Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: October 2019

– Entretien aevc M. Samba Thiam, président des FPC, membre de la CVE

Entretien aevc M. Samba Thiam, président des FPC, membre de la CVE

Le Calame “Comme tout le monde, je m’interroge sur la capacité et la détermination de Ghazouani à opérer des ruptures, à sortir des carcans habituels d’appareil de parti”.

Le Calame : Bientôt 2 mois que le président Ghazwani est élu à la tête de la Mauritanie. Trop court certes pour porter un jugement sur sa manière de conduire les destinées du pays, mais si vous deviez en retenir quelque chose, que diriez-vous ?

Samba Thiam : Nous dirions que les signes annonciateurs, significatifs, émis ne sont pas de nature à inciter à l’optimisme ; pour être en porte-à-faux à la fois avec l’esprit de son discours d’investiture et celui du premier ministre dans l’hémicycle. Mais bon, comme vous dites donnons-nous encore un peu de temps, et nous serons fixés.

Vous n’avez certainement pas cessé de suivre et tenté de décortiquer les faits et gestes du nouveau président, depuis la campagne jusqu’à la formation de son premier gouvernement et enfin ses récentes rencontres avec les acteurs politiques de la majorité et l’opposition. Y trouvez-vous une cohérence par rapport à son discours d’investiture ?

La seule cohérence pour l’instant que je retiens demeure l’ouverture à certains leaders politiques. C’est une bonne chose, même s’il y a plus essentiel. Il faut espérer qu’elle sera élargie à tous les acteurs politiques significatifs de la vie publique pour aboutir à des échanges substantiels sur la prise en charge consensuelle des questions de fond.

J’avoue, pour passer à mon état d’âme, avoir ressenti de la frustration comme un bon nombre de mauritaniens, et comme eux, avoir été dérouté par ses messages brouillés. Comme tout le monde, je m’interroge sur la capacité et la détermination de Ghazouani à opérer des ruptures, à sortir des carcans habituels d’appareil de parti.

La communication du ministre de l’Enseignement supérieur, passée sans démenti, qui affirme, avec aplomb, la continuité avec l’ancien régime, ajoutée au halo ayant entouré la formation du gouvernement qui s’apparente à une sorte de chantage le laisse, forcément, penser….

La Mauritanie est apparue fortement divisée pendant et après la présidentielle du 22 juin. L’unité nationale dont tout le monde semble se préoccuper a été secouée pour ne pas dire ébranlée. Tous les candidats ou presque ont préconisé, chacun en ce qui le concerne, sa solution. Laquelle ou les lesquelles vous ont paru pertinentes, réalistes et réalisables dans l’immédiats au sujet de cette question, devenue, d’une certaine manière galvaudée ?

Votre question appelle d’abord une remarque par ses sous-entendus, que je décoderai ainsi : ’’l’unité serait menacée à cause du vote ethnique, vote ethnique qui se découvre à travers l’alignement massif de la vallée du fleuve sur le candidat de la CVE…Voilà qui fait problème’’ !

Quand les arabo-berbères s’alignent, et ce depuis toujours, sur un candidat bidhaani, c’est naturel et normal ! Quand les haratines, se retrouvent, toutes tendances confondues, dans le ‘’Manifeste’’, ou s’alignent derrière Messaoud, il n’y a pas débat.

Mais dès que les négro-africains adoptent la même attitude, ça devient insolite, contre nature ! On crie au danger de l’unité menacée ! Mais, en vérité, cette unité est menacée depuis fort longtemps, aggravée depuis l’avènement du 12/12 et sous le mandat du président Aziz; en raison des politiques pernicieuses des hommes au pouvoir, et de certains militaires en particulier.

Maintenant, pour répondre à votre question qui porte sur la pertinence ou non des programmes des uns et des autres sur la question, je dirais ceci : chez Biram il n’y a rien de nouveau, il touche à tous les axes, Avec Maouloud, j’ai noté tout de même une évolution notable de position, même si son commentaire post-entretien avec Ghazouani vient tempérer la teneur de son discours de campagne sur la question. Quant à Monsieur Kane, il est le porteur de la solution préconisée par la CVE dont les FPC sont membres…

Une chose positive toutefois que l’on retrouve, je crois, dans tous les programmes des candidats : l’exigence de l’enseignement des langues nationales, pour une prise en charge cohérente de la diversité culturelle du pays… Tous également ont semblé opter pour la Démocratie comme solution à cette question de l’Unité.

Mais là je me démarque, pour rappeler qu’il existe de grandes démocraties, bien connues, qui se sont accommodées de l’esclavage et de la discrimination raciale.

La véritable solution à cette question de l’unité réside, à mon avis, dans la prise en compte effective de la diversité ethnique et culturelle du pays, qui passe par l’égalité des langues et cultures, encore une fois, par l’équité et l’égalité des chances des citoyens devant les opportunités, par l’égale dignité des communautés, à travers la reconnaissance de chacune dans son identité et dans son altérité.

Pensez-vus que le dialogue que toutes les chapelles et camps politiques prêchent depuis la fin de la présidentielle pourrait apporter des solutions idoines à cette problématique et aux préoccupations exprimées par les mauritaniens ? Pensez-vous que le nouveau président en a pris toute la mesure ?

Oui, si tous ces acteurs politiques l’abordent avec un esprit empreint de franchise et d’honnêteté, indispensables en pareil cas. Oui, un dialogue honnête, franc, sérieux et serein pourrait nous sortir de cette situation grave et dangereuse qui dure près de 60 ans.

5Si le président Ghazwani demande à vous rencontrer dans le cadre des concertations qu’il a engagées avec les acteurs politiques, seriez vous prêt à répondre à son invitation ? Quelle préoccupation ou urgence demanderiez vous de régler à l’orée de son mandat?

On ne peut décliner l’offre de dialogue et c’est, du reste, ce que j’observe tout autour de moi, même si la manière ne me semble pas des meilleures. J’y répondrais donc, à défaut de mieux, et ce d’autant plus que nous sommes parmi les premiers, sinon les premiers acteurs politiques historiques de ce pays à avoir demandé, depuis toujours, un dialogue autour des problèmes de fond ; depuis 1986 notre attitude là-dessus n’a pas varié. L’urgence pour nous , encore une fois, a été et demeure, l’Unité nationale ou la cohabitation.

