Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 21/11/2019

APPEL A MANIFESTER : Jeudi 28 novembre à Paris.

APPEL A MANIFESTER :  Jeudi 28 novembre à Paris.En accord avec les organisations, mouvements et partis politiques présents en France, le Comité Inal lance un appel à manifester pour le jeudi 28 novembre 2019 à partir de 13H00 à Paris place Trocadéro.

Cette manifestation à pour but de dénoncer et exiger, au prés des nouvelles autorités du pays, que justice soit rendue aux victimes et à tout le peuple mauritanien, otage de pourvoir dictatoriaux et sanguinaires.

Les organisations Mauritaniennes en France comptent sur la présence de tous et toutes pour la réussite ce cette manifestation.

Paris, le 18 novembre 2019

Les Organisations Mauritaniennes en France

Calam(ités)

altLes Mauritaniens se préparent à célébrer cinquante-neuf ans d’indépendance dans quelques jours. Il va sans dire que six décennies, c’est a priori bien peu dans la vie d’une nation. Mais, pour des pays comme la Mauritanie, c’est tout de même le temps qu’il a fallu pour poser les jalons essentiels à la construction d’un État moderne départi des préjugés et anachronismes sources de tensions et animosités tous azimuts. Et qui détournent les peuples et les gouvernants des véritables défis à relever ensemble pour lancer un développement harmonieux et durable au profit équitable de tous les citoyens. Parole «Â réitérée » que ces propos de circonstances ? Certes mais elle servira au moins à démontrer que les déclarations d’intention et les vœux pieux n’ont jamais servi à grand-chose. Il est vraiment largement temps de comprendre que «Â si l’on ment, on ne doit pas mentir aux gens ». Toutes les réformes possibles et imaginables ne servent à rien si les dysfonctionnements structurels ne sont pas corrigés. Il faut des mesures et des actes très forts qui requièrent volonté ferme et grand courage. Disons-nous la vérité. Arrêtons de nous voiler la face et de nous laisser endormir par de merlinesques enchanteurs aux discours exquis et raffinés tout juste bons à amuser la galerie. Ce que nous constatons aujourd’hui, à chaque cérémonie officielle, ne sert pas l’intérêt supérieur de la Nation. Les rencontres publiques devraient refléter l’image d’une Mauritanie plurielle, fière de ses différences et riche de sa diversité. Or ce qui est  présenté, lors de ces évènements, me semblent bien plutôt de nature à rougir de honte et d’irresponsabilité. Loin de raffermir l’unité nationale, les derniers mouvements des officiers de l’armée nationale, des responsables de la police, des hauts fonctionnaires de l’administration civile et autre gradés du Groupement général de la sécurité routière donnent, une fois encore, des arguments providentiels à ceux qui estiment, à variablement juste raison, que la Mauritanie est aux mains d’une seule communauté. J’étais, un de ces jours derniers, à la fac pour en ramener mon fils. Un jeune étudiant négro-africain me fit la remarque suivante : « Il n’y a pas beaucoup de ‘’nous’’, ici. C’est à peine si tu y croises un négro ». Et mon fils à qui je rapportais cet avis : « Oui, il n’y sont pas admis », reconnaissait-il, «Â Comment faire ? Les prendre de la rue, comme ça, au hasard, et les faire asseoir dans les amphis ? » Tout cela pour dire que personne n’est comptable de cette vilaine situation mais nous sommes, tous ensemble, tenus à lui trouver une solution. Et commencer déjà par éviter, tant que peut se faire, d’offrir au monde tant d’images de marginalisation, exclusion et iniquité. «Â Évoquer de telles choses menacent la cohésion sociale ! », glapissez-vous ? Vous n’avez donc absolument rien compris. Le vrai danger, c’est justement de ne pas en parler. L’égalité entre les citoyens  et la consolidation de la justice sociale ne se décrètent pas. Elles sont la conséquence de politiques et de programmes bien élaborés qui ne souffrent ni du tempérament des uns ni des humeurs partisanes et frileuses des autres. Les discours ne suffisent pas. Seuls les actes comptent et c’est eux seuls qui valent la peine d’être entrepris. Du premier discours fondateur, fin des années cinquante, de feu Moktar ould Daddah, à celui du président Mohamed ould Cheikh El Ghazwani, prononcé il ya quelques jours à Chinguetti lors du festival des villes anciennes, rien n’a véritablement bougé. Les réalités sont d’autant plus têtues que rien n’est fait pour les modifier. Les changements structurels sont tributaires de la volonté de ceux qui ont la légitimité de les entreprendre. Sans s’embarrasser des caprices de ceux qui veulent entretenir le statu quo on ne sait à quel dessein. Soixante ans : il est vraiment temps que la Mauritanie démarre sur des chapeaux de justice, d’égalité et de fraternité.

