Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: October 2019

Bon à savoir : Le mouvement almoravide n’a pas été fondé à Azougui mais à Tocolor dans l’île à morfil

Bon à savoir : Le mouvement almoravide n’a pas été fondé à Azougui mais à Tocolor dans l’île à morfilAdrar Info – En 1054, il y eut un affrontement entre les plus grandes tribus berbères du sahara méridional ( lemtouna et Ighdalla) au lieu dit Tebferilla, au sud ouest de Atar.

L’armée d’Aoudaghoste, dirigée par Yahya ibn Omar, étant au bord de la défaite, fit appel à l’empereur du Tekrour qui y envoya un détachement de 3000 archers avec à sa tête Labba, son neveu et son fils kebbi qui gît au pied de la montagne amogjar, entre Atar et Chingueti.

Les Ighdalla défaits, leur général Ibrahim alaghdalli y trouve la mort ainsi que Yahya ibn Omar dont le neveu, Abou Dardaye reprend la relève, en compagnie d’un arabe tunisien, Abdallahi ibn Yacine.

L’empereur du tekrour leur offrira un lieu, dans la localité dite Tocolor ( actuelle ville de Mboummba ) capitale du tekrour pour y installer leur Ribat qui donnera le monastère des «almourabitoune» dirigé par Abdallahi ibn Yacine et Abou Dardaye Alemtouni qui épousera Fatimata Ely Banna Sall pour faire souche de Amar Mouzaid futur Ndiadiane Ndiaye. (Saidou Kane, l’origine et la signification du toponyme fuuta Tooro. Hassan Ibahim, Zuhuur islam fi assahara al gharbiya )

En 1068, une expédition militaire de 400 hommes, appelée “Houneynihine” est envoyée pour soutenir le mouvement almoravide, dirigé par deux arabes de Syrie, Hillal addimechqi des benou Salah ( dont la ville de coumbi portera le nom de tribu : coumbi Salah et qui est l’ancêtre des familles Djiggo du fuuta conf : le livre de Alhassan Djiggo de Tamchaket, intitulé : Banou Salah chourafaou coumbi Salah).

Aayya Abdallah al kanaani ou khan ( beni hillal )

Qui sera le père du fameux Hamet juuldo Kane (corruption de khan en pulaar ) Yahya ibn Omar mort durant la bataille de tebferilla, son frère Boubacar viendra s’installer à Azougui et sera investi amir almouminine après l’ebranlement des almourabitounes vers l’Andalousie sous le commandement de Youssouf ibn Tachfin dont la mère est Soninké de Chinguetty.

L’armée des Houneynihine est reversée dans les forces des almoravides. Hillal désigné imam de la mosquée de coumbi et Aayye est envoyé comme encadreur dans une tribu peule Yaalalbe, dans une localité entre le Tagant et le Brakna appelée Yiri Yara ( corrompu en Hassaniya eriyara, un grand marigot vers Moudjeria ).

C’est lù où il y aura un conflit entre Boubacar ibn Omar et Aayye, qui assassinera ce dernier dans un lieu appelé kra alfil aux environs de Kiffa.( Assaba ) .

Après ce meurtre, la belle famille de Aayel Kane, son beau frère Baydi Juumo en l’occurrence, ardo Njaal à l’époque ( oncle de Hamet Juuldo Kane) organise une grosse vendetta et abat Boubacar ibn Omar au lieu dit Meksem Boubacar ben Amar, à Ghoudiya près de Moudjeria.

Revenu triomphant, Baydi se voit gratifié d’une belle chanson, Soo ( haut de….. ) yiiri yaara du nom du fief des peuls ourourbe !!!

Ce conflit entraînera un grand mouvement d’émigration de tribus peules du nord vers le sud qui est connu sous le nom de “pousgou Yiriyara” . Les descendants de Bacam Bodewal Maakama, Butooru et ces fils ( Barka , Birom, Bacam et Yelli ).

