Monthly Archives: March 2019
Remplacement des noms des rues De Gaulle et Kennedy par des noms de personnalités nationales
Le conseil municipal de Tevragh Zeina, dans la capitale Nouakchott a approuvé, lors d’une réunion tenue lundi 11 mars 2019, une délibération autorisant de changer les noms de certaines rues de la moughataa, pour qu’elles portent les noms de personnalités nationales.
En vertu des décisions du conseil municipal, les noms des deux rues suivantes ont été remplacés: Rue Charles de Gaulle, devient : rue de l’érudit, El Haj Oumar Tall, Rue John F. Kennedy Street, devient : rue de l’érudit Bouddah Ould El Bousseiry
Le nom de l’ancien président Moustapha Ould Mohamed Salek a également été attribué à la route passant devant le ministère des affaires étrangères en direction de Big Market.
Le remplacement des noms de ces rues intervient quelques semaines après le remplacement du nom de la rue Gamal Abdel Nasser par le nom de “Rue de l’unité nationale”.
Source : https://www.alakhbar.info/?q=node/16439
Traduit par Adrar.info
Algérie: Bouteflika renonce à briguer un 5e mandat, le scrutin reporté
La candidature du président algérien, en poste depuis 1999, à l’élection présidentielle prévue le 18 avril avait provoqué des manifestations massives dans tout le pays.
Il indique toutefois implicitement qu’il restera chef de l’État à l’expiration de son mandat, le 28 avril prochain, l’élection étant reportée. Coup de tonnerre en Algérie. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, confronté depuis deux semaines à une contestation inédite en 20 ans de pouvoir, a annoncé lundi renoncer à briguer un 5e mandat et le report sine die de la présidentielle prévue le 18 avril.
Le président Bouteflika avait regagné l’Algérie dimanche, à l’issue de deux semaines d’hospitalisation en Suisse pour des «examens médicaux».
Dans un message à la nation publié par l’agence officielle APS, il précise que la présidentielle aura lieu «dans le prolongement» d’une conférence nationale» chargée de réformer le système politique et d’élaborer un projet de Constitution d’ici fin 2019.
En s’engageant dans ce texte «à remettre les charges et les prérogatives de président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu», Abdelaziz Bouteflika indique implicitement qu’il restera chef de l’État à l’expiration de son mandat le 28 avril 2019.
«Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République», déclare Abdelaziz Bouteflika dans ce texte.
«Il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain», poursuit le président algérien disant ainsi «satisfaire une demande pressante que vous (Algériens) avez été nombreux à m’adresser».
La prochaine présidentielle «aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante (…) équitablement représentative de la société algérienne comme des sensibilités qui la parcourent» qui «devra s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année 2019», ajoute Abdelaziz Bouteflika.
Le figaro.fr
Interrogations concernant les raisons de l’absence de Ould Baya en ce moment precis ??
Plusieurs observateurs locaux se posent des questions sur les raisons de l’absence du président de l’Assemblée nationale, Cheikh Ould Baya, des événements qui se succédent actuellement dans le pays.
L’homme a été imposé député à l’Assemblée nationale pour la moughataa de Zouerate , capitale de la Wilaya du Tiris Zemmour, puis élu président du parlement,dans l’attente -selon les milieux Nouakchottois-de sa désignation , par le président Ould Abdel Aziz , comme candidat aux futures elections présisdentielles .
Soudainement Aziz a renoncé à cette option et l’homme s’est précipité, dés l’annonce de la candidature de Ould Ghazouani pour confirmer son soutien à cette option. Mais n’a, depuis, montré aucune présence réelle dans le mouvement en rapport avec cette candidature .
Mieux!!! Ould Baya s’est absenté de la cérémonie d’annonce de la candidature de Ould Ghazouani. Il n’a pas , non plus, assisté au congrés de Union pour la République(UPR) , en plus de son absence à d’autres événements qu’il était censé assister.
La plupart des observateurs s’interrogent sur les raisons de cette absence de l’homme , malgré la sensibilité de l’étape et la nécessité qu’il l’assiste et ce, d’autant plus que de nombreuses sources affirment qu’il se trouve actuellement dans la Badya du Tiris Zemmour.
