Daily Archives: 03/10/2019
Moi aussi j’étais à Oualata (12) : D’autres distinctions/Par Oumar Ould Beibacar
Je m’aperçois que j’avais omis de mentionner deux autres distinctions. Je vous les livre donc aujourd’hui. La première me semble redoubler mon titre de grand officier dans l’Ordre du mérite national. Elle me fut offerte par mon frère et ami Ly Jibril Hamet, premier président des FLAM, à travers un joli poème qu’il dédia également à mon collègue, le lieutenant Mohamed Lemine ould Ahmedou aujourd’hui colonel toujours en activité, qui m’avait précédé au Fort de Oualata, en tant que commandant d’escadron, entre Avril et Juillet 1988. En voici le texte : Serment de guerrier En prémonition / Je vis le Sceau des Prophètes / Je vis son Compagnon craint de Satan (1) / Cette vision / Se réalisa par la venue successive / De deux guerriers / Qui ne craignaient ni n’espéraient / Foi très forte ils avaient. Vint le premier / Il entra, enturbanné/ Il regarda à gauche comme à droite / Non ! dit-il / Il alla au fond de la salle / Revint sur ses pas / Non ! Non ! / Il regarda les uns et les autres / Il dévisagea l’un à la suite de l’autre / Ceux que l’on appelait naguère / Pater / Patron / Chef / Homme / Leurs mains étaient menottées / Leurs pieds étaient enchaînés / Non ! Non …Non ! / Lorsque son regard croisa / Celui dont il savait / Qu’il était aussi vaillant guerrier / Celui qui pouvait lui être hostile / Lui sourit. Il sortit précipitamment, ne pouvant (2) / Supporter plus longtemps ce spectacle / Non ! Non ! Non ! Non ! / Il fondit en larmes, ce preux / Qui avait côtoyé les agonisants / Qui avait vécu parmi les morts / Lui qui avait tant vu, tant vécu / Ne crut point ses yeux / Il s’éloigna pour / Pleurer / Cacher à la fois honte et colère / Dire non à l’inacceptable / Réduire des humains en animaux ? / Humilier des hommes ? / Des frères en Dieu ? / Des frères en la Patrie ? / Des fidèles serviteurs de la Nation ? / Et pour quel crime non commis ? / Point je ne me tairai! / Foi de guerrier ! Il parla (3) / Il dénonça / On le démit / On le remit / Il revint. Et vint un autre preux / Encore plus courageux / Encore plus décidé / Je ne ferai d’injure à la race des guerriers / En tuant des morts / En méprisant mes frères / Au prix de mes avantages / Quoi ? De ma vie ! / Je le jure ! Ils étaient quatre (4) / Peut-être cinq / Ils montèrent / Ecoutèrent / Entendirent / Virent / Redescendirent. L’homme de justice / Comme le Compagnon du Prophète / Le Successeur / Seul / Remonta / Vint à nous / Veuillez, Digne-Homme, partager notre repas (5) / Même s’il n’est ni délicieux ni copieux / C’est de tout cœur / Il accepta / Partagea / Sourit / Poliment / Tristement / Aucune larme ne coula / Pourtant à sa manière, pleuvra / Courage, frères / Tout changera ! Et les chaînes disparurent / Il sauva ceux qui le pouvaient encore être / Chaque point cardinal ayant usé de ses droits (6) / Et les visages s’emplirent de joyeux sourires / Ceux qui ne peuvent être vus de jour / Eclairent les ténèbres / Tout ce qui brille le soir / Du levant comme du couchant / Du boréal comme de l’austral / Unis à travers l’épanouissement de l’aurore / Ceux qui ne sont plus parmi nous / Et jusqu’à la fin des temps / Vous sourient / Et vous remercient / Du fond du Paradis / Vous guerriers / Les vrais ! L’un avait dit : « Je parlerai » / L’autre : « J’agirai » / Ils parlèrent et agirent / En vrais guerriers / Et tout changea / Et tout continue de changer / Et tout continuera de changer… (7) NOTES 1. Oumar ben Khattab, compagnon du Prophète (PBL) et second khalife de l’Islam, fut réputé pour son courage et sa droiture. L’officier en question portait son nom. Et lui ressemblait, quelque part. 2. Nouvellement affecté au fort de Oualata et n’en croyant pas ses yeux, cet autre officier ressortit en pleurs de la salle où étaient enfermés des prisonniers politiques. 