Que vous inspire la récente sortie d’une association demandant l’arabisation intégrale de l’administration mauritanienne ?

Au regard du contexte interne fébrile, la demande de cette association peut s’interpréter comme une provocation, et y accéder reviendrait à jeter de l’huile sur le feu. Tant que cette hypocrisie permanente continuera de nous habiter, nous n’avancerons pas.

J’avoue honnêtement, par ailleurs, ne pas comprendre la logique qui anime ces segments idéologiques de notre société. Que voulaient donc ces lobbies ? Que veulent-ils enfin ?

Depuis 1959 un courant nationaliste arabe, largement majoritaire, n’a de cesse de réclamer, à cor et à cris, l’arabisation de l’école et de l’administration pour des besoins ‘’d’indépendance culturelle’’ soutient-il.

Rappelons qu’ en Avril 1979, suite aux crises récurrentes en milieu scolaire, le CMSN avait initié une réforme, à travers un Système à filière rendant obligatoire l’arabe pour la composante maure (Bidhaans et haratines ), avec option ouverte pour les Négro-africains entre l’arabe et le français (filière bilingue- ); et simultanément, l’expérimentation des langues maternelles (pulaar, soninké et wolof) par l’Institut des langues, créé pour la circonstance, était mise en chantier avec , en perspective, leur généralisation au bout. Ces langues nationales -arabe, sooninke, pulaar et wolof étaient utilisées comme langues – véhicules d’enseignement.

Ces nationalistes arabes n’avaient de cesse de réclamer l’arabisation, et le CMSN le leur offrait . On leur donnait ce qu’ils avaient demandé depuis toujours, mais voilà qu’ils n’en voulaient plus, et même se dressaient contre ! On leur proposait d’apprendre l’arabe, rien que l’arabe, Ils n’en voulaient pas , l’élite y compris ! Et voilà que maintenant, ils revenaient de nouveau à la charge !!! Que voulaient donc ces gens ?

Ce fut à cause de leur pression et de leur opposition farouche à ce système que la réforme scélérate de 1999 vit le jour , qui sacrifia l’expérimentation , réussie, des langues nationales pulaar, sooninke et wolof – pour consacrer, depuis, l’échec massif et continu de nos enfants à l’école que nous observons dans les examens et concours ; à travers l’ imposition de l’enseignement de toutes les matières culturelles en arabe ( Histoire, Géographie, philosophie, instruction civique,, instruction morale et religieuse, langue ), affectées de coefficients accrus ; ainsi , sous le prétexte, fallacieux, d’unifier le système, on levait , en réalité , un écueil rencontré dans la filière arabe que l’on dressait , sciemment , sur le chemin des écoliers négro-africains.

Cet arabisme forcené a plombé notre école et notre unité. Il n’y a aucune sagesse à poursuivre une course effrénée qui mène aux abîmes …

Les résultats du concours d’élèves officiers a révélé l’absence totale de négro-africains sur la liste des admis. A la question de savoir pourquoi, un des organisateurs aurait laissé entendre qu’ils n’ont pas concouru. Un commentaire ?

C’est toujours l’hypocrisie dont je parlais à l’instant qui domine, hélas, à travers cette réponse indécente …A supposer que votre interlocuteur eût raison, cela évacue-t-il pour autant la question centrale qui est de savoir pourquoi des composantes nationales entières ‘’ boudent ‘’ l’institution militaire ? Si ces composantes n’ont pas concouru ou ne veulent plus concourir c’est bien parce que, par expérience, cette institution s’est révélée fermée à eux depuis 1987; par phobie sécuritaire ; par idéologie chauvine qui veut faire de ce pays un pays exclusivement arabe.

Et pourtant des négro-africains viennent de concourir, récemment, au profit de onze ministères. Sur près de 700 admissibles déclarés on compte 90 négro-africains ! L’idéologie chauvine demeure, qui conduit à ce racisme d’Etat, à cette logique d’exclusion devenue structurelle et banalisée…On le voit, en vingt ans, la réforme de 1999 a fait des dégâts, pour sceller le sort des écoliers négro-africains !

Répondant à une question posée, sur l’avenir de la CVE, au cours d’un point de presse tenu, au lendemain du scrutin du 22 juin, le président Kane Hamidou Baba avait laissé entendre qu’elle sera ce que voudront en faire ses militants et sympathisants. Une explication de texte ? Où en est aujourd’hui la CVE ?

La CVE durera tant que l’esprit initial de Coalition demeurera. Et qui dit coalition dit parties rassemblées, sans fusion organique. Le défi le plus sérieux pour la pérennité de ce rassemblement est d’ordre sécuritaire…Tout le reste est surmontable.

Nombre de mauritaniens, en particulier au sein des militants et sympathisants de la CVE ont été surpris par votre arrestation, intervenue au cours de la répression policière intervenue le 23 et 24 juin à Nouakchott, alors que vous n’étiez ni candidat, ni responsable direct de la campagne. Quelques mois après cet évènement, savez-vous ce qui a conduit la police jusqu’à chez vous? Que vous reprochait-on ?

Pour commencer par la fin, en matière de reproches, je ne trouve rien, sinon que je ne veux pas me taire face aux injustices et à cette discrimination continue. Je refuse toute compromission avec le Système. Je suis perçu, je crois, comme un homme gênant, voilà tout.

Cela dit, il semble que je devais servir de maillon dans un plan machiavélique, échafaudé pour les besoins d’un agenda perfide. Et comme tout plan, pour son exécution, a besoin d’agents pour les basses besognes, vous devinez la suite… On en trouve même dans les taules les plus dures, a fortiori … Bref, nous sommes cernés pour faire simple…

Certains négro-africains de la majorité ne vous pardonnent pas, vous de la CVE d’avoir monté une candidature à caractère ethnique et redoutent, par conséquent, « des représailles » de la part du pouvoir. Vous les comprenez ? Leur crainte est-elle justifiée au regard de la formation du nouveau gouvernement et des nominations opérées par Ghazwani?

