Mr le président, les opprimés ont des droits inaliénables !
On ne peut pas prétendre rechercher la paix, promouvoir les libertés, rétablir la justice en orchestrant des actes de violence à l’encontre de paisibles manifestants qui veulent faire entendre leurs voix par une marche pacifique. Est-ce un crime que de râler le slogan du type « ça suffit de vivre assez dans le mépris et l’indifférence »? Dans une démocratie, l’un des principes les plus normaux c’est d’exprimer son point de vue si différent soit-il tant que cela est fait dans le respect des lois. Aujourd’hui partout dans le monde les foules battent les pavés pour dire non à l’arbitraire,non à l’injustice ou à toute autre mesure jugée inacceptable pour ceux qui ne s’y retrouvent pas. Tout homme quelque soit sa couleur et sa condition sociale a le droit de réclamer justice. Et bien, c’est ce que de plus en plus les jeunes de l’IRA, de « Touche pas ma nationalité », et d’autres parias se contentent de faire. Quoi de plus juste que de réclamer de vivre dans la dignité même dans la pauvreté absolue. Un être dominé, soumis, exploité, a perdu les valeurs d’un humain. C’est le cas de l’esclave réduit à un objet futile taillable et corvéable à merci. C’est le cas aussi pour un citoyen à qui on dénie la nationalité, on marginalise, on déporte. Ce sort est hélas le lot d’une frange importante de la population mauritanienne noire ou de condition servile.
La Mauritanie a du mal à se construire autour des valeurs constitutionnelles faites de respect et d’égalité et de justice entre ses citoyens. Cette situation ne saurait continuer éternellement, tant les choses ont trop duré. Nous avons du mal à croire qu’un état invente chaque jour des instruments d’exclusion à l’égard de certains de ses populations. Au lieu de chercher des moyens pour sortir de la misère, de l’arriération et accéder à la modernité et à la bonne gouvernance économique , sociale et politique, tout l’appareil politico- officiel ainsi que l’arsenal répressif se met en branle pour dresser les uns contre les autres, inventer des subterfuges en vue d’étouffer les forces créatrices . Ce qui s’est passé hier pour les manifestants du mouvement « Touche pas ma nationalité » est l’illustration d’une détermination de l’autorité de renouer avec les vieilles méthodes héritées des régimes d’exception. C’est honteux de voir des forces de sécurité s’acharner contre des jeunes ayant pour toute arme des banderoles pour faire entendre leurs voix. C’est scandaleux de justifier le moindre ton discordant par l’atteinte à l’ordre public. Comment réguler l’ordre public quand c’est l’Etat lui-même qui créé des situations de révolte. Quand c’est une administration monocolore qui décide du délivre la nationalité à qui elle veut et nie celle qui en ont droit. Quoi de plus terrifiant que de voir des juges remettre en liberté des esclavagistes. Ou encore des victimes transformées en délinquants par la raison du plus fort. La Mauritanie est assise sur un volcan de haute intensité. Par l’inconscience de ses dirigeants, de l’irresponsabilité de ses extrémistes, l’irréparable est à redouter.
Cheikh Tidiane Dia- Le Rénovateur