Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 23/11/2012

Morsi, du super président au super dictateur?

altPrès de 6 mois après sa victoire électorale, le président islamiste Mohammed Morsi sort grand vainqueur de la crise à Gaza et  de la bataille diplomatique qui s’est jouée dans les coulisses. Tous les yeux des observateurs étaient tournés vers le Caire, haut lieu historique de la médiation dans le conflit israélo-palestinien. Morsi a plus ou mois été le chef d’orchestre des négociations. 24 heures avant la signature de la trêve, le président égyptien annonçait déjà l’obtenir dans la soirée. Il a été félicité tant par Washington que Paris. Au centre du jeu politique régional et international, c’est lui qui a obtenu la cessation des hostilités.  Sans remettre en cause les accords de paix avec Israël, Mohammed Morsi n’a pas tardé à rappeler son ambassadeur après l’assassinat du leader du Hamas Ahmad al Jabari. Autre action hautement symbolique, l’envoi du Premier ministre égyptien Hicham Qandil dans la bande de Gaza le 16 novembre dernier. Un effort reçu positivement par la société égyptienne solidaire de la cause palestinienne. Des prises de positions qui tranchent avec la politique de complaisance menée pendant plusieurs décennies par le raïs déchu Hosni Moubarak. Pour le spécialiste du Proche Orient, Dominique Vidal, la position de Mohammed Morsi n’est pas une surprise.

« C’est la conséquence des changements en Egypte et dans la région, à travers ce qu’on a appelé le Printemps arabe. Vous avez aujourd’hui des dirigeants qui sont eux-mêmes plus à l’écoute de leur population, dont le soutien aux Palestiniens est constitutif de leur identité »

Des évolutions politiques qu’Israël aurait, selon Dominique Vidal, sous-estimé en lançant une offensive sur Gaza. Israël se retrouve isolé et perd son allié historique égyptien.Les contraintes liées au rôle de l’armée, à son financement par les Etats-Unis, aux traités de paix avec Israël, laissent des marges de manœuvres au président Morsi.

« Une paix chaude peut se transformer en paix froide », souligne Dominique Vidal.

Morsi sort évidemment renforcé sur le plan régional et international. Mais qu’en est-il sur le plan intérieur? Les Egyptiens plébiscitent depuis longtemps une révision de la politique menée à l’égard du voisin israélien. Une grande partie de la population a donc été satisfaite des prises de positions du président islamiste.

Un régime au dessus des lois

Mais il ne faudrait pas que le super président se transforme en super dictateur…Une crainte alimentée par la déclaration constitutionnelle du président dans la soirée du 22 novembre. Une déclaration de 7 articles qui lui confère davantage de pouvoirs. Il a dans le même temps limogé le puissant procureur général du pays. La Haute cour constitutionnelle est clairement visée. La même qui a, à deux reprises, annulée les décisions du président islamiste. En juin dernier, elle s’était opposée à la volonté de Mohammed Morsi de rétablir le parlement que le tribunal avait dissous. En octobre, les juges ont poussé Mohammed Morsi à faire marche arrière quant à sa volonté de pousser le procureur général à démissionner.

« Le président peut prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution », a déclaré son porte-parole, Yasser Ali

Morsi, le pharaon

L’article 2 protège les décrets présidentiels pris depuis le 30 juin dernier de toutes remise en cause ou contestation. Ces lois et décrets sont « définitifs » et « exécutoires » et ne peuvent pas être contestées. Et cela même devant une instance judiciaire. Idem pour le Conseil de la Shura [chambre haute du parlement] ou l’Assemblée constituante, par ailleurs dominés par les islamistes. La justice ne peut pas ordonner leur dissolution. L’article 3 va plus loin en s’attaquant à la fonction du procureur général qui doit, selon l’article, être nommé par le président de la République pour une période de quatre ans.

Les partis libéraux et l’opposition ont rapidement réagi à une déclaration assimilé à une loi martiale, que 52% des votants égyptiens ne peuvent accepter.

Mohamed Morsi s’est proclamé « nouveau pharaon », a affirmé l’opposant et prix Nobel Mohammed El Baradei.

