Daily Archives: 30/05/2020
ILS ONT TUÉ ENCORE UN AUTRE FILS DE LA VALLÉE DES LARMES !
Ils ont tué un autre fils de la vallée ou un autre «Binngel Kummba» comme aimait dire le grand érudit Foutanké feu Thierno Younouss. Ce jeune père de famille de 35 ans était un charretier et avait transporté les marchandises d´un commercant maure sur les berges du fleuve. C´est un crime et il fallait l´assommer par un tir de sommation. Un tir de sommation ….à bout portant qui se retrouve dans sa poitrine!!!
Le propriètaire de la marchandise lui fut simplement arrêté et conduit à Aleg. Le pauvre Abass Rougui Diallo ne savait pas que c´est un crime d´être noir au pays des chauvins racistes panarabistes plus chauvins que Derek Chauvin le meurtrier de George Floyd à Minneapolis. Il pensait seulement à avoir sa dépense quotidienne, nourrir sa famille en prenant ce petit risque en cette période de pandémie. Rien ne peut justifier encore ce crime de plus. Paix à son âme!
Ce meurtre me rappelle aussi celui du jeune Lamine Mangane, un jeune de 17 ans, tué le 27 septembre 2011 à Maghama. Lamine n´avait commis comme seul crime que de crier haut et fort comme les jeunes de sa génération : ”Touche pas à ma nationalité” pour s’ínsurger contre le génocide biométrique initié à l époque par le multi-récidiviste putschiste Général Mohamed Ould Abdel Aziz. Une balle d´un petit gendarme est venue pour le faire taire et voler son innocence et sa jeunesse à jamais. Paix à son âme. Lamine Mangane nous n´oublierons pas.
Un autre meurtre de l´armée mauritanienne m´est revenu encore en mémoire c´est celui de Amadou Kane dit Amadou Likseyba en août 2003. Certains l´ont certainement oublié mais les parents de la victime non. Ce jeune avait oublié de se promener avec sa «carte d´identité «. Il avait oublié son identité Négro-africaine mais aussi son statut de citoyen de seconde zone. Il n´avait pas 18 ans mais il lui fallait ce précieux césame pour circuler «dignement » et «librement «dans cette prison des Noirs qu´est devenue la Mauritanie. Amadou Likseyba ne savait pas que sa vie est moins que rien.Tuer un nègre équivaut à tuer une mouche. Cela ne saurait entrainer de sanction. La chambre d´enregistrement que certains appellent pompeusement «assemblée nationale» est d´ailleurs là pour laver plus blanc. Elle votera, nombre de fois que le pouvoir le voudra des lois d´auto-amnistie et d´amnésie forcée comme une lettre à la poste. C´est la Mauritanie, notre Mauritanie, leur Mauritanie.
Il n´avait tué personne,il n´avait même pas répondu aux insultes des policiers et il ne devait même pas voter pour les élections de 2003 contre Haidalla le challenger de l´époque du colonel-président Ould Taya mais sa silhouette noire et son nom trop pulaar dérangeaient les policiers haineux et racistes.
A qui la faute? Certainement pas au régime despotique de Taya mais aux parents du pauvre disparu. Ils avaient oublié eux aussi, certainement distraits par «le processus de démocratisation» ou du ”changement dans la stabilité”, slogans de l´époque, de «pratiquer sur leurs fils «une transfusion de mémoire» sur les années de braise du régime mais surtout sur la nature du Système qui gére le pays.
Abass Diallo, Amadou Kane, Lamine Mangane ne sont pas le premiers négro-mauritaniens à tomber sous les balles du régime mauritanien et il ne seront pas aussi les derniers tant que ce Système ethno-génocidaire et esclavagiste restera en rigueur et en vigueur.
Je me souviens encore du meurtre d´un autre Amadou, un jeune cousin à moi, Amadou Sall de Jowol c´est son nom, il avait le même âge que notre Amadou Kane, moins de 17 ans, lui aussi avait rendu l´âme aprés quelques séances de sadisme et de cruauté sur son corps. Son crime? Il avait refusé de puiser de l´eau pour les militaires qui se comportaient en territoire conquis dans la vallée des larmes. Il ne savait pas qu’un noir est fait pour exécuter les desidératas du bidasse occupant comme sur les terres du Gaza.
