Monthly Archives: December 2019
LA RÉACTION DU PRÉSIDENT SAMBA THIAM AU DISCOURS DE GHAZOUANI
Discours de célébration du 59ème anniversaire par Ghazouani, le 28 novembre 2019 à Akjoujt,
Réaction
Je ne pense pas qu’il y’ait quelqu’un sur la scène politique nationale, qui se soit, plus que moi, opposé au Président Abdel Aziz. Si on en trouve c’est une minorité. Je l’ai fait en toute objectivité, de façon directe et frontale, à chaque fois que j’avais à apprécier, ou redire sur son action politique. Je voudrais adopter la même position avec Ghazouani, même si je sais qu’il ne fait pas ‘’ bonne image ’’, en ces temps d’euphorie et de retournement de vestes coutumier, d’adopter une telle attitude. L’intellectuel, comme le journaliste, – je ne suis ni l’un ni l’autre-, se doit nous dit A Londres , non pas de plaire mais d’armer, de dire ce qui est. En soumettant le Discours de Ghazouani à ma grille de lecture, qu’est ce que je retiens ? Un discours général, évasif, toujours avec des déclarations d’intention louables, mais qui reste muet sur les questions de fond qui me préocupent … Promesse d’honorer ses engagements, rappel de ses actes posés, entre autres celui d’avoir ‘’consolidé l’unité nationale’’ par l’ouverture aux acteurs politiques. Une vision tout à fait réductrice, étriquée à mon sens, de la question centrale de l’Unité , qui ne peut se résumer à l’ouverture à une Opposition. Cela participe , sans nul doute, de l’apaisement du climat politique, mais pas nécessairement de la consolidation de l’Unité. Loin s’en faut; il en faut beaucoup plus ! Ouverture du reste marquée par des limites…Jusqu’ici un parti politique légal comme l’Ajd-mr n’a pas été convié, certaines notabilités et acteurs politiques significatifs non plus. Pourquoi, si comme on le distille, nous avons tourné le dos avec Ghazouani, à l’esprit et à la pratique ethniciste et de copinage qui imprègne nos mœurs politiques? Autre aspect noté, cette multiplication de structures comme la Délégation à la pauvreté, le Conseil présidentiel, le Conseil superieur et la haute Autorité de l’Education, en fait, des structures peu ou prou de même type ou de même vocation que le médiateur de la République de naguère, qui n’avait rien donné , ou pas servi à grand-chose …Le mal, profond, est dans l’Administration ; tant qu’elle reste en l’état, gangrenée par la corruption , le laxisme , la complaisance des agents, l’absence de conscience morale et professionnelle, (des dossiers non plus transmis aux services par des plantons mais par les interessés eux-mêmes ) cette flopée de structures n’y feront rien… L’allure générale du mouvement ou du changement doit être impulsée du sommet pour forcer au changement des comportements. Par ailleurs ,‘’ L’Ecole républicaine fédératrice’’ -au sens premier que lui donnait Jules Ferry- dont on parle ici, n’éclosera, que lorsqu’on se sera attaqué au nœud du problème qui est l’inégalité structurelle, instaurée entre les enfants à la base, par la domination et l’instrumentalisation d’une langue, d’une culture sur les autres … Ce texte, en conclusion, s’il recèle quelque chose de positif, une offre quelconque, c’est en direction, une fois de plus, des fils d’esclaves, et de certains segments d’une communauté, sans plus. Il tente d’adresser, en filigrane, la problématique haratine surtout . Le président, visiblement, ne semble pas accorder l’attention particulière requise à la question centrale de l’Unité. Enfin, que dire d’une structure qui, pour être chargée de débloquer des dossiers des citoyens, se voit logée au ministère des Transports ??? A qui parle-t-on ? Non, le Discours de Ghazouani ne me parle pas, ne nous parle pas… Cela dit, j’avoue ne pas comprendre l’indifference des cadres intellectuels et politiques face à l’ actualité ; actualité aussi cruciale que le discours du Président de la république qui ne suscite aucune réaction des plus concernés par cette oppression dévastatrice! Je ne peux pas comprendre cette passivité générale qui s’installe….On lit, on consomme et on garde le silence …
Samba Thiam
Nckchott 4 /12/2019
source : Samba Thiam officiel, facebook page
Mauritanie: Entretien téléphonique entre Ghazouani et Ould Taya
Senalioune– Le président Mohamed Ould Ghazouani aurait eu une conversation téléphonique avec l’ancien président Maaouya Sidi Ahmed Ould Taya.
