Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: September 2014

Spoliation des terres a Arafat (Lar 1 et 2) : “A vous de Juger”

Spoliation des terres a Arafat  (Lar 1 et 2) : Collectif des familles Lar 1et 2 – Ce titre qui avait fait la une des médias reste encore sans suite après moult rencontres avec les différentes autorités concernées. Nous rappelons que ces terrains (environ 80 terrains) ont été saisis à la veille de la campagne présidentielle “le 05/06/2014” dit-on sur ordre du Président de la République comme disait le Hakem d’Arafat “cela vient du haut”.

Mais cette histoire de spoliation des terres semble prendre des dimensions inquiétantes (favoritisme, racisme, népotisme etc..), au moment ou tous les discours politiques prônent l’unité nationale, la justice, l`égalité etc.

Nous nous sentons aussi indignes du fait que jusqu’aujourd`hui aucun parti politique, ni député ou homme politique n`ait soulevé ce problème peut être qu`il ne concerne qu`une frange de la population démuni appartenant a l`autre clan. Nos hommes politiques passent tout leur temps à critiquer ou faire des éloges du pouvoir au lieu d`évoquer des sujets sensibles touchant l’unité nationale.

Des démarches et sit- in ont été menés auprès des autorités concernées (Ministère de l`Habitat, orientation Islamique, ADU, Présidence etc.) en vain.

Lors de notre premier sit-in devant la présidence on avait été reçu sous l’arbre par un des conseillers du Président, stupéfait de l’histoire nous a promis d’informer le Président tout en nous rassurant que ce dernier n’était pas au courant et que l’homme qu’il connait n`aurait nullement cautionné cette injustice. Sous l’émotion il nous déclara qu’il démissionnerait de son poste si cela s’avérerait.

A notre grande surprise notre fameux conseiller a changé de discours lors de notre deuxième rencontre.

Lors de notre rencontre avec le Directeur de l’ADU, ce dernier nous dit que la zone est saisie pour intérêt publique et que lui il n`a aucune solution à notre problème car étant juste une Agence d`exécution. Mais ce qui est bizarre ces terrains pour intérêt publique ont été donne aux imams et les badges d`attribution des terrains sont signés par l’ADU.

Parmi ces terrains spoliés, deux lots (784 et 785) qui appartiennent a un membre du collectif disposant de papiers en bonne et due forme datant de 1999 année d’attribution de la zone qui font l’objet d’un double emploi avec le Hakem de Vassala détenant des papiers non authentiques en date de 2002 et à qui le Hakem d’Arafat a autorisé d’occuper et de construire ces terrains. Apres collecte des informations il s’est avéré que ce dernier a été autorisé à construire parce qu`il est parent au Hakem adjoint de Arafat et au Ministre de l’intérieur, nous autre n’ayant pas des parents on n’a pas droit de construire.

Maintenant arriva un troisième larron “l’imam a qui on avait donné le terrain à la veille de la campagne” trouva le terrain déjà construit et se mettra à casser la construction réalisé par le hakem de Vassala.

Ce dernier, “l’imam” convoqué à la moughataa d’Arafat a été sommé de refaire l’état des lieux ce qui est fait.

Nous rappelons qu’un groupe de la collective a été arrêté et condamné pour avoir cassé leur propre briques qui a été utilise par l’imam.

Vu que ces papiers ne sont pas authentiques, le hakem contacta le directeur de l’ADU qui à son tour lui promet de lui fournir les badges comme ceux des imams. Nous collectif de la famille des terres spoliées a Arafat Lar 1 et 2,  nous demandons que nos terrains nous soient restitués au nom de la justice et de l’égalité.

Collectif des familles Lar 1et 2 

CRIDEM

Mauritanie: «L’autonomie ne divisera pas le Nord et le Sud ni les Maures et les Noirs » (S. Thiam-Interview)

Samba Thiam, Pdt des FLAM, Forces de Libération Africaines de MauritanieALAKHBAR (Nouakchott)-Samba Thiam, président des FLAM, Forces de Libération Africaines de Mauritanie, a été l’invité d’Alakhbar cette semaine. Il est revenu largement sur le projet d’autonomie des FLAM qui a suscité une polémique au sein de la classe politique.

« Nous avons pensé à l’autonomie parce que nous sommes intimement convaincus que l’Etat unitaire, tel qu’il est actuellement ne fonctionne pas. Il est même porteur de danger…, a estimé Samba Thiam dans cette interview accordée  à Alakhbar, à l’occasion.

Il a affirmé cependant que cette idée d’autonomie a été « chargée négativement à tort (…) Quand on parle d’autonomie, certains pensent à une séparation Nord-Sud (…)» Mais elle veut dire, pour simplifier, une décentralisation très poussée». 

 

ALAKHBAR: Après 23 ans d’exil les FLAM reviennent avec un projet d’autonomie.  Qu’est ce que cela entend?

