Daily Archives: 28/02/2019
Présidentielle 2019 : Macky réélu au premier tour
Le président de la Commission nationale de recensement des votes, juge Demba Kandji, a donné, ce jeudi, les résultats de la présidentielle du 24 février 2019. Il a annoncé la réélection au premier tour du Président sortant, Macky Sall, avec 58,27%.
Il est suivi par Idrissa Seck, qui a obtenu 20,50%. Ousmane Sonko est troisième avec 15,67%. Issa Sall et Madické Niang ferment la marche avec, respectivement, 4,07% et 1,48%.
Sur plus de six millions d’inscrits, 4 millions 383 mille 879 suffrages se sont valablement exprimés, soit un taux de participation de 66,23%.
Avant de donner les résultats, le juge Demba Kandji a tenu à signaler que ces résultats prennent en compte l’ensemble des bureaux de vote, sauf ceux trois de Port-Gentil au Gabon et quelques-uns d’Italie.
Il a aussi signalé que lors de la réunion précédant la proclamation des résultats provisoires, Idrissa Seck n’était pas représenté. Sa plénipotentiaire, qui prenait part jusque-là aux travaux de la commission, ne s’est pas présentée ce jeudi, selon le magistrat.
Demba Kandji a également souligné les représentants de Madické Niang, d’Ousmane Sonko et d’Issa Sall ont fait des observations sur le déroulement du vote. Observations qui, renseigne Demba Kandji, seront versées dans le rapport qui sera transmis au Conseil constitutionnel, habilité à donner les résultats définitifs.
Les candidats ont 72 heures pour déposer un recours.
seneweb
Mame Less Camara : “Les choses sont claires aux yeux de ceux qui veulent proclamer les résultats, mais…”
Journaliste et analyste politique, Mame Less Camara se dit convaincu que, sur le plan comptable, les chiffres de la présidentielle sont déjà disponibles, mais puisqu’il y a une sorte d’attente de second tour, le pouvoir est en train de voir comment gérer la réaction qui fera suite à la publication des résultats. Dans cette interview accordée à Seneweb, il revient aussi sur les tendances du vote, la percée d’Ousmane Sonko, la sortie du Premier ministre, notamment.
De 2000 à 2012, le Sénégal était habitué à avoir les résultats de la présidentielle le soir du scrutin ou le lendemain. Pour 2019, l’attente a duré plus longtemps. À quoi devrait-on s’attendre ?
C’est une très mauvaise situation, l’attente pourrit toutes les situations. Ceux qui espèrent que leur candidat passera au premier tour, vont s’impatienter ; il s’agit des partisans de Président sortant, Macky Sall. Cette impatience-là n’est pas bonne. Deuxièmement, ceux qui espèrent un second tour, sont en train de penser que ce temps ne sert à rien d’autre qu’à trouver les moyens qui servent à légitimer ce qu’ils considèrent déjà comme une forfaiture. Dans ce processus-là, il faut faire le plus vite, de la manière la plus fiable bien sûr, mais ne pas trop s’arrêter dans des procédures qui semblent peu compréhensibles, puisqu’on a vu des résultats de deuxième tour proclamé quelque deux à trois heures après le scrutin. Aujourd’hui, les gens se demandent ce qui se passe ; et le doute et les questionnements sont gros de danger.
Que se passe-t-il, selon vous ?
Il y a une sorte de baisse de compétence du point de vue de la fiabilité des opérations de la part des différentes instances, peut-être de la part des différentes personnalités impliquées dans le processus de traitement des élections. Manifestement, on est en perte de compétence, on est moins bon qu’en 2000, 2007 et 2012. Qu’est-ce qui s’est passé, est-ce qu’à force de reconduire les mêmes, ils sont fatigués. Est-ce que le pouvoir sent qu’il y a au niveau des grands centres urbains une sorte d’attente de second tour, et que cette attente, si elle ne se réalise pas, pourrait causer, peut-être, des troubles ? Manifestement, on est en train de prendre des dispositions pour que si ça éclate, qu’il y ait un dispositif capable de l’absorber et de réprimer d’éventuelles émeutes.
“Sonko est le candidat de l’alternative, alors que Idrissa Seck est le candidat de l’alternance. La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet. Idrissa est le continuateur du même système que Sonko n’a cessé de fustiger. Mais le continuateur du système, peut-être selon d’autres modalités.”
Cette crainte explique-t-elle l’important déploiement de forces de l’ordre à Dakar ?
