Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: May 2014

Les autorités maliennes déclarent être «en guerre»

mediaDe violents affrontements ont opposé ce samedi l’armée malienne et les groupes du Nord dans la ville de Kidal. Le ministre de la Défense du Mali, qui affirme que 36 personnes, dont huit militaires, sont mortes, est également persuadé que le MNLA, le principal mouvement de la rébellion, a été aidé par des groupes terroristes, sans donner plus de précisions. Il reconnaît par ailleurs qu’une trentaine de fonctionnaires sont toujours retenus en otage dans le gouvernorat. Ce dimanche 18 mai au soir, les autorités maliennes déclarent être « en guerre ».

Depuis Gao, le Premier ministre malien Moussa Mara a indiqué à l’agence Reuters que « La république du Mali est en dorénavant en guerre ». Déclaration choc alors que sur le terrain, à Kidal, la situation est stable, un calme précaire règne dans le fief rebelle. Aucun tir n’a en effet résonné en ville depuis ce matin.

Les deux camps qui se sont affrontés samedi, l’armée malienne et deux groupes du Nord  – le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad) -, tiennent, voire renforcent leurs positions. Devant le camp 1, les FAMAS se sont déployés sur des hauteurs pour se protéger de toute nouvelle avancée rebelle. Le gouvernorat et certains check-points sont, eux, désormais sous contrôle du MNLA.

Le MNLA accepte une force d’interposition

Selon nos informations, suite à une réunion en fin de matinée dans le camp de la Minusma (la Mission de l’ONU au Mali), le chef militaire du MNLA Mohamed Ag Najim a accepté de stopper la progression de ses combattants et qu’une force constituée d’éléments tchadiens de la Minusma et de soldats français de Serval se positionne entre les belligérants. On ne sait pas si ce positionnement a été accepté par l’armée malienne.

Suite aux combats de samedi, les deux camps multiplient les déclarations contradictoires. Le MNLA indique que huit soldats maliens sont morts et qu’il détient trente prisonniers (24 militaires et 6 fonctionnaires). Dans un communiqué, le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, indique que huit soldats auraient été tués et 25 blessés, et parle de 28 morts du côté des groupes du Nord.

 

Source: RFI

Sommet de l’Elysée: un «plan global régional» contre Boko Haram

mediaLes présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois se sont mis d’accord ce 17 mai à Paris, avec le soutien des Occidentaux, sur un plan de « guerre » contre Boko Haram. François Hollande, a évoqué un « plan global régional à moyen et long terme » contre le groupe radical qui aurait des liens avec AQMI.

Sur le plan diplomatique, l’un des principaux objectifs de ce mini sommet était de réchauffer des relations diplomatiques entre le Nigeria et le Cameroun jusqu’ici gelées. Finalement, en conférence de presse, Goodluck Jonathan et Paul Biya sont assis côte à côte. « Nous allons travailler ensemble » contre Boko Haram, promet le président nigérian approuvé par son homologue camerounais.

→ A (re)lire : Sommet de l’Elysée: «déclarer la guerre» à Boko Haram

Dans sa volonté d’être en pointe contre les jihadistes africains, Francois Hollande propose un plan global. Aucune proposition concrète mais la volonté affichée d’améliorer la coordination en matière de renseignement entre le Nigeria et ses quatre pays frontaliers mais aussi avec leurs alliés occidentaux, France, Royaume Uni et Etats Unis. C’est pour cela qu’une plateforme centrale de pilotage des moyens sera mise en place à Ndjamena.

François Hollande promet aussi une meilleure capacité d’intervention rapide des moyens militaire français déjà basés dans la région au Tchad et au Niger: des rafales, des drones et sans doute des forces spéciales pourront être déployées en urgence en cas de besoin.

Des liens entre Boko Haram et AQMI ?

Devant ses pairs, François Hollande a affirmé que Boko Haram, une « secte terroriste », avait des « liens établis » avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres organisations terroristes en Afrique.

Pour François Hollande, Boko haram ne cherche plus seulement à déstabiliser le Nigeria mais aussi toute la région. Une insurrection très efficace, en contact, selon le président français avec d’autres groupes jihadistes.