Source : http://meyadin.net/node/14268
Traduit par adrar.info
JIF* : De la mère en général. De la mère du Général. De la mère patrie en particulier. Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – A-t-on jamais vu un candidat, à une élection présidentielle, venir accompagné de sa propre mère pour déclarer sa candidature. Ould Ghazouani l’a fait. Pourquoi l’a-t-il fait et était-ce nécessaire dans la course à la présidence?
De la mère en général
On s’est fait tous accompagner de nos mères jusque tard dans le primaire, puis nous ne les retrouvions plus qu’au sein du foyer familial. Adolescents puis adultes, nous sommes devenus, et nos mères nous suivaient toujours mais nous ne les emportions pas avec nous, même si nous les portions dans nos cœurs.
Au crépuscule de nos vies nous nous rendons cependant compte que nous avons perdu quelque chose, de précieux et d’irremplaçable, la présence de nos mères et quand elles quittent ce monde nous nous prenons à regretter chaque instant que nous n’avons pas pu passer à leurs côtés. Les responsabilités, l’éloignement contribuant à cela, nous aurions bien aimé n’avoir jamais fait ce parcours de vie pour un souffle de vie d’une mère.
De la mère du Général
Ould Ghazouani, à la tribune, tous les yeux étaient pour sa mère. C’était elle la vedette. Celle qui par ce geste a montré que l’humilité, en toutes circonstances mêmes officielles, est un héritage.
Ould Ghazouani, à la tribune, s’est effacé, ni candidat, en particulier, ni militaire, en général. Il aurait pu faire un discours inachevé que cela passerait inaperçu. Mais la présence de sa propre mère constitue en elle-même, un bien plus long et plus précieux discours que celui qu’il a tenu. Elle en constitue le chapitre manquant, que par son chapelet, elle est venue combler.
En cette fête internationale de la femme se rappeler la présence de cette mère à la tribune aux côtés de son fils, en course pour une présidentielle, est un réel hommage à la femme. Celle qui élève et grandit l’homme. Elle n’a cependant dit mot durant une telle cérémonie et pourtant tout parlait pour elle. Il lui doit tout jusque ses étoiles.
Ould Ghazouani connait certainement bien l’hadith du Prophète Mohamed PSL: « le paradis est sous le talon de la mère ». Et les dispositions de surate el Isra : « N’assigne point à Allah d’autre divinité; sinon tu te trouveras méprisé et abandonné. Et ton Seigneur a décrété: ‹ n’adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les père et mère: si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi; alors ne leur dis point: ‹Fi!› et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses et par miséricorde; abaisse pour eux l’aile de l’humilité; et dis : ‹Ô mon Seigneur, fais-leur; à tous deux; miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit.›»
De la mère patrie en particulier
Servir sa propre mère, pour venir servir sa mère patrie, il y a là une similitude qui ne peut échapper à l’observateur. De quoi dénoterait-elle alors ? Il ne fait pas de doute qu’une telle personne qui place sa propre mère dans un tel niveau de respect et de dignité, ne pourrait qu’en faire autant pour sa mère patrie.
Alors la question est : pourquoi la mère patrie est aujourd’hui dans un tel état de pauvreté de dénuement, de misère et de sous-développement ?