Ils sont quasiment en état d’alerte, on ne sait pas comment ça peut se produire. D’autant plus qu’il est manifeste qu’aucun candidat ne contrôle ceux qui ont voté pour lui. Au plan comptable, j’ai l’impression que les choses sont claires aux yeux de ceux qui veulent proclamer les résultats, mais c’est la manière de gérer les réactions qui suivra la proclamation des résultats qui me semble jeter dans la perplexité les autorités administratives. On n’a pas pu créer des leaders politiques d’envergure. Aucun des cinq candidats n’est un leader auquel on s’attache par affection, par conviction. Il y a simplement des courants qui se sont distribués en fonction des parentés qu’on a avec celui-ci ou celui-là. C’est ce noyau-là qui reste. Ce sont des noyaux parentaux, ce sont de vieux militants devenus quasi inséparable. Mais l’adhésion de la grande masse à tel ou tel autre parti ou leader est une adhésion très molle.
Ils ont trouvé des alliés médiatisés qui ont proclamé leur changement de conviction, de candidat. Cela peut avoir un effet un peu émotionnel sur quelques électeurs, mais véritablement, la transhumance n’est pas le fait de leaders politiques, c’est le fait de publics très versatiles qui peuvent changer de camp à la moindre contrariété. Et ils sont plus nombreux, puisque les partis ont peu de militants, ils ont des compagnons temporaires qui s’activent le temps d’une campagne, parfois motivés par l’argent ou tout autre échange, mais il est difficile de trouver dans les partis des gens encrés dans des convictions politiques, idéologiques. D’ailleurs, il n’y a plus d’idéologie pour renforcer la conviction de ceux qui sont derrière tel ou tel autre leader.
Parlons des tendances. Idrissa Seck avait le soutien de presque l’ensemble des recalés, pourtant il semble au coude-à-coude avec Ousmane Sonko, qui était quasi “seul”. Comment expliquez-vous les scores annoncés de chacun des deux ?
Sonko est le candidat de l’alternative, alors que Idrissa Seck est le candidat de l’alternance. La vraie rupture, c’est ce que Sonko a dans son projet. Idrissa est le continuateur du même système que Sonko n’a cessé de fustiger. Mais le continuateur du système, peut-être selon d’autres modalités. Et très certainement, de la même manière qu’il a hérité des recalés du parrainage, il va hériter de tous ceux qui veulent que les choses changent en restant comme elles étaient. Sonko pourrait mettre en mal tout ce dans quoi le système politique actuel s’arrime depuis la colonisation. Si Sonko reste fidèle à ses annonces depuis un an maintenant, il va chambouler, c’est une vrai révolution, un nouveau parcours, avec de nouveaux hommes, de nouvelles méthodes, de nouvelles institutions peut-être et un autre type de relations internationales, notamment avec les anciens pays colonisateurs, un autre type de rapport avec les richesses nationales qu’un système mondialisé a déjà confisqué avant même qu’on ne les découvrent. Il y a déjà la mainmise du Système sur l’or, le pétrole…
Les Chinois parlent de la route de la Soie, mais les routes de l’Empire sont tout au moins aussi anciennes et plus solides. Les Chinois veulent revitaliser d’autres circuits, mais le circuit actuel est celui de l’ancien empire colonial. De Senghor à Macky Sall, c’est le même système que Ousmane Sonko veut détruire, mettre en cause, et à la place, il dit : ‘arrêter les changements qui ne sont que des effets de surface et faisons l’alternative’. Il y a une autre voie. Comme dit la chanson de Awadi : ‘…un autre monde est possible…’. Mais ce monde-là, il faut le construire en détruisant l’ancien monde qui est celui du Sénégal depuis l’indépendance jusqu’ici. et peut-être même du monde depuis le 20ème siècle.
Au cas où il y a un second tour, comment le symbole de “l’alternative” peut-il s’allier avec celui qui incarne de “l’alternance” ?
C’est du “tout sauf…” ! Au Sénégal, pendant les présidentielles de 2000 et de 2012, on ne parlait plus de programme ou projet. L’urgent est de se débarrasser de celui qui est au pouvoir. Et cela a marché à deux reprises, si bien que le pouvoir sortant a tiré la leçon qui consiste à dire qu’il faut survivre, et survivre, ce n’est plus parler aux populations de programmes, de réalisations, c’est : “cramponnons-nous et restons au pouvoir”, alors que les opposants taisent leurs divergences pour faire partir celui qui est au pouvoir. La situation la plus illustrative de cette perspective, c’est ce qui s’est passé en 2012. Quatorze candidats au premier tour et tous les douze autres éliminés ont soutenu Macky Sall. Wade est sorti de l’élection avec le même score avec lequel il était entré. En 2000, c’était le même score avec Diouf, à quelques décimaux près. Macky a raison de le souligner : le deuxième tour ne pardonne pas le pouvoir sortant.
