Monthly Archives: February 2017
Congrès du Parlement pour les amendements constitutionnels : Le forcing du gouvernement
A en croire des sources bien informées, le gouvernement s’apprête à convoquer séparément les deux chambres du parlement en session extraordinaire pour se prononcer sur la constitutionnalité des amendements constitutionnels préconisés par le dialogue national inclusif, tenu à Nouakchott, du 29 septembre au 20 octobre 2016 derniers. Le parlement pourrait se réunir autour du 20 et 21 février.
L’Assemblée nationale et le Sénat vont étudier de la recevabilité du texte déposé par le gouvernement en prélude du congrès du Parlement. Les deux chambres doivent décider de la tenue d’un référendum populaire ou d’un congrès du parlement pour adopter lesdits amendements. Ils ‘agit de s’assurer de garanties pour un texte qui touche à la loi fondamentale du pays, indique un juriste. Si le texte est déclaré « recevable » par les deux chambres, avec une majorité requise, il sera renvoyé à la commission de suivi qui décidera de la modalité de son adoption (consultation populaire ou Congrès du Parlement). Le gouvernement peut, en ce moment convoquer le Congrès (réunion des 2 chambres) ou organiser un référendum populaire pour son adoption. Il faudrait ici réunir les 2/3 du Parlement pour l’adoption des amendements.
Selon nos sources, une écrasante majorité des partis de l’opposition ayant pris part au dialogue serait opposée au recours du parlement pour adopter les amendements. Ils contestent la “légitimité” du Parlement. Les travaux de la commission de suivi se déroulent dans une atmosphère difficile, reconnaît une source proche de celle-ci. Les partis de l’opposition demandent au gouvernement de respecter les recommandations des dialoguistes qui, pour accepter ces amendements avaient préconisé leur adoption par un référendum populaire.
Dans la perspective de la convocation du parlement, le gouvernement, qui dispose d’une majorité mécanique au Parlement, aurait déjà engagé des tractions pour se garantir une majorité confortable lors du vote des des parlementaires. Il veut surtout éviter une surprise désagréable.
En effet, même si les sénateurs ont reçu du gouvernement des terrains à usage d’habitation, leur vote ne serait pas totalement acquis. Les parlementaires seraient donc convoqués individuellement pour s’assurer de leur accord.
Si du côté de la majorité, les craintes sont amoindries, du côté de l’opposition représentée au Parlement, le gouvernement peinerait à convaincre certains partis de l’opposition dialoguiste dont l’APP de Messaoud Ould Boulkheir.
En effet, ce parti a marqué, il y a quelques semaines, ses réserves sur le recours au Parlement pour faire adopter les amendements constitutionnels. Pour APP, les dialoguistes avaient « exigé » du gouvernement de faire adopter lesdits amendements par un référendum populaire, au lieu d’un congrès du Parlement. Le parti de Messaoud Ould Boulkheir justifie ses réserves par divers facteurs dont entre autres, l’absence même de consensus autour de ces questions lors du dialogue, mais aussi le manque de représentativité de l’Assemblée Nationale dont l’élection avait été boycottée par une grande partie de l’opposition et enfin, l’ « illégitimité » du Sénat tombé dans l’illégalité selon le Conseil Constitutionnel ; les mandats des 3 groupes sont terminés depuis longtemps.
D’ailleurs le président d’APP avait été reçu en audience par le président de la République pour tirer au clair la position du gouvernement sur cette question du congrès parlementaire. Le leader d’APP aurait réitéré les réserves de son parti, exprimées dans ses communiqués.
C’est dire qu’en principe, APP ne voterait pas ces amendements. C’est la raison pour laquelle, affirment certaines sources, le gouvernement mettrait des bouchées doubles pour convaincre le président de cette formation à reconsidérer sa position. A en croire la presse, APP aurait émis un certain nombre de conditions pour voter les amendements constitutionnels. Il s’agit, affirment nos confrères de modification de l’âge des candidats à la présidentielle, une mesure qui priverait Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Daddah de toute possibilité de se présenter en 2019 ; la nomination de certains cadres du parti dans les instances de décisions et enfin le non changement des couleurs du drapeau.
S’agit-il d’info ou d’ ‘intox ? la question mérite d’être posée. Parce que dans ses communiqués qui ont suivi le dialogue, APP avait indiqué que son président n’a jamais été demandeur de la suppression de l’article limitant à 75 l’âge des candidats à la présidentielle.
Interrogé par le Calame, Ladji Traoré, le secrétaire général d’APP et membre de la commission de suivi, indique qu’il s’agit là de «supputations méchantes contre notre parti.»
D’ailleurs, certains cadres du parti rappellent que le pouvoir , en évoquant cette prétendue demande du président Messaoud cherchait à brouiller les pistes dans la perspective du 3e mandat qu’Aziz cherchait implicitement, en convoquant le dernier dialogue, avant de faire machine arrière, face à l’hostilité de certains dialoguistes, de l’opinion nationale et de certains de nos bailleurs de fonds.