Sneiba El Kory

Mauritanie : des partis politiques de l’opposition appellent à un dialogue national inclusif

Mauritanie : des partis politiques de l’opposition appellent à un dialogue national inclusifSahara Médias – Les partis politiques mauritaniens membres de la coalition pour le changement démocratique ont demandé l’organisation d’un dialogue national inclusif afin de mettre fin à ce qu’ils ont appelé « la crise politique qui perdure depuis dix ans dans le pays.

Cette coalition qui a lancé cet appel dans la nuit de mardi à mercredi a demandé par ailleurs l’ouverture d’enquêtes urgentes à propos de la situation des sociétés nationales qui ont été victimes de gabegie et de corruption.

Selon le communiqué la coalition reste attachée à l’organisation d’un dialogue national inclusif qui mettrait fin à la crise politique dans le pays et à la corruption qui gangrène l’appareil de l’état, ajoutant que la stabilité du pays et l’instauration d’un état de droit et de démocratie exigent l’organisation d’un dialogue national inclusif.

Cette coalition est composée de l’union des forces de progrès, le rassemblement des forces démocratiques, l’union nationale pour l’alternance démocratique, des partis de l’opposition qualifiés de radicaux.

Ces partis ont renouvelé leur critique acerbe pour le pouvoir de l’ancien président Mohamed O. Abdel Aziz, considérant que sa période au pouvoir a été caractérisée par la corruption matérielle et morale et l’atteinte aux symboles de l’état et ses constantes.

Ahmed Ould Sidi-Baba : “Je pense que le pays, entre les mains du nouveau président, est sur la bonne voie”

Ahmed Ould Sidi-Baba : Ahmed Ould Sidi Baba est un homme qu’on ne présente plus. Premier lauréat mauritanien de la prestigieuse université de la Sorbonne, il fut de 1966 à 1978, successivement directeur général de l’enseignement, directeur de l’ENA, ministre de la Culture et de l’Information, ministre de la Construction, ministre d’Etat aux Ressources Humaines et à la Promotion Sociale et ministre de l’Education nationale.

De 1986 à 1984, il fut maire de la ville d’Atar et président fondateur de l’Association des maires de Mauritanie. De 1998 à 2000, il occupa le poste de ministre conseiller à la Présidence de la République.

En 1991, il crée le premier parti politique mauritanien de l’ère démocratique, le Rassemblement pour la Démocratie et l’Unité (RDU) qui a été dissous il y a quelques mois pour n’avoir pas obtenu plus de 1% des voix lors des deux dernières consultations électorales.

Il a accepté de répondre aux questions du Calame dans une interview exclusive où il évoque sans détours la situation politique, les revers de l’opposition lors de la dernière présidentielle et les défis qui attendent le nouveau président.

Le Calame : Votre parti militait activement au sein de l’opposition démocratique avant de prendre du recul. Pourtant vous avez décidé de soutenir la candidature de Ghazouani. Une démarche que beaucoup n’ont pas comprise. Pouvez-vous nous expliquer ce cheminement ?

Ahmed Ould Sidi-Baba : Votre question contient une interrogation implicite à laquelle je souhaiterais répondre : Tout d’abord, pourquoi ai-je pris du recul par rapport à l’opposition ? Comme vous le savez, c’est à la suite du coup d’Etat qui a porté au pouvoir le régime du président Aziz, qu’un certain nombre de partis politiques ont créé le Front National pour la Défense de la Démocratie (F.N.D.D).