« Ce groupe est armé avec de lourds moyens, a déclaré le chef de l’Etat français, avec des sophistications qui n’étaient pas forcément imaginables, et avec une capacité pour les utiliser. Avec une formation qui a dû être dispensée pendant toute une période où le nord du Mali était sous occupation terroriste, et avec des moyens financiers. Les armes, pour beaucoup, viennent de Libye .»

De sources diplomatiques françaises, des éléments de Boko Haram ont bien été entraînés dans les camps jihadistes du nord du Mali en 2012, des fonds issus des rançons d’otages ont également transité d’AQMI vers Boko Haram mais ces liens auraient été défaits par l’opération Serval, éloignant AQMI plus au sud de la Libye. La Libye dont les arsenaux continuent d’approvisionner Boko Haram en armes grâce au trafic transitant par le Tchad et le Niger.

D’ailleurs, pour le président nigérien Mahamoudou Issoufou, des liens existeraient aussi entre Boko Haram et les shebabs somaliens. Mais selon un cadre militaire français cela n’est pas avéré. En revanche, Ansaru, dissidence de Boko Haram présent au nord-ouest du Nigeria, est beaucoup plus connecté avec le jihad international.

 

Source: rfi

De ‘Timbuktu’’ à Cannes, et si on était « palmé » !

De 'Timbuktu’’ à Cannes, et si on était « palmé » ! Abderrahmane Ngaide – Toutes les dispositions sont là à portée de main ! Il suffit de se redresser davantage (Clap ! tournez la manivelle, tournage !) et de ne plus jamais se courber devant le monde. Pourquoi d’ailleurs avoir accepté de se courber quand la rencontre des cultures avait sonné ses clairons et clarinettes, ses sifflets et tambours, ses pinceaux, micros et caméras, les hommes jetèrent dans les airs toutes les étoiles fluorescentes en leur possession.

Elles finirent par barioler leur propre horizon devenu comme un éclat blanc dans une salle sombre. Surgit un film sur un écran : « Timbuktu » ! Voir : « Salle Debussy du Palais des Festivals ». Cannes 15/05/2014 !

« Les absents ont vraiment eu tort. On a découvert «Timbuktu» (« Le chagrin des oiseaux»), le cinquième long métrage du réalisateur mauritanien, Abderrahmane Sissako ». J’ai lu sur le Net comme tout monde.

En tant qu’historien je vais m’amuser. Je vais donner en vrac plein d’éléments d’un puzzle historique complexe. Je le fais pour une raison toute simple: pour démontrer qu’il nous est impossible de nous retrouver dans une identité fixe, figée jusqu’à assigner un lieu comme une appartenance exclusive et excluante.

Donc : Tin-Buktu, « puits », « Lieu », Tamasheq, Songhaï : « dépression entre les dunes », « ville aux 333 saints », « perle du désert », « sommet de la boucle du Niger », mosquée de Sankoré, mosquée de Djingareyber, Medersa aux dimensions de la Kaaba, Sonni Ali Ber, Ahmed Baba, Abu Ishaq, les Alouites ancêtres de ceux d’aujourd’hui, René Caillé même, mais avant lui un certain Abderrahmane Es Saâdi (et bien d’autres…) avec son livre incontournable qui décrit la ville vers 1660, Tarikh es-Soudan.

Patrimoine mondial de l’UNESCO, jusqu’à Belmoktar le borgne et Serval comme un aigle laissant tomber une décharge insoumise : MNLA ! On ne s’y retrouve pas jusqu’au Mali actuel avec toutes les complexités historiques (puzzle historique) qui sont à l’origine de ce film d’un Abderrahmane Sissako, mauritanien bien particulier, car métis débout et affirmé. Sinon quelques journaux en France n’auraient jamais titré : « Un diamant noir.