Encore une fois le caractère ethnique ne se retrouve pas que chez nous ; arrêtez ce procès en sorcellerie…Maintenant les représailles ou la répression sont intimement liées à toute lutte digne de ce nom …Dans la composition du gouvernement dont vous parlez, il n’y a pas grande nouveauté, sauf pour le frémissement, positif, consenti à la composante haratine. Notre quota est resté le même. Je ne vois donc pas un rapport de cause à effet entre l’existence de la CVE et ces quotas du gouvernement.

Que vous inspire ce qui se passe, depuis quelque temps, chez vos anciens camarades de l’UFP ?

Turbulences internes naturelles dans la vie des organisations politiques, chez nous comme partout ailleurs.

Quel avenir envisagez-vous pour l’opposition mauritanienne sortie divisée de la présidentielle?

Sombre, si elle se révèle incapable de se ressaisir. Aller en solo voir le Président, sans stratégie commune et sans plan concerté, est porteur de risques pour ne rien dire de plus …

Pensez-vous que votre parti, les FPC a désormais des chances d’être reconnu par le gouvernement ?

Oui, si je me force à l’optimisme. Mais bon qui sait ? Chez nous, notre logique a presque toujours été de n’en avoir aucune !

Propos recueillis par DL

le calame

la toponymie Amazigh des villes Mauritanienes , nouvel article de recherche

altDans un article de recherche récent, Mubarak Belkacem a écrit un nouvel essai dans lequel il tente de déterminer  les racines   Amazighs à travers les noms de  certaines villes mauritaniennes, notamment la ville historique de Chinguetti, la capitale du pays, Nouakchott, et sa capitale économique, Nouadhibou, ainsi que d’autres villes situées dans diverses parties du pays.

Compte tenu de l’importance de l’article et de sa valeur pour la recherche,anbaa. Info le republie tel quel .

– Villes de Mauritanie portant des  noms amazighs:

La Mauritanie ou Mouritaniya  est connue en langue amazighe sous les noms suivants: Agawej, Agawec (Agaouch) et Cengiṭ (Chingit).

Agawej et Agawec signifient en Amazigh: le pays des dunes de sable.

Tandis que Cengiṭ, écrit dans les livres arabes «Chinguetti», est une ancienne ville amazighe-sanhajienne dans  l’actuelle Mauritanie, connue au Moyen Âge comme un corridor de convoi commercial et un centre commercial et religieux.

Elle est  connue dans les livres des Européens sous le nom de Chinguetti. La ville mauritanienne, proche de la frontière marocaine, regorge de trésors et de ruines de l’architecture amazighe-Senhaji et compte actuellement environ 5 000 habitants. Cengiṭ a été classée  un site du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Sur la côte atlantique mauritanienne se trouvent trois villes dont le nom amazigh commence par Nwa: Nwakcoṭ (Nouakchott), Nwadibu (Nouadhibou) et Nwamɣar (Nouamgar).

La ville de Nwakcoṭ Nouakchott, capitale de la Mauritanie , abrite le quart de la population mauritanienne.

Le nom Nwakcot est un nom amazighe composé de deux parties: n ou en (signifiant: cadran, coulant ) et akco أك (Akchoud), qui signifie en  amazigh: «Â shell or seashell » (en anglais: shell ou seashell, et en français: coquillage ou coquille).

Sur les plages Le nom Nwakcoṭ signifie: «Â avec des huîtres / coquilles » ou par convention: «Â huîtres à cadran », c’est-à-dire la plage où abondent les huîtres et les coquilles.

Provenance du Dictionnaire: voir la page 314 du Dictionnaire zénaga français, Dictionnaire français Zenagui, auteur Catherine Taine-Cheikh, publié en 2008 par la maison d’édition allemande Rüdiger Köppe Verlag, Cologne Köln, Allemagne.

Voir également la page 211 du Dictionnaire français zénaga-berbère de Mauritanie, Dictionnaire français-zénétique-amazigh-mauritanien, par la chercheuse Catherine Taine-Cheikh, 2010, Rüdiger Köppe Verlag, Köln, Allemagne.

Pour les Marocains et les Algériens, ils doivent faire attention à l’importance de la distinction entre le mot amazigh bien connu akeccoḍ au Maroc et en Algérie, qui signifie «bois, luth, bâton, bois de chauffage», et le mot «akco ا», du Zanagui  amazigh mauritanien, qui signifie «coquillage». / Coquilles »

– La ville de Nwadibu Nouadhibou est la capitale économique de la Mauritanie et le plus important port de commerce et de pêche de la Mauritanie. Nouadhibou est situé à quelques kilomètres de Lagoueira , la ville  Tagwirt marocaine .

Le sens originel amazigh zenagh du nom de la ville de Nwadibu (Nouadhibou) n’est pas clair, mais sa structure amazighe est claire. Il est probablement dérivé de la racine amazigh DBH ou WDH qui signifie «marcher, partir, partir» (correspondant à la racine DW Amazigh Nord qui se trouve dans le verbe amazigh yeddu et qui signifie «marche, va, va»).

Les expressions  amadbih et anadbih dans l’amazigh Zenagui signifient «en retard, disparu». Le terme Aman dban signifie «l’eau marchait», c’est-à-dire que l’eau coule. Peut-être que la signification de Nwadibu pourrait signifier  quelque chose comme: le lieu de départ (c’est-à-dire le lieu de départ des navires de pêche).

La zone côtière entre Nwamɣar et Nwadibu a été habitée par d’anciennes tribus de pêcheurs professionnels appelés Imragen (Umragen) et Umragen.

Nwamɣar est une petite ville côtière mauritanienne située à mi-chemin entre Nwadibu et la capitale Nwakcoṭ. Le mot amɣar (Amgar) Amazigh est connu de tous  Maroc en  l’Algérie et en Zenagui amazigh mauritanien , et signifie : «Le grand , le leader lechef , le Cheikh».

La signification du nom de la ville mauritanienne de Nwamɣar devient claire: «Diyal al-Kabir / Diyal al-Sheikh», c’est-à-dire «le lieu de la ville de Cheikh /lieu du  Cheikh».