Nous avions convenu qu’il s’agissait d’une opposition démocratique, dont l’objectif était la mise en échec du coup de force et l’instauration de la démocratie, non le déclenchement d’une révolution sanglante mettant en danger la paix civile et, à Dieu ne plaise, l’existence même du pays. Au fil du temps, et pour des raisons que chacun sait, cette mise en échec s’est avérée irréalisable.

Par la suite, se sont élevées des voix parmi nous prônant le dialogue avec le pouvoir établi, ce à quoi j’étais personnellement opposé, convaincu qu’un dialogue avec un pouvoir dictatorial ne pouvait déboucher que sur la légitimation de ce pouvoir et le délitement de l’opposition.

J’ai, pendant plusieurs années, invité mes compagnons à envisager une toute autre démarche que le dialogue, les meetings et les marches qui n’aboutissent, en fin de compte, qu’à créditer le pouvoir d’une « tolérance démocratique » qui était loin d’être la sienne et, en même temps, faute de résultats, à lasser les militants et à décrédibiliser l’opposition aux yeux de l’opinion nationale et internationale.

Et puisque nous étions convenus que, dans l’intérêt supérieur du pays, l’action violente était hors de propos, la seule stratégie valable se résumait, à mon sens, en trois points :

Constitution d’un mouvement politique regroupant tous les partis de l’opposition sous la direction d’un bureau et d’un président uniques.

Doter cette mouvance d’un programme politique consensuel qui serait la synthèse des programmes des différents partis.

Convenir que la Constitution de 1991, même si elle a, dans le principe, ouvert la voie au multipartisme, n’a pas, en fin de compte, instauré la démocratie pluraliste ; pour cette raison, rédiger et proposer un projet nouveau qui serait une modification substantielle de la Constitution de 1991.

Dès le départ, cette stratégie a reçu l’assentiment général de principe, mais n’a jamais été traduite dans les faits, car les commissions chargées d’élaborer le programme politique commun, maintes fois renouvelées et mandatées à cet effet, n’ont jamais tenu de réunion à ma connaissance.

Quant à celle en charge de la Constitution, et que j’avais moi-même été chargé de présider, son rapport final a été soumis, dans les deux langues il y a de cela plus de cinq ans à tous les membres du F.N.D.D, sans jamais avoir été l’objet de réaction de la plupart des partis, ni, encore moins, l’occasion d’un débat critique au sein de l’instance commune.

Par la suite le F.N.D.D, devenu le F.N.D.U (Front National pour la Démocratie et l’Unité) s’est élargi à différentes mouvances dont, en ce qui me concerne, je ne partageais ni les prémisses de leurs position ni le discours populiste qui était le leur.

Toutes ces raisons m’ont amené (et je m’en suis ouvert à tous les collègues qui m’ont contacté à ce sujet) à « prendre du recul », comme vous dites en cessant de participer aux réunions de l’instance dirigeante de l’opposition, sans pour autant, ni renier mon opposition au régime qu’ensemble nous dénoncions, ni annoncer publiquement mon désaccord avec le F.N.D.U, aux réunions et aux manifestations duquel notre Parti a été, à chaque fois, représenté.

Venons-en, maintenant, à mon soutien à la candidature de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Ce soutien était fondé sur les deux constats et sur la conviction suivants :

Je ne voyais pas, au sein de l’opposition, telle que je viens d’en parler, ni d’ailleurs, au sein de la classe politique non inféodée au régime du président Aziz, une personnalité civile capable de venir à bout de la coalition monolithique agglomérée autour du pouvoir en place et assujettie à ce pouvoir et à ses choix par les procédés et moyens que chacun connait.

Du reste, l’expérience des coups d’Etats à répétition et notamment celui qui a mis fin au régime du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi (beaucoup d’entre nous, moi-même y compris, ont été convaincus à ce moment-là que l’ère des putschs était à jamais révolue), a montré combien était aléatoire la sortie, sans transition, d’un pouvoir issu d’un coup d’Etat, vers un pouvoir civil.

Pour ces raisons, l’intérêt général du pays commandait, selon moi, de rechercher une candidature réunissant à la fois les caractéristiques requises pour mettre fin, une fois pour toutes, aux régimes issus des coups de forces, assurer la sécurité face au terrorisme ambiant, garantir la paix civile et l’ordre public au terme d’une alternance au pouvoir ordonnée et pacifique.

