Daily Archives: 25/01/2025
Mauritanie – Kaaw Touré immortalisé dans « I’AM BLACK », un film documentaire
Kassataya — Figure de la lutte politique et de la défense des droits des noirs en République Islamique de la Mauritanie, le parcours de Kaaw Toure est aujourd’hui immortalisé à travers une œuvre cinématographique. En effet, le grand producteur Suèdois Matz Eklund a realisé un film sous le titre « I ́AM BLACK » (Je suis noir, Ndlr).
Ce documentaire retrace le parcours de ce militant de la des droits humains de la prison à l ́exil. Cette œuvre a été primé comme meilleur film documentaire au festival de films scandinaves de Boden en Suède.
Kaaw Touré plus connu sous le nom de Elimane Bilbassi est originaire de Jowol, dansle Sud de la Mauritanie, une des anciennes capitales du Fouta et village du légendaire guerrier peul Samba Guéladio Djégui. Il s’est engagé dans la lutte dès son jeune.
Malgré son jeune âge, le jeune lycéen de 15 ans s’est engagé à porter le combat des droits humains, notamment des noirs en Mauritanie. Cette lutte acharnée lui a valu un séjour en prison à l ́âge de 18 ans.
Ceci a fait de lui, le premier plus jeune prisonnier politique de Ould Taya en 1986. Cette arrestation est intervenue, selon Kaaw Touré, après la publi-cation du « manifeste du négro-mauritanien opprimé ».
Une vie d’exilée au Sénégal
« Cette expérience carcéral sous le régime militaire dur et pur m´a renforcé dans mes convictions»; confie-t-il. Loin de se décourager, il récidive aussitôt après sa sortie de prison en 1987. Mais cette fois-ci, il était avec d ́autres jeunes camarades au lycée de Kaëdi en dirigeant une grève pour protester contre l´exécution des 3 premiers martyrs noirs le 6 décembre 1987 au camp de Djreïda à Nouakchott.
« J ́ai été à nouveau recherché et poursuivi par la police mauritanienne, ce qui m´a plongé dans la clandestinité et ensuite vers un exil forcé le 15 décembre 1987 au Sénégal. De Dakar j ́ai continué mes études au lycée Seydina Limamoulaye de Pikine où j´ai obtenu mon Bac et admis à l’ENEA (école nationale d’économie appliquée) de Dakar où je suis sorti comme ingénieur en planification économique et travaillé comme consultant à l´ONG Plan international dans la région de Thiès », nous raconte Kaaw Touré.
En dehors de ses études et activités professionnelles, l’activiste a continué la lutte avec ses camarades mauritaniens exilés au Sénégal pour alerter l´́opinion internationale sur la situation politique en Mauritanie et l’apartheid méconnu. « Plus tard, je fus propulsé à la tête du département de la presse et de la communication des FLAM et directeur de publication de notre organe d ́information le FLAMBEAU, journal interdit en Mauritanie.
Cet activisme débordant auprès de la presse sénégalaise et internationale m´a valu des mises en demeure répétées de la police sénégalaise et j’ai échappé de justesse à une tentative d ́extradition suivie d ́une expulsion en juillet 1999, suite aux pressions diplomatiques du gouvernement mauritanien, notamment du régime du colonel-président Ould Taya qui ne voulait plus de ma présence au pays de la Téranga.
Grâce aux Nations Unies j´ai obtenu l ́asile politique en Suède où je vis depuis et continue mon activisme en tant que porte-parole du parti d´opposition mauritanienne, les FPC (Forces progressistes du changement).
En Suède, M. Touré a continué ses études jusqu ́au master en sciences sociales et histoire des langues dans lesuniversités suédoises et travaille comme responsable d´́insertion et d´intégration des chercheurs d´emploi et denouveaux établis (immigrés) en Suède et par ailleurs formateur en langues modernes.
« A mes heures perdues je suis poète pulaar, j ́ai déjà écrit un recueil de poèmes en pulaar ”Sawru gumdo” (la canne de l ́aveugle) et enregistré plusieurs audios de la poésie pulaar. Je suis dans la rédaction d ́un recueil de poèmes-pulaar-français». Sa page Facebook est l´une des pages francophone les plus suivies en Mauritanie et qui compte plus de 100.000 abonnés.
Dieynaba TANDIANG
Source : LE QUOTIDIEN Numéro 1218 du vendredi 24 janvier 2025
DECLARATION SUR LE PROJET DE LOI RELATIF AUX PARTIS POLITIQUES
Malgré la vive opposition de la quasi-unanimité de la classe politique, toutes origines confondues,contre son projet de loi liberticide sur le statut des partis politiques, le gouvernement persiste et signe et s’apprête à faire adopter par une assemblée nationale quasi-monocolore, son projet de loi sur les partis politiques. Revenant sur la parole maintes fois réaffirmée par les plus hautes autorités du pays et sur les engagements definis de commun accord avec les partis d’opposition à maintes occasions, le gouvernement a donc décidé un passage en force pour imposer definitivement la fin programmée et à court terme, du peu de pluralisme qui restait encore de notre balbutiante démocratie. Cette méthode de décision unilatérale qui rappelle les pires moments de la dictature militaire rompt avec les orientations d’apaisement et d’ouverture au dialogue affichées jusqu’ici par le regime.
Dans le fond, le projet de réforme transforme radicalement le statut et le régime juridique des partis politiques qui passent du système déclaratif ( dépôt de récepissé ) à celui de l’autorisation qui donne au Ministère de l’interieur le rôle du grand parrain des partis disposant sur eux, par voie discretionnaire, du droit de vie et de mort. L’ordonnance 1991-024 du 25 juillet 1991 ( modifié) que le projet en cours veut déchirer en mille morceaux est en effet, on ne peut plus clair en son article 7. La constitution des partis résulte d’une déclaration auprès du Ministre chargé de l’Interieur qui reçoit la demande et délivre obligatoirement un récépissé en retour. L’art 15 précise que ledit récépissé ” confère au parti politique la jouissance de la personnalité morale.”
Pour détruire ce système de déclaration en vigueur, des mécanismes d’une grossiereté inouie sont proposés qui transforment les partis en simples organismes tolérés par le régime à travers son ministere de l’Interieur qui disposerait même du droit souverain d’exclure des citoyens de toute vie politique suivant son seul bon plaisir, en posant des conditions de reconnaissance et d’activités des partis qui violent gravement la constitution et les conventions internationales et remet en cause l’essentiel des acquis de notre peuple en matiere de multipartisme. On peut légitimement se poser la question de savoir ce que cherchent reellement les initiateurs de ce projet maléfique.
Face à la gravité de la situation et aux risques graves qu’elle fait courir aux principes élementaires de la démocratie pluraliste, les partis signataires de cette déclaration exigent du gouvernement :
– La fin immediate du gel illegal des acrivités des partis qui ont rempli toutes les conditions légales prevues dans la loi en vigueur sur les partis politiques, en leur délivrant le recipissé de leur déclaration
– Le retrait immediat du projet de loi liberticide et l’ouverture des portes du dialogue sur toutes les questions liées aux aspects saillants de notre démocratie en difficultés majeures ( statut des partis, code électoral, neutralité de l’administration…)
Signataires:
1.AJD/MR
2-UFP
3-TAWASSOUL
4-RFD
5-COALITION ANTI SYSTEME
6-PLEJ
7-FRUD-
8- Les Forces Nationale pour le Changement
9.M.P.P:Mouvement populaire progressiste
Nouakchott le 23 Janvier 2025