Monthly Archives: November 2012
5500 militaires vers le nord Mali
Selon une source interne de la CEDEAO, le plan d’intervention militaire au nord Mali prévoit d’envoyer un contingent de 5500 militaires dont des unités de pays n’appartenant pas à la communauté ouest africaine. La source, qui a requis l’anonymat, a déclaré en marge du sommet des ministres des affaires étrangères tenu à Abuja que les chefs d’état-majors des armées ouest africaines ont décidé de changer la composition de la force d’intervention. Ils ont recommandé l’envoi de 5500 soldats au lieu de 3200. Les forces supplémentaires proviendront des pays non membres de la CEDEAO. La source a ajouté que c’est pour cette raison que des pays comme l’Afrique du Sud, la Mauritanie, la Lybie, le Maroc, l’Algérie et le Tchad ont été invités à participer au sommet du dimanche. Les ministres de la communauté ouest africaine ont discuté dimanche des modalités pratiques de l’intervention au nord Mali occupé depuis plusieurs mois par des mouvements islamistes armés.
Source: Le calame
Parlement: vers la suspension des séances “pour éviter la polémique”
Les deux chambres du parlement comptent suspendre les séances parlementaires de la prochaine session dont l’ouverture est prévue lundi prochain, a-t-on appris d’une source bien informée.
La session, indique la source, serait limitée aux discours “brefs” d’ouvertures des présidents de deux chambres alors que le reste serait suspendu jusqu’à la fin du mois courant.
Cette décision vient “pour éviter une éventuelle polémique dans les séances d’autant plus que le pays traverse actuellement une situation d’impasse politique difficile caractérisée par l’absence du président de la république depuis près d’un mois”, ajoute la source.
Dans cet ordre d’idées, le président du sénat Bâ M’baré regagnerait Nouakchott samedi soir en provenance de France où il subirait des soins.
Source: Al Akhbar
Sénégal: l’L’audition de Hissène Habré annoncée en début décembre

Aminata Touré, ministre de la Justice, était formelle : «Il n’y a plus d’obstacles à la tenue du procès (de Hissène Habré). Nous nous acheminons résolument vers la tenue du procès tant attendu. Nous allons commencer le recrutement des magistrats.» C’est en marge de la signature d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine pour le jugement de l’ancien président du Tchad en août dernier, que le Garde des Sceaux avait donné ces assurances. En l’espace de deux mois, le Sénégal s’est en effet, attelé à recruter des magistrats pour le Tribunal spécial créé pour faire la lumière sur les crimes internationaux, commis au Tchad durant la période allant du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990.
Le Sénégal, par la voix de son ministre de la Justice indiquait : «C’est un long parcours menant à une étape décisive, à un procès équitable et qui nous permet de montrer que nous sommes capables de respecter les dispositions du traité de Rome contre la torture que nous avons signé.» La voie est aujourd’hui plus que balisée dans la mesure où l’ancien dictateur tchadien, réfugié au Sénégal, depuis le début des années 1990, va se soumettre à l’interrogatoire d’un magistrat instructeur, dès le mois de décembre prochain.
La révélation émane de la délégation du Sénégal à Genève (Suisse) dans le cadre de la présentation du rapport du pays sur la torture. Le Sénégal a donné des assurances fermes au Comité international contre la torture, qui a même réitéré le souhait de la Belgique de faire extrader le «réfugié» à Bruxelles. Une requête qui n’est plus d’actualité au regard des engagements du Sénégal à organiser le procès au Sénégal, donc en terre africaine.
Les Marocains sont-ils racistes?
D’où vient le rapport ambigu qu’entretient le Maroc à l’Afrique? Maghrébin, amazigh, arabe certes, le pays se voit-il pour autant comme africain? Un constat géopolitique s’impose. Le Maroc est un royaume insulaire. Si proche et si loin de la citadelle Europe, coupé du Maghreb par cette frontière avec l’Algérie fermée depuis 1994, isolé de l’Afrique par le Sahara Occidental et bordé sur son flanc ouest par une façade atlantique de plusieurs milliers de kilomètres.
La définition poétique de Hassan II, qui disait souvent du Maroc qu’il est à l’image d’un arbre dont les racines plongent au cœur de l’Afrique et dont le feuillage bruisse au vent de l’Europe, n’est-elle alors que chimère?
Une société à l’identité troublée
Mais, le Maroc n’est pas seulement une île. C’est un archipel de mondes qui s’ignorent. Car, au-delà de la métaphore géographique, sa société est une mosaïque, une sorte de Brésil nord-africain où la diversité est palpable à tout point de vue. Une diversité qui fait sa richesse culturelle et identitaire. Encore faut-il qu’il la reconnaisse pleinement.
A cela s’ajoutent les disparités sociales énormes qui maintiennent le pays dans une société de castes. Une société où les rapports de force s’exercent souvent dans la violence et la servilité.
La société marocaine est écartelée et cela transpire dans ses valeurs qui s’entrechoquent. Car, si la frontière de l’argent est très nette entre les nantis et les démunis, dans les esprits c’est la schizophrénie qui règne. Traditionalisme dans les mœurs et mode de vie européanisé font mauvais ménage et provoquent bien des convulsions.
Cette «maladie du Maroc» se traduit aussi dans le silence assourdissant de la plupart des intellectuels «modernistes», prompts par leurs appels et pétitions à crier au loup pour dénoncer les conservatismes religieux tout en se gardant d’aborder de front les questions relatives aux valeurs universelles.