Ceux qui me connaissent le savent, j’ai toujours professé que toute politique digne de ce nom doit être fondée sur la civilisation et donc tirer son inspiration des valeurs morales, spirituelles et culturelles de cette civilisation.

Partant de l’adage arabe, qui pourrait se traduire littéralement par « celui qui ne possède pas la chose ne peut pas la donner », j’ai considéré que le futur candidat devrait être abreuvé aux sources de notre prestigieuse civilisation islamique et incarner lui-même les valeurs qui en découlent. Et tel fut le cas, rappelons-nous, de l’inoubliable artisan de notre souveraineté nationale, le président Moctar Ould Daddah, rahimehoullah.

Les conditions et la caractéristique que je viens d’évoquer se trouvaient, pour moi, réunies dans la personne de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, chose dont je m’étais d’ailleurs ouvert à différentes personnes dont certains dirigeants de l’opposition, alors qu’il était encore fortement question d’un troisième mandat de l’ancien président et que rien ne laissait prévoir que l’actuel président se porterait candidat.

Pourquoi, selon vous, l’opposition n’a pas pu s’entendre sur un seul candidat ?

Une partie de la réponse à cette question se trouve dans ce que je viens de dire : l’absence d’une direction et d’un programme uniques, ce qui était possible au départ, mais que l’opposition a été incapable de réaliser.

Puis, par la suite, faisant feu de tout bois et intégrant en son sein tout ceux qui, pour une raison ou une autre, faisaient profession de s’opposer, elle s’est trouvée engluée dans un spectre de visions divergentes, de motivations communautaristes à caractère populiste, de tactiques et stratégies inavouées, incompatibles avec le choix d’un candidat unique.

Et comme je l’ai dit à deux dirigeants du FNDU venus me demander de signer l’annonce d’une déclaration de candidature unique, déclaration supposée avoir un « effet de bombe » capable de frapper l’opinion et de redorer le blason terni de l’opposition : une telle déclaration, par avance vouée à l’échec, n’aura d’autre résultat que l’éclatement du FNDU (déjà amputé de l’un de ses membres fondateurs) et un surcroit de discrédit pour l’opposition en général.

Comment peut-on expliquer le faible score des partis de l’opposition traditionnelle lors de la dernière présidentielle ?

– L’explication est la même que pour les élections municipales et législatives qui avaient précédé l’élection présidentielle, à savoir : la mainmise du Pouvoir sur l’électorat et je n’ai pas besoin de rappeler par quels moyens ; la lassitude démobilisatrice des militants et parfois aussi le désenchantement des cadres ; l’éparpillement des forces d’opposition et la faiblesse des moyens matériels et, par conséquent, l’impossibilité d’être présent dans la majorité des bureaux de vote, particulièrement à l’intérieur du pays.

Le discours et le vote identitaires lors de la dernière présidentielle ne constituent-ils pas un danger pour la démocratie mauritanienne ?

Le premier et le plus grand danger pour la démocratie, c’est l’étatisme outrancier, le culte de l’Etat comme fin en soi.

Depuis des décennies, les pouvoirs publics, faute justement de culture démocratique au sommet, ont développé le culte de l’Etat, confondant d’ailleurs dans les esprits la notion de l’Etat avec celle de la Nation.

Or, il faut avoir l’humilité de le reconnaître, les habitants de ce pays, avant l’indépendance, ne formaient pas une Nation, au sens moderne et convenu du terme, mais un ensemble d’ethnies et de tribus dépourvues de tout référentiel commun, central et fédérateur et souvent en conflit les unes avec les autres.

Dans son apparente simplicité, l’appel du président Moctar Ould Daddah, rahimahoullah, à l’aube de l’indépendance, résumait bien cet état des choses quand il dit, et je le cite ; « faisons, ensemble, la patrie mauritanienne » et il convient ici de souligner les mots « ensemble » et « patrie ».

