Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: December 2019

Conférence de presse d’Aziz: A-t-il convaincu?

Conférence de presse d’Aziz: A-t-il convaincu?L’ancien président Aziz a enfin parlé. Il était temps parce que l’homme se sentait acculé, objet d’une foule d’accusations. Son silence devenait trop pesant et donnait l’impression qu’il était coupable tout court, pas présumé.

Il devait donc sortir de son mutisme, de cette posture de victime en donnant sa version des faits sur la crise au sein de l’UPR, les accusations de détournements des biens publics, de la tentative de putsch contre son ami de quarante ans et successeur, Ghazwani. Les charges étaient lourdes, et il s est évertué à les réfuter toutes, accusant le pouvoir d’avoir viole les textes régissant les rapports parti/gouvernement.

Son intervention ne visait qu’à corriger le dysfonctionnement et à garantir le bon fonctionnement de la démocratie, pas pour reconquérir le pouvoir, selon lui, sans oublier de mentionner qu’il continuera à faire de la politique. Allez savoir comment !

Sur le cas du BASEP , il nie toute tentative de destabilisation du pouvoir. Sur les menaces d’une commission d’enquête, il dit qu’il n’a rien à se reprocher, que ceux qui veulent la mettre en place n’ont qu’à bien se tenir.

Alors Aziz a-t-il convaincu les mauritaniens, lui qui a cherché à démontrer qu’il n’y a pas eu crise entre lui et son ami avec qui il garde des relations personnelles?

C’est la question que tous les mauritaniens se posent au lendemain de cette conférence de presse. Difficile à croire en se fondant sur les péripéties de son organisation et le ton de l’ancien président, entouré seulement de deux de ceux qui lui sont restés fidèles. On attend la réaction du gouvernement et la réplique des congressistes de l’UPR prevu le 28 décembre. 

le calame

M. Ahmed Ould Daddah, président du RFD : ‘’Le climat qui prévaut actuellement ne représente pas une solution aux problèmes dont souffre le pays et ne permet donc pas, à lui seul, de dépasser la crise politique’’

altLe Calame : Vous avez rencontré à plusieurs reprises le président Ghazouani, quelles impressions vous a-t-il laissées et sur quoi ont porté vos entretiens ?

 Ahmed Ould Daddah : J’ai trouvé M. le Président convivial, courtois et d’une grande capacité d’écoute. Nos entretiens ont porté, essentiellement, sur les questions d’intérêt national, à savoir les préoccupations du citoyen, la concorde nationale, la démocratie, la gouvernance, le développement…

Est-ce qu’on peut dire, à présent, que la crise politique que nous vivons depuis une décennie est derrière nous ? Que la situation politique est désormais décrispée ?

 Il faut rappeler que la crise politique a pour causes principalement les atteintes à la cohésion nationale, la mauvaise gouvernance, le refus obstiné du pouvoir d’alors d’accepter un dialogue sérieux avec les partenaires politiques, la conduite unilatérale des processus électoraux, le mépris affiché à l’égard de l’opposition, le harcèlement des opposants, leur poursuite à l’intérieur du pays et à l’étranger, la profanation des symboles de l’État que constituent le drapeau et l’hymne national…

Le climat qui prévaut actuellement ne représente pas, à nos yeux, une solution aux problèmes dont souffre le pays et ne permet donc pas, à lui seul, de dépasser la crise politique. Il constitue, néanmoins, une passerelle entre le pouvoir et l’opposition, ce qui, somme toute, est normal en démocratie. Nous apprécions, par conséquent, cette ouverture à laquelle nous avons, d’ailleurs, favorablement répondu.

Dans une récente interview accordée au journal Le Monde, le président a déclaré qu’il n’y a pas lieu d’organiser un dialogue politique du moment que le contact est établi avec l’opposition. Partagez-vous cet avis et croyez-vous qu’un dialogue politique formel est toujours nécessaire pour assainir la situation ?

Les questions d’intérêt national, au premier rang desquelles se trouvent la cohésion nationale dans tous ses aspects, la bonne gouvernance et la transparence électorale, font l’objet de profondes controverses entre les différents protagonistes politiques. La recherche d’un consensus national pour trouver des solutions durables à ces problèmes majeurs nécessite l’organisation d’un dialogue politique, dans un climat de sérénité et d’entente nationale.

Afin de rassurer les populations et décrisper la scène politique, il est, néanmoins, urgent de prendre des mesures qui ne requièrent ni dialogue politique ni moyens financiers exceptionnels. Il s’agit, notamment, de l’amélioration des conditions de vie des citoyens, de la levée des poursuites et mesures arbitraires à l’encontre des opposants, sénateurs, hommes d’affaires, syndicalistes, journalistes et artistes ainsi que tous nos concitoyens contraints à l’exil, de l’arrêt de la répression contre tous ceux qui expriment pacifiquement leurs revendications (étudiants, travailleurs…) et de l’instauration d’une véritable égalité de chances pour l’ensemble des Mauritaniens devant les services publics et toutes les opportunités offertes par l’Etat.