Il se bornent à vouloir faire barrage «à la déferlante obscurantiste menaçant les fondements humanistes de la Maison Maroc», évitant soigneusement de faire mention des atermoiements de la société et du pouvoir dans la voie d’une société moderne et ouverte que le texte constitutionnel prend pourtant pour acquise.
La nouvelle Constitution consacre dans son préambule le caractère melting-pot du Maroc:
«Le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.»
Le dogme persistant du panarabisme
Mais est-ce une réalité politique? C’est certainement là où le bât blesse. La légitimité du pouvoir s’est toujours construite autour de la religion et de l’arabité et non autour du caractère ethno-divers de l’identité nationale, reléguée dans son acception folklorique.
Au nom de cette sacralité royale, la philosophie a longtemps été bannie des universités, l’histoire du peuplement du Maroc n’est pas enseignée dans les manuels scolaires, si ce n’est pour inculquer le seul caractère arabe et musulman de la nation.
Son socle amazigh est encore largement renié, malgré quelques timides avancées en la matière. Autant dire que l’identité plurielle du Maroc est politiquement coupée de son essence africaine.
Un travail de sape qui trouve son origine dans la fabrication de l’histoire officielle imposée par les nationalistes de l’Istiqlal (premier parti politique indépendantiste marocain, fondé en 1943). Pour eux et pour la monarchie, le panarabisme est un dogme qui sous-tend l’idée mythologique du «Grand Maroc» historique bâti autour d’une dynastie aux origines prophétiques.
Aussi, en l’absence d’une citoyenneté véritable, les valeurs humanistes et l’universalisme ont du mal à s’ancrer dans les mentalités, donnant libre cours à l’incivisme, à la xénophobie et aux préjugés raciaux et culturels.
L’esclavage des noirs, une histoire escamotée
Bien qu’il n’existe plus, l’esclavage des noirs n’a jamais été officiellement aboli. Le protectorat français, au début du XXe siècle, en a simplement interdit la pratique. Fait notoire, l’initiative n’est jamais venue de la société marocaine elle-même, comme l’a savamment décrit l’historien Mohammed Ennaji dans son ouvrage Soldats, esclaves et concubines.
La garde noire des sultans du Maroc n’a pas non plus été affranchie au sens moral du terme. Mohammed VI maintient d’ailleurs au sein de sa cour l’essentiel de ce protocole servile. Il faut aussi souligner que la loi marocaine ne comdamne pas non plus le racisme.
Reste dans la société une certaine idée de l’Africain noir qui n’est envisagée qu’à travers le «rayonnement historique» du Maroc en Afrique de l’Ouest.
Loin d’affirmer ses fameuses «racines africaines» —pourtant profondes— comme les avaient magnifiées Hassan II, le Maroc cultive des liens empreints de la notion de vassalité avec les pays subsahariens.
Ce n’est d’ailleurs que de cette manière qu’il envisage sa souveraineté sur le Sahara occidental voire son influence politique et religieuse sur la Mauritanie, le Mali, le Sénégal ou plus loin la Guinée, «territoires perdus» de son histoire.
C’est partant de cette logique que le Maroc tournera le dos à l’Afrique après le camouflet de l’OUA (Organisation de l’Unité africaine, devenue depuis Union africaine) sur la question saharienne.
C’est aussi de cette manière qu’il envisage ses liens économiques avec ce qu’il considère sa «sphère naturelle d’influence» . Le schéma, il faut le reconnaître, est dupliqué de celui de la Françafrique, alors que le Maroc lui-même subit encore les affres du néocolonialisme français.
Une anecdote illustre cette condescendence affichée. Dans les années 80, un ambassadeur du Maroc déclarait, alors qu’il remettait ses lettres de créances à un chef d’Etat africain, qu’il était fier «d’apporter avec lui toute la grandeur du royaume chérifien en Afrique».
Le «péril noir», un syndrome sécuritaire
Le fait que le Maroc soit aussi devenu un territoire de transit pour les Subsahariens qui rêvent, eux aussi, de l’eldorado européen et que certains d’entre eux s’y établissent durablement est un phénomène migratoire pour lequel le Maroc n’a pas su répondre que par une politique sécuritaire brutale. Soucieux de ses rapports de voisinage avec l’Union europénne, le royaume n’hésite pas à jouer le gendarme de l’Europe.
Une situation exacerbée par un nationalisme chauvin et un repli identitaire à leur tour alimentés par la propagande d’Etat dont la presse proche du pouvoir est un puissant vecteur.
L’affaire Maroc Hebdo a entraîné de violentes réactions sur les réseaux sociaux. Un obscur journal régional qui n’existe plus et qui titrait en 2005 sur la menace des «sauterelles noires», pour désigner les Subsahariens a, lui aussi, été exhumé pour souligner le racisme rampant anti-noir.
Des journalistes, intellectuels, membres de la société civile s’interrogent, montent enfin au créneau contre «la négrophobie marocaine», dénoncent l’hypocrisie qui voudrait que ce racisme anti-noir soit l’apanage de l’Occident, tout en rappelant la situation des Marocains victimes de semblables discriminations, que ce soit dans leur pays ou hors de ses frontières. Un signe réconfortant d’une société qui sécrète aussi des anti-corps contre ses propres démons.
Ali Amar.
Source: SlateAfrique