Daily Archives: 27/07/2016
L’éditorial du calame : Sommet…
Le Sommet arabe s’est enfin tenu à Nouakchott. Euréka ! Notre guide éclairé a réussi son pari : recevoir, en grandes pompes, nos « frères » arabes et leur démontrer que nous sommes tout aussi arabes qu’eux, sinon plus. Le vieux complexe de l’arabité des centaines de tribus berbères qui peuplèrent nos contrées a refait surface, encore plus fort. Depuis plus d’un an, radios et télés (aussi bien publiques que privées) n’ont cessé de nous rabâcher les oreilles avec cette arabité dont tout le monde se prévaut désormais. Le temps d’un Sommet. Dont la principale raison était bassement mercantile. La cueillette des fonds a marché à… fond. Surtout pour certains pour qui l’argent a coulé à flots. Certains « bien-nés » ont ainsi tiré leur(s) épingle(s) du jeu et tout raflé sur leur passage. Qui des lignes blanches, continues ou discontinues, sur les routes nouvellement aménagées, qui la peinture des trottoirs, qui quelques arbustes en bordures de chaussée ou quelques fleurs sur des ronds-points. Des centaines de millions se sont ainsi évaporés. Comme quoi le Sommet a fait, au moins, quelques heureux. La grande masse, celle dont on fait tout en son nom, pourra tout juste contempler des avenues élargies, les rutilantes voitures de la Gendarmerie, de la Garde ou de la Police qui y ont englouti les ressources qui leur étaient destinées. Ils pourront se dire qu’après tout, ils ont un « bâtisseur » à leur tête. Un homme qui a donné, à « notre » arabité, ses lettres de noblesse. Comme si être arabe était une fin en soi. Il n’y a pourtant pas de quoi être fier. A quoi sert-il d’être arabe, quand vous croupissez dans la misère au moment où vos « frères » planquent des milliards de dollars que les banques occidentales font fructifier ? A quoi sert-il d’être arabe, quand on est incapable de s’entendre ? A quoi sert-il d’être arabe, quand, au moment même où vous prônez l’unité, vous travaillez à semer la haine et la division ? A quoi sert-il d’être arabe, quand on est encore colonisé et incapable de prendre des décisions souveraines ? A quoi sert-il d’être arabe, quand on forme et qu’on arme des terroristes pour tuer ses propres frères arabes ? Dans la hiérarchie des sommets, où se situe donc le sommet arabe ? Il est à craindre, hélas, que ce ne soit pas si loin de celui de la bêtise… Et que celui de Nouakchott ne nous rapproche un peu plus de la Roche Tarpéienne.
Ahmed Ould Cheikh
Le sommet de la honte des dirigeants arabes /Par Yahya Ould Amar
Le dernier sommet de la Ligue arabe s’est tenu le 25 juillet, à Nouakchott, en Mauritanie, en présence de seulement six chefs d’État.
Les dirigeants arabes qui n’ont pas assisté au 27e Sommet de la Ligue arabe, en Mauritanie, parce que l’organisateur est un petit pays pauvre, ont donné à leur peuple et au monde une image désastreuse d’eux-mêmes.
Il est permis de penser que ces dirigeants ne représenteraient leurs pays qu’à la condition qu’ils soient hébergés dans des hôtels 5 étoiles, avec piscine et cuisine de maître.
On est donc loin du sacrifice ultime de leur vie que leurs peuples croient qu’ils feraient sans hésiter pour leurs pays.
Tout le monde sait que la Ligue arabe a toujours été un outil de leadership et de rayonnement pour certains «grands» pays de la région, leur permettant de parler aux noms d’un ensemble de nations sur un espace géographique étendu.
Nul ne doute dans le monde arabe et ailleurs, des divergences des membres de cette Ligue qui n’a jamais, à aucun moment de son histoire, été à la hauteur de l’enjeu du moindre défi auquel la «oumma» (nation) a été confrontée, qu’il s’agisse de menaces, de terrorisme, de règlements de conflits, d’intégration économique, de circulation des biens et des personnes…
Puisque cette Ligue arabe n’a pas de pouvoir supra-étatique, que les divergences entre ses membres et sur son leadership sapent la pertinence de toute décision, seuls quelques pays souscrivant à certaines résolutions les appliquent.
