Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 01/08/2012

Birame Ould Dah Ould : Le pouvoir cherche-t-il à éliminer un opposant ?

altBirame Ould Dah Ould Abeidi, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), a été transféré de sa cellule à l’hôpital national de Nouakchott suite à un malaise. L’information relayée par plusieurs agences de presse locale rappelle que Birame et six autres de ses compagnons croupissent en prison depuis près de quatre mois, suite à l’incinération de livres du rite malékite. Accusés d’apostasie, ils ont été jugés par la Cour criminelle de Nouakchott qui s’était dessaisie de l’affaire pour vices de formes et de procédures. Une décision qui selon les partisans et sympathisants d’IRA devait se traduire par l’élargissement des prévenus. Mais le Parquet de la République ne l’entendant pas de cette oreille, les a orientés vers le juge d’instruction chargé des questions terroristes. Ils croupissent depuis lors en prison.

Dans une sortie il y a deux jours, la Coordination de l’opposition démocratique (COD), emboîtant le pas à plusieurs organisations de la société civile, a exigé la libération de Birame et de ses amis, considérant leur emprisonnement d’arbitraire. Cette situation démontre selon l’opposition que l’appareil judiciaire en Mauritanie reste profondément assujetti au président Mohamed Ould Abdel Aziz qui exerce dans certains dossiers personnels, son pouvoir régalien. Ainsi, dans un communiqué publié à l’occasion, la COD a vivement dénoncé ce qu’elle considère être une violation flagrante du sacro saint principe de séparation des pouvoirs consacré par la loi suprême en Mauritanie. La COD fustige également toute politisation du judiciaire et l’utilisation de la magistrature pour des règlements de compte personnels et l’assujettissement des adversaires. L’opposition a, dans ce cadre, invité l’opinion nationale et internationale à se soulever contre la dérive du pouvoir politique en Mauritanie.

D’autres parts, plusieurs militants du mouvement IRA craignent que leur président Birame Ould Dah Ould Abeid, qui aurait selon eux échappé à plusieurs tentatives de meurtre, ne soit éliminé dans sa cellule. Opposant farouche du pouvoir et du système social de classe en vigueur dans le pays, Birame serait, selon ses amis, un ennemi à abattre pour la féodalité dominante en Mauritanie. Ils invitent par ce biais la communauté nationale et internationale à protéger la vie de Birame, sérieusement menacée selon eux dans son intégrité physique. Certains de ses partisans vont jusqu’à craindre que leur leader ne soit tué par empoisonnement en prison.

C.A- L´AUTHENTIQUE

Retour des FLAM : l’occasion d’un débat sur la Cohabitation nationale en Mauritanie.

altComme Poullori l’écrivait dans son dernier article, le retour des FLAM est un événement majeur et une décision courageuse à saluer à sa juste mesure. Voilà une organisation dont les membres ont été contraints à l’exil juste pour avoir demandé la Justice et l’Égalité entre les citoyens de la Mauritanie. Ce retour tombe à point nommé parce que ceux qui contrôlent le pouvoir en Mauritanie ne savent pas partager et ne se gênent pas pour purger le pays de sa dimension multiculturelle. Ils n’ont que faire de cet adage qui dit que « le foi muni d’une paire d’yeux n’est pas agréable à manger ». Les racistes chauvins qui contrôlent le pouvoir tout comme leurs soutiens ne s’embarrassent pas de protocoles pour leurs « frères » et « voisins » négroafricains de Mauritanie.
Ils prétendent que nous avons tout partagé et que nous sommes « obligés » de vivre ensemble.
Pourtant, ils manifestent plus de solidarité envers les Palestiniens, les Libyens… On en a même vu récemment qui célébraient le 60eme anniversaire de la Révolution égyptienne ou l’arrivée au pouvoir des islamistes en Égypte et en Tunisie.

Pendant ce temps, les thèmes portant sur le racisme et la cohabitation nationale sont relégués au second plan. Les voix qui dénoncent le caractère raciste du système politique mauritanien et qui militent pour un débat franc sur la Cohabitation entre les différentes composantes nationales sont de moins en moins audibles.