Une mère patrie dont 46% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, dont 26 % de déshérités sans logement, avec 90% sans prévoyance ni sécurité sociale, 75% de sa jeunesse au chômage. Ses 85 % de femmes sans emploi, ses 78 % de familles vivant de l’informel, ses 75 % vivant de l’aide alimentaire internationale, ses 90% de ses richesses entre les mains de 5 % de la population, ses 60% d’analphabètes, ses 78 pour mille de mortalité infantile, son 0,6 d’indice de développement humain, son administration à 99 % corrompue, ses politiques à 100% aigris, ses intellectuels à 90% suivistes, ses fonctionnaires à 100% endettés, ses ambassades duty-free, son gouvernement de laudateurs, ses commerçants banquiers-véreux, ses sénateurs-commerçants, ses députés sans assemblée, ses hôpitaux mouroir, ses pharmacies-boutiques, son économie surendettée, ses régions déshéritées, sa police corrompue, son armée piégée, ses écoles bradées, ses élèves entassés, ses enseignants déconsidérés, ses familles en déliquescence, ses enfants dans la rue, ses mendiants dans les avenues, ses imams putschistes, sa justice avariée, son riz en primature, sa société en otage, son président insatiable, sa dignité bafouée, son peuple piétiné, son désert qui avance, et sa mer qui monte, ses quartiers nauséabonds, ses bidonvilles à ciel ouvert, sa drogue à fleur de rue, ses médias confisqués, ses consciences achetées, son pétrole liquidé, ses contrats falsifiés, ses terroristes déguisés, ses marchés publics privés, son trésor public pillé…
Pourquoi nous portons nos mères aux cimes et oublions la mère de toutes les mères, la mère patrie ?
Si le paradis est dans la révérence à la mère, où mèneront alors les souffrances de la mère patrie ?
L’amour de la patrie est un acte de foi.
Ould Ghazouani, aujourd’hui simple particulier, œuvrera-t-il, s’il est élu, et contrairement à ses prédécesseurs et ceux avec lesquels il a collaboré porter sa mère patrie à la tribune des nations développées ?
Il est probable que portant sa propre mère à la tribune, c’est le message implicite et subliminal du candidat Ould Ghazouani à la présidence.
Il est vrai que l’amour de la patrie est une profession de foi. Tout autant que celui d’une mère.
Et seuls les actes comptent.
Pr ELY Mustapha
JIF* : Journée internationale de la femme
cridem
8 Mars : La femme mauritanienne et son apport traversant les âges… Par MS.Homody
Prologue : a) ils ont dit, hier, de la femme mauritanienne : « …Les femmes sont d’une grande beauté. Elles comptent plus que les hommes. La condition de ce peuple est étonnante et ses mœurs sont bizarres. Quant aux hommes, ils ne sont nullement jaloux de (pour) leurs femmes… »nous dit Ibn Batouta relatant son voyage, au XIV° siècle, chez les Messoufites de Oualata.(cf. La traduction en français « Voyages d’Ibn Batouta, tome 3?La découverte, Paris 1997 ; et pour l’original arabe : “ Rihlett Ibn Batoutta” Dar El Koutoub El Ilmiya , Beyrouth, 1413 H et 1992.)Cinq siècles plus tard un autre observateur, le français René Caillé, notre Ould Keyje, est impressionné, lui aussi, par la Mauresque du Brakna : »…Ces mauresses conservent plus d’entreprise sur leurs maris que nos dames françaises… » (voyage à Tombouctou; Tome, I FM/la découverte, Paris 1979.)
b) ils ont dit, aujourd’hui, de la femme mauritanienne :
Mokhtar Ould Daddah en 1975 :« Les comportements discriminatoires dont sont victimes les femmes de notre pays, du fait d’une interprétation obsucurantiste de l’Islam orthodoxe sont condamnables…parce que contraires à l’Islam et donc aux orientations démocratiques de notre société. » ( Charte du Parti du Peuple Mauritanien adoptée par le IV congrès ordinaire en Août 1975.)
Maaouya Ould Taya, 11 ans plus tard :« …En particulier, la femme, par l’impact qu’elle a sur les enfants du fait de leur éducation dont elle est la première responsable, a le droit et le devoir de s’instruire et d’être la gardienne des valeurs fondamentales de la société…la femme mauritanienne…a droit à l’éducation, au travail et à la responsabilité. » (Maaouya Ould Taya, discours de Néma le 5 mars 1986.)
Je suis fort flatté, au nom de générations et de générations de mères, grandes-mères, arrières grandes-mères, etc. pour ces témoignages. Mais la femme maure, et la femme mauritanienne en général, mérite beaucoup plus qu’une reconnaissance de son indiscutable beauté, de sa légendaire force de caractère ou q’une condamnation des injustices commises à son endroit ou que la proclamation de ses droits inaliénables. La femme en ce pays, comme son partenaire masculin, et parfois plus et mieux que lui, a contribué, en de nombreux domaines, à préserver l’identité plurielle du pays, à éduquer des générations, à utiliser ses bras et son savoir- faire pour la production d’indispensables biens et services de grande qualité et utilité.