 

« Aujourd’hui Morsi a usurpé tous les pouvoirs et s’est proclamé nouveau pharaon d’Egypte. Un énorme coup porté à la révolution qui pourrait avoir d’épouvantables conséquences », a écrit El Baradei sur Twitter.

Morsi profiterait de son « capital légitimité » à l’internationale pour se débarrasser du procureur général et parfaire le contrôle des rouages de l’Etat. Plusieurs forces politiques ont appelé à des manifestations de masse sur la place Tahrir ce vendredi contre la déclaration constitutionnelle émis par le président Morsi.

Nadéra Bouazza

for slateafrique

La Caraïbe, un territoire à géométrie variable

altA la confluence des trois Amériques, la Caraïbe en tant que territoire est issue d’un long processus de construction historique. Pourtant, ses limites restent de nos jours encore floues et varient selon les perceptions locales insulaires.

L’étymologie du nom donné à cette région est porteuse d’enseignements, elle est le soubassement des multiples perceptions que les habitants de la Caraïbe ont de leur territoire.

Le terme lui-même fût inventé par les Européens, et non par les Caribéens. C’est donc un exonyme, c’est-à-dire un nom qui nous a été imposé de « l’extérieur ». Le mot Caraïbe dérive de « Karib », le nom donné par les colons européens à l’un des derniers peuples « premiers » ayant survécu au génocide amérindien, témoin de la disparition quasi complète des trois millions d’habitants pré-colombiens des îles caribéennes.

Dans le langage de ce peuple, qui se nommait lui-même peuple Kalinago, le terme « karibna » désignait un homme, une personne. Dans le langage des autres peuples amérindiens de la Caraïbe, le terme désignait le peuple Kalinago et signifiait « brave, courageux ». Un langage créole se forma inévitablement pour permettre la communication entre les européens et les derniers kalinagos réfugiés dans les îles montagneuses de la Dominique et Saint-Vincent : le « baragouin ». De là et de leur contact précoce avec les autres peuples de la région (les Taïnos des Grandes Antilles notamment), les européens en vinrent à désigner les kalinagos par le terme de « karibna », puis de « karib ». Ils cherchèrent très tôt à présenter les kalinagos comme des cannibales, ce qui leur aurait donné la justification morale pour tenter de les « civiliser »… par la mise en esclavage.

C’est à partir de la racine « karibna » que naquit le terme « cannibale ». L’ensemble des toponymes utilisés de manière secondaire pour décrire cette région vient de la même origine. Le terme « Antilles », lui, dérive probablement de « Antillia », une île légendaire du Moyen Age — comme l’Atlantide — qu’on voit apparaître sur les cartes de navigation européenne à partir de 1424.

D’autres ont avancé l’hypothèse d’une étymologie latine désignant les « îles d’avant » (le continent). La dernière terminologie répandue, particulièrement dans le monde anglophone, est celle des « Indes Occidentales », rappelant l’erreur magistrale de navigation des premiers colons européens : lorsque Christophe Colomb débarque sur une petite île des actuelles Bahamas en 1492, il est certain de se trouver au Japon, à la porte des Indes… soit aux antipodes de sa localisation réelle. Ceci n’a rien d’étonnant quand on sait que Colomb lui-même affirmait dans son journal de bord que ses navigateurs, lorsqu’ils ont perdu la terre de vue depuis quelques jours, n’ont plus aucune idée de l’endroit où ils se trouvent.

Un territoire à géométrie variable

Si l’étymologie du terme « Caraïbe » trouve différentes origines, chacune élaborée historiquement par les peuples qui y ont vécu, les contours territoriaux de la Caraïbe semblent encore plus fluctuants.

Si n’importe qui ou presque peut pointer la région sur une carte, bien peu sont en effet capables de la délimiter. Si l’on ne prend en compte que les pourtours de la mer des Caraïbes, des îles comme par exemple la Barbade et les Bahamas en sont exclues, bien qu’étant des destinations caribéennes phares de l’industrie touristique.