 

« La Mauritanie demeure telle quelle »  

Samba Thiam: L’Etat unitaire n’a pas fonctionné dans sa forme actuelle. Il nous éloigne  les uns des autres. Nous avons  alors imaginé une autre réorganisation territoriale et administrative d’où  l’idée d’autonomie. Permettez-moi de préciser cependant qu’il ne s’agit pas d’une séparation du Nord et du Sud. Notre intention n’est pas de diviser le pays ni de porter atteinte à l’intégrité territoriale.  La Mauritanie demeure telle quelle.  Et pour revenir sur le dysfonctionnement de l’Etat, je vais citer Mokhtar Ould Daddah (1er président de la Mauritanie) qui avait pris le pouvoir en 1960. Tout le monde lui avait fait confiance.  Mais, il procéda a réorganiser  ce territoire sur des bases injustes.  Il a accepté que le découpage régional tienne compte des entités politiques arabo-berbères à l’image des émirats du Trarza, du Brakna, du Tagant de l’Assaba et de l’Adrar. En revanche, nos régions historiques qui reflétaient notre identité  ont été absorbées. Le Waalo a été dissous dans le Trarza. Pourtant le Waalo était une entité politique, même   s’il  développait des relations intimes, matrimoniales avec l’Emirat du Trarza. Le Fouta a été amputé de certaines parties  rattachées au Brakna. Et le Guidimakha a été dissous dans l’Assaba. Nous allons donc restituer ces entités politiques  historiques tant  du côté  Arabo-berbère que  Négro-africains. 

Il y a autre chose: les Mauritaniens, inter-tribus, rivalisent durement pour accéder au pouvoir.  Les tribus sont en conflit permanant  pour conquérir  le pouvoir. Dans la réorganisation que nous proposons il sera  crée quatre grandes régions autonomes.  Cela limitera ou réduira ces conflits pour le pouvoir ainsi que les tensions entre Négro-africains et Arabo-berbères. Il y aura ainsi moins de sollicitations pour  le gouvernement central.

ALAKHBAR: Certains ne vous entendent pas de cette oreille. Par exemple, le nouveau président de l’UPR, Ould Maham, vous qualifie de “promoteurs de la séparation” du pays. Il y a aussi des partis politiques qui ont ce même sentiment. Que répondez-vous ?

Samba Thiam: J’aimerais d’abord entendre la réaction des partis d’opposition. Je suis curieux de savoir ce qu’ils en  pensent.  Ils ne l’ont pas exprimé publiquement. Pour Ould Maham, je l’ai lu. Mais, je dirais simplement que c’est une position ridicule, parce que le projet d’autonomie est  publié sur notre site d’information et envoyé en Arabe et Français sur d’autres sites. Allez-y. Lisez-le. Si cela vous parait une séparation du Nord et du Sud vous me direz comment. Il y a des gens  qui veulent nous mettre dans un corset et nous faire dire ce que nous n’avons pas dit. Certains souhaiteraient qu’on dise: « Les FLAM veulent diviser les Noirs et les Maures». Ce n’est pas ce que nous disons. Si quelqu’un refuse de voir le soleil vous avez beau le lui montrer il ne le verra pas. C’est ce qui est arrivé à Ould Maham. Il vient d’arriver. Il  fait du zèle pour plaire à l’opinion au sein de  l’UPR ainsi qu’à une certaine catégorie de l’opinion maure. C’est de bonne guerre.

ALAKHBAR: Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a promis, lors de sa deuxième investiture, de faire face à ceux qui cherchent à diviser le peuple mauritanien. Les FLAM se sentent-elles visées?

« La Mauritanie est à la fois négro-africain, harratin et arabo-berbère »

Samba Thiam: Si Ould Abdel Aziz l’a dit peut-être qu’il vise les FLAM. Je ne l’exclus pas, vu qu’il a voulu empêcher la tenue de notre congrès. Ould Abdel Aziz a peut-être dû adhérer à la thèse des lobbies qui nous qualifient de « diviseurs et d’extrémistes qui constituent  le pendant des Baasistes». Mais nous ne nous sentons nullement concernés par ses propos. Nous ne sommes pas des diviseurs. Il y a malheureusement des préjugés têtus. Certains ne cherchent pas à comprendre, parce que simplement les politiques menées depuis Maouya Ould Sidi Ahmed Taya jusqu’à nos jours ont déformé les esprits. Cela fait que certains ignorent qui sont les FLAM. C’est pourquoi quand nous sommes revenus au pays, je suis allé voir les sommités intellectuelles  et d’affaire arabo-berbères pour leur expliquer qui sommes-nous et quel est le discours que nous véhiculons. Un discours qui ne divise pas, mais redresse. Il faut redresser ce pays sur des bases d’égalité et de justice. Il faut aussi comprendre que ce pays n’est pas exclusivement arabo-berbère. Il est à la fois négro-africain, harratin et arabo-berbère.

ALAKHBAR: Jusqu’où Monsieur Thiam comptez-vous défendre ce projet d’autonomie ?

Samba Thiam: Nous le défendrons jusqu’au bout.

ALAKHBAR: Imaginez-vous déjà des obstacles ?

Samba Thiam: Il y en aura forcement. Quand vous avez des idées nouvelles,  vous ferez forcement face à des résistances, surtout que l’idée a été chargée négativement à tort. Quand on parle d’autonomie, certains pensent à une séparation Nord-Sud. Et puis, l’autonomie n’arrange pas ces lobbies qui veulent la perpétuation  de la suprématie des uns sur les autres.

ALAKHBAR: Vous avez beaucoup parlé d’autonomie sans précision de zone géographique. Au Mali, par exemple les Touaregs réclament l’autonomie d’un espace bien défini qu’ils appellent « Azawad ». Et vous ?

Samba Thiam: L’autonomie a deux niveaux. Il y a d’abord sa justification, que j’ai évoquée, et sa matérialisation sur un espace donné. A ce  propos, nous allons créer quatre grandes régions à vocation. Le Tiris et l’Adrar, regorgeant  de ressources minières, vont, par exemple, constituer une région à vocation minière. Les deux Hods et l’Assaba seront une région à vocation pastorale, le Guidimakha, le Fouta et le Waalo la région agricole et le Tagant, le Brakna et le Trarza agro-pastorale.  Le nouveau  découpage du pays en grands espaces offrira plus d’opportunités de travail aux fils de ces terroirs. En permettant à  ces collectivités de gérer leur propre terroir, on réduira les tensions pour l’accès au pouvoir central.  Cela diminuerait également les  détournements  des biens de l’Etat, car, chaque région va travailler à se développer, tout en établissant de bonnes relations avec les autres, dans une sorte de saine émulation

ALAKHBAR: Quelles seront les compétences de ces nouvelles régions ?