Je me souviens aussi d´un autre jeune victime de cette terreur raciste . Mamadou Moussa Ndiaye, il avait à peine 15 ans, il était aussi de chez moi, Jowol, une ville martyre pendant ces années de braise, il n´avait pas eu droit aux tortures c´était des tirs de gâchette pour lui enlèver l´âme . Vous me demanderez certainement encore son crime? le péché de Mamadou Moussa est qu´ il était sur les bords du fleuve natal pour pêcher le ”mbardi haako” avec son oncle à l´heure de l´état de siége non déclaré, à 17 heures, heure de Taya. Il devait être au lit, il ne le savait pas, personne ne lui avait notifié la nouvelle situation. Lui et son oncle Abdoul Boucka Ndiaye ancien militaire radié suite aux évènements de 1987 seront tués à bout portant par les amis du lieutenant- flingueur Ghaly Ould Souvy et enlacés dans leurs filets par les forces d´occupation et jetés comme des chiens derrière le village. Paix à leurs âmes!
Ils n´étaient pas les seules victimes de la terreur de la soldatesque du Système dans la vallée du fleuve. Je me souviens aussi de l´assassinat du vieux Hamadi Dioumo Ba, qui est aussi de mon Jowol natal. Il était parti aux champs avant le «réveil» du soleil.
C´était un crime. Baba Hamadi ne le savait pas, il était un pauvre cultivateur, il ne pensait qu´à ses champs, il voulait seulement nourrir sa petite famille et ce sont des tirs en rafale pour lui rappeler qu’il était interdit de circuler avant le lever du soleil. Paix à son âme.
On se souvient encore d´un autre Amadou, qui avait défrayé la chronique dans la presse mauritanienne en 1994, Amadou Pamarel Sow de Fondou mais aussi Ousmane Dia le postier de Maghama, Kodda Diangua, tous tués arbitrairement par l´armée d´occupation qui faisait la pluie et les larmes dans la vallée. La liste n’est pas exhaustive mais c´était juste quelques petits rappels.
Je n´oublie pas l´exécution sommaire et tragique des 28 notables de Mouta-Alla (Guidimaxa) à leur tête le chef du village Goumbo Diawo mais aussi avec eux un autre déficient mental originaire de Tissel Angara (Guidimakha) et qui répondait au nom de Ngadiari Barry. On pouvait certainement reprocher aux notabilités et les jeunes de Mouta Alla de haïr le régime qui a déporté leurs familles entières au Mali mais que peut-on reprocher à un handicapé mental ? Sinon leur haine à tout ce qui est NOIR dans ce pays !
Les évènements tragiques de Sylla Rindiaw, Fonndou, Ndiorol, les charniers de Sori Malé, Le puits de l´horreur de Wuro Jeeri ( Maghama), les charniers de Wothie, la prison mouroir de Oualata, L´Enfer d´Inal, les camps de concentration de N´beyka, Azlat, et Jreïda sont là pour nous rappeler que les professions de foi démocratique de nos putschistes ne sont que des leurres. Rien dans le discours et dans la pratique ne nous donne à penser que le Système ait changé, ni même qu´il le souhaite sur ce point comme sur d´autres.
Ce que vous faites m´empêche d´entendre ce que vous dites, disait quelqu’un.
A quand la fin de l´impunité, à quand le temps de rédemption des opprimés et des exclus? Il est évident qu’aujourd´hui le virus du racisme est plus ravageur que la pandémie du Covid-19 en Mauritanie.
Patriotes du pays, indignez-vous et levez-vous pour sauver notre pays du démembrement avant qu’il ne soit tard.
La lutte continue !
Kaaw Elimane Bilbassi Touré
Une armée qui a reçu des instructions pour sauver des vies de trafiquants liés au djihadisme au nord (propos du général Mohamed Lehreitani), tue dans la vallée
L’armée mauritanienne, ces unités spéciales déployées dans la vallée pour surveiller ses frontières sud notamment contre toute infiltration en relation avec la Covid-19, s’est souvent vantée d’avoir l’expertise dans la lutte contre les trafics de tous genres. Depuis plusieurs années, elle est engagée dans différents couloirs dans le nord et l’est du pays ou sévissent groupes terroristes et trafiquants de tous genres.
Dans ces zones, ses aéronefs et troupes au sol ont reçu l’ordre d’épargner la vie de ces grands trafiquants en lien avec les mouvances djihadistes et de les arrêter. Dans les prisons, la hiérarchie militaire fait même dans la pédagogie pour soustraire certains détenus de l’emprise des chefs djihadistes. L’armée les protège et les comprend.