3. Cet officier connut une forte altercation avec son supérieur hiérarchique. Tous deux dressèrent rapport. Lui fut relevé et affecté mais chargé, au niveau national, de nouvelles responsabilités qui furent salutaires pour les prisonniers que nous étions. Il revint à Oualata avec une forte délégation dont son remplaçant. Elle s’entretint avec les prisonniers et s‘enquit de leurs conditions carcérales qui s’améliorèrent considérablement, évitant de justesse l’irréparable. 4. Les membres de la mission composée de hauts gradés de la Garde nationale et du gouverneur du Hodh El Charghi. Parmi eux, le lieutenant (aujourd’hui colonel) qui devait nous ôter les chaînes, améliorer considérablement nos conditions de détention (nourriture, habillement, soins médicaux…) Les rapports envoyés à ses supérieurs jouèrent beaucoup pour notre libération. 5. Les deux officiers (le prisonnier et le geôlier) se connaissaient et se respectaient. 6. Quatre des détenus étaient décédés en prison. 7. Le poème compte 113 vers… Djibril Hamet LY (ancien détenu politique au Fort de Oualata) Chevalier de l’Ordre du mérite national bis Une seconde distinction de chevalier de l’Ordre du mérite national me fut octroyée par mon frère Mamadou Kalidou Ba, dans son roman, « La résistance pacifique », publié en 2017. En voici la teneur : « La rue Colonel Oumar ould Beibacar était, depuis quelques années, devenue le rendez-vous de la jeunesse branchée de Rènedango. Les cafés et autres buvettes y étaient nombreux et, pour attirer le plus de clientèle, ils rivalisaient par les programmes attrayants proposés. La buvette Soumpou avait trouvé un formidable moyen de diversifier son offre. En plus des soirées dansantes des samedis, elle offrait, aux groupes politiques ou à des particuliers, la possibilité d’y animer des conférences, suivies de débats. Pour être digne de l’éminente personnalité dont la rue portait désormais le nom, Soumpou proposa des tarifs spéciaux aux organisations de gauche dont les idées étaient proches de celles vulgarisées, en son temps, par le colonel Oumar ould Beibacar, un des officiers supérieurs les plus honnêtes, les plus justes et les plus patriotes de l’armée du Harfusowo. Cette offre était valable d’Octobre à Juin. Pour mettre l’accent sur la convivialité de ces programmes du mercredi, ils les appelaient thés-débats. Le thé était offert par la maison mais ceux qui désiraient consommer plus devaient mettre la main à la poche. Il était dix-sept heures quand Gayel et Fara franchirent la porte de la buvette Soumpou. Ils n’avaient pas eu beaucoup de difficultés à retrouver l’endroit. […] ». Ces deux distinctions me firent très grand plaisir. J’en ai déjà remercié mon frère et ami, feu le président Ly Jibril Hamet – que le Tout-Puissant l’accueille en Son saint Paradis! – et je profite de l’occasion pour remercier infiniment mon frère Mamadou Kalidou Ba auquel je souhaite une longue vie, pleine de bonheur et de prospérité, pour lui et tous ses proches. (A suivre).
