Daily Archives: 06/06/2020
L’EVANGELISATION DES PEULS DU SENEGAL : AU COEUR D’UN MONDE QUI A RENONCE A LA FOI MUSULMANE
Sur une population totale estimée à plus de 30 millions d’habitants, l’Afrique compte aujourd’hui environ 15 mille peuls Chrétiens. Dans des pays comme le Benin, la troisième génération de peuls chrétiens a fini de se constituer. Au Nigéria et au Cameroun, l’évangélisation des peuls est devenue une réalité. Tel n’est pas le cas au Sénégal où la situation est encore timide. On parle de quelques 200 peuls chrétiens discrets ou assumés. Ce qui frappe dans cette situation, c’est qu’il s’agit de musulmans qui ont renié la religion de Mouhamed. L’adhésion à la voix chrétienne se manifeste surtout dans les zones comme Dahra Djoloff et Linguère (région de Louga) ou encore dans la région de Kolda dans le fouladou Pakao et Balanta Counda. Dans ces territoires, l’église luthérienne est au centre de la reconversion des peuls. Connus depuis le 11ème siècle comme les principaux dépositaires de l’islam en Afrique de l’Ouest et propagateurs de l’Islam en Afrique noire, on ne pourrait ne pas se poser plusieurs questions : Qu’est ce qui motive ces convertis à signer un nouveau pacte de confiance avec Jésus? Quelles sont les stratégies utilisées par les évangélistes pour pénétrer ce peuple? Et comment ces nouveaux disciples de l’église luthérienne vivent-ils leur nouvelle foi?
QUI SONT-ILS ET QUEL EST LEUR PREMIER CONTACT AVEC L’EGLISE ?
Dahra Djolof, Linguère et environs constituent le bastion où les évangélistes puisent pour convertir les fidèles musulmans. Même les peuls du Fouta Toro convertis au christianisme depuis les années 90 trouvent leur salut dans cette zone où désormais il faut compter avec l’église.
La pénétration de l’église bien que timide dans le monde peul jusque-là, est facilitée par la vague de peuls arabisants qui ont vécu dans les pays arabes notamment en Libye. Musulmans pratiquants, mémorisant même parfois le Coran, ces jeunes peuls partis approfondir leurs connaissances à Benghazi, Tripoli et ailleurs en Libye, ont eu la déception de leur vie. Ils ont été humiliés par leurs frères musulmans trouvés dans ces pays qui voyaient en un homme noir, un homme de l’enfer par nature quelle que soit sa foi ou sa pieté. Frustrés par ce comportement quotidien des arabes, ces étudiants noirs ont tout simplement décidé de couper tout lien avec ce monde méprisant. Ce renoncement a poussé certains d’entre eux à quitter la religion musulmane qu’ils avaient en commun avec les arabes. Les uns ont épousé la religion chrétienne tandis que les autres sont toujours restés sans religion.
Mais en dehors de ce mouvement de vengeance, chaque apostat a une histoire directe et particulière avec les missionnaires. Pour D.B, l’origine de sa reconversion au christianisme est liée au conflit Sénégalo-mauritanien de 1989. Il dit avoir vécu l’horreur de ses parents peuls maltraités par les maures blancs sous le regard et complice des pays arabes qui ont même participé d’une manière indirecte à cette barbarie. En ce moment, il travaillait pour le compte de l’ambassade d’Arabie Saoudite à Dakar. Au contraire, reconnait-il, ce se sont les chrétiens qui apportaient leurs assistances aux populations massacrées. Sachant qu’il n’a aucun moyen de vengeance contre les maures, alors il décide tout simplement de renoncer à la religion musulmane qui constituait leur seul dénominateur commun. Avec sa détermination, il était parvenu à convaincre quelque 130 personnes à adhérer à la « nouvelle » religion. Et chaque année (à l’époque), ils parvenaient à baptiser jusqu’à six personnes.
On en trouve actuellement dans toutes les catégories d’âges, D’A.S.W.BA soixante dizaine jusqu’aux plus jeunes qui participent aux messes hebdomadaires dans la chapelle spéciale de Linguère, ils ont fini de vaincre le complexe qui hante toute personne qui s’engage dans une nouvelle aventure. Il suffit d’un tour matinal les dimanches dans les rues de cette ville d’élevage pour faire le constat.