La révélation du jour. Un choc, un bonheur pur… « Timbuktu », seul film africain de la sélection, qui a ouvert hier la compétition officielle, mérite la Palme d’or ». En tout cas il fait la UNE des infos cinématographiques, occupe des pages de journaux, défile sur les sites d’informations : « seul film africain de la sélection »). Le journal Aujourd’hui en France (numéro 4568 du vendredi 16 mai 2014, lire pp. 32-33) titre, en couverture avec photo à l’appui : « Et si l’Afrique tenait sa palme ? »

C’est fini ! Lumières ou remboursez ! Ranger vos caméras et vos films, nous avons gagné ! Au prochain festival… J’ai bien sursauté (comme devant une scène joyeuse ou triste dans une salle de cinéma) de ma chaise et j’ai arrêté toute autre activité. Je me suis mis à lire tous ce qui pouvait renforcer en moi l’idée que mon homonyme allait bien décrocher cette palme tant convoitée par tant de talentueux.

Mais à chacun son tour chez le hallaq du coin ! « Seul film africain de la sélection » ! Quelle beauté ! Ma fibre nationale – régionale, continentale, internationale même nègre – électrise tout mon corps, mais il fallait aussi se rassoir et ne pas trop rêver. Mais « si si si… » me dit une voix interne ! Et pourquoi pas ?

Surtout quand nous prenons en compte la réalité qui se dissimule derrière cette vieille Bouctou (une femme dit-on !) qui garde une « dépression entre les dunes » selon l’étymologie Songhaï ou un « puits », un « lieu » selon la culture Tamasheq. Cela importe peu que ce soit du tamasheq, du bambara, du hassanya, du fulfulde ou du soninké… c’est comme un film, s’il est bon, il est bon et s’il est mauvais, eh bien c’est un vrai navet.

Et le navet c’est berk ! comme disent les enfants de nos immigrés. Paroles de rue… Parce que, quelque-soit l’identité ethnique source d’inspiration de cette dénomination, tout le monde s’accorde que c’est un entre dunes, puis, lieu et une mère protectrice commune, Bouctou, leçon historique : trois constantes et une variable, mais fondatrice de leur seule et unique essence : la convergence.

Je crois que c’est l’es-sen-tiel en tout, et c’est très suffisant pour se faire rencontrer les hommes venant de partout, et ayant la volonté de bâtir civilisation et prospérité car la boucle du Niger est équidistante par rapport aux deux rives de l’Afrique (blanche et noire ou tout simplement créole). Là le film du compatriote aiguise davantage mon appétit de tendeur de tous ces pièges amicaux et critiques de notre manque d’observation sur ce qui point chez nous, à partir de notre propre horizon.

Abderrahmane Sissako fait converger les critiques et les appréciations comme le suggèrent toutes les deux étymologies (Songhai et Tamasheq) de Timbuktu : Lieu. Mais Abderrahmane Sissako est métis ! C’est aussi la rencontre (le Lieu = évènement) et l’ultime d’entre elle l’amour portée au fond de soi.

Et comment ne pas croire à la profondeur de l’âme de ce cinéaste mauritanien que le monde est en train de découvrir. Il dit une chose terrible et qui fait froid au dos quand il explique la naissance de son idée.

Voilà ce qu’il lance du comme une bande sonore de son film : « l‘élément déclencheur a été la lapidation d‘un couple non marié, père de deux enfants, dans le village de Aguelhok, au nord du Mali (…) On n‘en a pas parlé, alors que quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l‘horreur si on ne fait pas attention. » Voilà un en-ra-gé : « … quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l‘horreur… ».

Mais la mondialisation des futilités est un domaine encore vierge dans la recherche scientifique alors que ce volet de notre « planétarisation » détermine notre errance, jusqu’à ne pas faire attention à Aguelhok ou on lapidait des êtres au XXIe siècle alors quelques quatre petits siècles avant de véritables civilisations « laïques » étaient là dans une prospérité qui défie notre mondialisation et ses valeurs moribondes. En tout état de cause les hommes, qui rencontrèrent les premiers la femme Bouctou gardienne du lieu, venaient de partout des sphères du monde : vraie mondialisation, vraie modernité !

Mais la caméra d’Abderrahmane Sissako fait écrouler notre conscience devant l’aberration « moderne » dans laquelle nous vivons. L’image, rendue du film par les journaux, montre une femme en rage malgré l’acte barbare qu’elle endure : sa liberté de chanter malgré l’interdiction. Son habit noir rappelle l’image insoutenable diffusée par Boko Haram sur ces jeunes et innocentes filles enlevées à tout.