Samba Thiam: Il faut ôter certaines compétences au pouvoir central et les octroyer  aux nouvelles régions. Les populations locales vont gérer leur terroir, dans certains secteurs comme  l’économie régionale, l’administration, la culture, la police locale etc.  Elles vont  également élire quelqu’un à qui elles ont confiance. On ne leur parachutera plus un gouverneur inconnu  qu’elles ne connaissent pas.  Prenons l’exemple des deux Hods et de l’Assaba, ça sera une  région. Mais le Hod el-Chargi, le Hod el-Gharbi et l’Assaba vont envoyer des représentants que  j’appelle«  commissaires de gouvernement» un  exécutif avec le gouverneur de la région.  Un  parlement qui  légiférera au niveau régional sera également élu. 

Le pouvoir central gardera, lui, les attribues de souveraineté: défense du territoire, relations internationales, télécommunications, transports aériens et politique monétaire. 

ALAKHBAR:  Vous laissez l’idée d’autonomie pour parler d’une réorganisation territoriale et administrative, qui touche tout le pays, avec la création de 4 nouvelles régions et de 8 provinces. N’Y a-t-il pas une confusion dans votre approche ?

 

“Imaginez  cette autonomie comme une décentralisation très poussée.”

 

Samba Thiam: La confusion est dans vos têtes dans lesquelles on a mis l’idée de séparation. Mais l’autonomie que nous proposons ne signifie pas  indépendance. En Espagne, par exemple, les Castillans et les Basques, les Catalans vivent l’autonomie, bien  que partageant le même territoire. Au Nigéria, les Etats sont autonomies, mais pas séparés. Pour ce qui est de l’Azawad, c’est un autre cas. Les mouvements du Nord-Mali ont clairement demandé l’indépendance et la réclament pour  la partie nord. Ce n’est pas notre cas. Nous avons présenté un projet d’autonomie qui concerne toute la Mauritanie. Pour simplifier, comme cela  crée une confusion chez-vous, imaginez  cette autonomie comme une décentralisation très poussée. Il s’agit de donner aux régions une certaine capacité autonome pour qu’elles ne dépendent plus du gouvernement central sur certaines questions.

ALAKHBAR: Les FLAM ont-elles perdu leur force de mobilisation à cause d’une longue absence et  qu’elles veulent aujourd’hui attirer les regards sur elles en lançant cette idée d’autonomie ?

Samba Thiam: Non. Il ne s’agit pas d’une tactique ou de calcules politiciens. Nous avons plutôt pensé à l’autonomie parce que nous sommes intimement convaincus que l’Etat unitaire, tel qu’il est actuellement  ne fonctionne pas. Il est même porteur de danger et d’exclusion, et les risques de dérapage sont énormes. Nous voulons donc endiguer ces menaces. Certes, nous venons de rentrer et  nous n’avons pas encore suffisamment de base, mais si l’on discute de nos idées, cela veut dire qu’elles ne sont pas aussi absurdes que ça et qu’elles ont  de la substance. L’objectif est donc d’interpeler les Mauritaniens et leur dire : « Voilà la solution que nous proposons. Si vous pensez qu’elle n’est pas la meilleure, proposez ’autre chose ». Il est cependant hors de question qu’on reste sans rien faire face a ce problème,  ni impulser le débat sur ces questions de fond.

ALAKHBAR: Ce projet d’autonomie ne risque-t-il pas d’exacerber les réclamations identitaires  que connait actuellement le pays ?

Samba Thiam: Pourquoi ne cherchez-vous pas plutôt  à comprendre d’abord les causes de ce réveil identitaire! Il est dû à une mauvaise gestion des communautés et du pays depuis l’indépendance. Il y a maintenant  une prise de conscience,  qu’il faut interpréter ou décrypter comme étant une alerte. On doit permettre aux gens de prendre en charge leur destin: la gestion de leur terroir si l’on veut vraiment apaiser ce réveil identitaire.

ALAKHBAR: Quand  et comment comptez vous présenter votre projet au public ?

Samba Thiam: Le document a été publié et les journalistes et notabilités intellectuelles et politiques l’ont reçu et lu. 

ALAKHBAR: Vous n’avez donc pas besoin d’aller vers les populations?

Samba Thiam: Si nous ne sommes pas d’accord avec le pouvoir ou avec la classe politique et les intellectuels, nous irons en ce moment vers les populations et leur demander : « ce projet d’autonomie des FLAM vous convient-il ? » Si on leur pose la question et on les laisse se déterminer, je suis convaincu qu’elles  vont y adhérer. Faut-il encore qu’on lève la confusion qui recouvre ce projet pour que les populations le perçoivent clairement.

ALAKHBAR: Deux partis politiques le RFD et l’UFP n’ont pas été invités au 8e congrès des FLAM. Si cela est exact, comment l’expliquez-vous ?

Samba Thiam: Si nous n’avions pas invité le RFD, nous n’aurions pas eu  tort. Le RFD a refusé l’invitation à venir nous accueillir à l’aéroport lors de notre retour au bercail. Le parti a aussi décliné l’invitation à notre première conférence de presse, puis  à la célébration de l’anniversaire de notre mouvement. Ce serait alors normal de ne pas l’inviter. Mais pour ce cas précis, nous avons encore invité le RFD. Le congrès, il y a eu un dysfonctionnement au niveau de la commission technique et d’organisation, c’est ce  qui explique  que l’invitation du RFD n’a pas été portée. Mais elle toujours au siège.

