Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 28/05/2021

Remaniement ministériel : La montagne a-t-elle accouché d’une petite souris ?

Le remaniement tant attendu par les mauritaniens a finalement eu lieu hier, mercredi 26 mars, dans  l’après-midi. Les choses sont allées très vite. C’est, en effet, en début d’après-midi que le premier ministre Ould Bilal a été convoqué au Palais et quelques petites heures après la présidence rend publique la liste du nouveau Gouvernement. 

Rien de spécial sauf l’entrée dans la nouvelle équipe de cinq nouvelles figures dont Amal Mint Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de Toutou Mint Khattri. L’arrivée de la fille de l’ancien président renversé par l’ancien président Aziz constitue un geste fort, on pourrait même considérer cela comme une espèce de réhabilitation de SIDIOCA que son tombeur avait humilié, non seulement en le renversant quelques mois après son élection, mais surtout en l’emprisonnant. Sur ce point, Ghazwani se démarque totalement de l’ancien président.

Autre fait marquant, l’entrée ou le retour de Mint Khatrri au gouvernement. Membre de l’ex parti ADIL, Mint Khattri  a été  ministre  de SIDIOCA. Originaire de Djigueni, à l’est du pays, elle appartient au clan  opposé  au groupe de l’ex premier ministre, Ould Hademine.

Pour toutes ses raisons, son entrée au gouvernement constitue un désaveu à l’ancien président Aziz et à son ancien premier ministre que ce clan avait écrasé lors d’une campagne de l’UPR. Mint Khattri rejoint ainsi d’autres ministres de l’actuel gouvernement qui ont eu maille à repartir avec Ould Adbel Aziz ; il s’agit de  Kane Ousmane, ministre de l’économie et des  secteurs productifs et Ould Merzoug, ministre de l’Interieur.

Mis à part ces deux changements, le président Ghazwani reste dans la continuité. Les membres du gouvernement sont cooptés selon les dosages en vigueur depuis des lustres. Aussi, en privilégiant les permutations et les changements par petites touches, l’actuel président laisse-t-il  apparaître clairement qu’il n’est pas partisan de changements pour ne pas dire de rupture. « N’attendez pas de changement brusque de la part de l’actuel président, ce n’est pas dans son tempérament et il va avancer prudemment, sinon, il allait commençait par renvoyer son premier ministre considéré comme un homme sans étoffe », a indiqué un observateur.

Le président Ghazwani ne se hâte que très lentement, une posture qui déroute et décourage, à la fois, une grande partie de l’opinion. Le marabout président ne veut pas faire de vagues pour vraisemblablement,  ne pas prêter le flanc à ses adversaires, notamment son prédécesseur, Ould Abdel Aziz qui n’hésite à le charger depuis qu’il a été inculpé par la justice. On note même sa côte monter auprès de ses proches et une certaine partie de l’opinion. Des indicateurs que l’actuel président ne peut pas négliger. Les lenteurs dans  la gestion du dossier de la corruption ont occupé l’essentiel du début de son mandat.

L’autre fait marquant de ce remaniement reste le départ du gouvernement du ministre de la santé. A sa demande disent certaines sources. Ould Hamed aura été presque le seul ministre a avoir osé prendre des mesures audacieuse dans ce département fortement « empoisonné » par des médicaments périmés et piratés, par le laxisme dans la gestion des structures de santé…Confronté à la COVID 19, ce consultant  très peu porté sur la politique a été sur tous les fronts pour limiter les dégâts.

En tous les cas, le remaniement est acté depuis ce mercredi après-midi, les mauritaniens en parlent très peu, ils s’attendaient à  beaucoup plus de leur président dont les deux gouvernements ont montré les limites, surtout depuis que des rumeurs ont fait état de son départ de la salle des conseils des ministres avant d’avoir levé  la séance, pour montrer son mécontentement de l’incompétence dont certains membres de son équipe ont fait  montre, et que  depuis son premier ministre a reconnu des « manquements » dans l’exécution du programme  électoral du chef de l’état. Un mea culpa qui ouvrait  depuis lors la voie à un remaniement ministériel. Beaucoup s’attendaient  dès alors à un véritable coup de balai de la part du président pour se débarrasser de tous les recyclés des gouvernements de son prédécesseur, des incapables, des gens ayant trempé dans la mauvaise gestion. Rien de sert  de garder une équipe qui ne gagne pas. Ce remaniement devrait être l’occasion ou jamais  pour l’actuel président d’enclencher ensuite la rupture d’avec les dix ans de gouvernance de son compagnon d’armes, que ceux qui l’ont élu et soutenu attendent  depuis aout 2019. Mais hélas, comme dirait l’autre, la montagne a accouché d’une petite souris, donc  le changement, lui,  attendra. Circulez, y a rien à voir !

le calame

Emmanuel Macron au Rwanda: «Je viens reconnaître nos responsabilités»

RFI Afrique – Le président français est pour la première fois au Rwanda ce jeudi 27 mai 2021. Il est seulement le deuxième président français à faire le voyage depuis le génocide des Tutsis en 1994.

Le premier temps fort de ce déplacement a été la visite du Mémorial du génocide de Gisozi où plus de 250 000 personnes sont enterrées. Une visite après laquelle le chef de l’État français a pris la parole pour un discours très attendu. Il a évoqué la responsabilité de la France.

Le discours du président français, devant le Mémorial de Gisozi, a duré une vingtaine de minutes, le ton était très solennel. Il a évoqué l’horreur, « l’éclipse de l’humanité » qu’a constitué le génocide des Tutsis, la « traque implacable » de « ceux dont, dit-il, nous n’avons écouté la souffrance ni avant ni pendant ni même après. »

Emmanuel macron n’a pas prononcé le mot « excuse », des excuses qui étaient pourtant attendues par certaines personnalités au Rwanda. S’il a parlé de la « responsabilité » de la France, il estime qu’elle n’a pas été complice : « Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France. Elle n’a pas été complice. Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes. »

Ensuite, le président français est revenu sur le devoir de la France : « Mais la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda. Et elle a un devoir : celui de regarder l’histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de vérité. En s’engageant dès 1990 dans un conflit dans lequel elle n’avait aucune antériorité, la France n’a pas su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter le pire. La France n’a pas compris que, en voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter. »

Le pardon des victimes

Néanmoins, le chef de l’État français a évoqué le pardon des victimes : « Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner. »

Autre moment fort du discours quand Emmanuel Macron a donc reconnu la responsabilité de la France, mais a aussi appelé à poursuivre le travail de recherche et demandé l’ouverture des archives : « En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître l’ampleur de nos responsabilités. C’est ainsi poursuivre l’œuvre de connaissance et de vérité que seule permet la rigueur du travail de la recherche et des historiens. En soutenant une nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses, qui ont courageusement ouvert un nouvel espace de savoir. En souhaitant, qu’aux côtés de la France, toutes les parties prenantes à cette période de l’histoire rwandaise ouvrent à leur tour toutes leurs archives. »

Ensuite, le président français a rappelé la nécessité de justice : « Reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’œuvre de justice. En nous engageant à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges. »

Il a enfin proposé une alliance respectueuse, lucide, solidaire, et mutuellement exigeante, entre les jeunesses française et rwandaise.

Texte par : RFI