Le général Mohamed Lehreitani et le commandant Taleb expliquent «Le 24 janvier (2018),nous localisons deux Toyota, reprend le commandant Taleb. Ils cherchent à fuir. Tir de sommation. Les occupants d’un des véhicules l’abandonnent. Le deuxième parvient à s’échapper. Nouveau passage et nouveau tir pour immobiliser le Toyota, car la brigade n’est pas encore à proximité….Nous avons l’ordre de mitrailler les pneus ou le moteur et de ne pas tuer, mais c’est difficile d’être précis depuis un avion. Ils commencent à comprendre : désormais, quand ils nous voient, ils s’allongent au sol et attendent la brigade (armée de terre) pendant que nous tournons au-dessus d’eux.»(propos rapportés par Alain Faujas dans le magazine Jeune Afrique du 19 avril 2018).
Ces propos sont confirmés dans le même article par le général Mohamed Lehreitani, chef d’état-major de l’armée de l’air à l’époque, qui dit «il faut épargner les vies humaines. J’ai rencontré à la prison de Zouerate certains de ces délinquants, rapporte-t il. Ce sont souvent de très jeunes Maliens, Touaregs ou Arabes qui me disent avoir choisi ce trafic pour 50 euros car ils n’ont rien à manger. Ce ne sont pas des criminels».
Une armée capable de réaliser des opérations aussi complexes contre des trafiquants puissamment armés, capable de faire preuve de pédagogie, aura du mal à se dédouaner de l’assassinat à bout portant d’un civil sans arme. La réalité est qu’elle a la gâchette très facile contre sa population noire de la vallée. Elle se sait protégée par une impunité qui dure depuis trois décennies au moins. Pour dire vrai, l’armée est perçue par une partie de la population, au fil des décennies, comme une institution, le bras armé par et au service d’un système d’exclusion de la communauté noire.
Face à cette situation qui s’éternise, le temps est venu pour tous les exclus sans exclusive d’en avoir marre d’avoir marre. Aucune explication, aucune circonstance ne sauraient justifier l’assassinat du citoyen Abbas Diallo survenu jeudi 28 mai 2020 dans la zone de Mbagne, sud du pays. Dans son cas, l’armée ne s’est pas embarrassée de formules: elle a tiré pour tuer un charrettier qui tentait de convoyer frauduleusement de la marchandise d’un commerçant qui a bénéficié de la mansuétude des soldats. Comme les détenus rencontrés par le général Mohamed Lehreitani à la prison de Zouerate, Abass Diallo n’est pas un criminel, il aurait choisi ce travail pour nourrir sa famille dit-on.
Ciré Ba
Paris, le 30/05/2020
CVE-Vérité et Réconciliation : communiqué de presse sur la tragédie de Wending à Mbagne
La CVE/VR a appris comme tous les Mauritaniens la nouvelle de l’assassinat à Wending, ce 28/05/20, du citoyen Abbas Diallo, abattu à bout portant par les éléments des forces armées chargés de la surveillance des frontières dans le département de Mbagne.
Cet assassinat fait suite à l’affaire dite de Wending dans laquelle les jeunes de ladite localité, excédés par le trafic contrebandier de marchandises entre les deux rives, malgré la fermeture de la frontière, en ont informé les militaires et qui, devant l’inaction pour ne pas dire la complicité de l’armée, ont décidé d’arraisonner une pirogue de contrebandiers, conformément à la politique sécuritaire définie par l’Etat et mettre l’armée devant ses responsabilités.
Pour toute récompense, ces jeunes téméraires ont été arrêtés, accusés d’avoir agressé les militaires et déférés à Aleg.
Ces provocations incessantes des populations de la vallée, contre lesquelles la CVE.VR avait pourtant mis en garde dès le début de l’état d’urgence sanitaire, s’inscrivent dans un cadre plus global d’exclusion croissante de la communauté négro-africaine de la fonction publique et de la haute administration comme l’attestent les nominations à caractère raciste assumé entérinées lors des dernières sessions du conseil des ministres.
L’empressement avec lequel l’armée a publié un communiqué qualifiant la victime de « recherché par la justice », comme si cela suffisait à justifier le crime, trahit la volonté de l’institution d’étouffer l’affaire.
La CVE/VR rappelle que l’armée est censée protéger les populations et non se comporter en armée d’occupation et exige qu’une enquête indépendante soit immédiatement diligentée pour mettre toute la lumière sur cette tragédie qui a coûté la vie à un citoyen mauritanien.
Nous rappelons au gouvernement que l’on ne peut exiger des Mauritaniens de se dresser comme un seul homme pour faire face à la pandémie alors que dans le même temps l’on continue d’humilier, d’exclure et même d’exécuter des Mauritaniens considérés comme des citoyens de seconde zone. Une telle situation peut mettre en danger la stabilité de notre pays, si l’on n’y prend garde.
Nouakchott, le 29 mai 2020
La Cellule de Communication