Ce dernier se trouve toujours à Qatar depuis son renversement lors d’un coup d’État militaire de 2005. L’appel a duré 41 minutes selon une source mais le contenu n’a pas été révélé.
Le président Ghazouani est entrain de régler le statut de l’ancien président Sidi Mohamed ould Abdallah en tant que ancien président du pays, bénéficiant de tous les droits et privilèges conféré par le droit mauritaniens.
Parmi les droits et privilèges, une allocation financière régulière et un garde du corps.
La compensation et les privilèges de l’ancien président ont été approuvés dans les années 80 par Maaouya Sidi Ahmed Ould Taya qui devrait également bénéficier de la décision de Ghazouani.
senalioune. Â
Les discours dans l’histoire et celui de Ghazouani
Il y quelques années, j’écrivais un article où je disais que pour être célèbre, un homme devrait traverser un cours d’eau pour rentrer dans l’Histoire. Donnant des exemples, je convoquai César, qui franchit le Rubicon ; de Gaulle, qui traversa la manche et Moctar Ould Daddah qui ‘’enjamba’’ le fleuve Sénégal pour fonder Nouakchott.
Alors, j’incitais un jeune Premier Ministre à traverser ‘’la lagune’’ qu’infestait la mafia du PRDS putrescent. Aussi, il faut réussir un discours pour écrire son nom à l’encre indélébile de l’Histoire.
En effet, le verbe serait l’apanage de l’Homme ; il le distinguerait de l’animal, qui n’est pas un être locuteur au sens humain du terme, même si de par leur rugissement, leur croassement, leur coassement, leur glapissement, leur meuglement ou leur beuglement (j’en passe), bêtes et bestioles s’expriment entre elles.
L’homme, parleur et parlementeur, par excellence, a fait du discours un outil, voire une arme redoutable, qui fait parfois mieux que les canons et la cavalerie.
Mettant en veilleuse le Littré, nous pourrions proposer une définition qui n’engage que nous : « propos plus ou moins long émis par un homme, le plus souvent un leader, faisant face à une situation particulière, qui l’oblige à s’époumoner pour convaincre ou vaincre sans combattre ». Justement, dans son livre fétiche ‘’ l’art de la guerre’’ Sun Zu (5eme siècle av. Jésus), proposait aux princes et aux généraux de conquérir des cités sans combattre.
Pour exister et réussir leurs petites ou grandes œuvres, les hommes communiquent par les mots. Mais, fatalement, Dieu ne donne pas toujours les mêmes aptitudes à tous. Ainsi, n’est pas éloquent qui le veut. Les grands orateurs seraient même rares. Réussir son discours n’est pas pour autant évident ; parler est parfois contre-productif.
On entend souvent dans la foule ou dans la presse, « il aurait pu se taire » ou « il fallait qu’il fasse l’économie d’une sortie malencontreuse.» Le verbe, arme à double tranchant, a, malheureusement, des effets pervers en flèche de Boomerang. Pour qualifier un discours raté, les épithètes, les attributs, les adjectifs et les adjectifs substantivés ne manquent pas : « Abscons, inepte.
C’est un galimatias. C’est de la faribole. C’est une logorrhée. Biasé !… Par contre, quand l’orateur atteint sa cible, on trouve tous les superlatifs absolus pour les aligner devant le discours dont la magie a dû marcher.
Etre cultivé ou bien éduqué, ou beaucoup parler ne suffit pas pour enregistrer un long texte dans les annales de l’Histoire ou dans le Guinness des records. Fidel Castro aurait lu quelques milliers de discours, sans que les auditeurs en retiennent un seul pour la postérité. En cela, le physique est déterminant, ainsi que la belle voix.
Quant on est peu gracié par la nature et que les cordes vocales émettent des paroles chevrotantes et hésitantes, quels que soient la nature, la forme et le fond du texte, l’orateur rate le coche, et d’aucuns le trouveraient « à côte de la plaque.» Par contre, la beauté, et le charisme (une vertu qui ne se décrète pas mais que la Providence attribue à qui elle veut), sont nécessaires pour un leader.
