Monthly Archives: May 2014
Mali: trois groupes armés à Kidal acceptent un accord de cessez-le-feu
Le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine, s’est rendu ce vendredi à Kidal, où il a rencontré les représentants des groupes du nord du Mali. La réunion, qui a duré plusieurs heures, se solde par un accord de cessez-le-feu signé par les deux partis : groupes armés et gouvernement malien.
C’est un accord de cessez-le-feu en cinq points qui a pris effet dès la signature de toutes les parties. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a signé pour Ibrahim Boubacar Keïta – avec son accord -, en compagnie de représentants militaires des trois groupes armés : Mohamed Ag Najim pour le Mouvement national de libération de L’Azawad (MNLA), Cheick Ag Haoussa pour le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et Brahim Ould Handa pour le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).
En recevant à Bamako son homologue mauritanien, après la signature de ce document, l’air grave, le président malien, IBK a insisté : « Ce n’est que par le dialogue que l’on peut résoudre cette crise avec nos frères. »
Cessation des hositilités
Les négociations ont été complexes, elles ont duré quatre heures et demi. Plusieurs fois, selon des participants, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est sorti, sans doute pour téléphoner au président malien. Concrètement – c’est le second point de cet accord de cessez-le-feu – les parties conviennent de la cessation immédiate des hostilités sur toute l’étendue du territoire national et acceptent de revenir à l’accord préliminaire de Ouagadougou pour une reprise immédiate des négociations.
Autres points : les parties conviennent de la libération des prisonniers et s’accordent pour faciliter le travail des humanitaires des Nations unies ou d’autres partenaires.
Positions figées en attente des négociations
Enfin, le dernier point est très important : les parties s’accordent sur la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur les évènements récents, à commencer par ceux de Kidal. Selon nos informations, IBK souhaitait un retour aux positions de l’armée malienne et des groupes du nord à la date du 17 mai, c’est-à-dire avant la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal. Demande rejetée par les mouvements du nord du Mali, qui gardent donc leurs positions à Kidal et dans les autres villes de Ménaka et d’Ansongo. « Ce n’est pas un accord politique mais militaire, c’est un premier pas pour aller aux négociations », a confié Mohamed Ag Najim, le chef du MNLA, à RFI.
« Il s’agit d’un accord sur un cessez-le-feu. Il ne s’agit pas d’un accord sur le règlement du conflit qui oppose l’Azawad au gouvernement du Mali », insiste Mossa ag Attaher, porte-parole du MNLA. « Il s’agit de mettre fin à la violence, il s’agit de ramener le calme dans les zones qui ont été touchées par les affrontements. » Sur le plan militaire, donc, Mohamed Ag Najim insiste : « Il s’agit pour chaque partie de cesser le feu dans les parties qu’elle occupe. Il ne s’agit pas de céder une quelconque position. »
■ Laurent Fabius a pour objectif « la désescalade des violences »
Interrogé par RFI après la signature de cet accord entre toutes les parties, le ministre française des Affaires étrangères a plaidé pour une rerpise rapide du dialogue. Pour lui, la solution est « d’une part qu’il y ait la fin des exactions et – c’est un premier domaine dans lequel il y avait des discussions, entre d’un côté ce qu’on appelle la Minusma, de l’autre le président de l’Union africaine et quelques autres éléments -, pour que le MNLA puisse rendre un certain nombre de possessions. »
Laurent Fabius plaide également pour que « le gouvernement malien – c’est sa responsabilité – discute effectivement avec les groupes du nord. Pas, bien sûr, avec les groupes terroristes, mais avec les groupes du nord ». « C’est ça l’objectif que nous poursuivons : le seul objectif raisonnable, c’est d’un côté désescalade des violences, arrêt des violences, et de l’autre, discussion entre le gouvernement et les groupes du nord », résume le ministre français.
Source: rfi
Camarade Kébé Abdoulaye Hachim, le rescapé de Oualata n´est plus!
