CVE-Vérité et Réconciliation : communiqué de presse sur la tragédie de Wending à Mbagne
La CVE/VR a appris comme tous les Mauritaniens la nouvelle de l’assassinat à Wending, ce 28/05/20, du citoyen Abbas Diallo, abattu à bout portant par les éléments des forces armées chargés de la surveillance des frontières dans le département de Mbagne.
Cet assassinat fait suite à l’affaire dite de Wending dans laquelle les jeunes de ladite localité, excédés par le trafic contrebandier de marchandises entre les deux rives, malgré la fermeture de la frontière, en ont informé les militaires et qui, devant l’inaction pour ne pas dire la complicité de l’armée, ont décidé d’arraisonner une pirogue de contrebandiers, conformément à la politique sécuritaire définie par l’Etat et mettre l’armée devant ses responsabilités.
Pour toute récompense, ces jeunes téméraires ont été arrêtés, accusés d’avoir agressé les militaires et déférés à Aleg.
Ces provocations incessantes des populations de la vallée, contre lesquelles la CVE.VR avait pourtant mis en garde dès le début de l’état d’urgence sanitaire, s’inscrivent dans un cadre plus global d’exclusion croissante de la communauté négro-africaine de la fonction publique et de la haute administration comme l’attestent les nominations à caractère raciste assumé entérinées lors des dernières sessions du conseil des ministres.
L’empressement avec lequel l’armée a publié un communiqué qualifiant la victime de « recherché par la justice », comme si cela suffisait à justifier le crime, trahit la volonté de l’institution d’étouffer l’affaire.
La CVE/VR rappelle que l’armée est censée protéger les populations et non se comporter en armée d’occupation et exige qu’une enquête indépendante soit immédiatement diligentée pour mettre toute la lumière sur cette tragédie qui a coûté la vie à un citoyen mauritanien.
Nous rappelons au gouvernement que l’on ne peut exiger des Mauritaniens de se dresser comme un seul homme pour faire face à la pandémie alors que dans le même temps l’on continue d’humilier, d’exclure et même d’exécuter des Mauritaniens considérés comme des citoyens de seconde zone. Une telle situation peut mettre en danger la stabilité de notre pays, si l’on n’y prend garde.
Nouakchott, le 29 mai 2020
La Cellule de Communication