Monthly Archives: August 2012
Flam Sisters Network gathering in Jacksonville,FL

USA: Les Flam Sisters Network en conclave a Jacksonville, FL

Aleg: Des dizaines de rapatriés privés d’enrôlement
Des dizaines de rapatriés dans le localité de Gorel (relevant de la ville d’Aleg) se sont vus privés de se faire enrôler au centre d’accueil des citoyens, sous prétexte qu’ils ne disposent pas de quoi certifier leur nationalité, a fait savoir le chef de la dite localité Oumar Ahmed Sow.
Ces rapatriés sont, d’ailleurs, frustrés et se sentent encore “étrangers”, aux dires de leur chef qui se confiait au correspondant d’Alakhbar à Aleg, à cause de problèmes de vie qui y persistent en matière de santé, d’éducation, d’électricité et de logement, “du moment que l’Etat n’a pas respecté ses engagements vis-à-vis d’eux”.
Il importe de souligner que la localité de Gorel abrite près de 300 familles des rapatriés qui furent déportés de Mauritanie lors des évènements douloureux de 89 et 91.
Source: Al Akhbar
GAMBIE : Le bilan chiffré des crimes de Yaya Jammeh
Au pouvoir depuis 1996, Yaya Jammeh dirige la Gambie en maître absolu et d’une main de fer. Il ne supporte ni critique des opposants, a fortiori la presse. Jammeh n’en n’a cure de la liberté d’expression ni des droits de l’homme. Le jour de la fête de l’Aïd-el fitr, il a annoncé à la ville et au monde l’exécution, en mi-septembre, de 47 condamnés à morts. Mais ce n’est pas une première. Une liste de ses quelques victimes circule sur la toile. Ils sont journalistes, hommes politiques, étudiants, soldats et agents de sécurité, ou encore ministres, activistes des droits humains, étrangers de passage en Gambie, à être victimes de la paranoïa d’un être qui a ramassé presque le pouvoir, à cause de la poltronnerie de son prédécesseur. Guidé par son libre-arbitre, Yaya Jammeh terrorise tout un peuple, musèle la presse et les organisations des droits de l’homme, torture et tue depuis des années, et en toute tranquillité. Dans les geôles gambiennes, on torture, on massacre, on assassine par pendaison. Le 20 août dernier, Jammeh annonçait l’exécution, mi-septembre, de 47 condamnés à mort. Alors que c’est l’un des meilleurs jours pour accorder clémence à l’offenseur. Peu de jours après cette annonce effroyable, Amnesty international, qui cite des « sources fiables » et « crédibles », annonce l’exécution de 9 personnes dont deux Sénégalais. « Neuf personnes, dont une femme, ont été extraites de leurs cellules de détention la nuit dernière et ont été exécutées ». Et deux des prisonniers annoncés morts « seraient des Sénégalais», indique le communiqué. Des sources jointes à Banjul ne confirment ni n’infirment l’information, selon l’Agence France Presse (AFP). Néanmoins, une source sécuritaire a déclaré que les prisonniers condamnés à mort avaient simplement été tous «transférés la nuit dernière en un même endroit» et n’avoir pas connaissance d’exécutions effectuées. Elle a toutefois soutenu : « L’homme-là (le président gambien Yahya Jammeh, NDLR) est déterminé à exécuter les prisonniers, et il le fera». Plus tard, l’information sera finalement infirmée par Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO). «C’est une information erronée. Elle a été démentie par le président Yaya Jammeh lui-même », a dit M. Tine. Toujours-est-il que la cruauté de Yaya Jammeh n’est pas une nouveauté, il avait juste observé un répit Palmarès de la cruauté Yaya Jammeh a commis quantité de crimes. Il a fait assassiner 26 soldats et agents de sécurité, fait disparaitre mystérieusement plus de 17 personnes, et fait massacrer en 2000 autour de 14 étudiants de diverses écoles gambiennes. L’assassinant de 12 civils, dont Ousman Koro Ceesay, ancien ministre des Finances, Deyda Hydara, correspondant Reuters et directeur du journal Le Point et l’opposant Sidia Sanyang, mort sous torture, lui sont imputés. Les étrangers n’échappent pas à la machine meurtrière du président gambien. Yaya Jammeh a massacré cinquante-huit (58) étrangers : cinquante-cinq (55) Ghanéens, deux (2) sénégalais, un (1) guinéen, un (1) togolais. Cinq prisonniers politiques ont été victimes de torture en Gambie dont Alhagie Kebbeh, maintenant paralysé, Wassa Janneh (politicien membre de l’UDP), Marian Denton, activiste, Ousman Rambo Jatta, politicien, Tamba Fofana, enseignant. Euégard à cette terreurs les avocats Ousman Sillah et Mai Fatty, eux n’avaient qu’à accepter de subir ou de s’exiler. Et bien, ils ont fait la deuxième option pour sauver leur peau. Gambie, vraisemblablement, il suffit de franchir