Daily Archives: 12/11/2019
La CVE, une escroquerie politique. Suite 1
Abdoulaye Djimmé Diaw – Mise au point.
La situation faite à la communauté noire de Mauritanie depuis les années 80, principalement, n’a laissé personne indifférent de quel que bord que l’on se situe dans l’échiquier politique.
Et c’est parce que tout le monde s’y intéresse que chacun propose sa vision, ses solutions et c’est à ce niveau que les nuances, voire les divergences apparaissent.
Donc, la cause est commune et a toujours interpellé chacun de nous. D’aucuns se sont investis plus que d’autres. Pendant que les premiers sacrifiaient tout, y compris leur vie, les seconds scrutaient d’autres horizons. Tout le monde n’est pas pétri au même moule et la nature humaine est diverse et variée.
Durant ces 50 dernières années, les contextes et les situations ont évolué suscitant désolation, déception et même espoir selon les moments.
L’élection présidentielle de 2019 est intervenue au moment où le sentiment d’exclusions des noirs était à son maximum, et ce ,dans toutes les catégories, sentiment alimenté par les dix années de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz.
C’est cela qui explique la naissance, unanimement souhaitée, de la CVE comme creuset ou réceptacle de toutes les volontés et aspirations à une meilleure prise en compte de la situation de marginalisation des noirs par le pouvoir en place et son système.
Se joignirent à la CVE des partis politiques, des OSC, des personnalités indépendantes, la diaspora, qui ont tous en partage le soucis de faire évoluer la situation dans le bon sens.
C’est cela le socle commun qui a fait de la CVE un bien commun qui appartient à divers plans de la communauté, principalement haalpulaar. La CVE devient ainsi un dénominateur commun du rejet de la situation qui est faite aux noirs par le pouvoir politique. C’est cela qui explique son succès et même l’engouement à son endroit..
A ce niveau, il n’y a pas de dissonance dans cette phase conceptuelle et tout le monde a répondu présent et chacun à sa manière.
Pour cette cause et pour l’objectif, il fallait un candidat suffisamment représentatif et symbolique répondant au mieux aux critères définis. La lutte politique en Mauritanie, notamment dans la communauté noire et principalement haalpulaar, a ses figures qui ont accompagné la cause à travers ces 50 dernières années.
Ces figures symboliques, pour la cause, ont payé de leurs vies, de leurs libertés, de leurs carrières, de leurs familles , etc….. ils ont subi humiliation, misère, maladie, pauvreté et d’autres privations de toutes sortes et de toutes natures. Ils ont, sans le rechercher, acquis leurs galons de symbole par leur courage, leur témérité et leur engagement sans faille et sans ombres. Sil y a à trouver un candidat symbolique, c’est bien dans cette race qu’il faut rechercher pour être juste avec nous mêmes !
Au début, la CVE s’était engagée dans la voie de la transparence en déterminant des critères plus ou moins objectifs pour le choix du candidat.
Ce processus de transparence a été vicié et même biaisé par des choix et des manœuvres pour asseoir un choix préalable. L’objectivité a été abandonnée au profit de manœuvres pour imposer un choix. Dans mes oreilles, résonnent encore les protestations véhémentes de certains membres de l’assemblée. Nous en payons aujourd’hui les conséquences.
Le disant, je n’attaque personne. Je dénonce simplement des attitudes et des comportements qui n’avaient pas lieu d’être. Au lieu d’être à la manœuvre, certains devaient refuser et dénoncer cette mascarade pour assurer à la CVE une légitimité et une longévité et la du même coup la mettre hors de critiques et de dissensions, tant il est vrai, qu’en politique aussi, tout se paie tôt ou tard.
Aujourd’hui, c’est la communauté qui voit son unité menacée, quel que par ailleurs ce que je pense de cette unité.
Par Abdoulaye Djimmé Diaw
cridem
”Holi Hamme, holi luggere”? Touche pas à ma terre | par Abou Hamidou Sy
L’expropriation des terres de la vallée, entamée depuis la “ réforme” agraire de 1983 et qui a culminé avec les événements de 89, continue de plus belle.
Sous des prétextes fallacieux, l’Etat et certaines catégories de citoyens, en complicité, vont à l’assaut des seuls moyens de subsistance des populations du sud, leurs terres ancestrales. Le dernier incident en date s’est déroulé la semaine dernière à Guiraye, (mon village) au Gorgol, aux confins du Bossea et à la lisière du N’Guenar.
Ce vendredi, un concitoyen arabo-berbère se présente au lieu-dit “Luggere dañde” avec ses topographes pour délimiter une parcelle de terre de plusieurs hectares qu’on lui aurait vendue. Selon lui, une parcelle de 100m x1000m lui aurait été attribuée en 1993, le long du fleuve, dans la zone de décrue. Or, de mémoire de villageois, cette zone a toujours appartenu aux villages de Guiraye, Ari- Funda, Awoynaat et Kaedi.