Lors de votre dernière entrevue, vous avez évoqué avec le président, entre autres, la situation des exilés politiques. Vous a-t-il rassuré sur la fin des poursuites judiciaires engagées contre eux ?

J’ai perçu chez M. le Président un intérêt porté à cette question.

Ceci étant, je continue à penser que l’instrumentalisation de la justice aux fins de régler des problèmes personnels est un comportement d’un autre temps…

Vous avez discuté avec lui des multiples problèmes dont souffre le pays, notamment l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Qu’en pense-t-il ? Vous a-t-il dit comment il va procéder pour que les populations profitent réellement des retombées de la croissance et des richesses de leur pays ?

Effectivement, nous avons abordé en priorité la question liée à l’amélioration des conditions de vie des citoyens. 

Il semble que des initiatives aient été déjà prises, tendant à améliorer la situation matérielle de nombre de citoyens. Cette action est appréciable et nous considérons qu’il faut la multiplier, la généraliser à l’ensemble des groupes nécessiteux. Ceci, d’autant plus que les perspectives économiques qui s’offrent au pays sont de nature à permettre un effort supplémentaire pour que personne ne soit plus laissé sur le bord de la route. Une redistribution équitable des richesses nationales est un facteur de paix sociale et de cohésion nationale, elle constitue également un important levier de la croissance par l’activité économique qu’elle génère à tous les niveaux.

Le pays croule sous le poids d’une dette colossale léguée par l’ancien régime. Comment l’économiste que vous êtes voit la situation ? Pensez-vous que les finances publiques peuvent supporter l’encours de la dette ? Si non que faire ?

Nous avons besoin d’être rassurés sur l’encours de la dette et sur son service annuel (principal et intérêts). Ensuite, il y a lieu de voir, en fonction de ces données, le rapport entre le service et les ressources de l’Etat. Nous sommes, par ailleurs, en droit de nous demander à quoi a servi cette dette.

C’est le lieu de réitérer la nécessité de mener un audit des comptes de la Nation, des établissements publics, des société d’Etat et des sociétés d’économie mixte, de déterminer les conditions d’adjudication et de conclusion des marchés publics et conventions conclues entre l’Etat et des entreprises privées nationales et étrangères pendant la dernière décennie, d’identifier les conditions ayant abouti à la liquidation de la Sonimex, de l’ENER, de l’AMEXTIPE et de l’Agence de Promotion de l’Accès Universel aux Services. Les résultats de ces investigations doivent être publiés et toutes les conséquences de droit doivent en être tirées.

Il ya quelques jours des rapports de la Cour des Comptes ont fuité, qui révèlent une gabegie sans précédent au cours de la dernière décennie. En avez-vous eu vent ?

Nous n’avons cessé de dénoncer la corruption et la prévarication qui gangrènent tous les rouages de l’Etat. En dépit de la rétention de l’information et de l’opacité qui entoure l’utilisation des ressources de l’Etat, nous avons publié, en septembre 2016, un document assez fourni, en vue d’éclairer l’opinion nationale et attirer l’attention des partenaires au développement du pays sur l’immensité des dégâts causés par la gouvernance désastreuse du pouvoir d’alors.

Tout le monde sait que les marchés publics sont octroyés dans l’opacité totale et que les budgets de l’Etat, des établissements publics, des sociétés d’Etat et des sociétés d’économie mixte vont, pour une partie non négligeable, dans des poches privées par le phénomène de la surfacturation et par la corruption ambiante, au détriment des populations et de l’économie nationale.

S’agissant des documents auxquels vous faites allusion, je pense qu’en vue de lutter sérieusement contre toute forme de gabegie, il est nécessaire de publier systématiquement les rapports produits par toutes les institutions de contrôle de gestion des ressources de l’Etat (cour des comptes, inspection générale de l’Etat, inspection générale des finances, contrôles internes aux départements ministériels, aux établissements publics, sociétés d’Etat et sociétés d’économie mixte …). Les conclusions de ces rapports doivent être suivies d’effet et non rester lettre morte, comme c’est le cas jusqu’à présent.

Malgré le désaveu cinglant qui lui a été infligé par les élus et les instances de l’UPR, Ould Abdel Aziz refuse de lâcher prise. Il veut continuer à avoir son mot à dire sur la gestion du pays. Suivez-vous les soubresauts de ce parti et que vous inspire ce baroud d’honneur d’Aziz ?