Birom dit Birom Mbolou. Père de Banna père de Ely qui va adopter le patronyme Sall, en lieu et place de Bah ( de salaade, refuser ) à cause de son refus de l’islam qui n’était en réalité que le refus de la soumission. Il fondera la dynastie des Laamtooro et portera le titre de “Joom Galatt” et sera le «caamaaba gallaat» , prolongement du mythe du Bida honoré à Chinguetty ( mythe de Habbab ) et à gallaat chez les soninké ou guinnguira, dans le Jahounou et le Gajaaga.

Source : Abou Sarr

Dr Historien

….

Abou Sarr : Les précisions que je voulais apporter est que le mouvement almoravide n’a pas été fondé à Azougui mais à Tocolor dans l’île à morfil. Des témoignent historiques sont là:

Georges Tilman l’archéologue dans sa recherche sur le système fiduciaire des almoravides, en 1959, à trouver à Tocolor et woodite ou kodite ( près de souyoyma podor ) des pièces de monnaie avec leur signe et des casques en bronze. La tombe de Abou Dardaye est aux environs du marigot de Tocolor actuel. Hassan Ibahim l’historien égyptien, dans son ouvrage précité à dit que “l’Empire almoravide en Andalousie n’est autre qu’un plagiat de celui du tekrour”.

Le mouvement almoravide avait une vocation internationaliste et non l’islamisation locale.

C’est à dire qu’il s’agissait pour lui de défendre l’Empire musulman de l’Andalousie menacé par le réveil nationaliste chrétien de la Castille, ayant en tête le roi Alphonse VI, batu à la bataille de Badajos ( zallagha) le 23 octobre 1086.

La seule tentative d’islamisation s’est soldée par la mort de Aboubacar ibn Omar, qui résidait en effet à Azougui selon Hassan Ibrahim l’égyptien.

“Il a été blessé mortellement dans les pays de noirs et est mort avant d’arriver à Azougui chez ses parents noirs .”

adar-info

Mauritanie: Les détenus de Lixeiba en grève de faim

Soutien aux prisonniers politiques de Lixeiba Professeur Ghaly Sall et huit autres personnes originaires de la commune de Lixeiba ont entamé une gréve de faim. Ils sont détenus et accusés d’avoir manifester contre la victoire du président Ghazouani le 23 Juin dernier.

Ils sont en prison depuis plus de 3 mois sans procès. Par le biais de leur avocat ils ont demandé une liberté provisoire en attendant d’être jugé, mais la cour a rejeté cette demande.

Les détenus sont tous des militants de la CVE de la ville de Lixeiba qui se trouve à 45km de Kaédi.

Les membres de leurs familles lancent un appel au gouvernement et à la communauté pour leur libération. “Les conditions de vie de ces détenues sont alarmantes. Ils veulent de l’aide et aider les avant qu’il ne soit trop tard” déclare un proche des détenus.