Mais avant d’examiner ces aspects spécifiques de la contribution de la femme mauritanienne, toutes ethnies et époques confondues, faisons meilleure connaissance avec :
– 1) les traditions culturelles sacrées ou profanes relatives à la femme ;
– 2) un bref rappel de l’histoire des femmes dans la vie publique ;
– 3) le rôle et la contribution de la femme dans cette vie publique;
– 4) les perspectives telles qu’elles m’apparaissent.
Contrairement à la pratique de la plus part des pays d’Islam et aux légendes répandues et exploitées par tous ceux que l’Islam dérange pour mille et une raisons, la femme n’est pas l’objet d’une oppression ou d’une discrimination par les deux sources fondamentales de la religion : le texte du Coran et la Sunna ( déclarations authentifiées et action du prophète).Le Coran, en particulier, et amplement, s’adresse en un même verset aux «musulmans et musulmanes », « croyants et croyantes », « faiseurs de bien et faiseuses de bien », « fornicateurs et fornicatrices » etc.
et les astreint aux mêmes devoirs et leur accorde les mêmes droits, mis à part l’Imamat de la prière ( et donc la direction temporelle liée à cette fonction), la fonction de Cadi et la part minorée de l’héritage. Encore que cette question de l’héritage qui a fait couler beaucoup d’encre doit être bien nuancée. Ainsi ceux qui attaquent la ‘discrimination des femmes par la Charia pour l’héritage’ oublient, pas toujours de bonne foi, que dans certains cas les tantes paternelles aident à conserver un héritage au complet à leurs nièces ; que la femme pour l’Islam, a la latitude de garder une séparation des biens et que, contrairement aux législations occidentales, il n’est pas permis de déshériter l’héritier, singulier ou pluriel. Rappelons aussi que si pour l’Islam le mâle « hérite du double de la part de la femelle » (règle non systématique mais il serait fastidieux et franchement rébarbatif de détailler cette savante question), il a l’obligation religieuse de subvenir aux besoins de sa parenté féminine ne disposant pas d’un « soutien adéquat.»
Je ferai deux simples citations du Livre Saint montrant l’importance de la femme auprès d’Allah : a) « …Dieu a entendu la voix de celle qui a plaidé chez toi contre son mari et a élevé des plaintes à Dieu… » ( Sourate LXVIII, la plaideuse) et b) « respectez les entrailles qui vous ont porté… » ( Sourate 1V les femmes.)
Pour un regard égalitaire du prophète (sur lui le salut) je me contenterai de citer cet aphorisme : « couvre la faiblesse de ton frère ou de ta sœur et Dieu pardonnera ton imperfection le jour du jugement. »
D’autre part dans notre Histoire mémorisée comme dans nos traditions, la femme est traitée avec les faveurs et les défaveurs de son groupe social. Mais toujours, comme dit l’adage maure qui doit avoir certainement son équivalent chez les trois autres communautés socio-culturelles : « la femme est la toge du gentilhomme et la chaussure du chien… » Et, pour simple mémoire, l’actualité ancienne ou plus récente a enregistré cinq pays islamiques qui ont eu à leur tête une présidente (Indonésie) ou une première ministre ( Bengladesh, Turquie, Pakistan et Sénégal.)
Dans nos sociétés traditionnelles le rôle de la femme, surtout des classes dirigeantes, guerriers et lettrés, était notable mais discret. Nous ne pourrons consigner à ce titre que la période qui précède immédiatement l’indépendance et le parcours de la femme et des organisations et groupements féminins depuis 1960.