Des enfants nés de parents chrétiens comme B.D, des couples peuls chrétiens vivant sereinement leur foi à l’image de S.B et son épouse A.B, des hommes de confiance de l’église comme M.S, O.S, M.D…, des hommes qui inspirent méfiance, naviguant entre les deux religions. Bref les luthériens ont touché à toutes les couches. La stratification sociale chez les peuls est aussi un argument avancé par certains pour légitimer leur acte d’allégeance à côté d’autres motifs. Au finish l’église luthérien est parvenue même à avoir un pasteur peul dirigeant d’une église à Dakar.
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POURQUOI LES LUTHERIENS SE FOCALISENT SUR LES PEULS ?
Qu’est-ce qui poussent les missionnaires à se focaliser sur les peuls? En réalité selon un missionnaire trouvé à Dahra Djoloff répondant au nom de Donst… ou D. Sow (son nom local), il n’y a pas un focus sur les peuls. L’église a établi des critères basés sur l’importance par le nombre des représentations des différents peuples. Il y a ce qu’elle appelle des peuples atteints, des peuples peu atteints et les peuples non atteints. Un peuple non atteint est un peuple dont le taux d’évangélisation est inférieur à 2%. Cette catégorie intéresse surtout les luthériens et les peuls en font partie.
Mais par ailleurs un de nos interlocuteurs du nom d’A.B. a laissé entendre qu’un missionnaire du nom de Marck lui avait signifié que les peuls ont joué un grand rôle dans l’expansion de l’Islam en Afrique. C’est pourquoi les évangélistes veulent les avoir dans leur camp pour qu’ils jouent le même rôle dans la religion de Jésus.
P.H, un ancien représentant de l’église luthérienne au Sénégal, avait affirmé que le nombre de fidèles affilié à l’église luthérienne en 30 ans de présence était évalué à quelques cinq milles fidèles, mais la plupart sont des Sérères. Le nombre de peul est négligeable. Mais il affirme que même s’ils avaient un seul peul converti au christianisme, c’est important du fait que ce peuple est ancré à l’islam culturellement. Et ils sont parvenus à installer une église peule à Linguère. P.H affirme que la difficulté se trouve au Fouta du fait de la réticence humaine face aux mutations.
CONVICTIONS OU RECHERCHE DE PROFITS
Ils sont souvent accusés à tort ou à raison d’avoir vendu leur foi pour la recherche de profit. D.B. (redevenu musulman), l’un des premiers apostats, reconnait avoir été motivé par des évangélistes dans les années 90. A l’époque, il avait un salaire de plus de 350 mille francs cfa et avait à sa disposition un véhicule pour ses missions. A cette époque, le budget d’évangélisation était de 25 millions par an que les luthériens mobilisaient. Mais cette motivation était plutôt pour son activité de recrutement pour la massification. Lui et ses premiers convertis bénéficiaient aussi des missions nationales et internationales et avaient la possibilité de faire des rencontres avec les hauts dirigeants de l’église luthérienne installés aux USA. Ils ont eu à bénéficier aussi d’une formation professionnelle chacun dans son domaine d’activité. Et à Linguère, ils avaient un siège équipé où tous leurs besoins étaient satisfaits.
A Linguère, on trouve une ferme mise en place par l’église et gérée par un certain S.B à la tête d’une famille entièrement à la cause des luthériens. Cette ferme est totalement financée par l’église luthérienne à hauteur de 25 millions de francs cfa, selon S.B, avec un budget de fonctionnement de 6 millions de francs déboursés toujours par les évangélistes. La ferme ravitaille en lait une autre laiterie dont le coût est estimé à 5 million, toujours construite par l’église.
Les relations avec l’église sont autres pour M.D qui a eu le contact des missionnaires à l’âge de 12 ans à T.B dans le département de Podor. Il dit être puissamment soutenu par les évangélistes dans ses études et même dans sa carrière de chercheur.
A travers le Sénégal, les évangélistes ont beaucoup investi dans le social. Dans le domaine de la santé, ils ont mis sur pied une clinique à Dahra Djoloff gérée par un homme de confiance et de conviction profonde O.S. Quelques employés de cette structure sanitaire sont aussi des « recrues» dans la nouvelle voie.
Le plus souvent, ce sont surtout leurs familles musulmanes qui les accusent d’avoir une relation d’intérêt avec l’église. Mais la plupart d’entre eux légitiment leur engagement par une foi solide acquise par diverses manières et pour des motifs différents.