Ecoles d’antan

altC’est comme ça, chez nous, vraiment une tradition : il faut d’abord mourir. Bien mourir. Puis viennent ensuite les hommages. C’est ainsi et pas autrement. Feu Sidaty ould Abba n’a cessé d’être un virtuose de la Tidinit et un artiste complet. Tout le monde le sait, depuis très longtemps. Sa mort signe l’extinction, presque définitive, de cette race particulièrement rare de fondateurs très discrets de la première République qui devraient avoir droit à tous les droits, dans la vie comme dans la mort. C’est un véritable paradoxe que de célébrer les voleurs en leur vie et de n’y consentir, pour les héros et les justes, qu’après leur mort. Attention, je n’ai rien dit à personne ! J’ai juste, comme le remarque un de nos plus intéressants érudits, «Â donné un signe ». Chez nous, «Â quand un vieillard meurt », énonçait Hampathé Bâ, «Â c’est une bibliothèque qui brûle »Â ; ou se consume, je ne sais plus, à vous de préciser la nuance, s’il y en a. L’essentiel est que si ce n’est pas l’un, c’est forcément l’autre. En Mauritanie, une grande bibliothèque de finesse, éthique et art vient de se consumer. Les vacances sont finies. Dans une semaine, les établissements nationaux réputés d’enseignement vont rouvrir. Les autres (internationaux) de France, Cameroun, Mali, Turquie l’ont déjà fait. Ici, les écoles étrangères sont comme les ambassades : territorialement souveraines, avec programmes spéciaux et curricula indépendants. Concours, tests d’entrée et vacances scolaires…Naguère, c’est-à-dire, fin des années soixante, début des années soixante-dix (72/73), les premiers jours de classe étaient consacrés aux inscriptions et nettoyage de la cour et des salles. C’était le temps ou l’école disposait de tout. Aucun parent n’avait à se soucier de fournitures scolaires : le magasin du moindre établissement regorgeait de livres, cahiers, stylos, ardoises, craies de toutes les couleurs, tables, chaises, porte-plumes,  buvards, encriers, crayons, gommes, règles…Le directeur était une personnalité très imposante. Les instituteurs droits dans leurs bottes, fiers de leur beau métier et beaux à voir, dans leur impeccable tenue. De vrais modèles auxquels tous les petits enfants rêvaient de ressembler un jour. Les tableaux étaient très noirs. La craie très blanche. Les tables bien rangées. Les classes très propres. Les cours de récréation très animées. Les rangs matinaux devant les classes. Les cahiers de roulement, devoirs et exercices bien rangés en de jolies armoires. La cravache, le symbole, le chiffon, les règles, les bâtonnets pour compter dans les petites classes, l’estrade majestueuse où se tenait le maître. Les paroles et gestes rituels que tous les élèves connaissaient par cœur : Debout/Assis, Bonjour Monsieur/Pardon Madame ; la levée spontanée et en un seul bloc de tous les élèves quand l’instituteur, le directeur ou tout autre visiteur entrait en classe. L’ânonnement des tables de multiplication, la récitation par cœur des leçons, le «Â par quatre », les coups sur la table organisant l’usage des ardoises, dans les opérations de calcul, la conjugaison des verbes, la déclamation impeccable des poésies, au CM1 et CM2, comme «Â La mort du loup » d’Alfred De Vigny,«Â Le loup et l’agneau », «Â Le laboureur et ses enfants » de La Fontaine ou «Â Afrique, mon Afrique » de David Diop…Ou encore quand, à quelques minutes de la fin des cours journaliers, les enfants chantaient joyeusement en chœur, devant un maître satisfait du devoir accompli ; les belles lectures, à haute voix, de quelque texte de nos plaisants manuels : «Â Mon Afrique », «Â Ton livre, mon enfant », «Â Amis, lisons ensemble », avec les si belles illustrations de Marie-Françoise de La Rosière. Les rédactions appliquées, l’exploit du«Â zéro faute » dans une dictée de contrôle tirée d’un classique de la littérature française, la résolution d’un casse-tête de Jean Auriol, genre : un «Â Dioula achète deux sacs de riz de même poids et de même valeur… » ou «Â un locataire ne peut payer que les 7/8 de son loyer… »Â ; et autre fin problème du «Â Calcul Quotidien ». Vous avez dit ministère de l’Enseignement fondamental et de la réforme de l’éducation ? Salut.

Seniba El Kory

 

le calame

Rentrée scolaire en Mauritanie: une réforme de l’éducation très attendue

Rentrée scolaire en Mauritanie: une réforme de l'éducation très attendue

En Mauritanie, ce lundi 7 octobre, c’est la rentrée scolaire. Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a supervisé en personne la reprise des cours dans un quartier de la banlieue sud-est de Nouakchott.

Une manière de réaffirmer son projet de réforme d’une école en difficulté. L’école mauritanienne souffre notamment de la baisse continue du niveau des élèves. Et les raisons de cette dégradation sont simples pour Sidi Boudé, le secrétaire général du syndicat national de l’enseignement secondaire :

« Nous avons des enseignants qui doivent enseigner les disciplines scientifiques en français, par exemple, et qui n’ont pas été formés en français. Nous avons des enfants non arabophones, qui apprennent l’histoire, la géographie, la philosophie, en arabe, une langue qu’ils ne comprennent pas. Donc ils n’apprennent pas du tout. »

Pour le secrétaire général du SNES, la situation de l’école et la réforme exigent la participation de tous les acteurs du système éducatif : « Pour nous, réformer l’éducation, c’est appeler les Mauritaniens aujourd’hui à s’asseoir autour d’une table et décider ce qu’ils veulent enseigner à leurs enfants – ensemble -, pour qu’on ait une charte pour l’éducation qui ne pourra plus être changée par les politiques pour tel ou tel intérêt politique. »

Le besoin de dépolitiser l’enseignement, c’est aussi le sentiment de la fédération des associations des parents d’élèves, comme le confirme son président Ahmed Sghair : « Toutes les réformes déjà passées dans l’enseignement ont été prises en otage par les politiciens, par la gestion politique. »

Après l’indépendance, en 1960, la Mauritanie avait un enseignement bilingue arabe français. En 1973, l’option qui a produit de bons cadres maîtrisant les deux langues a été abandonnée au profit de l’arabe seul. C’est l’une des raisons du déclin du système éducatif selon les spécialistes du secteur.

Par RFI

Le jour où l’armée occupa l’opposition. Par Pr ELY Mustapha

Le jour où l’armée occupa l’opposition. Par Pr ELY MustaphaPr ELY Mustapha – Incroyable mais vrai. Du jamais vu. Des chefs d’opposition qui font la queue leu leu devant un président élu, élu à une majorité écrasante et qui ne sort pas de leurs rangs et…. plus incroyable encore, que lui demandent-ils ? Qu’il applique leur programme !

Mais alors se demandera le pauvre citoyen, si le Président applique les doléances de l’opposition alors à quoi sert l’opposition ? Et pourquoi l’opposition n’a-t-elle pas tout simplement soutenu lors des dernières élections Ghazouani, si celui-ci était prêt à appliquer leurs propositions ?

Etonnant n’est-ce pas, qu’une opposition, qui se veut opposition, requiert que le Président se substitue à elle pour réaliser ce pour lequel, elle milite ? Il y a alors deux cas de figure.

Le premier cas, serait que Ghazouani décide d’appliquer les doléances de l’opposition et dans ce cas, l’opposition ne servant plus à rien, puisqu’elle s’est vidée de sa substance, il serait logique qu’elle soit tout simplement dissoute.

Le second cas de figure, serait que Ghazouani n’exécute que son propre programme et que l’opposition qui défile en file indienne devant lui ne sert qu’à être anesthésiée par des promesses, qui lui permettront de la tenir dans l’expectative en attendant qu’il affermisse son pouvoir.

Dans les deux cas, une chose est certaine : Ghazouani est bien plus malin et plus stratège que l’opposition. Il manœuvre au ralenti en attendant la sortie du virage.

Mais pour le pauvre citoyen mauritanien qui a voté pour l’opposition c’est le cauchemar. Il vient de comprendre, tardivement hélas ! qu’il n’y a jamais eu d’opposition véritable et que même s’il a existé un « esprit » d’opposition, ses dirigeants ont vendu son âme et la leur dans les « dialogues » et autres « concertations » qui ont depuis les putschs militaires successifs aspiré son énergie.

En effet, au-delà de l’argumentaire de la « paix sociale », de « l’entente » qui anime ces dialogues du pouvoir qui ont fait saliver depuis des décennies l’opposition, il est un constat démocratique invariable et sur lequel se bâtit l’équilibre du pouvoir : « UNE OPPOSITION QUI DIALOGUE N’EST PAS UNE OPPOSITION ».

Une opposition qui dialogue, est une opposition qui trahit l’esprit du jeu partisan fondement de la démocratie, elle détruit l’essence même du jeu politique, à savoir servir de contre-pouvoir pour orienter, influencer et puis, si possible, conquérir le pouvoir en proposant des alternatives nouvelles, de nouvelles voies du possible et du réalisable en capitalisant sur l’expérience et les échecs du pouvoir en place.

L’opposition d’aujourd’hui est un médiocre reflet de ce que l’opposition doit être dans un Etat démocratique.

Une opposition qui dialogue n’est pas une opposition.

Appelez-là ce qu’il vous conviendra de l’appeler : juxtaposition, transposition, permutation, interversion, inversion…mais ne l’appelez pas opposition. Cette opposition qui recherche ou qui va au dialogue avec le pouvoir est le pire des maux que la Mauritanie puisse subir. S’opposer à cette opposition-là est le premier devoir de tout citoyen concerné par l’avenir politique de son pays.

Quel devrait être le comportement d’une opposition digne de ce nom ?

Une opposition s’organise, collecte ses moyens matériels et financiers prépare son programme politique, le vulgarise, rencontre ses militants, génère des alliances, déploie son énergie à rassembler une opinion qui lui soit favorable, en d’autres termes prépare avec militantisme sa participation aux prochaines élections.

Mais une opposition toute tournée vers la contemplation du pouvoir et attendant de son détenteur qu’il l’apostrophe, est un réceptacle d’une misère partisane tendant sa gamelle pour y recueillir les postillons d’un dialogue qui est devenu tout son programme.

Le devoir de tout Mauritanien, est de ne pas intégrer cette opposition-là mais plutôt de la fuir comme une peste institutionnelle. Si on a piétiné tout un peuple et accaparé le pouvoir, ce fut et c’est toujours à cause de cette opposition-là.

Historiquement, rappelons-nous…

Vivant sur les relents d’un accord de Dakar mort-né, croyant qu’elle a encore un poids dans les institutions de l’Etat, pour mener Aziz vers quelques concessions, l’opposition s’est gourée et continue de l’être.

Elle réclame une réponse écrite, mieux encore un engagement écrit d’Aziz sur les points de discorde qu’elle lui a fait parvenir et conditions du dialogue…. Opposition du ridicule.

Aziz n’avait pas demandé à l’opposition son avis en prenant de force le pouvoir, il ne lui a pas non plus demandé de s’exprimer en se faisant « légaliser » par les urnes. L’opposition ne sert à rien pour Aziz et Aziz le savait.

Ce qui a servi Aziz c’est que l’opposition continue à saliver, comme un cabot attendant un os, en lui miroitant le dialogue. Le dialogue, fut pour Aziz, un instrument machiavélique. Il l’avance quand sa mauvaise foi l’y pousse et il le retire chaque de fois que l’opposition y croit.

Cette opposition-là, fait le jeu du pouvoir. Et c’est en cela qu’elle est dangereuse. Elle est composée de groupes d’individus, sous-fifres, qui constituent une sorte de courroie de transmission avec le pouvoir. Ce sont ces groupes-là qui constituent les « poignées » dont se saisit le Pouvoir pour appâter l’opposition.

Ces « poignées » sont composées de dirigeants aigris par le pouvoir et qui ne savent plus comment y accéder, mais aussi d’individus membres qui « monnayent » leur participation au pouvoir et qui émulent au sein de l’opposition une espèce de « psychose » du dialogue où le délire de l’intéressement matériel n’est pas absent.

Toujours est-il que cette opposition intéressée au dialogue, est le dindon de la farce.

Rappelons-nous que si le pays en est arrivé là, c’est à cause de l’opposition. Si aujourd’hui Ould Abdel Aziz est au pouvoir, c’est à cause de l’opposition. L’opposition juillettiste n’a donc que ce qu’elle a semé.

Cette opposition-là qui s’est précipitée pour négocier à Dakar la réédition d’un président élu, n’a aujourd’hui que ce qu’elle mérite. En Mauritanie, le peuple n’a pas seulement les gouvernants qu’il mérite il a aussi l’opposition qu’il mérite. Et c’est à cause de cette opposition-là, ses dissensions internes, son opportunisme et sa course en rangs dispersés à la présidence lors des dernières élections, que le pays est ainsi gouverné.

Une opposition qui dialogue, pour pérenniser sa forfaiture, n’est pas une opposition.

Que s’est-il passé pour que l’opposition devienne ce qu’elle est aujourd’hui ? Simplement qu’elle n’a pas tiré les leçons du passé politique récent du pays.

I- L’opposition ou la sape psychologique: les leçons du passé

En 2005, jamais une stratégie n’a été aussi brillante et aussi sournoise que celle qui réduisit l’opposition et lui enleva sa victoire aux présidentielles et aux législatives. Ceux qui dirigèrent la transition, avaient décidé de miner l’opposition et de la réduire autant que possible à travers une stratégie de « concertation » qui a permis de « piéger » ceux qui justement pouvaient tout faire basculer. Les « renards » de la transitions aguerris aux faux compromis et aux jeux de la souricière avaient décidé de neutraliser une opposition qui, à la veille du 3 Août 2005, avait une force et une légitimité qu’ils craignaient par-dessus tout. Cette opposition qui sortait d’une haute lutte contre l’ancien régime et dont certaines composantes avaient même pris les armes contre lui risquait de remettre en cause le coup d’Etat lui-même et la transition elle-même.

Il aurait suffi que l’opposition ne reconnaisse pas le coup d’état, qu’elle s’agrippe à ses acquis historiques qu’elle « tape sur la table » pour que ceux qui ont élaboré la transition dans des buts inavoués reculent et cèdent devant ses doléances. Cela ne fut pas fait parce que les renards de la transition avaient très vite identifié le talon d’Achille de l’opposition en la personne de ses leaders et notamment Ahmed Ould Daddah.

Cette identification se confirma pour eux très vite lorsque Ahmed ould Daddah fut le premier reconnaître le coup d’Etat et son apport pour la démocratie. Il devenait alors un « interlocuteur » qui allait servir de porte d’entrée, un cheval de Troie pour déstabiliser l’opposition. La bonne foi d’Ahmed Daddah n’avait d’équivalent que la mauvaise foi de ceux qui allient « l’utiliser » malgré lui. Et c’est là où l’œuvre de sape psychologique commença à la manière d’une forteresse assiégée.

Durant les premiers mois on le consultait on le travaillait dans le sens du poil et le travail psychologique finit par prendre : la conviction du leader du RFD en la volonté des militaires de céder le pouvoir à l’opposition et de façon démocratique. Par cette politique d’amadouement ils ont obtenu deux choses :

– L’immunisation : Faire passer calmement la transition jusqu’à son terme et appliquer leur plan stratégique

– La neutralisation : Assagir l’opposition à travers l’un de ses principaux leaders jusqu’à la mettre à genou.

Cette situation se manifesta à travers les idées lancées par Ahmed Ould Daddah dans sa fameuse déclaration sur « l’absence de chasse aux sorcières » qui reprenait l’argumentaire du CMJD et ses déclarations dans l’interview à Jeune Afrique. ELY Ould Mohamed Vall déclarait en effet en Septembre 2005 : « Il n’y aura ni règlement de comptes, ni chasse aux sorcières, ni esprit de revanche. « (JA L’Intelligent » Septembre 2005)

Le 07 septembre 2005 Ahmed Daddah déclarait à l’AMI : » “j’ai confiance, en toute objectivité, dans le projet du CMJD”.

Il était devenu ce que le CMJD voulait qu’il devienne « la courroie de transmission » avec l’opposition en la « piégeant » dans le processus d’un dialogue et d’une concertation qui allait être fatal pour toute l’opposition.

« Le RFD, déclarait Ahmed Daddah, en tant que parti, est favorable au principe du dialogue sur les questions nationales qui nous concernent tous. Nous nous réjouissons donc de cette initiative et pensons qu’elle marque le début d’une concertation que nous espérons approfondie, franche et exhaustive. Concernant le comité chargé du processus de transition, je tiens à préciser que cette période transitoire est essentielle parce qu’elle déterminera tout ce qui la suivra. C’est pourquoi nous estimons que tous les acteurs doivent y participer, y compris les partis politiques, la société civile, les leaders d’opinion, avec tout le sérieux et toute la franchise requise… »

Et la boucle est bouclée. Ahmed Daddah était devenu l’appât auquel on miroitait mille et une bonne intentions dont il nourrissait ses espoirs de changement.

Les militaires, en s’appuyant sur une structure gouvernementale triée dans le tas des anciens du régime précédent, avec lesquels ils partageaient les mêmes préoccupations de défense de ses intérêts et de ses basses-œuvres avait mis en place une stratégie psychologique militaire qui, comme on le sait, utilise de multiples techniques de déstabilisation de l’adversaire utilisant la psychologie préventivement, ou simultanément, à l’usage de la force.

Une stratégie qui ressemble étrangement à celle utilisée par les experts militaires dans le Chiapas mexicain : diviser et semer la confusion dans les esprits pour atteindre des buts de déstabilisation des structures villageoises. A travers une pseudo- politique d’ouverture au dialogue, le gouvernement opposait les chefs de village en accordant plus d’importance officielle à l’un deux et en le favorisant financièrement et matériellement par rapport aux autres. Ce qui, à moyen terme, entrainait la division et les blocages dans les rapports villageois. De la division et des rancunes naissaient alors les dénonciations.

Lorsque Ahmed Daddah a compris qu’il n’était pas l’interlocuteur unique du CMJD, que celui-ci jouait son propre jeu, il fît machine arrière à travers les dénonciations que l’on sait sur la « dérive » du CMJD notamment après que Sidioca fut pressenti au mois de juillet 2006 comme candidat « favori » du CMJD. Mais déjà en décembre 2006 le vent avait tourné et la stratégie du CMJD était à son apogée.

La dissidence de Messaoud Ould Boulkheir qui permit à Sidioca de remporter la victoire, tient de cette stratégie car on se rappelle très bien que pour justifier son ralliement à Sidioca, le dirigeant de l’APP avait reproché à Ahmed Daddah d’avoir eu un plan secret avec le CMJD de constitution d’un gouvernement. La stratégie de déstabilisation avait joué.

Concertation et dialogue furent les deux armes absolues de la stratégie des autorités de transition pour « endormir » l’opposition et gagner du temps pour échafauder ses plans et les mettre à exécution.

Cette stratégie de « la concertation anesthésiante » est encore aujourd’hui mise en œuvre par les régimes politiques successifs. La présence encore aujourd’hui de personnages au palais et la plupart de ceux qui ont servi la transition et le régime précédent aux postes-clefs en est la preuve éclatante.

Mieux encore, la transition avait pensé à un mécanisme pour pérenniser cette « concertation » et neutraliser l’opposition même après l’avènement de l’ère démocratique : le statut de leader de l’opposition.

Le piège institutionnel se referma alors et l’opposition est actuellement toute réduite à cette fonction de « concertation » qui lui enlève tout rôle et toute volonté sinon ceux d’entériner ce que le « leader » glane comme assurances et expressions de bonnes intentions du détenteur du pouvoir sur tout et sur rien. Encore une fois, la bonne foi du leader mise à contribution à travers une concertation dont on sait ce qu’elle a donné par le passé.

II- L’opposition doit réagir à la sape psychologique : tout remettre en question

Il est incontestable que depuis 2005 les régimes successifs utilisent, le « dialogue » et la concertation pour neutraliser l’opposition et gagner du temps. Gagner du temps pour s’affermir politiquement et consolider son leur assises économico-financières.

