Monthly Archives: September 2019
L’association de diffusion et de défense de la langue arabe en Mauritanie devrait tomber sous le coup de la loi N° 023/2018 pénalisant la discrimination
Ciré Ba – L’association de diffusion et de défense de la langue arabe en Mauritanie a appelé une nouvelle fois, lundi 9 septembre 2019, à stopper l’usage de la langue française dans les documents officiels du pays. Le français est qualifié de « langue du colonisateur » par ces illuminés racistes, partisans idiots de décadence, de repli identitaire et d’exclusion.
Leur posture à teinte idéologique ne fait même plus recette dans les pays arabes qui maintiennent et renforcent les langues anglaise, française qui ne sont plus “étrangères” ou le mandarin pour le commerce. Mieux, au Maghreb, la langue berbère est reconnue et bénéficie de promotion officielle.
Le Maroc, par exemple, dont la population berbère est estimée entre 15 et 20 millions de personnes vivant souvent dans l’Atlas ou en campagne et n’apprenant l’arabe qu’à l’école comme les populations de notre vallée, a officialisé la langue amazighe (berbère) en 2011.
Une loi qui généralise l’usage de cette langue dans les administrations et à l’école a été votée à l’unanimité par les députés marocains le 10 juin 2019. Cette loi permettra la délivrance de cartes d’identité, de passeports ou d’actes de mariages en langue amazighe (source : France info Afrique du 13 juin 2019). Une chaîne de télévision, Tamazight TV, est consacrée à la culture berbère. Impensable en Mauritanie.
Le fait de « s’adresser délibérément aux gens avec ce qu’ils ne comprennent pas constitue une préméditation qui ressemble à un défi » poursuivent ces défenseurs de la Mauritanie exclusivement arabe. Et les autres “gens”?
Fait nouveau aggravant : ils assimilent au passage les langues reconnues nationales – pulaar, sooninke et wolof – à des “dialectes des communautés négro-africaines”. Les mots ont un sens. L’indigénat est de retour !
Face à cette dérive grave et haineuse, le pouvoir serait bien inspiré de faire appliquer la loi N° 023/2018 pénalisant la discrimination. Un dispositif qui associe le concept de discrimination aux “discours de haine et aux groupes identitaires spécifiques”.
Ciré Ba – Paris
Appel à mettre fin à l’usage du français dans les documents officiels en Mauritanie
Apanews – L’Association de diffusion et de défense de la langue arabe en Mauritanie a appelé à stopper l’usage de la langue française dans les documents officiels du pays, selon un communiqué rendu public lundi à Nouakchott, qualifiant ainsi le français de « langue du colonisateur ».
La rédaction des documents officiels en langue française est contraire à la Constitution, a souligné l’ONG qui a déploré la poursuite d’émission de notes émanant du gouvernement et écrites dans cette langue étrangère.
La Loi fondamentale mauritanienne qualifie de « langue officielle » l’arabe et de « langues nationales » les dialectes des communautés négro-africaines, en l’occurrence le pulaar, le soninké et le wolof.
Une bonne partie de l’administration mauritanienne continue de rédiger ses documents officiels en français.
Le fait de « s’adresser délibérément aux gens avec ce qu’ils ne comprennent pas constitue une préméditation qui ressemble à un défi », a dénoncé l’Association de diffusion et de défense de la langue arabe.
La revendication de l’usage de l’arabe dans l’administration est devenue de plus en plus récurrentes ces derniers temps en Mauritanie.
De notre correspondant : Mohamed Moctar
MOO/te/APA
DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L´OUBLI.
HOMMAGE AU GRAND COMBATTANT DE LA LIBERTÉ ET RÉSISTANT DE TOUJOURS, SAMBA THIAM .
Samba Thiam est le président des Forc…es Progressistes du Changement (FPC). Né en 1948 à Sélibaby (Sud de la Mauritanie), inspecteur de l’enseignement de formation et ancien formateur à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI). Samba Thiam est membre fondateur du MPAM (Mouvement populaire africain de Mauritanie) en 1979 et des FLAM en mars 1983. Il fut arrêté en septembre 1986, après la publication du « Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé », dont il faisait partie du comité de rédaction, il fut jugé et condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme, interdiction de séjour, privation de droits civils et politiques et envoyé au bagne de Walata, devenu tristement célèbre comme prison mouroir pour les Noirs..
Comme Nelson Mandela il peut dire aussi : “Au début, je n’ai pas choisi de placer mon peuple au-dessus de ma famille, mais en essayant de servir mon peuple, j’ai découvert que je ne pouvais plus remplir mes obligations de fils, de frère, de père, de mari “. Le président Thiam a sacrifié sa carrière professionnelle, sa famille et donné sa vie pour la cause. Il n´a pas attendu que la liberté d´expression soit “tolérée” et que la “démocratie” soit instaurée en Mauritanie pour s´insurger contre le Système.
Après des longues et terribles années dans la prison de Oualata où il a vu mourir certains de ses compagnons de lutte, décédés suite aux conditions de détention horribles, il rejoint la résistance en exil pour continuer le combat. Connu de tous pour son courage, sa témérité, son intégrité morale et honnetêté intellectuelle il fût plébiscité par ses camarades à l´unanimité à la tête des FLAM au premier congrès ordinaire du mouvement en exil. Samba Thiam est un intellectuel accompli au vrai sens du mot, un éveilleur de conscience. A lui il symbolise la lutte des opprimés de Mauritanie, la constance dans les principes, la foi en une cause , la fidélité à un engagement et le refus à l´arbitraire.
Très modeste et humble il confiait un jour à un journaliste : “Je suis un homme de l’ombre, un homme ordinaire, sans vraiment rien de spécial. Le crépitement des Flash,ça n’est pas pour moi. J’aurais aimé,un peu comme Engels, être un second volontaire auprès d’un Marx. C’est pour dire que cette position que j’occupe aujourdh’hui et qui me place sur un piédestal, je ne l’ai pas recherchée ,car en opposition totale avec ma personnalité, au point que des fois je me surprends à me demander ce que je fais là”.
C’est certainement la désespérance et la révolte qui faisaient dire à Ibrahima Dieng, le personnage principal du ” LE MANDAT “, que “L’honnêteté est un délit”. Une sentence sans appel prononcée par un vieux notable désabusé que ses mésaventures d’inadapté rendent finalement à la lucidité. La société vomie du vieux marabout à sa régle, la fourberie, et ses caïds, des prédateurs aussi féroces que malicieusement imaginatifs.
La tentation est forte de faire le rapprochement entre la société honnie de Dieng avec l’arène politique nationale, un milieu où la duplicité et la versalité sont sanctuarisées, érigées en dogmes. Ce milieu-là n’est pas celui de Samba Thiam, le Président des FPC. Il s’y sentirait égaré, désorienté. Pourtant, ce ne sont pas les motifs de l’endurcissement qui lui manquent. Sa vie. Une vie de dévot au service d’un idéal incarné par une organisation. Une croix qu’il porte vaillamment depuis ce jour de rencontre décisive qu’il aime rappeler. Parce que le président des FPC est avant tout un guerrier peulh, qui combat à la traditionnelle. Et le code d’honneur de la bataille, il le connait: ni trahir, ni se rendre.
L’ennemi est coriace, sournois, mais l’adversité ne lui fait pas peur. Il faut de l’audace pour décider de défier cette hydre informe, ce Système avec un S grand comme le “ racisme structurel de l’Etat mauritanien ”. Un mal absolu dont un tyran nommé Maaouya a été l’incarnation. Quand il a fallu le combattre il l’a fait sans concession, ni compromission ou compromis.
Cet homme-là a du courage physique et la patience d’un pédagogue. Et cela fait la différence. Ainsi, là où ses adversaires foncent sur le foin, lui prend de la hauteur pour mieux faire partager sa “vision globale” des solutions aux maux qui gangrènent l’unité nationale. Car la vérité est que la Mauritanie ne guérira pas de son instabilité tant qu’elle n’aura pas osé affronter la question lancinante de la cohabitation de ses peuples. Le président des FPC en est convaincu. Il le dit à haute et intelligible voix. Il le dit avec cette éloquence qui refuse l’emphase et le superflu. Avec l´enfant du Guidimakha comme interlocuteur, c’est la politique qui retrouve ses lettres de noblesse. Pour la petite histoire il est le seul encore des rescapés de la prison mouroir de Oualata que le régime de Nouakchott refuse de rétablir dans ses droits de retraité parce qu´il a refusé de céder au chantage du Général Aziz et pour la même raison encore le régime de Nouakchott refuse de reconnaitre les FPC, le parti qu´il dirige.
Cet homme fait bouger les lignes depuis son retour au pays natal après plus de 23 ans d´exil. Il arrive à imposer le débat sur l´épineuse question de la cohabitation. C´est tout le mérite des FPC. Une autre Mauritanie est incontournable, il est un honneur d´être dans ce camp des combattants de la liberté, de la justice et de l´égalité, le reste n´est que médiocrité.
Longue vie et santé de fer au camarade président.
LLC!
Samba Thiam est le président des Forc…es Progressistes du Changement (FPC). Né en 1948 à Sélibaby (Sud de la Mauritanie), inspecteur de l’enseignement de formation et ancien formateur à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI). Samba Thiam est membre fondateur du MPAM (Mouvement populaire africain de Mauritanie) en 1979 et des FLAM en mars 1983. Il fut arrêté en septembre 1986, après la publication du « Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé », dont il faisait partie du comité de rédaction, il fut jugé et condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme, interdiction de séjour, privation de droits civils et politiques et envoyé au bagne de Walata, devenu tristement célèbre comme prison mouroir pour les Noirs..
Comme Nelson Mandela il peut dire aussi : “Au début, je n’ai pas choisi de placer mon peuple au-dessus de ma famille, mais en essayant de servir mon peuple, j’ai découvert que je ne pouvais plus remplir mes obligations de fils, de frère, de père, de mari “. Le président Thiam a sacrifié sa carrière professionnelle, sa famille et donné sa vie pour la cause. Il n´a pas attendu que la liberté d´expression soit “tolérée” et que la “démocratie” soit instaurée en Mauritanie pour s´insurger contre le Système.
Après des longues et terribles années dans la prison de Oualata où il a vu mourir certains de ses compagnons de lutte, décédés suite aux conditions de détention horribles, il rejoint la résistance en exil pour continuer le combat. Connu de tous pour son courage, sa témérité, son intégrité morale et honnetêté intellectuelle il fût plébiscité par ses camarades à l´unanimité à la tête des FLAM au premier congrès ordinaire du mouvement en exil. Samba Thiam est un intellectuel accompli au vrai sens du mot, un éveilleur de conscience. A lui il symbolise la lutte des opprimés de Mauritanie, la constance dans les principes, la foi en une cause , la fidélité à un engagement et le refus à l´arbitraire.
Très modeste et humble il confiait un jour à un journaliste : “Je suis un homme de l’ombre, un homme ordinaire, sans vraiment rien de spécial. Le crépitement des Flash,ça n’est pas pour moi. J’aurais aimé,un peu comme Engels, être un second volontaire auprès d’un Marx. C’est pour dire que cette position que j’occupe aujourdh’hui et qui me place sur un piédestal, je ne l’ai pas recherchée ,car en opposition totale avec ma personnalité, au point que des fois je me surprends à me demander ce que je fais là”.
C’est certainement la désespérance et la révolte qui faisaient dire à Ibrahima Dieng, le personnage principal du ” LE MANDAT “, que “L’honnêteté est un délit”. Une sentence sans appel prononcée par un vieux notable désabusé que ses mésaventures d’inadapté rendent finalement à la lucidité. La société vomie du vieux marabout à sa régle, la fourberie, et ses caïds, des prédateurs aussi féroces que malicieusement imaginatifs.
La tentation est forte de faire le rapprochement entre la société honnie de Dieng avec l’arène politique nationale, un milieu où la duplicité et la versalité sont sanctuarisées, érigées en dogmes. Ce milieu-là n’est pas celui de Samba Thiam, le Président des FPC. Il s’y sentirait égaré, désorienté. Pourtant, ce ne sont pas les motifs de l’endurcissement qui lui manquent. Sa vie. Une vie de dévot au service d’un idéal incarné par une organisation. Une croix qu’il porte vaillamment depuis ce jour de rencontre décisive qu’il aime rappeler. Parce que le président des FPC est avant tout un guerrier peulh, qui combat à la traditionnelle. Et le code d’honneur de la bataille, il le connait: ni trahir, ni se rendre.
L’ennemi est coriace, sournois, mais l’adversité ne lui fait pas peur. Il faut de l’audace pour décider de défier cette hydre informe, ce Système avec un S grand comme le “ racisme structurel de l’Etat mauritanien ”. Un mal absolu dont un tyran nommé Maaouya a été l’incarnation. Quand il a fallu le combattre il l’a fait sans concession, ni compromission ou compromis.
Cet homme-là a du courage physique et la patience d’un pédagogue. Et cela fait la différence. Ainsi, là où ses adversaires foncent sur le foin, lui prend de la hauteur pour mieux faire partager sa “vision globale” des solutions aux maux qui gangrènent l’unité nationale. Car la vérité est que la Mauritanie ne guérira pas de son instabilité tant qu’elle n’aura pas osé affronter la question lancinante de la cohabitation de ses peuples. Le président des FPC en est convaincu. Il le dit à haute et intelligible voix. Il le dit avec cette éloquence qui refuse l’emphase et le superflu. Avec l´enfant du Guidimakha comme interlocuteur, c’est la politique qui retrouve ses lettres de noblesse. Pour la petite histoire il est le seul encore des rescapés de la prison mouroir de Oualata que le régime de Nouakchott refuse de rétablir dans ses droits de retraité parce qu´il a refusé de céder au chantage du Général Aziz et pour la même raison encore le régime de Nouakchott refuse de reconnaitre les FPC, le parti qu´il dirige.
Cet homme fait bouger les lignes depuis son retour au pays natal après plus de 23 ans d´exil. Il arrive à imposer le débat sur l´épineuse question de la cohabitation. C´est tout le mérite des FPC. Une autre Mauritanie est incontournable, il est un honneur d´être dans ce camp des combattants de la liberté, de la justice et de l´égalité, le reste n´est que médiocrité.
Longue vie et santé de fer au camarade président.
LLC!
Moi aussi j’étais à Oualata(10) : Mes distinctions (Suite) Par Oumar Ould Beibacar
Le Calame – Grand officier dans l’Ordre du mérite national
Cette haute distinction de grand officier me futd’abord octroyée, en 2013, par mon frère et ami Boye Alassane Harouna, dans l’exposé suivant : « Avais-je tout dit sur le colonel Oumar ould Beibacar dans le bouquin évoqué plus haut ? Non.
Même si l’essentiel des indications permettant de cerner l’homme et l’officier étaient déjà là. Et pourquoi n’avais-je pas tout dit ? Par souci de lui épargner d’éventuelles représailles. Parce qu’il était encore en activité et le pays encore sous l’emprise du despote Taya.
Mais ce que, sciemment, j’avais tu, j’en fis explicitement état, noir sur blanc et par le détail, lors de l’exposé intitulé « Récit d’un témoin » que j’ai présenté le 13 Avril 2013, au Palais des congrès de Montreuil, lors de la célébration du 30èmeanniversaire des FLAM, en ces termes :« […]
Le Bon de Jreïda, ayant déjà parlé de lui dans le livre mentionné plus haut, souffrez que je vous dise un mot, à propos de celui de Oualata, car, à bien des égards, il présente étrangement des similitudes frappantes avec Lorenzo, celui dont Primo Lévi disait croire que c’était à lui qu’il devait d’avoir survécu.
Mais parlons d’abord de notre Monsieur de Oualata. Il était courtois et respectueux. Il avait le visage et l’allure générale des personnes naturellement affables et attachantes, celles qui, au premier contact, vous inspirent sympathie plutôt qu’aversion. Il était altier sans être arrogant. Il était l’antithèse du « Flingueur ».
Il avait un sens empathique très prononcé. Il savait nous écouter. Face à nos multiples problèmes, il était très réactif. À chaque fois que cela lui fut lui possible, il a cherché à nous apporter un peu de confort, si tant est qu’on puisse faire usage de ce mot, dans les conditions qui étaient les nôtres.
Deux ou trois fois, il se rendit à Nouakchott. Dans ses bagages, les lettres de quelques détenus destinées à leurs familles. Une fois arrivé, déjà muni des coordonnées des familles qu’il avait obtenues des détenus, il se déplaçait lui-même jusque chez chacune, lui remettait son courrier, en prenait un autre pour le détenu.