La Commission de suivi s’est réunie ce mardi 14 février 2017 au palais des Congrès pour plancher sur les autres points d’accord du dialogue..
Ben Abdallah
le calame
Le ministère de l’intérieur dément l’enlèvement de mauritaniens dans l’est du pays
Le ministère de l’intérieur et de la décentralisation a démenti mercredi les informations faisant état de l’enlèvement de citoyens mauritaniens, près de la moughata de N’Beykett Lahwach, par des hommes armés qui les ont amenés en territoire malien.
Selon le communiqué publié par le ministère, les informations reprises dans les médias sont loin de la réalité.
« Il ne s’agit pas de groupe armé, ni de prise d’otages et l’incident ne s’est pas déroulé en territoire mauritanien » précise le communiqué.
Selon le ministère c’est une patrouille de l’armée malienne qui a arrêté quatre mauritaniens suspectés à bord d’un véhicule en territoire malien et l’incident s’est déroulé à l’intérieur des frontières de ce pays.
Le ministère ajoute que les autorités administratives de la wilaya du Hodh Chargui sont en contact avec leurs homologues maliens à propos de cet incident.
Les médias locaux ont annoncé ces deux derniers jours l’enlèvement de quatre mauritaniens par des hommes armés et leur acheminement vers une destination inconnue.
Les autorités officielles avaient observé le silence, avant ce démenti publié mercredi par le ministère de l’intérieur.
saharamedias
Vidéo. Trump expulse 55 Guinéens: leur Ambassadeur à Washington explique
Au risque de voir son pays sur la liste des Etats non coopératifs, l’ambassade de la Guinée aux Etats-Unis a été contrainte de rapatrier 55 de ses ressortissants. La détermination de Trump contre les immigrants illégaux inquiète la représentation diplomatique guinéenne au pays de l’Oncle Sam.
Le cas de ces 55 Guinéens a été révélé par l’ambassadeur Mamady Condé dans une vidéo diffusée par le site Aminata.com. Dans ladite vidéo, c’est un ambassadeur désemparé qu’on voit s’adresser aux représentants d’une association de ressortissants guinéens aux Etats-Unis.” La situation d’aujourd’hui est devenue inexplicable, la situation est devenue très grave, l’Amérique n’est plus comme hier. Et aujourd’hui, on est en train de cultiver cette phobie de l’étranger. Il faut que vous le sachiez !”, conseille-t-il vivement à ses compatriotes dans une conférence de presse tenue à Conakry.
Vu la situation, l’ambassadeur Condé se devait d’organiser cette rencontre avec ses compatriotes. En plus des 55 sommés de quitter le pays, 2 000 autres guinéens se trouveraient sur la liste de personnes expulsables des Etats-Unis. Selon le diplomate guinéen, il s’agit soit de ” criminels avérés, soit de gens en séjour illégal aux Etat-Unis “. Et contre lesquels les Etats-Unis sous Trump affichent une forte détermination.
Au bureau Afrique du département d’Etat américain pour discuter du cas des 55, Mamady Condé avait dû choisir entre accepter le départ de ses compatriotes ou voir l’article 243 s’appliquer contre son pays. La mise en action de cet article ferait interdire aux Guinéens, sans exception, l’attribution des visas américains. ” Mettez-vous à notre place. Qu’est-ce qu’il faut choisir entre le pays et 55 personnes considérées comme criminelles… L’ambassade était obligée de laisser partir ces 55 pour sauver le pays “, rapporte l’ambassadeur. ” C’est pour vous dire que l’heure est grave, il y a vraiment le feu à la maison “, prévient Condé.
Cinquante cinq rapatriés, 2000 en attente de rapatriement, le diplomate guinéen pense qu’on peut freiner l’hémorragie en rompant avec l’illicite. Mamady Condé a réprimandé ses compatriotes qui sont dans le narcotrafic ou d’autres activités répréhensibles. ” Arrêtez ! Arrêtez ! Si vous ne le faite pas, nous ne pouvons pas vous protéger !”, leur a signifié l’ambassadeur qui a tenu aussi à féliciter ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front.
D’ailleurs, a signalé l’ambassadeur, la majorité des 55 personnes déjà expulsées sont ” des criminels “.
Voir la video au lien:
Mali : des violences entre Peuls et Bambaras font une dizaine de morts dans le sud du pays
Une dizaine de personnes ont été tuées au cours du week-end et des habitations incendiées dans le centre du Mali lors de violences entre éleveurs peuls et agriculteurs bambaras.
« Les événements malheureux survenus entre civils près de Macina », une localité de la région de Ségou, ont entraîné la mort de 13 civils et l’incendie de cases, a affirmé lundi un responsable du ministère de la Sécurité.
Un responsable local d’un parti d’opposition, Djiguiba Keïta, a fait part d’un bilan de « dix morts » à la suite de ces violences entre des Bambaras, principale ethnie du pays, en majorité agriculteurs, et des Peuls, traditionnellement éleveurs.