– S’affermir politiquement: l’expression la plus immédiate fut la création du grand parti présidentiel qui a visé à damer le pion à l’opposition et au-delà. Quelle fut la réaction de l’opposition à ce « danger » institutionnel d’un parti-état ? La concertation !

– Consolider ses assises financières : On le sait outre que le favoritisme n’a pas quitté l’Etat, voici que commence la liquidation des entreprises publiques pour « renflouer », les caisses de l’Etat. Une cession d’actions de l’Etat dont on ne sait en fin de parcours si elle servira vraiment l’Etat à travers son budget. Et qu’elle est la réaction de l’opposition face à la menace qui touche les entreprises publiques ? La concertation !

Et qu’a donné cette concertation ? Une conférence dénonçant ces aspects, relayée par la presse.

Quel impact cela a eu sur la politique du gouvernement ? Rien ! On se concerte avec l’opposition mais on ne l’écoute pas. On continue à structurer le parti-état et on a continué à négocier la cession des entreprises publiques.

Alors est-ce là une opposition qui a un poids sur la scène politique ? Une opposition qui s’accroche à des concertations comme si elle était l’antichambre du pouvoir. Eh bien non. Cette opposition-là, le peuple n’en veut pas ! Elle est inefficace, anesthésiée par un pseudo-dialogue et réduite à sa plus simple expression : un contre-pouvoir qui ne contre rien.

Quelles sont les solutions ? Il faut que l’opposition se ressaisisse. Qu’elle quitte immédiatement ce processus de « concertation » et de « dialogue », qu’elle renonce à l’institution de leader et qu’elle entre… en opposition !

Qu’elle adopte sa propre vision des problèmes à résoudre, qu’elle élabore sa propre stratégie d’intervention pour contraindre le gouvernement à discuter et à obtempérer s’il le faut.

Si les problèmes sont connus et attendent solution (refus du parti-état, refus du bradage des entreprises publiques, rehaussement du niveau de vie, dénonciation de la corruption et du trafic d’influence etc.), quelle est la stratégie à adopter ?

La voici :

– Se déconnecter du giron des pouvoirs publics et donner à l’opposition son autonomie (« pas de leader, pas de concertation »)

– Utiliser les moyens légaux pour protester : grèves limitées ou généralisée, alerte de l’opinion publique nationale et internationale

– mise à contribution des cadres et des forces intellectuelles de l’opposition pour critiquer (socialement, économiquement, financièrement) et publier leurs critiques des mesures gouvernementales partout où cela peut influencer le système (ouvrages, travaux de conférences et de colloques etc.)

– Entreprendre des meetings et des sittings de protestations.

– Investir les aires d’information (presse écrite, audiovisuelle nationale et internationale) etc.

En résumé : Etre une force politique réelle qui agit sans complaisance et avec les moyens d’une véritable opposition.

Puisse l’opposition comprendre cela, sinon s’en est fini d’elle. Elle restera un faire-valoir d’une politique qui s’affermit de jour en jour, institutionnellement et financièrement.

Et alors il ne sera plus très loin le temps où elle devra se soumettre ou disparaître. Car en politique, une opposition qui ne joue pas son rôle est non seulement une traitrise à l’égard de ceux qu’elle représente mais aussi la pire des menaces pour un Etat de droit.

Le seul espoir qui reste est que l’actuel président Ghazouani tienne ses promesses et ses engagements concertés avec l’opposition. Mais si en réalisant cela, Ghazouani gagnera en crédibilité croissante, alors l’utilité d’une opposition devient inversement proportionnelle à cette crédibilité.

“La dignité, a-t-on pu écrire, passe par le sentiment qu’on a de son utilité.”

Pr ELY Mustapha

(1)H. Lamoureux « L’affrontement » Éditions du Jour, Montréal.

cridem