le territoire national pour que de forts soupçons pèsent sur vous sans justification. Comble de paranoïa ! Le journaliste de l’Agence Apanews, raconte qu’en 2004, il s’était rendu à Banjul pour réaliser une interview avec un opposant. Après l’entretien avec son cameramen, un agent de sécurité les intercepte et leur demande ce qu’ils sont allés chercher chez ce type. Le journaliste, pour esquiver, feint de n’être pas anglophone. Alors, l’agent se mit au wolof. Notre confrère fit par le signe du doit qu’il ne comprenait rien et réellement il n’est pas un locuteur wolof. Alors que son cameraman voulut répondre à l’enquêteur, le journaliste le dissuada discrètement. Et c’est comme ça que l’agent colla la paix au journaliste et son cameraman qui ont rallié Dakar. FREDERIC ATAYODI La communauté internationale aphone La communauté internationale, habituellement prompte à hausser le ton sur les agissements de tel ou tel dirigeant africain, est étonnamment presque aphone sur le cas Yaya Jammeh. Mandat d’arrêt international contre Omar El Béchir (Soudan) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ; pression sur Tandja qui s’était octroyé une rallonge de 3 ans, après son deuxième et dernier mandat présidentiel ; soutien au Conseil national de transition en Libye ; pression sur le capitaine Dadis Camara (Guinée) pour qu’il quitte le pouvoir ; appel pressant à l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) pour qu’il accepte sa défaite suite à la présidentielle, etc. Les cas de pression sur les personnalités africaines sont légion. Mais dans la plupart des cas, les pays où cette communauté internationale est intervenue fortement, on constate que les ressources minières sont débordantes. Pour la Gambie, petit pays pauvre qui n’a ni or, ni pétrole, ni uranium, la communauté internationale qui malheureusement n’est composée de quelques pays riches, observe un silence coupable. Une hypocrisie qui ne peut passerinaperçue. A l’annonce de l’exécution par Jammeh, les réactions n’ont pas fusé de partout comme dans certains cas. Fatou Bensouda mal à l’aise Le 16 juillet dernier, la gambienne Fatou Bensouda a pris ses fonctions comme première femme, et en même temps, première personnalité d’origine africaine à la tête de la Cour pénale internationale. La CPI est une juridiction créée le 1er juillet 2002 par le statut de Rome, chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre. Après Carla Del Ponte, Luis Moreno Ocampo, une africaine a accédé à la tête de cette institution. Fatou Bensouda avait été fortement soutenue par l’Union africaine et par ricochet, tous les Africains. Yaya Jammeh dont elle fut le ministre de l’avait également épaulé. Mais aujourd’hui, le président Jammeh met très mal à l’aise l’une des 10 femmes africaines les plus influentes. Mme Bensouda, lors de sa prise de fonction, avait averti que la juridiction qu’elle dirige accomplira sa mission sans une cible particulière. Une déclaration pour rassurer ceux qui présentent la CPI comme une justice de « Noirs contre les Blancs».
Source:seneweb
FLAMNET-RÉTRO: Présence et culture des Nègres mauritaniens par Jean Pierre N’DIAYE
Débat sur Jeune Afrique après l´arrestation des rédacteurs du “manifeste du négro-mauritanien opprimé” en septembre 1986 et cinglante réponse à une interview du colonel Ould Taya qui niait le racisme d´Etat en Mauritanie. Lire l´analyse de notre doyen, ami et camarade Jean Pierre qui reste toujours d´actualité.
“Je refuse de diviser mon peuple en Blancs et Noirs, a dit le président mauritanien Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya à J.A (N°1350). Il n’y a pas de problème racial en Mauritanie. Le peuple est indivisible et ne sera jamais divisé. Depuis plus de deux mille ans, les communautés de ce pays ont vécu ensemble sans qu’il y ait la moindre relation d’appartenance à telle ou telle ethnie. Nous tous, sans exception, sommes unis par l’islam et la couleur de notre peau n’a aucune espèce d’importance”. Cette déclaration m’a bouleversé parce qu’elle nie de manière péremptoire une réalité ethnico-culturelle dont la présence remonte, sur cet espace négro africain appelé aujourd’hui, Mauritanie, à la préhistoire et se perpétue actuellement même. C’est la présence des populations nègres, reparties en ethnies vivantes – Peuls, Sarakholes, Mandingues, Wolofs- et s’efforçant d’assimiler, pour les digérer, les apports extérieurs berbères, arabes et autres. Une religion monothéiste venue du Nord, l’Islam , devenue la leur, ne modifie en rien cette réalité historique .