Principalement d’ailleurs parce que certains avaient pensé opportun de délaisser ces thèmes centraux au profit d’une question sociétale importante mais conjoncturelle qu’est la douloureuse question de l’esclavage. Il n’est donc pas trop tôt de revenir aux fondamentaux et de se recentrer sur les débats qui posent la question centrale de la base sur laquelle tous les segments de la population, toutes les nationalités du pays doivent tisser leurs relations. Le retour des FLAM en terres mauritaniennes sera donc un apport non négligeable pour amorcer ce tournant.

Il y a là une belle occasion de rassembler toutes les voix qui ont perpétué le combat initié à la veille de l’indépendance. Des générations leur ont emboité le pays avant la naissance des FLAM. D’autres ont renforcé le mouvement et les FLAM ont apporté une contribution essentielle à la conceptualisation et à la médiatisation de la question. Malheureusement, les vicissitudes de la vie des mouvements politiques ont conduit certains des principaux animateurs du mouvement à suivre d’autres chemins. Wuuriima tan kono rufaani (ils ont trébuché mais n’ont pas chuté).

L’idéal serait que toute la mouvance qui a porté ce combat se retrouve à l’occasion du retour des FLAM pour faire le point et fixer le cap. Cette mouvance n’a pas droit à l’erreur. L’élan ne doit pas être brisé et l’événement doit être dignement préparé et réussi. Il faut que tout le monde mette ses ressentiments et ses rancœurs de côté et qu’un accueil digne de ce nom soit réservé à ces dignes fils du pays si longtemps tenus éloignés de leur pays d’origine. Le monde entier aura les yeux rivés sur la Mauritanie lors du retour des FLAM. C’est une occasion rare de mettre en avant la question de la Cohabitation.

C’est pourquoi, Poullori suggère aux Mauritaniens, quelle que soit leur sensibilité, de s’organiser pour préparer ce retour. Charité bien ordonné commençant par soi-même, il faut que les Mauritaniens de la diaspora qui ont côtoyé les FLAM, mettent sur pied des comités de préparation du retour des FLAM. Dans chaque pays à forte concentration de Mauritaniens. Ces comités auront pour charge de collecter les dons et les contributions qui serviront de base au débat sur les enjeux et les formes de la cohabitation.

En Mauritanie, les organisations de la Mouvance (AJD/MR, PLEJ, MPR…) et les autres partis politiques sensibles à la question de l’Unité nationale doivent préparer de façon opérationnelle l’événement. Faute d’un débat public (comme le veut toute démocratie qui se respecte) sur la question de la Cohabitation et de la juste répartition des responsabilités et des droits en Mauritanie, il n’est pas possible de vivre en paix et en harmonie. Les FLAM y ont toute leur place.

Poullori Galo.

MAURITANIDES: Ainsi écrivait feu Habib Ould Mahfoud, “cours d´histoire à un négationniste”

alt Nous aurions pu passer notre vie sans parler d’El Wafi si ledit Wafi n’était pas venu parler chez nous, par petit écran interposé, à travers la chaîne qatarie El Jazira que tout le monde couvre de louanges ces temps-ci, moins à cause de ses mérites propres qu’à cause de l’incurie des chaines arabes concurrentes.

El Wafi, disions-nous donc, etait l’invité de “la petite chaine qui monte”, et en a profité pour refaire l’Histoire du pays. Soyons francs: je n’ai pas vu El Wafi sur El Jazira-entre nous, le voir ou ne pas le voir, ça doit être à peu près la même chose. Je ne l’ai donc pas vu, pas entendu non plus, mais je n’ai jamais craint d’être injuste, impartial et absolument pas objectif. Vous vous rappelez peut-être de mon faible pour Ludwing Fuerbach, enfin, Le Fuerbach de Marcuse, pas celui de Marx.

Mais venons-en au fait: El Wafi, qui parlait des relations entre Arabo-berbères et Négro-africains de Mauritanie, a tranché la question tout net: selon lui, ” les noirs” de Mauritanie descendent tous des “Tirailleurs Sénégalais” que les Français ont emmenés avec eux pour coloniser le pays.

C’est ce qu’aurait dit Ould El Wafi, et peu m’importe qu’il ne l’ai pas dit comme ça, ou pas dit du tout, je sais qu’il l’aurait dit et le dira de toutes les façons.