« l’UFP se positionne comme notre ennemi »

Par contre, nous n’avons pas invité l’UFP, parce qu’ils créent la confusion autour de nous et  empêchent d’engager le débat avec les nationalistes. Ils nous taxent d’extrémistes à tort par besoin de positionnement  en disant: « Il y a des extrémistes négro-africains et d’autres arabes, choisissez-nous alors. Nous sommes les bons ».  Et quand ils tenaient leur congrès, ils nous avaient ignorés. En réalité, l’UFP se positionne comme notre ennemi. Lors de notre retour au pays, leur représentant a eu la courtoisie de venir nous dire bonjour à notre siège. Mais en plein dîner il taxa les FLAM d’extrémistes. Il a fallu qu’on se retienne pour ne pas le mettre à  la porte. Je vais ajouter que nous avons invité Ladji Traoré et Touré Mamadou en tant que personnalités et pas  le parti APP de Messaoud. Nous ignorons celui qui nous ignore.

ALAKHBAR: Vous avez l’ambition de vous transformer en parti politique avec une nouvelle appellation « (Forces  Progressistes du Changement (FPC) » Le nom «Les FLAM » vous gêne-t-il désormais ?

Samba Thiam: Quand vous faites de la politique, il faut être animé de bon sens. Le terme « FLAM » a été tellement diabolisé par le régime de Ould Taya et par certains partis politiques! Certains n’écoutent même pas notre discours, a cause du sigle négativement charge. La communauté arabo-berbère est complètement intoxiquée, sur le sigle. Pire, chez les Négro-africains, on fuit dès qu’on entend le mot “FLAM”.

ALAKHBAR: Pourquoi fuient-ils?

Samba Thiam: Parce que Ould Taya avait associé répression et FLAM. Il frappait les gens en les qualifiant de flamistes.

ALAKHBAR: Pourquoi avez-vous attendu jusqu’à l’arrivée de Ould Abdel Aziz au pouvoir pour revernir au pays ?

 

« Sur le plan du maintien du système, Ould Abdel Aziz ne fait pas exception »

Samba Thiam: Le retour n’était pas possible avec Ould Taya. Il avait bouché les oreilles et fermé les yeux et menait sa politique de chasse et de répression des Nègres. Nous étions jetés en prison et bouclés pendant cinq ans.  Fallait-il alors revenir pour être bouclés de nouveau.  Ce serait  du temps perdu ! Et quand Ely Ould Mohamed Vall était venu au pouvoir, il traitait les FLAM  et les refugiés « d’aventuriers » ce qui n’était pas encourageant. A son arrivée, Sidi Ould Cheikh Abdallahi a tenu un discours de pardon reconnaissant l’existence de problèmes comme je les ai décrits. Il a aussi compris que ce pays est peuplé à la fois d’Arabo-berbère et de Négro-africains. Il avait accepté de nous recevoir lors de son séjour aux Nations-Unies, mais en nous invitant à revenir au pays et à discuter avec la classe politique. Il nous offrait ainsi une opportunité de revenir et d’exprimer nos idées sans crainte. Lorsque le pouvoir de Sidi a été renversé nous avions déjà pris la décision de rentrer au pays. Le président Sidi n’était plus là, mais il fallait prendre le risque.  Nous ne sommes donc pas retournés parce que Ould Abdel Aziz a instauré la démocratie ou parce qu’il a fait mieux que les autres. Il est certes mieux que les autres sur certains aspects de développement et de résolution de certaines questions du Passif humanitaire. Mais sur les questions de fond, comme le maintien du système, il est comme Ould Taya. Ould Abdel Aziz construit des goudrons et lutte contre les terroristes- Je précise d’ailleurs que nous sommes des musulmans et que les terroristes ne doivent pas nous apprendre l’Islam. Il a aussi réparé plus ou moins certaines injustices commises comme le rétablissement des fonctionnaires négro-africains qui ont été arbitrairement  radiés. Ce sont là de bonnes choses.  Mais sur le plan du maintien du système Ould Abdel Aziz ne fait pas exception. Il construit de grandes écoles pour seulement les Arabo-berbères. Il lance également un enrôlement à l’Etat civile biométrique à travers la mise en place de commissions uniquement composées d’Arabo-berbères. Comment des commissions mono ethniques vont-elles recenser équitablement une population pluriethnique ! De ce point de vu-là il n’y pas de changement.

ALAKHBAR: Peut-on avoir des détails sur votre rencontre avec le président Ould Abdel Aziz ?

Samba Thiam: Demandez les détails à Ould Abdel Aziz. Nous l’avons en tout cas dit en deux mots que, d’une part, nous l’appuyons sur certaines bonnes choses comme la lutte contre le terrorisme et  contre le détournement des biens publics et la gestion du patrimoine national. Là nous sommes d’accord, parce qu’un pays ne peut pas se développer si chacun vole les biens de l’Etat et en use comme un patrimoine paternel ! Nous lui avons en revanche fait constater le déséquilibre dans le règlement des grandes questions comme celles qui concernent le déséquilibre dans le traitement des  composantes nationales. Vous savez, nous ne nous opposons pas à la personne de Ould Abdel Aziz. Il ne s’agit pas d’une opposition crypto personnelle.  Nous sommes plutôt une opposition constructive et responsable. Nous reconnaissons ce qui a été fait de positif,  nous soulignons  les manquements et dénonçons les dérives.

ALAKHBAR: Le président vous a-t-il promis une reconnaissance comme parti politique ?

Samba Thiam: Je lui ai exprimé mon point de vu là-dessus. Vous pouvez lui demander sa réponse.

ALAKHBAR: Qu’allez-vous faire si vous n’êtes pas reconnues comme parti politique?

Samba Thiam: On verra le moment venu.

ALAKHBAR: Si vous devenez un parti, comment allez-vous vous positionner par rapport aux autres formations politiques ?

Samba Thiam: Nous sommes une opposition hors du système. Il y a une opposition qui veut que ce pays soit seulement arabe. Celle-ci s’oppose au régime, cherche à accéder au pouvoir et ne demande pas un changement fondamental des choses. En ce qui nous concerne, nous voulons changer fondamentalement les choses  de manière viables et durable. En d’autres termes, nous sommes  différents de l’opposition classique qui ne pose pas les questions essentielles.

L´équation FLAM= ethno-chauvins Nasséro-baathistes peut-elle s´écrire?par Kaaw Touré

Kaaw TouréDepuis la tenue du dernier congrès des FLAM, les partisans du statu-quo, et certains plumitifs en mal de “refoulement” ressortent la grosse batterie de la “solution finale” contre les FLAM devenues FPC(Forces progressistes pour le changement). Des attaques repétées, haineuses, mal fondées et pour tout dire foncièrement malveillantes. Plus c´est gros, plus ça passe et ça casse! Hélas, cela ne fait plus d´effet dans l´état actuel des choses. 

 

La motivation cynique de ces illuminés de “l´arabité de la Mauritanie” et de la fumeuse rhétorique baathisto-nassériste s´explique, mais qu´ils comprennent leur but est voué d´avance à l´échec, car comme le dit bien un proverbe du Fouta natal “ko mahaani hoore fusataa ngaandi”. 


Leur mission: diabolisation des FLAM! En les colorant d´une couleur qui n´existe que dans leur structure de conscience, traduisant leur paradigme qui est celui de l´idéologie raciste, exclusiviste et haineuse. L´opinion publique mauritanienne a suffisamment fait justice de certaines accusations absurdes, erronées, pour que nous n´ayons plus besoin de revenir sur certaines de ces inepties. Ceux qui confondent l´effet et la cause ont encore un recyclage philosophique à rattraper chez leurs maitres de Bagdad. Mais peut-on seulement nous expliquer les causes de la déportation massive des seuls négro-africains hors du pays en 1989, de l´extermination des centaines d´autres dans des casernes et dans la vallée?
 
Revenons sur ce cette propagande mensongère véhiculée par nos adversaires politiques tendant à présenter les FLAM comme une version Négro-africaine du Ba´athisme ou du Nasserisme(Nationalistes arabes). 

De ce grossier postulat, les porte-faix du Système et autres tristes guignols de la même écurie semblent se decouvrir une nouvelle sordide besogne, une croisade contre les FLAM qui ” doivent-être vomi (e)s” au même titre que les déporteurs, les tortionnaires, les geôliers et autres idéologues de l´exclusion et du racisme d´Etat. Quelle injustice!

 Il n´est pas besoin d´une longue dissertation pour montrer que cette assertion relève de l´amalgame et d´une volonté manifeste de jeter le discrédit sur les FLAM à des fins que le monde imagine. Sans nous étendre, rappelons que notre projet de société se fonde sur le caractère multinational de la Mauritanie où Arabes et Négro-africains auraient les mêmes droits, où le fait d´être arabe, noir, haratine, Zenaga ne serait ipso-facto une condition rédhibitoire. Ce qui est en porte-à-faux avec l´idéologie des nationalistes arabes qui dénie aux Négro-africains tout droit et veut construire une Mauritanie exclusivement arabe. Les thèses des nationalistes arabes ne constituent point un secret, elles ont été accompagnées par des actes ignobles à l´encontre de la communauté négro-africaine.

 
 
De la même façon que l´Irak de Sadolf Hitsein se battait contre les kurdes et les perses pour garantir l´arabité du flanc Est de la grande nation arabe, la Mauritanie doit, sur le flanc Ouest, chasser les Négro-africains pour préserver la pureté de la nation arabe. Cette théorie aboutit à la conclusion péremptoire selon laquelle tout ce qui n´est pas Maure ou beydane n´est pas mauritanien. Elle s´appuie également sur des arguments historiques fabriqués qui consacrent l´antériorité des arabes en Mauritanie. Donc, tout bonnement, les Négro-mauritaniens sont des “descendants d´anciens footballeurs ou des tirailleurs Sénégalais ou des africains de l´Ouest venus envahir et polluer la pureté de la race arabe” (thèses defendues par un certain El Wafi sur El Jazeera et Bredeleil lors de leur procés de 1988 et par Ould Taya dans Jeune Afrique en 1990 pendant le conflit sénégalo-mauritanien ).


 L´attitude des nationalistes arabes envers la communauté négro-africaine est en réalité une attitude de rejet, de négation et d´exclusion à tous les niveaux. C´est l´ancrage de ces convictions diaboliques jusque dans les hautes sphères du pouvoir qui a conduit le régime satanique de Taya à écarter les noirs de la vie publique, à les assassiner massivement, à déporter des dizaines de milliers de nationaux noirs au Sénégal et au Mali. Ce raisonnement simpliste basé sur une attitude de négation des Négro-africains constitue l´essence de l´orientation du nationalisme arabe en Mauritanie au niveau politique, économique et culturel du pays. Dès lors, il est tout a fait justifié de qualifier les Baathistes et les Nasseriens de racistes, particularistes, extrémistes, nationalistes étroits, parce qu’ils cultivent une doctrine prônant l´exclusion pure et simple des Négro-africains de la Mauritanie. Les FLAM ont-elles une attitude semblable par rapport aux Beydanes ?
 
