Daily Archives: 12/09/2011
Conférence du Mouvement TPMP : «Attirer l’attention d’Aziz sur son projet cynique et honteux»
Après la marche mouvementée des militants et des sympathisants du Mouvement «Touche pas à ma nationalité» (TPMN) dont le bilan passe de tout commentaire: manifestants grièvement blessés, 16 arrêtés et dizaines gaz lacrymogènes lancés par la police anti-émeute dont quelques capsules ont été ramassées et exposées par Wane Abdoul Birane et ses compagnons de lutte lors de leur conférence de presse, dimanche dernier, au siège du FONADH (Forum des organisations nationales de droits de l’homme).
Dans son allocution prononcée à l’occasion, Wane Abdoul Birane, Coordinateur du Mouvement «Touche pas à ma nationalité» a, tout d’abord, donné sa version des faits, qui se sont déroulés, avant-hier, lors de la marche de leur mouvement en ces termes : «Nous avons organisé cette présente conférence de presse pour donner notre version des faits des événements d’hier (samedi dernier). Après avoir fait plusieurs sit-in dans divers lieux publics pour dénoncer l’enrôlement raciste et demander son arrêt immédiat, mais en vain. C’est ainsi que nous avons décidé de faire une marche de dénonciation le samedi 10 septembre dernier du centre ville à la présidence de la République. Car, on avait voulu terminer cette marche de dénonciation par la remise d’une lettre au président de la République. Chose que nous n’avons pas pu faire à cause de la répression ignominieuse de la police anti-émeute». Et Wane de dire : «Maintenant, nous allons mettre à profit cette conférence pour livrer le contenu de notre lettre au président Aziz via à la presse»
«Une police dressée pour réprimer les noirs »
Evoquant la correspondance – communiqué adressée au président Mohamed Ould Abdel Aziz, Wane Abdoul Birane a laissé entendre : «Après une série de sit-in pour protester contre les recensements discriminatoires et racistes, le Mouvement ‘’Touche pas à ma nationalité’’ a décidé d’organiser une marche dont l’itinéraire s’achève à la présidence. L’objectif de cette marche était d’attirer une fois de plus l’attention du président sur son projet cynique et honteux. C’est pour cette raison que le Mouvement ‘’Touche pas à ma nationalité’’ a dénoncé toutes les catégories d’injustices que subissent les noirs en Mauritanie dans une lettre qui devait être remise au président». Sur la même lancée, il a souligné : «Pour le Mouvement, cette injustice fait courir au pays de grands dangers. Décidés à remettre cette lettre au bout d’une marche pacifique, les militants ont été sauvagement attaqués par une dressée pour réprimer les noirs. L’usage de la force a été excessif, avec l’utilisation de plusieurs de grenades dont les tireurs visaient pour tuer ou blesser. Résultat, trois militants blessés et évacués au Centre hospitalier national». Et sur ce, ‘’Touche pas à ma nationalité’’ a dénoncé «l’usage de la force contre ses militants par la police raciste dont l’exploit se limite à réprimer les noirs dont la citoyenneté est niée. Pendant qu’on réprime les noirs, des arabo-berbères campent depuis longtemps devant le palais en toute sécurité. Nous appelons les citoyens à dire non à ces méthodes à l’égard d’une partie de la population»
Camara Mamady – Le Rénovateur.
Mr le président, les opprimés ont des droits inaliénables !
On ne peut pas prétendre rechercher la paix, promouvoir les libertés, rétablir la justice en orchestrant des actes de violence à l’encontre de paisibles manifestants qui veulent faire entendre leurs voix par une marche pacifique. Est-ce un crime que de râler le slogan du type « ça suffit de vivre assez dans le mépris et l’indifférence »? Dans une démocratie, l’un des principes les plus normaux c’est d’exprimer son point de vue si différent soit-il tant que cela est fait dans le respect des lois. Aujourd’hui partout dans le monde les foules battent les pavés pour dire non à l’arbitraire,non à l’injustice ou à toute autre mesure jugée inacceptable pour ceux qui ne s’y retrouvent pas. Tout homme quelque soit sa couleur et sa condition sociale a le droit de réclamer justice. Et bien, c’est ce que de plus en plus les jeunes de l’IRA, de « Touche pas ma nationalité », et d’autres parias se contentent de faire. Quoi de plus juste que de réclamer de vivre dans la dignité même dans la pauvreté absolue. Un être dominé, soumis, exploité, a perdu les valeurs d’un humain. C’est le cas de l’esclave réduit à un objet futile taillable et corvéable à merci. C’est le cas aussi pour un citoyen à qui on dénie la nationalité, on marginalise, on déporte. Ce sort est hélas le lot d’une frange importante de la population mauritanienne noire ou de condition servile.
La Mauritanie a du mal à se construire autour des valeurs constitutionnelles faites de respect et d’égalité et de justice entre ses citoyens. Cette situation ne saurait continuer éternellement, tant les choses ont trop duré. Nous avons du mal à croire qu’un état invente chaque jour des instruments d’exclusion à l’égard de certains de ses populations. Au lieu de chercher des moyens pour sortir de la misère, de l’arriération et accéder à la modernité et à la bonne gouvernance économique , sociale et politique, tout l’appareil politico- officiel ainsi que l’arsenal répressif se met en branle pour dresser les uns contre les autres, inventer des subterfuges en vue d’étouffer les forces créatrices . Ce qui s’est passé hier pour les manifestants du mouvement « Touche pas ma nationalité » est l’illustration d’une détermination de l’autorité de renouer avec les vieilles méthodes héritées des régimes d’exception. C’est honteux de voir des forces de sécurité s’acharner contre des jeunes ayant pour toute arme des banderoles pour faire entendre leurs voix. C’est scandaleux de justifier le moindre ton discordant par l’atteinte à l’ordre public. Comment réguler l’ordre public quand c’est l’Etat lui-même qui créé des situations de révolte. Quand c’est une administration monocolore qui décide du délivre la nationalité à qui elle veut et nie celle qui en ont droit. Quoi de plus terrifiant que de voir des juges remettre en liberté des esclavagistes. Ou encore des victimes transformées en délinquants par la raison du plus fort. La Mauritanie est assise sur un volcan de haute intensité. Par l’inconscience de ses dirigeants, de l’irresponsabilité de ses extrémistes, l’irréparable est à redouter.
Cheikh Tidiane Dia- Le Rénovateur