Nous venons d´apprendre avec une grande tristesse le décès de notre doyen, frère, oncle et compagnon de lutte l´ex- capitaine Kébé Abdoulaye Hachim décès survenu ce matin à Orléans. Arrêté en 1986 suite à la publication du Manifeste du Négro-mauritanien opprimé et accusé injustement d’être le chef de ” l’aile militaire des Flam”, il fut arbitrairement radié, lourdement condamné et envoyé à la prison mouroir de Oualata. Homme de foi et de conviction il n’ a jamais renié ses convictions pour une Mauritanie juste et non raciale jusqu’à sa mort. Il nous quitte digne et debout. Le BEN des FLAM et à travers lui tous nos militants et sympathisants présente ses condoléances les plus attristés aux familles Kébé, Konté, Sy, Wane, tout Maghama, au CAMME et à toute la diaspora mauritanienne de France.
Qu’Allah l ‘ accueille en son Saint paradis et que la terre lui soit légère. AMINE.
A la mémoire de tous ceux tombés pour les causes justes nous répéterons après d’autres, cette oraison funèbre devenue classique «Leur vie fut combattante, leur mort héroïque, leur sacrifice sacré et leur mémoire éternelle».
P.s: photo prise lors de la rencontre entre le président des Flam et la diaspora mauritanenne à paris en avril 2012.
Ibrahima Moctar Sarr, président de l’AJD/MR et candidat à l’élection présidentielle du 21 juin 2014: ‘’Les conditions de transparence d’une élection ne peuvent pas réellement exister dans un système esclavagiste, raciste et féodal’’
Le Calame : Vous vous présentez pour la 3e fois à l’élection présidentielle. Peut-on connaître le sens de votre déclaration de candidature, intervenue le 25 avril dernier, alors même que vous êtes sûr d’aller à un scrutin dépourvu de « réelles garanties de transparence», selon certains partis politiques et personnalités indépendantes ayant décidé de le boycotter ?
Ibrahima Moctar Sarr: Mon parti a décidé de participer à toutes les compétions électorales quelles que soient les conditions de transparence qui d’ailleurs, ne peuvent pas réellement exister dans un système esclavagiste, raciste et féodal. Notre objectif est de conquérir une parcelle, minime soit-elle, de terrain politique pour continuer à conscientiser nos communautés nationales sur la nécessité de combattre ensemble le système.
Nous avons tiré également les leçons de notre participation à tous les regroupements oppositionnels qui se proposaient de lutter contre les régimes en place et nous avons constaté que très souvent, loin de prendre en charge nos préoccupations, nous avons toujours été utilisés pour assouvir des intérêts personnels d’une certaine opposition qui cherche à remplacer le chef au pouvoir, prendre sa place et perpétuer le système que nous combattons.
Dans ces conditions, nous avons décidé d’assumer dorénavant nos décisions et prises de position. Nous respectons celles des autres et qu’on nous reconnaisse notre liberté de conscience et d’action.
-Ne craignez-vous pas, en vous déclarant candidat, d’être accusé, comme en 2009, de «crédibiliser» l’élection du président Aziz?
-En 2009, j’ai été l’objet d’une diffamation de la part d’un site électronique, j’ai dû malgré moi, porter plainte pour défendre ma dignité et l’auteur de la diffamation a écopé d’une condamnation. Nous n’avons pas peur d’être accusés de quoi que ce soit dès l’instant où notre parti a pris solennellement sa décision de participer et à l’unanimité. Pour le reste, ceux avec qui nous ne nous concertons pas, qui ne sont pas membres de notre parti, qui ne sont même pas nos sympathisants et électeurs, ne peuvent, en aucun cas, nous dicter la conduite à tenir.