A prendre pour référence, la production idéologique des FLAM, du Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé de 1986, aux programmes et orientation politique du Mouvement en passant par le Livre Blanc de 1990, le Mémorandum des FLAM de 2000, La Plate-forme pour une Mauritanie réconciliée de 2007, on ne trouve nulle part une théorie de “la grande nation Négro-africaine dont la Mauritanie constitue le flanc ouest qu´il convient de préserver de l´invasion des arabes venus de l´orient“. Nulle part on ne trouve dans les documents des FLAM, que “devant l´intolérable invasion des arabes la solution consiste à les chasser de la Mauritanie, pour préserver la souillure arabe afin de bâtir une nation négro-africaine avec un pouvoir exclusivement noir ancré dans le monde Négro-africain.” Si les FLAM avaient une telle attitude de rejet et d´exclusion de la composante arabe du pays, à ce moment il serait légitime scientifiquement de les qualifier “d´étroits, d´extrémistes, de racistes” parce que s´appuyant sur une doctrine prônant l´appartenance exclusive de la Mauritanie aux Négro-Africains.
 
Que disent les F.L.A.M ?
 
LES FLAM ont toujours reconnu EXPLICITEMENT le caractère biracial et multinational de la Mauritanie ainsi que le droit de toutes les composantes culturelles du pays à vivre et à s´épanouir pleinement en Mauritanie. Les FLAM sont fondamentalement attachées à la vocation naturelle de la Mauritanie qui est celle d´être un trait d´union entre le monde Négro- africain et le monde Arabo- berbère. Ce que les F.L.A.M dénoncent et combattent, c´est justement le constat de la trahison de cette vocation naturelle par l´option de l´arabité exclusive de la Mauritanie (qui ne dérange pas apparemment certains) adoptée par la classe dirigeante Beydane depuis les indépendances jusqu´à nos jours. Cette option exclusiviste a mis en place des mécanismes dont l´effet conjugué aboutit inexorablement à l´exclusion de la composante noire du pays. Ce sont ces mécanismes à l´oeuvre au niveau de l´éducation, de l´économie , de l´administration, de l´armée et de la politique extérieure et intérieure et de la justice que les FLAM dénoncent sans complaisance dans le Manifeste de 1986 par des données empiriques avec des statistiques à l´appui.
 
La communauté Négro-mauritanienne, tout en partageant le lot quotidien d’injustices sociales et économiques avec la communauté beydane, n’en demeure pas moins violentée dans ce qu’elle a de plus cher: sa culture, son identité.
 
Depuis des décennies en effet, la communauté Négro-africaine est victime d’une violence plus pernicieuse et subtile: c’est sa négation culturelle, le refus de la reconnaître comme porteuse de droits particuliers. Ce refus est le fait exclusif de l’État raciste, cet Etat n’a rien à voir avec la communauté Arabo-berbère et encore moins avec la communauté Noire. Le contrôle de cet État par certains éléments racistes et surtout l’absence de légitimité de celui-ci vis-à-vis de toutes les communautés nous obligent à opérer une séparation entre l’État raciste et la communauté beydane. D’ailleurs, cela fut toujours le cas depuis que les FLAM existent malgré notre diabolisation par le régime de Taya et ses valets auprès de nos compatriotes arabo-berbères.
 
 
Cette négation nous l’avons toujours combattu, nous la combattrons, c’est pour ce combat que sont tombés: BA SEYDOU AMADOU, SY SAIDOU DAOUDA, SARR AMADOU mais aussi tous ceux qui sont morts dans les conditions les plus atroces pendant leur incarcération: BA ABDOUL GHOUDDOUSS, TENE YOUSSOUF GUEYE, DJIGGO TAPSIROU, BA ALASSANE OUMAR. D’autres sont infirmes pour le restant de leur vie. Et la lutte continue. Mais nous ne devons jamais faiblir, car il est des instants qui font l’histoire. Et nos camarades tombés ont fait à jamais l’histoire de la Mauritanie. Une autre Mauritanie est incontournable, il est honneur d’être dans le même camp qu’eux, le reste n’est que médiocrité. Nous ne devons cependant jamais oublier que nul ne peut détruire totalement cette violence dont nous – SONINKO, PULAAR, WOLOF, BAMANA, HARATINES, sommes victimes sans pour autant intégrer les autres violences que nous partageons avec nos compatriotes beydanes.
 
Notre seule particularité en tant que mouvement est de partir de la violence dont nous sommes l’objet, en tant qu’individus culturellement situés, pour dénoncer l’ensemble des violences subies par tout le peuple mauritanien: on ne peut vouloir être libre en niant l’autre. L’histoire de notre pays démontre que la cause et la responsabilité de la violence verbale et physique sont du seul fait de l’État raciste mauritanien. Jamais dans l´orientation des FLAM , il n´a été question de lutter pour une négro-africanité exclusive de la Mauritanie au détriment de la communauté arabo-berbère.
 
 A ce niveau de l´analyse, l´intégrité intellectuelle nous commande de renoncer à cette classification abusive qui met de facon mécanique dans le même sac les FLAM et les nationalistes arabes de Mauritanie (Baathistes et Nasseriens).
Cette attitude conceptuelle mécanique de nos adversaires politiques revêt à n´en pas douter une motivation cynique intéressante à appréhender.
 