L’on s’est demandé : « Le Che Guevara aurait-il été influent s’il n’avait pas une si belle gueule ? En fait de beauté et de charisme, de Gaulle et Nasser n’auraient pas réussi sans leur charisme que portent de grandes silhouettes et un beau blair.
Le Top 7 des discours
A travers le cheminement houleux et chaotique de l’Humanité, des hommes sont arrivés à allier qualités intellectuelles et physiques pour graver un message quasi eternel pour la postérité. Faire un classement n’est pas ici aisé, le choix étant toujours teinté d’impartialité inconsciente. Cependant, sept célèbres discours ont marqué l’Humanité ad vitam aeternam, peut-on dire.
En 1963, une silhouette noire se détache sur le paysage de Washington City. Un jeune Noir déluré donne un discours précédé d’une sentence de quatre mots, qui vont structurer la cause et le mouvement des Noirs dans l’Amérique, alors honteusement raciste : « I have a dream » Le discours aux élans prophétiques disait en substance : « je fais un rêve où mes quatre enfants pourront un jour vivre dans un pays où ils ne seront pas jugés sur leur couleur de peau, mais sur leur personnalité ».
En 1963, John Fitzgerald Kennedy inscrivit son nom sur le tableau des grands orateurs de son temps par son ‘’ Ich bine in Berliner.’’ Son éloquence quasi-légendaire trompait la maladie d’Addison, qui l’empêche parfois de se lever.
Un jour alors que son P-104 venait d’être torpillé, il n’abandonna point la force des mots, balbutiant : « Voila se qu’on ressent quand on est mort ». Par le truchement de discours prononcés sur fond de pleine guerre froide dans une Allemagne divisée, Kennedy s’adressait au peuple ouest-allemand, lui rappelant les liens forts qui unissent leurs deux pays.
De Gaulle, l’homme du 18 juin, n’est pas seulement l’auteur du discours de cette même date, avec lequel il préparait la résistance à l’occupation nazie, mais de deux autres textes restés célèbres, ceux de Bayeux prononcés dans le contexte de la libération, après le débarquement spectaculaire des Alliés en Normandie.
C’est, bien entendu, par la force de l’expression que cet homme dirigeait la France toujours insoumise. Son intervention à la télévision, après le coup d’Etat d’Alger, fit tout de suite échouer la conjuration du « quarteron de généraux en retraite».
Un autre très beau Noir peut dire « veni vidi vici grâce à sa rhétorique doublée d’un physique admirable. Les communicants disent que « Beaubama » n’a jamais été surpris en défaut de symétrique par les photographes, achevant de séduire ses fans que son verbe impressionnait profondément. Son discours d’investiture en 2008, en tant que Président des USA, compte aujourd’hui parmi les plus beaux textes lus par des chefs d’Etat ou monarques.
La taille ne semble pas être un handicap pour le discours. Pour s’en rendre, il faut se souvenir de Winston Churchill, le Chef du gouvernement britannique, un bout d’homme arrivé au pouvoir en 1940 et qui rentra par la grande porte de l’Histoire, par un texte d’anthologie lu devant la chambre des Lords le consacrant comme l’homme le plus emblématique de l’empire britannique. Bien qu’agréable à entendre, le discours ne promettait pour tant que blood, toil, tears and sweat. Entendez : du sang, du labeur, des larmes et de la sueur.
L’un des discours les plus marquants de l’Histoire est celui de Mahatma Ghandi, la grande âme. « L’homme à demi-nu » et squelettique prononçait, en 1922, un texte qui inspirera tant de mouvements du xx° siècle et d’icones, comme Dalai Lama, Nelson Mandela et Martin Luther King. Ses mots pacifiques éloignaient la guerre, tout en imposant la paix.
Tout prés de nous, au Maroc, un monarque a fait valoir un talent d’orateur hors pair soutenu par une grande maitrise des subtilités politiques. On se rappelle son discours du 5 novembre 1975 marquant la Marche verte.
Cette marche inspirée de la longue marche d’un autre tribun passé maitre des manipulations des masses, Mao Tse Toung, était plutôt un acte physique actionné par le verbe cinglant et envoutant d’Hassan II.
La voie nasillarde affectée pourtant par un asthme chronique, fit tout de suite affluer des vagues d’hommes, de femmes et d’enfants vers un terroir qu’ils n’ont jamais vu, mais le magicien du verbe leur fit croire qu’ils y ont toujours vécu à perpétuelle demeure. Ainsi il s’adressa au peuple marocain : « Demain, tu franchiras la frontière.