L’émergence des femmes, à partir de 1946, dans la vie politique à l’occidentale a été marginale, sinon insignifiante, tout comme leurs partenaires masculins. C’est la création de partis politiques, puis l’instauration du suffrage universel, aux élections de 1951, que la passion engagée des femmes va être sollicitée par les deux partis rivaux de l’époque( Entente mauritanienne et Parti Progressiste mauritanien. Avec la Nahda, née en août 1958, les femmes, en pays arabophone notamment, constitueront ses éléments de chocs les plus décidés. L’indépendance engagera les femmes, à partir de 1962-1963 vers des organisations autonomes : l’Union Féminine de Mauritanie et sa rivale la Ligue Féminine de Mauritanie. Seule, la première, qui bénéficiait du soutien du Parti du Peuple Mauritanien, (PPM) qui venait de naître, et de son gouvernement a pu se maintenir.
Après le congrès extraordinaire du Parti du peuple mauritanien, à Kaédi en 1964, qui prépare l’institutionnalisation du PPM, et le IIe congrès ordinaire, à Aïoun el Atrouss en 1966, le mouvement féminin est dit « mouvement parallèle du parti .» Le parti, lui, est désormais décrété « Parti Unique de l’Etat » avec l’amendement, le 12 février 1965, de l’article 9 de la constitution de mai 1961. Au lendemain du III congrès du PPM, en janvier 1968, le mouvement parallèle devient le Mouvement National des Femmes avec un Conseil Supérieur de I5 membres (dont les secrétaires fédérales des femmes des 8 régions, d’alors, du pays) désignées par le Bureau Politique National du PPM et régi par un règlement spécial. Au congrès extraordinaire de juillet 1971, la présidente de ce Conseil Supérieur des Femmes devient membre de droit du Bureau Politique National, parti unique, avec rang de ministre.
Elle deviendra, en 1975 (année internationale de la femme de l’ONU) ministre de « la Protection de la Famille et des Affaires Sociales » en la personne de Madame Aïssata Mame Diack Kane. Le coup d’état militaire de juillet 1978 dissoudra le PPM et ses mouvements nationaux, en particulier le mouvement national des femmes. Il faudra attendre la mise en place des Structures d’Education de Masses ou SEM pour que la femme, à partir du début des années 80, revient sur la scène en militant au sein de ces structures gérées par la Permanence du Comité Militaire de Salut National (CMSN), organe suprême du pouvoir militaire d’exception. Le discours à Néma (dont un extrait est cité plus haut), le 5 mars 1986, du président du CMSN ,ramène la question de la femme et l’évocation de ses droits dans l’actualité.
En novembre 1986, à l’occasion des élections pluralistes municipales dans les 12 capitales régionales et à Nouakchott, les femmes réapparaissent comme élément incontournable de la scène politique, animant les campagnes électorales et faisant la différence dans les urnes. Cette tendance sera encore plus perceptible à l’occasion du déclenchement du processus démocratique et la légalisation du multipartisme en juillet 1991.Présentes dans les directions des partis, participantes actives dans les manifestations, alimentant avec verve le discours et les joutes oratoires etc. les femmes s’imposent comme acteur politique émergent, mais actif et conquérant.
Depuis lors le gouvernement compte régulièrement plusieurs femmes. Les deux chambres du parlement et les conseils municipaux englobent des femmes dont la compétence et le courage des prises de position ajoutent un plus à l’aura, communément admis, de nos femmes : leur inestimable apport, hier et depuis toujours, dans tous les domaines de la vie nationale et les perspectives escomptées d’une contribution importante, et surtout indispensable, à la Mauritanie d’aujourd’hui et à celle de demain.
Il est difficile, sans aucun doute, d’évaluer correctement cet apport de la femme mauritanienne, citadine, rurale ou nomade; arabe, poular, soninké ou wolof, à l’édification de notre pluriséculaire patrimoine national. Comme il est difficile de connaître sa contribution actuelle sur deux plans essentiels : le social et l’économique. De tous temps, elle a joué un rôle marquant dans de nombreux domaines de la vie communautaire de son groupement socio-culturel.
Les différences sont, somme toutes, objectivement significatives, entre les natures et les degrés d’implication des femmes, épousant les traditions particulières de leur ethnie, région, tribu ou clan, et la place dévolue à leur condition sociale. Elle embrasse, cette implication, l’ensemble des secteurs d’activité de la cité ou du clan. Quoi qu’il en soit, hier comme aujourd’hui et, nous l’espérons, demain, la femme, au sein de chaque composante de la société mauritanienne, est, était et restera, partie prenante incontournable en sa qualité de:
– Lien de renforcement du tissu social et élément essentiel de sa trame;
– Courroie de transmission, entre générations, des traditions culturelles orales;
– Ecole initiatique aux us et coutumes;
– Praticienne et transmetteur des sciences et techniques traditionnelles;
– Agent économique efficient.