Ce statu-quo d’inaction est entretenu par quelques membres pour plaire aux puissances occidentales afin qu’elles restent les maîtres incontournables du jeu dans la région, excluant de facto tous échanges inter-arabes pouvant créer une zone de prospérité économique viable. Ces mêmes membres n’accepteraient jamais la constitution d’une organisation supranationale pouvant intervenir dans la gestion de leurs pays.
Ainsi la Ligue arabe, depuis sa création, a été maintenue dans un environnement politique fossilisé en dehors des évolutions de l’histoire de notre monde.
Chaque sommet de celle-ci a toujours acté et confirmé son impuissance et donc son inutilité.
Dans ces conditions et à défaut de la mise en place d’une institution de relève, les petits pays ou ceux dont le poids est marginalisé ne doivent plus, sans réelles perspectives sur leurs intérêts, continuer à renforcer les rôles et les influences politique, économique, culturelle et militaire de certains membres.
Pour revenir au dernier sommet et au traitement de mépris réservé à la Mauritanie, les petits pays ou ceux considérés comme tels, peuvent ne plus jouer la solidarité inter-arabe et chercher de nouveaux alliés stratégiques pouvant les aider dans l’obtention de l’assistance technique et financière dont ils ont tant besoin.
Pour être plus clair, personne ne pourrait blâmer après ce sommet de mépris, la Mauritanie si elle rétablirait ses relations diplomatiques avec Israël et qu’elle s’appuierait sur ce nouvel allié pour assurer sa sécurité et sa stabilité.
* Paris, France.
le calame
Alerte!Les policiers arrachent la plaque des FPC
Le siège des forces progressistes du changement (FPC), parti fondé sur les cendres des FLAM mais non reconnu par le pouvoir a reçu, ce mardi 26 juillet, vers 14h, la visite des forces de l’ordre, venues arracher la plaque portant le nom du parti que préside Samba Thiam.
Signalons qu’après son retour d’exil pour mener le combat politique à l’interieur du pays dans la légalité, les ex FLAM ont décidé de muer en un parti politique, dénomé FPC. Les statuts et règlement intérieur sont déposés, le 18 octobre 2014, sous le numéro 4962. Les responsables du parti attendront huit mois pour se voir notifier le refus du ministère de l’intérieur.
Réagissant au refus, le président des FPC déclare, au cours d’un point de presse, la détermination de sa formation à user de tous moyens légaux pour entrer dans leur droit que garantit la loi fondamentale du pays. Dans la foulée, la plaque portant le nom du parti est accroché devant le siège. C’est que la police est venue emporter ce mardi.
Saisie, la chambre administrative de la cour suprême adresse une lettre en date du 3/12/2015 au ministère de l’intérieur. Ce dernier devrait répondre dans un délai n’exécedant pas 30 jours. La Cour suprême attend toujours cette réponse.
La question qu’on se pose aujourd’hui est de savoir, si après IRA, le gouvernement n’est pas décidé à découdre avec les FPC.
le calame.
La Mauritanie n’est pas arabe. Trêve de bêtises ! Par Cheikh Ould mezid
Contrairement à ce que veulent les nationalistes étroits et les chauvins, la Mauritanie n’est pas purement arabe et ne peut l’être. Au début du siècle dernier, la polémique s’est installée en Orient quant à savoir si les pèlerins chinguittiens étaient africains, auquel cas ils bénéficeieraient du waqf (dépenses de bienfaisance) africain qui fut suspendu depuis des lustres ; ou sont-ils arabes, et ils bénéficient du waqf maghrébin qui, lui, était en cours à cette époque. Ainsi donc, le problème de l’identité était posé avant la fondation de l’Etat car les arabes n’ont pas le sens de la diversité. Tout juste désignaient-ils le noir foncé ou le blanc éclatant… Parfois, je suis choqué par des titres comme « La poésie mauritanienne».