C’est le cas du défunt S.K un ressortissant du Fouta qui vivait à Linguère. A l’en croire, c’est en traduisant le nouveau testament en pulaar (étant musulman) qu’il a rencontré des vérités absolues qui ne corroborent pas avec les idées qu’il avait de cette religion.
Le vieux A.S.B, un chrétien qui dirige un village musulman (T.D) dans le département de Linguère fait partie des plus engagés à côté de M.S, un produit libyen originaire de K dans la région de Matam. Ce dernier, est fils d’un Imam et a mémorisé le Coran depuis le bas âge. Il fait partie des valeurs sûres du christianisme et porte l’espoir des missionnaires.
Une autre perle rare pour les évangélistes est O.S originaire de D. dans le ferlo. Cet agent de santé très respecté et respectueux est un modèle de peul chrétien tant recherché par l’église. C’est lui qui gère la clinique G.K. Avec cette activité, il continue à rendre un grand service à ses parents de Djoloff.
La première génération peule chrétienne a déjà fini de se constituer avec une descendance à laquelle elle a transmis la foi chrétienne. B.D la trentaine un peu dépassée se charge chaque dimanche à initier les plus jeunes dans la chapelle de Linguère où se retrouve sans gêne la petite communauté peule chrétienne chaque dimanche matin.
PRESSIONS DES PARENTS ET REJET DE LA SOCIETE
Au premier contact avec le christianisme, les nouveaux disciples vivaient en cachette pour la plupart. Cet état de fait était surtout lié aux pressions qu’ils subissaient au sein de leur environnement immédiat et au rejet de la société.
Les apostats ont connu d’énormes pressions de la part de leur famille surtout ceux du Fouta, au point que le plus souvent, ils étaient dans l’obligation d’aller vivre leur foi dans les zones plus tolérantes comme le département de Linguère ou la région de Kolda.
S.K a fait les frais de sa reconversion. Un jour dit-il, le chef de village de M. Dans la région de Matam l’a mis devant la juridiction populaire du village où l’acte de séparation avec les siens a été scellé. Il mènera tout le reste de sa vie à Linguère.
M.D de M dans le département de Podor, pense même que c’est sa reconversion au christianisme qui est à l’origine de la disparition de sa mère. Il est resté pendant une dizaine d’années sans fouler le sol de son village d’origine où la nouvelle avait failli faire perdre la raison à son père dignitaire du village.
O.S, l’un des plus déterminé, rentre toujours voir les siens au village de D, même si les relations qu’il avait jadis avec ses proches ont été affectées. Son oncle qui lui était très cher à L.B dans le Matam n’en revient toujours pas.
A.S, la femme de S.B, est-elle tranquille dans son foyer chrétien. Elle dit n’avoir subi aucune pression de la part de ses parents. Pour A.K de Dahra mariée à un frère chrétien, c’est juste au début de sa reconversion qu’elle avait subi un peu de pression, mais le temps a fini par ramener ses parents à la raison ; et aujourd’hui elle vit sa foi à côté de sa progéniture.
KOLDA ET KEDOUGOU MOINS RETICENTS POUR LES EVANGELISTES
Dans la région de Kolda aussi l’église évangélique est très présente et pêche dans le marigot musulman. On trouve une chapelle à Pakourou Mawnde. A Vélingara aussi il y a une église où les prêches se font en Pulaar. On trouve une autre chapelle à Mampati et à Kounkandé où il y a une église que dirigent les peuls. S.S, un peul chrétien du Fouladou reconnait que les choses ne sont pas aussi compliquées comme au Fouta où l’Islam est ancré dans le quotidien des gens.
A Kédougou, les choses sont encore timides. Un seul cas de reconversion avait été relevé il y a dix ans par S.S. Cependant dans le monde Bassari où c’est la religion traditionnelle qui prédomine, les missionnaires sont en rude bataille avec une famille maraboutique pour la réorientation religieuse de ces animistes.
LE PROBLEME D’IDENTITE CULTURELLE
A Kolda, à Dahra, à Linguère, à W.Th… les fidèles de Yessou (Jésus) vivent en harmonie avec leurs frères de sang musulmans. Cela est certainement lié au fait que ces apostats ont épousé leur nouvelle religion tout en restant eux-mêmes. Ainsi, dans l’accoutrement, l’alimentation, le mode vie… rien n’a changé dans le vécu des nouveaux chrétiens qui ont adapté un christianisme à la dimension de leur authenticité.