Quel sacrilège! Les terres de culture ne se vendent pas chez nous, elles se transmettent de génération en génération. Ceci est particulièrement vrai dans ce lieu mis en valeur par les “Caamɓe” voilà plus de deux siècles, après avoir reçu l’autorisation de “ Jom maayo”, le génie tutélaire qui habite toujours “Luggere dañde”.
“Holi Hamme, holi Luggere dañde?” A-t-on envie de crier.
Les villageois se rendirent en masse pour aller s’opposer à cette nouvelle tentative de confiscation. L’usurpateur, prétendit détenir des papiers prouvant que la parcelle lui aurait attribuée dûment par les autorités. Ce à quoi la population lui repondit: “avec ou sans papiers, tu n’auras aucun pouce de terre ici. Nous opposerons toutes nos vies pour défendre notre terre”.
L’histoire finit par atterir chez les autorités, et comme c’est souvent le cas, le seul à pouvoir démêler cette affaire, en l’occurrence, le préfet, était en congés. Son adjoint demanda aux villageois de laisser l’intrus cultiver sa terre, puisqu’il détient des papiers alors qu’eux n’ont aucune preuve. Il s’en suivit un soulèvement général du village et l’affair atterit chez le gouverneur. Celui-ci intima aux deux parties de ne pas s’approcher des terres en litige jusqu’à nouvel ordre, mais devant l’insistance des paysans, il fut permis à ces derniers de continuer leur culture de décrue.
Le conflit n’est pas encore complètement vidé, mais la population est déterminée à sauver ses terres.
Cet incident n’est malheureusement pas un cas isolé, les trois dernières décennies ont connu un assaut ininterrompu contre les terres de la vallée. Toujours le même scénario; souvent un Maure muni de papiers, voulant exploiter une parcelle fictive, parfois de riches hommes d’affaires étrangers, des villageois qui s’opposent et des autorités qui se dérobent.
Il est vrai que ce phénomène n’est pas propre à la Mauritanie et sa vallée fertile.Les pays du tiers-monde ont connu ces dernières années un rush d’investiteurs des pays du golf et de la Chine venus à la recherche de terres pour nourrir leurs populations.
En Mauritanie, cependant, le caractère raciste de ce phénomène d’exproppriation, ne fait aucun doute. En effet, ce sont les terres de Négro-mauritaniens qui sont arrachées au profit des Arabo-berbères avec la complicité de l’Etat. Jamais un oued, un vallon ou une palmeraie n’a été retiré de son propriétaire au profit d’un Noir en Mauritanie.
Mettre fin à ces conflits, hélas récurrents, demande une sérieuse réforme agraire sous-tendue par une réelle volonté politique. Il incombe à l’Etat de garantir un accès équitable à la terre de culture. Cette équité ne peut, cependant, pas se faire en ignorant le droit séculier des populations autochtones.
Si l’ordonance 83-127 du 5 Juin 1983 était noble par ces objectifs; elle a vite été détournée de sa mission première, pour assouvir des visées hégémoniques. Pour rappel, cette loi avait pour but de consolider la souveraineté de l’Etat sur ces terres, par conséquent lui donner le pouvoir juridique de permettre leur mise en valeur extensive et enfin éradiquer toutes les discriminations en garantissant l’égal accès à la propriété terrienne à touts les citoyens quelque soit leur rang social.
Cependant, l’application de la réforme s’est traduite, dans la plupart des cas, par une dépossession de la population noire au profit d’hommes d’affaires arabo-berbères. Dans ce cas et dans tant d’autres, tout acte régalien posé par l’Etat mauritanien est un pas de plus vers l’exclusion des Négro-mauritaniens.
La fréquence de ces pratiques d’usurpation de terres de culture appelle à une sérieuse concertation, de type “assises nationales” pour aboutir à une réforme équitable qui permettra à chaque mauritanien d’accéder à la terre sans léser les propriétaires historique.
Les FPC, à travers leur memorandum, proposent une réforme agraire à caractère national qui procéderait par des cercles concentriques. L’acces à la terre, d’abord, aux autochtones locaux, ensuite aux nationaux, enfin aux investisseurs étrangers dans la préservation des droits séculier des pasteurs, des pécheurs et des paysans.
En tout état de cause, les populations de la vallée sont plus que déterminées, à juste cause, de défendre la seule chose qui leur reste dans ce pays: la terre de leurs ancêtres.
La lutte continue
Abou Hamidou Sy
FPC/Amérique du Nord