* Lien de renforcement du tissu social et élément essentiel de sa trame:
En effet, la mauritanienne, par les mariages mixtes, a constitué, perdurant encore, le trait d’union réel qui a permis un malaxage fécond entre gens de différentes castes, tribus, régions et « races. » Cette femme, touts particularismes confondus, est, également, la gérante du mouvement de l’état civil de sa communauté, grande et petite, à l’occasion des mariages, des baptêmes, divorces et décès.
* Courroie de transmission des traditions, de génération à génération:
Les discussions entre hommes, en raison de la pudeur due aux différences d’âges et, pour les arabophones, des rapports gendres-beaux pères, sont réduites au strict minimum. Ces relations excluent souvent, entre majeurs, toute intimité, tout sentimentalisme, tout sujet explicitement relatif aux sexes et, même, des sujets familiaux anodins. Les filles, elles, cessent de s’asseoir avec les pères, oncles, cousins et frères plus âgées dès la fin de la première enfance. Ce cloisonnement accroît encore plus la responsabilité de la femme qui devient ainsi le maître d’œuvre de l’éducation dans son sens le plus large, et ce, en vertu de son « privilège d’intimité. »
Ainsi, c’est la femme qui transmet à ses filles, nièces et petites filles l’impressionnant répertoire du groupe en contes et légendes et en anthologies poétiques ou en gestes épiques. C’est, encore, elle qui imprime, souvent, chez l’enfant mâle, jusque l’adolescence et son entrée en l’univers des hommes, la même pluriséculaire mémoire.
*Ecole initiatique aux us et coutumes:
La femme arabe, poular, soninké ou wolof est la répétitrice qui permet aux filles et aux garçons du clan de connaître les exploits des ancêtres pour en être fiers, chérir leur souvenir et solliciter, pour eux, la bénédiction d’Allah. Cette saga, quelle que soit la modestie de l’origine familiale, est conservée pieusement, enrichie sans cesse d’histoires, vraies ou fausses, toujours valorisantes et resservies à la génération suivante.
La femme mauritanienne assume aussi l’initiation de la fille et son apprentissage pour son futur rôle d’épouse et de mère. Il lui est transmis, en particulier, la bonne conduite à tenir dans sa future famille, tout comme les subtils jeux de scène et de séduction devant maintenir un joug sur le conjoint. Le garçon ou l’adolescent est souvent l’objet de cours initiatiques par sa mère, sa tante, sa grande sœur ou sa cousine ou toute proche parente chargée de cette mission. Il apprend ainsi le code de la pudeur, celui de la politesse, de la conduite à tenir en présence d’aînés, même inconnus. Bref, comme soulignait une française familière de la Mauritanie d’hier, « …il apprenait à connaître (et tenir) sa place dans le Cosmos… » (Odette du Puigaudeau.)
*praticienne et transmetteur des sciences et techniques traditionnelles:
La femme mauritanienne, même dans les présents temps malgré l’extension de la couverture médicale moderne, continue d’être une praticienne experte à laquelle beaucoup ont recours pour la gynécologie, les accouchements et la pédiatrie. Elle en perpétue l’usage en transmettant ce savoir, et de préférence, à ses filles, nièces, petites filles et belles filles. D’autre part, il existe bien des héritiers de grandes familles spécialistes de pharmacopée mauritanienne et de médecine traditionnelle, mais les femmes, consommatrices de l’une et clientes de l’autre, ont une connaissance plus approfondie que les hommes de ces sciences héritées. Une autre science, celle de la cuisine, est, contrairement à d’autres sociétés, entièrement affaire de femmes.
