ciel et de la terre» en référence à son maroquin de l’Energie, des Infrastructures et du Transport aérien que son père de président lui avait taillé.
Le ministre du ciel et de la terre, pas au dessus de la loi!
En effet, il a dit qu’il est prêt à déférer aux convocations de la justice de son pays pour démontrer qu’il n’est pas au-dessus des lois et surtout qu’il n’a rien à se reprocher. Malgré toutes ses récriminations contre la procédure, il ne s’y est pas soustrait, preuve de son respect pour la justice de son pays.
En répondant, pour la troisième fois depuis juillet 2012, à une convocation pour audition, il se désolidarise des autres anciens dignitaires du régime de Abdoulaye Wade qui ont fait savoir leur intention de ne pas se rendre devant les enquêteurs pour les accusations d’enrichissement illicite portées contre eux aussi.
Une façon pour eux de dénoncer un acharnement judiciaire et des règlements de comptes politiques de la part du régime de Macky Sall. Sans le soutien de son père qui avait promis de revenir au pays ce 16 novembre 2012 pour défendre bec et ongles son fils et ses partisans avant de se raviser, Karim Wade a donc décidé d’aller se défendre, comme un grand garçon.
Karim Wade plie mais ne rompt pas
On peut donc en déduire qu’il est le plus serein de tous les anciens caciques qui sont en train de s’agiter, d’invoquer le « privilège de juridiction » lié à leur titre pour ne pas répondre aux convocations. On peut aussi déduire de son attitude une volonté farouche de sa part d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec une affaire qui empoisonne sa vie.
La meilleure façon de se défendre étant d’attaquer, Karim Wade a visiblement pris la décision de ne pas fuir. Il a décidé de s’assumer, de se justifier par rapport à son patrimoine à problème pour que les Sénégalais sachent qu’il l’a constitué en toute honnêteté, sans avoir puisé dans les caisses de l’Etat quand il était aux affaires.
Cela, il ne peut le faire en défiant les enquêteurs, en refusant de s’expliquer. Qu’il ait quelque chose à se reprocher ou pas, il est même dans l’intérêt de Karim Wade de régler ce problème.
Et si Karim Wade se refaisait une virginité politique?
Certes, la défaite de son père à l’élection présidentielle de mars 2012 a brisé son élan politique, mais on ne voudrait pas penser un seul instant que ce soit la fin de sa carrière. A moins qu’il soit incapable de se définir en dehors de son père, de s’émanciper de sa tutelle qui, à un moment ou à un autre, devient pesante. Ou bien qu’il ait décidé de ranger la politique dans les placards pour se consacrer à ses consultations dans le domaine des investissements.
Contrairement donc à son père et à certains caciques du Parti démocratique sénégalais (PDS), Karim Wade a toujours son avenir devant lui en politique. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la présente affaire d’enrichissement pourrait être une occasion pour lui de se refaire une virginité politique.
En effet, il est suspecté jusqu’ici de s’être enrichi de façon illicite, mais pas encore formellement accusé. Si au terme des auditions, il n’est rien retenu contre lui ou bien qu’il est blanchi à l’issue d’un procès, il en tirera des gains politiques. En revanche, s’il est condamné, ce serait le début de la fin pour lui. Cette affaire est un couteau à double tranchant et Karim Wade joue à quitte ou double.
Séni Dabo
Source: Slateafrique