Je sais aussi qu’il est tout à fait vain de rappeler à El Wafi que le “peuplement noir” de Mauritanie date du néolithique, bien avant le peuplement berbere qui a commencé au début du cinquième siècle aprés Jésus-Christ et ne s’est fixé que vers le milieu du onzième siècle et surtout, surtout, beaucoup avant l’arrivée des tribus arabes autour de 1400.

Je sais parfaitement inutile de lui dire, à Wafi, que ces peuplements correspondent à des conditions climatiques bien déterminées, et que si Abdel Wedoud Ould Cheikh dit de la Mauritanie que c’est “pays qui descend” cela veut au moins dire que ces “Noirs” qui empêchent El Wafi de dormir étaient beaucoup plus présents jadis que maintenant.

J’avoue en passant que je ne sais pas exactement ce que recouvrent les vocables “Noirs” et “Arabes” pour Ahmed Ould El Wafi, mais je suis sûr cependant qu’il ne doit pas sa chevelure crépue à quelque ancêtre Viking.

Je m’étonne fort peu que des Mauritaniens puissent tenir des propos “négationnistes” de ce genre, car s’ils les tiennent c’est qu’ils pensent pouvoir les tenir. Encore une fois je ne parle pas d’El Wafi, qui n’a en définitive dit que ce qu’il pensait plaisant à entendre pour ses “amis” du Golfe, et d’ailleurs ce que dit El Wafi n’est jamais que ce que dit El Wafi…

On peut parler comme ça en Mauritanie, et on parlera comme ça, tant que l’école n’enseignera pas à nos enfants l’histoire de ce pays, tant que les petits Mauritaniens ne se sentiront pas aussi bien fils de l’Empire de Ghana, des Almoravides, que du Tekrour, d’Abu Bekr aussi bien que d’El Hadj Omar, des Emirs aussi bien que des Almamys.

Il y aura des Wafi tant que nous voudrons qu’il y en ait. Et, croyez- moi, il est trés trés facile de fabriquer des Wafi…

Sur El Wafi je reviendrai plus largement la semaine prochaine”

HABIB OULD MAHFOUD-  Le Calame.

P.s: le titre de l´article est de Flamnet.

La diaspora et l’Etat face à leurs responsabilités !

altLes mauritaniens établis à l’étrangers et dont le nombre est encore mal connu faute de statistiques, constituent une force économique, politique et sociale considérable.Mais c’est au niveau économique que le rôle des ces immigrés est véritablement senti tant sur le plan de la famille large qu’au niveau des investissements dans l’immobilier mais aussi dans d’autres activités lucratives.Les transferts de devises et autres apports financiers contribuent fortement à dynamiser le secteur bancaire et faire fonctionner l’économie formelle et informelle du pays.
Nombreux sont aujourd’hui les mauritaniens qui depuis l’étranger développent des réseaux de relation débouchant sur des partenariats utiles pour le développement du pays. Il y a aussi ceux qui font la promotion de la Mauritanie sur le plan touristique, culturel et dans bien d’autres domaines, drainant ainsi des opérateurs de taille vers plusieurs secteurs clés de l’économie nationale. La présence à l’étranger de ces citoyens partis pour des raisons diverses à la quête de nouveaux horizons est pourrait-on dire nécessaire à bien des égards. On est même tenté de se demander ce que serait Nouakchott et bien de localités éloignées de la Mauritanie sans ces immigrés. Grâce à cette force expatriée, le visage urbain de la capitale a subi de profondes mutations sur le plan du bâtiment, des parcs automobiles, des marchés, bourses etc. Selon des estimations les transferts générés par la manne de l’émigration représente plus de 20 % des apports en devise pour le pays. Une valeur considérable pour un pays qui a besoin de rattraper un retard accumulé par des décennies de mal gouvernance. Pour toutes ces raisons, l’Etat doit encourager la diaspora et faciliter pour elle les conditions de vie en termes d’accès à des droits nationaux que beaucoup ont du mal à résoudre auprès des autorités consulaires du pays. Pourquoi ne pas créer un Ministère chargé des mauritaniens de l’étranger cumulativement au portefeuille des affaires étrangères ? Sur un autre plan, la diaspora intellectuelle résidant à l’étranger dans le cadre des études ou de la recherche de l’emploi est porteuse d’actions intellectuelles et politiques pour la promotion de la démocratie. Il n’est que de suivre comment à travers les forums et autres réseaux d’échanges et de débats, ces mauritaniens de l’étranger participent à la transformation des mentalités. Les partis politiques nationaux doivent beaucoup au militantisme de ces résidants ailleurs qui à distance s’impliquent dans la dynamique politique. Ils auraient encore mieux à faire malgré les divisions idéologiques, le manque de structuration voire de maturation politique. Le taux de cadres de toutes les spécialités établis à l’étranger qui voudraient bien revenir au pays est important. Il revient à l’Etat d’envisager une politique en matière de réintégration de ces forces disparates pour impulser une dynamique de progrès par et pour la Mauritanie.