Le refus cardinal d’un chef d’état membre de l’Organisation de l’Unité Africaine de prendre en considération l’identité, la personnalité autochtone du pays , dont le hasard lui a confié la direction, est troublant. comment expliquer alors que le prédécesseur de Maouya Ould Taya, le lieutenant- colonel Khouna Ould Haidallah, ait officiellement décrété, en 1981, l’abolition de l’esclavage en Mauritanie ?
C’est aussi dans ce pays que la première vague de populations berbères venues du Nord arriva dès l’antiquité, démettant ainsi les Noirs. Ensuite, les Arabes à leur tour islamisèrent Nègres et Berbères, puis fondèrent, avec les Berbères seuls, un pouvoir théocratique maure.
Dès ce moment, c’est l’architecture d’une société théocratique et esclavagiste à caractère féodal qui s’érigea. Les populations nègres, défaites et séparées de leur tronc, furent intégrées pour constituer une base domestique et paysanne de servage au service d’une civilisation nomade marchande et guerrière en mal de sédentarisation.
Prises en étau, ces populations entrent alors dans une période qui est un lieu de non-savoir où elles doivent subir et vivre au jour le jour l’obscurantisme terrifiant, et autant plus amnésique que la nouvelle religion se veut idéologique-politique-totalisante.
Quant à l’administration coloniale française qui prend possession de la Mauritanie en 1904, sous la forme d’un protectorat, elle laissera intactes les structures de dépendances internes qui existaient entre Maures et Noirs avant elle.
Mais le nègres mauritaniens installés auprès du fleuve Sénégal et ceux vivant en territoire sénégalais échapperons au quadrillage du servage maure, s’épanouiront dans un espace de liberté plus large, démocratique, et, avec la scolarisation, produiront des cadres de haut niveau munis d’une conscience critique et scientifique s’inspirant de la méthodologie historique et innovatrice de Cheikh Anta Diop et du consciencisme de Kwame Nkrumah. C’est dire que les nouvelles générations ne peuvent plus accepter l’accaparement exclusif et arrogant du pays et de son destin par les Arabo-berberes, ni admettre l’instauration par ces derniers de la loi dite islamique, la Charria, dont les seigneurs du désert sont les seuls bénéficieras et les Nègres les victimes.
Les temps ont changé. Le Nègre d’aujourd’hui ne sera plus celui d’avant. Et les ancêtres sont avec nous. Le temps est venu où, sur la baguette du paraclet, nos masques s’animent, parlent.
En 1973, lors d’une interview (J.A N° 673) que m’accordait Moktar Ould Dadah, le père- fondateur de la Mauritanie indépendante, j’écrivais « dans son exposé(.) se dégage avec constance l’affirmation selon laquelle la Mauritanie est un trait d’union entre le monde arabe et le monde noir. Cette vocation de trait d’union, acceptée par tous dans son principe, laisse pourtant perplexe la composante noire de la société mauritanienne.
En effet, la Mauritanie, pour jouer ce rôle de trait d’union, doit tenir compte d’une donnée essentielle : le fait que le pays est constitué de deux groupes de civilisations avec leurs langues particulières, même s’ils ont en commun une seule et même religion. Or la reconnaissance de cette double personnalité très distincte, tant du point de vue culturel que linguistique, semble absente, pour donner la prédominance à la culture arabe au sein de l’état.
Ce qui revient à disposer du sort des Mauritaniens d’origine nègre et de leur place dans la nation. »
Le choc qu’ont provoqué en moi les propos du jeune président Maaouya Ould Taya, cette affirmation amère et spirituellement fratricide, m’empêche de dormir. Pour me remettre, j’allais voir ce jour-là, aussitôt le film Autour de minuit (Arount Midnight ) de Bertrand Tavernier. C’est une réflexion sur le Jazz, musique née d’une culture noire complètement niée, pour laquelle, devant cette négation, cette pression, et dans un environnement isolé et hostile. la seule issue fut l’invention du Jazz, expression d’un humanisme nègre vivant et créateur.
Cette inspiration du Jazz est la clé de nombre d’énigmes sur lesquelles doivent méditer les pouvoirs dominateurs et racistes.
Le Jazz, forme nègre par excellence, est un assemblage de cris, de sons et de prières lancés par l’homme noir dans le malheur, du fond de l’abîme qui, en se réenfantant, devient monstre.
D’abord réaction à la putréfaction dissolvante, cet assemblage se décompose en strophes signifiantes pour énoncer l’univers des couleurs de la douleur, de la mémoire béante, le tout en ascension, en spirale rythmée qui renverse l’abîme et le monstre, pour donner accès à la rive de l’espérance. c’est la préfiguration d’une aube printanière, après le carnage, la traversée triomphante du fleuve de Sangomar: la cité des Tulipes noires.
Face à cette volupté légère et bénie du Jazz, les tours de Manhattan et toutes les grandeurs colossales baissent la tête.
Jean Pierre N’DIAYE
© Jeune Afrique n° 1353 – 10 décembre 1986