Cet art culinaire mauritanien, fort rudimentaire, mis à part les recettes des quatre cités ‘patrimoine de l’Humanité’ (Chinguetti,Ouadane, Oualata et Ticitt) et les groupements Soninké, est pratiqué tant par les castes serviles, dont s’est la fonction, que beaucoup de femmes des classes dites dirigeantes, notamment dans les cités pré-coloniales.
Beaucoup de techniques sont, elles aussi, l’apanage des femmes par fonction (cordonnières, femmes de pêcheurs ou de chasseurs etc.) ou simplement par exigence de vie. Ces techniques sont parfois rurales: récolte et conservation des fruits (dattes principalement), des produits de cueillette (gomme arabique et pain de singe en particulier), des graines (blé,orge, maïs, mil, sorgho etc.) etc. Elles concernent, quelquefois, exploitation des produits de la pêche (Imraguen et Thiouballo en particulier) et professions similaires ou de la chasse (N’Madi et collectivités qui pratiquent la même activité.)
Parfois ces techniques sont la spécialité des femmes citadines, rurales et nomades indistinctement: tissage des tentes à poil et des tapis, confection de meubles, harnachements, outils, armes, poteries, objets tannés, vannerie, teinturerie, transformation des produits de l’élevage etc.
*Agent économique efficient:
Quoique bien prépondérant, le rôle économique joué dans la société traditionnelle par la femme a été le moins visible. Dans la société maure arabophone, traire les moutons et chèvres, transformer les produits laitiers; transformer les produits agricoles; vêtir les gens, les meubler, leur procurer les outres, les sacs de transport du nécessaire de l’homme et de la femme etc. était le produit du labeur féminin. La femme soninké avait une autre grande et difficile tâche: l’exploitation des champs depuis le semi jusqu’à la récolte. Elle s’occupait souvent, pour une autre catégorie sociale, du travail raffiné de la teinturerie etc.. La femme poular aidait à l’exécution de certaines tâches agricoles, et au traitement des produits de l’élevage, en plus de la vannerie etc. Je ne doute pas qu’un suivi statistique de notre économie traditionnelle, s’il existait antérieurement aux assauts des produits coloniaux, à l’exode rural et à l’étonnant rejet par la majorité des mauritaniens, aurait nettement indiqué que l’apport économique de la femme surclasse nettement celui de son partenaire masculin.
Aujourd’hui les femmes, regroupées en des associations comme l’UMAFEC et d’autres ou à titre individuel ou familial font preuve d’ingéniosité, de talent et de témérité dans le commerce et autres activités à but lucratif (artisanat, coopératives agricoles, tissage, couture etc.)
Parler d’ »héritage » et de « patrimoine », c’est adresser un capital partagé du passé qui se conserve, plus ou moins, dans le présent et qui pourra, et devra en tout cas, pour ses aspects positifs et utiles, être réutilisés dans le futur. Ces préoccupations peuvent avoir une raison économique objective. Elles peuvent être suscitées par un impératif social. Elles peuvent jaillir d’une motivation identitaire. Le cas particulier de la femme mauritanienne par rapport à ce patrimoine dépend, en vérité, de plusieurs facteurs. D’abord la raison comptable, qui suppose la réhabilitation de la partie économique de ce patrimoine encore récupérable pour le temps présent (artisanat utilitaire, teinturerie, poterie, certaines productions de l’élevage et de l ‘agriculture etc.)
Ensuite, l’impératif social de la lutte contre la pauvreté, concerne l’opportunité offerte à une frange importante de notre population féminine de se libérer de la dépendance politique et matérielle, par son association à une création bénéfique, sans intermédiaire, de la richesse. Enfin, nous avons besoin de conserver et valoriser toute la partie de notre patrimoine liée à notre identité. Dans un monde, de plus en plus, manquant de repères, il faut donner aux générations montantes une raison d’assumer leur héritage national avec fierté et contribuer, par la même occasion, à la mobilisation de toutes les énergies au progrès économique et social de la Mauritanie. L’apport et le dynamisme de la femme mauritanienne instruite, respectée et responsabilisée peut et doit, amplement, y contribuer. Quelle chance! Quelle fierté! Quel bonheur !
Le 7 mars 2005.
Mohamed-Saïd Ould Hamody
DARAR-INFO