Cheikh Tidiane Dia-Le Rénovateur

Flamnet-Agora: Génocide et délits de complicité en Mauritanie

altLe  sang noir a beaucoup coulé en Mauritanie.  Les noirs ont subi toutes les animosités dans les casernes militaires et dans les villages de la vallée du fleuve Sénégal.  Tous les citoyens ont encore en mémoire les dérives du système raciste commises par ses sbires anti-négros du régime de Maouiya Ould Sid Ahmed Taya. Mais avant d’aborder quelques détails concernant des exactions tragiques, il est nécessaire de signaler quelques  points significatifs.

Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré, lors de sa dernière tournée à Nouadhibou, connaitre « nominativement les  véritables coupables » de toutes les exactions extrajudiciaires perpétuées par des officiers  de l’armée contre leurs frères d’armes issus de la communauté noire du pays. C’est un secret de polichinelle. Les bourreaux sont connus de tous, il oublie que les peines des victimes sont devenues une part de l’héritage que l’on partage désormais dans les familles.  Le problème ne se situe pas au niveau de la connaissance des véritables tortionnaires, il réside dans le fait que l’Etat les a toujours projetés en instituant des projets pour sauvegarder leur immunité. La preuve la plus illustrative est celle d’un officier qui est reconnu unanimement tortionnaire, a été promu au grade de Général au sein des forces de l’armée.  Donc, le discours du Président n’était qu’un trompe-œil, autrement dit une mise en garde destinée à son « cousin-ennemi »  l’ex-chef de l’Etat, le colonel Ely Ould Mohamed Vall.

La volonté du Président à clore ce douloureux dossier ne sera pris en considération que lorsqu’il s’engage en premier lieu à revoir des lois complices, telles que la loi  d’Amnistie du 12  juin 1993 rendant irrecevable toute plainte contre des agents des forces armées entre le 15 Avril 1990 et le 15 Avril 1991. Aucun dénouement ne se profile tant que l’Etat continue de protéger des assassins au sein de la grande muette.  Maintenant, au Président de choisir entre la justice rendue à son peuple, et la protection de ces derniers au grand dam des instructions religieuses et constitutionnelles de notre pays.  Je pense que quelque soit le risque à prendre, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz souhaite inscrire son nom dans les grandes pages de l’histoire de ce pays. Il faut rendre la justice aux éternels opprimés. Tel était son crédo et son cheval de bataille depuis le 06 Août 2008. S’il réussit ce pacte : son nom sera psalmodié avec celui de l’érudit feu Boudhaha Ould Bouseri et du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi . Le premier avait refusé de cautionner la tuerie des noirs et le second était le seul qui avait  eu le courage d’affronter le dossier du passif humanitaire à branle-le-corps en organisant  le retour des réfugiés.

Vous ne revendiquerez point vos droits!

Lorsque les autorités d’un Etat désirent éliminer une composante de son peuple, ils commencent par bafouer les droits les plus fondamentaux en  les limitant. C’est le phénomène que l’on constate dans tous les pays dans lesquels il eut des génocides à savoir : les violations massives des droits civils. Mais lorsqu’un Etat s’acharne arbitrairement et fait de cet acharnement une priorité nationale, la finalité ne peut-être qu’à la fois horrible et hallucinante. Cependant, 1989 constitue l’aboutissement de la programmation du meurtre du peuple noir par les autorités mauritaniennes.