L’homme a souffert comme tant d’autres sur ce continent sinon il n’aurait pleuré, mais il s’explique et cela fait bien pleurer les âmes sensibles. Mais ses pleurs sont un accomplissement. Abderrahmane Sissako accomplit une mission donc il « … pleure à la place de ceux qui ont vécu cette réelle souffrance (…) Le vrai courage, c‘est ceux qui ont vécu un combat silencieux. Tombouctou n‘a pas été libéré par Serval.

La vraie libération, c‘est ceux qui chantaient au quotidien dans leur tête une musique qu‘on leur avait interdite, ceux qui jouaient au foot sans ballon.» L’homme est engagé, enflammé de l’intérieur. Il bouillonne et son corps, de son esprit n’accepte pas ce que nous avons vécu. Il ne souhaite point refermer le rebord de cette blessure sans penser sa cicatrice future. Donc, il nous la rend car nous en sommes les destinataires. Il fait son boulot avec esprit et conscience. Merci !

Son film est d’une actualité brûlante pour l’ensemble du monde et la Mauritanie en premier. Leur fils, déjà adulé, par tous les observateurs car le film semble avoir recréé la notion même d’événement au cœur du cinéma tel qu’il est pensé en occident. « chef-d’œuvre », « rien n’est fabriqué, rien n’est ‘’pensé’’ pour écrire un chef-d’œuvre », « Timbuktu est un coup de maître ! » Le film réalisé en un mois et demi a été exécuté dans des conditions de sécurité inquiétante.

Abderrahmane Sissako revient, en détails sur l’histoire même du film et remercie l’état mauritanien qui assuré la sécurité. L’enjeu est de taille ( ?). Félicitons-le quand même, dans ce cas précuis ! Car il faut encourager la création.

Cependant, notre future probable Palme d’or de Cannes ne doit pas servir pour redorer le blason de qui que ce soit. Mais servir à reconstruire, par exemple, les cinémas El Mouna, Lansar , Cinéma Gaumeze (du nom de ce français « illuminé » fondateur des premières salles chez nous), El Feth voire la salle de Kaëdi. Et créer même une filière à l’université qui encouragerait les filles à être derrière les caméras.

Faire revivre le cinéma mauritanien. Qui ne se rappelle des vieux films Tergit et ceux de Med Hondo (grand voxographe, prêtant sa voix à de grands acteurs noirs américains) avec Les bicots nègres, nos voisins (1973), Sidney Sokhna avec Safrana ou le droit la parole (1977). C’est possible. Les écrans ont changé et les thèmes aussi. Abderrahmane Sissako a allumé sa caméra depuis Bamako, film, sorti en 1990, comme bande annonce d’une future probable palme.

Tout cela me rappelle ce vieux professeur français Fuzeau René -d’Angoulême- qui, dans les années 70 à Boghé, était le seul à nous procurer la joie de regarder des films auxquels nous ne comprenions (film sur Victor Hugo et autres plus fantastiques les uns les autres) rien endurant toute la poussière et les moustiques qui agrémentent une projection à ciel ouvert.

Abderrahmane Sissako n’est pas dupe quand il dit : « Moi, j’appartiens à l’Afrique, au Sahel. Il fallait vraiment que je témoigne de ce qui s’y passe ». La dimension africaine de l’histoire est plus qu’importante. Et pour cause ? Le cinéma africain est en crise depuis bien longtemps. Fort témoignage qui permettra aussi au cinéma africain de revivre au moment où tous les secteurs de la vie du monde amorcent d’importantes bifurcations sous le poids des orientations économiques et politiques des plus puissants d’entre nous.

Et voilà mon petit témoignage sur lui et le bonheur que son film suscite déjà et ne manquera pas de susciter surtout quand sera déclarée cette sentence : La palme d’or du festival de Cannes 2014 a été attribuée, à l’unanimité des membres du jury, au film Timbuktu du réalisateur africain (mauritanien) Abderrahmane Sissako !