Demain, tu entameras ta marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne. Tu palperas des sables qui sont tiens. Demain, tu embrasseras un sol qui fait partie intégrante de ton cher pays ».
Le discours du Sahel
Etre d’un « petit pays du Tiers-monde » n’arrange pas les choses. Tant de talents et de virtuoses passent inaperçus en Afrique du fait de la « petitesse » de nos Etats africains, n’ayant pas accès à l’avant-scène internationale.
Mais on sait que des hommes rares de la petite mais grande Afrique se faufilent et se rendent célèbres, d’une façon ou de l’autre. Récemment, un homme, cultivant à fond la modestie, se rendit à Dakar « sans idée de manœuvre », comme disent les tacticiens. Tout porte à croire que le Président Ould El Ghazouani point m’as-tu- vu et loin d’être fanfaron, n’était pas allé au Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique pour rafler la mise à ses pairs.
Son discours qui ressemblait à un coup d’essai fut un coup de maitre. A s’en tenir à la presse internationale, les propos du tout-nouveau président sonnèrent comme un tonnerre dans le firmament de la scène internationale.
De la portée du discours de Dakar
Ecrit dans un style assez correct, rompant avec la greule de bois, il tranchait nettement avec la majorité des textes écrits après Moctar Ould Daddah. Les contributions de nos chefs d’Etat se limitaient à un verbiage grossier et mal écrit et souvent mal lu. Non pas le texte de Dakar était bien écrit, mais le Président Ghazouani l’a aussi rendu avec une très grande maestria.
La voie monocorde, le ton sûr et régulier, sur cinq grosses pages, on ne marqua aucune bévue, aucun cuir, aucun pataquès. Le souffle rendait compte de chaque virgule, chaque point-virgule, chaque point d’exclamation. La diction révélait la bonne éducation de l’orateur.
Bien concentré, le courage vissé sur le cœur, comme d’habitude, on ne décelait aucun chevrotement dans sa voix. Respectueux de son auditoire, il n’oubliait jamais de lever la tête à chaque phrase ou périphrase s’il le fallait. Le texte bien ficelé a su allier modestie, souplesse et fermeté.
L’orateur commença par la formule de politesse en usage, par sa modestie congénitale : « Je ne vous apprends rien » ; « avec un esprit d’humilité » ; « sans la moindre prétention de donneur de leçon » Mais toute de suite, il ne cache pas que « c’est sans langue de bois » A l’entame du discours, le Président rompit avec les sentiers battus. Ainsi les plus fortes épithètes sont employées : « croissante », « inquiétante », « structurelle », « défaillant».
Aussi les substantifs les plus sonnants sont enrobés dans un style courtois : « incapacité », « faiblesse », ainsi que des adverbes pas moins cinglants « embrasement », « drastiquement ». Quand il s’agit de l’ONU, qui se veut l’usine de la paix, le Président n’hésite pas à lui rappeler ses devoirs, d’un ton presque péremptoire.
Le verbe devoir, conjugué au présent de l’indicatif, jamais au conditionnel, est employé avec redondance : « l’ONU doit » est prononcé trois fois au moins. Pour s’exprimait, l’orateur de Dakar ne se contente pas de lettres ; aussi les chiffres sont convoqués : les numéraux cardinaux « cent, milliers, millions » prennent tout un paragraphe, pour rendre compte du nombre des morts, des déplacés et des personnes menacées par l’insécurité alimentaire.
En ce qui concerne le fond, un constat amer est annoncé par le Président et ancien général. D’un ton désabusé il combine les facteurs catalyseurs de la mauvaise situation du Sahel : « Nos Etats se sont rapidement vu confrontés à des défis majeurs concomitants : un grand déficit de la gouvernance et de la justice sociale, des faiblesses capacitaires en matière de défense et de sécurité… Pour conclure, le Président, proactif, ne se contente pas d’une chute lyrique, mais tout un kit de mesures ambitieuses est annoncé.