“Le Premier ministre se tire une balle dans le pied : si son candidat est proclamé vainqueur, il donnera à l’opposition, le prétexte de dire :’on le savait, le Premier ministre l’avait déjà proclamé’. C’est donc une maladresse.”
Les régions les plus reculées de l’intérieur du pays sont étiquetées pro-pouvoir. Pourquoi ?
Le débat politique en Afrique n’existe que dans la capitale et quelques grandes villes. Les médias sont agglutinés littéralement dans ces villes et très souvent, leur portée est assez limitée autour de ces villes. C’est là qu’on voit assez souvent une remise en cause des pouvoirs ou la vie est plus dure. C’est ce qui fait que l’adversité la plus rude est rencontrée par les pouvoirs au sein des centres urbains. Alors que dans les centres ruraux, une certaine tradition s’avère plus tolérante vis-à-vis des écarts du pouvoir que dans les centres urbains. Il faut dire également que plus on s’éloigne de la capitale et des grandes villes, plus le pouvoir d’influence politique des chefferies religieuses restent intact. Dans les villes se constitue une opinion, dans l’arrière-pays, une certaine tradition reste vivace.
Les candidats Idrissa Seck et Ousmane Sonko avancent que le deuxième tour est inévitable. Le Premier ministre Mohammad Dionne, lui, a déclaré son candidat Macky Sall vainqueur au premier tour avec 57%. Qui croire ?
Concernant le Premier ministre, je crois qu’il ne faut pas en rajouter. Tout le monde, y compris dans son propre parti, a réprouvé cette façon cavalière de venir dans l’audiovisuel public pour, contre tous les usages et contre toute forme d’élégance, abuser de sa position gouvernementale, pour décider du résultat d’un processus électoral. Comme on dit, il se tire une balle dans le pied, parce que si son candidat est proclamé vainqueur, lui donnera à l’opposition, le prétexte de dire : on le savait, le Premier ministre l’avait déjà proclamé. C’est donc une maladresse. Concernant les deux autres, il me semble qu’il est de bonne guerre de taire les adversités. Ils vont se battre de manière souterraine, mais ce qu’ils mettent en avant, c’est la mobilisation pour faire perdre Macky Sall comme c’était le cas avec Diouf et Wade.
seneweb
« Raciste », « escroc », « tricheur » : l’ex-avocat de Trump, Michael Cohen, le charge violemment
L’ex-avocat du président américain a été entendu ce mercredi par une commission parlementaire.
L’artillerie lourde. Après l’avoir défendu bec et ongles pendant des années, l’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, l’a lourdement chargé ce mercredi devant la commission d’enquête de la Chambre des représentants, à Washington D.C.
Lisant lors d’une audition diffusée en direct à la télévision un texte de 20 pages, préparé à l’avance et publié par la presse américaine, l’ancien conseil du locataire de la Maison Blanche a dressé un portrait ravageur de l’homme d’affaires devenu 45e président des Etats-Unis, pour qui il a commencé à travailler en 2007.
Un portrait ravageur de Trump, raciste et menteur
Michael Cohen a déclaré que Donald Trump était « bien pire » que ce qu’il a donné à voir notamment sur la question du racisme. « Une fois, il m’a demandé si je pouvais nommer un pays dirigé par une personne noire qui ne soit pas un pays de merde. À l’époque Barack Obama était président des Etats-Unis » a-t-il expliqué.
« Un jour où nous traversions un quartier difficile de Chicago, il a dit que seuls les Noirs pouvaient vivre ainsi. Et il m’a dit que les Noirs ne voteraient jamais pour lui parce qu’ils étaient trop stupides. Et pourtant j’ai continué à travailler pour lui », a-t-il martelé.
Michael Cohen a témoigné de sa honte pour sa loyauté passée envers le président américain : « J’ai honte parce que je sais qui est Donald Trump. C’est un raciste. C’est un escroc. C’est un tricheur ».
Le chèque qui fâche
Sur un tout autre plan, l’avocat a assuré disposer d’« une copie d’un chèque du compte personnel de Donald Trump, produit devant la commission, que ce dernier a signé, après être devenu président, pour me rembourser des paiements secrets que j’ai faits pour cacher sa relation avec une star de films porno et empêcher que cela nuise à sa campagne ».