Et que faire de ces pays de l’isthme centre-américain qui tournent le dos à la mer des Caraïbes, en s’ouvrant sur le Pacifique à travers leurs capitales et leurs ville-ports ? Que dire, à l’inverse, du Guyana, de la Guyane ou du Suriname, petits territoires continentaux d’Amérique du Sud complètement excentrés à l’est de la mer des Caraïbes, où une population métissée à large descendance africaine parle pourtant différents langages créoles typiquement caribéens ?

Une définition géographique bien trop limitée

La Caraïbe est avant tout une région marquée par une histoire particulière, celle de l’esclavage et des plantations de canne à sucre. C’est, selon un auteur portoricain, l’ « afro-amérique centrale », une région localisée à la fois au croisement de l’histoire et de la géographie. Une région située entre les deux Amériques, en position centrale, caractérisée par la domination de descendants de travailleurs forcés amenés d’Afrique et plus tard d’Asie. Cette mise en relation contrainte créera un attribut essentiel de la Caraïbe : la créolisation.

Il s’agit, d’après les martiniquais Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, d’une forme particulière de métissage dont les résultats sont totalement imprévisibles et chaotiques. Cette créolisation touche toutes les facettes des cultures caribéennes : langues (créoles jamaïcain, haïtien, guadeloupéen), croyances (vaudou haïtien, santeria cubaine, cultes baptistes, cultes rasta), etc.

Les universitaires caribéens proposent donc des définitions plus précises de la Caraïbe, pour permettre à tous de comprendre ce que sont les « différentes Caraïbes » : la Caraïbe insulaire (qui regroupe, en plus des îles, des territoires insularisés par d’autres facteurs que la mer, comme c’est le cas des Guyanes ou du Bélize), la Grande Caraïbe (qui englobe toute l’Amérique Centrale et le Nord de l’Amérique du Sud), les « Indes occidentales (West Indies) [1] », la Caraïbe du CARICOM [2], la Caraïbe de l’ACS [3], …

Une mosaïque identitaire

Comment les Caribéens aiment-ils se définir ? Quelle perception ont-ils d’eux-même ? Autrement dit, quel est leur sentiment d’appartenance ? Les Cubains, par exemple, se définissent largement comme des « Latinos » et non pas comme des Caribéens – exception faite de ceux originaires de Santiago de Cuba, une ville où la population d’origine africaine est beaucoup plus importante. A l’autre bout de la chaîne de volcans, les jeunes de Martinique et de Guadeloupe ont développé une identité particulière qu’ils nomment « antillaise ». Les Antillais sont, selon leur perception propre, les habitants de Martinique et de Guadeloupe. Opposant cette identité à celle des autres îles de l’archipel, ceci leur donne une place à part dans cet ensemble, à mi-chemin entre la France et la Caraïbe. Pourtant, lorsque l’on demande à des étudiants d’entourer sur une carte la Caraïbe, Cubains comme Martiniquais et Guadeloupéens s’incluent dans cet ensemble.

C’est un des nombreux paradoxes de la perception qu’ont les Caribéens de leur région. Les perceptions des limites de la Caraïbe varient considérablement. Le Guyana et le Belize tendent par exemple à être beaucoup plus rattachés à l’espace caribéen par les anglophones (particulièrement pour les habitants de Trinidad et Tobago) qui sont leurs voisins les plus proches.

Romain Cruse

Lemondediplomatique

 

Le conflit qui a donné naissance à l’Afrique du Sud

altLa guerre des Boers a profondément marqué la société sud-africaine. Retour sur «un conflit de blancs» fondateur. Il est rare aujourd’hui que l’on mentionne les guerres qui mirent aux prises les deux populations blanches d’Afrique australe, les colons néerlandophones et les anglophones de la colonie du Cap. Ce silence peut s’expliquer par plusieurs raisons, la première étant que l’humanité a naturellement tendance à fuir la complexité, et que ces conflits ne font rien pour simplifier la vision que l’on peut avoir de l’Afrique.

Du temps de l’apartheid, il était simple de considérer que les blancs étaient des monstres et les noirs des victimes. Il était surtout plus simple de partir du principe que les uns et les autres, les blancs et les noirs, représentaient deux blocs monolithiques.