Or, depuis des décennies, l’Etat (cet « enfant monstrueux de la force et du droit » comme le qualifie un grand penseur français), devenant de plus en plus autocratique au fil des coups d’Etat, s’est exclusivement limité, avec plus ou moins de bonheur du reste, à ses fonctions pratiques (administratives, économiques, diplomatiques, sociales, culturelles,…), oublieux ou inconscient qu’il était de la nécessité, par la liberté, la justice et la démocratie, d’éveiller l’individu mauritanien aux valeurs patriotiques de la citoyenneté, pour en faire un « citoyen » et faire de nos ethnies et de nos tribus, une « Nation ».

Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, nous voyons prospérer et se fortifier l’ethnocentrisme, le communautarisme, l’extrémisme prétendument religieux, le tribalisme, le clanisme, et parfois même, et chez les meilleurs esprits, le réveil de notions révolues depuis la fin de « Char Bebbe », d’appartenance à la classe des guerriers ou à celle des marabouts.

Et, faute d’un sursaut avisé des nouvelles autorités et d’une prise de conscience salvatrice de la classe politique, cet état des choses ne peut aller qu’en empirant.

Selon vous, quelles devraient être les priorités du nouveau Président ? En un mot, par où devrait-il commencer ?

Vous savez, loin de moi l’idée de prétendre dicter au Président la manière dont il doit assumer la charge que le peuple lui a confiée.

Tel que je l’ai pressenti et tel que j’ai observé son action au cours des mois écoulés, je pense que le pays, entre ses mains, est sur la bonne voie. Et, ici, je me fonde en particulier sur les observations suivantes :

Tout laisse à penser que le climat de tension politique, de clientélisme et de flagornerie est désormais révolu, laissant place à la sûreté que chacun a aujourd’hui de sa sécurité sur tous les plans.

Le gouvernement du Premier Ministre, composé essentiellement de personnalité de haute technicité, a été mis en situation de pleine responsabilité, avec obligation vérifié de résultat, relativement au programme électoral du mandat présidentiel, ce qui laisse au Chef de l’Etat la nécessaire liberté d’esprit pour mener son action dans les domaines qui lui sont réservés, le domaine politique, la sécurité et la diplomatie.

Par où devrait-il commencer, me demandez-vous.

Je pense, comme je l’ai évoqué dans mes réponses aux questions précédentes, qu’il y a urgence à réformer la scène politique.

Pour cela, et pour les raisons que j’ai déjà développées, il me parait nécessaire de :

Renoncer à la notion de « Parti de l’Etat » ou « Parti du Président » et de lui substituer celle d’une « majorité parlementaire » organisée et conduite sous l’autorité du Premier Ministre. Encourager l’émergence d’une opposition constructive, débarrassée de ce populisme dangereux, prétendument attaché à l’éradication des séquelles de l’esclavage et du communautarisme ethnocentriste diviseur et susceptible, à terme, de mettre en péril la paix civile et la construction de la Nation.

Au plan de la diplomatie, l’urgence et la pierre angulaire de notre action devraient être de redonner vie à l’Union du Maghreb Arabe (UMA), ce qui passe nécessairement par une solution urgente et définitive au problème du Sahara Occidental ; mais aussi de revenir à une position de membre à part entière de la CEDEAO, afin de constituer, via la Mauritanie, un espace privilégié d’échanges euro-maghrebo-sahélien de tous ordres, sachant que le détroit de Gibraltar est inéluctablement voué à devenir, et il en est déjà question, un passage à sec entre l’Europe et l’Afrique.

On vous connait très peu tendre avec l’ancien président Ould Abdel Aziz. Que lui reprochez-vous ?

Je n’ai absolument aucun grief personnel contre Mohamed Ould Abdel Aziz auquel me lient d’ailleurs des liens de proximité géographique et familiale par la mère de ses enfants dont le père, comme la mère, comptent parmi mes parents les plus proches.

Quant à mes griefs contre le chef d’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, il me parait déplacé et hors de propos d’en faire aujourd’hui état, maintenant qu’il a quitté le pouvoir.

Vous avez travaillé sous les ordres de Moctar Ould Daddah, puis avec Maaouya. Sidi est votre ami. Vous vous êtes opposé à Aziz et avez soutenu Ghazouani. Si vous aviez à présenter chacun de ces hommes, par quoi le définiriez-vous ?