Un versement de Trump, qui correspondrait au remboursement partiel des 280 000 dollars qu’il a fait verser lors de la campagne à deux femmes, Stormy Daniels et Karen McDougal, pour acheter leur silence sur leurs liaisons supposées avec le milliardaire. Un vrai pavé dans la mare.
Ce point est potentiellement très gênant pour le président puisqu’il suggère qu’il pourrait avoir été associé à des actes répréhensibles – qui ont valu une condamnation à Michael Cohen– une fois à la Maison Blanche.
Des mensonges à la pelle sur la Russie
« Lors de conversations que nous avons eues durant la campagne, alors même que je négociais en Russie pour lui, il me regardait dans les yeux et me disait qu’il n’y avait aucun projet en Russie puis sortait et mentait au peuple américain en répétant la même chose », s’est-il justifié.
Cohen a en effet longuement exposé sa vérité sur les affaires privées du président américain et ses liens avec la Russie, le traitant notamment « d’escroc » et de « tricheur ». Il a également assuré que Donald Trump connaissait à l’avance les révélations de WikiLeaks sur sa rivale Hillary Clinton et expliqué comment il avait eu instruction de mentir sur un projet immobilier en Russie en pleine campagne présidentielle.
« On s’est demandé si j’avais connaissance de preuves directes démontrant que M. Trump, ou son équipe de campagne, avait comploté avec la Russie. Je n’en ai pas. Je veux être clair. Mais j’ai des soupçons », a-t-il également déclaré.
« Autocrate en devenir »
Il a également expliqué comment il avait reçu pour instruction de son ex-patron de mentir sur un projet immobilier en Russie en pleine campagne présidentielle. « Lors de conversations que nous avons eues durant la campagne, alors même que je négociais en Russie pour lui, il me regardait dans les yeux et me disait qu’il n’y avait aucun projet en Russie puis sortait et mentait aux Américains en répétant la même chose ».
« À sa façon, il me disait de mentir », a-t-il conclu. Travailler pour Donald Trump, c’est être prêt à mentir « tous les jours » pour le protéger, a insisté Michael Cohen, dressant le portrait d’un « autocrate » en devenir, selon lui.
Le camp Trump sur la défensive
Donald Trump, actuellement au Vietnam pour un deuxième sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a tenté d’éteindre le feu à distance, en passant par son moyen de communication préféré, Twitter. « Michael Cohen a été l’un parmi de nombreux avocats qui m’ont représenté (malheureusement) », a-t-il écrit. « Il ment afin de réduire sa peine de prison », a-t-il accusé.
Les partisans du président, eux, sont nerveux. Le parlementaire de Floride Matt Gaetz a ainsi adressé à Michael Cohen un message qui a fait grand bruit sur Twitter. « Votre femme et votre beau-père sont-ils au courant pour vos maîtresses ? Ce soir serait peut-être le bon moment pour cette conversation », a-t-il écrit, avant de nier devant la presse avoir voulu intimider le témoin.
Par ailleurs, les parlementaires républicains n’ont pas épargné Michael Cohen pendant l’audition, utilisant tous les mêmes éléments de langage soulignant ces mensonges passés et son statut de « criminel » dû à sa condamnation pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral, pour laquelle il avait plaidé coupable.
Nouvelle audition jeudi
Mais cette audition n’en restera pas là. Ce jeudi, l’ex-avocat de Trump témoignera, à huis clos cette fois, devant la commission du Renseignement de la Chambre pour parler du sujet le plus sensible : les contacts entre l’équipe Trump et des Russes durant la campagne de 2016 et une éventuelle collusion pour battre Hillary Clinton que le président républicain et Moscou démentent fermement.
Il ne devrait en revanche pas s’exprimer sur l’enquête du procureur spécial Robert Mueller à laquelle il a collaboré, qui porte sur ces soupçons de collusion et d’entrave à la justice du président américain, et semble toucher à sa fin. Ces auditions avaient été reportées plusieurs fois, Michael Cohen ayant affirmé avoir reçu des « menaces » contre sa famille.
À 52 ans, l’ancien gardien des secrets de la famille Trump est devenu un témoin essentiel après avoir accepté de coopérer avec la justice. Il a été condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral. Il sera incarcéré le 6 mai.
A.S, R.T. avec AFP
le parisien