Certainement sans « langue de bois », la maladie endémique dans nos Etats qu’il a fustigée à l’entame de son discours à jamais gravé dans les annales du Sahel et dans le registre dans lutte contre le terrorisme. Comme le discours d’ouverture de sa campagne pour la Présidentielle et celui de son investiture, le discours de Dakar est, tout au moins, une sortie de bon augure et de bon aloi, pour la Mauritanie des incertitudes et des mauvaises habitudes.
Brahim Bakar Sneiba,
Auteur et journaliste
le calame
Indépendance, quelle indépendance? Par Pr ELY Mustapha
Pr ELY Mustapha – Lorsque l’on observe ces échauffourées politiques au sommet l’Etat par avidités de lobbies constitués pour le contrôle du pouvoir, l’on ne peut que se rendre compte que tout ce beau monde n’apportera rien à ce pays. Sinon des mois, des années de retard pour son développement.
Ces gens qui se chamaillent ont-ils pensé un instant que la Mauritanie se meurt de leur faute. Que dans quelques années au rythme du pillage dont elle est l’objet, du laisser-aller et de la mauvaise gestion, sinon l’absence de gestion tout court, la Mauritanie n’existera probablement plus.
Qu’en l’absence d’une prise en main rapide de son économie à travers une stratégie de développement rigoureuse appuyée sur un plan économique et social et le pilotage d’un modèle de développement concerté, la Mauritanie va vers sa disparition.
Et ce n’est pas une vue de l’esprit.
En effet, la Mauritanie, ne sera certainement plus un pays viable dans une perspective maximum d’une cinquantaine d’années sinon bien avant. En voilà les raisons principales :
– Dans une perspective d’une cinquante d’années les ressources naturelles actuellement exploitées (Fer, Pétrole et pêche) seront épuisées sinon réduite de façon draconienne. Or on sait que le revenu national du pays provient à 90 % de l’exploitation de ses ressources naturelles.
– Le pays est soumis à une désertification galopante, une déforestation et une réduction catastrophique de son espace arable. L’agriculture et l’élevage étant le pilier d’une économie locale de subsistance, fragile, ne sera plus que l’image d’elle-même dans les cinquante prochaines années.
– Les villes côtières, saturées par un exode rural d’une population démultipliée , sont soumises au danger des inondations maritimes du fait du réchauffement climatique et de la pollution en perpétuelle croissance.
A l’orée de l’année 2059, la Mauritanie, aura épuisé ses ressources naturelles et son revenu national aura par là même disparu. Elle se trouvera en face d’une économie inexistante qui alimente ses circuits de biens et services importés qu’elle ne peut plus se permettre d’acquérir. Et ce sera le déclin d’un pays, comme tous ceux qui à travers l’histoire ont vécu dangereusement, dans la violence qu’ils se sont faits à aux mêmes ou qui ont sombré dans le vice.
Si dans cinquante ans la Mauritanie disparaît c’est simplement qu’elle n’aura pas préparé les moyens de son développement futur.
En effet, si l’on regarde actuellement les performances de l’économie mauritanienne, on se rend compte, qu’elles sont totalement erronées. Et voici pourquoi :
– La croissance affichée par les pouvoirs publics est fausse car elle ne correspond pas une croissance réelle engendrée par la valeur ajoutée des unités et des agents économiques à l’économie nationale. La croissance dont il s’agit est calculée sur la base de la rente nationale, issue justement des revenus des ressources naturelles. Le Produit intérieur brut, ne reflète pas les réalités de l’activité économique mais la croissance d’une rente nationale. C’est une croissance du sous-développement
– Le commerce mauritanien est tout orienté vers l’enrichissement personnel de quelques commerçants qui exportent leurs bénéfices et n’investissent pas dans le pays. C’est un commerce créateur de consommation, d’appauvrissement des citoyens et d’exportation de ses bénéfices
– La technologie nationale n’existe pas. La Mauritanie ne possède ni des laboratoires de recherche, ni un savoir-faire technologique exporté, elle vît entièrement de la dépendance technologique tant pour les biens que pour les services.
– L’inexistence d’un tissu industriel pouvant supporter la demande nationale, conquérir des marchés extérieurs et créer l’emploi. De ce point de vue la Mauritanie est complètement démunie et dépendante des industries étrangères à travers l’importation de leurs produits manufacturés.
Si cette situation se maintient, la Mauritanie se retrouvera dans les prochaines années avec une rente, provenant de ressources naturelles, totalement épuisée et elle n’aura pas développé des revenus permettant de prendre la relève :
– Pas de technologie exportable, pas de label, pas de marque industrielle ou commerciale conquérant les marchés internationaux.