Pour moi, comme d’ailleurs pour tous ceux qui l’ont connu (chefs d’Etat, hommes politiques ou journalistes), Moctar était un modèle de toutes les vertus. Il était, à mes yeux, l’incarnation physique des valeurs morales et spirituelles qui caractérisent notre civilisation.

Pour l’édification de ceux qui le croyaient adepte du monolithisme, je profite de votre question pour livrer à leur attention, et in extenso, la citation suivante que chacun peut lire à la page 329 de la version française de ses mémoires : « Mais, au fonds de moi-même, je considérais que le Parti unique, vital pour le pays au stade de son évolution d’alors, devait céder la place au multipartisme, dès que le degré de consolidation de l’unité nationale le permettrait.

Une telle perspective était tellement présente dans mon esprit, que j’ai fini par en parler, le 8 Juillet 1978 précisément, avec mon plus ancien coéquipier, Ahmed Ould Mohamed Saleh. Nous avions alors convenu d’en discuter profondément par la suite. Mais là aussi, l’Homme propose et Dieu dispose ». Et je rappelle que le 8 Juillet 1978, c’était deux jours avant le coup d’Etat qui a mis fin au régime de Moctar.

Concernant Maaouya, ce fut un chef d’Etat d’un nationalisme pointilleux et désintéressé matériellement, jaloux de la souveraineté de son pays, soucieux de préserver son identité et, contrairement à ce que beaucoup pensent, très éloigné de tout racisme, mais, en même temps, habité par une culture militaire particulièrement prégnante.

Quant à mon ami Sidi Ould Cheikh Abdallahi, très proche par sa tradition et sa culture familiales du Président Moctar, il fut, auprès de celui-ci, à très bonne école et si les circonstances l’avaient permis, il aurait pu réaliser pour le pays des progrès essentiels dans tous les domaines, et notamment dans les domaines politique et économique.

Là aussi, je rappellerais à ceux qui l’auraient oublié, ou ne le savaient pas, que des investissements privés (je dis bien privés) de l’ordre de 9 Milliards de Dollars venant de tous les continents étaient annoncés, investissements dont personne n’a plus jamais entendu parler consécutivement au coup d’Etat du 03 août 2008.

Pour ce qui est du président Aziz, je ne dirai pas plus que ce que j’ai déjà dit en réponse à votre précédente question.

En ce qui concerne le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, souhaitons que Dieu lui prête force et santé afin qu’il puisse, dans la paix et la sécurité, réaliser pour le pays ce qu’il a annoncé dans son discours de candidature, puis dans son programme électoral.

Vous venez de publier une tribune intitulée « Et maintenant ? » pour « participer au nécessaire débat qui (…) devrait inaugurer pour le pays une nouvelle ère de paix et de sécurité véritables ». Pourquoi maintenant ?

Simplement parce qu’avec l’élection du nouveau Président et les engagements par lesquels il s’est lié, dans ses discours et son programme électoral, des perspectives nouvelles s’offrent au pays.

Ces perspectives, il s’agit de les exploiter sans tarder et d’engager « maintenant » le débat nécessaire à leur traduction en réalité vécue.

Vous évoquez dans cette tribune la nécessité d’amender la Constitution pour que, entre autres, le Chef de l’Etat soit « l’arbitre et le recours ultime », les séquelles de l’esclavage et les problématiques ethniques. Pensez-vous que le nouveau pouvoir soit capable de relever ces défis ?

Souvenez-vous, dans la tribune dont vous parlez, j’ai interpellé la scène politique dans son ensemble (pouvoirs publics, partis politiques, société civile,…etc.), car c’est par la synergie de tous les efforts que ces défis seront relevés.

Bien évidemment, l’initiative ne peut venir que du Pouvoir, car c’est à lui de mobiliser, d’impulser et d’encadrer en vue de rendre possible une telle synergie des efforts.

Ce rôle, je crois le pouvoir actuel capable et, je l’espère, disposé à le jouer.

Vous avez été ministre de l’information. Si vous aviez à juger l’état de la presse en Mauritanie actuellement, que pourriez-vous en dire ?

Je dirais qu’elle est à l’image de la scène politique telle que nous la vivons aujourd’hui car, comme le dit là aussi un adage arabe « les sujets sont à l’image du Prince », et à scène politique de niveau bas, presse nationale de bas niveau ; nous n’avons, en Mauritanie, que la presse que nous méritons.