le calame
Mauritanie: Samba Thiam et Ould Beib sur les consultations présidentielles
Samba Thiam et Ould Beib partagent presque les mêmes points de vue sur les consultations présidentielles. Cheikhan Ould Beib, dirigeant du Rassemblement national pour la réforme et le développement Tawassoul, a déclaré que le rapprochement entre l’opposition et les autorités constitue un danger pour l’équilibre du processus démocratique. « Je soutient la consultation initiée par le chef de l’Etat ces jours-ci. Ce sera peut-être le début de la fin de la rupture entre les deux pôles du processus politique dans le pays. Mais Je ne trouve pas assez de contenu pour justifier l’optimisme dans ce que j’entends ». “Je considère également que le rapprochement qui prévaut d’ici et là entre les acteurs de l’opposition et l’Autorité constitue un danger pour la loi sur l’opposition et l’équilibre du processus démocratique. Cette consultation est donc dans l’intérêt d’un seul parti politique de manière claire et nette“. Ajoute t-il. Il a conclu en déclarant que “l’intérêt de l’opposition n’est pas la mise en place d’une structure incluant la dispersion après avoir été aggravée par les blessures causées par les récentes élections. Son intérêt est pour un dialogue sérieux et approfondi et pas simplement une consultation qui facilite la congestion.“ De sa part Samba Thiam dans un interview au journal le calame a déclaré «Nous dirions que les signes annonciateurs, significatifs, émis ne sont pas de nature à inciter à l’optimisme ; pour être en porte-à-faux à la fois avec l’esprit de son discours d’investiture et celui du premier ministre dans l’hémicycle…. ». Il a également touché sur le vote ethnique que la CVE est accusée d’être en soulignant que « L’unité serait menacée à cause du vote ethnique, vote ethnique qui se découvre à travers l’alignement massif de la vallée du fleuve sur le candidat de la CVE…Voilà qui fait problème ! Quand les arabo-berbères s’alignent, et ce depuis toujours, sur un candidat bidhaani, c’est naturel et normal ! Quand les harratines, se retrouvent, toutes tendances confondues, dans le ‘’Manifeste’’, ou s’alignent derrière Messaoud, il n’y a pas débat. Mais dès que les négro-africains adoptent la même attitude, ça devient insolite, contre nature ! On crie au danger de l’unité menacée ! Mais, en vérité, cette unité est menacée depuis fort longtemps, aggravée depuis l’avènement du 12/12 et sous le mandat du président Aziz; en raison des politiques pernicieuses des hommes au pouvoir, et de certains militaires en particulier ». Sur l’unité national le leader des FPC préconise que « la véritable solution à cette question de l’unité réside, à mon avis, dans la prise en compte effective de la diversité ethnique et culturelle du pays, qui passe par l’égalité des langues et cultures, encore une fois, par l’équité et l’égalité des chances des citoyens devant les opportunités, par l’égale dignité des communautés, à travers la reconnaissance de chacune dans son identité et dans son altérité ». « Oui, si tous ces acteurs politiques l’abordent avec un esprit empreint de franchise et d’honnêteté, indispensables en pareil cas. Oui, un dialogue honnête, franc, sérieux et serein pourrait nous sortir de cette situation grave et dangereuse qui dure près de 60 ans ». Ajoute-t-il. Sur la question de la division de l’opposition mauritanienne après la présidentielle, Samba Thiam a conclu « Sombre, si elle se révèle incapable de se ressaisir. Aller en solo voir le Président, sans stratégie commune et sans plan concerté, est porteur de risques pour ne rien dire de plus … »
senalioune
La Mauritanie vit “la talibanisation de la société” (O. Mkheitir)
Al-akhbar – La Mauritanie «vit la talibanisation de la société. Et la barbarie – flagellation, amputation, peine de mort par lapidation – est toujours inscrite dans le Code pénal», estime l’ex-condamné à mort pour blasphème Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir, qui se réfugie en France.
Interrogé par La Croix, un site d’information français en ligne, Ould Mkheitir est revenu sur ses conditions d’arrestation et de détention : « Un colonel m’a embarqué vers un endroit inconnu, je comprendrai quelques mois plus tard qu’il s’agit d’une caserne militaire, et que je suis séquestré à la demande du président Aziz. Je n’ai pas craqué. Il fallait que je garde un bon état psychologique pour ne pas perdre de vue mon objectif. Combattre l’injustice sociale et l’esclavage en Mauritanie, c’est mon projet de vie ».
Le blogueur raconte qu’il avait en prison «une bouteille pour faire pipi, une vieille boîte de conserve pour mes besoins. Je ne me suis lavé que deux fois en sept mois. Je ne me suis jamais brossé les dents, jamais coupé les ongles et les cheveux. On me donnait à manger par la lucarne de la porte. Je n’ai pas eu une seule visite. Je n’ai même pas prononcé ‘bonjour’ une fois, les deux premiers mois ».
Mohamed Ould Mkheitir estime qu’en Mauritanie, «il n’y a aucun mélange entre castes. Dans la rue, chacun sait si quelqu’un est Beidane [caste des hommes libres, dirigeants, guerriers et marabouts], Maalmine ou Haratine, dit-il aujourd’hui. Beaucoup de Maalmines et de Haratines ne vont pas à l’école. On crée partout des mosquées, alors qu’il existe encore des adouaba, des anciens camps d’esclaves restés des villages isolés de Haratines, et qui n’ont ni école ni centre de soins. On sort des fillettes de l’école pour les marier. Rien ne pourra changer si on n’améliore pas l’enseignement ».
Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir est condamné depuis décembre 2015 à la peine capitale pour “apostasie” après avoir publié un article jugé ”blasphématoire” à l’encontre du prophète Mohammet (PSL).Â
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Menacé de destitution, Donald Trump dénonce un « COUP D’ETAT »
20Minutes – Dans la tourmente, le président américain Donald Trump s’est exprimé ce mercredi sur l’affaire ukrainienne à l’origine d’ une procédure de destitution qu’il qualifie désormais de « coup d’Etat ».
Très agressif sur Twitter depuis son retour de New York jeudi, il a largement esquivé les questions sur le fond du dossier : la demande faite, par téléphone, à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur Joe Biden, qui pourrait être son adversaire en 2020.
Escalade verbale
« Les démocrates-qui-ne-font-rien devraient se concentrer sur notre pays, plutôt que de faire perdre à tout le monde du temps et de l’énergie sur des conneries », a-t-il tweeté peu avant sa conférence de presse, prévue à 14 h (18 h GMT), dans les salons de la Maison Blanche.
Dimanche, le 45e président des Etats-Unis a cité un pasteur baptiste qui parlait de risques de « guerre civile ». Lundi, il a suggéré d’arrêter un élu démocrate pour « trahison ». Mardi, il a dénoncé un « coup d’Etat » le visant.
« J’en arrive à la conclusion que ce qui est en train de se passer n’est pas un “impeachment”, c’est un coup d’Etat, visant à prendre le pouvoir du peuple, son vote, ses libertés, son deuxième amendement (de la Constitution), sa religion, son armée, son mur à la frontière, et les droits qui lui ont été donnés par Dieu en tant que citoyen des Etats-Unis d’Amérique ! », a-t-il tempêté.
Stupeur à Washington
Même à l’échelle du style résolument provocateur de l’ancien homme d’affaires, ces propos ont suscité la stupeur à Washington. Pour Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, un cap a été franchi. Dénonçant des propos visant à « saper les institutions », il a jugé « troublant » que Donald Trump et son entourage « qualifient une procédure de destitution de coup d’Etat alors même que la procédure est prévue dans la Constitution ».
Déterminés à maintenir la pression, les démocrates du Congrès ont menacé mercredi de forcer la Maison Blanche à leur fournir des documents qu’ils réclament. Les parlementaires adresseront formellement à l’exécutif une injonction à livrer ces documents vendredi, s’il ne s’y plie pas volontairement d’ici là.
« Tout acte de ce type, qui nous forcerait à avoir recours en justice ou à l’envisager » afin d’obtenir des documents ou des témoignages « sera considéré comme de nouvelles preuves d’entrave à la justice », a prévenu le président démocrate de la puissante commission du Renseignement de la chambre basse, Adam Schiff. Ceci viendrait alimenter le dossier à charge contre le président républicain au Congrès, a-t-il souligné, rappelant que l’entrave à la justice avait été l’un des trois motifs de destitution retenus à l’encontre du président Richard Nixon en 1974, avant sa démission.
« On ne plaisante pas ici. Nous ne voulons pas que cela traîne pendant des mois et des mois, comme cela semble être la stratégie du gouvernement », a-t-il ajouté en conférence de presse.
Tour de force des démocrates
Dénonçant le « mépris flagrant de la Maison Blanche face à de nombreuses demandes de livrer volontairement des documents », les chefs démocrates des commissions des Affaires étrangères, du Renseignement et de supervision de l’exécutif avaient expliqué plus tôt qu’ils estimaient n’avoir « pas d’autre choix que de délivrer cette injonction ».
Pour l’heure, le cercle rapproché du président semble déterminé à jouer la montre, son chef de la diplomatie, Mike Pompeo, et son avocat personnel, Rudy Giuliani, au cœur de ce dossier, refusant le calendrier que tentent de leur imposer les élus démocrates du Congrès.
20 Minutes avec AFP
– Entretien aevc M. Samba Thiam, président des FPC, membre de la CVE
Le Calame – “Comme tout le monde, je m’interroge sur la capacité et la détermination de Ghazouani à opérer des ruptures, à sortir des carcans habituels d’appareil de parti”.
Le Calame : Bientôt 2 mois que le président Ghazwani est élu à la tête de la Mauritanie. Trop court certes pour porter un jugement sur sa manière de conduire les destinées du pays, mais si vous deviez en retenir quelque chose, que diriez-vous ?
Samba Thiam : Nous dirions que les signes annonciateurs, significatifs, émis ne sont pas de nature à inciter à l’optimisme ; pour être en porte-à-faux à la fois avec l’esprit de son discours d’investiture et celui du premier ministre dans l’hémicycle. Mais bon, comme vous dites donnons-nous encore un peu de temps, et nous serons fixés.
Vous n’avez certainement pas cessé de suivre et tenté de décortiquer les faits et gestes du nouveau président, depuis la campagne jusqu’à la formation de son premier gouvernement et enfin ses récentes rencontres avec les acteurs politiques de la majorité et l’opposition. Y trouvez-vous une cohérence par rapport à son discours d’investiture ?
La seule cohérence pour l’instant que je retiens demeure l’ouverture à certains leaders politiques. C’est une bonne chose, même s’il y a plus essentiel. Il faut espérer qu’elle sera élargie à tous les acteurs politiques significatifs de la vie publique pour aboutir à des échanges substantiels sur la prise en charge consensuelle des questions de fond.
J’avoue, pour passer à mon état d’âme, avoir ressenti de la frustration comme un bon nombre de mauritaniens, et comme eux, avoir été dérouté par ses messages brouillés. Comme tout le monde, je m’interroge sur la capacité et la détermination de Ghazouani à opérer des ruptures, à sortir des carcans habituels d’appareil de parti.
La communication du ministre de l’Enseignement supérieur, passée sans démenti, qui affirme, avec aplomb, la continuité avec l’ancien régime, ajoutée au halo ayant entouré la formation du gouvernement qui s’apparente à une sorte de chantage le laisse, forcément, penser….
La Mauritanie est apparue fortement divisée pendant et après la présidentielle du 22 juin. L’unité nationale dont tout le monde semble se préoccuper a été secouée pour ne pas dire ébranlée. Tous les candidats ou presque ont préconisé, chacun en ce qui le concerne, sa solution. Laquelle ou les lesquelles vous ont paru pertinentes, réalistes et réalisables dans l’immédiats au sujet de cette question, devenue, d’une certaine manière galvaudée ?
Votre question appelle d’abord une remarque par ses sous-entendus, que je décoderai ainsi : ’’l’unité serait menacée à cause du vote ethnique, vote ethnique qui se découvre à travers l’alignement massif de la vallée du fleuve sur le candidat de la CVE…Voilà qui fait problème’’ !
Quand les arabo-berbères s’alignent, et ce depuis toujours, sur un candidat bidhaani, c’est naturel et normal ! Quand les haratines, se retrouvent, toutes tendances confondues, dans le ‘’Manifeste’’, ou s’alignent derrière Messaoud, il n’y a pas débat.
Mais dès que les négro-africains adoptent la même attitude, ça devient insolite, contre nature ! On crie au danger de l’unité menacée ! Mais, en vérité, cette unité est menacée depuis fort longtemps, aggravée depuis l’avènement du 12/12 et sous le mandat du président Aziz; en raison des politiques pernicieuses des hommes au pouvoir, et de certains militaires en particulier.
Maintenant, pour répondre à votre question qui porte sur la pertinence ou non des programmes des uns et des autres sur la question, je dirais ceci : chez Biram il n’y a rien de nouveau, il touche à tous les axes, Avec Maouloud, j’ai noté tout de même une évolution notable de position, même si son commentaire post-entretien avec Ghazouani vient tempérer la teneur de son discours de campagne sur la question. Quant à Monsieur Kane, il est le porteur de la solution préconisée par la CVE dont les FPC sont membres…
Une chose positive toutefois que l’on retrouve, je crois, dans tous les programmes des candidats : l’exigence de l’enseignement des langues nationales, pour une prise en charge cohérente de la diversité culturelle du pays… Tous également ont semblé opter pour la Démocratie comme solution à cette question de l’Unité.
Mais là je me démarque, pour rappeler qu’il existe de grandes démocraties, bien connues, qui se sont accommodées de l’esclavage et de la discrimination raciale.
La véritable solution à cette question de l’unité réside, à mon avis, dans la prise en compte effective de la diversité ethnique et culturelle du pays, qui passe par l’égalité des langues et cultures, encore une fois, par l’équité et l’égalité des chances des citoyens devant les opportunités, par l’égale dignité des communautés, à travers la reconnaissance de chacune dans son identité et dans son altérité.
Pensez-vus que le dialogue que toutes les chapelles et camps politiques prêchent depuis la fin de la présidentielle pourrait apporter des solutions idoines à cette problématique et aux préoccupations exprimées par les mauritaniens ? Pensez-vous que le nouveau président en a pris toute la mesure ?
Oui, si tous ces acteurs politiques l’abordent avec un esprit empreint de franchise et d’honnêteté, indispensables en pareil cas. Oui, un dialogue honnête, franc, sérieux et serein pourrait nous sortir de cette situation grave et dangereuse qui dure près de 60 ans.
5Si le président Ghazwani demande à vous rencontrer dans le cadre des concertations qu’il a engagées avec les acteurs politiques, seriez vous prêt à répondre à son invitation ? Quelle préoccupation ou urgence demanderiez vous de régler à l’orée de son mandat?
On ne peut décliner l’offre de dialogue et c’est, du reste, ce que j’observe tout autour de moi, même si la manière ne me semble pas des meilleures. J’y répondrais donc, à défaut de mieux, et ce d’autant plus que nous sommes parmi les premiers, sinon les premiers acteurs politiques historiques de ce pays à avoir demandé, depuis toujours, un dialogue autour des problèmes de fond ; depuis 1986 notre attitude là-dessus n’a pas varié. L’urgence pour nous , encore une fois, a été et demeure, l’Unité nationale ou la cohabitation.
Que vous inspire la récente sortie d’une association demandant l’arabisation intégrale de l’administration mauritanienne ?
Au regard du contexte interne fébrile, la demande de cette association peut s’interpréter comme une provocation, et y accéder reviendrait à jeter de l’huile sur le feu. Tant que cette hypocrisie permanente continuera de nous habiter, nous n’avancerons pas.
J’avoue honnêtement, par ailleurs, ne pas comprendre la logique qui anime ces segments idéologiques de notre société. Que voulaient donc ces lobbies ? Que veulent-ils enfin ?
Depuis 1959 un courant nationaliste arabe, largement majoritaire, n’a de cesse de réclamer, à cor et à cris, l’arabisation de l’école et de l’administration pour des besoins ‘’d’indépendance culturelle’’ soutient-il.
Rappelons qu’ en Avril 1979, suite aux crises récurrentes en milieu scolaire, le CMSN avait initié une réforme, à travers un Système à filière rendant obligatoire l’arabe pour la composante maure (Bidhaans et haratines ), avec option ouverte pour les Négro-africains entre l’arabe et le français (filière bilingue- ); et simultanément, l’expérimentation des langues maternelles (pulaar, soninké et wolof) par l’Institut des langues, créé pour la circonstance, était mise en chantier avec , en perspective, leur généralisation au bout. Ces langues nationales -arabe, sooninke, pulaar et wolof étaient utilisées comme langues – véhicules d’enseignement.
Ces nationalistes arabes n’avaient de cesse de réclamer l’arabisation, et le CMSN le leur offrait . On leur donnait ce qu’ils avaient demandé depuis toujours, mais voilà qu’ils n’en voulaient plus, et même se dressaient contre ! On leur proposait d’apprendre l’arabe, rien que l’arabe, Ils n’en voulaient pas , l’élite y compris ! Et voilà que maintenant, ils revenaient de nouveau à la charge !!! Que voulaient donc ces gens ?
Ce fut à cause de leur pression et de leur opposition farouche à ce système que la réforme scélérate de 1999 vit le jour , qui sacrifia l’expérimentation , réussie, des langues nationales pulaar, sooninke et wolof – pour consacrer, depuis, l’échec massif et continu de nos enfants à l’école que nous observons dans les examens et concours ; à travers l’ imposition de l’enseignement de toutes les matières culturelles en arabe ( Histoire, Géographie, philosophie, instruction civique,, instruction morale et religieuse, langue ), affectées de coefficients accrus ; ainsi , sous le prétexte, fallacieux, d’unifier le système, on levait , en réalité , un écueil rencontré dans la filière arabe que l’on dressait , sciemment , sur le chemin des écoliers négro-africains.
Cet arabisme forcené a plombé notre école et notre unité. Il n’y a aucune sagesse à poursuivre une course effrénée qui mène aux abîmes …
Les résultats du concours d’élèves officiers a révélé l’absence totale de négro-africains sur la liste des admis. A la question de savoir pourquoi, un des organisateurs aurait laissé entendre qu’ils n’ont pas concouru. Un commentaire ?
C’est toujours l’hypocrisie dont je parlais à l’instant qui domine, hélas, à travers cette réponse indécente …A supposer que votre interlocuteur eût raison, cela évacue-t-il pour autant la question centrale qui est de savoir pourquoi des composantes nationales entières ‘’ boudent ‘’ l’institution militaire ? Si ces composantes n’ont pas concouru ou ne veulent plus concourir c’est bien parce que, par expérience, cette institution s’est révélée fermée à eux depuis 1987; par phobie sécuritaire ; par idéologie chauvine qui veut faire de ce pays un pays exclusivement arabe.
Et pourtant des négro-africains viennent de concourir, récemment, au profit de onze ministères. Sur près de 700 admissibles déclarés on compte 90 négro-africains ! L’idéologie chauvine demeure, qui conduit à ce racisme d’Etat, à cette logique d’exclusion devenue structurelle et banalisée…On le voit, en vingt ans, la réforme de 1999 a fait des dégâts, pour sceller le sort des écoliers négro-africains !
Répondant à une question posée, sur l’avenir de la CVE, au cours d’un point de presse tenu, au lendemain du scrutin du 22 juin, le président Kane Hamidou Baba avait laissé entendre qu’elle sera ce que voudront en faire ses militants et sympathisants. Une explication de texte ? Où en est aujourd’hui la CVE ?
La CVE durera tant que l’esprit initial de Coalition demeurera. Et qui dit coalition dit parties rassemblées, sans fusion organique. Le défi le plus sérieux pour la pérennité de ce rassemblement est d’ordre sécuritaire…Tout le reste est surmontable.
Nombre de mauritaniens, en particulier au sein des militants et sympathisants de la CVE ont été surpris par votre arrestation, intervenue au cours de la répression policière intervenue le 23 et 24 juin à Nouakchott, alors que vous n’étiez ni candidat, ni responsable direct de la campagne. Quelques mois après cet évènement, savez-vous ce qui a conduit la police jusqu’à chez vous? Que vous reprochait-on ?
Pour commencer par la fin, en matière de reproches, je ne trouve rien, sinon que je ne veux pas me taire face aux injustices et à cette discrimination continue. Je refuse toute compromission avec le Système. Je suis perçu, je crois, comme un homme gênant, voilà tout.
Cela dit, il semble que je devais servir de maillon dans un plan machiavélique, échafaudé pour les besoins d’un agenda perfide. Et comme tout plan, pour son exécution, a besoin d’agents pour les basses besognes, vous devinez la suite… On en trouve même dans les taules les plus dures, a fortiori … Bref, nous sommes cernés pour faire simple…
Certains négro-africains de la majorité ne vous pardonnent pas, vous de la CVE d’avoir monté une candidature à caractère ethnique et redoutent, par conséquent, « des représailles » de la part du pouvoir. Vous les comprenez ? Leur crainte est-elle justifiée au regard de la formation du nouveau gouvernement et des nominations opérées par Ghazwani?
Encore une fois le caractère ethnique ne se retrouve pas que chez nous ; arrêtez ce procès en sorcellerie…Maintenant les représailles ou la répression sont intimement liées à toute lutte digne de ce nom …Dans la composition du gouvernement dont vous parlez, il n’y a pas grande nouveauté, sauf pour le frémissement, positif, consenti à la composante haratine. Notre quota est resté le même. Je ne vois donc pas un rapport de cause à effet entre l’existence de la CVE et ces quotas du gouvernement.
Que vous inspire ce qui se passe, depuis quelque temps, chez vos anciens camarades de l’UFP ?
Turbulences internes naturelles dans la vie des organisations politiques, chez nous comme partout ailleurs.
Quel avenir envisagez-vous pour l’opposition mauritanienne sortie divisée de la présidentielle?
Sombre, si elle se révèle incapable de se ressaisir. Aller en solo voir le Président, sans stratégie commune et sans plan concerté, est porteur de risques pour ne rien dire de plus …
Pensez-vous que votre parti, les FPC a désormais des chances d’être reconnu par le gouvernement ?
Oui, si je me force à l’optimisme. Mais bon qui sait ? Chez nous, notre logique a presque toujours été de n’en avoir aucune !
Propos recueillis par DL
le calame