Comme toujours, la réalité était infiniment plus tortueuse, et lourde de sens. Nous n’allons pas tenter en quelques phrases de résumer l’histoire d’un aussi grand pays que l’Afrique du Sud.

Qui sont les Boers?

En revanche, il peut être intéressant de s’attarder sur ces deux guerres qui opposèrent des puissances coloniales d’un genre très différent, sur des terres qui, fondamentalement, ne leur appartenaient pas.

Car une réflexion, aussi brève soit-elle, sur les guerres des Boers ne peut qu’aider à comprendre la situation actuelle.

Qui sont les Boers? Pour la plupart, ce sont des descendants de colons néerlandais installés au Cap au XVIIe siècle. A la différence des colons anglais qui leur succédèrent et commencèrent à les supplanter, les Boers, ou «fermiers» ne furent jamais soutenus par leur mère patrie, les Pays-Bas.

Leurs rangs grossis par un nombre non négligeable de huguenots français, mais aussi d’Allemands, d’Italiens et même de Russes, les Boers développèrent très tôt une tendance à l’autarcie et à l’autodétermination.

Migration vers l’intérieur des terres

Au début du XIXe siècle, ne supportant plus la mainmise anglaise sur des terres qu’ils avaient été les premiers à exploiter, ils se lancèrent dans ce qui est resté célèbre sous le nom de «Grand Trek».

Au cours de cette migration vers l’intérieur des terres, ils se heurtèrent à la puissance zouloue, alors sous la férule du roi Dingane. Ils parvinrent néanmoins à s’imposer, et se taillèrent ainsi deux fiefs indépendants, la République du Transvaal et l’Etat libre d’Orange, dans les années 1830-1840.

L’Afrique du Sud que l’on connaît aujourd’hui était alors le théâtre de rivalités sanglantes entre les Anglais, les Xhosas et les Zoulous, ces derniers étant également rivaux, entre les Anglais et les Boers et entre les Boers et les Zoulous.

De ce billard à cinq bandes, si l’on peut dire, les Xhosas et les Boers furent les grands perdants, semble-t-il, jusqu’en 1879, quand Anglais et Zoulous réglèrent leur différend sur le champ de bataille, avec les conséquences que l’on sait.

La guerre des Zoulous eut d’ailleurs une influence incontestable sur les deux Etats boers. La résistance zouloue avait été en effet si efficace qu’elle poussa les Boers à envisager de s’arracher à la tutelle grandissante des Britanniques.

A qui revient l’exploitation des terres?

En décembre 1880, les Boers, vivant dans une situation de quasi-annexion depuis 1877, se révoltèrent et chassèrent les Britanniques en trois mois de campagne. Mais pour leur malheur, leurs domaines étaient riches en or et en diamant, suscitant la convoitise de puissants magnats comme Cecil Rhodes.

Les négociations sur les droits d’exploitation des concessions minières durèrent plus d’une quinzaine d’années, mais les parties ne purent parvenir à un arrangement. Entre-temps, l’empire britannique avait déployé des contingents importants aux frontières des deux Etats boers, troupes dont la présence finit par pousser les Boers à déclarer la guerre à Londres en 1899.

Sur le papier, l’affaire semblait entendue. L’empire britannique était capable d’aligner plus de 400 000 hommes, alors que les deux Etats boers ne pouvaient en mobiliser que 80 000, et que leurs forces armées n’avaient rien de professionnel.

Toutefois, les Boers, après des années passées à affronter Zoulous et Xhosas dans la guerre de brousse, étaient passés maîtres dans l’art de la guérilla.

Tous leurs soldats étaient des cavaliers et des tireurs hors pair, conférant à leurs unités une mobilité et une puissance de feu inégalées. Ils s’étaient procuré des fusils Mauser dernier cri vendus par l’Allemagne mais aussi de l’artillerie lourde comme des canons Creusot français de 155 mm.

Une guerre des blancs

L’empire britannique prétendait lutter pour la civilisation et contre l’esclavage, dénonçant d’ailleurs à juste titre le traitement réservé aux noirs par les Boers. Ces derniers, eux, se battaient purement et simplement pour leur survie.