Nous ne sommes pas enclins à discuter des affaires internes d’un quelconque parti politique. Encore faut-il rappeler qu’il s’agit-là d’un parti qui a usé, sans retenue, des moyens et de l’autorité de l’Etat sous forme de passe-droits, au préjudice de ses concurrents politiques. Cette situation nous interpelle. Nous considérons que l’existence d’un parti-Etat est anti-démocratique.

Sortie affaiblie de la dernière présidentielle, l’opposition dite radicale ne veut pas baisser les bras. Comment comptez-vous procéder pour reconquérir votre électorat ? Votre diabolisation par le régime précédent a-t-elle joué un rôle dans ce déclin ou tout simplement parce que vous n’avez pas pu parler d’une seule voix ?

Nous n’avons pas le sentiment que notre électorat nous a quittés. Je considère que les résultats électoraux demeurent encore fantaisistes et politiquement contestables dans notre pays, du fait de l’ingérence de l’Etat dans le processus, par l’action de l’administration et la disponibilité des ressources au profit des candidats du pouvoir ; du fait aussi du parti pris de la CENI pour un camp donné, une CENI où l’opposition démocratique n’est pas représentée…Cette situation empêche le citoyen de choisir librement ses représentants.

Lors des dernières élections, le RFD a assumé pleinement son engagement au sein de l’opposition en choisissant d’endosser, dans le cadre de la Coalition des Forces du Changement Démocratique, la candidature du Président Mohamed Ould Maouloud.

Forts de notre positionnement actuel et de la tenue prochaine de notre congrès ordinaire, qui marquera un tournant important dans la vie du parti, nous continuerons à œuvrer pour l’émergence d’une démocratie apaisée, dans une Mauritanie stable et prospère.

Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh

le calame

Gabegistes sous tous rapports

altAccablants. Et fort révélateurs, les derniers rapports de la Cour des comptes qui ont fuité (à dessein ?). Ils ont remis sur terre ceux, très peu nombreux,  estimant encore que les slogans de lutte contre la gabegie et les détournements de deniers publics, si galvaudés au cours de la dernière décennie, étaient autre chose que de la poudre aux yeux. L’étude a révélé, à la face du Monde, que malgré les «Â bonnes » intentions, aucun ministère ou société publique n’a échappé à cette entreprise de prévarication à ciel ouvert. Tout y est passé : surfacturations outrancières, dépenses incongrues, contrats léonins, marchés de gré à gré injustifiées… Les contrôleurs de la Cour des comptes en sont restés bouche bée. Seules la Présidence et la Primature ont été épargnées. Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles n’ont pas été contrôlées. Rien n’indique pourtant qu’elles se révèleraient des îlots de bonne gestion dans un océan de forfaitures. Le mal est beaucoup plus profond qu’on ne le pense. Certes, la presse et les réseaux sociaux n’ont cessé de lancer des alertes sur tel ou tel cas de mauvaise gestion ou de marchés de complaisance  mais personne ne pouvait imaginer l’ampleur du gâchis. Il en serait ainsi resté, si la Cour des comptes n’avait pas publié (par inadvertance ?) ses rapports couvrant dix ans (2007-2017) de gabegie sans nom. La preuve ? Ils ne sont plus accessibles. Comme si l’on voulait réparer une faute, en donnant l’impression  qu’elle fut involontaire. Mais en tout état de cause, elle a douché les ardeurs des plus convaincus partisans de l’ex-Président Ould Abdel Aziz et sans doute de ce dernier qui, après trois mois d’absence, commençait à se faire un peu trop bruyant. Il fallait bien lui envoyer un signal fort pour lui rappeler qui était aux commandes lorsque les maigres ressources du pays étaient dilapidées par ceux-là mêmes qu’il avait choisis. Et, à part quelques malchanceux qui ont été épinglés sous son magistère (avant d’être rapidement réhabilités), rien ne donnait l’impression que sa démarche dans la lutte contre la gabegie était empreinte de sérieux. Elle était même très sélective. Le clan avait droit à tout et ceux qui servaient ses intérêts étaient intouchables. Les rapports de la Cour des comptes ou de l’IGE qui les épinglaient étaient mis sous le boisseau. Certains d’entre eux gardent même (haut) pignon sur rue. D’autres sont encore aux commandes. Dans n’importe quel autre pays du Monde, de telles révélations donneraient lieu à un branlebas de combat, démissions en cascade, procès à la pelle, peines  de prison et fortes amendes.