Ceci est d’autant plus regrettable que d’énormes potentialités existent ; intelligence, culture, qualité de l’expression écrite comme orale en Arabe comme en Français.

Nous aurons la presse que mérite et postule notre tradition civilisationnelle et culturelle et que commande la coexistence dans le monde où nous vivons, seulement lorsque, à l’instar de la plupart des pays de notre environnement, nous aurons établi un pouvoir véritablement démocratique et généré des acteurs de la vie politique capables de porter à ce pouvoir une contradiction déterminée mais constructive ou un soutien motivé en conscience et désintéressé. Restera alors à séparer le bon grain de l’ivraie en cessant de distribuer, inconsidérément, les cartes et licences de presse.

Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh

le calame

Division au sein de la CVE : Le ver était-il dans le fruit ?

altVisant a priori à soutenir un même candidat à la dernière présidentielle et essentiellement formée de partis politiques à leadership négro-africain, la coalition Vivre ensemble (CVE) vient de connaître l’épilogue de dissensions apparues au cours du mois d’Octobre.  Ses nombreux militants et sympathisants s’interrogeaient sur les perspectives d’avenir de ce regroupement de circonstances. Et les voilà désagréablement surpris d’apprendre qu’il a fini par perdre une partie de son âme. Après un long silence et de longues discussions, l’AJD/MR d’Ibrahima Moctar Sarr, les Forces Progressistes du changement  (FPC) de Samba Thiam  et le Mouvement Touche pas à Ma Nationalité (MTPN) présidé par le docteur Alassane Dia ont en effet décidé de claquer la porte de la CVE. Le MPR, le PLEIJ, Arc- en-ciel, le FRUD, le FP, UNDD, Kawtal et diverses personnalités ont opté, rapporte Kane Hamidou Baba, pour «Â un saut qualitatif, en mettant en place une nouvelle CVE dotée d’une charte et des instances ». Même si ce groupe refuse de parler de parti politique, cela y ressemble fortement. Pour preuve, l’annonce d’une prochaine campagne d’implantation dans  le pays.

Comment en est-on arrivé là ?

La fondation de la première CVE, quelques mois avant la présidentielle, répondait à un appel pressant de la base des partis politiques à leadership négro-africain dont les leaders se voyaient reprocher un égoïsme synonyme d’émiettement des forces. Et les militants de rappeler, pour preuve, les résultats des dernières municipales, législatives et régionales dont Arc-en-ciel, AJD et MPR étaient sortis fortement laminés. Comme, du reste, de nombreux autres partis désormais condamnés à disparaître, faute d’avoir obtenu, aux termes même de la loi, «Â 1% des suffrages, après à deux élections locales successives ». Dangereusement dispersés, les partis négro-africains voyaient alors en quelque sorte  l’occasion de se rattraper avec la présidentielle : ainsi fut conçue la CVE. Si  son accouchement se déroula sans problème, le choix de son  candidat laissa par contre un malaise dans les rangs. D’abord parce que les critères de sélection préalablement retenus ne furent pas respectés, obligeant le conclave tenu chez Anne Amadou Baba Ly  à  organiser comme une «Â primaire »Â  entre Kane Hamidou Baba et Samba Thiam. Le second apparaissait le « candidat favori » mais ce fut le premier qui l’emporta et devint ainsi le candidat de la CVE à la présidentielle. La campagne aura subi les conséquences de ce premier accroc. L’AJD et les FPC se virent  accusés, par certains proches de KHB, de traîner les pieds. Un des présidents des autres partis nous dit alors, en off, que ceux-là leur mettaient des «Â bâtons dans les roues », tandis qu’en face, on accuse certains de jouer le jeu du pouvoir, n’hésitant à parler de «Â coup de force » pour « imposer le président du MPR ».

Mission commandée ?