Aux détenus concernés, il apportait lettres et nouvelles de leurs familles. Est-il besoin de souligner qu’il suffit de se projeter dans le contexte de l’époque, pour savoir que Monsieur prenait des risques énormes qui auraient pu lui coûter sa carrière, s’il était pris la main dans le sac ? »
Voilà ce que fut le lieutenant Oumar ould Beibacar et ce qu’il fit. Ainsi se comportait-il, au plan humain et professionnel. Et ce, tout le monde s’en souvient, dans un environnement national marqué par la haine raciale entretenue par un régime foncièrement raciste et répressif.
Un régime mû par une volonté d’épuration ethnique manifeste. Au cœur d’un système carcéral raciste qui réduisait les détenus en squelettes mobiles recouverts de haillons pouilleux, crasseux et nauséabonds, le colonel Oumar ould Beibacar œuvra à stopper le processus de déshumanisation enclenché.
Là où les détenus que nous étions étaient chosifiés, animalisés ; en ce lugubre lieu où la mort rôdait en permanence ; où nos geôliers laissaient ce qu’il y avait d’animal en l’Homme prendre le dessus sur ce qui en lui fait de lui Homme, c’est-à-dire un être humain, pourvu de dignité et de raison, et donc capable d’humanité, Oumar Ould Beibacar arriva et inversa les termes du problème, les remettant à l’endroit.
D’emblée il choisit l’Homme, c’est-à-dire la dignité humaine. Pour tout dire, il s’attela à humaniser nos conditions carcérales, autant que le lui permettaient les responsabilités qui étaient les siennes.
Quand on sait que certains de ses frères d’armes qui l’ont précédé au fort de Oualata rivalisaient d’ardeur et de jubilation, dans leurs œuvres mortifères vis-à-vis des détenus : tortures, humiliations de toutes sortes, dédain, indifférence au sort de l’autre, déshumanisation… ;
quand on se souvient que beaucoup d’autres s’apprêtaient, avec la bénédiction du pouvoir de Taya, à se livrer à des crimes contre l’humanité, à des exécutions massives de militaires et à des déportations de milliers de négro-africains, on saisit toute la grandeur et la noblesse du colonel Oumar ould Beibacar, son sens du devoir, son aversion pour l’injustice, son profond attachement au respect de la dignité de l’autre, son prochain, son compatriote, abstraction faite d’une quelconque appartenance communautaire, ethnique ou régionale.
Quand, après la mort de nos quatre compagnons de détention, la pression internationale obligea le pouvoir à briser le mur de silence qui entourait les prisonniers de Oualata et à améliorer leurs conditions de détention, c’est une délégation qui fut dépêchée à Oualata (Décembre 1988).
Cette délégation reçut, en tant que délégués des détenus, le lieutenant Yongane Djibril Demba et votre serviteur. Lesquels exposèrent, aux visiteurs, la situation des détenus et leurs doléances. Oumar ould Beibacar était là, fixant de son regard franc et empathique les deux délégués des détenus, comme pour leur dire : « Allez-y messieurs, c’est le moment ou jamais. Dites ce que vous avez dans le cœur ! Exposez votre vécu carcéral. »
Voilà ce que fut Oumar ould Beibacar à Oualata. Voilà ce dont tous les pensionnaires de la prison-mouroir de Oualata peuvent témoigner, à l’exception peut-être d’un détenu, suis-je tenté de dire. S’agit-il de l’encenser ? Il s’en passerait volontiers.
Il est question, puisque l’actualité nous y invite, nous interpelle, d’exposer des faits historiques dont il fut témoin et acteur.
Des faits auxquels il sut faire face avec un calme, un professionnalisme et une grandeur propres aux grands hommes. Faits historiques puisqu’ils sont constitutifs d’évènements nationaux tragiques qu’il faudra bien un jour transcrire dans les pages de l’histoire de la Mauritanie ».
Puis en 2015, dans un hommage qu’il m’adressa et je le cite : « A sa retraite, il opte pour prendre sa plume, parfois virulente mais fondamentalement juste, toujours précise et limpide. Il choisit d’exprimer sa douleur et ses peines, longtemps refoulées du fait du devoir de réserve.
Il dit son fait, manifeste sa colère réelle et grande, cependant courtoise. Il joint sa voix autorisée à celles, hélas encore minoritaires, qui appellent à nommer le Mal mauritanien dans toutes ses dimensions, notamment le racisme d’Etat, l’exclusion de plus en plus grandissante de la composante nationale noire.
Cet homme profondément humain, capable à la fois de faire preuve de professionnalisme et d’humanité, altier et posé, qui aime son pays dans sa diversité, après l’avoir dignement servi l’arme à la main, c’est-à-dire sous le drapeau, aspire aujourd’hui à le servir avec son verbe, avec sa plume. Il en a en le devoir que nul ne peut lui contester.
Il en a la légitimité que nul ne peut lui confisquer. Car son parcours professionnel, l’exercice des multiples responsabilités qui furent les siennes dans des circonstances où une composante nationale du pays, les Noirs, était victime des crimes les plus ignobles, firent qu’il fut au cœur, comme témoin direct ou observateur avisé, d’épreuves épouvantables, de tragédies inouïes.
Au nombre de ces épreuves mortifères, celles que vécurent les détenus de la prison-mouroir de Oualata en 1987/1988. En effet, pour ceux qui ne le savaient pas ou qui l’auraient oublié, c’est là, en ce lieu funeste, que le chemin des détenus que nous étions croisa celui d’Oumar ould Beibacar, à l’époque lieutenant et commandant du Groupement Régional de Néma.
Le Fort-mouroir et la surveillance des détenus que nous étions relevaient de sa responsabilité. Lorsque viendra le jour inéluctable où il faudra s’asseoir, pour débattre du passé et du présent, en vue de construire la Mauritanie de demain, la présence et la voix des hommes et des femmes tels que le colonel Oumar ould Beibacar seront une immense caution, une chance certaine de parvenir à des solutions salutaires pour le Pays.
Oui, hommage soit rendu à Oumar ould Beibacar, ce digne fils du pays ! Hommage à tous ces Mauritaniens et Mauritaniennes de son étoffe ! Le jour où ils feront foule, nous verrons une Mauritanie rayonnante, juste, égalitaire et démocratique. Une Mauritanie fière de sa diversité et de sa pluralité enrichissante.
Grand Cordon dans l’Ordre du mérite national
Mon Grand Cordon me fut attribuée par ma nièce, Iman mint Ismail ould Babah, à l’occasion du jour de ma mise à la retraite, le 27 Juillet 2015, qui coïncidait avec mon anniversaire. En voici la teneur : « Hommageà mon oncle maternel, Oumar ould Beibacar ! Aujourd’hui est un grand jour, celui de votre anniversaire et celui de la fin de votre carrière. Un jour qui célèbre une vie pleine de bonté, d’humanisme, de générosité, de grandeur mais, surtout, d’honnêteté et de droiture.
La Garde nationale perd un de ses piliers, elle perd une incarnation des grandes valeurs, celles qui deviennent si rares de nos jours. Malheureusement, vous n’avez pas été célébré autant que vous le méritiez. S’il n’en revenait qu’à moi et à tous ceux qui apprécient encore les hommes de valeurs comme vous, vous seriez enseigné dans les livres d’écoles. Pour moi, votre nom est synonyme de patriotisme et de courage.
Le courage d’exprimer ses idées, le courage de dénoncer les injustices et de dire la vérité, quelles que soient les conséquences, même si celles-ci sont au détriment de vos intérêts personnels et professionnels.
A ma mère qui a pleuré aujourd’hui, en me disant que vous n’avez pas obtenu le grade de Général et les fonctions que vous méritez, je lui dis : « Essuie tes larmes Maman, essuie tes larmes car les grades et les fonctions, beaucoup en ont mais peu, très peu ont les qualités de ton frère. Nous vivons dans un monde si matérialiste que parfois nous oublions les choses essentielles de la vie, celles qui, en tant que musulmans, devraient nous être prioritaires.
Nous préférons les grandes villas, les hauts salaires et les belles voitures, à la droiture, l’honnêteté et la défense des droits de nos concitoyens. Maman, essuie tes larmes et célèbre ton frère, célèbre sa carrière et sois-en fière. »
Je demande à ceux qui ne vous connaissent pas de lire le livre « J’étais à Oualata » dont un chapitre entier vous est dédié, afin de voir comment vous avez honorablement et si justement dénoncé les injustices commises auprès de vos compatriotes emprisonnés à l’époque. Je me rappelle encorede ce compatriote, Lamine Kane, qui préférait m’appeler, plutôt que par mon nom, « la nièce du Colonel Oumar ould Beibacar ».
