Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 27/10/2012

La reconquête du Nord-Mali ne se fera pas sans l’Oncle Sam

altLoin de la clameur des profanes, les experts s’activent à mettre en place les moyens et les stratégies pour reprendre le Nord-Mali aux mains des bandes terroristes.
Militaires ou diplomates, Africains ou Occidentaux, le temps des préparatifs méticuleux est venu.
La Cédéao (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest), qui a fait une partie du chemin mais n’est pas encore parvenue à convaincre entièrement le Conseil de sécurité de l’ONU, est désormais épaulée par la communauté internationale.

La communauté anti-islamiste

Le coup d’envoi de cette mobilisation générale a été donné avec la réunion du Groupe de suivi et de soutien au Malitenue à Bamako. Depuis lors, il y a comme une accélération des choses.
La France a repris sa coopération militaire avec le Mali, des bureaux de l’Union africaine et de l’ONU seront ouverts à Bamako. Le séjour actuel d’une délégation européenne dans la capitale malienne participe de cette convergence des efforts pour présenter un projet imparable à l’ONU en vue du vote d’une résolution sur l’intervention militaire.
En somme, le Mali peut compter sur l’Europe pour l’aider à se débarrasser des bandits et terroristes islamistes qui ont pignon sur rue dans la partie Nord.

Le retour des Etats-Unis

Le fait le plus important à noter est le pas fait par les Etats-Unis vers une plus grande implication dans le processus de libération du Nord-Mali. Oui, et c’est nouveau, les Etats-Unis se montrent de plus en plus attentifs à la crise malienne.
Même le candidat Mitt Romney, a manifesté un intérêt pour la question, en évoquant le Mali lors du dernier face-à-face télévisé avec Barack Obama.
Mais c’est probablement à Paris, dans des cadres plus spécialisés, et non sur les plateaux de télé, que se joue la nouvelle politique américaine pour le Sahel malien.
Visiblement, la distance avec laquelle l’Amérique regardait la crise malienne n’est plus d’actualité. Le temps de l’indifférence est révolu.

Prêt à l’action?

L’assassinat du diplomate américain en Libye a-t-elle définitivement convaincu Washington de s’impliquer à fond dans le dossier malien et sahélien? Le pays de l’Oncle Sam a-t-il compris que sa sécurité dépend aussi en partie du retour à la normale au Mali ?
En tout cas, cette arrivée des Etats-Unis dans les cercles de discussions pour envisager la guerre contre le terrorisme, est une bonne nouvelle pour les populations et les dirigeants sahéliens.
C’est un renfort précieux, tant du point de vue diplomatique, financier que militaire. Pour une expédition aussi délicate que celle de la reconquête du Nord-Mali et plus globalement de la désinfection du Sahel, aucun soutien n’est de trop, surtout pas celui des Etats-Unis, la première puissance mondiale.
On ne peut donc que scruter de près les résultats qui sortiront de la réunion de Paris. Verra-t-on enfin l’entrée de plain-pied des Etats-Unis aux côtés des nations déterminées et engagées comme la France et maintenant toute l’Union européenne? Ou est-ce juste un faux espoir donné aux Maliens et aux Africains?
Il est clair que l’Amérique joue gros dans le dossier malien. Son intérêt pour la paix dans la bande sahélo-saharienne se mesurera à l’aune de son degré d’engagement au Mali.
 
Source: Le pays.

Le MNLA veut être un joker pour régler la crise malienne

altMarginalisé, le Mouvement de l’Azawad déploie un activisme diplomatique auprès de la communauté internationale pour se présenter comme une solution incontournable au Nord-Mali.

«Sans nous, ce sera un massacre», avance Hama Ag Mahmoud, venu à Strasbourg depuis Nouakchott (capitale de la Mauritanie) pour une conférence au Parlement européen sur l’avenir du Nord-Mali.

Marginalisé et fragmenté, le Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA) tente aujourd’hui de se poser en joker aux yeux de la communauté internationale. Pour l’heure sans grand succès.

En donnant, le 12 octobre, 45 jours à Bamako pour convaincre de la nécessité d’une intervention internationale, le Conseil de sécurité des Nations unies a déclenché un activisme diplomatique à haute intensité.

Alors que les négociations se déroulent sans eux à Bamako, que l’option d’une intervention armée se profile avec le soutien de l’Union africaine et de la Cédéao (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest), que Paris s’engage en première ligne pour défendre l’intégrité territoriale du Mali, certains leaders du mouvement indépendantiste touareg multiplient les gages de respectabilité.

Long manteau brun sable, posé, Hama Ag Mahmoud se présente comme le responsable des Relations internationales du MNLA. Il est accompagné de Moussa Ag Assarid, chargé de communication au Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA), qui réside en France.

Trois autres membres du mouvement, dont le président Bilal Ag Cherif, n’ont pu venir à Strasbourg faute d’avoir obtenu leur visa à temps du consulat français à Ouagadougou.

Preuve du rafraîchissement des relations avec Paris, qui entretenait du temps de l’ex-président Nicolas Sarkozy des liens plus chaleureux?

«Nous donnons le bénéfice du doute», élude Moussa Ag Assarid.

Les dissensions internes au MNLA, largement étalées dans la presse malienne et internationale, sont aussi écartées d’un revers.