Mais nous sommes en Mauritanie. Où la superbe, aussi cynique soit-elle, suffit à balayer toute objection. Ainsi le clan d’Ould Abdel Aziz se targue-t-il aujourd’hui d’avoir fondé et dynamisé la Cour des comptes afin d’éradiquer la mauvaise gestion ; mais il omet «Â naturellement » de citer ce qui s’est passé et se passe autour de son chef.
La réalité était que les « commissions et la corruption furent l’exclusivité d’Ould Abdel Aziz et du clan » : le marché de l’aéroport, les ventes des écoles, celles du stade olympique et de l’école de police, la caserne de la gendarmerie d’escorte, la cite fanfare et… cie, en passant par Polyhondone, Sunrise, sans oublier, bien sûr, les comptes bloqués par les Américains à Dubaï et le pactole caché au Swaziland avec lequel nos rapports se sont subitement réchauffés, alors que rien ne nous lie : ni l’histoire, ni la géographie, encore moins l’économie… Des «Â placements » négociables, donc, à l’heure des comptes en Cour ? On en est probablement là.

Ahmed Ould Cheikh

 

le calame

Les ex-sénateurs décident d’ester en justice Ould Abdel Aziz

Les ex-sénateurs décident d’ester en justice Ould Abdel AzizEssahraa – Les ex-sénateurs mauritaniens ont décidé au cours d’une réunion tenue mardi soir, 17 décembre courant, d’ester en justice l’ancien Chef d’État Mohamed Ould Abdel Aziz.

Ils ont convenu également de faire bouger des dossiers émis précédemment contre des responsables, se rapportant à l’injustice dont ils ont été victimes au cours des années passées. La justice n’était pas indépendante sous l’ex-régime, ont dit les anciens parlementaires, l’accusant de subordination au président, qui l’instrumentalise selon ses intérêts.

Les amendements constitutionnels en vertu desquels, avait été annulée leur chambre, n’étaient pas intègres au plan juridique comme ils étaient techniquement faux, ont-ils rappelé, les qualifiants de fait accompli imposé par une personne qui n’est plus au pouvoir.

La Mauritanie doit engager un dialogue pour discuter tous ces problèmes, sans concessions aucune, ont-ils ajouté.

Ils ont suivi par ailleurs un exposé présenté par une commission d’ex-sénateurs reçus dernièrement par le Premier ministre ; lequel, s’est engagé à examiner les doléances portées à sa connaissance, dont le mépris subi par les ex sénateurs sous le régime passé, l’emprisonnement de certains d’entre eux et l’accusation sans procès d’autres.

http://essahraa.net/node/13122

cridem

Mauritanie : les FPC s’interrogent sur le caractère sélectif de la classe politique Beydane

Au lendemain de l’annulation des poursuites judiciaires des exilés mauritaniens les FPC sont revenus cette fin de semaine sur le silence de la classe politique arabophone dans sa majorité sur le martyr des noirs depuis 86 alors qu’elle manifeste toujours sa solidarité agissante vis à vis de leurs compatriotes arabo-berbères victimes d’ostracisme du pouvoir.
Deux poids deux mesures mis en évidence par le porte parole des FPC sur les réseaux sociaux. Kaaw Touré n’a pas raté l’occasion de l’annulation de poursuites judiciaires des exilés mauritaniens dont le plus célèbre le richissime cousin de l’ancien président et homme d’affaire Bouamatou pour pointer du doigt le caractère sélectif et discriminatoire de la classe politique arabo-berbere dans sa majorité sur la difficile cohabitation entre les différentes composantes nationales. La remarque est pertinente dès lors qu’il s’agit de soutenir de compatriotes arabophones victimes de l’autoritarisme du pouvoir. Par des mobilisations dans la rue ou sur les réseaux sociaux et la presse nationale pour interpeller les autorités de Nouakchott.
Alors que les martyrs noirs font l’objet d’un silence complice qui dure depuis 86 date de la publication du Manifeste du negro-mauritanien qui a valu l’arrestation et l’emprisonnement des dirigeants du premier mouvement de libération africaine en Mauritanie dont 4 combattants de la liberté ont trouvé la mort à Oualata.Secret de polichinelle.
Les graves exactions contre la communauté negro africaine sous le régime de Ould Taya avec les déportations massives en 89 et l’assassinat de 28 soldats à INAL en 90 sont toujours impunies. La loi d’amnistie de 93 protégeant les criminels au sein de l’armée. Cette page sombre de l’histoire est un devoir de memoire et de justice pour les FPC qui ont toujours dénoncé cette épuration ethnique qui semble être reléguée au second plan des préoccupations de la classe politique arabo berbère dont le refus de participer aux commémorations des martyrs des soldats noirs à l’intérieur comme à l’extérieur du pays est synonyme d’absence de patriotisme qui s’apparente à une complicité avec tous les régimes. Cette différence de lecture de la question nationale est un frein à la cohabitation.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste