Daily Archives: 12/12/2018
L’ Editorial du Calame : Vox populi
La photo a fait le tour du Web et n’a pas manqué de susciter railleries et sarcasmes de la part des internautes. Trois présidents, serrés, comme des sardines, sur un seul canapé, face à un ministre des Affaires étrangères, pratiquement allongé, lui, sur un autre à lui tout seul. Trois chefs d’Etat – Mauritanie, Tchad et Niger – recevaient en audience Jean-Yves Le Drian, lors du sommet des donateurs du G5, tenu il y a quelques jours à Nouakchott. On savait la France très à cheval sur les formes, lorsqu’il s’agit de son pré carré africain, mais, là, c’en est trop. Qu’autant de chefs d’Etat en exercice s’abaissent à tant de servilité, à l’égard de l’ancienne puissance coloniale, parce qu’elle a promis un peu d’argent pour financer quelques activités du G5, dépasse l’entendement. D’autant plus que la France n’a plus rien à promettre, parce qu’elle n’a plus rien. La secouant jusque dans ses fondements, le phénomène des gilets jaunes est la preuve formelle de sa faillite programmée. Elle n’a plus d’autre choix, pour espérer survivre, que de pressurer les pauvres citoyens, via impôts et taxes des plus élevés au monde. Et à bander les muscles, chaque fois qu’un petit roitelet africain, parmi ceux qu’elle maintient en exercice contre l’avis de son peuple, essaie de sortir la tête de l’eau. Le FCFA qui permet, à l’ex-puissance, d’encore maintenir le système financier des pays africains dans son giron est, sans doute, le système le plus inique au monde. Et tout chef d’Etat qui le conteste risque de finir comme Sankara ou Kadhafi. L’Etat français ne badine pas avec ses intérêts. Et les chefs d’Etat du G5 sont « priés » de le comprendre. Quand Le Drian les convoque, ils n’ont qu’à s’exécuter. Sinon, la France risque de les laisser tous seuls, face à l’ogre terroriste qui leur a déjà fait tant de mal. Hommes et matériel, ils ont pourtant de quoi combattre les quelques centaines de barbus agités (tout au plus) mais la désorganisation, l’absence de coordination, la manque de motivation, la corruption qui gangrène les armées, entre autres, empêchent ces pays d’être autonomes. Et la France joue sur cette fibre, en leur suggérant que, sans elle, la sécurité ne peut être assurée au Sahel. Dociles comme des agneaux, nos présidents ne se font pas prier, pour se décharger sur une armée étrangère, certes plus puissante que les leurs mais pas plus aguerrie, ni plus à l’aise sur le terrain. « Celui qui se cache derrière les jours est nu », dit un dicton bien de chez nous. Il arrivera bien un moment, proche sans doute, où ces Etats ne pourront plus se cacher derrière le paravent français et devront assurer eux-mêmes leur propre sécurité. Ce jour où l’Etat français se trouvera obligé de lire plus attentivement l’article 23 de la Charte officielle des Gilets jaunes, si majoritairement soutenus par les électeurs de l’Hexagone : « Cesser le pillage et les ingérences politiques et militaires. Rendre l’argent des dictateurs et les biens mal acquis aux peuples africains. Rapatrier immédiatement tous les soldats français. Mettre fin au système du FCFA qui maintient l’Afrique dans la pauvreté. Tisser des rapports d’égal à égal avec les Etats africains ». La voix du peuple n’est-elle pas celle de Dieu ?
Ahmed Ould Cheikh
le calame
Zouayas,Abid ,Zenagua,Iguawin ,Arbi n’existent que dans nos mentalités..
Sois le fils de qui que ce soit mais acquières bonne éducation. Te libérera de toute dépendance du lignage (descendance).L’ homme accompli est celui qui dit : « Me voilà, Je suis »Et non pas celui qui dit : « (pourtant) Mon père était ».(El Hajaj ben Youssef)**
Les termes « M’3almine »(artisans) , « Zouaya » ( lettrés), « Abid » (esclaves), « Zenaga », (tributaires) , « Igawin » (griots), « Arbi » ( guerriers) et leurs équivalents dans les autres langues nationales, portaient leur signification du temps que les Mauritaniens vivaient un système tribal stratifié en dominants et dominés. L’entrée du colonialisme au pays (1900) et surtout la proclamation de l’indépendance nationale de celui-ci (1960), ont déstructuré cette organisation. A « l’autorité de l’épée (Arbi,guerriers) et de la plume ( Zouaya,lettrés) » s’est substitué un pouvoir central élu , garantissant l’égalité des citoyens devant la loi, ouvrant enseignement devant tous et assurant la sauvegarde de l’intégrité territoriale. Par conséquent, ces termes sont vidés de leur sens initial. Ils n’ont plus leur raison d’être dans le langage courant car ils deviennent de nos jours, source de discorde, mépris et ségrégation entre citoyens.
Certains ont bien compris cela et pour contribuer à l’éradication définitive de l’esclavage chez nous, ils s’interdisent désormais le mot « Abid » (esclave). Reste à le faire pour les autres termes.
Aujourd’hui en effet, un fils d’ancien « Abid » n’est pas Abid lui-meme, parce que son statut a changé sous la république. Si des cas d’esclavage existent encore en cachette, ils sont désormais, catalogués dans ce qui est communément appelé : « séquelles du passé ». De même, un fils d’ancien « M’3alem », n’est pas lui-même M’3alem ,quand bien même, rien n’empêche quiconque d’ exercer le métier de ses alleux mais dans ce cas aussi, cela s’inscrit dans le cadre des « séquelles du passé ». Ce raisonnement est valable pour les descendants des anciens « Zouaya »,qui n’ont plus le monopole du savoir et dont la majorité ne dirige plus les mahadras et n’enseigne plus le Coran ; La minorité parmi eux qui continue cette activité n’est qu’une aberration des « séquelles du passé». Idem pour les descendants des anciens « Zenaga » qui ne versent plus de dime (horma) aux autorités tribales et ne partagent plus l’effort de leur labeur avec un propriétaire terrien ou de bétail sauf cas rares , exceptionnels et ignorés . Une autre facette des : « séquelles du passé». ; Pareil pour les descendants d’anciens « Iguawin » dont la majorité occupe aujourd’hui des postes de responsabilité dans toutes les institutions en parallèle avec une infime minorité qui continue de jouer à l’Ardine ou Tidinit. Cette dernière entre elle aussi dans la catégorie : « séquelles du passé»; Tout comme ,les fils d’anciens « Arbi »ne sont pas eux-mêmes Arbi, parce qu’ils ne sont plus (seuls ) détenteurs d’armes, ni qualifiés à jouer aux défenseurs du territoire national encore moins autorisé à monter des razzia pour soumettre des groupes sociaux ou peuples comme cela était en vogue par le passé.
Ces termes, comme vu, sont dépassés. Malgré tout, certains s’accrochent, à leur usage, (rien que) pour des motifs de provocation : – moqueurs, quand ils sont lancés contre les descendants des anciens Zouaya ( « Ould Zouaya , Ould Salihine » ,allusion à T’Marbi6t ou passivité) ou contre les descendants des anciens Arbi ( «Eski 4ak Arbi », allusion à flagornerie et vagabondage) .
– Méprisants : quand ils concernent les descendants des anciens M3alemin, Zenaga, Igawin , Abid (allusion à leur ancien statut ,les classant au bas de l’échelle de considération sociale).
L’exemple le plus édifiant en ce sens se constate dans la campagne en cours, menée par les Imams, Intellectuels, pouvoirs publics, islamistes, défenseurs des droits humains, politiques, simples citoyens etc. contre Ould M’Khaitr, l’auteur de l’article jugé blasphématoire à l’endroit du Prophète (PSL ). Au lieu en effet , d’identifier ce jeune citoyen Mauritanien (quelque soit par ailleurs son délit) par son « statut républicain » à savoir : INGENIEUR ou CADRE à la Samma, tous se délectent avec complaisance , sans gène aucune, ni respect humain, à l’appeler (dans les manifs de rue, dans les écrits de presse, devant les instances juridiques etc…) par le péjoratif « M3alem » en hassaniya et « forgeron » en français . Et s’il était issu d’autre groupe social ?…verra-t-on tant d’acharnement ?…Passons !
Nos mentalités semblent figées. Elles se refusent à accompagner les mutations et changements du temps. Nos gouvernants successifs, intellectuels, Oulémas et communicateurs, sensés être ouverts à l’évolution du monde qui nous entoure, restent impuissants face à cet état de fait. Pire ! Ils l’entretiennent. …
En attendant que ces mots et termes devenus caducs, disparaissent définitivement de notre langage, essayons de les utiliser tout au moins (BA6 ), positivement : Sachons que nous sommes tous « M’3almine (artisans)» parce que nous sommes techniciens, minéralogistes, mécaniciens, informaticiens, plombiers … ; Tous ,sommes « Zouaya(lettrés) »parce que nous sommes enseignants, chercheurs, journalistes, professeurs … ; Tous, sommes « Igawin (griots) » parce que tous, nos Oulémas en tête, islamistes, ministres et notre million de poètes se bousculent lors des festivals et soirées musicales pour applaudir et accompagner les rythmes des Bendié, Vaghou ,Medh … ; Tous, sommes des « Arbi (guerriers) » parce que nous sommes gendarmes, militaires, douaniers , gardes cotes, policiers … ; Tous, sommes « Zenaga ( tributaires) » parce que nous payons tous des impôts au trésor public ; Tous, sommes « Abid ( esclaves) » parce que nous sommes 80% de citoyens pauvres trimant au quotidien pour servir et enrichir ,un petit groupe ( 20 % ) de nantis.
Ceci étant, on dit chez nous : « Illi Vatt, Matlé 3lih Itilvatt », (Ce qui (s’) est passé ne doit plus détourner regard). Les Mauritaniennes et Mauritaniens gagneraient à polariser leur intelligence et regards sur leur avenir et devenir communs, pour bien servir leur pays d’une part et mieux plaire à Allah,d’autre part.
Ely Salem KHAYAR (publié le 1er mars 2014 )
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