Le cas d’A.B. qui travaille dans la clinique de GK est une illustration. Ce Chrétien est à la tête d’une famille polygame. Avec ses deux femmes musulmanes, il dit vivre sa culture peule, (Pulaagu). Il est même allé jusqu’à déclarer que si l’église lui demande de se séparer de l’une de ses deux femmes, il va tout simplement se séparer de l’église et vivre avec ses épouses.
Ces peuls ont adhéré au Christianisme en rejetant tout ce qui ne corrobore pas avec le mode de vie de leurs parents. Ils partagent avec les musulmans toutes les manifestations socio-culturelles. Dans les cérémonies familles, il n’y a rien qui peut identifier l’appartenance des uns et des autres. Tous les interdits de la culture peule sont respectés. Et même dans la chapelle où se trouvent les peuls chrétiens à Linguère, tout est adapté à la réalité du milieu. Les livres sont écris en pulaar, les prêches sont faites en pulaar et à la place du vin c’est plutôt le lait local qui est servi. Une manière pour eux de montrer qu’ils sont d’abord peuls.
Par Hamet Amadou LY
Arrestation de l’ancienne première Dame : Siffler la fin de la récréation
Ailleurs notamment en Afrique, les familles des chefs d’Etat font scandale par leur intrusion abusive, leur implication dans la gestion des affaires publiques et leur enrichissement illicite.
Ici en Mauritanie ils y ont ajouté les gros titres des faits divers les plus sordides et parfois, malheureusement dramatiques. Dans la nuit du lundi à mardi, les forces de l’ordre chargées de faire respecter le couvre-feu consécutif à la pandémie du Covid19 ont arrêté Mariem Mint Ahmed dite Tekber, au volant de sa voiture.
L’épouse de l’ancien président Ould Abdelziz a été arrêtée par une patrouille de sécurité à 22 heures et a été relâchée trois heures plus tard après avoir fait subir aux policiers un flot d’invectives. Il semble que c’était la deuxième fois que l’ex-première dame se fait arrêter bravant l’interdiction de circulation.
Jamais auparavant l’épouse d’un ancien chef de l’Etat, ou même celle d’un ministre ou d’un haut dignitaire de l’Etat ne s’est laissée allée à de tels écarts.
Il faut dire que pour sa part, l’ancien chef de l’Etat n’avait pas fait sienne, la célèbre maxime du chantre de la négritude L.S. Senghor : «La famille est un ennemi en politique, il faut l’en éloigner le plus loin possible». En Afrique on parle le plus souvent de démocratie monarchique tant l’omniprésence de la famille des Présidents dans la gestion de l’Etat est criante sous la casquette de «proche du président». C’est pour cette raison que leur fait et gestes s’imbriquent avec l’actualité.
En Mauritanie l’ancien président nous avait habitués à les faire participer aux festivités ou aux voyages officiels, sans que personne n’y trouve à redire.
Plus grave encore, les enfants de l’ancien président, bénéficiaient de privilèges exceptionnels qui les plaçaient au dessus de la Loi. C’est de cette impunité jadis consacrée, que veut continuer à se prévaloir l’ex première dame.
Rappelons nous en janvier 2012 le fils ainé Bedr Ould Abdel Aziz tirait à bout portant sur Raja Mint Lessyad une jeune fille de 18 ans, la clouant sur une chaise roulante pour le restant de ses jours. Le Jeune homme ne passera même pas 24 heures à la Police et le Parquet classa l’affaire sans suite. Deux ans plus tard en Juillet 2014 le même Bedr se serait tiré lui-même une balle dans le pied! Deux ans plus tard encore, deux journalistes, Jedna Deida et Babacar Baye N’diaye sont jetés en prison (malgré la dépénalisation des délits de presse en Mauritanie) à l’issue d’une comparution expéditive devant la Justice suite à la plainte du même Bedr dont les journalistes ont évoqué la possible présence dans le ranch de son père où un des bergers venait d’être blessé par balle.