– Pas d’industrie du savoir-faire performante couvrant les besoins des secteurs économiques du pays.
– Pas de sociétés commerciales compétitives à l’échelle nationale et internationale pourvoyeuses de fonds pour le pays.
– Pas de ressources humaines hautement qualifiées développant dans des laboratoires de recherche les produits de pointe, garantie de perpétuité d’une maîtrise technologique sous-tendant une économie forte.
– Pas de vision stratégique de développement de l’humain et de sa promotion. Aucune intégration des populations dans un devenir commun, facteur de cohésion et de solidarité entre toutes les franges de la société.
Un pays dépendant de tout, peut-il fêter son indépendance ?
Bref, cette Mauritanie orientée vers son futur, développant les moyens humains, technologiques, industriels et commerciaux de sa survie face aux défis mondiaux de demain; pensant et repensant à l’échéance proche de l’épuisement de ses ressources naturelles et les optimisant dans leur collecte et leur utilisation pour préparer dans une stratégie de développement, un avenir meilleur, n’existe pas. Et on ne la verra peut-être jamais.
Ce que l’on voit, c’est un pays exsangue, au sommet duquel se battent des politiciens véreux qui pensent que demain leur appartient. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que la Mauritanie, demain, à cause d’eux, risque d’être pire qu’aujourd’hui. Et probablement disparaitre.
Et même si elle devait survivre, ce sera un pays exsangue, sans ressources miné par la sècheresse, détruit par les conflits, sous le joug des puissances qui en feront un dépotoir à ciel ouvert des déchets de leurs industries.
Puissances qui auront par leur savoir et leur savoir-faire, par le progrès de l’intelligence, déjà conquis d’autres planètes pendant que les derniers enfants de ce que fut la Mauritanie, sans moyens et sans espoirs, sont décimés par la faim, la maladie et la soif.
Alors, dans cinquante ans, quelles générations futures iront encore prier sur la tombe de leurs pères?
Indépendance, quelle indépendance ?
Pr ELY Mustapha
La bataille de l’UPR: quel gâchis !!! / Par Ely Krombele
Ely Krombele – 1/ Quarante ans pour construire, trois mois pour détruire : quand toutes les analyses s’écroulent…comme un krach boursier.
Les observateurs avertis ont toujours cru que la faille viendrait un jour du glacis politico-médiatique adverse qui s’acharne depuis des lustres sur l’entente légendaire tissée entre deux frères d’armes aux destins envieux. Mais hélas, il semble que le syndrome peu reluisant voire tristement célèbre du tandem mortifère Thomas Sankara-Blaise Compaoré ait toqué aux portiques du pays du “million de poètes”.
Sans vouloir verser dans la grandiloquence de la sphère médiatique, surtout des réseaux sociaux, l’on est en droit de se demander : pourquoi maintenant?
Au moment où l’un des protagonistes vient de graver dans le “ciment de Mauritanie” le dernier chapitre de son “épopée”, tandis que l’autre commence tout juste à se frayer un sentier lumineux propice à l’entame de sa propre “Histoire”. Sale temps sur Nouakchott à l’orée du 59ème anniversaire de notre indépendance !!!
Certes personne ne peut “cum-prendre” les sinuosités profondes de la psychologie humaine, surtout quand elle relèverait du domaine de l’inconscient. Mais au-delà des pratiques dolosives, des tournures machiavéliques, des pulsions colériques ou des troubles narcissiques, un être humain doué d’un minimum de rationalité se doit de connaitre la différence entre le bien et le mal, le tolérable et l’intolérable, la compassion et l’ingratitude….C’est aussi cela un peu de stratégie ….militaire, quant à choisir le moment de s’exposer ou la période de se camoufler……
Alors de quoi s’agit-il, pour ce qu’on peut appeler désormais la “bataille de l’UPR”? Y a-t-il des mobiles encore tacites qui nous échappent ? Jusqu’où ira cette saga?
Avant le limogeage du colonel Mahfoudh Mohamed Elhaj dit Sogofara, le 27 novembre 2019 et son remplacement par le très respectable jeune colonel Ahmed Ould Moilih à la tête du Basep (bataillon de la sécurité présidentielle), je ne croyais point à un début de mésentente entre les présidents Mohamed Ould Ghazwani et son ami Mohamed Ould Abdel Aziz. Et ce, malgré le tumulte des réseaux sociaux, qui reflètent sans parcimonie les méandres de l’opinion chauffée.