Fin…

Abdarahmane Ngaide

Nantes, le 16/05/2014

 

Source: cridem

Négro-mauritaniens : retour sur vingt-cinq ans de solitude

Négro-mauritaniens : retour sur vingt-cinq ans de solitudeJeune Afrique – En 1989, quelque 70 000 Négro-Mauritaniens étaient expulsés de leurs terres. Aujourd’hui, ceux qui ont été rapatriés s’en mordent les doigts, tandis que les autres ne décolèrent pas.

Une natte, un coussin, une table de chevet, une télé, un chargeur de téléphone et des papiers – beaucoup de papiers. L’extrait de naissance de son père, l’acte de mariage de ses parents, un récépissé vert en guise de titre de séjour, aujourd’hui périmé, et une carte de réfugié récemment acquise.

Un demi-siècle d’une histoire familiale écrite des deux côtés du fleuve Sénégal ; un quart de siècle de drame personnel que partagent des milliers d’hommes et de femmes.

Dans la petite pièce qui lui sert de lieu de vie, au détour d’une rue ensablée de Diamaguène, entre Thiaroye et Rufisque, dans la banlieue de Dakar, Aldiouma Cissokho tient à montrer les documents qu’il garde soigneusement dans une pochette et qui prouvent que ce Soninké de 63 ans est bien mauritanien.

60 000 à 70 000 Négro-Mauritaniens déportés

Comme tous les réfugiés qui vivent encore en exil alors que l’on commémore (sans aucune cérémonie) le 25e anniversaire du drame de Diawara – un conflit entre des bergers peuls et des paysans soninkés de ce village du Sénégal oriental qui éclata le 9 avril 1989 et déclencha ce que l’on appellera plus tard “les années de braise”, soit le massacre de Négro-Mauritaniens, puis la déportation de 60 000 à 70 000 d’entre eux vers le Sénégal et le Mali -, Aldiouma prend le temps de raconter son “calvaire”.

Le racisme ordinaire entre Blancs et Noirs. Les premières tensions avec les Maures de Nouadhibou, où le fonctionnaire de l’administration maritime qu’il était depuis une dizaine d’années avait été muté quelques mois plus tôt. Puis les couteaux qu’on aiguise dans la rue, le sang, les corps sans vie, la peur, l’incompréhension. Et, dans une pièce qui sert de “lieu d’interrogatoire”, cette phrase lâchée par un Maure qu’il croyait connaître : “Tu vas au Sénégal.” C’était le 7 mai 1989.

Lire aussi : Mauritanie : après l’exil, la désillusion

Depuis, Aldiouma, qui a fondé en 1994 le Mouvement des réfugiés mauritaniens, se bat contre l’injustice. Il aurait pu rentrer au pays, seul ou dans le cadre de l’aide au retour menée conjointement par Dakar, Nouakchott et le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) entre 2008 et 2012, qui a permis à quelque 24 000 personnes (5 000 familles) de retrouver la terre de leurs ancêtres.

Aldiouma en a peut-être même rêvé, de ce retour, lui qui vivote depuis vingt ans, enchaînant boulots informels et mal payés “parce que (son) statut de réfugié ne lui permet pas d’être embauché dans les règles”, nourrissant ses trois enfants grâce à la solidarité familiale et aux rares aides du HCR.

Mais il ne regrette rien. “C’est difficile, mais j’ai la conscience tranquille. Je ne peux pas avoir été heureux là-bas et ne pas avoir envie de rentrer. Mais pas dans ces conditions !”

“Ils ne sont plus rien : ni réfugiés, ni Mauritaniens”

À leur retour, les “rapatriés” ont été inscrits dans les registres mauritaniens, puis acheminés vers l’un des cent dix-huit camps sommairement aménagés dans le sud du pays. Là, chaque famille s’est vu attribuer une parcelle désertique, un peu de riz, une ou deux vaches et une pièce en dur ou une tente.

Mais combien s’en mordent les doigts aujourd’hui ? “Ce qu’on leur a promis ne leur a pas été donné”, dénonce, dans sa modeste maison de Pikine (banlieue nord de Dakar), Mamadou Lamine Ba, “expulsé le 7 avril 1989”. Mamadou, qui a suivi une formation d’infirmier en 2011 grâce au HCR et qui vient tout juste de trouver un stage de six mois dans un hôpital de Dakar, n’est jamais retourné au pays.