En août 2015, une altercation entre Ely Ould Jeireb, cousin du président Mohamed Ould Abdel Aziz, du côté de sa mère, et Sidaty Ould Matallaa, un employé de l’épicerie Chinguitty Market, tourne au drame. Parce que l’employé a osé demander au client de faire peser d’abord les fruits achetés, le client retourne vers sa voiture, revient avec un fusil de chasse et tire. Sidaty est blessé au bras droit et doit être soigné d’urgence dans un hôpital de la place. Ely se rend à la police et avoue son forfait. Mais une justice complaisante permet un arrangement à l’amiable au détriment de l’action publique, Sa famille aurait versé à l’employé de Chinguitty Market la somme de 12 millions d’UM pour son bras endommagé par un fusil de chasse.
En Novembre 2017, le plus jeune des enfants de l’ancien président Hamza Abdel Aziz est impliqué dans un accident de la route à quelques encablures de la présidence le jeune Laghdaf Ould Sid’ Elemine y perd la vie.
En Mai 2018, le même Hamza en compagnie du fils du ministre Ould Oudaa est impliqué dans un autre accident sur la route de l’aéroport Oum Tounsi, deux libanais, dont le fils de la propriétaire de la Pharmacie Kennedy, y perdent la vie.
On ne peut s’empêcher ici de faire le parallèle, avec Duduzane Zuma, le fils de l’ancien président sud africain qui après pour avoir provoqué un accident de la route qui avait fait deux morts avait été relaxé par la Justice sud-africaine. On sait que son père finira plus tard sur le banc des accusés dans un retentissant procès pour corruption et Duduzane Zuma a été mis en cause par la commission qui a enquêté sur les scandales survenus sous la présidence Zuma (2009-2018) dans plusieurs affaires de corruption qui visent son père, notamment pour ses liens avec la sulfureuse fratrie d’hommes d’affaires Gupta.
La suite des événements nous édifiera !
mauriweb
La France annonce la mort du chef d’Aqmi, tué au Mali
La Tribune de Genève – Le leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’Algérien Abdelmalek Droukdal, a été tué par les forces françaises dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne, a annoncé vendredi la ministre française des Armées, confirmant des informations obtenues plus tôt par l’AFP de sources concordantes.
Ce chef historique du djihad au Maghreb, mentor de plusieurs groupes djihadistes sahéliens, a été tué jeudi à Talhandak, au nord-ouest de la ville malienne de Tessalit, a appris l’AFP de sources proches du dossier. «Plusieurs de ses proches collaborateurs» ont également été «neutralisés», a assuré la ministre, Florence Parly, sur Twitter, sans plus de détails.
«Abdelmalek Droukdal, membre du comité directeur d’Al-Qaïda, commandait l’ensemble des groupes qaïdistes d’Afrique du Nord et de la bande sahélienne, dont le JNIM, l’un des principaux groupes terroristes actifs au Sahel», dirigé par le touareg malien Iyad Ag Ghaly, selon la ministre.
Le leader d’Aqmi, dont le nom est parfois aussi orthographié Droukdel, a reçu l’allégeance de plusieurs groupes djihadistes actifs au Sahel, rassemblés depuis 2017 au sein du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, également appelé JNIM).
La France revendique également vendredi soir la capture d’un «cadre important de l’EIGS», le groupe djihadiste État islamique au Grand Sahara, rival du GSIM au Sahel et désigné ennemi numéro un par Paris depuis le sommet de Pau (France), en janvier, réunissant le président français Emmanuel Macron et les chefs d’État du G5 Sahel (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad).
«Les opérations contre l’EIGS, l’autre grande menace terroriste dans la région, se poursuivent également. Le 19 mai dernier, les forces armées françaises ont capturé Mohamed el Mrabat, vétéran du djihad au Sahel et cadre important de l’EIGS», a annoncé Florence Parly sur Twitter.
La force française antidjihadiste Barkhane, forte de plus de 5000 militaires, multiplie ces derniers mois les offensives au Sahel pour tenter d’enrayer la spirale de violences qui, mêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait 4000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso l’an dernier.
Coup symbolique fort
Une source proche du dossier a confié à l’AFP que quelque 500 djihadistes avaient été «neutralisés» (tués ou capturés) au Sahel ces derniers mois par les militaires français, dont plusieurs figures importantes: cadres religieux, commandants, recruteurs, logisticiens…
La mort d’Abdelmalek Droudkal, grand nom d’Al-Qaïda, est un coup symbolique fort porté par la France en guerre au Sahel. Isolé en Algérie, il avait malgré tout des capacités de financement des réseaux sahéliens et un véritable rôle de chef, bien que de plus en plus contesté, indique à l’AFP une source proche du renseignement français. Sa mort, et celles à confirmer d’autres cadres d’Al-Qaïda, pourrait désorganiser la filière sahélienne de cette franchise djihadiste, engagée dans une lutte d’influence avec la filiale sahélienne de l’État islamique (EIGS).