En 2009, c’est plutôt le FNDD qui avait refusé d’aller aux élections et auquel le président Aziz avait donné toutes les garanties qu’il demandait, pour se voir par la suite rouler dans la farine, qui donc a donné plus crédit à l’élection ? Non, pas nous, qui n’étions ni à Dakar, ni dans le gouvernement de coalition, ni dans la CENI.
-Certains de vos détracteurs voient comme une espèce de coup de main du pouvoir, le parrainage des conseillers de l’UPR et de ses satellites. Que leur répondez-vous, et comment s’est passée cette pêche aux signatures ?
-Nous avons recueilli sept signatures de conseillers qui se réclament de l’UPR sans que leur parti ait été sollicité.
C’est très peu par rapport aux cent signatures demandées. Par contre, nous avons saisi directement certains leaders de partis de l’opposition et de la majorité avec lesquels nous avons des affinités personnelles, certains ont accepté de nous parrainer, d’autres ont refusé.
-Que pensez-vous du retrait de la candidature d’Ahmed Salem Ould Bouhoubeini ?
-Je n’en pense rien du tout. Il est libre de participer, de se retirer ou de boycotter. Vous voyez, nous ne commentons pas les décisions libres des autres !!!
-Quels sont les thèmes qu’AJD va proposer aux mauritaniens, en juin prochain et de quels moyens vous disposez pour battre campagne ?
-L’AJD/MR et non pas l’AJD, aura le même discours. Il n’y aura pas de changement dans les positions que nous aurons à défendre. Notre engagement n’est pas un engagement de circonstance et il dure en ce qui me concerne plus de quarante ans avec les sacrifices et les victoires que vous connaissez ; nous n’avons pas encore atteint notre objectif : la destruction du système esclavagiste, raciste et féodal.
Pour la campagne, nous serons mieux lotis cette fois-ci en disposant de notre subvention gagnée après les dernières élections municipales.
-Des rumeurs rapportant vos propos, laissent croire que l’AJD pourrait appeler, en cas de second à voter pour le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, un soutien qui serait assorti, selon les mêmes sources d’une condition, celle d’être nommé premier ministre. Info ou intox ?
-En politique, rien n’est à exclure sauf ce qui est contraire aux principes fondamentaux et aux objectifs visés. Jusque-là, nous avons été conséquents avec nous-mêmes.
En 2007, nous avons voté Ahmed Ould Daddah au deuxième tour. Tout le monde était content. Ceux qui n’ont pas agi comme nous ne sont pas vus pour autant comme des diables à abattre. Récemment pour la Communauté Urbaine(CUN), tout le monde sait quelle a été notre position et pourtant elle est passée inaperçue aux yeux de nos détracteurs. C’est ça la force de l’AJD/MR : Agir et laisser les aboyeurs aboyer.
-Une délégation des parlementaires de l’AJD s’est rendue auprès des populations de Donnaye (Brakna), victimes d’une expropriation de leurs terres cultivables. Peut-on connaître le résultat de cette visite et où en est ce dossier ?
-Une mission de constatation des parlementaires de l’AJD/MR s’est rendue récemment à Donaye, Cinthiane Diama et Bogué pour s’enquérir de la situation des terres dans cette région. Nous avons discuté avec les propriétaires terriens et constater la situation critique qui prévaut. Le Ministre du développement rural a été interpelé lors d’une séance du parlement. Nous avons demandé une commission d’enquête parlementaire pour aller vérifier sur place ce que nous avons dit et nous continuerons le combat. En tout cas, le gouvernement est averti, la colère couve dans cette région où les paysans ne demandent que la concertation pour toute décision qui concerne l’exploitation de leur terre.
-La police a réprimé violemment la marche des réfugiés venus pour « exposer leurs doléances au président de la République». Pour justifier son geste, la police avance « l’infiltration de cette marche». Qui, à votre avis, aurait intérêt à saborder l’initiative des rapatriés, soutenue massivement et presque exclusivement par la composante négro-africaine ?