 
 En effet, devant l´existence irréfutable de mouvements exclusivistes en milieu arabe (Nasseriens, Baathisme), il faut créer à tout prix un répondant en milieu négro-africain, le fabriquer vaille que vaille de toutes pièces pour faire “partager les responsabilités ” entre les deux communautés de la crise, mais surtout pour apparaitre comme alternative équilibriste devant “deux”extrémismes. Dans cette attitude foncièrement malhonnête, nos adversaires politiques n´hésitent jamais à reprendre à leur compte les positions de la dictature sanglante de Nouakchott sur les FLAM: “mouvement raciste, extrémiste, terroriste” plutôt que de se baser sur le discours et les actions des FLAM, afin de les juger sur cette base objective. Et même sous cette optique, les rares fois qu´ils ont essayé de soumettre à la critique les documents des FLAM, ils s´en tiennent à des boutades crues sans aucune argumentation ou démonstration solide à la base.
 
Posons à nos procureurs la question de savoir en quoi un mouvement qui ne saurait prendre le Beydane anonyme et paisible comme cible, mais l´appareil d´Etat dans toutes ses manifestations est raciste ? Ce dont les FLAM sont coupables, c´est d´avoir osé toucher du doigt les pourritures de la nation mauritanienne à ce stade actuel de son évolution en projétant une lumière crue sur l´ensemble des mécanismes qui sont conçus, orientés et exécutés de manière à ce que le pays soit sous le contrôle effectif d´une nationalité racio-culturelle au détriment des autres. En politique comme ailleurs, les attitudes figées caractérisées par la transposition mécanique des théories d´ailleurs au détriment d´une prise en charge concréte des réalités empiriques de l´ici et du maintenant sont toujours sanctionnés par une grande impopularité dans les masses.
 
Ce sont les FLAM qui ont bel et bien impulsé le sursaut patriotique actuel des mauritaniens autour des véritables questions de l’unité nationale pour leur donner une solution durable et raisonnable. Cela l´histoire le retiendra.
 
Les FLAM ou les mouvements d´opposition Négro-africains(TPMN, AJD/MR, PLEJ, IRA…) n´ont pas à souhaiter le surgissement de problèmes raciaux ou ethniques en Mauritanie. C´est l´existence effective de ces problèmes qui explique leur naissance et leur combat. Mais Hélas! l´esprit biscornu des soldeurs du crime et partisans du système ne digére pas cette évidence. La lâcheté est ici sans commune mesure.
 
La logique de notre combat s´inscrit dans la ligne de mouvements de libération, loin des piètres politicards en mal d´exhibition.Tous ensemble, nous aurons encore à mener d’autres combats pour que l’égalite, la justice et la démocratie s’enracinent profondément dans notre pays.
 
Pour être le principal mouvement d’avant-garde de la lutte de libération nationale; Les FLAM ne méconnaissent pas pour autant la nécessité de l’unité d’action de l’ensemble des organisations politiques et de la société civile soucieuses de l’unité nationale et du règlement juste et équitable de la question nationale et sociale. Terminons avec Jaurès qui disait: “le péril est grand mais il n’est pas invincible, si nous gardons la clarté de l’esprit, la fermeté du vouloir, si nous avons à la fois, l´héroïsme de la patience et l´héroïsme de l’action, la vue nette du devoir nous donnera la force de le remplir”.
 
La lutte continue.

Kaaw Touré Porte-parole des FLAM
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SÉANCES DE FORMATION IDÉOLOGIQUE AU SIÈGE

alt Tous les militants et sympathisants des Forces progressistes pour le changement (FPC-FLAM) membres des comités de base de Nouakchott sont convoqués ce samedi 13 septembre 2014 à partir de 17h au siège des FLAM pour participer à des séances de formation idéologique sur l´autonomie et la nouvelle orientation politique du mouvement.
La présence de tous est vivement souhaitée.

La lutte continue!

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De Niabina à Dabbé, Voyage chez les Yirlaabe, au pays du non droit

altLa vallée du fleuve Sénégal continue à être une zone de non droit. Les violations des droits de l’homme y sont en effet quotidiennes et l’administration et les forces de sécurité, incarnation du système raciste et esclavagiste qui régit la vie nationale, s’y comportent en territoire conquis, si non comment expliquer que deux tribus viennent faire leur loi à Niabina, avec la complicité de l’administration, au prétexte qu’un des leurs aurait disparu dans les environs. Comment expliquer qu’un policier agresse un jeune devant témoins à Dabbé mais que c’est ce dernier qui se retrouve déféré à Aleg dans l’attente d’un jugement hypothétique, après avoir subi toutes sortes d’humiliations pendant la période de garde à vue. Il s’agit là de provocations ordinaires qui en disent long sur le déni de citoyenneté des Noirs de Mauritanie et le caractère démagogique, pour ne pas dire hypocrite, du discours des thuriféraires du régime quant à l’unité nationale. De telles pratiques si l’on n’y prend garde, iront jusqu’à remettre en cause l’existence même du pays. 

Une délégation de Touche pas à ma nationalité, conduite par son Président M. Alassane DIA, accompagné de M. Hachim DIACKO, chargé des droits de l’homme et de Souleymane KIDE, ressortissant de Niabina, est allée à la rencontre des populations de ces localités. Voici le récit qu’elle en rapporte.

Retour sur le siège de Niabina

Samedi 02 août 2014, des centaines de voitures convergent à Niabina, village du Yirlaabe (région du Fouta) poumon de la commune rurale de Niabina – Garlol, situé dans le département de M’Bagne. Les voitures déversent une horde de passagers civils, pour la plupart, mais armés jusqu’aux dents qui installent un campement à l’entrée nord-ouest du village, à côté du collège. Pendant les deux jours qui vont suivre, le campement ira grossissant et finira par s’installer dans l’enceinte  même du collège. Tout cela sans que les nouveaux arrivants aient pris la peine d’aller à la rencontre des habitants du village pour leur expliquer le motif de leur présence.

Au bout du deuxième jour, les habitants de Niabina n’en pouvant plus de voir parader dans les rues et ruelles du village des civils armés prêts à en découdre, envoient leurs notables s’enquérir de raisons de cette invasion qui ne dit pas son nom. C’est alors qu’on leur fit comprendre que ce branlebas de combat faisait suite à la disparition d’un jeune homme de la tribu des Oualad Ahmed du nom de Mohamed Ould Cheikh Ould Nezil. Le jeune homme a disparu à Niabina où il a très certainement été assassiné et enfoui. Pour les assiégeants, c’est une certitude.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les villageois leur proposent de les aider dans leur recherche. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin à 9 heures. La recherche se déroulera dans Niabina et ses environs mais ne donnera évidemment rien. Les assiégeants, renforcés par leurs cousins des Oualad Biri et épaulés cette fois par les autorités administratives et sécuritaires régionales qui brillaient jusque là par leur silence s’en prennent alors aux ressortissants du villag. Les brigades de Bababé, de Boghé et même de Kaédi sont mobilisées pour suppléer celle de M’Bagne, réticente à être embarquée dans cette histoire pour le moins sordide. Un colonel de l’armée commandant une base militaire du côté de Boghé aurait aussi participé, en compagnie de ses hommes, au siège de Niabina, selon ce que rapportent les notables Yirlaabe

Les assiégeants, dont les plus zélés sont un député de Boutilimit et le premier adjoint au maire de Chegar, se mettent à sillonner les rues, à visiter les maisons dont ils tentent d’intimider les occupants, et vont même jusqu’à troubler le repos des morts qu’ils menacent de déterrer dans les cimetières, non seulement de Niabina mais de toutes les localités voisines (M’Botto, Haymedaat, etc…). Le wali et le procureur leur viennent en appoint : le premier avançant pour justifier l’invasion, selon les dires des notables de Niabina qui s’étaient réunis avec lui, que le disparu aurait été assassiné à 200 m du village ; quant au second, il multiplie les arrestations arbitraires, ainsi entre le jeudi 07 et le samedi 09 seront arrêtés :

Alhajji Ba et ses deux frères Mamoudou et Ablaye Ba

Moussa Sow

Thiamma Ba (déficient mental)

Demaani Dia

Demba Sitty

Sy Amadou Samba

Mamoudou Amadou Ba

Salif Ibrahima Gueye

Baboye Kebe

Amadou Aw

C’est seulement le vendredi 08 août, s’étant rendu compte de l’exaspération des populations locales et de leur volonté d’en découdre, que le wali somme les assiégeants d’évacuer les lieux. Mais les arrestations se poursuivront jusqu’au matin du samedi 09, jour de la réapparition miraculeuse du disparu de Niabina, dont une certaine presse avit annoncé avec force détails l’odieux assassinat.

Si cette réapparition a mis fin à un calvaire qui aura duré huit jours, aucune démarche n’a été entreprise depuis ni par les tribus impliquées, ni par l’Etat pour réparer les torts causés aux paisibles citoyens du département. Pire, aucune enquête n’a été diligentée pour faire la lumière sur ces évènements qui ressemblent fort à un montage dont on peut s’interroger sur les véritables motivations.

L’agression de Dabbé

Le siège de Niabina n’ayant pas fini de hanter les esprits, voici qu’éclate une autre affaire, toujours dans le même département mais à Dabbé, cette fois-ci, confirmant le caractère de citoyens de seconde zone des ressortissants du Fouta. A la faveur d’un tournoi de football départemental organisé à Dabbé, les jeunes du village sollicitent, contre une somme de cinquante mille ouguiyas, l’appui du commissariat de police de M’Bagne pour les aider à assurer la sécurité des équipes participantes et du public. Mal leur en a pris. En effet, le match d’ouverture opposant Dabbé à Dawalel occasionna une bagarre entre supporters que les policiers, habitués à la brutalité, tentèrent d’arrêter par la violence. Un jeune homme du nom de Samba Amadou Datt, appartenant au comité d’organisation, et qui cherchait à éloigner son petit frère de la zone de bagarre, s’est vu stopper par un policier dénommé Mohamed Lemine. Ce dernier ne se contentant pas de refuser d’écouter les explications de Samba, s’est acharné sur lui, lui assenant des coups de pied, rapportent les témoins de la scène.

Le policier se serait fracturé la jambe (le conditionnel est de mise, la fracture n’étant pas vérifiée) dans cet exercice et en a fait porter le chapeau au jeune Samba Datt. De fait, celui-ci a été arrêté, le 28 août, gardé à vue d’abord à Mbagne dans les toilettes du commissariat, puis transféré menotté à Bababé, où il subira le même sort, avant d’être déféré à la prison d’Aleg, où il attend un hypothétique jugement. Le policier demande une compensation financière d’un million d’ouguiyas pour retirer sa plainte, ce que la famille du jeune homme refuse, sûre d’être dans son bon droit. Mais là encore les intimidations ne manquent pas puisque, selon le témoignage de la famille, le procureur en charge de l’affaire leur aurait fait comprendre que leur fils avait nécessairement tort à partir du moment où il est confronté à un policier en service au moment des faits.  

 Dr Alassane DIA