Qui a dit que “l’opinion pense mal ” et que “d’ailleurs elle ne pense pas, qu’elle traduit ses besoins en connaissances” (Gaston Bachelard) car ses fondements, d’intérêts en raccourcis sont le plus souvent contraires à la vérité, soit-elle éthique ou …scientifique.?.
Franchement au commencement de la “bataille de l’UPR”, j’avais cru à un énième coup de poker de Mohamed Ould Abdel Aziz (dont il a le secret et la latitude) au profit de son ami Ghazwani en vue de lui rallier la majorité des députés du parti (upr) à moindre coût. Hélas j’ignorais que cette entreprise finalement pro domo allait faire céder pour la première fois depuis exactement 41 ans et 3 mois la digue de l’amicalité en endommageant, ne serait-ce que pour un temps le cordon ombilical liant les deux généraux. On aura constaté le comportement asymétrique de Aziz au bout de trois mois seulement, dès lors qu’il n’a plus Ghazwani pour atténuer ses ardeurs, endiguer ses envies, gérer ses pulsions.
Ah oui le “sédatif ou calmant” Ghazwani étant passé de l’autre côté de la grille du palais, les antiviraux ingurgités par mon ami, son ami Aziz n’ont pas eu d’effet sur les “virus”, ces agents pathogènes ambiants rencontrés cette fois à Londres, Paris, Madrid ou tapis à Nouakchott, téléphone à l’oreille. L’infection évoluant en milieu fertile, la période de l’incubation sera courte et le traitement après le diagnostic sera administré dans les locaux de l’UPR.
Ensuite…c’était la désolation, la fièvre n’étant pas tombée pour cause de …faux médicaments. Mais désolant pour qui? D’abord pour le président Ghazwani, car s’il y a un homme doublement affecté, affligé aujourd’hui, c’est bien lui. Se mettre à la disposition d’un homme 4 décennies durant et ne pas recevoir en retour de la gratitude le temps d’une mandature de cinq petites années (ou même une décennie), dénote réellement d’un comportement amoral. Ensuite désolant pour ses frères d’armes, surtout les généraux qui voyaient d’un bon oeil la retraite dorée de leur camarade qu’ils devraient chérir et respecter.
Enfin désolant pour tous ses soutiens, amis, parents etc… surpris par l’attitude désinvolte de Ould Abdel Aziz. Le cas de la responsable des femmes de l’UPR, Moutha Mint Amar ,illustre bien cette assertion, quand elle lui demande hébétée “pour qui roule-t-il désormais?” Et pourtant dans les normes, c’est Aziz avec son expérience par l’exercice du pouvoir, qui devrait être là pour épauler son ami, sans jamais vouloir s’immiscer dans sa gouvernance.
Il semble que les deux hommes ne se sont pas tout dit au moment de la passation de service. Surtout en ce qui concerne le magot. Ce double réalisme des deux protagonistes encore une fois dénote de la complexité existentielle de l’être humain en général, guidé par des pulsions, sans doute en rapport avec les circonstances de l’enfance, et dont l’ampleur et la gestion lui échappent souvent .
Le retour de Aziz pour jouer un rôle politique de premier plan au sein de l’Upr, sans prévenir le président Ghazwani, n’était pas à l’ordre du jour. Alors que nous cache-t-on? Si Aziz avait l’intention de revenir pour faire ombrage à Ghazwani, pourquoi avoir quitté le pouvoir? Voyait-il en Ghazwani la même “vache à traire” éternellement ou croyait-il que le respect que lui accordait l’actuel président, exprimait-il une faiblesse congénitale qu’on peut exploiter à jamais? Aziz, n’a sans doute pas médité l’adage endogène de l’éminent guerrier et émir du Tagant Bakar Ould Soueid Ahmed à propos de l’ensemble tribal dont est issu l’actuel président de la république islamique de Mauritanie.