-A l’AJD/MR, nous n’avons pas l’habitude de spéculer. Nous n’avons aucune preuve pour dire que cette marche a été infiltrée. Comme j’ai eu à le dire aux marcheurs eux-mêmes, ce problème ne les concerne pas eux seuls, c’est un problème national qui a mobilisé toutes les forces qui luttent pour la justice, l’égalité et la paix dans ce pays. Depuis les déportations, lorsque les refugiés étaient encore au Sénégal jusqu’à leur retour et leur réinstallation bâclée dans le pays jusqu’à cette marche qu’ils ont initiée, ces forces politiques et la société civile ont toujours été à leur côté. Donc leur implication ne date pas de l’arrivée de cette marche.
Le problème qui se pose est que l’Etat pouvait contenir toute dérive ou action de sabotage s’il y a lieu, en faisant preuve de sang froid, ce qui n’a pas été le cas. De toute façon, le message des marcheurs est passé et à leur place, après la répression, je ne chercherai même pas à rencontrer le Président qui va encore faire des promesses et encore des promesses…
–Certains pensent qu’IMS devrait retirer sa candidature pour marquer sa désapprobation de la répression de la police du pouvoir d’une marche « légitime et pacifique » que vous avez soutenue et accompagnée. Qu’en pensez-vous ?
–J’ai été arrêté et incarcéré avec d’autres mauritaniens dans des conditions difficiles, certains sont morts en prison : Tene Youssouf Gueye, DjigoTaphsirou, Ba Abdoul Khoudouss, Ba Alassane Oumar. Durant ses quatre années de détention, nos familles sont restées sans soutien et depuis notre sortie de prison, nous n’avons pas encore recouvré nos droits. Cela n’a pas empêché le monde de tourner pour certains qui nous font cette suggestion aujourd’hui, certains mêmes étaient dans le camp du tyran. En plus, les refugiés sont restés à l’étranger pendant 20 ans, avons-nous pour autant, arrêté toute action politique pour attendre leur retour ? Et après leur retour ils n’ont pas été rétablis dans leurs droits. A-t-on décidé pour cela de ne pas aller aux élections de 2009 et aux dernières élections législatives et municipales ? Nous n’allons pas aux élections pour le plaisir des tenants du pouvoir mais pour trouver les moyens de mieux les combattre. Pourquoi voudrait-on qu’on y renonce simplement parce qu’une marche a été réprimée comme il en passe chaque jour ?
-Selon nos sources, l’AJD/MR n’aurait pas accepté l’invitation d’autres partis d’obédience négro-mauritanienne pour la recherche d’un front uni. Peut-on en connaître les raisons ?
-L’AJD/MR a décidé souverainement de ne faire partie d’aucune coalition politique structurée avec des principes et des objectifs précis auxquels nous serions assujettis. Notre parti n’est pas un parti de négro-mauritaniens mais un parti national qui regroupe toutes les composantes ethniques du pays. Mon premier vice-président est un arabe blanc. Comment voulez-vous qu’il se sente dans un regroupement qui ne concerne que des négro-mauritaniens ? Néanmoins nous avons dit que toute initiative d’où qu’elle vienne, si elle nous agrée, nous somme prêts à l’étudier et même à y participer. C’est dans cet esprit que nous avons bien accueilli et agi dans l’initiative du président Messaoud.
Propos recueillis par Dalay Lam
Source: Le calame
Arrêté lors de la répression de la marche des rapatriés: Samba Abdoulaye Bâ raconte son séjour à la brigade mixte
Samba Abdoulaye Bâ est une des trois personnes arrêtées, suite à la dispersion de la marche des rapatriés au Carrefour Madrid. Rapatrié lui-même, sur le site Gourel Fally, près de Kankossa, (Assaba), ce jeune préside la Coordination des Elèves et Etudiants Rapatriés (CEER) qui regroupe près de quarante membres. Il a rendu visite à notre rédaction, pour rapporter ce qu’il a vécu, lors son arrestation, à l’accueil des rapatriés, et son bref séjour à la brigade mixte.