Je ne peux m’empêcher de penser à ce que vous avez écrit dans un texte récemment publié sur Internet. Vous y parliez de votre père Cheikh ould Beibacar, en disant qu’après sa mort, il vous avait laissé, « en héritage, une somme de 7000 ouguiyas dans sa poche, reliquat de son dernier salaire, un poste radio, une montre, des livres et un inestimable capital de fierté, de dignité et d’amour pour la justice ».
Quel bel hommage à votre père, mon grand-père maternel que je n’ai jamais connu ! Il me suffit d’entendre tous les témoignages honorables à son égard pour l’admirer. Vous avez honoré votre père, vous avez respecté et suivi toutes les valeurs qu’il vous a enseignées.
Je ne peux oublier votre mère, que j’ai eu la chance de connaître et dont je pleure encore la mort, Yemiha mintTalhata, que vous décrivez si bien dans votre texte : « une femme généreuse et cultivée ». Je rajouterais à ces qualités : une femme pieuse, pleine de bonté, si humaine et si généreuse. A mon avis, vous avez aussi toutes les qualités de votre mère exceptionnelle.
Je pense, ce soir, aux deux Yemiha, à Yemiha votre mère, Allah yerhamha, qui vous aimait tant et qui, aujourd’hui, serait si fière de votre honorable carrière ; mais, aussi, à Yemiha votre fille, la plus jeune de vos enfants, la prunelle de vos yeux. Je sais qu’elle a un futur brillant devant elle et je ne me doute pas que vous lui inculquerez toutes vos valeurs et vos qualités.
Quant à la Garde nationale, je leur rappelle la fameuse phrase de George Pompidou, au lendemain de la mort de Charles de Gaulle : « La France est veuve ». Aujourd’hui, vous partez à la retraite. La Garde Nationale est veuve.
Célébrons ensemble votre carrière ! Nous en sommes fiers. Votre famille, vos proches et tous ceux qui ont eu la chance de vous connaître vous admirent. Je suis sûre que même vos ennemis et ceux qui ont été injustes envers vous vous admirent secrètement car vous avez fait ce que peu de gens ont pu faire : vous êtes resté égal à vous-même, tout au long de votre carrière, sans laisser l’argent et les choses matérielles vous corrompre. Joyeux anniversaire, qu’Allah vous donne longue vie, cher oncle ! »
Tous ces témoignages écrits, en plus d’autres témoignages verbaux émanant d’autres prisonniers civils, comme feu le président Ly Jibril Hamet, le président Samba Thiam et le président Ibrahima Moctar Sarr, entre autres, m’ont particulièrement touché, au point que je me demande si je les ai vraiment mérités. Je profite de l’occasion pour les en remercie infiniment, du fond de mon cœur. (A suivre).
Le calame
Robert Mugabe est mort!
BBC Afrique – C’est son successeur Emmerson Mnangagwa qui a officiellement annoncé son décès dans la nuit de jeudi à vendredi. “C’est avec la plus grande tristesse que j’annonce le décès du père fondateur du Zimbabwe et de l’ancien président, le commandant Robert Mugabe”, a déclaré Emmerson Mnangagwa dans un tweet.
Robert Mugabe avait pris les rênes de l’ex-Rhodésie, devenue indépendante, en 1980. Et c’est sous son règne que le nom du pays a changé pour devenir Zimbabwe.
L’ex homme fort de Harare décédé à l’âge de 95 ans. a dirigé d’une main de fer son pays de 1980 à 2017. Après deux mandats au poste de Premier ministre, Mugabe a resserré son emprise sur le pouvoir en changeant la constitution, pour devenir président en 1987.
Il fût fêté en tant que Héros de la libération de l’Afrique et champion de la réconciliation raciale lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1980.
Près de quarante ans plus tard, nombreux sont ceux qui, au pays et à l’extérieur le considèrent comme un dictateur prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.
Mugabe, a finalement été évincé en novembre 2017 par ses propres forces armées suite à un ras le bol des populations et à une crise économique généralisée.
BBC