Au début, les combats tournèrent à l’avantage des Boers. Les généraux britanniques accumulèrent les maladresses et firent preuve d’une rare incompétence, envoyant leurs hommes à la mort en rangs serrés sous les tirs d’une précision meurtrière de l’ennemi.

Mais petit à petit, le déséquilibre des forces finit par jouer en leur faveur. Malgré la présence à leurs côtés de volontaires étrangers, dont de nombreux Français, les Boers durent céder du terrain. De plus, cette guerre, pour Londres, fut la première à être véritablement «impériale», puisque des Canadiens et des Australiens y prirent également part.

Si la seconde guerre des Boers fut une «guerre de blancs» qui se battaient en fin de compte pour déterminer qui aurait la haute main sur la région, et si la population des régions concernées par les opérations était aux quatre cinquièmes composée de noirs, il faut souligner que des noirs se joignirent au combat dans les deux camps.

Des noirs au service de leurs maîtres

Du côté boer, si les deux républiques interdisaient officiellement aux noirs de porter des armes, le besoin en hommes était tel que beaucoup de serviteurs et d’ouvriers agricoles suivirent leurs maîtres, rappelant par là ce qui s’était passé dans certains des Etats du Sud lors de la guerre de Sécession (1861-1865).

Les Tswanas en particulier furent mobilisés par les Boers, et on estime qu’en tout, quelque 10 000 noirs servirent aux côtés des républicains. Dans le camp britannique, près de 100 000 d’entre eux furent utilisés comme auxiliaires et porteurs, et 10 000 reçurent des armes. Les Swazis se rallièrent aux Anglais dans l’espoir déclaré de récupérer des terres dont ils avaient été spoliés par les Boers. Dans le Natal, des unités zouloues de police montée furent même constituées.

Ce fut une guerre sans merci. Exaspéré par les pertes et la résistance acharnée des Boers, le haut commandement britannique eut recours à la tactique de la terre brûlée, incendiant les fermes et massacrant le bétail.

Pour faire plier les soldats des «commandos», les unités de guérilla boers, Londres créa des camps de concentration, officiellement pour regrouper les populations civiles loin des zones de combat.

Une guerre indélébile

Dans les faits, cela revint à laisser mourir de faim et de maladie des milliers de femmes et d’enfants boers. Les noirs ne furent pas épargnés ; 115 000 «Boers noirs» furent eux aussi envoyés en camp. En tout, au moins 27 000 blancs et 12 000 noirs auraient péri dans ces circonstances.

Epuisés, isolés, les Boers finirent par déposer les armes en 1902. Afin de pouvoir continuer à gérer la colonie, Londres, vainqueur, dut cependant lâcher du lest et accorder une certaine autonomie aux Boers. Les pertes avaient été terribles.

Les Britanniques avaient perdu 22 000 hommes, les Boers 6 ou 7 000, chiffres auxquels s’ajoutent les civils boers et africains morts dans les camps, et près de 8 000 à 10 000 noirs tombés au combat.

Cent dix ans plus tard, la société sud-africaine dont accoucha le conflit reste profondément divisée. Les tiraillements entre Zoulous, Xhosas et Swazis restent importants, et les blancs, même si le sujet est plus rarement abordé, sont scindés entre Afrikaners nostalgiques de l’ère des deux Etats boers et ceux qui se sont résolument tournés vers la métropole anglophone.

L’apartheid, mot afrikaner, symbolise à lui seul le malaise de cette mosaïque volatile née des appétits impérialistes britanniques dans la région.

Et il se trouve encore aujourd’hui des descendants de Boers pour rêver de l’instauration d’un nouvel Etat libre d’Orange.

Roman Rijka

slateAfrique

Pas de participation des fonctionnaires à l’accueil “hypocrite” de Aziz (Opposition)

altLa Coordination de l’Opposition Démocratique en Mauritanie a qualifié de “pratique archaïque” le fait de “forcer” les fonctionnaires à accueillir le président mauritanien. Le retour de Mohamed Ould Abdel Aziz, hospitalisé en France depuis plus d’un mois après sa blessure par balle, est annoncé pour samedi prochain.
 Il est inacceptable, selon un communqué de la COD, d’impliquer les fonctionnaires de l’Etat dans cet accueil “hypocrite” prévu pour “flatter” Ould Abdel Aziz.

Selon la COD, en procédant à cette méthode, le pouvoir cherche à redorer son blason, refaire surface et prétend une capacité de mobilisation des masses populaires. Mais la pratique prouve le contraire: “le régime, en faillite, manipule les citoyens en agissant sur leur salaire lequel est un droit“.

source : Al Akhbar

Kaaw Touré, porte-parole des FLAM: « En Mauritanie, l’esclavage et le racisme d’Etat continuent à sévir » .

altMohamadou Touré dit Kaaw Touré est un réfugié politique mauritanien résidant en Suède. Originaire de Djéol dans le Sud de la Mauritanie, il est le Porte-parole des Forces de Libération des Africains de Mauritanie (FLAM), un mouvement créé le 14 mars 1983. Il a été arrêté en 1986 et condamné suite à la publication du manifeste du Négro-mauritanien opprimé. Poursuivi en 1987 pour avoir dirigé des soulèvements scolaires à Kaédi après l´exécution de trois officiers noirs, il s´exile au Sénégal jusqu’en 1999 après son expulsion. Depuis, il vit en Suède. Dans cet entretien, il revient sur le sens du combat que mène leur mouvement et l’actualité politique mauritanienne.

1. Vous êtes le porte-parole des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM), un mouvement créé en mars 1983 et vous vivez en exil depuis 1991 en Suède. Quel est le sens du combat que vous menez contre l’establishment en Mauritanie depuis 30 ans?

D´abord je tiens à préciser que j´ai vécu mes 12 premières années sur les 25 ans d´exil au Sénégal jusqu’à mon expulsion de ce pays-frère, que je considère toujours comme ma seconde patrie, en juillet 1999 pour la Suède suite aux pressions diplomatiques des autorités de Nouakchott. Depuis, et bien avant notre exil, nous dénonçons et combattons le racisme d´Etat et l´esclavage en Mauritanie. Ce que nous mettons en cause en Mauritanie c´est le système raciste mis en place depuis l´indépendance qui opprime la communauté Négro-mauritanienne. Ce Système repose sur des mécanismes bien conçus:

– Le contrôle de la réalité du pouvoir politique, militaire et économique par l´élément arabo-berbère.

– Une arabisation sélective visant à éliminer les écoliers Négro-mauritaniens de la compétition;

– Une option fondamentale de tous les régimes pour une Mauritanie exclusivement arabe.- L’exacerbation par ce Système des problèmes de cohabitation entre les deux communautés racio-culturelles dont les rapports historiques ont toujours été jalonnés à la fois de conflits et de serments d´amitié.

Pour les FLAM, il faut changer ce système vicié à la base parce que ne prenant pas en compte les Négro-Mauritaniens dans la vie de la nation. Il faut œuvrer pour l’unité et non pour l´unitarisme; une unité qui tienne compte de la réalité sociologique, historique et géographique du pays qui est un carrefour culturel-;une unité qui respecte la dignité de chaque Mauritanien et garantisse l’équilibre entre les grandes composantes nationales. Oui pour l’unité, mais qui soit assise sur des fondements inébranlables parce que intrinsèquement justes et égalitaires, afin de construire “le mieux vivre ensemble”, dans une Mauritanie viable, parce que réconciliée avec elle-même. Grâce à notre combat, grâce à la pression internationale et au rôle non négligeable d’acteurs politiques, de la société civile de l´intérieur, le Système a vacillé se parant d´un vernis démocratique, sans changer dans ses fondements. Nous ne nous arrêterons pas avant sa destruction complète, condition nécessaire pour la mise en place d’un Etat de droit, égalitaire et démocratique. Voilà le sens de notre combat.

2. Votre mouvement se définit comme une force de libération, est-ce que dans votre plan d’action la lutte armée est une option ?

N’allez pas croire que «libération» rime forcément avec lute armé! Nous voulons libérer le peuple mauritanien de la misère, de l’obscurantisme, du racisme, de l´esclavage, du joug des militaires; en particulier libérer ses composantes les plus opprimées que sont les Négro-africains et les Harratines.