On dirait qu’en Mauritanie il n’y a pas de poésie autre que classique. En Mauritanie, on trouve une poésie en langue mauritanienne de Molière qui n’est pas moins excellente qu’une poésie écrite dans la langue Imrou’Elqays. Ce peuple vient d’horizons divers, on ne peut le réduire en une seule dimension. Et le mot أغرمان” que certains considèrent comme signifiant esclave des romains (ag-romains) renvoie au rattachement de ces gens aux romains. Par conséquent des foules d’occidentaux, des romains, ont contribué à la formation du peuplement de la Mauritanie qui était profondément lié aux romains depuis des temps immémoriaux. Sans oublier le rôle des maures qui avaient fui l’inquisition, il faut d’ailleurs noter que la seule blancheur de peau ne renvoie pas à l’arabité. Le peuple soninké (sarakollé) dont certains auteurs disent qu’il appartient à la zone d’Assouan en Egypte, disent les uns aux autres qu’ils étaient blanc.
Ce qui renforce la thèse selon laquelle ils sont venus du Nord et s’illustre dans certaines dictons tels que « sourakha kamile choumbaana ». Mais leur contact avec les africains a impacté sur leur teint pour leur donner la couleur actuelle qui les caractérise. Concernant le côté linguistique de la question, on a noté une prédominance du dialecte hassaniyya (de l’arabe), qui a commencé à être parlé depuis les premières vagues migratoires alors même qu’elle conserve, jusqu’à aujourd’hui, les survivances de la langue sanhaja que les régimes successifs se sont employés à étouffer de sorte qu’il n’en soit perçu que le côté arabe en Mauritanie. Bien qu’il existe encore de nombreuses poches en Mauritanie où cette langue (sanhaja) est parlée, ou tout au moins durant une partie de l’histoire de la Mauritanie, les Arabes et la langue arabe sont incontestablement une partie de la Mauritanie, mais une parmi plusieurs parties que l’on ne voudrait pas voir étouffer les unes les autres : le wolof, le soninké et le pulaar sont des langues de la vie quotidienne en Mauritanie.
Au plan politique, la Mauritanie n’a pas été soumise, comme l’ont été les arabes, à l’empire Ottoman, pour plusieurs raisons. Du coup, elle n’a pas de passé commun avec eux, comme c’est le cas entre les pays arabes, qui puisse fixer des horizons politiques pour l’avenir. Nous sommes fiers de notre africanité que nous partageons tous (négro-africains, arabes, berbères et autres). Ce pays décrit comme regorgeant de monuments archéologiques et ce peuple sage, qui lit le livre de l’univers pour en faire une culture orale, se passent des cahiers et des plumes si bien qu’on dit qu’un vieillard qui meurt en Afrique est une bibliothèque qui brûle. Cette fierté est celle dont nous nous réjouissons car elle nous rassemble tous, en tant que mauritaniens et africains.
En réalité, il n’y a pas d’axe commercial qui nous lie aux arabes. Tous nos échanges se font avec les africains et les européens. Ce que nous attendons des arabes ou que eux attendent de nous, n’est rien de plus que des formules diplomatiquement marquées par le sentiment et la folie d’un attachement aux guerres ancestrales. Et bien des fois, ils se sont désolidarisés de nous. Ce qui a retardé notre adhésion à la ligue arabe de 13 ans après l’indépendance. Chinguitti dont vous-vous vantez et que vous considérez comme la pus grande preuve de votre prétendue arabité, n’est rien de plus qu’un mot qui traduit les dimensions profondes de la Mauritanie. C’est une expression de l’azer qui est un mélange entre le soninké et l’amazigh. Où se trouve l’arabité dans tout ça ?
Traduction : Sidi Ali Ahmed, texte publié en arabe Taqadoumy
Source: http://rmi-info.com