Sur les circonstances de son arrestation, Samba Bâ raconte que la police lui reprochait d’avoir aidé à séparer les marcheurs et ceux venus les accueillir. « Quand la fumée des grenades s’est un peu dissipée, j’ai participé, avec d’autres, à soustraire les vieux, les femmes et les jeunes marcheurs, de la grande masse, pour éviter qu’ils se perdent. Plusieurs d’entre eux ne connaissent pas la ville et nous les avons regroupés, un peu loin du carrefour, vers l’aéroport. La police est alors venue nous ordonner de quitter les lieux, avant de lancer des grenades sur le vieux Ousmane Diouldé Dia qui accomplissait la prière du Maghreb. Connaissant la foi du vieux, je savais qu’il n’allait, pour rien au monde, arrêter sa prière, nous avons essayé de le protéger des grenades qui pleuvaient de partout. Devant cet acte méprisable, j’ai imploré Allah en criant : « Allahou Akbar ! » Un des gendarmes m’a intimé l’ordre de me taire, j’ai refusé, alors, un autre m’a saisi le doigt et l’a plié, fort, avant de me retourner les bras derrière le dos et de me faire monter dans la voiture, avec les autres, sans oublier de nous administrer quelques coups de matraque, et d’arracher ma cape où était inscrite une revendication relative aux papiers d’état-civil pour les rapatriés. Nous étions couchés dans la voiture, un des gendarmes a posé ses rangers sur mon dos. »
Accusation infondée
Après cette interpellation musclée, Ousmane Diouldé Dia, Ousmane Dia et Samba Bâ sont conduits à la brigade mixte. « Lors de mon interrogatoire, un gendarme dit m’avoir vu jeter des pierres sur les forces de l’ordre, ce qui est archi-faux. Après avoir vidé le sac que je portais et qui contenait les copies des devoirs de mes élèves, une liste d’œuvres d’auteurs mauritaniens dont « L’exilé de Goumel », de feu Tène Youssouf Guèye, ce qui m’a valu une autre accusation, celle d’inciter les élèves à la violence, les gendarmes m’ont demandé quels rapports j’entretenais avec Samba Thiam, le président des FLAM, Kane Hamidou Baba, président du MPR, N’Diaye, le président de l’Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS), si je venais de Boghé ou de Nouakchott… J’ai eu l’impression que j’étais, probablement, sur écoute depuis quelques temps, parce qu’à tout bout de champ, on me disait : « tu as parlé à tel et à tel, à tel et tel moment, etc. » Dans mes réponses, j’ai fait observer que, oui, bien sûr, je devais connaître N’Diaye, dans la mesure où je fus, comme lui, victime de la déportation, en 1989 ; avant de m’étonner : « pourquoi ne me demandez-vous pas si je connaissais Ould Maouloud ou Ould Hanana, mauritaniens comme moi, venus à la rencontre des rapatriés ? », ce qui n’a pas manqué d’irriter mon interlocuteur qui me traitait, systématiquement, de « haywan » [animal]. J’ai constaté que l’interrogatoire était rapporté à une autre personne au téléphone […] ».
Humiliations
« Après l’interrogatoire », continue le président du CEER, « on nous a demandé, à Ousmane Bâ et moi, de nous déshabiller – on a gardé quand même nos caleçons – avant de nous enfermer dans une cellule sans natte ni matelas. On nous a refusé jusqu’à la permission des besoins naturels. Cette situation a duré deux jours. Nous avons été relaxés, grâce, nous a-t-on dit, au vieux Ousmane Diouldé. On nous a alors priés de ramasser nos bagages mais je n’ai retrouvé ni mes copies, ni la liste de mes œuvres et, quand j’ai posé la question, on m’a répondu de revenir le lendemain pour les récupérer, ce que, naturellement, je n’ai pas fait. Jusqu’à présent, je continue à me demander pourquoi notre garde à vue à la brigade mixte est restée cachée ». Coïncidence ou volonté d’amalgame ? « A la brigade mixte, nous avons été mêlés à quatre jeunes maliens, arrêtés suite à une affaire de vol d’ânes », signale le président du CEER. Pour rappel, la police avait déclaré avoir arrêté « quelques étrangers qui s’étaient mêlés à la foule pour casser les véhicules au carrefour Madrid ».