La Mauritanie regorge de noms de nombreuses villes et villages berbères tels que: Butilmit, Atar Timbedɣa, Tidjikdja, Tandgha, Tamcekeṭ, Ticit,  Akjujet et Awdaɣust.

La Mauritanie a également d’autres noms amazighs que portent ses  régions administratives ,  telles que Adrar, Tagant et Tiris Zemmur.

La langue amazighe en Mauritanie(zanagui )  est appelée par les autochtones : Toẓẓongiyya.

En Amazigh du Nord (Maroc, Algérie, etc.), l’homme s’appelle Aگnag et son pluriel: Iẓnagen.

En Mauritanie, les locuteurs de la langue aznagui amazighe appellent l’homme Zanagui/sanhaji et son pluriel: Iẓnagen. Ils appellent la femme en aznagui:  Taẓnaguit et son pluriel: Toẓnagen .

Le nom de la langue aznagui elle-même est: Toẓẓongiyya.

Les zénaguas  appellent aussi leur langue: Away en Oẓnagen (les mots du Zenagui).

C’est une expression zenagui  amazighe correspondant à la phrase amazighe nord-marocaine et d’Algérie: Awal en Yiẓnagen.

Comme vous l’avez remarqué, le mot «Â Awal Nord Amazigh  » correspond au mot «Â Mauritanian Zenagui  Away ».

La langue sanhaja -amazighe , Toẓẓongiyya, en Mauritanie est maintenant au bord de l’extinction totale  pour les raisons suivantes:

1- Le nombre de Mauritaniens qui parlent l’aznagui amazigh est actuellement très faible et en diminution constante. Catherine Taine-Cheikh estime la population totale de 4 575 mauritaniens, parlant en 2008 l’Amazighs Znagui  , répartis dans plusieurs tribus et villages dispersés dans la ville de Mederdra, ainsi que dans des villages et districts de la wilaya  du Trarza situés au sud et à l’est de la capitale mauritanienne. La plupart des locuteurs aznagui amazighs  ont aujourd’hui plus de 40 ou 50 ans.

2. La langue amazighe zenagui n’est pas enseignée dans les écoles et les universités mauritaniennes et n’est pas reconnue par l’État mauritanien en tant que langue nationale ou officielle.

3. La plupart des Mauritaniens qui parlent maintenant l’aznagui amazigh ont plus de 40 ou 50 ans. Ainsi, la langue amazighe Zenagui n’est plus héritée par les enfants mauritaniens et personne ne l’entend à la radio et à la télévision.

4 – Il existe une très forte tendance de disparition des  locuteurs amazighs qui ont subi volontairement l’influence de l’islam et de sa langue arabe sacrée. Cela s’ajoute à l’arabisation et à la politique française adoptées par l’État mauritanien dans les domaines de l’éducation, de l’administration et des médias.

5. Que les Mauritaniens parlant amazigh ayant la langue amazighe ont honte de parler leur langue devant des étrangers et évitent complètement de le parler aux Mauritaniens hassanophones .

Ce phénomène étrange et pervers est présent dans le reste des pays amazighs, mais un peu  moins. Par exemple, au Maroc, si vous vous retrouvez dans  une conférence, une fête ou un événement social avec 20 amazighs marocains, ils se tourneront automatiquement vers le murmure de Darija(dialecte marocain)  dès qu’ils sont en présence d’un seul  Marocain qui parle la darijya,pour ne pas le gêner! Et ne l’encourage jamais à apprendre l’amazigh!

Avec ce comportement, les locuteurs amazighs continuent de s’arabise ,en tant que comportement obligatoire et en tant qu’habitude sociale, et ceux qui parlent darija ou hassani ne ressentent jamais le besoin d’apprendre la langue amazighe.

En Mauritanie, le phénomène de la mascarade de la langue amazighe et la honte de la parler ont atteint des niveaux incroyables. Des chercheurs européens se sont rendus en Mauritanie depuis le début du 20ème siècle. Ce comportement se poursuit aujourd’hui au 21ème siècle, comme l’a noté Catherine Taine-Cheikh en 2008.

Paul Dubié, dans son rapport sur les Mauritaniens de langue amazighe, écrit en 1940 dans L ’بعنوان lot berbérophone de Mauritanie, raconte certains de ces comportements linguistiques négatifs des locuteurs amazighs en Mauritanie, qui nous expliquent clairement comment la langue amazighe s’éteint par des expressions volontaires.

Lorsque les jeunes locuteurs zenagui amazighes sont accompagnés de jeunes hommes issus de tribus étrangères non autochtones, ils ne sont jamais fiers de leur connaissance du zénagui amazigh, mais prétendent ne pas le savoir.

Les Amazighs évitent , par  discipline de parler en amazigh Zenaji lorsqu’ils sont accompagnés par des Mauritaniens (Mauritaniens) ne parlant que l’arabe hassani.

Le parler Zenaji amazighs est utilisé au sein de la famille et de la communauté et n’est  pas utilisé en dehors de la tribu.

Par conséquent, les locuteurs amazighes appartenant à différentes tribus évitent de parler entre eux et parlent souvent le hassani arabe. […]

Il est interdit à certains apprenants, parlant amazigh, de parler en langue amazighe à leurs enfants, de peur que le parler  Amazighs ne  fausse le parler  arabe.  »

Source: Hespress

via https://www.anbaa.info/?p=52115

Traduit par adrar.info

Nos maux et nos mots par tijane Bal

Arabes à rabais ? (I)C’est un constat et un paradoxe. Nombre de gens, certains pas suspects de négationnisme, s’exaspèrent du caractère récurrent de certains sujets qui, à leurs yeux colonisent un peu trop le débat public mauritanien :”arabité,langues,racisme,discriminations…Il arrive que ces thèmes lassent, agacent voire horripilent. Les réactions vont du “nous ne sommes pas tous responsables” à son corollaire”adressez-vous aux vrais responsables” en passant par “vous êtes en partie responsables”. “Que faire”?. On conviendra que le non dit, surtout rapporté à une douleur, peut entraver sa guérison voire confiner au déni. Celui-ci est à la longue difficile à vivre pour tous. Pardon pour cette effarante banalité: taire un problème ce n’est pas le régler. S’il est hautement légitime d’exiger discernement dans l’appréhension de certains sujets, de situer les vraies responsabilités, il est incompréhensible de requérir un silence total à leur propos. Imaginez, toutes choses égales par ailleurs, que l’on demande aux Arméniens de ne pas “trop parler” du génocide, aux Juifs de la Shoah, aux Palestiniens de de ce qu’ils nomment la Naqba, des Sud-africains de l’Apartheid, des Cambodgiens du génocide de Pol Pot et de ses amis, des Rwandais du génocide des Tutsis, des Noirs américains de l’esclavage ou de la ségrégation.. Comprimer une douleur n’est bon ni pour l’esprit ni pour le corps individuel. Idem pour le corps social En miroir, l’éluder pas davantage. Le pardon présuppose la reconnaissance de la faute commise. “Vérité et réconciliation” n’est pas un intitulé hasardeux. L’ordre des mot est significatif. Il est des situations appelant une catharsis collective. Un sujet que l’on se refuse à aborder devient à la longue un tabou.même si ce mot peut signifier “ce qui est interdit et aussi ce qui vous protège de ce que que vous ne sauriez porter”. Par avance, toutes mes excuses à ceux que ce post pourrait agacer.

Tijane Bal

To be or not to be a… francophone : le français, un frein au développement? Par Pr ELY Mustapha

To be or not to be a… francophone : le français, un frein au développement? Par Pr ELY MustaphaPr ELY Mustapha – A voir certains pays abandonner l’usage de la langue française dans leur système éducatif et/ou comme langue officielle, la question se pose de savoir à quels objectifs répond un tel comportement ? Quelles solutions lui apporter ?

Rwanda: “Learning English is an important road to success for the Rwanda” (New time journal- Rwanda)

Le Rwanda est donné en exemple. Ce petit pays est aujourd’hui un exemple de développement pour l’Afrique. Essor économique du pays suite à l’abandon de la langue française au profit de la langue anglaise.

En 2008 déjà, le ministre rwandais du Commerce et de l’Industrie, Vincent Karega, a déclaré au journal New Times de Kigali que le pays regardait au-delà du monde francophone. « “Le français n’est parlé qu’en France, dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest, au Canada et en Suisse”, a-t-il déclaré. “L’anglais est devenu un pilier de la croissance et du développement, non seulement dans la région, mais dans le monde entier.” » (« Rwanda to switch from French to English in schools » – The Guardian 14/10/2008)[1]

En 2015, dans un article du journal « New Time » Rwandais :

« Le monde a été témoin d’importants changements positifs au Rwanda au cours des dernières années et de nombreux autres sont à l’horizon.

Le changement ciblé de la langue d’enseignement dans les écoles en anglais est une autre de ces brillantes initiatives de ce gouvernement conçues spécifiquement pour donner au Rwanda une place d’acteur mondial dans les domaines des affaires, de la diplomatie, des médias et du divertissement, apportant ainsi au Rwanda des fonds substantiels et un développement de la classe moyenne – un objectif de la Vision 2020. »

Learning English is an important road to success for the Rwanda of today and will make Rwandan workers highly prized in a global business world”. (Why Rwanda’s move to English? » – New Time Journal 11 Novembre 2015.)

Le journal Le Monde dans son édition du 26 Juillet 2019 mentionne que « La capitale rwandaise se métamorphose à grande vitesse et bâtit depuis vingt ans sa prospérité sur les nouvelles technologies.[2] » (Balade dans Kigali, ville-ruche qui se rêve en « Singapour africain » Pierre Lepidi.)

Algérie : « Le français ne vous mène nulle part ! » (Le ministre de l’Enseignement supérieur algérien)

En Algérie: décision de substituer la langue Anglaise à la langue française, en commençant par les documents officiels.

« Le 21 juillet dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur, Bouzid Tayeb, a demandé aux recteurs de toutes les facultés algériennes d’utiliser uniquement l’arabe et l’anglais dans les en-têtes des correspondances et documents officiels, et ce, selon le ministre, pour « une meilleure visibilité des activités académiques et scientifiques » des universités algériennes.

Le 8 juillet dernier, le même ministre a déclaré œuvrer pour « mettre en place les mécanismes nécessaires dans le cadre des commissions pédagogiques des universités et consolider l’utilisation de l’anglais dans la recherche », arguant que « la langue anglaise est la langue des filières internationales et celles des revues scientifiques ». Le ministre a ajouté : « Le français ne vous mène nulle part ! » (Algérie – Anglais contre français : la guerre des langues bientôt ravivée ? » – Adlène Meddi . Revue Le Point 24/07/2019)

La langue française serait-elle handicapante pour accéder au développement, pour que des pays traditionnellement francophones, par la culture et par la proximité géographique, y renoncent officiellement ?

Il est remarquable que l’abandon du français concerne d’abord dans ces pays, le système éducatif c’est–à-dire en définitive, une volonté déclarée d’asseoir la primauté de l’anglais dans le futur pour toute acquisition du savoir par les canaux de l’enseignement, la recherche, l’innovation et la technologie.

Les raisons de l’abandon du français dans le système éducatif résiderait moins dans les caractéristiques de cette langue (notamment comme véhicule de transmission de la connaissance) que dans le champ de savoir auquel elle donne désormais accès et qui s’est considérablement réduit à travers la réduction du poids de la France dans l’espace scientifique, technologique et industriel mondial. Et donc, conséquemment, son poids dans la recherche scientifique et technique, dans l’innovation et le développement de sources d’information scientifiques et techniques avancées, publiées accessibles et concurrentielles à celles en langue anglaise.

Pour que le français puisse devenir une langue concurrençant l’anglais il faut qu’il passe de « langue de Molière » à la « langue de Pascal », car aujourd’hui la perception des langues, notamment par les décideurs politico-économiques, est moins littéraire que scientifique. Car si l’on examine les déterminants du choix de la langue anglaise au détriment du français dans les pays concernés, on est réduit à l’évidence que leur souci premier est l’acquisition du savoir scientifique et technologique, moteur du développement économique, et aussi entrer dans les cercles universitaires, de la recherche et de l’industrie qui échangent, travaillent et coopèrent en langue anglaise.