Enfin, précisions que si, par le passé, l’action armée fut une option, aujourd’hui cette option reste loin derrière nous. Nous nous inscrivons résolument dans la lute politique, pacifique. Nous sommes porteurs d’idées et de projets novateurs que nous souhaitons faire connaitre au people mauritanien, qui seul sera juge.

Bref les FLAM sont un mouvement pacifiste qui privilégie la lutte politique, le dialogue et la concertation, et entendent inscrire leur action dans la confrontation des idées.

3. Votre mouvement dont la plupart des membres ont été contraint à l’exil n’est-il pas coupé des réalités mauritaniennes ?

Comme vous l’avez bien dit, nous avons été contraints à l´exil. Hier, on ne pouvait pas s’exprimer et agir de l´intérieur, sans risquer la prison et même la mort; ce droit à l´expression nous a valu la dénonciation, la répression jusqu’à l’élimination physique de ceux que nous comptions de plus chers dans notre mouvement. L’exil ne peut être une orientation politique parce qu´il n’y a rien de plus pénible que de vivre loin des siens et de sa patrie. L’exil doré n´est qu´un fantasme pour ceux qui n´ont jamais subi les affres de cette contrainte. Mais depuis notre dernier congrès ordinaire, tenu à Paris, notre mouvement a décidé de se redéployer à l´intérieur et de poursuivre notre lutte dans la légalité, pour le règlement de la question nationale et sociale, en vue de l´instauration d´un Etat de droit garant de l´épanouissement économique, social et culturel de toutes nos communautés. Le retour au pays natal se prépare sérieusement et certains de nos camarades anciens déportés au Sénégal sont déjà sur place.

J’ajoute que notre mouvement n’a jamais été, à vrai dire, totalement absent de notre pays, ni socialement, ni politiquement. Nous allons donc reprendre notre place dans notre milieu naturel, entièrement, très bientôt.

4. L’actualité récente a été marquée par l’affaire dite « des tirs amis » qui ont blessé le président Ould Abdel Aziz qui est en convalescence en France. Quel commentaire en faites-vous ?

Nous avons suivi comme tout le monde l´accident subit du président ou « l´erreur des tirs amis » comme le dit la version officielle. Nous déplorons comme tous les Mauritaniens l´opacité qui entoure aussi bien cette hospitalisation que les circonstances réelles du prétendu accident. Nous pensons que le peuple a droit à l´information sur l´état de santé du président de la République. Le Conseil constitutionnel devait se saisir du dossier et statuer s´il y a vacance du pouvoir ou si le président est capable de diriger le pays et préparer la transition le cas échéant.

Puisque de plus en plus on entend parler de transition, la classe politique devra prendre garde de reconduire celle, désastreuse, du Colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui avait occulté les problèmes essentiels du pays, tel le problème de la cohabitation. Il ne faudrait surtout pas que cette transition, si elle avait lieu, se réduise, une fois de plus à un changement de régime ou d’homme. C’est le système qu’il faut changer.!

5. En Mauritanie, Messaoud Ould Boulkheir, le président de l’Assemblée nationale, est issu de la communauté Haratine. N’est-ce pas là une avancée remarquable ?

Les nominations des présidents du Sénat, Ba Mbaré, et de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir entrent dans le cadre de la politique de réconciliation qu´avait initiée le président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallah et ses engagements pendant les négociations du 2ème tour des élections de 2007. Ces deux personnalités Négro-mauritaniennes n´ont malheureusement pas le pouvoir de décision, ils sont maintenus seulement pour banaliser la question noire et tromper l´œil de l´observateur étranger. La réalité du pouvoir est ailleurs. Depuis le putsch du mois d´août 2008, la page de réconciliation ouverte par le président Sidi a été mise sous le boisseau malgré les larmes de crocodile du nouveau président à travers la prière de Kaédi. Le dossier du passif humanitaire reste entier, l´esclavage continue à sévir, le racisme d´Etat continue de plus belle au vu des nominations de chaque conseil de ministres sous l´ère du Général-président. Tout cela vient montrer qu’on n´est pas encore sorti de l´auberge.

N’deye Khady Lo

Slateafrique