DL
Source: Le calame
Bios Diallo-Abderrahmane Sissako L’honneur des chagrins
Horizons – Le tapis rouge du Festival de Cannes n’est pas une première pour lui. Seulement ce jeudi 15 mai, en montant les marches de la prestigieuse messe du cinéma en compagnie de son équipe de Timbuktu, Le Chagrin des Oiseaux, Abderrahmane Sissako est dans la prière d’un rêve : revenir au pays avec le trophée.
Son sujet : le drame que vit le Mali avec les insurrections islamistes, avec leur lot de répressions. Le réalisateur mauritanien est le seul africain parmi les dix-huit œuvres en compétition pour la Palme d‘or de cette 67e édition de Cannes. Entrer en compétition c’est un défi en soi.
Homme engagé, et de convictions, Sissako, 53 ans, y vient avec des armes irréfutables. Dire à la face du monde ce qui blesse tout humain : le chagrin. Si nul ne veut connaître cet état d’esprit, le natif de Kiffa est lui un habitué des sujets qui heurtent.
Sa filmographie en porte l’habillage : Rostov-Luanda (1996), est bâti sur les traces d’un combattant de la libération angolaise rencontré à Moscou où il fit ses études de cinéma dans le froid, La Vie sur Terre (1998), film tourné dans un village malien est porté par les textes du poète martiniquais Aimé Césaire, et Bamako, en 2006, une sa retentissante gifle aux institutions internationales sous la robe de la Banque Mondiale aux remèdes peu adaptés.
Dans le sillage, Timbuktu, Le Chagrin des Oiseaux, est la voix des sans voix. Un cri d’outre-tombe, qui fera écho. Cette nouvelle production, tombée dans l’acide huile de l’actualité, est le drame de la saison cruelle du Mali avec la prise de Tombouctou en 2012 par des djihadistes. Celle qui se faisait appeler la cité des 333 saints ou encore la perle du désert est piteusement narguée, sous le nez et la barbe de ses habitants et de la communauté internationale.
Les nouveaux maîtres détruisent les symboles du foyer de brassages ethniques, culturels, religieux et d’ouverture. Les islamistes imposent leurs lois de l’extrême. Cela méritait une colère, même par le filage d’une bobine. Abderrahmane Sissako l’a fait, avec mesure. Rien d’exagérément offert, d’impudiquement exposé. Sissako ne produit que de l’art respectueux.
Car du respect, même les oiseaux en ont besoin. Ceux qui ont marché sur Timbuktu le savent. La blessure leur restera aux visages, puisque même diminués les hommes et les femmes de Timbuktu demeurent dignes. C’est cette image de dignité qui est portée à l’écran. Puisqu’avec la foi et la détermination on peut toujours se relever d’une chute.
L’Afrique, Sissako l’a dans l’âme. Et il ne laisse rien l’égratigner. Avec un filmage de proximité, empreint de sobriété et de pudeur avec des comédiens souvent du terroir, Abderrahmane Sissako est un créateur qui ne laisse pas indifférent. Le Festival de Cannes qui lui avait déjà attribué ses appréciations à travers Un certain regard en 1993 pour Octobre et le Prix de la Critique Internationale en 2002 pour Heremakonon, pourrait lui accorder le sacre. Et ce sera justice pour le talent méticuleux, plein d’assurance et sait attendre… le bonheur !
Bios Diallo
Source: Horizons du dimanche 18 mai 2014
Source: cridem