Né en 1971 dans un quartier pauvre de la grande banlieue d’Alger, Abdelmalek Droukdel rejoint les Groupes islamiques armés (GIA) en 1993. À la fin des années 90, il participe à la fondation du GSPC algérien (Groupement salafiste pour la prédication et le combat). Élu en Algérie en 1999, le président Abdelaziz Bouteflika réussit à convaincre la plupart des groupes armés de rendre les armes. Le GSPC, lui, refuse. Abdelmalek Droukdal décide alors de se rapprocher d’Al-Qaïda. Son affiliation à l’organisation terroriste d’Oussama ben Laden est confirmée en 2006. En janvier 2007, le GSPC est rebaptisé «Al-Qaïda pour le Maghreb islamique» (Aqmi).
À partir d’octobre 2011, l’émir d’Aqmi cherche à élargir ses activités au Sahel. Il le fera par le biais d’Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghaly, l’un des groupes qui prennent en 2012 le contrôle du nord du Mali jusqu’au lancement en janvier 2013 d’une opération internationale pour les en chasser, France en tête. En mars 2017, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) est créé. Il réunit plusieurs formations djihadistes liées à Aqmi sous la direction de Iyad Ag Ghaly. Cette alliance, qui depuis sa création a revendiqué les principaux attentats dans le Sahel, a été placée sur la liste noire américaine des «organisations terroristes».
(NXP/AFP)
Le lieu des manifestations à Washington rebaptisé «Black Lives Matter Plaza»
Depuis la mort de George Floyd le 25 mai à Minneapolis, des milliers de personnes défilent chaque jour à Washington et se regroupent notamment devant les barrières de sécurité érigées devant la Maison Blanche. Ce vendredi, la maire de la capitale fédérale a officiellement rebaptisé les lieux. Une partie de I Street se nomme désormais «Black Lives Matter Plaza».
Jade Moor voulait voir ça de ses propres yeux. La jeune femme se fait photographier devant les nouveaux panneaux indiquant la place Black Lives Matter, installés le matin-même par la mairie de Washington. «Black Lives Matter», «Les vies noires comptes», a également été peint par des militants en immenses lettres jaunes sur la chaussée.
Beaucoup de gens viennent se faire photographier sur le Black lives matter en lettres jaunes géantes tracé sur la chaussée. pic.twitter.com/3iqNKATZ0h anne corpet (@annecorpet) June 5, 2020
Un peu plus loin, des danseurs se déhanchent devant la foule. Candice Venguer, elle, se tient debout devant la Maison Blanche et brandit, immobile, le portrait de George Floyd, mort par asphyxie à Minneapolis après son interpellation le 25 mai dernier. La vidéo de son arrestation, où l’on voit un policier écraser son cou avec son genou pendant près de neuf minutes a déclenché une vague de manifestations dans tout le pays.
«L’atmosphère ici a tellement changé depuis lundi. On était assis ici en train de prier lundi quand la police est soudainement apparue en tenue de combat et maintenant la maire a rebaptisé la place Black Lives Matter, et c’est aussi écrit dans la rue. Je pense que ça montre sa solidarité et je me sens beaucoup plus soutenue que plus tôt cette semaine», confie Candice Venguer au micro de notre correspondante, Anne Corpet.
Devant la Maison Blanche cet après midi pic.twitter.com/VIAjAmYFLJ
Middie Bareloni distribue des bouteilles d’eau aux badauds. Elle apprécie le geste de la maire de la capitale fédérale. Un bon début, dit-elle. «Je suis très reconnaissante que Muriel Bowser se comporte en vraie leader, mais maintenant nous devons nous assurer que sa politique, que les lois, les règlements suivent bientôt». Muriel Bowser, la maire afro-américaine de Washington, a demandé au président d’ordonner le retrait des milliers de soldats de la Garde nationale qui patrouillent dans la capitale. Elle dénonce le déploiement de troupes non identifiées dans les rues de sa ville.
rfi