Ceci est illustré par l’auteur de l’article « pourquoi le Rwanda « Why Rwanda’s move to English? » ( New Time Journal 11 Novembre 2015)

« Dans les principaux centres d’affaires du monde; Londres, New York, Hong Kong, Singapour, Arabie Saoudite et autres, toutes les négociations se déroulent principalement en anglais. Reuters, un service mondial d’actualités et d’informations, a mené en 2012 une enquête demandant aux entreprises mondiales, dans quelle langue conduisez-vous les affaires?

L’enquête menée auprès de 16 344 adultes dans 26 pays a révélé que plus des deux tiers des hommes d’affaires qui travaillent au-delà de leurs frontières ont déclaré que l’anglais était la langue la plus utilisée … plus des deux- tiers des travailleurs de la région Asie-Pacifique, Le Moyen-Orient et l’Afrique sont également passés à l’anglais.”

Cette instrumentalisation de la langue dans un souci de développement économique, scientifique et industriel contrebalance, les objectifs communautaires, d’échange et d’héritage de la francophonie, qui sont désormais perçus par ces pays comme stériles.

En effet, les instruments même d’intervention des structures de la francophonie pour asseoir le français sont inefficaces car ils éludent la problématique principale : « Qu’apporte le français pour l’acquisition du savoir scientifique, technologique et l’innovation dans un monde où l’Anglais est le véhicule de ces derniers et assis sur un tissu de multinationales anglophones de la recherche et de l’industrie de pointe et porté par des Etats puissants qui ont mondialisé leurs réseaux scientifiques et leurs technologies à telle enseigne qu’ils sont devenu le passage incontournable de la recherche et de l’innovation (laboratoires, banque de données, réseaux mondiaux de la recherche avancée) ?

En somme, « l’érosion de la langue française en science et en technologie », en tant langue de diffusion de l’information scientifique et technique (I.S.T.), explique l’attitude des pays abandonnant l’usage de cette langue.

La situation est d’autant plus justifiée que les chercheurs francophones publient désormais en langue anglaise.

A titre d’exemple, au Québec, le constat est édifiant « En plus de s’accentuer avec les années, le recours à l’anglais dans les publications ne se fait pas sentir également dans les trois grands secteurs d’activité que sont les sciences physiques et mathématiques, les sciences biologiques et médicales et les sciences humaines et sociales. Dans le premier cas, 90 % des publications recensées jusqu’en 1983 étaient en langue anglaise; dans le second, 76 %. Dans le dernier cas, celui des sciences humaines et sociales, le phénomène est inversé : 73 % des articles étaient publiés en français.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le centre de gravité de la recherche mondiale s’est déplacé vers l’Amérique du Nord et principalement vers les États-Unis où se concentrent maintenant non seulement une part importante des budgets de recherche et de développement scientifique et technique, mais aussi l’information scientifique. L’I.S.T. produite aux États-Unis ne constitue cependant qu’une partie de l’I.S.T. de langue anglaise. Celle-ci s’enrichit d’une part importante de l’I.S.T. produite dans de nombreux pays parce que les chercheurs non anglophones qui publiaient auparavant dans leur langue dans des « revues nationales » ou dans des « revues internationales » bilingues ou multilingues, publient maintenant surtout en anglais. Cette tendance se manifeste aussi chez les chercheurs francophones. En effet, une fraction croissante de l’I.S.T., produite dans les pays francophones est diffusée en langue anglaise. Ainsi, la proportion d’I.S.T. de langue française produite par les pays européens ne serait plus que de 6 % ou 7 % alors qu’il n’y a pas si longtemps, près du quart de l’I.S.T. occidentale était produite en français. »[3]

Le français n’est plus la langue des publications et des communications scientifiques. Les banques et les bases de données (sources de bibliographie et de documentation pour la recherche avancée) sont anglaises. Les manifestations internationales (séminaires, colloques, formations) se font en langue anglaise, et les chercheurs des pays francophones, pour assurer la portée de leurs écrits s’y produisent en langue anglaise.

Le constat est amer pour la langue française, en tant que support linguistique d’une communauté scientifique, mais aussi pour le devenir même de la francophonie.

« Principalement au cours des deux dernières décennies, l’usage de l’anglais dans l’I.S.T. a fait de remarquables progrès non seulement parce que les chercheurs francophones eux-mêmes y ont de plus en plus recours, mais aussi parce que ceux de tous les autres pays non anglophones l’utilisent couramment. La situation est d’autant plus préoccupante qu’en France même, l’anglais sert de plus en plus de langue de communication pour les scientifiques francophones. S’il est vrai que la langue française n’est plus la langue d’un seul État, il n’en demeure pas moins que l’exemple de la France risque, à plus ou moins long terme, d’être déterminant pour tous les scientifiques francophones. Les conséquences réelles ou appréhendées sont nombreuses et les enjeux capitaux pour l’avenir de la francophonie[4]. »

Quelles solutions à cela ?

Le constat est clair : face à l’anglais, le français n’est plus la langue des sciences et des technologies, des Etats l’abandonnent dans leurs systèmes éducatifs, formant leurs générations futures à l’Anglais. Les progrès économiques qu’ils réalisent sont présentés comme une résultante de l’abandon du français (exemple Rwanda).

L’organisation de la francophonie n’a de cesse depuis des années de développer les approches, les programmes et les instruments conceptuels et pratique pour la promotion de la langue française, de la solidarité de sa communauté, mais le résultat est bien là : le français recul dans l’I.S.T . De la Conférence générale de Port-Louis à Maurice en 1975 au Sommet de Ouagadougou en 2004, en passant par celui de Beyrouth, de Dakar etc. etc… la francophonie, peine à entretenir ce partage d’un français en recul dans les aires du futur de l’homme, les sciences et les technologies. Sciences et technologies qui elles-mêmes influencent le devenir et le contenu des arts, de la littérature et de la philosophie.

Les solutions institutionnelles proposées par les institutions supérieures de la francophonie sont souvent présentées dans l’urgence pour faire face à l’érosion fort entamée de la langue française. Telles celles du Conseil supérieur de la langue Française du Québec.

Mais le constat de « l’impuissance » du français en tant que véhicule de l’IST (information scientifique et technique), explique son abandon par certains pays et la raison en est évidente car comme le définit, le Conseil supérieur de la langue Française du Québec : « par information scientifique et technique, nous entendons l’information qui résulte des activités de recherche. Elle joue un rôle de première importance dans les progrès scientifiques et techniques et elle contribue à l’accélération du processus de développement économique, culturel et social. » Or les Etats veulent justement accéder à une langue de développement…économique culturel et social.

Une question d’esprit plus qu’une question de langue

Nous autres francophones qui parlons cette langue du « Mont-Saint-Michel jusqu’à la Contrescarpe » (Y. Duteil), savons qu’elle peut autant que la langue anglaise être un vecteur de l’I.S.T, il n’y a pas de langues impuissantes, il n y a que des êtres impuissants et ce qui commande les êtres n’est autre que la pensée. Nous pensons que le français perd sa place dans l’IST, non seulement à cause de la puissance économique, scientifique et industrielle d’Etats (les USA, notamment) mais aussi à cause de ceux qui veulent promouvoir le français (la francophonie notamment). Si les premiers promeuvent naturellement leur langue car passage obligé de leur hégémonie dans ces domaines, les seconds continuent à asseoir « le partage » du français sur des considérations historiques, « d’héritage » et autres principes dont la valeur s’estompe face aux exigences de développement des états francophones. Ces derniers sont désormais plus soucieux de développement économique que du parler d’une langue même si ceux qui la promeuvent apportent, pour la maintenir, logistique, aide et finances et utilisent les leviers de la diplomatie nationale et internationale (influence/coopération) pour ce faire.

Certes, le cœur battant de la francophonie, la France, n’est pas la première puissance mondiale, ni économique, ni militairement, ni technologiquement, les Etats membres de la francophonie sont loin derrière dans le classement des pays développés. Or ce qui porte une langue est la puissance et l’influence de ceux qui la véhiculent.

Pour un français des sciences et de la technologie: d’autres pistes.

Si le français doit revenir comme langue de l’IST, il faut qu’il développe un aspect « fonctionnel », « adaptif » et «attractif » pour son utilisation. Depuis la parodie d‘Etiemble sur le franglais dont Bernard Cerquiglini dira que c’est « une charmante pochade professorale, cri du cœur d’un savant (..) », beaucoup d’eau a coulé sur les ponts mais la problématique reste la même : le français n’est plus la langue savante. Celle des « précieuses » de Molière certainement, mais pas celle des sciences de Pascal.

Pour que le français puisse embrasser les sciences, il faut un nouveau français des sciences détaché des valeurs subjectives qu’il véhicule (communauté, héritage, partage, destin commun), pour un français « objectif » normalisé obéissant aux standards terminologiques des sciences et de la technologie et qui présente une portabilité lui permettant de transcender les frontières socio-culturelles, nationales et locales , pour servir d’outil neutre et admis pour son efficacité dans la traduction de l’essence des sciences et technologies. L’anglais obéît, pour emprunter l’exemple d’un standard systèmes de formation en ligne, à un modèle de type SCORM (Sharable Content Object Reference Model). Tout comme le SCORM, « il normalise les communications et les formats d’échange de données, et définit précisément les paquets pour le transfert de fichiers ». Ce qui, appliqué au langage, explique tout simplement sa capacité à d’outil d’IST. En effet, voici les principales exigences auxquelles le modèle SCORM devrait permettre, à terme, de satisfaire, et il suffit de remplacer les termes « enseignement » et « formation », par « savoir » :

Accessibilité : capacité de repérer des composants d’enseignement à partir d’un site distant, d’y accéder et de les distribuer à plusieurs autres sites.

Adaptabilité : capacité à personnaliser la formation en fonction des besoins des personnes et organisations.

Durabilité : capacité de résister à l’évolution de la technologie sans nécessiter une reconception, une reconfiguration ou un recodage.

Interopérabilité : capacité d’utiliser dans un autre emplacement et avec un autre ensemble d’outils ou sur une autre plate-forme des composants d’enseignement développés dans un site, avec un certain ensemble d’outils ou sur une certaine plateforme.

Réutilisabilité : souplesse permettant d’intégrer des composants d’enseignement dans des contextes et des applications multiples.

C’est justement cette « instrumentalisation » de l’anglais qui a fait son succès, qui échappe au français. Ce dernier ne pourra servir de langue alternative à l’anglais dans les sciences que s’il se détache de sa mission « civilisatrice » vers une fonction « fonctionnaliste » de son usage, orientée non seulement dans la forme mais dans l’essence de la pensée qu’il véhicule. En somme passer du français, langue de Molière, au français, langue de Pascal. Passer d’un esprit littéraire d’une langue à son esprit cartésien. Passer de l’esprit de finesse à celui de géométrie. Comme le pensait si bien Pascal : « Il y a deux sortes d’esprit : l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse. ».

Un français orienté-objet

Un français des sciences et des technologies, un langage d’I.S.T, à forger pour le monde du savoir scientifique et technique est une entreprise qui devra prendre sa source non pas dans le gigantisme de la francophonie et des solutions institutionnelles qu’elle propose, à forte charge de valeurs, mais dans le pragmatisme, à force charge de fonctionnalisme, de ceux qui y recourent, ou voudraient y recourir dans l’I.S.T et qui sont freinés par les spécificités de la langue. Et rien ne s’oppose à ce que le monde de la recherche se tourne vers ce français de l’IST, car en définitive si le poids économique, scientifique et industriels actuel (USA, notamment) est pour beaucoup dans l’usage de l’anglais, il n’en demeure pas moins qu’une langue peut s’imposer si elle devient résiliente, et développe les caractéristiques fonctionnelles de son attraction.

L’exemple le plus frappant (mais qui relève certes du domaine de la programmation informatique), que l’on puisse donner ici, est la montée en puissance, en peu de temps, du langage Python au détriment de langages de programmation fort utilisés occupant la place depuis des décennies et soutenus à bout de bras par des géants de l’industrie informatique.