Mais le téléphone fonctionne. Et les histoires sont légion de ces “rapatriés” qui, écoeurés, ont décidé de revenir au Sénégal. “Aujourd’hui, ils ne sont plus rien : ni réfugiés ni Mauritaniens !” Les six enfants de Mamadou, tous nés à Dakar, ne connaissent pas leur pays. Savent-ils même lequel est le leur ? L’aînée aura bientôt 18 ans. Elle devra faire un choix. Mamadou ne lui imposera rien, mais il espère qu’elle prendra la nationalité mauritanienne, quitte à rester une “réfugiée” pour la vie.

Lire aussi : les Négro-Mauritaniens se sentent enfin chez eux… ou presque

Pour lui comme pour tous les autres, c’est une question de principe. “Quand on a été déportés, le président Ould Taya a dit qu’il n’y avait aucun Mauritanien dans le lot. Alors moi, je ne veux pas devenir sénégalais. Je veux prouver qu’il y en avait, des Mauritaniens. Et qu’ils sont fiers de l’être”, tonne Ibrahim Ndiaye, “expulsé le 15 mai 1989”.

Une question de justice aussi. “Moi, je connais mes tortionnaires : leur nom, leur tribu. Pourquoi ne seraient-ils pas jugés pour ce qu’ils ont fait ? Cet État est raciste. Il y a cinq ethnies en Mauritanie, mais une seule dirige le pays : les Maures. Quand Sidi [Ould Cheikh Abdallahi] a été élu [en 2007], j’étais prêt à rentrer, on était tous prêts. J’avais posé ma candidature. C’était l’espoir. Mais Ould Abdelaziz a fait son coup d’État. Et l’espoir a disparu.”

Marche ou crève

Ibrahim Amadou Ndiaye ne décolère pas. Pour le président de l’Union nationale des rapatriés mauritaniens joint à Nouakchott, les conditions du retour n’ont pas été respectées. “On nous avait promis une pièce d’état civil au bout de trois mois : aujourd’hui, sur les 24 536 rapatriés, seuls 8 000 en ont une.

Tous les fonctionnaires n’ont pas été réintégrés et la plupart n’ont pas été reclassés : moi, j’étais premier échelon il y a vingt-cinq ans, je suis toujours premier échelon.” Et puis il y a ces sites de rapatriés “sans eau”, ces hangars ou ces tentes “étouffants”, ces enfants qui, parce qu’ils ne parlent pas arabe (ils ont appris le français au Sénégal), sont perdus en classe.

Selon un fonctionnaire international, l’État mauritanien a fait “de gros efforts” pour accueillir les rapatriés. Pour le HCR, le programme mené entre 2008 et 2012 est un succès, mais cela ne satisfait pas les intéressés. Le 25 avril, ils devaient entamer une marche entre Boghe (dans la vallée du Sénégal) et Nouakchott, à 310 km, pour le faire savoir.

L’APP accuse le candidat Biram Ould Dah d’avoir falsifié la signature d’un de ses conseillers

alt L’Alliance Populaire Progressiste (APP) a accusé le candidat Biram Ould Dah Ould Abeidi, candidat indépendant à l’élection présidentielle d’avoir falsifié la signature de Bilal Ould M’Bareck, conseiller APP dans la commune de Riyadh (Nouakchott).

Le conseiller municipal intéressé a également, selon une déclaration en conférence de presse ce jeudi de l’APP, introduit une action en annulation contre le mandat qu’il n’aurait en aucun cas donné au candidat Biram Ould Dah Ould Abeidi.

L’APP s’en est également pris au conseil constitutionnel qu’elle accuse de négligence quant à la vérification des déclarations de mandat données aux candidats soulignant qu’un tel fait en dit long sur « la mascarade électorale » qui se prépare pour le 21 juin prochain.

Notons que Biram Ould Dah Ould Abeidi, candidat à l’élection avait convoqué les médias pour leur signifier qu’il avait mis sur place une commission censée étudier son retrait ou non de cette candidature.

Une convocation interprétée par certains cercles comme une tentative de Biram Ould Dah de noyer la déclaration de retrait d’un autre candidat à cette élection, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeini.

 

Source: mauriweb