Les signes annonciateurs des pogroms ont été bien aperçus et ignorés au milieu des années 60. Et jusqu’à présent, l’Etat mauritanien s’est distingué à travers la prise des décisions unilatérales à l’encontre des  revendications des citoyens noirs. Les révoltes des élèves noirs contre des réformes éducatives discriminatoires au milieu des années 60 en est une illustration  convaincante. Mais la matraque du chamelier était traumatisante dans les rangs des élèves de la vallée. Et depuis, ce fut un projet étatique  de tuer l’œuf, toute organisation de masse issue des communautés noires, subissait une exclusion progressive par le biais des appareils étatiques.

Nous avons récemment vécu le procès des étudiants noirs du SNEM accusés à tort de la profanation, alors qu’au départ ils n’étaient que des grévistes exigeants de manière globale un enseignement de qualité. Les militants de l’Initiative pour la Résurgence Abolitionniste sont considérés comme des potentiels ennemis de l’Etat mauritanien parce qu’ils combattent l’exploitation esclavagiste du  Hartani par l’homme maure. C’est cette politique qui conduira l’Etat vers une transformation des droits humains aboutissant à des injustices : Exclusion massive des élèves noirs, exil forcé des élèves, limogeage des cadres  noirs et maures solidaires, chasse aux sorcières, viols des femmes, emprisonnements arbitraires…

Mentir pour exterminer : « La terreur raciste »[1]

En septembre 1986, une répression sans précédant s’abat sur la communauté négro-africaine de Mauritanie. Des centaines de cadres civils issus de cette communauté sont arrêtés, torturés, jugés et condamnés à de lourdes peines de prison. Ces peines sont accompagnées de bannissements, de pertes de droits civils et politiques. Ils sont accusés de réunions non autorisées et de diffusion de documents illégaux, alors qu’ils sont tous arrêtés à domicile, au bureau ou en voyage.

En octobre 1987, à peine une année, c’est au tour des soldats, sous-officiers, officiers de la même communauté qui sont soumis à la même logique répressive du régime dictatorial et raciste de Ould Taya.  Accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Ils sont  jugés par une cour spéciale qui n’a pu présenter aucune preuve univoque à ce chef d’accusation infondé. Cela n’empêchera pas les autorités judiciaires  de prononcer une sentence lourde de conséquences et dictée par une volonté programmée de réprimer les cadres militaires de cette communauté. Trois condamnations à la peine capitale, dix-huit aux travaux forcés à perpétuité, et d’autres peines de vingt ans, dix ans et cinq ans de réclusion criminelle sont prononcées.

Les détenus civils qui, jusque là, purgeaient leur peine à Nouakchott sont regroupés le lendemain de l’exécution, avec leurs frères militaires pour être déportés au mouroir de Oualata. Dans ce fort colonial transformé en prison, les nouveaux arrivants y subirent des conditions de détention inhumaines, dégradantes et avilissantes. Ces mauvais traitements provoquèrent la mort de Tène Youssouf Gueye, Tafsirou Djigo, Abdoul Khoudouss Ba et Alassane Oumar Ba.

En 1989, sous prétexte, un conflit anodin entre éleveurs et cultivateurs à Diawara causa une mort d’homme. L’irresponsabilité des propos désobligeants de certaines autorités devant cet incident, sera la goutte qui  fera déborder le vase : des hordes hystériques enivrées par la haine  à Dakar et à Nouakchott pour des mobiles différents, déclenchèrent des pillages et la chasse au voisin devenu ennemi ; les uns profitant de la confusion  pour le gain matériel facile, et les autres pour assouvir un dessein génocidaire et  d’épuration ethnique.

De 1990 à 1991, des militaires restés encore dans l’armée malgré les complots permanents et imaginaires  sont  torturés, assassinés et jetés  dans des fosses communes à Azlat-Bouhdida (Aleg), Inal, Jreida.

Il faut signaler qu’au début du mois d’octobre 1991, un télégramme  parvint  aux responsables militaires de la base  de la 7 éme Région située à Brakna (Sud de la Mauritanie) pour leur aviser de la visite prochaine d’une commission d’investigation financière en provenance de Nouakchott. Mais comme la transparence dans la gestion budgétaire et des fonds n’était pas de mise, ces derniers ont très vite trouvé des faux alibis pour sauver leur carrière.  En tout d’état de cause cette enquête constaterait un coup fatal.  Le colonel Mohamed Ould Mohamed Salah n’a pas tersivergé, il a improvisé une réponse dans laquelle il déclare : « La région s’excuse de recevoir l’équipe d’investigation et cela à cause de ses préoccupations très urgentes liées aux enquêtes que ses responsables mènent à propos de la tentative d’un coup d’Etat que préparaient par les noirs de la dite région ».  Convaincu ou complice, l’État-major des forces armées a laissé faire sans chercher amplement la véracité des propos de ce dernier. Ainsi le colonel Ould Salah mis aux arrêts son propre chauffeur, il fut parmi les premiers militaires noirs arrêtés. Il imposa une sorte d’embargo sur la base en ordonnant la confiscation  des armes de tous les soldats et officiers noirs. Une équipe d’investigation et d’interrogatoire composée d’Ely Ould Dah et Hassen Ould Maguet,  fut aussitôt dépêchée par l’État-major sur les lieux.

Les arrestations sont amplifiées dans les rangs des officiers noirs sous l’ordre du chef d’Etat Major le colonel Mohamed Emine.  Les militaires noirs mis aux arrêts furent au départ parqués dans des bases militaires avant d’être transférés dans des camps militaires  notamment à Nouakchott, à Nouadhibou, à Inal,  à Assalat et  à Jreida. Très vite,  Taya bénéficia de l’aide des mains étrangères pour réussir son projet d’épuration ethnique. Saddam Hussein (Président de l’Irak) et Khaddafi (le Guide Lybien) ont soutenu l’armée mauritanienne. Certains tortionnaires ont fait des séjours de stage dans ces deux pays. Par ailleurs, faut-il signaler que certains théoriciens nationalistes maures ont vendu l’arabité du pays au moment des faits à ces deux présidents. Le camp de la mort avait ses théoriciens et ses praticiens sous le slogan : Tuer le noir, le sang est  souillé donc  licite.

C’est ainsi que commença la torture aveugle des militaires noirs. Les tortionnaires s’appliquaient dans leur sale besogne. Ils utilisaient tous les moyens pour extorquer des aveux bon gré malgré afin de justifier un coup d’Etat fantôme. Même pour achever un agonisant, ils le faisaient avec précision pour que la victime retienne la portée de leur haine raciste.

Les  scènes étaient horribles : Pendaisons massives, mort sous les coups des barres de fer, mutilations des organes génitaux, mort par noyade (la tête trempée dans une eau chaude)… les tortionnaires récitaient le coran et buvaient du thé devant le sang noir qui coulait sans arrêt sur un agonisant. Voilà ce que me disait un rescapé : « On regardait des hommes mourir comme des bêtes pendues, il ne maquait qu’on les dépèce. On ne lisait aucune consternation de la part des bourreaux. Ceux-là nous obligèrent d’aller enterrer nos miens sous leur surveillance. J’ai perdu mes qualités et mes moyens lorsque j’ai vu un soldat abattre son frère d’arme en récitant quelques versets du Coran. Je suis scandalisé toutes les fois que je repense aux tortures les yeux bandés et les mains ligotées ou les pieds liés comme un mouton. J’avais perdu confiance lorsque j’ai vaincu les scènes où l’on voyait un homme mourir devant nous comme s’il ne s’agissait pas d’une personne ». [2]

Des camps comme celui d’Inal, il n’y avait que la mort, le sang ou les gémissements des hommes retenus sous la torture. Pour les tortionnaires, il fallait faire le  mieux pour nettoyer les Kwars[3] ( noirs) de l’armée mauritanienne. ” Ces gens là n’étaient pas entièrement conscients de ce qu’ils faisaient. Ils devraient être psychologiquement anormaux ou du moins sous la pression car la brutalité a des limites”. A Inal, elle était un mot d’ordre national notamment ” Kittlou lekhwar el vrouka” ” Tuer les noirs … ces batards » me confia un rescapé.

La torture a conduit bon nombre d’officiers noirs à reconnaitre placidement leur participation à un coup d’Etat fantôme pour sauver leur vie, même s’il fallait croupir le restant de leur vie en prison.

Selon des témoignages dignes de foi, un haut gradé chargé de fournir des renseignements, aujourd’hui promu au grade de général,  s’était rendu à Akjoujt pour liquider sommairement un officier noir avec lequel il avait un différend. Il dégaina son arme, un pistolet (PA)  à bout portant sur l’homme en proférant ces mots : « En enfer le bâtard, tu apporteras ton dossier le jour de la résurrection ! ».

Le Général Felix Negri, un rescapé du camp d’Inal, porte jusqu’à ce jour des traces laissées par les scènes de tortures. Ses bourreaux avaient versé sur lui de l’eau bouillonnante. Il est resté malade pendant longtemps après sa libération. Il a vécu toutes sortes d’animosités relatées par le rescapé Sy Mohamadou dans son livre l’Enfer d’Inal[4].

Mais à coté des tueurs de noirs, il y’avait des officiers dignes et patriotiques qui ont refusé de collaborer. Pour ces derniers, ces vagues d’arrestations arbitraires n’étaient fondées que sur un pur mensonge dans le but de régler des comptes. Leur argument était le suivant : en 1990, il n’y avait aucune tentative de coup d’Etat de la part des officiers noirs. Et parmi eux, on peut citer le colonel feu Mohamed Ould Jayan. On considère aussi que le commandant  Oumar Ould Abou Bekr(garde nationale) fut le premier qui refusa d’arrêter ses propres hommes à Néma. L’homme disait que ces arrestations sont arbitraires et il ne cessait de mettre en garde contre le résultat désastreux.

Le Colonel Ould Chein a sauvé plus de 600 militaires noirs à Jeirdra. Il les sauva de la mort imminente car ces derniers croupissaient dans la soif et la faim. Il leur procura de l’eau, de la nourriture et des couvertures. Et mieux, il ordonna à ce qu’on retire immédiatement leurs chaines. Ould Chein disait aux tortionnaires que ces gens sont-là pour être entendus, et non plus, pour être soumis à la torture sauvage. Mais lorsque le camp de la haine a pris de l’ampleur, étant seul devant les « gens de la mort », Ould Chein n’avait que sa voix pour créer : C’est Injuste… c’est injuste. Il disait à ces derniers « Même les juifs ne font pas pareil sur le territoire occupé ». Et le monde a entendu sa voix, lorsqu’il criait désespérément que « la Mauritanie n’est pas le Liberia ».

Certaines révélations ont été faites lors du procès des « Chevaliers du Changement » en 2005 à Wade-Ngua sur la portée du génocide et la complicité des hauts gradés de l’armée nationale. Salah Ould Hanena a confié lors de son jugement, d’avoir refusé d’obéir à l’ordre de son supérieur le colonel Mohamed Mahmoud Ould Mokhtar lequel l’ordonnait de tuer l’ensemble des noirs qui se trouvaient dans un camion militaire à Jerdra. Selon lui, ces derniers furent assassinés et enterrés dans une fosse commune à quelques encablures du fort militaire.

A coté de la bêtise humaine, le bon sens nous oblige à rendre un hommage à tous les hommes et femmes, qui ont au péril de leur vie, ont sauvé des vies humaines. Nous ne pouvons oublier les officiers maures qui faisaient des colis aux familles des prisonniers. Ceux-là sont aujourd’hui à la marge de la mémoire collective nationale, après avoir essuyé toutes ces décennies la malédiction des officines de Taya notamment ses actuels héritiers.

On estime que 542 militaires noirs ont été tués dont la majorité prés de 200 à inal, 130 à Jreida , prés de 100 à Bababé et les autres ont sombré dans d’autres mouroirs notamment à Azalat et à Sori-Malé. Les  victimes ont légué leurs noms : souvenirs horribles de leur mort, des photos justifiants leur rangs militaires, des fosses communes. Tout comme ils ont laissé des veuves et des orphelins endeuillés qui côtoient quotidiennement les bourreaux leurs familles dans la rue sans être inquiétés.

Bâ Sileye (Pour le texte en Français) et Diallo Djibril (pour le texte en Arabe).