Et tout comme, en informatique, les langages orientés-objet ont depuis longtemps damé le pion aux langages structurés, il serait aujourd’hui judicieux que soit développé un français orienté-objet (I.S.T), moins structuré (par la francophonie).

Car s’il a été dit que « la langue gouverne la pensée et que dominer la première revient à diriger la seconde[5]», alors c’est entre Molière et Pascal que se joue le français (de L’IST) de demain.

Pr ELY Mustapha

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[1] https://www.theguardian.com/world/2008/oct/14/rwanda-france

[2] https://www.lemonde.fr/signataires/pierre-lepidi/

[3] Conseil supérieur de la langue Française du Québec « La place du français dans l’information scientifique et technique ». http://www.cslf.gouv.qc.ca/bibliotheque-virtuelle/publication-html/?tx_iggcpplus_pi4%5Bfile%5D=publications/avis106/chap1.htm

[4] Conseil supérieur de la langue Française du Québec. Idem.

[5] « Si le champ de bataille est principalement linguistique, disent en substance les tenants de cette ligne (Henri Gobard, Dominique Noguez) qui ne répugnent pas au langage guerrier, c’est que la langue gouverne la pensée et que dominer la première revient à diriger la seconde. » (« La francophonie, le français, son génie et son déclin ». Luc Pinhas. Openedition journals. https://journals.openedition.org/dhfles/101). Note par moi-même: pour Pinhas, « les tenants de cette ligne » sont Henri Gobard, Dominique Noguez dont il cite les œuvres.

 

CRIDEM

Les Mauritaniens établis aux Etats-Unis interpellent Ghazouani sur les discriminations

Les Mauritaniens établis aux Etats-Unis interpellent Ghazouani sur les discriminations Le360 Afrique – En marge de la 74e session de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, le président Mohamed ould Cheikh El Ghazouani a rencontré les représentants de la communauté mauritanienne installés aux Etats-Unis d’Amérique.

Cette catégorie de la population a pris au mot le nouveau président, élu le 22 juin 2019 et investi le 1er aout dernier. Une dynamique est née, et une lettre ouverte a été adressée à Ghazouani par la communauté mauritanienne des Etats-Unis.

Ce texte trace les conditions de réussite de son mandat et demande que les discriminations cessent, pour une véritable cohésion du peuple e Mauritanie, «à travers la paix et l’unité nationale».

Dans cette lettre ouverte, la diaspora mauritanienne aux Etats-Unis revendique ainsi «une solution satisfaisante à la crise politique des années 1989-1991, qui s’est traduite par plusieurs centaines d’exécutions extra-judiciaires, la fin de l’impunité et de l’injustice».

Suite à une grave crise politique et sécuritaire avec le Sénégal voisin, faisant plusieurs centaines de victimes de part et d’autre du fleuve Sénégal, frontière naturelle entre les deux pays, plusieurs dizaines de personnes ont été expulsés vers le Sénégal, et d’autres ont dû fuir en direction du Mali, à partir de la fin du mois d’avril 1989.

Cette tension a débouché sur plusieurs centaines d’exécutions extra-judiciaires, visant des militaires issus de la communauté négro- africaine.

Ce document plaide également pour «un retour organisé et dans la dignité et le respect de leurs droits fondamentaux, de ces déportés mauritaniens vivant encore au Sénégal et au Mali».

Toutefois, entre-temps, près de 25.000 mauritaniens, ex-réfugiés au Sénégal, ont été rapatriés entre 2008 et 2012, sur la base d’un accord tripartite signé par les gouvernements de Mauritanie, du Sénégal et le HCR, l’agence des Nations Unies (ONU) chargée des réfugiés. Mais ces rapatriés continuent à se plaindre «de mauvaises conditions d’accueil et de réinsertion».

Dans le même ordre d’idées, cette lettre ouverte sollicite «le règlement sans délai de la situation des Mauritaniens devenus apatrides dans leur propre pays, privés de leur nationalité à cause de barrières administratives délibérément créées. La transparence dans l’accès à la fonction publique et aux forces armées et de sécurité, aux écoles professionnelles, pour que les institutions symboles de l’Etat, soient le reflet de la diversité nationale».

Sur d’autres volets, et notamment celui des terres agricoles, cette lettre ouverte plaide en faveur «de la fin de l’accaparement des terres, une nouvelle législation autorisant la double-nationalité, le respect du principe de la liberté de la presse et la promotion du développement des médias, une justice indépendante et impartiale…».

Pour justifier ses revendications par rapport à un traitement plus équilibré des composantes nationales, le document livre un état des lieux de la situation actuelle au sein du commandement de l’administration territoriale et de l’armée.

Ainsi, la diaspora des Mauritaniens établis aux Etats6unis avance lces chiffres de «trois Négro-africains sur quinze gouverneurs de région, aucun membre de la communauté Haratine, (…) 48 préfets issus de la communauté Beydane, alors que les Haratines et Négro-africains ne sont représentés respectivement que par quatre et un préfet».

Le document relève également une absence des Haratines et des Négro-africains dans les rangs des généraux de l’armée nationale et déplore «le scandale récent du recrutement de 47 élèves officiers de l’armée de l’air, tous issus d’une seule communauté».

Au-delà de ces questions politiques, il faut signaler que le nombre des Mauritaniens actuellement établis à l’étranger est encore inconnu.

Il s’agit d’une population éparpillée aux 4 coins du monde, qui, par ses transferts de fonds, pèse d’un poids énorme dans l’équilibre économique et social des communautés restées dans les villages du pays tout entier.

Le montant de cette manne financière n’a d’ailleurs pas encore été évalué à ce jour.

A titre de comparaison, au Sénégal voisin, l’apport des immigrés est estimé à 2,2 milliards de dollars, et ce, pour la seule année 2018.

Par ailleurs, pour de nombreux Mauritaniens, la participation pleine et entière de la diaspora du pays à son développement, exige une solution juste et équitable à la question de la double nationalité, actuellement autorisée à dosage homéopathique, à la discrétion du président de la République, selon celui qui la sollicite.

Autre pomme de discorde, celle de la fiscalité, pour une non-double imposition envers les membres de diaspora désireux d’investir en Mauritanie.

Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya