Zouayas,Abid ,Zenagua,Iguawin ,Arbi n’existent que dans nos mentalités..
Sois le fils de qui que ce soit mais acquières bonne éducation. Te libérera de toute dépendance du lignage (descendance).L’ homme accompli est celui qui dit : « Me voilà, Je suis »Et non pas celui qui dit : « (pourtant) Mon père était ».(El Hajaj ben Youssef)**
Les termes « M’3almine »(artisans) , « Zouaya » ( lettrés), « Abid » (esclaves), « Zenaga », (tributaires) , « Igawin » (griots), « Arbi » ( guerriers) et leurs équivalents dans les autres langues nationales, portaient leur signification du temps que les Mauritaniens vivaient un système tribal stratifié en dominants et dominés. L’entrée du colonialisme au pays (1900) et surtout la proclamation de l’indépendance nationale de celui-ci (1960), ont déstructuré cette organisation. A « l’autorité de l’épée (Arbi,guerriers) et de la plume ( Zouaya,lettrés) » s’est substitué un pouvoir central élu , garantissant l’égalité des citoyens devant la loi, ouvrant enseignement devant tous et assurant la sauvegarde de l’intégrité territoriale. Par conséquent, ces termes sont vidés de leur sens initial. Ils n’ont plus leur raison d’être dans le langage courant car ils deviennent de nos jours, source de discorde, mépris et ségrégation entre citoyens.
Certains ont bien compris cela et pour contribuer à l’éradication définitive de l’esclavage chez nous, ils s’interdisent désormais le mot « Abid » (esclave). Reste à le faire pour les autres termes.
Aujourd’hui en effet, un fils d’ancien « Abid » n’est pas Abid lui-meme, parce que son statut a changé sous la république. Si des cas d’esclavage existent encore en cachette, ils sont désormais, catalogués dans ce qui est communément appelé : « séquelles du passé ». De même, un fils d’ancien « M’3alem », n’est pas lui-même M’3alem ,quand bien même, rien n’empêche quiconque d’ exercer le métier de ses alleux mais dans ce cas aussi, cela s’inscrit dans le cadre des « séquelles du passé ». Ce raisonnement est valable pour les descendants des anciens « Zouaya »,qui n’ont plus le monopole du savoir et dont la majorité ne dirige plus les mahadras et n’enseigne plus le Coran ; La minorité parmi eux qui continue cette activité n’est qu’une aberration des « séquelles du passé». Idem pour les descendants des anciens « Zenaga » qui ne versent plus de dime (horma) aux autorités tribales et ne partagent plus l’effort de leur labeur avec un propriétaire terrien ou de bétail sauf cas rares , exceptionnels et ignorés . Une autre facette des : « séquelles du passé». ; Pareil pour les descendants d’anciens « Iguawin » dont la majorité occupe aujourd’hui des postes de responsabilité dans toutes les institutions en parallèle avec une infime minorité qui continue de jouer à l’Ardine ou Tidinit. Cette dernière entre elle aussi dans la catégorie : « séquelles du passé»; Tout comme ,les fils d’anciens « Arbi »ne sont pas eux-mêmes Arbi, parce qu’ils ne sont plus (seuls ) détenteurs d’armes, ni qualifiés à jouer aux défenseurs du territoire national encore moins autorisé à monter des razzia pour soumettre des groupes sociaux ou peuples comme cela était en vogue par le passé.
Ces termes, comme vu, sont dépassés. Malgré tout, certains s’accrochent, à leur usage, (rien que) pour des motifs de provocation : – moqueurs, quand ils sont lancés contre les descendants des anciens Zouaya ( « Ould Zouaya , Ould Salihine » ,allusion à T’Marbi6t ou passivité) ou contre les descendants des anciens Arbi ( «Eski 4ak Arbi », allusion à flagornerie et vagabondage) .
– Méprisants : quand ils concernent les descendants des anciens M3alemin, Zenaga, Igawin , Abid (allusion à leur ancien statut ,les classant au bas de l’échelle de considération sociale).
L’exemple le plus édifiant en ce sens se constate dans la campagne en cours, menée par les Imams, Intellectuels, pouvoirs publics, islamistes, défenseurs des droits humains, politiques, simples citoyens etc. contre Ould M’Khaitr, l’auteur de l’article jugé blasphématoire à l’endroit du Prophète (PSL ). Au lieu en effet , d’identifier ce jeune citoyen Mauritanien (quelque soit par ailleurs son délit) par son « statut républicain » à savoir : INGENIEUR ou CADRE à la Samma, tous se délectent avec complaisance , sans gène aucune, ni respect humain, à l’appeler (dans les manifs de rue, dans les écrits de presse, devant les instances juridiques etc…) par le péjoratif « M3alem » en hassaniya et « forgeron » en français . Et s’il était issu d’autre groupe social ?…verra-t-on tant d’acharnement ?…Passons !
Nos mentalités semblent figées. Elles se refusent à accompagner les mutations et changements du temps. Nos gouvernants successifs, intellectuels, Oulémas et communicateurs, sensés être ouverts à l’évolution du monde qui nous entoure, restent impuissants face à cet état de fait. Pire ! Ils l’entretiennent. …
En attendant que ces mots et termes devenus caducs, disparaissent définitivement de notre langage, essayons de les utiliser tout au moins (BA6 ), positivement : Sachons que nous sommes tous « M’3almine (artisans)» parce que nous sommes techniciens, minéralogistes, mécaniciens, informaticiens, plombiers … ; Tous ,sommes « Zouaya(lettrés) »parce que nous sommes enseignants, chercheurs, journalistes, professeurs … ; Tous, sommes « Igawin (griots) » parce que tous, nos Oulémas en tête, islamistes, ministres et notre million de poètes se bousculent lors des festivals et soirées musicales pour applaudir et accompagner les rythmes des Bendié, Vaghou ,Medh … ; Tous, sommes des « Arbi (guerriers) » parce que nous sommes gendarmes, militaires, douaniers , gardes cotes, policiers … ; Tous, sommes « Zenaga ( tributaires) » parce que nous payons tous des impôts au trésor public ; Tous, sommes « Abid ( esclaves) » parce que nous sommes 80% de citoyens pauvres trimant au quotidien pour servir et enrichir ,un petit groupe ( 20 % ) de nantis.
Ceci étant, on dit chez nous : « Illi Vatt, Matlé 3lih Itilvatt », (Ce qui (s’) est passé ne doit plus détourner regard). Les Mauritaniennes et Mauritaniens gagneraient à polariser leur intelligence et regards sur leur avenir et devenir communs, pour bien servir leur pays d’une part et mieux plaire à Allah,d’autre part.
Ely Salem KHAYAR (publié le 1er mars 2014 )
كن ابن من شئت واكتسب أدباً**
يغنيك محموده عن النسب
إن الفتى من قال ها أنذا
ليس الفتى من قال كان أبـي
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