Un autre bilan, fourni par le maire de Macina, Bekaye Samaké, mentionnait auparavant « sept corps » déposés dans un centre de santé à la suite de ces violences intercommunautaires.
Un assassinat au cœur des tensions
Ces violences sont parties de « l’assassinat samedi » d’un agriculteur bambara, Cheickna Traoré, près de Macina, suivi d’une « riposte » contre les Peuls accusés d’être responsables de cette mort, a affirmé Bekaye Samaké.
« Cheickna Traore a été tué par de présumés jihadistes », a de son côté affirmé Djiguiba Keïta, sans donner plus de détails.
Le calme était revenu lundi et un détachement militaire est arrivé le même jour dans la zone, a affirmé une source au gouvernorat de la région.
Collusion avec l’ennemi
Les tensions sont fréquentes dans le centre du Mali entre Bambaras et Peuls, souvent soupçonnés de collusion avec les jihadistes en raison de la présence dans la région depuis 2015 d’un mouvement armé fondé par le prédicateur radical peul Amadou Koufa, allié au groupe jihadiste Ansar Eddine du chef touareg Iyad Ag Ghaly.
Une opération de l’armée malienne la semaine dernière contre une « base arrière des fidèles d’Amadou Koufa » à Dialloubé (centre) s’est soldée par au moins un mort et une vingtaine d’arrestations, plusieurs civils étant portés disparus.
L’EDITORIAL DU CALAME: A la sénégalaise ou à la mauritanienne ?
Lorsque, le 23 Juin 2011, les députés sénégalais entreprennent l’examen du projet de loi instituant l’élection simultanée, au suffrage universel, du président et vice-président de la République, la rue s’embrase à Dakar. Devant cet énième tripatouillage de la Constitution, fixant, à 25%, le nombre de voix pour élire un « ticket présidentiel », jeunes, syndicats, opposition et société civile décident de s’unir, pour faire échec à cette tentative du président de l’époque, Abdoulaye Wade, de placer son fils Karim sur orbite. Toute la journée du jeudi, policiers et manifestants s’affrontent avec violence. Les leaders de l’opposition battent le macadam devant l’Assemblée nationale, malgré un dispositif de sécurité sans précédent. Face à un tel déferlement de citoyens mobilisés, d’un seul bloc, contre le danger, réel, pesant sur leur démocratie et contre les gesticulations d’un démocrate devenu autocrate, le projet de loi est retiré le même jour. Début de la fin pour le pouvoir de maître Wade. Il perd, quelques mois plus tard, l’élection présidentielle.
Cela s’est passé juste à côté de nous, dans un pays voisin mais, paradoxalement, à mille lieues du nôtre, lorsqu’il s’agit d’élections, de démocratie, d’opposition, de société civile, de syndicats. Où sont, présentement, cette opposition, cette société civile et ces syndicats, face au déni de démocratie que le pouvoir s’apprête à commettre, avec le recours au congrès parlementaire pour faire passer une réforme constitutionnelle ? En vertu de quoi décide-t-il de modifier la Constitution sans une large concertation ? Et pourquoi maintenant, à deux ans de la fin de l’actuel mandat présidentiel ? Pourquoi s’il y a urgence – et il n’y en pas – ne recourt-il pas au référendum, sachant, pertinemment, que le Sénat est forclos et l’Assemblée nationale ne représente pas grand-chose, puisqu’issue d’une élection boycottée par l’opposition ? En une phrase lapidaire, a-t-il le droit de changer notre drapeau et notre hymne national sans nous consulter ?
Si elle ne veut pas rater, et pour de bon, le train de l’Histoire, l’opposition doit sortir de sa torpeur. Organiser périodiquement des meetings, des marches, des conférences de presse et autres publications de communiqués, est une chose ; agir, quand il le faut, en est une autre, sans laquelle la première reste vaine. L’opposition sénégalaise a donné l’exemple. Elle est descendue dans la rue, pour obliger le pouvoir à faire machine arrière. Ses chefs étaient à la tête des manifestants, certains ont été blessés, d’autres tabassés et arrêtés. Elle a fait preuve de détermination et de courage et, lors du second tour de l’élection présidentielle, elle s’est levée, comme un seul homme, pour faire barrage au président sortant et élire son candidat. Qu’attend la nôtre pour bouger, enfin ? Le pays part à vau-l’eau, ses ressources sont bradées, sa situation économique et sociale se dégrade, de jour en jour, et le peu de démocratie pour lequel elle se bat, depuis 1991, ne sera bientôt plus qu’un triste souvenir. Or c’est bien en forgeant qu’en devient forgeron, en agissant qu’on devient acteur, en s’unissant qu’on forme une unité. Dans une communauté d’actions courageuses et décidées. Ce n’est que d’elle que naît le « pouvoir du peuple », la démocratie, donc, directe, réelle. Tout le reste n’est que vents et mirages…
Ahmed Ould Cheikh
LE CALAME