Autrement quand un homme ne cultive que la paix et la tolérance, il ne faudrait pas le bousculer à faire mal. Car la sagesse, quand on y tient, peut venir à bout de la mère des colères. Cependant si la situation est grave actuellement à Nouakchott, elle n’est pas désespérée. En effet si Ghazwani a pu gérer Aziz en position de dominé, il saura lui montrer le chemin de la sagesse sans “tambours ni trompettes”, cette fois en position de force, ce que le droit et le devoir à protéger tous les mauritaniens lui concèdent.
2/ Que doit faire Aziz ?:
Si j’étais Mohamed Ould Abdel Aziz je choisirais un train de vie digne d’un ancien chef d’Etat dans le calme et la sérénité. Je dois remercier Allah de m’avoir donné tant de privilèges, tant de notoriété pour si peu. Aziz, tu as eu un coup de génie en choisissant le lieutenant Ghazwani comme alter ego, pour enfin lui céder le fauteuil présidentiel 4 décennies après.
Cet ami fidèle, qui ne t’a jamais contrarié un seul jour, autant lui renvoyer l’ascenseur en le laissant gouverner à sa manière le pays. Car chaque homme a ses propres empruntes, donc sa vision, son goût, son sens critique ou de critique et c’est cet ensemble qu’on appelle culture. Un pan de ta culture, toi Aziz était basé sur la hargne, l’impériosité etc, instruments avec lesquels tu as réussi à aplatir tes adversaires politiques, donner tes empruntes à tous les sceaux de la république.
Que veux-tu de plus, qu’une retraite apaisée, déjà assurée par la présence de ton ami de toujours à la magistrature suprême de cet état mauritanien qui t’a tout donné, et que tu as servi toi aussi. Je te conseille en ami de 39 ans (on s’est connu un mois de novembre 1980 à Kaédi) de ne plus céder aux tentations suicidaires ni aux allures kafkaîennes sur la scène politique car chaque étape dans la vie d’un homme a une fin.
Retourne au stade pour ton sport quotidien, crée une fondation pour la zakat à propos de tes biens mobiliers, immobiliers ou tes liquidités, repose toi à la badiya tant que tu peux, prends goût à la vie car le bonheur ce n’est pas que la quête éternelle de l’argent,….l’argent….,l’argent. Le bonheur c’est aussi le poème d’Horace : carpe diem(cueillir le jour).
C’est seulement avec ce comportement que tu pourras créer de l’empathie même chez ceux des mauritaniens qui ne t’aiment pas. La confrontation avec le pouvoir, tu en sais quelque chose, elle ne te servira à rien, car tu n’es plus l’administrateur, mais un simple administré, cependant ancien président de la république, général à la retraite. Ce statut n’est pas donné à tout le monde, c’est aussi un privilège. Voilà quelques conseils d’un ami qui te veut du bien et surtout qui ne te déteste pas. Ta détestation est à la mode actuellement, même pour ceux qui ont prétendu t’avoir soutenu.
3/Que peut faire le président Ghazwani?:
Ceux qui attisent le feu entre Ghazwani et aziz pour provoquer l’irréparable, se trompent sur la vision olympique de l’actuel président de la république. Il ne ménagera aucun effort pour susciter un climat d’apaisement. Très sage, il n’adoptera que des ripostes graduées et surtout factuelles venant de son vis à vis. Il sait aussi que ceux qui applaudissent aujourd’hui pourront lui tourner le dos demain, avec le slogan tel : les militaires dans leurs casernes, car une réponse mal formulée appelle toujours une autre question pertinente.
Nous avons besoin de calme et de sérénité, besoin d’assainir la scène politique d’opportunistes véreux, de légitimer la fidélité au programme et non à l’homme. Car en Mauritanie les gens passent plus de temps à parler des partis politiques, des hommes et leurs systèmes d’alliance, que les attentes socio-économiques du peuple mauritaniens.
Tout ce brouhaha n’est qu’une diversion, il faut aller à l’essentiel car la “bataille de l’UPR” n’est qu’un épiphénomène en sachant qu’Ould Abdel Aziz n’est plus président, il ne commande plus le Basep, alors il n’a plus de capacité de nuisance, ni d’interférence. Le seul responsable devant les mauritaniens désormais c’est le président de la république Islamique de Mauritanie Mohamed Ould Ghazwani.
Alors ne doit-on pas passer aux choses sérieuses maintenant? Encore une fois, quel gâchis car pour moi c’est “un peu en chacun de ces hommes un Mozart assassiné”/.
Ely Ould Krombele, France
cridem