«Tout le monde est d’accord pour l’indépendance, mais aujourd’hui l’autodétermination —reconnue par la charte des Nations unies— est acceptée comme une phase essentielle dans une logique qui mène à l’indépendance», détaille le responsable de la communication du CTEA.

L’absence du MNLA lors de la réunion tenue le 19 octobre par l’Union africaine et la Cédéao à Bamako pour, indiquait Paris, «renforcer la coordination de l’ensemble des acteurs concernés»?  

«Nous n’avons pas été invités, mais il a été question de nous», indique Hama Ag Mahmoud.

«Un carnage humanitaire»

«Pourtant, appuie Hama Ag Mahmoud, sans l’appui du MNLA une intervention au nord du Mali serait extrêmement dangereuse et ne pourrait qu’aggraver le chaos actuel. Au lieu de chasser AQMI, cela va jeter la population dans ses bras. Une force militaire africaine n’aura pas le courage de s’engager sur le terrain, elle tombera dans les trafics, se fera massacrer, tirera sur la population civile. Par ailleurs, elle est vouée à l’échec si certains pays voisins continuent de soutenir les terroristes. Enfin, cela fait dix ans que l’on forme et assiste les Etats de la région à la lutte contre le terrorisme, jamais ils n’ont rien fait. Pourquoi cela changerait?»

Que propose donc le MNLA? «Simplement de donner les moyens d’action sur le terrain à une intervention internationale»

En contrepartie, «on ne dit plus “l’indépendance n’est pas négociable”. Nous avons déclaré en avril l’indépendance de l’Etat de l’Azawad, mais nous laissons la porte ouverte à une fédération.»

Mais dans l’immédiat, «nous attendons de négocier avec les autres parties, comme le stipule la dernière résolution du Conseil de sécurité».

Chevalier blanc

Comme gage de sa volonté de respecter le droit humanitaire, le MNLA a contracté depuis le 1er octobre les services d’un cabinet d’avocats basé à Amsterdam.

Celui-ci a écrit, le 12 octobre (PDF), au procureur de la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête préliminaire au Nord-Mali, après avoir été saisie en juillet de la situation par les autorités maliennes de transition.

Le MNLA l’assure de sa pleine coopération dans cette enquête, quand bien même des accusations —portées notamment par Human Rights Watch— viendraient à toucher certains de ses membres.

Deux jours plus tôt, le MNLA avait écrit au Conseil de sécurité des Nations unies pour lui présenter un «Plan d’action» (PDF) dans lequel le mouvement s’engage à «respecter le droit de la guerre».

Ce faisant, le MNLA souhaite se présenter comme un chevalier blanc, sur qui la communauté internationale pourrait se reposer en confiance pour lutter contre les groupes «narco-terroristes» islamistes Ansar Dine, Mujao et AQMI.

On peut dès lors se demander pourquoi le MNLA ne les a pas combattus plus tôt? Les réponses de ses représentants suggèrent que le mouvement n’en avait ni la volonté claire, ni la capacité militaire.

«Nous avons toujours eu la volonté de sortir Ansar Dine des griffes d’AQMI, du moins jusqu’à l’échec de nos négociations avec eux, le 27 mai. Nous continuons de leur parler pour tenter d’en faire sortir les jeunes de l’Azawad», indique Moussa Ag Assarid.

«Sachant que ses mouvements sont financés par des Etats étrangers, nous avons pris l’option stratégique de ne pas nous engager dans une lutte trop risquée et de rester observateurs pour recueillir des informations», ajoute Hama Ag Mahmoud.

A son corps défendant, le MNLA pourrait toutefois conserver ce statut d’observateur impuissant.

«Qu’est-ce que le MNLA aujourd’hui, s’interroge André Bourgeot, chercheur au CNRS et spécialiste du Mali, joint par téléphone à Bamako. Ils cherchent à se repositionner, ce qui me paraît de bonne guerre compte tenu du fait qu’ils sont politiquement, militairement et diplomatiquement isolés. Par ailleurs, toutes ces démarches n’engagent que des personnes, tant il me paraît difficile d’appréhender le MNLA comme une entité homogène. Sur le plan militaire, les djihadistes l’ont bouté hors de Tombouctou, de Gao et maintenant il s’est réfugié en brousse. Sur le plan politique, il y a trois courants différents et un problème certain de représentativité et de pouvoir en interne; enfin, sur le plan diplomatique, le médiateur de la Cédéao ne parle plus du MNLA.»

A moins qu’il ne devienne un joker, pour une communauté internationale qui misera d’abord et en priorité sur les autorités du Mali en garantissant son intégrité territoriale.

«Le MNLA est dans une dynamique intérieure de repositionnement, mais il a laissé passer sa chance, estime Mathieu Guidère, spécialiste du Mali et professeur d’islamologie à l’université de Toulouse. S’il avait résisté aux islamistes à Gao, fin juin, il aurait gagné une crédibilité sur le plan international. Toutefois il a perdu la bataille, principalement par défaut d’ancrage auprès de la population. Aujourd’hui, le MNLA et la communauté internationale ont quelque part un ennemi commun, et la Cédéao cherche désespérément un partenaire sur le terrain… alors oui, peut-être, le MNLA pourrait devenir une alternative ou un alibi local à une intervention internationale. Il faut toujours avoir un joker.»

Franck Petit

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