Et, pour cause, la présence, à l’assemblée générale de désignation du candidat, d’un conseiller à la présidence de la République. L’homme aurait avoué plus tard qu’il avait mission d’aider la CVE à trouver un candidat. Mais pourquoi et par qui ce conseiller d’Ould  Abdel Aziz  avait-il été invité ? S’en suivit un intense débat sur les réseaux sociaux,  jetant le discrédit  sur la CVE et la crédibilité de son choix. Prélude à une remarquable discrétion, durant la campagne, des chefs de partis qui avaient émis de grosses réserves sur ce qui s’est passé chez Anne Amadou Baba Ly.  Mais au final, la CVE s’en sortit bien, avec près de 9% des suffrages obtenus par KHB.  Le malaise persistait cependant. Ses racines semblent beaucoup plus profondes qu’un désaccord conjoncturel. En ceci que les uns et les autres n’ont ni la même vision de la Mauritanie, ni le même parcours politique, ni le même militantisme. Et  de s’accuser mutuellement : les uns d’extrémisme, les autres de  mollesse, voire connivence avec le pouvoir. La représentativité de la CVE était aussi en cause. On indexait un communautarisme que révèlerait la surreprésentation de la  composante pulaar  dont une importante partie des cadres militent  dans le principal parti de la majorité présidentielle, l’UPR ; l’UFP en ayant  aussi sa part. Certes ceux-ci ont été presque tous laminés en leur fief par le candidat de la CVE, tant la demande de la base était forte. Bien que ces cadres négro-africains aient repris publiquement  les revendications  jusqu’ici  portées  par l’AJD, les FPC, les FLAM et le PLEJ – la «Â bande des 4 » qualifiés d’extrémistes – ceux-là n’ont  eu qu’à constater les dégâts face à l’espèce de déferlante contestataire. Beaucoup se sont employés à saper les rangs de la CVE. En vain. Et l’hémorragie ne s’arrêtait pas là, puisque nombre d’électeurs choisirent de soutenir Biram Dah Abeid, reconnaissant en lui leur porte-drapeau, seul réel défenseur de leurs revendications. Les autres composantes négro-africaines, comme les Soninkés et les Wolofs,  étaient  peu présentes au sein de la coalition. Ne parlons pas la composante  maure, juste suggérée par le Front Populaire de Ch’Bih.

Tension aiguisée

Enfin, si la diaspora a joué un rôle important dans la campagne et dans  la mobilisation des militants au profit de la CVE, nombre de ses messages relayés par les  réseaux sociaux  ont  surtout aiguisé la tension intercommunautaire. Des appels à la casse  et à la violence  ont été propagés sur la Toile, au final aimables prétextes aux  forces armées et de sécurité pour mater les militants et sympathisants de la Coalition, dès le lendemain de la présidentielle du 22 juin. Plusieurs quartiers  de Nouakchott furent placés sous un état de siège qui ne disait pas son  nom. Dans la foulée,  le président des FPC   était arrêté et interné au centre de détention des terroristes de Nouakchott. S’en suivit une forte campagne de dénigrement de la CVE dont les responsables seront  traités, en vrac,  d’« extrémistes »Â  et de « communautaristes », alors que l’esprit de sa fondation est d’œuvrer pour une Mauritanie égalitaire, démocratique et équitable dans son développement.

Le départ de plusieurs de ses importants  acteurs donne les coudées franches, aux soutiens de Kane Hamidou Baba, de poursuivre l’important  travail abattu ces derniers mois, en mettant en place de nouvelles instances et en engageant une campagne d’implantation. Ce faisant, affirme l’ancien candidat à la présidentielle, la CVE nouvelle répond à l’appel de ses militants et sympathisants qui ont souhaité le maintien et le renforcement du mouvement initié. «Â Une bouée de sauvetage », commente un confère, «Â pour  des partis sans plus de récépissé, depuis la débâcle des dernières élections locales et législatives »… Mais la division de la coalition initiale n’en est pas moins très mal vécue par les militants et sympathisants qui avaient cru trouver, en ce mouvement, un outil idéal pour rassembler les énergies au combat contre un système qui les marginalise chaque jour un peu plus depuis  l’indépendance de la Mauritanie. Le pouvoir qui craint, par-dessus tout, l’union raciale des Noirs – Haratines et Négro-africains – a-t-il joué un rôle et le cas échéant, lequel, dans cette fracture de la CVE ? Suffira-t-elle à conjurer une remise  en cause du système en place de plus en plus réclamée par les populations ?

DL

le calame